Rencontre historique des dirigeants éthiopien et érythréen à Asmara

Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed s’est rendu dimanche à Asmara pour une rencontre historique avec le président érythréen Issaias Afwerki destinée à mettre un terme à des années d’hostilité entre les voisins de la Corne de l’Afrique.

La télévision officielle de l’Erythrée a montré les deux dirigeants qui ont récemment amorcé un rapprochement s’étreignant dans la capitale érythréenne tandis que le chef de cabinet de M. Abiy, Fitsum Arega, déclarait par tweet: « la visite offre une occasion extraordinaire pour promouvoir la paix pour le bien de nos peuples ».

Lors d’une scène inimaginable il y a encore quelques semaines – les plus hauts dirigeants des deux pays ne s’étaient pas retrouvés depuis près de vingt ans -, M. Abiy est descendu d’un avion d’Ethiopian Airlines à l’aéroport d’Asmara, saluant le président Issaias et le prenant dans ses bras avant que les deux hommes ne foulent un tapis rouge.

Ils se sont dirigés vers le lieu d’un entretien sans faire de commentaire.

« Cette visite s’inscrit dans les efforts de normalisation avec l’Erythrée. (M. Abiy) doit discuter avec les dirigeants érythréens de la manière de nous réconcilier », a déclaré à l’AFP le porte-parole du ministère éthiopien des Affaires étrangères Meles Alem.

Le sommet de dimanche fait suite à l’annonce par M. Abiy le mois dernier de la volonté de l’Ethiopie de céder à l’Erythrée un territoire frontalier disputé qu’elle occupe toujours malgré un jugement d’une commission indépendante internationale soutenue par l’ONU datant de 2002.

– Un conflit ancien –

Le refus de l’Ethiopie continuait de bloquer les relations bilatérales bien que les deux frères ennemis aient mis fin aux hostilités après une guerre qui les a opposés entre 1998 et 2000 et fait quelque 80.000 morts.

Cette guerre s’est inscrite dans le contexte d’un conflit plus ancien encore. Ancienne province éthiopienne sur la mer Rouge, l’Erythrée a déclaré son indépendance en 1993 après avoir chassé les troupes éthiopiennes de son territoire en 1991 au terme de trois décennies de guerre.

Les relations bilatérales se sont envenimées, un contentieux sur la délimitation de leur frontière commune dégénérant en guerre ouverte cinq ans plus tard.

C’est l’arrivée au pouvoir à Addis Abeba en avril, de M. Abiy, 42 ans, qui a ouvert la voie au dégel des relations.

Le nouveau dirigeant a amorcé un train de réformes sans précédent depuis plus de 25 ans dans le deuxième pays le plus peuplé d’Afrique.

Au nombre de ces bouleversements figurait l’annonce début juin de son intention d’appliquer l’accord de paix d’Alger signé en 2000 avec l’Érythrée et les conclusions de la commission internationale sur la démarcation de la frontière.

Bien accueillie par le chef de l’État érythréen, cette initiative a débouché sur l’envoi fin juin à Addis Abeba d’une délégation érythréenne de haut niveau et l’annonce à cette occasion d’une prochaine visite de M. Abiy à Asmara.

La promesse du Premier ministre d’un retrait éthiopien de la zone contestée, dont la ville symbole de Badme, accordée à l’Érythrée en 2002, ne s’est pas encore concrétisée sur le terrain où les dernières hostilités remontent à deux ans à peine.

En juin 2016, un violent accrochage avait opposé les deux armées à la frontière, les Érythréens affirmant avoir tué plus de 200 soldats éthiopiens et Addis Abeba rappelant qu’elle avait « la capacité de mener une guerre totale ».

Mais en répondant à la main tendue de M. Abiy, le président Issaias a tranché avec ses habituelles diatribes. A la tête depuis 1993 d’un des régimes les plus fermés et les plus répressifs au monde, il justifie depuis des années l’emprisonnement de dissidents et la conscription obligatoire par la nécessité de se défendre contre l’Éthiopie.

La décision de M. Abiy de tourner la page du conflit en respectant l’accord de paix d’Alger a été saluée par la communauté internationale.

La Turquie limoge 18.000 fonctionnaires avant l’investiture d’Erdogan

Plus de 18.000 fonctionnaires ont été limogés en Turquie parmi lesquels de nombreux membres des forces de l’ordre, mais aussi des enseignants et universitaires, avant l’investiture lundi du président Recep Tayyip Erdogan et une probable levée de l’état d’urgence en vigueur depuis deux ans après le coup d’Etat manqué.

Au total, 18.632 personnes, dont plus de 9.000 fonctionnaires de police et 6.000 membres des forces armées, ont vu leur nom dans le décret-loi publié dimanche dans le Journal officiel. Par ailleurs, environ 1.000 employés du ministère de la Justice et 650 du ministère de l’Education ont également été renvoyés.

Ce décret-loi est présenté comme le dernier pris sous l’état d’urgence instauré au lendemain du putsch manqué de juillet 2016 et sans cesse renouvelé depuis. La dernière période se termine officiellement le 19 juillet.

Ces purges sont vivement critiquées par les ONG de défense des droits de l’Homme et l’opposition, qui y voient une tentative de faire taire toute voix critique.

Le gouvernement défend de son côté ces mesures les jugeant nécessaires pour lutter contre la « menace terroriste » au sein des structures publiques.

Les médias turcs affirment que ce régime d’exception sera levé lundi après la prestation de serment du président Erdogan réélu le 24 juin pour un nouveau mandat, et dont la levée de l’état d’urgence était l’une des promesses de campagne.

Lundi marquera également l’entrée en vigueur d’un système présidentiel en vertu d’une révision constitutionnelle adoptée par référendum en avril 2017.

Sous ce nouveau système, l’ensemble des pouvoirs exécutifs reviennent au président, qui pourra notamment promulguer des décrets présidentiels.

« Le nouveau gouvernement sera annoncé lundi, le cabinet commencera à travailler et l’état d’urgence va être levé », a déclaré la semaine dernière le Premier ministre sortant Binali Yildirim.

– Mandats d’arrêt –

Selon l’ONG Human Rights Joint Platform (Ihop), 112.679 personnes avaient été limogées au 20 mars 2018, dont plus de 8.000 dans les forces armées, environ 33.000 parmi le personnel du ministère de l’Education et 31.000 au sein du ministère de l’Intérieur, dont 22.600 au sein de la Direction générale de la Sûreté.

Des milliers d’autres ont été suspendues.

Les autorités turques ont accusé le prédicateur musulman Fethullah Gulen basé aux Etats-Unis d’avoir orchestré le coup d’Etat et ont procédé à des limogeages de personnes accusées de liens présumés avec lui.

Le gouvernement qualifie le mouvement d' »organisation terroriste Fethullah » ce que le prédicateur nie en insistant sur le caractère pacifique de l’organisation.

Selon le gouvernement, 77.000 des personnes ont été arrêtées pour des liens présumés avec Gulen et la répression ne semble pas faiblir avec des mandats d’arrêt émis vendredi contre 346 membres des forces armées soupçonnés de liens avec les instigateurs présumés du putsch manqué.

– Journaux fermés –

Des milliers de personnes ont été également suspendues, renvoyées ou arrêtées pour liens présumés avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) qui mène une rébellion sanglante contre la Turquie depuis 1984. Le PKK est considéré comme une organisation terroriste par Ankara, mais aussi par l’UE et les Etats-Unis.

Par ailleurs, 12 associations, 3 journaux et une chaîne de télévision ont été fermés par décret dimanche.

Parmi les journaux sanctionnés figurent le quotidien en langue kurde Welat édité dans la province de Diyarbakir (sud-est) ainsi que le journal prokurde Ozgurlukcu Demokrasi dont les locaux à Istanbul avaient été perquisitionnés par la police en mars.

Constitution: les ajouts des députés en vue

Egalité, environnement, droits du Parlement: près de 70 amendements au projet de loi constitutionnelle, votés en commission, devraient l’être encore par l’Assemblée. Aperçu de ces évolutions à venir, à l’initiative pour l’essentiel de la majorité.

– EGALITE

Interdiction des discriminations en fonction du sexe, à l’article 1er.

Suppression du mot « race », au même article.

Ainsi, la France assurera « l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction de sexe, d’origine ou de religion », au lieu de « sans distinction d’origine, de race ou de religion ».

– ENVIRONNEMENT

La France « agit pour la préservation de l’environnement et de la diversité biologique et contre le changement climatique », prévoit un amendement des rapporteurs et du groupe LREM à l’article 1er, et non à l’article 34 (sur le domaine de la loi) comme dans le texte initial.

– FABRIQUE DE LA LOI

Calendrier prévisionnel fourni par le gouvernement tous les six mois, calendrier précis actualisé tous les trois mois, « débat d’orientation » sur les textes peu après leur dépôt: la majorité veut une meilleure organisation des travaux. Un nouvel amendement pour un « temps législatif programmé séquencé » sera au menu, pour une meilleure organisation des débats sur un texte.

Au menu également, pour un meilleur équilibre des pouvoirs, le droit de priorité élargi de l’exécutif sur l’ordre du jour devrait être limité, le droit d’amendement maintenu pour la lecture définitive des textes, et les amendements admis s’ils présentent « un lien direct ou indirect » avec le texte étudié. Cette dernière proposition n’a cependant pu être discutée en commission, après un vote accidentel.

– EVALUATION

Les instances chargées au sein de l’Assemblée ou du Sénat d’exercer les missions de contrôle et d’évaluation disposeront des pouvoirs de convocation, d’accès aux données publiques et de communication de tout document. Et les commissions pourraient saisir la Cour des comptes, selon un nouvel amendement.

– JUSTICE

La cour d’appel de Paris, amenée à juger les ministres en lieu et place de la Cour de justice de la République, pourra aussi « connaître des faits commis par les coauteurs ou complices des ministres ».

– FORUM

Le Conseil économique, social et environnemental sera rebaptisé « Forum de la République ». Il ne sera pas saisi obligatoirement sur les projets de loi à caractère économique, social et environnemental.

– NET

Le principe de « protection des données personnelles » devrait être gravé, en vertu d’un nouvel amendement.

– SERVICE NATIONAL, SECU, MATERNITE…

La loi fixera les règles concernant les sujétions imposées par le service national.

Des lois de financement de la Sécurité sociale auront des missions « étendues à la protection sociale ».

Les parlementaires provisoirement empêchés seront remplacés par leurs suppléants (congés longue maladie, maternité).

Constitution: le casting très politique de la majorité à l’Assemblée

Preuve de l’importance de la réforme des institutions pour Emmanuel Macron, la répartition des tâches au sein des députés de la majorité a été décidée au plus haut niveau de l’exécutif et dans une logique très politique.

Richard Ferrand, le capitaine

Fidèle d’Emmanuel Macron, le chef de file des députés LREM a une mission de confiance comme rapporteur général sur la révision constitutionnelle, mais aussi les lois organique et ordinaire (réduction du nombre de parlementaires, proportionnelle…) à la rentrée.

Sur le projet de loi constitutionnelle, il veillera à ne pas laisser « dénaturer le texte » par la « fertilité de l’imagination des députés », et appelle notamment la majorité à ne pas s' »enhardir pour amender des choses dont on sait que le Sénat ne veut pas ».

C’est aussi l’occasion pour le député du Finistère, ex-cheville ouvrière d’En marche et brièvement ministre, de revenir sur le devant de la scène, après avoir essuyé certaines critiques pour son implication jugée trop faible dans l’hémicycle, voire son manque d’appétence pour son poste.

Marc Fesneau, le diplomate centriste

Le chef de file des députés MoDem est rapporteur de la partie la plus sensible du texte constitutionnel: réforme de la procédure parlementaire (droit d’amendement, raccourcissement des délais, évaluation…) et questions territoriales (Corse, droit à la différenciation).

Le second groupe de la majorité, allié de LREM, réclamait d’être associé à cette réforme institutionnelle chère à François Bayrou et sur laquelle il a quelques critiques (droit d’amendement, proportionnelle…). « Marc, il a tendance à serrer ses troupes » et « il est bon », vante un élu MoDem. « Il est sympathique mais va un peu au gré du vent », tacle un LR.

Diplomate, ce député du Loir-et-Cher de 47 ans, connaisseur des arcanes de la chambre haute, aura aussi à discuter avec les nombreux sénateurs centristes, aux voix précieuses.

Yaël Braun-Pivet, au nom des Lois

A défaut de chapeauter la réforme, la présidente de la commission des Lois Yaël Braun-Pivet (LREM) pilotera le volet justice longtemps attendu et globalement consensuel (réformes de la Cour de justice de la République, du Conseil supérieur de la magistrature, du Conseil constitutionnel), plus la mue du Conseil économique, social et environnemental.

Cette ex-avocate attachée à « l’indépendance de la justice », élue des Yvelines de 47 ans au poids politique questionné chez LREM, a des rapports parfois « un peu rugueux » avec certains députés de droite mais s’entend bien avec son homologue LR du Sénat Philippe Bas.

Sacha Houlié, jeune pousse macroniste

A 29 ans, cet ex-socialiste et cofondateur des Jeunes avec Macron, député de la Vienne, a décroché la fonction de chef de file des élus LREM sur toute la réforme institutionnelle. Il fait partie à l’Assemblée de la « bande de Poitiers », qui se revendique comme le « canal historique » du macronisme.

Parfois provocateur, comme avec sa proposition de loi pour changer le mode d’élection sénatorial, cet avocat est respecté pour sa capacité de travail et car « il fait de la politique, il assume, il le fait bien », selon un « marcheur ». « Du talent », mais attention à « jouer collectif », prévient une autre. Il doit jouer la synthèse et « tenir les troupes sur les amendements », observe-t-on au groupe majoritaire.

Marie Guévenoux, pour répondre à la droite

Rapporteure spéciale sur les autres volets de la réforme institutionnelle (non-cumul, proportionnelle…) qui seront abordés à la rentrée, la députée de l’Essonne (ex-LR devenue LREM), 41 ans, est sur le banc de touche à ce stade. Mais elle pourrait monter au front sur ses sujets, que la droite compte aborder sans attendre.

Cette ancienne juppéiste et professionnelle de la politique devra user de son expérience et ses réseaux, jusqu’au Sénat, pour aider à l’aboutissement de la réforme. Une forme de revanche après avoir été déçue que le poste de rapporteure sur asile-immigration lui échappe au profit d’une « marcheuse » plus marquée à gauche. « Bosseuse, loyale, connaissant ses sujets »: elle est, selon une collègue, « un soldat dans le collectif ».

François de Rugy, la carte du président

Actif en amont, avec les groupes de travail engagés sur la réforme de la procédure législative ou l’évaluation, et ses multiples rendez-vous notamment avec Gérard Larcher, le président LREM de l’Assemblée martèle qu’un accord avec le Sénat est possible.

Cet élu de Loire-Atlantique chevronné, qui revendique une « culture du résultat » mais dont le « poids » politique fait s’interroger certains « marcheurs », compte faire mentir « l’histoire écrite à l’avance » d’un échec. Il épingle la « rengaine » des oppositions sur une réduction des pouvoirs du Parlement.

Au « perchoir », François de Rugy, 44 ans, présidera « une bonne part » de ces débats sensibles.

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L’industrie plastique toujours florissante, malgré les critiques

Entre emballages consommés en abondance dans les pays émergents et plastiques plus sophistiqués en vogue dans les pays développés, cette industrie est installée dans une croissance régulière, malgré les contestations écologiques et le durcissement des réglementations.

En dix ans, la production mondiale de plastiques est passée de 245 millions de tonnes à 348 millions de tonnes en 2017, selon les chiffres de la fédération européenne PlasticsEurope.

La croissance a été de 3,9% en 2017, plus ou moins son rythme de croisière (4% en 2016, 3,5% en 2015).

Si l’on ne prend en compte que les plastiques les plus courants, les « thermoplastiques » (polytéréphtalate d’éthylène ou PET, polypropylène, polyéthylène ou PVC), la demande mondiale a crû au rythme confortable de 4,7% par an sur la période 1990-2017.

« Est-ce que ça va se poursuivre dans les années à venir? On peut supposer que oui », estime Hervé Millet, directeur des affaires techniques et réglementaires de PlasticsEurope. « Les raisons qui expliquent la croissance des plastiques dans le monde, a priori ne vont pas d’un seul coup disparaître ».

Premier pays producteur de plastiques, la Chine pèse aujourd’hui plus de 29% de la production mondiale, contre seulement 15% dix ans auparavant.

La consommation de plastiques est « liée au développement économique des pays », que ce soit en matière d’infrastructures et de construction, de transports, ou d’applications dans les secteurs électrique et électronique, explique M. Millet.

A cela s’ajoute le premier débouché qui est le domaine de l’emballage, en forte demande dans les pays en développement et représentant aussi près de 40% de la consommation de plastiques en Europe.

– polymères techniques –

« Il y a un moteur fort dans les pays en développement qui est lié à la consommation » avec une demande de polymères de base pour l’emballage et le conditionnement, observe aussi Pierre Gadrat, directeur chimie et matériaux au cabinet Alcimed.

« A l’autre bout de la chaîne, il y a le développement de polymères techniques. C’est toujours aussi dynamique, voire plus qu’avant », ajoute-t-il.

La production de nouveaux polymères répond à des applications dans le secteur automobile et le médical. Certaines résines sont utilisées pour l’automobile et l’aéronautique, mais aussi pour des produits de consommation de niche comme des chaussures de sport.

Mais parallèlement, la contestation des plastiques se développe, essentiellement pour des raisons de pollution, et les réglementations se durcissent.

En France, la vaisselle jetable en plastique devrait disparaître en 2020, si elle n’est pas biodégradable. Les sacs plastiques fins non compostables y sont déjà interdits depuis 2017. La ville américaine de Seattle vient d’interdire les couverts et pailles en plastique dans ses restaurants et cafés.

Fin mai, la Commission européenne a proposé d’interdire les coton-tiges, couverts, assiettes, pailles, mélangeurs à cocktails et tiges de ballons en plastique.

Et des mesures similaires se multiplient dans le monde, sur fond d’images d’océans étouffant sous le plastique.

– le recyclage –

« Aujourd’hui, ça ne pèse pas de façon massive », remarque Emmanuel Guichard, délégué général de la fédération française de l’emballage plastique (Elipso). Mais « à un moment, on ne peut pas imaginer qu’il n’y ait pas un impact » de ces mesures.

« C’est le plastique qui est stigmatisé dans son ensemble », s’alarme Hervé Millet de PlasticsEurope.

Pour des raisons d’image, mais aussi d’intérêt économique bien compris, le secteur commence donc à se pencher très sérieusement sur la question du recyclage.

« Le déchet plastique devient potentiellement, par la pression réglementaire (…) de moins en moins un déchet, mais une matière première valorisable », remarque Pierre Gadrat, qui voit dans le recyclage, encore faible, un « des enjeux clés pour demain ».

Pour d’autres matériaux d’usage courant, comme les métaux, le verre, le carton, les déchets sont pleinement intégrés aux filières de production.

Pour le directeur scientifique de l’organisme de collecte Citeo, Carlos de Los Llanos, « c’est ce qui attend le plastique: la situation d’une industrie qui gère simultanément sa ressource vierge et sa ressource recyclée ». Mais « ça s’apprend. Cela demandera encore sans doute quelques années ».

Syrie: raids meurtriers du régime dans le sud malgré un accord

Au moins quatre civils ont été tués dimanche dans des raids aériens du régime syrien visant des secteurs rebelles de la province de Deraa, frontalière de la Jordanie, en dépit d’un accord de trêve avec les insurgés, selon une ONG.

Parallèlement, des évacuations de combattants rebelles refusant un retour du régime dans le sud syrien –prévues par l’accord– ont été temporairement reportées en raison des violences, selon un responsable rebelle.

« D’intenses frappes aériennes » ont visé dimanche la localité d’Oum al-Mayazin, au nord du poste-frontière de Nassib, aux portes de la Jordanie, a rapporté le directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane qui fait état de trois morts parmi les civils.

Un peu plus tôt, des tirs rebelles sur un convoi du régime empruntant l’autoroute près d’Oum al-Mayazin avaient fait des morts parmi les militaires, a indiqué l’OSDH, sans être en mesure de fournir un bilan.

Un quatrième civil a péri lors de raids du régime sur des quartiers rebelles de Deraa, selon cette ONG.

Ces violences interviennent alors que les rebelles avaient accepté de céder leurs territoires au régime, au terme de deux semaines de bombardements meurtriers.

L’accord dévoilé vendredi soir, négocié avec l’allié russe, prévoit un cessez-le-feu, mais aussi des évacuations pour les insurgés refusant l’initiative.

Par le passé, l’application des accords entre les rebelles et le régime a parfois pu être lente et laborieuse, certains combattants refusant de capituler.

Selon les termes de l’accord annoncé vendredi soir, les combattants rebelles refusant de rester sous contrôle gouvernemental doivent être évacués vers les secteurs insurgés de la province d’Idleb, dans le nord-ouest.

Mais les premiers départs prévus dimanche à bord de cent bus ont été reportés après une reprise des hostilités, a indiqué à l’AFP un dirigeant rebelle.

« Cent bus devaient venir, mais (l’opération) a été reportée à une date ultérieure, dans environ deux jours. Il y a eu des échanges de tirs des deux côtés et la (première) vague a été reportée », a précisé ce dirigeant.

Fort du soutien militaire de la Russie et de l’Iran, le régime syrien a multiplié les victoires face aux rebelles et aux jihadistes, consolidant son pouvoir sur la capitale Damas et ses environs, au point de reprendre le contrôle de plus de 60% du pays en guerre.

Déclenché en 2011 par la répression de manifestations pacifiques par le régime de Bachar al-Assad, le conflit en Syrie a fait plus de 350.000 morts et des millions de déplacés et réfugiés.

« Jamais vu ça »: le sombre retour d’un fermier japonais dans sa maison dévastée

Masanori Hiramoto n’a pas pris la peine d’ôter ses chaussures comme le veut la coutume japonaise pour rentrer dans sa maison, dévastée par les précipitations torrentielles qui ont fait des dizaines de morts dans l’archipel nippon.

De retour dans son habitation traditionnelle du village bucolique de Mihara, dans la préfecture d’Hiroshima (ouest), ce cultivateur de riz de 68 ans est sous le choc des dégâts engendrés par la violence des eaux en son absence.

Au rez-de-chaussée de son domicile, les débris et la boue forment une pâte informe. Des pans de murs ont été arrachés.

« J’ai vécu ici toute ma vie. J’ai n’ai jamais vu ça avant », confie-t-il abattu, à propos de ce logis où sa femme et lui ont élevé leurs trois filles, désormais adultes.

Masanori Hiramoto fait partie de la soixantaine de résidents évacués de Mihara qui ont pu y revenir dimanche, deux jours après en être partis à la demande des autorités.

Les précipitations exceptionnelles de ces derniers jours au Japon ont fait au moins 57 morts, selon le dernier bilan encore provisoire du gouvernement. La chaîne publique NHK faisait état d’un bilan encore plus lourd de 68 morts et 56 disparus.

Comme pour l’agriculteur, les officiels ont demandé à plus de deux millions de personnes de régions occidentales et méridionales de l’archipel d’évacuer leur logement. Ces instructions ne sont toutefois pas obligatoires et des habitants restés sur place ont été pris dans des inondations éclair ou des glissements de terrain.

À Mihara, bourg au milieu des montagnes, les constructions sont surélevées au-dessus du sol. Mais la montée des eaux a tout englouti, maisons aussi bien que champs de riz.

À l’intérieur du logis du fermier, l’inondation a renversé le frigo. Les possessions du couple, qui avait décoré son foyer avec soin, sont éparpillées. L’eau s’est élevée bien au-dessus du niveau de la tête, comme en attestent les marques.

« Je ne sais pas par où commencer le nettoyage. Je ne sais pas où est quoi », lâche-t-il, toujours vêtu du bermuda taché de boue qu’il portait lorsqu’il a fui précipitamment.

– Relais d’autoroute –

Masanori Hiramoto n’avait jamais eu à évacuer auparavant. Mais lorsqu’une alerte passe à la télévision vendredi soir alors qu’il regarde le baseball, sa femme et lui prennent la décision de partir.

Ils roulent jusqu’à un refuge, modeste bâtiment avec deux chambres, une cuisine et des toilettes. Or sur place, ils découvrent qu’une soixantaine de déplacés s’y entasse déjà.

Le couple va alors s’abriter dans un tunnel non loin. Option qu’il doit vite abandonner lorsque la boue commence à envahir l’endroit.

Ils passent la nuit à un relais d’autoroute, à dormir dans deux voitures. Sans électricité ni eau courante à leur domicile, ils comptent retourner dimanche soir au refuge, où ils ont également passé la nuit du samedi.

L’équipement agricole de Masanori Hiramoto, dont un tracteur, une moissonneuse et un séchoir de riz industriel, a subi d’importants dommages. L’homme n’a même pas le cœur à vérifier s’ils marchent, estimant à vue d’œil ses pertes à près de 10 millions de yens (77.000 euros).

Inspectant la scène du désastre, il semble déboussolé, ne sachant par quel angle s’attaquer à sa montagne de problèmes.

« Je vais peut-être nettoyer quand le temps s’améliorera. Mais j’ai besoin d’eau », dit-il. « Il n’y a pas d’eau courante. Sans eau, je ne peux pas enlever la boue de ma maison. »

Recyclables, biosourcés, biodégradables: état des lieux des plastiques alternatifs

Pour réduire l’impact des plastiques sur l’environnement, leur recyclage s’est développé ces dernières années. Mais il reste insuffisant, tandis que les industriels travaillent aussi à l’émergence des bioplastiques, c’est-à-dire des matériaux biosourcés et/ou biodégradables.

Où en est le recyclage?

Selon un récent rapport de l’ONU, 9% des neuf milliards de tonnes de plastiques que le monde a jamais produites ont été recyclées. Si les choses progressent ces dernières années, tous les pays n’en sont pas au même point.

En Europe par exemple, 31% des près de 26 millions de tonnes de déchets plastiques collectés en 2016 ont été recyclés, selon la fédération européenne du secteur, PlasticsEurope, contre autour de 10% aux Etats-Unis.

Mais les chiffres sont aussi très variables d’un type de plastique à l’autre. Le PET dont sont composés les bouteilles dispose de filières industrielles de traitement plus développées, et la matière recyclée peut être réutilisée sans difficulté.

A l’inverse, les pots de yaourt finissent encore en incinération, comme les composites utilisés dans l’automobile, trop chers à recycler.

Un des handicaps est aussi le manque de débouchés pour la matière recyclée, du fait de prix plus élevés que celle issue des énergies fossiles ou de doutes sur les propriétés de ces matériaux.

Une grande partie des plastiques échappent aussi tout simplement à la collecte. C’est le cas de plus de la moitié des volumes de l’ensemble des déchets en Asie, dont une partie se retrouve donc dans la nature.

Que sont les bioplastiques?

Le terme générique « bioplastiques » peut prêter à confusion car il désigne à la fois des plastiques biosourcés (fabriqués à partir de composants naturels renouvelables) ou des matières plastiques biodégradables. Or, certaines matières biodégradables peuvent parfois provenir de ressources fossiles.

Des bioplastiques peuvent aussi combiner ces deux propriétés (biosourcés et biodégradables). Mais c’est loin d’être toujours le cas: ainsi sur 2,05 millions de tonnes de bioplastiques produits dans le monde en 2017, moins de la moitié (880.000 tonnes) étaient biodégradables, selon la fédération European Bioplastics.

Ils sont élaborés à partir de cellules de végétaux, principalement la canne à sucre, l’amidon de maïs et de pomme de terre. Les molécules de base de cette « chimie verte » sont obtenues par fermentation bactérienne de sucres.

Les capacités de production mondiales de bioplastiques se situent majoritairement en Asie (56%), qui est aussi la principale région de fabrication des plastiques traditionnels, devant l’Europe (18%) et l’Amérique du Nord (16%).

En 2017, 58% des bioplastiques produits dans le monde étaient utilisés dans l’emballage, largement devant le textile (11%), les biens de consommation (7%), ou l’automobile et autres industries de transport (7% également).

Quelle est leur part de marché?

La production globale de bioplastiques représentait l’an dernier moins de 0,75% du marché mondial des polymères, d’après European Bioplastics.

Mais ces matériaux ont le vent en poupe, soutenus par une plus grande prise de conscience environnementale des gouvernements, des entreprises et des consommateurs: la fédération européenne prédit une croissance de 19% dans le monde sur la période 2017-2022.

Leurs coûts de production restent un frein. Les « plastiques compostables sont deux à trois fois plus chers » que les plastiques traditionnels, estime Jean-Marc Nony, responsable du développement durable au sein du groupe français d’emballages Sphere.

Quant aux plastiques biosourcés, ils sont de « 30 à 50% plus chers », ajoute-t-il. Mais la hausse des volumes, l’amélioration des procédés de fabrication et la hausse des prix du pétrole devraient permettre de les rendre à terme plus compétitifs.

Quels sont leurs usages?

Les plastiques biodégradables ont surtout vocation à remplacer le plastique conventionnel dans des produits risquant davantage de se retrouver dans la nature, comme les sacs fins à usage unique ou la vaisselle jetable.

Des industriels travaillent aussi à mettre au point des techniques de biodégradation en mer pour lutter contre la pollution des océans.

Les plastiques biosourcés, eux, peuvent remplacer n’importe quel plastique issu de la pétrochimie, dans la mesure où la molécule produite est la même. Certains pays européens ont ainsi fixé des seuils d’incorporation dans les sacs à usage unique.

Mais pour justifier leurs prix plus élevés, les producteurs de bioplastiques tentent de mettre au point des matériaux aux propriétés nouvelles: plus légers, plus résistants voire dépolluants.

En 2013, Nike a lancé une chaussure de football allégée, grâce à l’intégration d’un élastomère produit par Arkema à partir d’huile de ricin. L’équipementier automobile français Faurecia développe des tablettes de hayon à partir de fibre de lin. Autre exemple, le géant allemand de la chimie BASF produit une capsule de café à 60% composée d’un plastique compostable issu du maïs.

Le b.a.-ba des plastiques

Résistants, souples, légers ou modelables à souhait: l’extrême variété des propriétés des plastiques les rend omniprésents. Quelques explications sur ces matériaux que l’on utilise au quotidien, souvent sans savoir de quoi et comment ils sont faits.

La production classique de plastique commence par une distillation dans une raffinerie de pétrole ou de gaz naturel, où ces hydrocarbures sont « fractionnés » pour produire du naphta, un mélange de carbone et d’hydrogène qui va servir d’ingrédient de base, ainsi que de l’éthane.

Le naphta et l’éthane sont ensuite transformés dans des vapocraqueurs pour obtenir de l’éthylène, du propylène et du styrène.

Une fois liées entre elles, ces molécules donnent naissance aux polymères, le terme scientifique désignant les plastiques.

Les polymères sont répartis en deux grandes familles: les thermoplastiques (80% de la consommation mondiale), qui fondent lorsqu’ils sont chauffés et durcissent quand ils sont refroidis; et les thermodurcissables, qui ne ramollissent plus après avoir été moulés.

– Course à la légèreté –

Cinq polymères représentent 71% de la consommation mondiale des plastiques: le polyéthylène, que l’on retrouve surtout dans les emballages comme les sachets jetables; le polypropylène (pare-chocs et tableaux de bord automobiles, emballages de beurre, pailles à boire); le polystyrène (emballages, panneaux d’isolation, pots de yaourt); le polychlorure de vinyle ou PVC (fenêtres, tuyaux de canalisation, sols et revêtements muraux); et le polyéthylène téréphtalate ou PET (bouteilles).

Divers additifs chimiques peuvent être utilisés: des pigments pour la couleur, des antioxydants ou des stabilisateurs pour améliorer leur résistance à l’oxygène, à la chaleur ou aux UV, des retardateurs de flamme pour les rendre ignifuges, des plastifiants pour les rendre plus souples…

« Il y a beaucoup d’innovations dans le secteur », notamment dans les plastiques biosourcés ou biodégradables pour répondre aux défis environnementaux croissants, déclare à l’AFP Christophe Cabarry, fondateur et PDG de SpecialChem, plateforme en ligne connectant vendeurs et acheteurs industriels internationaux dans la chimie de spécialités.

Mais la recherche-développement est intense aussi dans les plastiques conventionnels, auxquels de nouvelles propriétés sont ajoutées pour maximiser leurs performances.

« Le besoin d’allègement dans les moyens de transport comme l’automobile est un facteur d’innovation massif », souligne M. Cabarry, citant aussi le cas des bouteilles en plastique, dont le poids à vide est réduit chaque année de quelques grammes supplémentaires.

Sur les trois dernières années, la croissance de la demande mondiale de plastiques a été portée notamment par les secteurs de l’automobile et des équipements électriques et électroniques, selon PlasticsEurope.

Manifestations à gogo au Royaume-Uni pour la visite de Trump

Il les craignait peut-être, il les aura sûrement: de l’Angleterre à l’Écosse, de multiples manifestations anti Donald Trump ponctueront chaque étape du voyage du président américain la semaine prochaine au Royaume-Uni, signe du rejet qu’éprouvent à son égard de nombreux Britanniques.

Les organisateurs rêvent même de faire de ce mouvement, baptisé « Carnaval de la contestation », le plus grand rassemblement militant depuis les manifestations contre l’intervention militaire américano-britannique en Irak de 2003.

Donald Trump arrivera jeudi au Royaume-Uni pour effectuer une visite qui avait été longtemps repoussée en raison de la crainte de… manifestations.

Au menu de son déplacement: des rencontres avec la Première ministre britannique Theresa May et avec la reine Elizabeth II, mais qui n’auront pas lieu à Londres, où M. Trump ne passera finalement que peu de temps. Pour éviter de se frotter aux manifestations? Officiellement non, mais sa présence quasi fugitive dans la capitale britannique suscite moult spéculations.

De toute manière, « nous pensons qu’il y aura d’énormes manifestations contre Trump où qu’il aille », a déclaré Chris Nineham, membre de l’organisation pacifiste Stop the War Coalition.

« La protestation contre Trump sera une véritable célébration de la diversité que nous aimons au Royaume-Uni, et enverra un signal fort que son message de haine et de division n’est pas le bienvenu dans ce pays », a-t-il ajouté.

De fait, le président américain débarquera dans un pays où il compte de nombreux détracteurs fustigeant aussi bien sa politique migratoire que son ingérence dans les affaires publiques britanniques, comme lorsqu’il avait retweeté des vidéos anti-musulmans relayées par un groupe britannique d’extrême droite.

« Il y a plein de raisons de défiler contre Trump », a affirmé Chris Nineham, citant son « attitude envers les femmes » ou « son racisme contre les musulmans ».

Jeudi, les manifestants se rassembleront à proximité du palais de Blenheim, imposante résidence de campagne près d’Oxford, où le président américain assistera à un dîner en tenue de soirée.

Ils se masseront aussi près de la résidence de l’ambassadeur américain à Londres, où Donald Trump et son épouse Melania doivent passer la nuit.

Vendredi, les slogans anti-Trump devraient se faire entendre du côté de Chequers, la résidence de campagne des Premiers ministres britanniques, à 70 kilomètres au nord-ouest de Londres, où Theresa May s’entretiendra avec son invité.

– Trump en couche-culotte –

Mais le point d’orgue des protestations devrait avoir lieu à Londres, avec une marche prévue jusqu’à Trafalgar Square et des participants venus des quatre coins du pays. Histoire de chauffer les troupes, les organisateurs ont appelé les participants à ramener « des banderoles, des mégaphones, des sonos et tout ce qu’il faut pour déclencher la révolution ».

Fait insolite: un ballon dirigeable géant représentant un Donald Trump en couche-culotte flottera dans le ciel de la capitale britannique.

C’est le maire de Londres Sadiq Khan, qui avait eu maille à partir avec Donald Trump, qui a signé l’autorisation pour que le ballon soit installé à 30 mètres de haut entre 9H30 (08H30 GMT) et 11H30 (10H30 GMT), près du Parlement, une initiative diversement appréciée.

Nigel Farage, ex-patron du parti europhobe Ukip et grand supporteur de Donald Trump, a dénoncé « la plus grande insulte jamais adressée à un président américain en exercice ».

« C’est mérité », a en revanche estimé le député travailliste David Lammy, rappelant les retweets par M. Trump de vidéos anti-musulmans.

Le ballon rejoindra ensuite l’Écosse, où le président américain passera le week-end. Une manifestation est également annoncée à Glasgow (ouest) vendredi, avant une marche samedi dans les rues d’Edimbourg (est), capitale de la région septentrionale.

Les manifestants se tiennent également prêts à rejoindre les deux golfs que possède M. Trump en Écosse, au cas où il déciderait de s’y rendre.

« C’est un misogyne, un islamophobe, un négationniste du changement climatique, un antisyndical, ses incursions en politique étrangère ont été choquantes et c’est clairement un président raciste », a déclaré Richard Leonard, membre du parti travailliste écossais et grand agitateur anti-Trump.

« Je ne pense pas qu’on devrait dérouler le tapis rouge pour quelqu’un qui a des idées aussi abominables ».

Zimbabwe: le chef de l’opposition veut détrôner la vieille garde

Il en est convaincu, l’heure du changement a sonné. A 40 ans, le chef de l’opposition zimbawéenne Nelson Chamisa table sur sa jeunesse pour gagner la présidentielle et débarrasser son pays de la vieille garde qui le dirige depuis près de quarante ans.

Dans son bureau du cœur de la capitale Harare, le nouveau patron du Mouvement pour un changement démocratique (MDC) l’assure à l’AFP: « les jeunes dirigeants ont la cote ».

« Le monde bouge, des jeunes prennent les commandes partout. Regardez la France, regardez le Canada, la Nouvelle-Zélande, les Etats-Unis », lance Nelson Chamisa, les yeux levés au-dessus de son ordinateur portable dernier cri.

Ses modèle s’appellent Emmanuel Macron, élu à 39 ans, Justin Trudeau, arrivé au pouvoir à 43 ans, et bien sûr Barack Obama, entré à la Maison Blanche quand il en avait 47.

« Partout, la plupart des jeunes se retrouvent dans notre message, se retrouvent dans mon âge, dans la vision que je propose », insiste l’avocat.

Nelson Chamisa s’amuse que son principal adversaire, le président Emmerson Mnangagwa, 75 ans, et son parti, la Zanu-PF, lui reprochent d’être un novice en politique.

« Je suis ravi qu’ils m’accusent d’être jeune », se félicite-t-il, « c’est une critique que j’accepte volontiers ».

Même s’il n’a pris qu’en février les rênes du MDC après la mort de son chef historique et mentor Morgan Tsvangirai, Nelson Chamisa n’a pourtant rien d’un « bleu » en politique.

– « L’heure du changement » –

Ancien dirigeant étudiant, ex-ministre du gouvernement de coalition qui a suivi les élections de 2008, toujours député, il incarne la nouvelle génération politique qui piaffait d’impatience sous le règne tutélaire de Robert Mugabe.

A la tête du Zimbabwe depuis son indépendance en 1980, le chef de l’Etat, 94 printemps au compteur, se disait immortel. Mais il a fini part tomber en novembre, lâché par les militaires et son parti qui s’inquiétaient des ambitions politiques de plus en plus insistantes de son épouse Grace.

L’état-major de l’armée et les caciques de la Zanu-PF ont assis sur le trône du « camarade Bob » son ancien vice-président tombé en disgrâce, Emmerson Mnangagwa.

Huit mois plus tard, Nelson Chamisa est persuadé que cette révolution de palais marque le début d’une nouvelle ère.

« L’heure est au changement, je le sens presque partout. Les attentes des gens sont très claires, ils savent que (Mnangagwa) représente le passé et que j’incarne l’avenir », assure-t-il, sûr de lui, « je ne vois pas comment Mnangagwa pourrait nous battre, il va finir très loin derrière nous ».

Derrière ces propos d’estrades, le poids politique réel de l’opposition reste toutefois à démontrer.

La bataille acharnée qui s’est jouée à la tête du MDC pour la succession de Norman Tsvangirai a laissé des traces. M. Chamisa l’a emportée mais sans faire l’unanimité et aura du mal à faire le plein des voix qui se reportaient sur son prédécesseur.

Les sondages suggèrent aussi que la Zanu-PF dispose encore d’un fort soutien dans le nord du pays et ses zones rurales.

– « Violations » –

Et puis Nelson Chamisa lui-même ne cache pas redouter la répétition des fraudes et des manipulations qui ont entaché tous les scrutins de l’ère Mugabe.

Depuis des semaines, il dénonce à longueur de discours des irrégularités dans la préparation des listes électorales ou dans l’impression des bulletins de vote, ainsi que le manque d’indépendance de la Commission électorale (ZEC).

« Dans le passé, nous avons subi des violations flagrantes et manifestes des droits de l’homme », dit l’opposant, « ce que nous voyons maintenant est plus subtil, plus souterrain ».

Méfiant, le patron du MDC doute même de l’impartialité des observateurs de l’Union européenne (UE), autorisés à faire leur grand retour dans les bureaux de vote zimbabwéens pour la première fois depuis leur expulsion en 2002.

« Nous sommes très circonspects », avoue-t-il, « nous avons le sentiment qu’ils sont tombés dans le piège de la rhétorique de M. Mnangagwa, qui répète que les élections seront libres et honnêtes alors qu’en fait elles ne le sont pas ».

Malgré toutes ces réserves, M. Chamisa se dit « très optimiste ». « Nous allons gagner haut la main », repète-t-il.

A condition toutefois que le scrutin se déroule normalement, ajoute le candidat du MDC. Sinon, il s’en retirera. « Nous n’accepterons pas la répétition des élections où mon prédécesseur a été volé », menace Nelson Chamisa.

En 2008, les violences contre ses partisans avaient contraint Morgan Tsvangirai, arrivé en tête au premier tour, à se retirer pour laisser la victoire à Robert Mugabe.

Les enfants mendiants pullulent à Mossoul, un an après la défaite de l’EI

Mohammed Salem, 12 ans, a perdu son père tué à Mossoul par des jihadistes. Livré à lui-même, il essaie depuis la reprise de la ville par l’armée irakienne il y a un an d’aider sa mère… en mendiant.

Chaque jour, il erre pendant des heures dans les ruelles de la deuxième ville du pays pour demander l’aide des gens, proposant en même temps aux passants des mouchoirs en papier en échange de quelques pièces.

Comme Mohammed Salem, les enfants de cette cité sont les premières victimes de la guerre contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI) qui avait fait de Mossoul sa « capitale » en Irak en 2014 avant d’en être délogé en juillet 2017 après neuf mois de combats destructeurs.

Ayant perdu leurs parents dans la bataille ou durant les trois ans d’occupation par l’EI, un grand nombre d’enfants se sont retrouvés dans la rue, à mendier ou vendre des objets futiles pour survivre.

Un phénomène nouveau dans ce chef-lieu de la province pétrolière de Ninive et ancien carrefour commercial entre la Turquie, la Syrie et le reste de l’Irak.

Par dizaines, filles et garçons déambulent dans les rues, se faufilant entre les véhicules, proposant entre autres de nettoyer rapidement les pare-brises en échange d’argent.

Sous une chaleur accablante, Mohammed Salem essuie la sueur sur son front. « Je sors le matin à 07H00 et je rentre à 22H00, je vends des mouchoirs en papier pour aider ma mère », dit-il à l’AFP au rond-point de Nabi Younès. Il est enfant unique.

– « Plus de 3.000 orphelins » –

En l’absence de statistiques officielles, des ONG qui s’alarment des problèmes de mendicité des enfants évaluent le nombre des orphelins à plus de 3.000 à Mossoul.

« Selon nos chiffres, il y a 6.200 enfants orphelins dans la province de Ninive, dont 3.283 ont perdu leurs parents durant les derniers combats dans la ville », indique à l’AFP Qidar Mohammed, un responsable de l’ONG « La joie d’un orphelin ».

Dans Mossoul, il n’y a pour le moment que deux orphelinats, un pour filles et un autre pour garçons, âgés de six à 18 ans, selon des ONG.

Dans les rues, on voit filles et garçons aux habits déchirés et chaussures usées courant derrière des piétons pour quémander, vendre de l’eau ou des mouchoirs en papiers.

Ali Bonian, 10 ans, est l’un d’entre eux. Avec ses habits élimés et son visage émacié et fatigué, il paraît bien plus âgé. « Toute ma famille a été tuée et notre maison a été détruite lors des bombardements sur la vieille ville », dernier repaire de l’EI et largement détruite, raconte-t-il en essuyant ses larmes.

« Je n’ai pas de proches et comme c’est difficile à mon âge de trouver du travail, j’ai dû mendier pour survivre », ajoute Ali qui refuse de révéler où il dort.

Comme de nombreux autres mendiants, il rêve de trouver une famille d’accueil et de rejoindre les bancs de l’école.

– « Exploités » –

Le phénomène de mendicité, de déscolarisation et d’autres maux touchant les enfants préoccupent les responsables de la région.

« Pour le moment, il n’y a pas de projets ni d’études de la part du gouvernement fédéral ou local pour régler ce phénomène des enfants des rue », note Khalaf al-Hadidi, membre du Conseil provincial de Ninive.

Ce qui l’inquiète le plus, dit-il à l’AFP, est que ces enfants mendiants « sont exploités par des bandes ».

Ils deviennent l’instrument d’un système qui les fait travailler pour le compte de gangs.

Pour la sociologue Fatima Khalaf, ces enfants des rues « ne sont pas à l’abri de toute forme d’exploitation » et « si on les abandonne, certains pourraient devenir des criminels ».

Les autorités doivent impérativement endiguer ce phénomène en commençant par imposer la scolarisation obligatoire, selon elle.

Mais Ghaleb Ahmad, fonctionnaire à Mossoul, estime qu’il faut avant tout combattre « les gangs et les groupes qui gèrent ces opérations de mendicité et exploitent les enfants ».

« Ce phénomène peut engendrer une génération corrompue et psychologiquement troublée », dit-il.

Intempéries au Japon: 57 morts et un combat ardu contre l’eau pour les secouristes

Les secouristes japonais se battaient dimanche pour sauver les sinistrés piégés par les conséquences dramatiques de pluies exceptionnelles qui continuent de s’abattre violemment sur une partie de l’ouest du Japon et ont déjà tué au moins 57 personnes, selon un bilan officiel provisoire.

« Les secours, le sauvetage de vies et les évacuations sont une course contre la montre », a déclaré Shinzo Abe durant une réunion de crise à Tokyo avec les principaux ministres, tandis que le porte-parole du gouvernement a également fait part de nombreuses disparitions de personnes.

La chaîne publique NHK faisait état d’un bilan encore plus lourd de 68 morts et 56 disparus.

Une centaine d’habitants des régions les plus touchées ont été blessées, d’après l’Agence de gestion des incendies et catastrophes naturelles.

L’état d’alerte maximum a été levé partout, mais des avis de niveaux inférieurs sont maintenus.

Dans la ville de Mihara, près d’Hiroshima, la pluie s’est arrêtée dimanche après-midi et les habitants ont commencé à réaliser l’ampleur du désastre.

Masanori Hiramoto, 68 ans, est sans mot devant l’état désespéré de sa demeure. « Je ne sais même pas par où commencer le nettoyage », a confié à l’AFP ce fermier d’une partie de cette localité rizicole.

Les routes sont des rivières boueuses, laissant apparaître ici et là, à moitié noyés, des véhicules laissés à l’abandon.

« Cette zone a été transformée en océan. Je me fais du souci car j’ignore combien de temps cela va rester ainsi », se désolait Nobue Kakumoto, un habitant de longue date, âgé de 82 ans.

« Les opérations de secours sont maintenues 24 heures sur 24 », a indiqué Yoshihide Fujitani, un responsable de la gestion des catastrophes de la préfecture d’Hiroshima. « Nous prenons également en charge les personnes évacuées et tentons de remettre en état les infrastructures vitales comme le réseau d’eau et le gaz », a déclaré M. Fujitani à l’AFP. « Nous faisons de notre mieux. »

Quelque 300 personnes, des nourrissons aux personnes âgées, ont par ailleurs été prises au piège dans un hôpital de Kurashiki, dans la préfecture d’Okayama, alors que l’eau d’une rivière avoisinante a déferlé sur la région.

« L’électricité a été coupée et l’approvisionnement en eau arrêté, nous sommes confrontés à des pénuries d’eau et de nourriture », a expliqué par téléphone à la chaîne NHK une infirmière.

Les sauveteurs hélitreuillaient une partie des sinistrés réfugiés dans l’établissement tandis que d’autres étaient évacués par bateau.

– « 24 heures sur 24 » –

Mutsunari Imawaka, un porte-parole du bureau de gestion des catastrophes de la préfecture d’Okayama, a expliqué à l’AFP que la situation était très difficile à évaluer: « la catastrophe est énorme et nous travaillons dur pour sauver le plus de vies possibles ».

« C’est une situation anormale face à un danger imminent, n’approchez pas les zones à risque, restez vigilants », a insisté un responsable de l’agence météorologique, Yasushi Kajiwara, lors d’un point de presse.

Les précipitations record enregistrées depuis plusieurs jours dans plusieurs régions ont entraîné des crues exceptionnelles, des glissements de terrain et inondations, piégeant de nombreux habitants malgré des ordres d’évacuation donnés à plus de 2 millions de personnes, instructions pas toujours respectées car il est parfois déjà impossible ou trop dangereux de bouger.

Quelque 54.000 pompiers, policiers et militaires des Forces d’autodéfense ont été déployés sur le terrain, « faisant leur maximum pour sauver des vies », a souligné M. Abe, mais ils affrontent des difficultés majeures compte tenu de l’inaccessibilité de certains lieux en pleine campagne.

Les services de secours essayaient de sauver des habitants réfugiés sur les toits de leurs maisons en grande partie sous les eaux. Les images de télévision les montraient agitant des chiffons blancs pour être repérés. Hélicoptères, bateaux et autres véhicules ont été mobilisés.

Nombreux sont aussi ceux qui lançaient des appels au secours sur les réseaux sociaux en donnant leur adresse postale.

Le gouvernement, qui a mis en place dimanche un « quartier général de gestion de la catastrophe ».

– « Usines stoppées » –

Des dizaines de maisons ont été en tout ou partie détruites et des milliers envahies par les eaux.

Il était encore difficile de dénombrer les glissements de terrain, routes et ponts saccagés voire emportés. Des épais flots boueux déferlaient sur des quartiers entiers totalement noyés, selon les images des télévisions.

Les précipitations ont dépassé un mètre en une centaine d’heures dans plusieurs régions, l’agence météorologique estimant que de tels niveaux ne sont atteints que rarement en plusieurs décennies. Elle a qualifié les pluies de « terribles » et estimé qu’elles dureraient jusqu’à dimanche.

Des usines (Panasonic, Mitsubishi Motors, Mazda) ont été contraintes de stopper leurs chaînes de production dans la région de même que des services comme Amazon.

Le Japon est souvent traversé par d’importants fronts pluvieux en plus des typhons parfois meurtriers qui le balayent régulièrement en été.

Tous les ans, des glissements de terrain meurtriers sont recensés dans l’archipel. Quelque 72 morts avaient été déplorés en 2014 dans la région de Hiroshima et une quinzaine de personnes avaient péri dans le nord en 2016 après le passages d’un typhon.

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Le Dolder, club ultra-discret de la « big pharma », a rendez-vous lundi à Paris

Le gotha de la pharmacie mondiale s’invite lundi à Paris, à l’occasion du « Dolder », un forum privé et dont les échanges restent secrets. De quoi alimenter les fantasmes déjà nombreux sur l’opacité de la « big pharma ».

« Ce n’est pas une secte! » défend avec ironie une source pharmaceutique française interrogée par l’AFP. « C’est un cercle de réflexion des grands patrons de la pharmacie mondiale, qui a lieu une ou deux fois par an ».

Le Dolder tire son nom d’un grand hôtel de Zurich, le Dolder Grand, sorte de château alpin avec des tourelles semblant tout droit sorti d’un film de James Bond, où ce cercle s’est réuni pour la première fois à partir des années 1970.

« Mais ça tourne désormais, il y a eu des rencontres aux Etats-Unis, au Japon, au Brésil, en Italie aussi », selon la source interrogée par l’AFP.

Ce petit sommet d’environ 25 patrons est encore plus confidentiel que son modèle, le club Bilderberg, qui réunit chaque année à huis clos une centaine de personnalités du monde des affaires et de la politique.

Car à l’inverse du Bilderberg, le Dolder n’a pas de site officiel divulguant au moins le lieu et la date du rendez-vous, les thèmes des discussions et la liste des participants.

Ainsi, nulle mention du Dolder sur le site de la fédération internationale des fabricants pharmaceutiques (IFPMA), basée à Genève, qui en est pourtant l’organisateur.

« Les participants sont des PDG d’entreprises pharmaceutiques mondialement actives basées aux Etats-Unis, en Europe et au Japon, qui sont membres de l’IFPMA », se borne à déclarer à l’AFP la porte-parole de cette fédération, actuellement présidée par Ian Read, le patron du géant pharmaceutique américain Pfizer.

Cette réunion privée « sert de forum pour une discussion sur les défis de la santé mondiale et les politiques de santé publique ayant un impact sur l’innovation biomédicale », ajoute la porte-parole.

Le patron d’une grande entreprise du pays d’accueil de chaque Dolder joue d’habitude le rôle de maître de cérémonie. Aussi cette fonction incombera lundi à Olivier Brandicourt, le directeur général de Sanofi, qui « fera un discours d’introduction », indique à l’AFP une porte-parole du géant pharmaceutique français.

Devant qui s’exprimera-t-il? A titre d’exemple, l’AFP a obtenu confirmation de la présence de Kenneth Frazier (PDG de Merck & Co), Lars Fruergaard Jørgensen (Novo Nordisk), Stefan Oschmann (Merck KGaA), David Ricks (Eli Lilly), Kåre Schultz (Teva), Pascal Soriot (AstraZeneca), Michel Vounatsos (Biogen), Emma Walmsley (GSK) ou encore Christophe Weber (Takeda)…

La date et la tenue du Dolder cette année à Paris n’ont rien d’anodin. La réunion a lieu la veille du Conseil stratégique des industries de santé (Csis), une instance de dialogue entre l’Etat et les entreprises du secteur se réunissant tous les deux ans depuis 2004 sous l’égide du Premier ministre.

Par ailleurs, les PDG du Dolder seront reçus à dîner par Emmanuel Macron lundi soir, a indiqué l’Elysée à l’AFP.

Turquie: plus de 18.000 fonctionnaires limogés

Plus de 18.000 personnes ont été limogées en Turquie par un décret-loi publié dans le Journal officiel dimanche, dont de très nombreux membres des forces de l’ordre, mais aussi des enseignants et universitaires.

Au total, 18.632 personnes, dont plus de 9.000 fonctionnaires de police et 6.000 membres des forces armées, ont vu leur nom publié dans le décret, présenté par les médias comme le dernier avant une probable levée de l’état d’urgence lundi.

Par ailleurs, environ 1.000 employés du ministère de la Justice et 650 du ministère de l’Education ont également été renvoyés.

Ce décret-loi est présenté comme le dernier pris sous l’état d’urgence instauré au lendemain du putsch manqué de juillet 2016 et sans cesse renouvelé depuis.

Les médias turcs affirment que ce régime d’exception sera levé lundi après la prestation de serment du président Recep Tayyip Erdogan réélu le 24 juin pour un nouveau mandat, et dont la levée de l’état d’urgence était l’une des promesses de campagne.

Lundi marquera également l’entrée en vigueur d’un système présidentiel en vertu d’une révision constitutionnelle adoptée par référendum en avril 2017.

Sous ce nouveau système, l’ensemble des pouvoirs exécutifs reviennent au président, qui pourra notamment promulguer des décrets présidentiels.

Par ailleurs, 12 associations, 3 journaux et une chaine de télévision ont été fermés par le décret de dimanche.

De plus, le texte annonce que 148 personnes, limogées par de précédents décrets, ont été réintégrées dans la fonction publique.

Selon l’ONG Human Rights Joint Platform (Ihop), 112.679 personnes avaient été limogées au 20 mars 2018, dont plus de 8.000 dans les forces armées, environ 33.000 parmi le personnel du ministère de l’Education et 31.000 au sein du ministère de l’Intérieur, dont 22.600 au sein de la Direction générale de la Sûreté.

Des milliers d’autres ont été suspendues.

Ces purges sont vivement critiquées par l’opposition et les organisations de défense des droits de l’homme, qui y voient une tentative de faire taire toute voix critique.

Thaïlande: la périlleuse évacuation des enfants de la grotte lancée

La difficile opération d’évacuation des douze enfants et de leur entraîneur de football coincés dans une grotte en Thaïlande depuis 15 jours a débuté dimanche, et devrait durer deux à trois jours, sous la menace de nouvelles pluies faisant monter l’eau.

« Aujourd’hui est le grand jour », a déclaré Narongsak Osottanakorn, le chef de la cellule de crise, lors d’une conférence de presse organisée à distance du site de la grotte, d’où ont été expulsés les centaines de journalistes du monde entier mobilisés depuis des jours.

« Ils sortiront un par un, cela prendra deux à trois jours », a précisé le général Chalongchai Chaiyakorn.

Le premier devrait sortir vers 21 heures (14H00 GMT) dimanche. Chacun d’eux sera escorté par deux plongeurs, un étranger et un thaïlandais. « Ensemble, équipes thaïlandaises et étrangères, nous allons ramener à la maison les sangliers sauvages », écrivent dimanche les commandos de marine thaïlandais sur leur page Facebook.

Les « sangliers sauvages » est le nom de l’équipe de football des enfants, partis explorer la grotte le 23 juin après leur entraînement pour une raison encore inconnue. Ils s’étaient retrouvés piégés par la montée des eaux dans cette grotte au fin fond du nord de la Thaïlande, à la frontière avec la Birmanie et le Laos.

– Cinq heures par enfant-

Jusqu’ici, il fallait onze heures à un plongeur aguerri pour faire l’aller-retour jusqu’aux enfants: six heures aller, cinq heures retour grâce au courant. Long de plusieurs kilomètres dans des boyaux accidentés, le parcours pour sortir de la grotte comprend de difficiles passages sous l’eau.

Signe du péril de l’entreprise, un ancien plongeur de la marine thaïlandaise a péri vendredi lors d’une opération de ravitaillement des enfants.

Or, une bonne partie des enfants, âgés de 11 à 16 ans, ne savent pas nager, et aucun n’a fait de plongée.

« Je leur envoie ma force. J’espère qu’ils vont y arriver », a réagi Nopparat Khanthavong, l’entraîneur de football principal de l’équipe, interrogé par l’AFP. Les familles ne répondaient pas au téléphone dimanche.

Les conditions pour une évacuation sont jugées « parfaites » par la cellule de crise, notamment en ce qui concerne le niveau d’eau dans la grotte.

– Retour de la pluie –

Mais des pluies attendues prochainement pourraient recouvrir une bonne partie du rocher sur lequel le groupe a trouvé refuge.

Samedi soir, une grosse averse de mousson est tombée pendant une demi-heure, rappelant l’urgence à évacuer les enfants.

Les sauveteurs ont fait évacuer dimanche matin le site de la grotte.

« Tous ceux qui ne sont pas impliqués dans l’opération doivent sortir de la zone immédiatement », a annoncé la police par haut-parleur sur le site, où se trouvent des centaines de journalistes suivant cette « saga » ayant pris une ampleur internationale.

L’annonce de la police a été suivie par un branle-bas de combat dans le campement monté par les journalistes, avec des caméras partout et des lits de camp pour être aux meilleures places pour filmer l’évacuation des enfants.

Le chef de la cellule de crise, avait prévenu vendredi soir que l’afflux de médias dans cette zone montagneuse de forêt tropicale posait problème. « Nous avons de plus en plus de médias qui arrivent et s’installent partout », avait-il critiqué. « Les équipes médicales se sont plaintes auprès de moi que cela devient un problème », avait-il dit.

Face à l’afflux de journalistes, pataugeant dans la boue depuis des jours, les autorités avaient posé des barrières métalliques pour les tenir à distance et permettre aux secouristes de travailler sans caméras autour.

– Black-out médiatique-

Dimanche, nombre de médias se sont précipités devant l’hôpital de Chaing Rai, à une heure de route du site, où les victimes doivent être évacuées. Mais là aussi les autorités ont interdit l’abord immédiat de l’hôpital.

Les secours s’interrogeaient depuis des jours sur l’opportunité de déclencher une évacuation périlleuse, des pluies de mousson attendues prochainement risquant de ruiner les efforts continus depuis plusieurs jours pour drainer l’eau de la grotte.

Les secours avaient réussi à insérer un tuyau de plusieurs kilomètres pour acheminer de l’oxygène dans la poche où le groupe s’est réfugié et le niveau d’oxygène s’est stabilisé dans la grotte.

Turquie: pouvoirs élargis et gouvernement resserré pour Erdogan

Réélu le 24 juin pour un nouveau mandat présidentiel, Recep Tayyip Erdogan sera doté de pouvoirs considérablement renforcés aux termes d’une réforme constitutionnelle adoptée par référendum en avril 2017.

En voici les principales dispositions:

– Pouvoirs élargis –

Ce texte prévoit le transfert de l’essentiel du pouvoir exécutif au président, qui nommera lui-même les ministres, dès lundi. Il désignera également un ou plusieurs vice-présidents.

Le poste de Premier ministre, actuellement occupé par Binali Yildirim, disparaîtra.

En vertu de cette réforme, le chef de l’Etat choisira directement ou indirectement six membres du Conseil des juges et procureurs (HSK), chargé de nommer et destituer le personnel du système judiciaire. Le Parlement en choisira sept.

– Gouvernement resserré –

Selon une vidéo publiée sur le compte Twitter de M. Erdogan au cours de la campagne, le gouvernement comptera désormais 16 ministères, contre 26 -outre le Premier ministre- actuellement.

De nombreux ministères seront donc fusionnés. C’est le cas notamment du ministère des Affaires européennes, qui sera désormais intégré au ministère des Affaires étrangères.

Ce sera aussi le cas du ministère des Douanes et du commerce qui sera intégré à un plus large ministère de l’Economie.

En plus des ministères, la présidence devrait s’appuyer sur neuf « commissions » qui couvriront des domaines tels que l’éducation, les politiques économiques ou les questions internationales et de sécurité.

D’autres institutions seront désormais chapeautées par la présidence, comme les renseignements et les Affaires religieuses qui dépendaient jusque-là du bureau du Premier ministre.

– L’état d’urgence –

Selon la réforme constitutionnelle, l’état d’urgence pourra être instauré en cas de « soulèvement contre la patrie » ou d' »actions violentes qui mettent la nation (…) en danger de se diviser ».

Le président décidera d’imposer ou non l’état d’urgence avant de soumettre la question au Parlement.

L’état d’urgence ne pourra pas, initialement, être mis en place pour plus de 6 mois, puis il pourra être prolongé pour une durée maximale de 4 mois à la fois.

Au cours de la campagne, le président sortant a promis, après que des candidats de l’opposition l’aient fait, de lever l’état d’urgence actuellement en vigueur depuis le putsch manqué de juillet 2016.

– Le Parlement –

Le nombre de députés est passé de 550 à 600 au cours de l’élection du 24 juin. L’âge d’éligibilité pour devenir député a été abaissé de 25 à 18 ans.

Les élections législatives et présidentielle se déroulent désormais de façon simultanée et tous les cinq ans, contre quatre auparavant.

Le Parlement aura toujours le pouvoir d’élaborer, d’amender ou d’abroger les lois. Il supervisera les actions du président, mais ce dernier pourra promulguer des décrets dans les domaines relevant de la large sphère de ses compétences exécutives.

En revanche, le texte spécifie que le président ne pourra pas promulguer de décret sur des sujets déjà clairement régulés par la loi.

Si le président de la République est accusé ou soupçonné d’avoir commis un délit, le Parlement pourra exiger une enquête, après avoir recueilli une majorité des trois cinquièmes.

– Président jusqu’en 2028 ? –

Le président, qui n’est plus tenu de rompre les liens avec son parti, ne peut siéger que pour deux mandats de cinq ans.

Pour M. Erdogan, il ne sera pas tenu compte du mandat qu’il occupe depuis son élection à la présidentielle en août 2014 sous l’ancien système, après 12 années passés en tant que Premier ministre.

M. Erdogan, 64 ans, pourrait donc en théorie rester à la tête du pays jusqu’en 2028.

Grotte en Thaïlande: les embûches sur le chemin de la sortie

L’évacuation dimanche des enfants coincés dans une grotte en Thaïlande depuis 15 jours est semée d’embûches, notamment un passage très étroit, qui est la hantise des plongeurs.

-Se faufiler en plongée-

C’est une zone très étroite dite « T-junction », ou « intersection en T » (en thaï, cela se dit « sam yak »).

A cet endroit, le passage n’est plus qu’un boyau, dans lequel il faut se faufiler. « Le passage, très étroit, monte puis descend » et nécessite de se contorsionner, avait expliqué le 2 juillet Narongsak Osottanakorn, le chef de la cellule de crise.

Cette zone se trouve à 1,7 kilomètre de l’endroit où les enfants ont été découverts. Une fois cette épreuve franchie, les enfants seront à moins d’un kilomètre de la 3ème chambre, où les secouristes ont installé leur camp de base.

A partir de là, ils devront encore parcourir près de deux kilomètres, mais le danger sera derrière eux.

-Longueur du parcours-

Ils ont plus de quatre kilomètres à parcourir, dont des portions inondées et étroites.

La cellule de secours n’a pas précisé dimanche de combien le niveau d’eau avait pu être abaissé, notamment dans la fameuse « T-junction ».

Le niveau exact de l’eau est la grande inconnue. La grotte a été inondée sur plusieurs mètres de hauteur par endroits, mais « le niveau de l’eau dans la grotte a continué de baisser » jusqu’à un niveau acceptable, a seulement dit dimanche Kobchai Boonorana, du ministère de l’Intérieur.

Les secouristes ont repoussé au maximum le moment de l’évacuation, le temps de pomper l’eau, jusqu’à avoir un minimum de portions sous-marines à parcourir en plongée.

Jusqu’ici, il fallait onze heures à un plongeur aguerri pour faire l’aller-retour jusqu’aux enfants: six heures aller, cinq heures retour grâce au courant.

Les autorités ont annoncé le départ des plongeurs chargés de les ramener à 10H00 locales (03H00 GMT). La sortie de la première victime est prévue « vers 21 heures » (14H00 GMT), soit en effet 11 heures plus tard.

-Eau trouble comme du café au lait-

Plonger dans cette eau trouble « comme du café au lait », selon l’expression d’un plongeur, est un sérieux défi, auquel des professionnels ne sont pas venus à bout.

« Il y a zéro visibilité, l’espace est confiné », témoigne Matt Fitzerald, plongeur de la Police fédérale australienne interrogé par l’AFP cette semaine. Il a réussi à plonger sur une partie du trajet mais n’a pu aller jusqu’au bout.

Avec cette eau trouble, impossible de consulter sa montre et autres équipements permettant de surveiller son temps de plongée.

Les plongeurs ont installé une corde le long de la paroi pour leur permettre de se guider.

-Certains ne savent pas nager-

Plusieurs des enfants, âgés de 11 à 16 ans, ne savent pas nager, et aucun n’a jamais fait de plongée.

« Chacun d’eux sera escorté par deux plongeurs », a tenté de rassurer le chef de la cellule de crise.

Les médecins qui attendent depuis des jours avec eux les ont jugés aptes à tenter la sortie, mais ils risquent d’être affaiblis par leurs deux semaines dans la grotte, dont une première sans nourriture ni contact avec l’extérieur.

-Le facteur psychologique-

Outre la remise en forme physique, la préparation psychologique des enfants est cruciale.

« Ils ont été informés de l’opération et sont prêts à être évacués et à affronter tous les défis », a assuré dimanche le chef de la cellule, Narongsak Osottanakorn.

Les enfants ont pu recevoir des lettres de leurs parents cette semaine, via les plongeurs, leur disant leur confiance dans leur capacité à le faire.

Mais replonger dans cette eau trouble qui les a forcés à fuir de plus en plus loin au fond de la grotte, jusqu’à les cerner sur un rocher, n’est pas chose aisée.

Et les enfants sont plus prompts à la panique, même si jusqu’ici le groupe a semblé plutôt résistant mentalement, lançant calmement « merci » aux plongeurs britanniques qui les ont découverts.

« Une seule panique individuelle, en cas de problème avec le système de respiration de plongée ou quoi que ce soit d’autre, et cela aura un gros impact sur tous les autres », met en garde Andrew Watson, spécialiste britannique en secourisme, interrogé en Angleterre par l’AFP.

Trump va ancrer la Cour suprême dans le conservatisme

Le président Donald Trump nommera lundi un juge vraisemblablement très conservateur à la Cour suprême des Etats-Unis, une décision lourde de conséquences pour l’évolution de la société américaine.

Soucieux d’offrir le maximum de résonance à une annonce qui va particulièrement contenter sa base électorale, M. Trump a prévu de présenter l’heureux élu depuis la Maison Blanche à 21H00, heure du prime time télévisé.

Le président américain a affiné cette semaine sa liste de candidats, soigneusement sélectionnés par la Federalist Society, une organisation conservatrice. Cette nomination découle du départ à la retraite inattendu du juge Anthony Kennedy, l’un des neuf sages de la haute cour.

Trois magistrats semblaient tenir la corde dimanche: Brett Kavanaugh, un ancien conseiller de George W. Bush; Amy Coney Barrett, une juge connue pour ses valeurs religieuses traditionalistes; et Raymond Kethledge, un farouche défenseur d’une interprétation littérale de la Constitution.

« Je vais choisir quelqu’un avec des références impeccables, un intellect brillant, et une profonde révérence pour les lois et la Constitution des Etats-Unis », a promis vendredi Donald Trump dans son allocution hebdomadaire.

– « Militantisme judiciaire » –

Il a rejeté l’idée d’une politisation de la Cour suprême, une critique renforcée depuis que la haute cour a désigné George W. Bush au détriment d’Al Gore, lors de l’imbroglio de la présidentielle de 2000.

« Nous rejetons le militantisme judiciaire et les décisions politiques par un tribunal », a assuré M. Trump, qui, en 2017, a déjà eu l’occasion de promouvoir à la haute instance un juge conservateur, Neil Gorsuch.

La Cour suprême, dont la mission première est de contrôler la constitutionnalité des lois, tranche les importants débats de société aux Etats-Unis, un rôle davantage assuré par les parlements dans d’autres pays.

Chacun de ses membres est nommé à vie, puis confirmé par un vote du Sénat. M. Trump veut agir vite et profiter de la courte majorité républicaine à la chambre haute du Congrès, avant les élections risquées de mi-mandat en novembre.

Le juge Kennedy, 81 ans, a joué un rôle pivot: conservateur sur des sujets comme les armes à feu ou le financement électoral, il lui est arrivé de virer progressiste sur des thèmes comme l’avortement, la discrimination positive ou le mariage homosexuel.

Il a souvent départagé ses huit pairs, quatre conservateurs (dont le président John Roberts) et quatre progressistes.

Son départ était vivement redouté par les démocrates, qui craignent par ailleurs une défaillance de la doyenne de la Cour, la magistrate progressiste Ruth Bader Ginsburg, qui siège encore à 85 ans.

Sans Kennedy, beaucoup considèrent désormais qu’un réel danger plane sur divers acquis sociaux, comme le droit à l’IVG.

– Décalage à droite –

« Le départ à la retraite de M. Kennedy provoque un glissement de la Cour (vers la droite) », souligne pour l’AFP Thomas Lee, de la Fordham Law School. « Quelle que soit la personne nommée, elle se retrouvera à droite du président Roberts, qui devient le juge médian ».

Les juges de la Cour suprême siégeant souvent des décennies, l’enjeu est énorme. M. Trump, à chacun de ses meetings politiques, aime vanter parmi ses succès la nomination de M. Gorsuch.

« A part bien sûr la guerre et la paix, la décision la plus importante est la sélection d’un juge de la Cour suprême », insiste le président, qui a choisi exprès des magistrats relativement jeunes: 53 ans pour M. Kavanaugh, 46 ans pour Mme. Barrett et 51 ans pour M. Kethledge.

Une Cour conservatrice devrait sabrer les velléités locales de réglementer les armes à feu, donner des gages aux chrétiens conservateurs, conforter les partisans de la peine de mort, appuyer les lobbys patronaux et s’opposer à un plafonnement des financements électoraux.

Exaspérés que Donald Trump ait ainsi l’occasion de marquer durablement de son empreinte la Cour suprême, les élus démocrates entendent se mobiliser lors du vote de confirmation du candidat choisi, un processus que Mitch McConnell, le chef des républicains au Sénat, veut boucler à l’automne.

« Le président Trump a le devoir, vis-à-vis du peuple américain, de nommer un candidat modéré et consensuel, pas un extrémiste », a tweeté la sénatrice démocrate Dianne Feinstein.

Reconnaissance faciale et forces de l’ordre, la peur de « Big Brother »

De plus en plus populaire dans les appareils électroniques, la reconnaissance faciale est aussi de plus en plus utilisée par les forces de l’ordre, au grand dam des défenseurs des libertés individuelles, qui la jugent liberticide et peu fiable.

Longtemps un fantasme d’écrivains de science-fiction, le fait de déverrouiller un appareil ou de payer un achat d’un simple regard est désormais une réalité, largement popularisée par le très médiatisé iPhoneX d’Apple, sorti fin 2017.

Mais des forces armées, des services d’immigration ou de police du monde entier l’utilisent également pour identifier un suspect dans une foule ou faire correspondre le visage d’une personne en garde à vue avec une base de données de délinquants.

La reconnaissance faciale a permis fin juin d’identifier plus rapidement le tireur du journal Capital Gazette, qui a fait cinq morts près de Washington aux Etats-Unis.

Sans elle, « nous aurions mis beaucoup plus de temps à l’identifier et à faire avancer l’enquête », selon la police locale, avec laquelle il refusait de collaborer.

Dans le Maryland, où a eu lieu la fusillade, l’organisme public qui gère notamment les prisons a depuis 2011 une base de données de reconnaissance faciale, selon une étude de 2016 de l’université de Georgetown. Il dispose ainsi de quelque 7 millions d’images issues des permis de conduire, ainsi que 3 millions de clichés de « délinquants connus ».

Mais pour nombre de défenseurs des libertés publiques, reconnaissance faciale est plutôt synonyme de « Big Brother ». D’autant que plusieurs études mettent en lumière son manque de fiabilité, surtout pour les personnes non blanches.

Selon l’université de Georgetown, environ 117 millions d’adultes aux Etats-Unis figurent à leur insu dans des bases de données permettant la reconnaissance faciale, utilisées par les forces de l’ordre, fédérales et locales, alors même que cette technologie n’est que très peu régulée.

Au Royaume-Uni, l’ONG « Big Brother Watch » a dénoncé récemment le manque de fiabilité de la reconnaissance faciale automatique, qui consiste à faire scanner informatiquement les visages dans un endroit public pour les identifier en temps réel et les comparer à des bases de données.

Selon « Big Brother Watch », non seulement cette technique aboutit à procéder à un contrôle biométrique de n’importe quel citoyen, mais, de plus, elle n’est pas fiable puisque selon les chiffres de la police londonienne elle-même, le système –actuellement en test– se trompe dans l’identification des personnes dans la quasi-totalité des cas, croyant à tort reconnaître des délinquants.

« La vraie inquiétude, ce serait de voir des policiers identifier à la demande des citoyens innocents avec des caméras sur leurs uniformes », pense Matthew Feeney, du Cato Institute, un think tank libertarien aux Etats-Unis (idéologie défendant une conception minimaliste du rôle de l’Etat, au profit de la liberté individuelle).

– « Pente glissante » –

Inquiétude aussi pour Brian Brackeen, pourtant à la tête de Kairos, une société qui conçoit un logiciel de reconnaissance faciale.

« La surveillance gouvernementale alimentée par la reconnaissance faciale est une incroyable violation de la vie privée de tous les citoyens et une pente glissante vers la perte complète de nos identités », dit-il.

Clare Garvie, qui a mené l’étude de Georgetown, estime que depuis deux ans, « la reconnaissance faciale a été déployée de façon plus large et plus active » aux Etats-Unis, notamment pour le contrôle aux frontières.

Cette technologie n’est déjà plus de la science-fiction en Chine, en pointe sur le sujet, où elle y est largement utilisée pour surveiller les citoyens.

Plusieurs groupes technologiques sont présents dans la reconnaissance faciale, comme Microsoft, dont la technologie est utilisée aux frontières, tandis que le Maryland se sert de celle de l’Allemand Cognitec et du Japonais NEC.

Ces entreprises ne sont pas épargnées par la controverse, comme Amazon, qui fait face à une fronde d’employés et de militants lui reprochant de vendre ses technologies à la police.

Le géant de l’internet se défend en assurant qu’il ne mène aucune activité de surveillance, ni ne fournit de données à la police, ajoutant que sa technologie peut aider à retrouver des enfants disparus ou lutter contre le trafic d’êtres humains.

Face à une autre critique récurrente, IBM a lancé récemment une étude « pour améliorer la compréhension des préjugés dans l’analyse des visages », tandis que Microsoft assure faire des progrès dans l’analyse de « toutes les nuances de couleurs de peau ».

Otan, Russie, amis, ennemis: Trump brouille les cartes

Pour Donald Trump, « les pires ennemis » de l’Amérique sont parfois ses « soi-disant amis ».

La semaine qui s’ouvre donnera l’occasion au président américain de décliner cette surprenante doctrine diplomatique, au risque d’accroître encore les tensions avec des alliés déboussolés.

Bruxelles, Londres, Helsinki: sommet de l’Otan, escale au Royaume-Uni qui s’annonce houleuse, puis tête-à-tête avec Vladimir Poutine. L’enchaînement est spectaculaire, et à haut risque.

La séquence G7/Singapour est dans tous les esprits, lorsque, en l’espace de quelques jours, il avait traité le Premier ministre canadien Justin Trudeau de « malhonnête » et le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un de « très doué ».

Nombre d’observateurs redoutent un bis repetita estival: « Il engueule les alliés puis il embrasse l’adversaire », résume laconiquement un diplomate européen.

Jusqu’où ira le tempétueux locataire de la Maison Blanche? Des deux côtés de l’Atlantique, tout le monde s’interroge.

– Les « couillons qui payent tout » –

Ce président qui aime choquer pour mieux galvaniser sa base, et qui semble désormais déterminé à pousser très loin la déclinaison de « L’Amérique d’abord », transformera-t-il en profondeur l’alliance transatlantique, pierre angulaire des relations internationales depuis plus d’un demi-siècle?

A écouter les membres de son administration, le sommet de Bruxelles devrait être classique, harmonieux et sans accrocs.

« Le thème central de ce sommet sera l’unité et la force de l’Otan », affirme Kay Hutchison, ambassadrice des Etats-Unis à l’Otan, évoquant la solidarité entre ses 29 membres et dénonçant les « actes néfastes » de la Russie et ses tentatives visant à « semer la division ».

Depuis plusieurs mois, pourtant, le magnat de l’immobilier, qui veut se démarquer à tout prix de tous ses prédécesseurs, démocrates comme républicains, s’emploie à distiller un tout autre message.

Cette semaine, devant une foule électrisée dans le Montana, il a réservé ses tirades les plus agressives aux alliés de l’Otan « qui doivent commencer à régler leurs factures », soulignant que les Etats-Unis en avaient assez d’être « les couillons qui payent tout ».

Et n’a pas manqué d’égratigner « Angela » (Merkel).

Lorsqu’il est passé à Vladimir Poutine, pas un début de réserve ou critique, de l’Ukraine à la Syrie, mais l’espoir mille fois répété d’aboutir à « une bonne relation ».

Régulièrement, il oblige ses équipes à de difficiles contorsions, comme lorsqu’il met en avant les dénégations de Poutine sur l’interférence russe dans l’élection présidentielle de 2016, semblant donner raison à l’homme fort du Kremlin contre les agences de renseignement américaines.

Sur les dossiers les plus sensibles, il se délecte dans l’ambiguïté. Interrogé il y a quelques jours sur une éventuelle reconnaissance américaine de l’annexion de la Crimée par Moscou, il s’est contenté d’un laconique « Nous verrons », obligeant la Maison Blanche à rectifier le tir tant le sujet est explosif.

– Hostilité envers l’UE –

Son hostilité à l’UE, longtemps palpable mais diffuse, est désormais ouverte, sans complexes. Dans le Dakota du Nord, il affirme, contre toute évidence historique, que l’UE a « bien sûr été créée pour profiter des Etats-Unis ».

Il multiplie désormais les coups de griffe envers ses alliés, Allemagne en tête, sur fond de guerre commerciale à l’issue incertaine.

« Les Européens ont de bonnes raisons d’être inquiets » de la rencontre Trump-Poutine, explique à l’AFP William Galston, de la Brookings Institution.

« Peut-on imaginer une déclaration à Helsinki avec des annonces qui n’ont pas été débattues avec les alliés européens lors du sommet de l’Otan? Absolument », poursuit-il.

« De manière générale, le président est plus à l’aise dans les relations avec les autocrates qu’avec les démocrates », dit-il encore, rappelant à quel point il a « peu d’estime » pour les organisations multilatérales.

Il y a un an, lors de son premier sommet de l’Otan, Donald Trump s’était posé en défenseur intraitable du contribuable américain, faisant la leçon à des Alliés accusés de devoir « d’énormes sommes d’argent ».

Mais il s’était tenu à l’écart de ses interrogations les plus provocatrices sur l’utilité de l’Otan ou le devenir de l’UE.

Aujourd’hui, la situation a changé.

Porté par de bons indicateurs économiques, la conviction qu’il doit rester fidèle à son discours de rupture, et après avoir écarté au sein de son équipe tous ceux qui semblaient en position de lui tenir tête, il s’est enhardi.

Entre son arrivée à Bruxelles mardi soir et son départ d’Helsinki six jours plus tard, il pourrait refaçonner une partie des relations des Etats-Unis avec le reste du monde.

Espagne: première rencontre au sommet entre Sanchez et le président catalan

Le nouveau chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez reçoit lundi le président indépendantiste catalan Quim Torra pour une première rencontre au sommet destinée à renouer le dialogue après la tentative de sécession de l’automne dernier.

Porté au pouvoir le 1er juin par la chambre des députés grâce notamment aux voix des indépendantistes catalans, Pedro Sanchez a promis dès sa prise de fonction d’apaiser les tensions avec la Catalogne, qui a été à l’automne dernier le théâtre de la plus grande crise politique qu’ait connu l’Espagne depuis son retour à la démocratie.

Une promesse qui s’est concrétisée cette semaine avec le transfert dans des prisons en Catalogne de six des neufs dirigeants indépendantistes incarcérés près de Madrid pour leur rôle dans la tentative de sécession du 27 octobre.

Mais les positions du gouvernement central et de l’exécutif catalan étant antagonistes sur la question de l’autodétermination de la riche région du nord-est de l’Espagne, cette réunion, qui débute à 09H30 GMT, risque toutefois de se transformer en dialogue de sourds.

Investi mi-mai à la tête de la Generalitat, Quim Torra a affirmé jeudi que l’objectif de la réunion de lundi était de « savoir quel était le projet des socialistes sur le droit à l’autodétermination des Catalans ».

– Refus d’un référendum –

Une question dont il a obtenu une nouvelle fois la réponse avant le début de la rencontre. « Le droit à l’autodétermination n’est pas prévu dans notre Constitution », a insisté vendredi la porte-parole du gouvernement Isabel Celáa.

« Le thème doit être abordé et notre proposition pour le régler est un référendum d’autodétermination. S’ils ont une meilleure idée, ils doivent nous l’expliquer », a rétorqué à l’AFP un haut responsable du gouvernement catalan.

La ministre de la Politique territoriale Meritxell Batet avait évoqué début juin l’idée d’une révision de la Constitution afin d’aller vers une structure fédérale de l’Etat espagnol. Mais avec 84 députés sur 350, les socialistes espagnols n’ont aucune marge de manoeuvre.

Sanchez « n’entrera pas dans quelque chose de trop compliqué pour un parti si minoritaire », souligne le professeur de sciences politiques à l’Université autonome de Madrid, Fernando Vallespín. « Il n’y a pas de majorité en Espagne pour faire une révision de la Constitution. La droite peut la bloquer ».

Les relations entre Madrid et Barcelone ont implosé l’automne dernier quand le gouvernement régional de Carles Puigdemont a organisé un référendum illégal d’autodétermination le 1er octobre, marqué par des violences policières, avant que le parlement catalan ne déclare unilatéralement l’indépendance le 27 octobre.

En réponse, le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy avait – avec l’appui de Sanchez alors dans l’opposition – destitué l’exécutif régional, dissout le parlement catalan et convoqué de nouvelles élections régionales.

Un scrutin remporté le 21 décembre par les indépendantistes, dont les principaux dirigeants ont été emprisonnés ou ont fui à l’étranger comme Puigdemont qui attend en Allemagne la décision de la justice sur la demande d’extradition de l’Espagne.

– Nouvelle rencontre –

Disposant toujours de la majorité des sièges au parlement catalan, les indépendantistes sont toutefois tiraillés entre les partisans de la modération après l’échec de la voie unilatérale et les plus radicaux, comme Puigdemont, qui verraient comme une trahison toute concession à Madrid.

Preuve de ce dilemme, ils ont soutenu jeudi une motion du parti socialiste catalan pour ouvrir un dialogue entre tous les partis de la région et une autre de la gauche radicale réaffirmant la volonté de parvenir à une république indépendante.

Signe que les tensions sont encore loin d’être apaisées, le gouvernement Sanchez a annoncé sa volonté de faire annuler cette deuxième motion par la Cour constitutionnelle.

Le chemin de la reprise du dialogue promet donc d’être long. « Cela ne se réglera pas en une réunion, ni deux ou trois (…) Il faudra continuer à se parler », insiste le haut responsable catalan alors que Torra lui-même a proposé à Sanchez une deuxième rencontre en septembre, à Barcelone cette fois.

Corée du Nord: pas de levée de sanctions avant la fin de la dénucléarisation

Les sanctions resteront en place jusqu’à une « dénucléarisation complète et totalement vérifiable » de la Corée du Nord a affirmé dimanche le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo lors d’une escale à Tokyo après deux jours d’intenses discussions avec la Corée du Nord qui a accusé la partie américaine d’utiliser des méthodes de « gangster ».

« Bien que nous soyons encouragés par les progrès de ces pourparlers, ces avancées ne sauraient à elles seules justifier l’assouplissement du régime de sanctions existant », a insisté M. Pompeo en soulignant l’importance du contrôle de l’achèvement du processus.

Pour le secrétaire d’Etat, il s’agit d’une « dénucléarisation au sens large », englobant toute la gamme d’armes, et « les Nord-Coréens comprennent cela, ils ne l’ont pas contesté », a-t-il dit.

« Il y aura une vérification liée à la dénucléarisation complète, c’est ce que le président (Donald) Trump et le dirigeant Kim (Jong Un) ont tous deux accepté. Le président Trump et moi croyons que ces efforts pour la paix en valent la peine », a-t-il ajouté lors d’une conférence de presse dans la capitale japonaise.

M. Pompeo a rencontré à Tokyo les chefs de la diplomatie de Corée du Sud et du Japon, ainsi que le Premier ministre nippon Shinzo Abe, un geste apprécié par les principaux alliés de Washington en Asie.

« Réunion constructive avec le ministre japonais des Affaires étrangères ce matin pour parler de l’alliance américano-japonaise, pierre angulaire de la stabilité régionale, et maintenir la pression maximale sur la Corée du Nord », a tweeté M. Pompeo en début de matinée.

L’envoyé du président américain avait auparavant longuement discuté avec des responsables nord-coréens à Pyongyang, cherchant à dresser les plans concrets d’un accord conclu le 12 juin MM Trump et Kim lors d’un sommet historique à Singapour.

Mais M. Pompeo venait de quitter Pyongyang en jugeant ses pourparlers « très productifs » quand le ministère nord-coréen des Affaires étrangères s’est empressé de critiquer l’attitude « extrêmement regrettable » des Etats-Unis accusés de négocier avec des méthodes « de gangster ». Selon le régime, la partie américaine a violé l’esprit de l’accord conclu lors du sommet de Singapour.

« Les Etats-Unis commettent une erreur fatale s’ils considèrent que la République populaire démocratique de Corée se doit d’accepter (…) des demandes qui reflètent leur état d’esprit de gangster », avertit le régime par la voie de l’agence officielle nord-coréenne KCNA.

En privé, les diplomates américains estiment que la réaction nord-coréenne est une tactique de négociation qui tranche avec les deux jours d’amitié théâtrale à Pyongyang.

– « Relations formidables » –

Le secrétaire d’Etat américain et Kim Yong Chol, le bras droit du numéro un nord-coréen Kim Jong Un, se sont entretenus vendredi et samedi durant plus de huit heures dans une résidence pour hôtes officiels de Pyongyang.

« Nous avons parlé de ce que les Nord-Coréens continuent de faire et comment nous pouvons parvenir à ce sur quoi M. Kim et le président Trump se sont mis d’accord, à savoir la dénucléarisation complète de la Corée du Nord », a déclaré M. Pompeo.

« Personne ne s’est écarté (de cet objectif), cela reste leur engagement. Le président Kim est toujours convaincu, j’ai parlé avec le président Trump ce matin. (…) Nous avons des négociations productives, basées sur la bonne foi », a-t-il dit.

M. Pompeo a indiqué que des responsables des deux parties se rencontreraient dans un groupe de travail le 12 juillet pour parler du rapatriement de dépouilles de soldats américains tués pendant la guerre de Corée (1950-53).

Des responsables nord-coréens ont transmis à M. Pompeo une lettre personnelle à remettre à Donald Trump, espérant que « les relations formidables et le sentiment de confiance » entre les deux dirigeants seraient renforcés par les discussions, indique le ministère nord-coréen des Affaires étrangères dans son communiqué.

Pyongyang « fait la distinction entre les bureaucrates américains et le président Trump, en exprimant sa confiance dans ce dernier », analyse le Pr Yang Moo-Jin, de l’université des études nord-coréennes à Séoul.

« Il ne s’agit pas de rompre les pourparlers. Le Nord essaie de prendre le dessus dans les négociations à venir », explique-t-il à l’AFP.

« La Corée du Nord attendait de Pompeo qu’il apporte une proposition concrète de garantie de sécurité, mais a été déçu que les Américains réitèrent leur vieille demande de dénucléariser d’abord, avant que les Etats-Unis donnent quoi que ce soit en échange », a-t-il estimé.

Depuis le sommet du 12 juin, Donald Trump s’est montré optimiste sur les chances de paix dans la péninsule divisée depuis la guerre de Corée, estimant que la menace d’une guerre nucléaire était écartée.

Japon: « course contre la montre » pour sauver les sinistrés, 48 morts et de nombreux disparus

Le Premier ministre japonais a qualifié dimanche de « course contre la montre » le combat que mènent les autorités pour sauver les sinistrés piégés par les conséquences dramatiques de pluies exceptionnelles qui continuent de s’abattre violemment sur l’ouest du Japon et ont déjà tué au moins 48 personnes.

« Les secours, le sauvetage de vies et les évacuations sont une course contre la montre », a déclaré Shinzo Abe durant une réunion de crise à Tokyo avec les principaux ministres, tandis que le porte-parole du gouvernement a également fait part de nombreuses disparitions de personnes.

La chaîne publique NHK faisait état d’un bilan encore plus lourd de 65 morts et 61 disparus.

Une centaine d’habitants des régions les plus touchées ont été blessées, d’après l’Agence de gestion des incendies et catastrophes naturelles.

L’état d’alerte maximum est maintenu sur deux provinces de l’ouest (Kochi, Ehime).

Dans la ville de Mihara, près d’Hiroshima, la pluie s’est arrêtée dimanche après-midi et les habitants ont commencé à réaliser l’ampleur du désastre.

Masanori Hiramoto, 68 ans, est sans mot devant l’état désespéré de sa demeure. « Je ne sais même pas par où commencer le nettoyage », a confié à l’AFP ce fermier d’une partie de cette localité rizicole.

Les routes sont des rivières boueuses, laissant apparaître ici et là, à moitié noyés, des véhicules laissés à l’abandon.

« Cette zone a été transformée en océan. Je me fais du souci car j’ignore combien de temps cela va rester ainsi », se désolait Nobue Kakumoto, un habitant de longue date, âgé de 82 ans.

« Les opérations de secours sont maintenues 24 heures sur 24 », a indiqué Yoshihide Fujitani, un responsable de la gestion des catastrophes de la préfecture d’Hiroshima. « Nous prenons également en charge les personnes évacuées et tantons de remettre en état les infrastructures vitales comme les réseau d’eau et le gaz », a déclaré M. Fujitani à l’AFP. « Nous faisons de notre mieux. »

Quelque 300 personnes, des nourrissons aux personnes âgées, ont par ailleurs été prises au piège dans un hôpital de Kurashiki, dans la préfecture d’Okayama, alors que l’eau d’une rivière avoisinante a déferlé sur la région.

« L’électricité a été coupée et l’approvisionnement en eau arrêté, nous sommes confrontés à des pénuries d’eau et de nourriture », a expliqué par téléphone à la chaîne NHK une infirmière.

Les sauveteurs hélitreuillaient une partie des sinistrés réfugiés dans l’établissement tandis que d’autres étaient évacués par bateau.

– « 24 heures sur 24 » –

Mutsunari Imawaka, un porte-parole du bureau de gestion des catastrophes de la préfecture d’Okayama, a expliqué à l’AFP que la situation était très difficile à évaluer: « la catastrophe est énorme et nous travaillons dur pour sauver le plus de vies possibles ».

« C’est une situation anormale face à un danger imminent, n’approchez pas les zones à risque, restez vigilants », a insisté un responsable de l’agence météorologique, Yasushi Kajiwara, lors d’un point de presse.

Les précipitations record enregistrées depuis plusieurs jours dans plusieurs régions ont entraîné des crues exceptionnelles, des glissements de terrain et inondations, piégeant de nombreux habitants malgré des ordres d’évacuation donnés à plus de 2 millions de personnes, instructions pas toujours respectées car il est parfois déjà impossible ou trop dangereux de bouger.

Quelque 54.000 pompiers, policiers et militaires des Forces d’autodéfense ont été déployés sur le terrain, « faisant leur maximum pour sauver des vies », a souligné M. Abe, mais ils affrontent des difficultés majeures compte tenu de l’inaccessibilité de certains lieux en pleine campagne.

Les services de secours essayaient de sauver des habitants réfugiés sur les toits de leurs maisons en grande partie sous les eaux. Les images de télévision les montraient agitant des chiffons blancs pour être repérés. Hélicoptères, bateaux et autres véhicules ont été mobilisés.

Nombreux sont aussi ceux qui lançaient des appels au secours sur les réseaux sociaux en donnant leur adresse postale.

Le gouvernement, qui a mis en place dimanche un « quartier général de gestion de la catastrophe ».

– « Usines stoppées » –

Des dizaines de maisons ont été en tout ou partie détruites et des milliers envahies par les eaux.

Il était encore difficile de dénombrer les glissements de terrain, routes et ponts saccagés voire emportés. Des épais flots boueux déferlaient sur des quartiers entiers totalement noyés, selon les images des télévisions.

Les précipitations ont dépassé un mètre en une centaine d’heures dans plusieurs régions, l’agence météorologique estimant que de tels niveaux ne sont atteints que rarement en plusieurs décennies. Elle a qualifié les pluies de « terribles » et estimé qu’elles dureraient jusqu’à dimanche.

Des usines (Panasonic, Mitsubishi Motors, Mazda) ont été contraintes de stopper leurs chaînes de production dans la région de même que des services comme Amazon.

Le Japon est souvent traversé par d’importants fronts pluvieux en plus des typhons parfois meurtriers qui le balayent régulièrement en été.

Tous les ans, des glissements de terrain meurtriers sont recensés dans l’archipel. Quelque 72 morts avaient été déplorés en 2014 dans la région d’Hiroshima et une quinzaine de personnes avaient péri dans le nord en 2016 après le passages d’un typhon.

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Monsanto, géant agrochimique aux produits controversés

Le nom de Monsanto est depuis des décennies lié à des produits controversés pour ses effets sur l’homme et l’environnement, notamment le Round Up qui contient du glyphosate, au centre d’un procès aux Etats-Unis.

Créé en 1901 à Saint-Louis, dans le Missouri (centre), Monsanto, qui vient d’être racheté par le groupe pharmaceutique et agrochimique allemand Bayer pour plus de 60 milliards de dollars, a d’abord produit de la saccharine, un puissant édulcorant, puis s’est lancé dans l’agrochimie à partir des années 1940.

Bayer avait annoncé début juin son intention de supprimer la marque Monsanto, symbole pour ses détracteurs des dérives de l’agrochimie.

Monsanto a notamment été associé à la fabrication, avec d’autres groupes chimiques, du défoliant connu sous le nom « Agent Orange », utilisé massivement par l’armée américaine pendant la guerre du Vietnam.

Son herbicide vedette et polémique, le Round Up, est lancé en 1976, puis Monsanto met au point la première cellule de plante génétiquement modifiée avant de se spécialiser dans les OGM. Les premières semences génétiquement modifiées, conçues pour résister au Round Up, sont commercialisées à partir des années 90.

Le Round Up contient du glyphosate, substance très controversée et qui fait l’objet d’études scientifiques contradictoires quant à son caractère cancérigène. Il est aussi accusé d’être néfaste pour l’environnement et de contribuer à la disparition des abeilles, ou encore d’être un perturbateur endocrinien. Le glyphosate est l’herbicide le plus utilisé au monde sous diverses marques, depuis que le brevet détenu par Monsanto est tombé dans le domaine public en 2000.

Si Monsanto fait l’objet de nombreuses procédures judiciaires à des degrés divers d’avancements dans le monde sur différents sujets, le procès qui s’ouvre à San Francisco à propos du Round Up et ses possibles effets cancérigènes est le premier du genre.

En 2012, le groupe avait accepté un règlement à l’amiable de 93 millions de dollars avec une localité, Nitro, de Virginie Occidentale (est) qui avait abrité dans les années 50 et 60 une usine produisant l’ingrédient principal de l’Agent orange. Les responsable de la municipalité accusaient cette usine d’être la cause de problèmes de santé de leurs administrés.

En France, la justice a condamné en appel en septembre 2015 le groupe américain à indemniser un agriculteur, intoxiqué en 2004 par des vapeurs émises par un autre produit de Monsanto, le Lasso (contenant de l’alachlore), interdit dans plusieurs pays depuis. Monsanto s’est pourvu en cassation.

L’autorisation de cultures d’OGM dans l’Union européenne a suscité polémiques, controverses et batailles juridiques au long de ces vingt dernières années. Aux Etats-Unis, des agriculteurs ont été déboutés à plusieurs reprises par la justice dans des tentatives pour contester les cultures de semences OGM de Monsanto.

En 2017, un tribunal citoyen informel de cinq juges professionnels formé à La Haye (Pays-Bas) a jugé la firme coupable de violation des droits de l’Homme, d’impact négatif sur l’environnement ainsi que du crime d' »écocide », un avis purement consultatif destiné à alimenter les lois existantes, notamment via la création d’une jurisprudence au sein du droit international.

Selon ce « Tribunal Monsanto », « les activités (du groupe) causent des dommages aux sols, à l’eau et de manière générale à l’environnement ».

Monsanto avait dénoncé une « mise en scène (…) anti-technologie agricole et anti-Monsanto » niant notamment « les preuves scientifiques existantes ».

Le groupe emploie aujourd’hui 20.000 employés à travers le monde et réalise environ 15 milliards de dollars de chiffre d’affaires annuels.

En Afrique de l’Ouest, l' »Ebola du manioc » menace la sécurité alimentaire

Les spécialistes l’appellent « Ebola du manioc »: l’Afrique de l’Ouest cherche la parade à un virus qui touche cette plante très consommée sur son sol et qui menace la sécurité alimentaire de la région, où les besoins en nourriture ne font que croître sous la pression démographique.

« La striure brune du manioc, une maladie virale, qui cause la perte de 90 à 100% de la production en Afrique centrale, est en train de faire mouvement vers l’Afrique de l’Ouest. C’est une menace à prendre très au sérieux », explique à l’AFP le Dr Justin Pita, directeur exécutif du programme West africain virus epidemiology (Wave), axé sur la sécurité alimentaire et financé par la Fondation Bill et Melinda Gates.

Ce virus se propage par des mouches blanches. Les hommes peuvent aussi être des vecteurs de transmission lorsqu’ils transportent les boutures de manioc.

Or le manioc est une culture de subsistance primordiale en Afrique.

Le continent est le plus grand producteur mondial de cette plante (57%), dont on consomme les tubercules, riches en glucides et en amidon, mais aussi les feuilles et la fécule (qui a plutôt l’aspect d’une semoule), produite à partir des racines.

Le tubercule de manioc entre par exemple dans le bol de 80% des 180 millions d’habitants du Nigeria, pays le plus peuplé d’Afrique.

L’attiéké, un mets fait à base de semoule de manioc cuite, est lui très prisé par les populations de Côte d’Ivoire, du Burkina Faso et du Mali, notamment, tout comme par les diasporas en France et aux Etats-Unis où plusieurs tonnes sont exportées chaque mois.

– La lutte depuis le laboratoire –

Aussi les chercheurs du programme Wave sont-ils à pied d’oeuvre depuis des mois pour endiguer le fléau.

« Nous parlons de l’Ebola du manioc », lance le Dr Pita, rappelant qu’une famine a fait plus de 3.000 morts en Ouganda dans les années 1990 après l’apparition de ce virus. « Imaginez la Côte d’Ivoire sans manioc ou Abidjan sans attiéké, ce serait la catastrophe! »

Le programme Wave, dont le siège se trouve à Bingerville, près d’Abidjan, a été mis en place dans sept pays (Côte d’Ivoire, Ghana, Bénin, Togo, Nigeria, Burkina Faso, République démocratique du Congo). Il prône « une approche régionale » pour combattre la maladie.

La mobilisation a d’abord eu lieu au niveau des techniciens, des chercheurs et des étudiants, qui ont conçu ensemble en laboratoire « des variétés résistantes » expérimentales.

Leur efficacité doit être testée en Afrique centrale, où a démarré l’épidémie.

– L’appel aux rois –

Puis, début juin, les ministres de la Recherche de huit pays d’Afrique de l’Ouest se sont réunis à Cotonou pour mettre sur les rails « une action concertée » afin de prévenir « une crise du manioc ».

Ils se sont engagés aux côtés de Wave, tandis que les rois et chefs de 12 pays d’Afrique ont aussi été sollicités, une première.

« Nous, rois et chefs traditionnels, interfaces entre la population et le gouvernement, devons accompagner le programme Wave pour juguler la striure brune, à travers un plan de sécurité et de prévention déployé au niveau régional », a déclaré Amon Tanoé, le roi de Grand-Bassam, président de la chambre nationale des rois et chefs traditionnels de Côte d’Ivoire, une institution dans le pays de l’attiéké et du placali (mets à base de manioc).

Concrètement, sont envisagés « l’arrachage des plants dans une zone infestée », « l’interdiction de voyager avec des boutures de manioc » et, surtout, un soutien à la recherche « pour lutter contre les maladies et améliorer la productivité ».

A Afféry, grande région de production de manioc, à 100 km à l’est d’Abidjan, les 200 productrices locales s’inquiètent.

Sanglée dans un pagne multicolore, la présidente de leur association, Nathalie Monet Apo, anticipe le pire: « L’attiéké est notre cacao (…), si la maladie apparaît ici ou ailleurs, ce sera un drame pour nos familles et notre communauté ».

« C’est grâce à la culture du manioc que j’arrive à scolariser mes quatre enfants », renchérit une autre productrice, Blandine Yapo Sopi, à proximité d’un monticule de tubercules de manioc. Récoltés sur un hectare de plantation, ils devraient lui rapporter 450.000 FCFA (environ 680 euros).

– Le défi du rendement –

Outre la menace de la maladie, les pays ouest-africains doivent aussi relever un autre défi: celui du rendement trop faible de la culture du manioc dans la région.

Il « ne dépasse pas 10 à 12 tonnes par hectare, alors que son potentiel peut avoisiner 40 tonnes/ha. L’Asie affiche un rendement de 22 tonnes/ha pour la même culture », rappelle Odile Attanasso, ministre béninoise de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique.

« Dans le contexte de pression de démographique croissante et de pauvreté rurale qui caractérise notre région, nous n’aurons d’autre choix que de relever la productivité de cette denrée », avertit Mme Attanasso, dont le pays est gros consommateur de gari et de tapioca, une semoule et une fécule dérivées du manioc.

Les bâilleurs ont promis de poursuivre le financement du programme jusqu’en 2022. Mais les chercheurs espèrent aussi une forte implication des gouvernements africains, dont moins de 1% des budgets nationaux sont pour l’instant consacrés à la recherche scientifique.

Pas de levée de sanctions contre Pyongyang avant la fin de la dénucléarisation

Les sanctions resteront en place jusqu’à une « dénucléarisation complète et totalement vérifiable » de la Corée du Nord a affirmé dimanche le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo lors d’une escale à Tokyo après deux jours d’intenses discussions avec la Corée du Nord qui a accusé la partie américaine d’utiliser des méthodes de « gangster ».

« Bien que nous soyons encouragés par les progrès de ces pourparlers, ces avancées ne sauraient à elles seules justifier l’assouplissement du régime de sanctions existant », a insisté M. Pompeo en soulignant l’importance du contrôle de l’achèvement du processus.

Pour le secrétaire d’Etat, il s’agit d’une « dénucléarisation au sens large », englobant toute la gamme d’armes, et « les Nord-Coréens comprennent cela, ils ne l’ont pas contesté », a-t-il dit.

« Il y aura une vérification liée à la dénucléarisation complète, c’est ce que le président (Donald) Trump et le dirigeant Kim (Jong Un) ont tous deux accepté. Le président Trump et moi croyons que ces efforts pour la paix en valent la peine », a-t-il ajouté lors d’une conférence de presse dans la capitale japonaise.

M. Pompeo a rencontré à Tokyo les chefs de la diplomatie de Corée du Sud et du Japon, ainsi que le Premier ministre nippon Shinzo Abe, un geste apprécié par les principaux alliés de Washington en Asie.

« Réunion constructive avec le ministre japonais des Affaires étrangères ce matin pour parler de l’alliance américano-japonaise, pierre angulaire de la stabilité régionale, et maintenir la pression maximale sur la Corée du Nord », a tweeté M. Pompeo en début de matinée.

L’envoyé du président américain avait auparavant longuement discuté avec des responsables nord-coréens à Pyongyang, cherchant à dresser les plans concrets d’un accord conclu le 12 juin MM Trump et Kim lors d’un sommet historique à Singapour.

Mais M. Pompeo venait de quitter Pyongyang en jugeant ses pourparlers « très productifs » quand le ministère nord-coréen des Affaires étrangères s’est empressé de critiquer l’attitude « extrêmement regrettable » des Etats-Unis accusés de négocier avec des méthodes « de gangster ». Selon le régime, la partie américaine a violé l’esprit de l’accord conclu lors du sommet de Singapour.

« Les Etats-Unis commettent une erreur fatale s’ils considèrent que la République populaire démocratique de Corée se doit d’accepter (…) des demandes qui reflètent leur état d’esprit de gangster », avertit le régime par la voie de l’agence officielle nord-coréenne KCNA.

En privé, les diplomates américains estiment que la réaction nord-coréenne est une tactique de négociation qui tranche avec les deux jours d’amitié théâtrale à Pyongyang.

– « Relations formidables » –

Le secrétaire d’Etat américain et Kim Yong Chol, le bras droit du numéro un nord-coréen Kim Jong Un, se sont entretenus vendredi et samedi durant plus de huit heures dans une résidence pour hôtes officiels de Pyongyang.

« Nous avons parlé de ce que les Nord-Coréens continuent de faire et comment nous pouvons parvenir à ce sur quoi M. Kim et le président Trump se sont mis d’accord, à savoir la dénucléarisation complète de la Corée du Nord », a déclaré M. Pompeo.

« Personne ne s’est écarté (de cet objectif), cela reste leur engagement. Le président Kim est toujours convaincu, j’ai parlé avec le président Trump ce matin. (…) Nous avons des négociations productives, basées sur la bonne foi », a-t-il dit.

M. Pompeo a indiqué que des responsables des deux parties se rencontreraient dans un groupe de travail le 12 juillet pour parler du rapatriement de dépouilles de soldats américains tués pendant la guerre de Corée (1950-53).

Des responsables nord-coréens ont transmis à M. Pompeo une lettre personnelle à remettre à Donald Trump, espérant que « les relations formidables et le sentiment de confiance » entre les deux dirigeants seraient renforcés par les discussions, indique le ministère nord-coréen des Affaires étrangères dans son communiqué.

Pyongyang « fait la distinction entre les bureaucrates américains et le président Trump, en exprimant sa confiance dans ce dernier », analyse le Pr Yang Moo-Jin, de l’université des études nord-coréennes à Séoul.

« Il ne s’agit pas de rompre les pourparlers. Le Nord essaie de prendre le dessus dans les négociations à venir », explique-t-il à l’AFP.

« La Corée du Nord attendait de Pompeo qu’il apporte une proposition concrète de garantie de sécurité, mais a été déçu que les Américains réitèrent leur vieille demande de dénucléariser d’abord, avant que les Etats-Unis donnent quoi que ce soit en échange », a-t-il estimé.

Depuis le sommet du 12 juin, Donald Trump s’est montré optimiste sur les chances de paix dans la péninsule divisée depuis la guerre de Corée, estimant que la menace d’une guerre nucléaire était écartée.

Grotte en Thaïlande: l’opération d’évacuation est lancée

L’opération d’évacuation des douze enfants et de leur entraîneur de football coincés dans une grotte inondée en Thaïlande depuis 15 jours a finalement débuté dimanche, après des jours de report en raison de risques trop importants, avec de longues portions de plongée.

« Aujourd’hui est le grand jour… Les garçons sont prêts à affronter tous les défis », a déclaré Narongsak Osottanakorn, le chef de la cellule de crise, lors d’une conférence de presse organisée à distance du site de la grotte.

« Le premier devrait sortir vers 21 heures » (14:00 GMT), a précisé ce responsable, qui est aussi le gouverneur de la province de Chiang Rai, annonçant le départ vers les enfants de « treize spécialistes de niveau mondial venant de pays ayant un expertise » en spéléologie.

Jusqu’ici, il fallait onze heures à un plongeur aguerri pour faire l’aller-retour jusqu’aux enfants: six heures aller, cinq heures retour grâce au courant.

Long de plusieurs kilomètres dans des boyaux accidentés, le parcours pour sortir de la grotte comprend de difficiles passages sous l’eau.

Signe du péril de l’entreprise, un ancien plongeur de la marine thaïlandaise a péri vendredi lors d’une opération de ravitaillement des enfants.

Or, une bonne partie des enfants, âgés de 11 à 16 ans, ne savent pas nager, et aucun n’a fait de plongée.

– « Conditions parfaites » –

Actuellement, les conditions pour une évacuation sont jugées « parfaites » par la cellule de crise, notamment en ce qui concerne le niveau d’eau dans la grotte.

Les sauveteurs ont fait évacuer dimanche matin le site de la grotte thaïlandaise où les enfants et leur entraîneur sont pris au piège afin de faire de la place pour « aider les victimes ».

« Tous ceux qui ne sont pas impliqués dans l’opération doivent sortir de la zone immédiatement », a annoncé la police par haut-parleur sur le site, où se trouvent des centaines de journalistes.

« Nous devons utiliser la zone pour aider les victimes », ajoutait la police dans le haut-parleur. Aucune précision n’a pu être obtenue dans un premier temps quant à l’imminence de l’extraction des enfants.

L’annonce de la police a été suivie par un branle-bas de combat dans le campement monté par les journalistes, avec des caméras partout et des lits de camp pour être aux meilleures places pour filmer l’évacuation des enfants.

Le chef de la cellule de crise, avait prévenu vendredi soir que l’afflux de médias dans cette zone montagneuse de forêt tropicale posait problème. « Nous avons de plus en plus de médias qui arrivent et s’installent partout », avait-il critiqué.

« Les équipes médicales se sont plaintes auprès de moi que cela devient un problème », avait-il dit, évoquant des mesures à venir.

Face à l’afflux de journalistes, pataugeant dans la boue depuis des jours, les autorités avaient posé des barrières métalliques pour les tenir à distance et permettre aux secouristes de travailler sans caméras autour.

Les enfants s’étaient retrouvés piégés le 23 juin par la montée des eaux dans cette grotte au fin fond du nord de la Thaïlande, à la frontière avec la Birmanie et le Laos.

Les secours s’interrogeaient depuis des jours sur l’opportunité de déclencher une évacuation périlleuse, des pluies de mousson attendues prochainement risquant de ruiner les efforts continus depuis plusieurs jours pour drainer l’eau de la grotte.

– sortir avant la pluie –

Les secours avaient réussi à insérer un tuyau de plusieurs kilomètres pour acheminer de l’oxygène dans la poche où le groupe s’est réfugié et le niveau d’oxygène s’est stabilisé dans la grotte.

Mais des pluies attendues prochainement pourraient réduire une bonne partie du rebord boueux sur lequel le groupe a trouvé refuge.

Samedi soir, une grosse averse de mousson est tombée pendant une demi-heure, rappelant l’urgence à évacuer les enfants.

C’est déjà à cause des pluies de mousson que les enfants se sont retrouvés piégés après avoir décidé, pour une raison encore non élucidée, de se rendre dans la grotte après leur entraînement de foot, avec leur jeune coach de 25 ans.

En parallèle, la cellule de crise a continué à effectuer des forages dans la montagne, pour une possible évacuation par le haut, et plus de cent forages ont été réalisés à la verticale dans la montagne: certains peu profonds, mais l’un d’entre eux long de 400 mètres. Dimanche matin, aucune percée de ce côté là n’avait été annoncée.

Enfants en passe d’être évacués d’une grotte en Thaïlande: 15 jours sous terre

L’évacuation des douze enfants et de leur entraîneur de foot pris au piège d’une grotte inondée dans le nord de la Thaïlande était enfin d’actualité dimanche, à leur 15e jour sous terre. Voici un rappel des principales avancées, jour par jour:

+Jour 0 – Samedi 23 juin: une mère donne l’alerte, ne voyant pas revenir son fils après l’entraînement de football. Leurs affaires – vélos et chaussures – sont retrouvées quelques heures plus tard juste à l’entrée de la grotte. Les recherches commencent, mais sont vite interrompues à cause de la nuit.

+Jour 1 – Dimanche 24 juin: dans la nuit, à cause de pluies importantes, le niveau de l’eau dans la grotte monte fortement. Des plongeurs sont mobilisés.

+Jour 2 – Lundi 25 juin: ils atteignent une première grande chambre à l’intérieur de la grotte.

+Jour 3 – Mardi 26 juin: le chef de la junte Prayut Chan-O-Cha demande la « mobilisation de tous » pour les retrouver vivants. L’équipe de sauvetage monte à plusieurs centaines de personnes, dont des dizaines de plongeurs. L’eau atteint par endroit cinq mètres de haut, malgré la mise en place de pompes.

+Jour 4 – Mercredi 27 juin: une troisième zone de ce réseau souterrain complexe est désormais inondée. Des plongeurs britanniques arrivent le soir pour prêter main forte.

+Jour 5 – Jeudi 28 juin: arrivée de plusieurs dizaines de soldats américains, entre autres spécialistes internationaux.

+Jour 6 – Vendredi 29 juin: après une suspension des opérations de plongée à cause d’un niveau d’eau trop important en dépit des pompes installées, les recherches aquatiques reprennent. Des secouristes explorent une nouvelle voie d’accès, une cheminée à l’aplomb de la grotte. Les sauveteurs lancent des kits de survie, avec nourriture et téléphones portables.

+Jour 7 – Samedi 30 juin: les plongeurs luttent avec une eau boueuse, sans visibilité, limitant fortement leur progression par l’entrée principale, inondée. La pluie cesse enfin.

+Jour 8 – Dimanche 1er juillet: les secours réussissent à établir une base opérationnelle avancée dans la cavité, à trois kilomètres de l’entrée.

+Jour 9 – Lundi 2 juillet: les plongeurs avancent et estiment n’être plus qu’à 600 mètres de la zone où se trouvent les enfants. Le soir, ils les retrouvent sains et saufs.

+Jour 10 – Mardi 3 juillet: des vivres et médicaments sont acheminés. Et des médecins rejoignent les enfants et évaluent leur capacité à plonger, dès mardi ou dans plusieurs jours si besoin. Le pompage continue pour faire baisser l’eau au maximum et rendre l’évacuation moins difficile.

+Jour 11 – Mercredi 4 juillet: publication par la marine thaïlandaise d’une deuxième vidéo, montrant les enfants, qui se disent « en bonne santé ».

+Jour 12: Jeudi 5 juillet: les sauveteurs espèrent toujours pouvoir, à l’aide de pompes, faire baisser à temps le niveau de l’eau de façon suffisante pour que les enfants n’aient que pas ou peu de plongée à effectuer.

+Jour 13: vendredi 6 juillet: un ancien membre des commandos de marine thaïlandais meurt, faute de réserve d’oxygène suffisante, après avoir approvisionné les enfants, semant le doute quant à une extraction en plongée en urgence.

+Jour 14: samedi 7 juillet: « Je demande pardon à tous les parents » – lettre d’excuses du jeune entraîneur, lui aussi coincé, publiée samedi par les secouristes. Une sortie en plongée reste exclue pour l’heure par les autorités, malgré une baisse du niveau d’oxygène.

+Jour 15: dimanche 8 juillet: « Aujourd’hui est le grand jour… Les garçons sont prêts à affronter tous les défis », dit le chef de la cellule de crise. Chacun devait être escorté par deux plongeurs professionnels.

Carburants: le président appelle les manifestants à rentrer chez eux

Le président haïtien Jovenel Moïse a appelé samedi soir les manifestants à quitter les rues, paralysées par des vagues de violences depuis vendredi après-midi, car il avait « corrigé ce qu’il y avait à corriger », à savoir suspendre la décision d’augmenter les prix des produits pétroliers.

« Dès que vous parlez, j’écoute. Parce que vous avez commencé à m’envoyer ce message depuis hier soir, je l’ai reçu et j’ai corrigé ce qu’il y avait à corriger », a déclaré Jovenel Moïse dans son message à la nation retransmis sur la chaîne de télévision d’État.

« Vous qui me regardez ce soir, je vous demande à tous: rentrez chez vous. La police et la justice vont prendre le contrôle pour nettoyer les rues », a-t-il ajouté.

– « Etat responsable » –

Lors de son discours d’une vingtaine de minutes, le chef de l’État haïtien, accompagné de son épouse, n’a pas fait d’importantes annonces face à l’ampleur des destructions mais a adressé un mot de soutien aux victimes.

« Je leur dis que je ne dirige pas un Etat irresponsable: cet Etat sera toujours là face aux responsables de ces actes parce que nous, Haïtiens, avons des gens pour nous diriger », a affirmé Jovenel Moïse.

Depuis vendredi après-midi, la capitale est totalement paralysée par les violences: nombre de commerces ont été pillés et incendiés. Beaucoup de véhicules ont été brûlés par les groupes de contestataires dressant des barricades à une large majorité de carrefours, empêchant quantité de personnes de rentrer chez elles.

Vendredi soir, un policier assigné à la sécurité d’un dirigeant d’un parti politique d’opposition a été tué dans une altercation avec un groupe de manifestants au cœur de la capitale haïtienne. Il a été lynché alors qu’il cherchait à forcer le passage, et son corps a ensuite été brûlé sur la chaussée.

Samedi après-midi, un jeune homme a été tué par balles à proximité d’un supermarché pris d’assaut par la foule, a pu constater un journaliste de l’AFP.

Sans une telle vague destructrice, des mouvements similaires de colère ont été enregistrés au Cap-Haïtien, la deuxième ville du pays, ainsi que dans les communes des Cayes et de Jacmel et de Petit-Goave.

Samedi après-midi, le Premier ministre haïtien Jack Guy Lafontant avait finalement annoncé via twitter « la suspension de la mesure d’ajustement des prix des produits pétroliers jusqu’à nouvel ordre ». Peu avant cette annonce, le président de la chambre des députés Gary Bodeau avait lancé un ultimatum de deux heures au gouvernement pour revenir sur la hausse des prix, sans quoi le gouvernement serait « considéré comme démissionnaire ».

Avant même la prise de cette mesure controversée, le Premier ministre, nommé en mai 2017, était déjà très critiqué pour son inaction. Une séance pour statuer sur son avenir à la tête du gouvernement avait été entamée la semaine dernière, à la chambre des députés, dont la majorité est acquise au président Jovenel Moïse. Plusieurs parlementaires ont appelé à une reprise de cette séance lundi matin.

Le recul, après moins de 24 heures, du gouvernement sur la révision des tarifs des produits pétroliers pourrait mettre un terme à son mandat et de facto entrainer la chute du gouvernement.

Outre les perspectives politiques incertaines, la situation reste tendue dans la capitale et l’absence de décisions concrètes dans l’allocution présidentielle risque de ne pas satisfaire les revendications des manifestants, dont beaucoup exigent son départ du pouvoir.

– Hausses insupportables –

Plusieurs compagnies aériennes comme American Airlines et Air France ont annulé leurs vols samedi et la mesure va majoritairement continuer à s’appliquer dimanche matin.

En début d’après-midi vendredi, les ministères de l’Économie, des Finances, du Commerce et de l’Industrie avaient annoncé une augmentation des prix de l’essence de 38%, celui du diesel de 47% et celui du kérosène de 51%, à compter du samedi 7 juillet à minuit.

Le nouveau cadre de référence entre le Fonds monétaire international (FMI) et Haïti, signé en février, impliquait la cessation de la subvention publique des produits pétroliers, source conséquente du déficit budgétaire de l’État.

Cette importante hausse est perçue comme insupportable par la majorité de la population qui fait face à une pauvreté extrême, un chômage de masse et une inflation supérieure à 13% pour la troisième année consécutive.