Guinée: l’UA rappelle ses observateurs à 48h des élections

Le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat a annoncé, dans un communiqué publié sur son site vendredi, le rappel de la mission envoyée en Guinée pour observer les élections législatives et le référendum prévus ce dimanche.« La position de l’organisation continentale alignée, en vertu du principe de la subsidiarité, sur celle de l’organisation régionale, en l’occurrence la Cedeao, amène à reconsidérer le maintien de la mission d’observation de l’Union africaine déjà en place », a expliqué Faki Mahamat, notant que c’est « en conséquence de tous ces faits » que la mesure de rappel de la mission a été prise.

Elle se justifie aussi, selon le Tchadien, « par les récents développements pré-électoraux en République de Guinée caractérisés par la poursuite d’une forte controverse sur le fichier électoral et l’impossibilité du déploiement de la mission de bons offices composés de quatre chefs d’État de la Cedeao».

Avant l’UA, l’Union européenne et la Cedeao avaient de leur côté rappelé leurs missions d’observation des élections dans ce pays ouest-africain dirigé depuis 2010 par Alpha Condé. Ce dernier fait face à une contestation populaire à cause d’un projet de briguer un troisième mandat qui lui est prêté dans l’organisation du référendum, qui modifierait de fait la constitution.

Se disant préoccupé par cette situation, Faki Mahamat souligne par ailleurs que « la Commission de l’Union africaine reste et demeure entièrement disposée, en concertation avec la Cedeao, et en solidarité avec le gouvernement et tous les acteurs politiques et sociaux de Guinée, à accompagner le processus électoral dans ce pays conformément aux principes de l’organisation qui régissent l’observation des élections en Afrique ».

Les autorités de Conakry n’ont toutefois pas encore réagi à ces différentes annonces, à moins de 48 heures du double scrutin.

Les autorités ivoiriennes invitées à ne pas autoriser le référendum constitutionnel guinéen en Côte d’Ivoire

Des opposants guinéens de la section ivoirienne du Front national pour la défense de la constitution (FNDC, plateforme de l’opposition), ont demandé vendredi à Abidjan aux autorités ivoiriennes de ne pas autoriser la tenue du référendum constitutionnel couplé avec les législatives de leur pays en Côte d’Ivoire prévu dimanche prochain, estimant qu’il y a des « risques de troubles» de cette élection.« Nous attirons l’attention des autorités ivoiriennes sur les risques qu’occasionneront ces scrutins en Côte d’Ivoire. Nous voudrions que l’on prenne la pleine mesure de ces dangers pour suspendre le processus en Côte d’Ivoire », a plaidé Souleymane Diallo, le coordonnateur du FNDC dans le pays dans une conférence de presse.

Selon M. Diallo, ce scrutin couplé est un « coup d’Etat constitutionnel » qu’entend opérer le président Guinéen Alpha Condé pour modifier la constitution guinéenne et briguer un troisième mandat.

Poursuivant le conférencier a accusé le pouvoir guinéen d’avoir mis en place en Côte d’Ivoire un groupe « qui est en train d’opérer un tri des cartes électorales sur la base des patronymes». 

« Aucun responsable de l’opposition n’a reçu de cartes d’électeurs de ses militants…Ces cartes électorales vont être distribuées aux seuls guinéens supposés proche du pouvoir. Et les cartes des autres guinéens supposés être contre l’organisation du référendum et des législatives seront purement et simplement confisquées », a dénoncé M. Diallo qui dit avoir transmis des correspondances aux autorités ivoiriennes depuis le 21 février dernier pour la suspension de ce processus électoral.

«Nous voudrions que le gouvernement ivoirien n’autorise pas ce processus en Côte d’Ivoire pour ne pas apparaître complice de ce coup d’Etat constitutionnel», a espéré M. Diallo soulignant que la «colère monte» au sein de la diaspora guinéenne à deux jours de la tenue de ce scrutin.

«Quel que soit ce qui va se passer le dimanche, la lutte va continuer» car notre souci c’est que la Guinée se démocratise», a conclu le coordonnateur du FNDC qui avait à ses côtés pour la circonstance,  des représentants de plusieurs opposants guinéens dont Cellou Dallein Diallo et Sydia Touré.

Les ressortissants guinéens en Côte d’Ivoire sont estimés à près d’un million de personnes. En 2015, seulement 35 000 électeurs guinéens ont effectivement pris part aux échéances électorales de leur pays en Côte d’Ivoire sur une population électorale d’environ 400 000 personnes.

Début février, le président Guinéen Alpha Condé dont l’opposition de son pays soupçonne de vouloir briguer un troisième mandat en modifiant la constitution, a fixé la date du référendum sur le projet de la nouvelle constitution et les législatives le 1er mars 2020.

Depuis octobre dernier, l’opposition guinéenne s’oppose à une révision constitutionnelle qui permettrait au président sortant Alpha Condé de briguer un troisième mandat. Ces manifestations Anti-Condé ont fait depuis lors une quarantaine de morts.

Démission du ministre guinéen de l’Enseignement supérieur

Le ministre guinéen de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Abdoulaye Yéro Baldé a annoncé, jeudi, sa démission dans une lettre adressée au président de la République et dont APA a obtenu copie.Dans sa lettre, M. Baldé justifie son départ du gouvernement par le fait qu’« aujourd’hui, force est de constater que les valeurs pour lesquelles notre parti a lutté sont reléguées au second plan. Les institutions et le tissu social qui constituent le socle d’une nation qui se veut forte sont fragilisés chaque jour d’avantage. La sérénité dans le fonctionnement de l’Etat est mise à rude épreuve, l’environnement n’est plus favorable à la conduite des affaires de l’Etat dans l’intérêt des populations et la crédibilité de nos actes s’effrite ».

A son avis, la vision était qu’Alpha Condé soit « le premier président à assurer non seulement une transition démocratique et pacifique du pouvoir en Guinée, mais aussi à garantir un climat de paix et de stabilité politique dans notre pays. Nombreux parmi nous ont gardé cet espoir pendant longtemps».

« Je reste et demeure membre du RPG (au pouvoir) pour continuer à contribuer aux idéaux du parti », écrit-il dans sa lettre.

Cette démission d’un ministre guinéen (la troisième depuis l’annonce d’une modification constitutionnelle, après celles de Gassama Diaby du ministère de la Citoyenneté et Cheik Sakho de la Justice) intervient à 72 heures de la tenue des élections législatives et du referendum sur la nouvelle constitution prévus le 1er mars.

L’Afrique enregistre son deuxième cas de Covid-19 en Algérie

Un ressortissant italien arrivé le 17 février en Algérie a été diagnostiqué positif du coronavirus, ont annoncé mardi soir les autorités de ce pays qui enregistre ainsi le deuxième cas du continent officiellement touché par l’épidémie après l’Egypte, deux semaines plus tôt.Le cas algérien a été suspecté en même temps que son compatriote, tous deux « de nationalité italienne » et « âgés de 55 ans et 61 ans », a précisé le ministre algérien de la Santé à la télévision d’Etat.

Au bout de huit jours de veille sur eux, un seul « cas a été confirmé positif au coronavirus », a-t-il assuré, avant de louer le dispositif de « surveillance et d’alerte mis en place au niveau national (qui) a permis de détecter deux cas ».

Selon la télévision d’Etat, reprise par plusieurs médias, la personne infectée a été placée en isolement à l’institut Pasteur d’Alger, la capitale, même si les circonstances de son infection ne sont pas établies.

Parti en décembre de Chine qui a déjà enregistré 2615 décès sur 78.064 cas, le Covid-19 se propage également dans plusieurs pays comme l’Italie où le bilan s’établit à 10 morts sur 322 personnes infectées.

Par ailleurs, les autorités algériennes assurent de la mise en place d’un « dispositif de surveillance et de veille au niveau de tous les points d’entrée » dans le pays.

Selon RFI, des épidémiologistes ont indiqué, dans un rapport publié dans la revue The Lancet, que l’Algérie, l’Égypte et l’Afrique du Sud constituaient les « trois portes d’entrée les plus importantes de l’épidémie sur le continent ». Quand on sait également que ces deux derniers faisaient partie avec le Kenya, le Maroc et l’Ile Maurice des destinations préférées des Chinois sur le continent. (https://apanews.net/pays/guinee-bissau/news/coronavirus-un-manque-a-gagner-pour-le-tourisme-africain)

Le système de santé africain en alerte ?

Il y a près de deux semaines déjà, le ministère égyptien de la Santé annonçait dans une déclaration conjointe avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS) le premier cas de coronavirus en Afrique. Un étranger dont la nationalité n’a toutefois pas été précisée, encore moins son état de santé actuel.

En Afrique de l’ouest, les ministres de la Santé des pays membres de la Cedeao, réunis le 14 février à Bamako, au Mali, ont décidé de renforcer au niveau communautaire la coordination, la communication et la collaboration transfrontalière dans le cadre de la préparation à l’épidémie de Covid-19.

Les initiatives ne manquent pas aussi au niveau continental après que l’Union africaine (UA) a convoqué le 22 février à son siège, à Addis-Abeba, les ministres de la Santé pour partager les informations existantes et connaissances actuelles sur le Covid-19, les médicaments en cours de développement et essais cliniques.

Des réunions se tiennent régulièrement aussi à Dakar où l’Institut Pasteur, référence sur le continent, prépare des experts de pays africains face à la maladie.

Déjà hier mardi dans la capitale sénégalaise, il a ouvert un atelier régional de formation sur le diagnostic biologique du coronavirus à l’intention des 15 pays de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et du Tchad.

Les recettes de Wathi pour améliorer les systèmes de santé ouest africains

Au moment où l’épidémie du coronavirus prend des proportions inquiétantes et menaçantes dans le monde, le Think tank Wathi pose le débat pour améliorer des systèmes de santé en Afrique de l’ouest.En  Afrique, particulièrement dans sa région occidentale, l’accès à des  services sociaux de base constitue encore un des défis majeurs à relever  pour certains pays.

En janvier 2019, Wathi a lancé un débat en  ligne sur « les systèmes de santé de la région et les conditions de son  amélioration au service des populations ».

En conclusion, le  rapport Mataki (« mesures » en langue houassa) a consisté à une  sélection des principaux constats et recommandations formulés dans le  cadre du débat, complétée par des pistes d’action élaborées par l’équipe  de Wathi sur la base de consultations supplémentaires avec des  professionnels et experts du secteur.

Même si des indications  sur la situation sanitaire dans les pays d’Afrique de l’ouest montrent  des « progrès incontestables », il reste évident que ces acquis sont  souvent tributaires à des chocs externes inopportuns.

Dans le  document publié ce mardi à Dakar par le directeur exécutif de Wathi,  Gilles Olakounlé Yabi, il est noté des progrès sur le plan sanitaire  souvent freinés par des « contextes de conflits armées, des crises  sanitaires exceptionnelles ».

La plus marquante et récente en  Afrique de l’Ouest, rappelle-t-il, est l’épidémie à virus Ebola qui a  lourdement affecté le Libéria, la Sierra Leone et la Guinée.

Selon  le rapport Makati, les indicateurs de l’état de santé se sont améliorés  en grande partie grâce à l’ampleur des contributions financières  internationales pour « combattre les grandes pandémies, le paludisme, la  tuberculose, et le VIH Sida.

Le Fonds mondial de lutte contre  le Sida, la tuberculose et le paludisme a joué « un rôle central dans  tous les pays de la région et permis d’alléger considérablement la  facture sanitaire des Etats et des populations », souligne M. Yabi.

Cependant,  les objectifs maintes fois visés « n’ont jamais était atteints, le plus  connu de ces objectifs étant l’engagement des Etats à consacrer 15% de  leur budget national au secteur de la santé », conformément à la  Déclaration d’Abuja de 2001.

Pour améliorer les systèmes de  santé en Afrique de l’ouest, Makati recommande dans un premier temps la  mise en place d’une politique préventive de lutte contre les maladies au  cœur du système de santé.

Comme préalable, il faut inclure la  prévention, les soins de santé primaire et les principes de base de la  santé mentale dans le parcours de formation de tous les professionnels  de santé.

Makati suggère aux autorités ouest-africaines  d’assurer la formation de ressources humaines suffisantes dans le  domaine sanitaire, y compris la santé mentale, leur déploiement  équitable sur les territoires nationaux et leur encadrement effectif.

Au-delà  du financement durable des systèmes de santé pour promouvoir  l’accessibilité aux soins et aux médicaments, il faudra également  améliorer le fonctionnement au quotidien de tous les établissements  délivrant des services de santé. Et enfin, le renforcement des systèmes  de santé nationaux par le développement de la recherche, la  mutualisation des ressources au niveau régional et  l’institutionnalisation d’un débat public sur les politiques nationales  de santé.

Okf /Dng/te/APA

Guinée : Le FNDC ne reconnait plus Condé comme chef d’Etat et exige son départ

A moins d’une semaine de la tenue du double scrutin (référendum et législatives) du 1er mars 2020, le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) a décidé lundi à Conakry, de ne plus reconnaitre Alpha Condé comme chef de l’Etat et exige désormais son départ sans conditions du pouvoir.Au sortir d’une rencontre d’urgence, ce mouvement qui regroupe des acteurs politiques et de la société civile, considère « le refus de Alpha Condé de mettre en place la Haute Cour de Justice qui l’aurait jugé aujourd’hui, le FNDC, porteur des aspirations démocratiques du peuple de Guinée décide de ne plus reconnaître M. Alpha Condé comme président de la République de Guinée et demande purement et simplement son départ », lit-on dans le communiqué qui a sanctionné cette plénière.

Pour atteindre ses objectifs, le FNDC appelle ainsi « tous les Guinéens à sortir massivement à partir de ce jeudi 27 février, pour aller exprimer leur refus à M. Alpha Condé, quant à son coup d’État Constitutionnel et empêcher par tous les moyens légaux, le putsch Constitutionnel de M. Alpha Condé », ajoute-t-il.

Condé « Je n’ai peur de personne ni en Guinée ni dehors »

Cependant, le président de la République en campagne à l’intérieur du pays, a mis en garde ceux qui tenteront d’empêcher le double scrutin du 1er Mars. « Le jour des élections, tous ceux qui veulent voter, allez voter. Ne craignez rien, nous allons assurer la sécurité. Tout le monde a le droit de voter ou de ne pas voter. Nous n’accepterons pas que des gens aillent casser les urnes. L’impunité est finie en Guinée. Quiconque viole la loi, sera désormais puni. N’acceptez pas qu’on vous envoie casser des urnes, parce que toute personne qu’on prendra, sera condamnée. Ce ne sera pas une condamnation à court terme, mais une condamnation ferme. Non seulement, on arrête le casseur, mais on arrête aussi le commanditaire», a prévenu Alpha Condé, avant d’ajouter qu’il n’a « peur de personne  ni en Guinée, ni en dehors. Moi, je n’ai peur que de Dieu. Le pouvoir appartient au peuple. On fera ce que le peuple de Guinée veut », a-t-il laissé entendre.

 Il faut rappeler que depuis octobre 2019, des manifestations contre un changement de Constitution en Guinée ont fait plus de 30 morts dans le pays.

Villes et territoires durables au menu du Sommet Afrique-France

Abidjan se prépare pour le Sommet Afrique-France prévu en juin 2020 à Bordeaux, en France, qui sera axé sur le thème des villes et territoires durables.Ce sommet devrait rassembler plus de 15 000 acteurs des villes africaines et françaises, 500 exposants et plus de 1 000 entrepreneurs africains.

Ce rendez-vous politique majeur impulsé par le président français Emmanuel Macron et qui, pour la première fois, réunira les acteurs politiques et économiques africains et français, pour agir et s’engager sur la ville durable de demain, se veut une plateforme de réflexions sur les nouveaux enjeux du développement durable.

Il s’agit notamment de développer de nouveaux partenariats durables avec l’ambition partagée de co-construire des écosystèmes urbains qui soient pérennes, innovants, fertiles et frugaux tout en accélérant la structuration de la filière économique durable, renseigne une note sur l’évènement.

Sur les bords de la lagune Ebrié, il est prévu les 27 et 28 février 2020 les « Rencontres d’Abidjan », des assises qui réuniront des acteurs africains de la ville dans la capitale économique ivoirienne pour préparer le Sommet Afrique-France 2020.

Ces rencontres regrouperont les ministres en charge de la Ville et du Développement urbain des pays africains francophones, des élus locaux, des représentants de la société civile et des start-ups afin d’échanger et de partager les solutions pour construire des « villes durables et intelligentes ».

Une ville intégrée

La vision de l’Etat ivoirien est de promouvoir une ville intégrée qui prend en compte toutes les commodités d’une cité moderne et fonctionnelle, avec des innovations technologiques incluant, entre autres, des habitations à éclairage naturel et naturellement aérées.

La Côte d’Ivoire veut valoriser le mix énergétique dans les constructions. Cela devrait permettre d’installer les populations dans une économie verte et les conduire à coupler l’énergie conventionnelle avec l’énergie solaire (panneaux solaires).

Pour la mobilité urbaine, l’Etat ivoirien devrait, avec l’aide de la France, réaliser un train urbain dénommé Le Métro d’Abidjan. Le gouvernement a également ouvert le secteur du transport lagunaire qui a vu l’arrivée de nouveaux opérateurs.

Aujourd’hui, la Côte d’Ivoire est dans une optique de revalorisation des déchets, ce qui a conduit à la fermeture de la décharge d’Akouédo dans l’est d’Abidjan, et sa mise à disposition du public. Une autre décharge moderne, visant le recyclage, a été ouverte à Kossihouen, sur l’Autoroute du Nord, à 26 Km d’Abidjan.

« Avec un volet de recyclage des déchets, nous regardons comment mettre en place une économie circulaire, comprenant tout ce qui est plastique, ferreux et organique telles les huiles usagées pour voir comment organiser le marché de tous ces déchets », avance Dr Alain Kouadio.

L’objectif est que « les déchets ne soient plus des déchets, mais plutôt des matières premières pour fabriquer d’autres produits », fait-il remarquer, confiant que dans ce sens, des initiatives sont en cours avec Nestlé qui a un projet en partenariat avec le ministère pour le recyclage des déchets plastiques.

Beaucoup d’initiatives sont en cours dans la production de pavés. En outre, souligne-t-il, une entreprise japonaise a entamé une étude sur les batteries usagées des engins aux fins de les recycler. Toutefois, l’Etat veut mettre en place un cadre cohérent et intégré tout en impliquant tous les acteurs.

Vers une meilleure mobilité urbaine à Abidjan

Dans le cadre de sa modernisation, Abidjan, la capitale économioque, se veut une métropole attractive avec des voies de circulation facilitant la mobilité.Cette vision du chef de l’Etat ivoirien, Alassane Ouattara renvoie au constat que « 54% de la population ivoirienne vit en ville, notamment à Abidjan qui compte 5,5 millions d’habitants »; ce qui nécessite un plan d’aménagement spécifique.

L’Etat ivoirien a conçu de ce fait une voie de contournement de la ville d’Abidjan dénommée l’Y4. Elle est une autoroute longue de plus de 24 Km qui devrait être aménagée en une route de 2X3 voies avec plusieurs ouvrages annexes permettant d’accéder aux routes d’Alépé, d’Anyama, des villes situées au nord d’Abidjan.

Cette voie relie en outre le Boulevard de France redressé au Boulevard Mitterrand, avec l’aménagement de carrefours, la construction des échangeurs d’Alépé, d’Anyama et du Boulevard Mitterrand. Le projet a été d’ailleurs élaboré dans le cadre du « Projet d’Intégration Port-Ville du Grand Abidjan ».

Elle devrait permettre de renforcer la mobilité dans la capitale économique ivoirienne, en contournant le centre-ville pour ouvrir l’accès à la zone portuaire d’Abidjan. Avec cette voie, il sera possible de contourner le centre-ville d’Abidjan pour rallier plusieurs autres destinations à l’intérieur du District d’Abidjan.

La construction de cet ouvrage devrait avoir un impact significatif sur la réduction des embouteillages et participer à l’extension de la ville d’Abidjan. Ce périphérique Y4 permettra aussi de relier les communes de Songon, Abobo-Anyama, Cocody et Port-Bouët et faciliter l’accès à la zone portuaire d’Abidjan.

La section 2 de l’Y4, longue de 15 Km, devra relier la commune d’Anyama à l’Autoroute du Nord, en traversant les localités d’Ebimpé, d’Akoupé-Zeudji et d’Attinguié. La section 3, elle, devrait être connectée à l’Autoroute du Nord à la commune de Songon, une zone d’extension à l’Ouest de la ville d’Abidjan.

Le projet estimé (en 2018) à 331,8 millions d’euros, soit environ 217 milliards de FCFA, devrait permettre de financer quatre chantiers sur une période de sept ans : la réalisation de la section 2 de l’Y4, l’aménagement de la section 3 de cette autoroute, la construction de l’échangeur du carrefour Akwaba (à Port-Bouët, sud d’Abidjan) et la construction d’une plateforme logistique comprenant des parcs de stationnement court et long séjour pour les camions poids lourds.

Côte d’Ivoire: migration vers des villes intenses, essor d’une armature urbaine

La Côte d’Ivoire qui ambitionne d’être un hub sous régional, veut transformer son écosystème urbain à travers des villes intenses et intelligentes, qui soient pérennes et frugales, avec un paysage répondant aux nouveaux enjeux du développement durable.Dans les principales métropoles du pays, l’on observe des villes « très étalées, ce qui crée des problèmes de mobilité, de consommation d’eau et d’accès à l’énergie », indique Dr Alain Serge Kouadio, directeur de l’économie verte au ministère ivoirien de d’Environnement et du développement durable.

En matière de ville durable, il faut, dit-il, « promouvoir des villes intenses et construire ces villes de façon verticale (en hauteur) et non de façon horizontale ». Dans ce sens, l’Etat encourage les opérateurs immobiliers à faire des immeubles et des bâtiments passifs en énergie (base consommation d’énergie).

De grands réceptifs hôteliers intègrent de plus en plus des systèmes intelligents dans leurs bâtiments. Et ce, en vue de réduire leur consommation énergétique. Ces bâtiments passifs offrent une faible consommation en énergie. Cependant, les systèmes utilisés restent encore onéreux pour nombre de ménages.

La ville durable, selon les experts, doit être ouverte, protéger ses habitants, faciliter la mobilité, offrir le plus grand confort moderne, préserver l’environnement, proposer la diversité, promouvoir les cultures, générer des emplois, favoriser une grande variété de loisirs, innover et respecter son patrimoine.

En outre, elle devrait être un espace de liberté et assurer la sécurité. La circulation ne devrait pas imposer un parcours unique, mais une multitude de circuits construits autour d’une série de grands axes encadrant des quartiers où se trouvent des parcs et des lieux de loisirs.

Urbanisme durable

L’organisation des villes en Côte d’Ivoire affiche encore des fonctions inadaptées aux nouveaux enjeux urbains. L’on peut observer que la propreté, les espaces verts, l’assainissement et le recouvrement des canaux demeurent des préoccupations environnementalistes.

Les autorités veulent, de ce fait, transformer la ville à travers un urbanisme durable. Dans cet élan, un Code de l’urbanisme et du domaine foncier urbain a été requis ainsi qu’un Schéma directeur d’urbanisme du Grand Abidjan, des villes de Yamoussoukro et de Bouaké (centre).

Selon le porte-parole du gouvernement ivoirien, Sidi Touré, ce dispositif vise à améliorer la qualité des règles d’urbanisme, à renforcer la protection de la propriété foncière en zone urbaine et à sécuriser au mieux les transactions sur les terrains urbains, de façon à réduire le volume des litiges fonciers.

Malgré un arsenal juridique pour encadrer les constructions urbaines et structurer les espaces d’habitation des cités, des procédures administratives souvent complexes amènent des populations à s’installer sur des emprises publiques.

Le décès, début janvier 2020, de l’élève Laurent-Barthélémy Ani Guibahi, un adolescent ivoirien de 14 ans, retrouvé mort dans le train d’atterrissage d’un avion effectuant la ligne Abidjan-Paris, a conduit les autorités à déguerpir des riverains aux alentours de l’aéroport d’Abidjan.

La ville durable implique plusieurs notions. Aujourd’hui, les dirigeants sont ostensiblement en quête de solutions sur les thématiques de l’habitat, de l’énergie, de la mobilité, de la santé, de l’éducation, du financement, de la sécurité, de l’agriculture, l’accès aux services essentiels et la gestion des populations vulnérables.

Guinée : La mission de l’OIF pointe des « insuffisances » et se retire du processus électoral

La mission d’assistance de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) a décidé de se retirer du processus électoral guinéen selon un communiqué parvenu à APA ce lundi.Cette décision se justifie par de nombreuses « insuffisances » révèle document alors que les élections législatives couplés avec le referendum sur le projet de nouvelle constitution sont prévues le 1er mars 2020.

« Sur le constat de ces insuffisances qui persistent, et qui ont été particulièrement signalées à la Commission électorale lors de la récente remise du rapport de mission, il sera difficile pour l’OIF de continuer à soutenir le processus électoral en Guinée, tant qu’un consensus sur le nombre d’électeurs ne sera pas négocié par toutes les parties prenantes nationales », indique l’OIF.

La mission d’assistance rappelle que l’audit du fichier électoral réalisé conjointement en 2018 par l’OIF, les Nations unies et l’Union européenne, à la demande des partenaires guinéens avait révélé que le fichier électoral de 2015 comportait 2.490.664 électeurs problématiques, qui, bien que n’étant pas repassés en 2019 devant les Commissions administratives d’établissement et de révision des listes électorales (CAERLE) pour confirmer leur inscription, continuent malgré tout de figurer dans la base de données actuelle.

« Les insuffisances constatées sur ces effectifs incluent notamment un certain nombre de cas d’électeurs décédés, non déclarés ainsi que des doublons » souligne le document.  « Au total, il s’avère que 98% de ces 2.490.664 électeurs ne disposent pas de documents permettant leur identification, bien que la loi prévoie six types de pièces pour justifier l’identité et l’âge de l’électeur », signale l’organisation, tout en précisant que le mandat de la mission technique de l’OIF « ne consistait nullement en une quelconque validation ou invalidation du fichier électoral guinéen ».

Par ailleurs, l’Organisation internationale de la francophonie a condamné tous les actes ayant déjà causé des morts. Elle a imploré les autorités guinéennes, d’agir rapidement pour éviter toute perte additionnelle de vies humaines et enrayer tout risque d’escalade vers la violence.

« La Secrétaire générale de la Francophonie tient à rassurer les partenaires guinéens quant à la disponibilité de l’OIF à soutenir toute initiative qui permettrait, par la voie du consensus, de favoriser le renforcement de la démocratie et la consolidation de la paix et de la cohésion sociale en Guinée », lit-on dans le communiqué.

Pour rappel, les principaux partis de l’opposition guinéenne comme l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) de Cellou Dalein Diallo et l’Union des forces républicaines (UFR) de Sidya Touré, qui comptent 47 élus (37 pour UFDG et 10 pour UFR) sur 114 députés, ont décidé de boycotter les législatives dénonçant un «fichier électoral est taillé sur mesure pour l’exécutif ».

Lutte contre le coronavirus : l’Afrique de l’ouest sur le pied de guerre

Les ministres de la Santé de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) se sont récemment réunis à Bamako (Mali) pour mettre en branle des stratégies communes de lutte contre le coronavirus.Selon un communiqué du ministère sénégalais de la Santé et de l’Action sociale reçu lundi à APA, c’est « l’urgence de la situation actuelle concernant le covid-19 » (nouvelle appellation du coronavirus), qui a justifié la tenue de cette réunion présidée par le Premier ministre malien, Boubou Cissé.

Au terme de leur rencontre, les ministres de la Santé de la Cedeao ont pris une batterie de mesures : renforcer la coordination, la communication et la collaboration entre les États membres dans la préparation à l’épidémie de covid-19, en particulier la collaboration transfrontalière, renforcer les mesures de surveillance aux points d’entrée, aériens, terrestres et maritimes, renforcer la communication pour garantir que le public reçoive des informations exactes, appropriées et en temps opportun concernant l’épidémie et renforcer d’urgence les capacités nationales essentielles pour le diagnostic et la gestion des cas.

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De plus, cet espace communautaire a prévu « d’élaborer un plan stratégique régional de préparation chiffré basé sur les priorités des États membres, de promouvoir les efforts nationaux multisectoriels en utilisant l’approche d’une seule santé pour maximiser l’impact, de mettre en œuvre des mesures robustes pour assurer la disponibilité des fournitures médicales essentielles, y compris le matériel de laboratoire et l’équipement de protection individuelle dans la région ».

Le document indique aussi que « les ministres prennent note, soutiennent et saluent les efforts (de la Chine) pour gérer cette épidémie », non sans promettre de « travailler en étroite collaboration avec les autorités compétentes des gouvernements nationaux et le gouvernement chinois pour surveiller et assurer la situation sanitaire de (leurs) citoyens résidant » dans l’empire du Milieu.

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L’épidémie de coronavirus, dont l’épicentre est la ville de Wuhan (centre de la Chine), a déjà fait 1775 morts. Des 71.810 personnes ayant contracté le virus, seules 11.188 ont pu être totalement guéries.

Le coronavirus, hautement contagieux, a touché tous les continents, soit une trentaine de pays. Pour l’heure, un seul cas a été confirmé en Afrique. Un porteur de la maladie a été détecté en Egypte où il a été admis en quarantaine.

Alpha Condé «peu convaincant» sur la réforme constitutionnelle (juriste)

Le chef de l’Etat guinéen, Alpha Condé, n’a pas dissipé les doutes de Me Moussa Sarr, avocat d’affaires, sur l’opportunité d’un changement de Constitution à huit mois de la fin de son second quinquennat.

Alpha Condé a récemment déclaré que le référendum n’a rien à voir avec la Constitution. Qu’en pensez-vous ?

C’est une réponse peu convaincante. A l’examen des faits, on se rend compte que le référendum (prévu le 1er mars 2020) aura des conséquences sur l’élection présidentielle.

Ce serait un projet de modification de la Constitution pour supprimer l’interdiction de briguer un troisième mandat. A partir de ce moment, il ne fait aucun doute que ce scrutin aura un impact sur la présidentielle. Maintenant, il a voulu camoufler cela à en faisant une question incidente.

L’affirmation d’Alpha Condé est contraire à la réalité. C’est vraiment regrettable qu’un chef de l’Etat puisse répondre, avec une telle légèreté, à une question aussi sérieuse. Il s’agit pourtant de l’avenir des Guinéens.

Pour le président guinéen, c’est son parti qui décidera de sa participation ou non à la présidentielle. Comment analysez-vous cette déclaration ?

Dans une démocratie, tout le monde sait qu’il appartient à un parti politique de proposer un candidat pour une élection. Mais en Guinée, au Sénégal voire en Afrique francophone, c’est clair que le président sortant, sauf si le verrou constitutionnel l’en empêche, sera un candidat à sa réélection.

S’il n’avait pas envie d’être un candidat, alors pourquoi vouloir faire sauter le verrou constitutionnel en supprimant l’impossibilité de briguer un troisième mandat. Si Condé avait une volonté de respecter la Constitution, le parti aurait choisi un autre candidat.

Le président guinéen doit tirer sa révérence parce qu’il a épuisé toutes ses cartouches. Mais il s’impose comme le candidat de son parti, le Rassemblement du Peuple de Guinée (RPG).

C’est la raison pour laquelle, ils sont obligés de changer la Constitution. C’est un problème de cohérence et de bon sens. Son argument manque notoirement de pertinence. Il ne convainc personne. Absolument personne.

Une frange de l’opposition prévoit de boycotter les prochaines élections (législatives et référendum). Est-ce une bonne stratégie ?

Le boycott n’a jamais été, dans une démocratie, une bonne stratégie. Quand on fait la politique de la chaise vide, on donne la possibilité au pouvoir en place de perpétrer ses actes antidémocratiques. Ça n’a jamais servi à grand-chose.

Je n’ai jamais vu un boycott modifier une situation politique en Afrique. Sur la scène politique, tout se gagne par un rapport de force. Mais à quel prix ? En politique, lorsqu’on n’est pas d’accord, il faut créer les conditions d’un rapport de force pour faire reculer la partie adverse.

A mon avis, il faut participer à ces élections, favoriser un rapport de force pour que Condé soit battu lors du référendum ou au pire des cas, s’il s’entête, le faire à la présidentielle.

C’était le cas au Sénégal en 2012 avec le président Abdoulaye Wade. La renonciation au combat politique ou le boycott ne me paraissent pas responsables. Cela ne peut pas régler le problème en Guinée.

Les opposants, la société civile, bref les Guinéens doivent s’organiser pour faire face au régime. Politiquement et non pas par la violence. C’est la meilleure solution. C’est dommage qu’en Afrique, des présidents tripatouillent la Constitution. Ils provoquent une insécurité constitutionnelle qui déstabilise socialement et politiquement leurs pays.

Guinée : un nouveau ficher électoral de près de 8 millions d’électeurs (CENI)

En vue des futures échéances électorales en Guinée, la commission électorale nationale indépendante (CENI), a présenté, jeudi, à Conakry, les statistiques du nouveau fichier électoral nettoyé qui s’élève à 7 millions 764 mille 130 électeurs.Selon Madame Camara Djenabou Touré, responsable du département fichier électoral, après avoir extirpé 58 885 présumés mineurs, radié 3 538 515 doublons et également radié plus de 164 000 électeurs décédés, le fichier électoral guinéen contient désormais 7 millions 764 mille 130 électeurs.

Le taux de progression des électeurs, par régions administratives se présente comme suit : Boké : 19,91%, Conakry : 18,06%, Faranah : 22,08%, Kankan : 35,09%, Kindia : 22,38%, Labé : 18,65%, Mamou : 17,52% et N’Zérékoré : 16,83% », a listé Mme Touré tout en faisant savoir que le nombre total des bureaux de vote est de 19.009.

A moins de trois semaines des élections législatives et du referendum, l’instance en charge des élections s’active sur le terrain, alors que des partis politiques d’opposition et des organisations de la société civile regroupés au sein du Front national pour la défense de  la Constitution (FNDC) menacent d’empêcher la tenue des élections.

Réforme constitutionnelle: que faut-il craindre pour la Guinée ?

Malgré le grossissement de la mobilisation populaire contre son éventuel troisième mandat, le président guinéen Alpha Condé est plus que jamais motivé à aller au bout de ses idées… mais à quelles fins ?Il fut un temps où Alpha Condé, 81 ans, avait gagné le surnom de « Mandela de l’Afrique de l’ouest ». Libéré en 2001 après 28 mois passés en prison pour « atteinte à la sûreté de l’État », il est investi président de la République le 21 décembre 2010 à Conakry, en présence de 13 chefs d’État africains et de délégations gouvernementales d’autres continents.

Armé à l’époque d’une volonté d’unifier son pays, comme l’avait réussi sa référence sud-africaine avec le sien, il promettait « une ère nouvelle ». Mais le président du Rassemblement du Peuple de Guinée (RPG) semble prendre une autre trajectoire.

C’est le clair-obscur dans son discours depuis plusieurs mois, à l’approche de la fin de son second mandat, se référant dernièrement à son « parti (RPG) qui décidera » de sa candidature ou non à l’élection présidentielle de 2020.

Les Législatives, prévues le 1er mars prochain, seront couplées avec le référendum constitutionnel que rejette le Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC). Par ailleurs, le président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) se dit « prêt » même s’il n’a « pas été consulté sur la question ».

 Inspiration

 Dans le même temps, ce mouvement populaire tient ses manifestations sporadiques depuis octobre 2019 dans le pays, protestant contre le projet de Condé et l’arrestation suivie de la condamnation de ses leaders.

Hier mercredi, les manifestants ont transformé la capitale Conakry « en quasi ville-morte », constate l’AFP. Ils ont reçu ensuite le soutien par vidéo du chef de file de la gauche radicale française, Jean-Luc Mélenchon, qui a estimé que la mobilisation en Guinée pouvait servir d’inspiration, y compris en France.

Elle inspire déjà des Guinéens installés partout dans le monde, comme au Sénégal où une manifestation du FNDC a enregistré une forte mobilisation en novembre dernier. Etudiant en Communication à Dakar, Mamadou Souaré pense tous les jours à son pays qui « risque d’être ingouvernable s’il (Condé) parvient à se maintenir au pouvoir ».

Pour M. Souaré, qui ne compte pas aller voter à cette « mascarade » d’élections, Alpha Condé « sera forcé de militariser le pays pour imposer l’ordre car il y aura tout le temps des soulèvements populaires surtout qu’il n’y a plus de confiance entre le peuple et le pouvoir ».

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Cette crise en Guinée, qui a causé des morts aussi bien chez les civils que les militaires, était pourtant « prévisible et évitable », d’après Gilles Yabi, analyste béninois des conflits politiques.

En novembre dernier, Amnesty International indiquait, dans un rapport, qu’au moins 70 manifestants et passants ont été tués et qu’il y a eu 109 morts en détention et des journalistes ciblés depuis janvier 2015. L’ONG internationale soulignait ainsi que les droits humains étaient « au rouge » pour ce pays ouest-africain à l’approche de la présidentielle.

« On est dans une situation qui a été provoquée par l’intention de changer de Constitution sans qu’on ne comprenne les arguments qui pourraient justifier cela, en dehors d’une volonté prêtée au président Alpha Condé de rester au pouvoir », alors que son second mandat termine dans moins de dix mois, analysait pour APA l’ancien journaliste de Jeune Afrique, M. Yabi.

« Alpha perd le nord »

Mais « c’est à croire que le président guinéen a perdu le nord », estime le site guinéen A Nous La Guinée, ajoutant que « si Condé persiste dans sa volonté de briguer le mandat de trop, il portera l’entière responsabilité des conséquences devant l’Histoire ».

Dix ans après qu’il se voyait en « Mandela de l’Afrique de l’ouest », Alpha Condé semble prendre une voie différente de celle du père de la nation arc-en-ciel qui, à sa sortie de prison en février 1990, n’a fait qu’un seul mandat (1994-1999). Pour cela, il reste à jamais un héros dans le cœur des Sud-Africains.

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A l’opposé du Sénégal en 2011, du Burkina Faso en 2014 ou du Soudan en 2019, le président Condé espère avoir le dernier mot sur une frange de son peuple qui ne souhaite pas le voir modifier la Constitution à son profit.

Guinée: Alpha Condé, le mandat de la discorde

L’éventualité d’un troisième mandat pour le président guinéen, Alpha Condé, peut vraisemblablement enliser ce pays dans une crise politique aiguë.Le leader du Rassemblement du Peuple de Guinée (RPG), élu président de la République en 2010 avec 52,52 % des suffrages valablement exprimés, arrive au terme de son second mandat. Et selon la Constitution en vigueur, nul ne peut faire plus de deux mandats consécutifs.

De ce fait, le projet de changement de la Constitution porté par le chef de l’Etat guinéen passe mal auprès de certains de ses concitoyens pour qui, c’est un énième stratagème pour rester au pouvoir.

Au cours d’un entretien accordé à France 24 et Radio France Internationale (RFI), en marge du 33e Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union Africaine (UA) tenu les 9 et 10 février 2020 à Addis-Abeba (Ethiopie), Alpha Condé a indiqué que « la Constitution n’a rien à voir avec l’élection présidentielle ».

Il a fait savoir que son seul but est de doter la Guinée d’une loi fondamentale « répondant à ses besoins présents » puisque « l’actuelle Constitution, rédigée par un groupe de personnes pour leurs propres intérêts, a été bâclée ».

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Condé, en fin communicant, a esquivé la question sur sa participation au prochain scrutin présidentiel. « C’est le parti qui décidera. Le RPG est libre de présenter un autre candidat. Pour le moment, ce n’est pas mon souci », a-t-il déclaré.

En outre, le chef de l’Etat guinéen a lâché une phrase ambiguë : « On trouve normal que des présidents fassent quatre ou cinq mandats. Mais quand c’est la Guinée, ça devient un scandale ».

Selon Ibrahima Sanoh, enseignant-chercheur guinéen, « on ne reconnaît plus Alpha Condé qui pourtant avait lutté contre les pouvoirs autoritaires en Afrique. Il est dans une sorte de déchéance ».

De son côté, Cellou Dalein Diallo, le président de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG, opposition) n’a pas manqué de commenter, sur son compte Twitter, la déclaration de Condé.

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« (Il) n’a fait que confirmer ce que les Guinéens savent et refusent : son référendum truqué qui doit lui permettre de changer la Constitution pour se maintenir au pouvoir. Rien de nouveau ! Mais nous empêcherons cette prise d’otage illégale du pays », a-t-il promis.

Sur le même réseau social, Jean-Luc Mélenchon, le chef de file de la France insoumise (parti politique de la gauche radicale), a apporté son soutien au Front National de Défense de la Constitution (FNDC) de la Guinée qui, selon lui, « est une création d’un type qui pourrait inspirer d’autres peuples et nous, en particulier, les Français, dans notre volonté de récupération de la souveraineté populaire ».

Ce mouvement a appelé, hier mercredi, les Guinéens à une « journée de résistance citoyenne active et permanente » afin que le projet de nouvelle Constitution soit abandonné.

Quant à l’opposition, elle avance en rangs dispersés à l’approche des deux élections (législatif et référendum sur une nouvelle Constitution) prévues le 1er mars 2020. Certains partis ont déjà décidé de boycotter ces consultations électorales car le fichier électoral ne serait pas « fiable ».

A Conakry, les élections du 1er mars ravivent la tension

A Conakry, les législatives couplées avec le référendum du 1er mars 2020, sont le principal sujet de discussion dans les café-bars, les marchés ou autres lieux de rencontre.Dans la capitale, plane une atmosphère de suspicion. Certains citoyens sont persuadés que, derrière le changement annoncé de la loi fondamentale du pays, se cache un désir du président Alpha Condé de briguer un troisième mandat. Ce que ne lui permet pas la Constitution en vigueur.

Pour faire entendre leur voix, des Guinéens manifestent régulièrement à l’appel du Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC) qui réunit l’opposition et la société civile. Et l’économie en pâtit. « Quand il y a une mobilisation, on ne peut pas travailler. Nous sommes obligés de fermer », regrette Mabinty Camara, gérante d’un salon de coiffure situé à Sonfonia-gare, un quartier de la banlieue de Conakry.

Sans langue de bois, cette dame se désole de la situation politique qui prévaut dans son pays : « Nous sommes fatigués. Quand on parle d’élections en Guinée, on note toujours des manifestations causant des morts. Il faut que cela cesse ».

A quelques encablures, Ibrahima Bangoura, un chauffeur de taxi maraude. Mais il s’arrête un moment pour se prononcer sur la crise politique que traverse sa Guinée natale.

« Il faut que les opposants se ressaisissent. La plupart d’entre eux étaient dans le gouvernement lorsque le président Lansana Conté modifiait la Constitution pour s’offrir un troisième mandat. Ils l’ont soutenu. Aujourd’hui, ils sont mal placés pour dire non à Alpha Condé. Je le soutiens depuis 1990 et tant qu’il est là, je vais l’accompagner », promet-il.

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En marge du 33e Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union Africaine (UA) tenu les 09 et 10 février 2020 à Addis-Abeba (Ethiopie), le président Alpha Condé n’a pas mis fin au débat sur son éventuel troisième mandat. Au contraire, il a donné du grain à moudre à ses détracteurs.

« Condé n’aime et ne supporte personne. Tout ce qu’il fait, c’est pour lui. Son seul objectif est de mourir au pouvoir. Et il est prêt à sacrifier tout le monde », fustige le député Saïkou Yaya Barry, vice-président de l’Union des Forces Républicaines (UFR, opposition).

Poursuivant, M. Barry considère que Condé « est un dictateur qui veut laisser la Guinée en lambeaux avant de mourir » et que personne n’osera lui tenir tête au sein du Rassemblement du Peuple de Guinée (RPG, parti au pouvoir).

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A en croire Souleymane Keïta, chargé de mission à la présidence de la République, il y a de nombreuses « incohérences » dans l’actuelle Constitution qui favorisent « des interprétations tendancieuses ».

Pour ce membre du RPG, il est donc primordial de « doter la Guinée d’une Constitution claire » et le président Alpha Condé a le droit de convoquer le corps électoral pour qu’il se prononce sur cette question.

En tout cas, depuis octobre 2019, le Front National de Défense de la Constitution (FNDC) monte au front sur toute l’étendue du territoire national.

Ce mouvement, regroupant des partis politiques et des organisations de la société civile, menace d’empêcher la tenue des législatives et du référendum. D’ailleurs, des opposants ont déchiré et brulé des listes électorales dans les localités où ils sont maîtres.

L’UA alerte les banques centrales africaines sur les conséquences économiques du coronavirus

Le professeur Victor Harison, Commissaire aux Affaires économiques de la Commission de l’Union africaine (CUA) a demandé, jeudi à Dakar, aux gouverneurs des Banques Centrales Africaines de faire attention aux conséquences économiques du coronavirus qui affecte actuellement plusieurs parties du monde.« Cette épidémie n’affecte pas pour le moment le continent, mais il faudra que nous fassions attention », a laissé entendre le professeur Harison, à l’occasion de la réunion du bureau de l’Association des Banques Centrales Africaines (ABCA).

Selon lui, l’OPEP est en train de se réunir pour décider des niveaux de protection du pétrole, ajoutant qu’au regard de la place de la Chine par rapport aux échanges commerciaux des pays africains, les banques centrales africaines ont un rôle clé à jouer car il risque d’y avoir une récession économique au niveau mondial.

M. Harison a tout de même salué la performance du Pound égyptien et les obligations rwandaises. « Et nous espérons que l’avènement d’une monnaie unique qui correspond aux aspirations des pays de la CEDEAO marquera un grand pas dans le processus d’intégration régionale », a-t-il dit.

Sur un autre registre, le professeur Harison a laissé entendre ne pas pouvoir imaginer qu’une zone de libre-échange continental réussisse si les Etats africains continuent à faire des transactions en devises étrangères. Au passage, il a révélé qu’en collaboration avec la Banque Centrale du Nigeria, la Commission de l’Union africaine (CUA) a élaboré la structure des statuts de l’Institut monétaire africain (IMA).

« C’est mon plus grand souhait que cette structure commence ses activités cette année. Le nouveau gouvernement nigérian a déjà mis à disposition un bâtiment avec des bureaux », a affirmé le professeur Harison.

Un des points de l’ordre du jour de la réunion de l’ABCA est d’ailleurs est l’examen du projet de statuts de l’IMA dont l’objectif principal est d‘entreprendre tous les travaux préparatoires techniques, stratégiques, statistiques, institutionnels et juridiques nécessaires à la création de la Banque Centrale Africaine et de la monnaie unique au plan continental.

Même si les défis de développement sont énormes, le Commissaire aux Affaires économiques de la CUA reste convaincu que les pays africains doivent prendre en main leurs propres destins.

Ouverture à Abidjan de la 6è Convention et exposition mondiale du cajou

Le Premier ministre ivoirien Amadou Gon Coulibaly, a procédé mercredi à l’ouverture de la 6è Convention et exposition mondiale du cajou, qui se tient du 12 au 14 février 2020 à Abidjan, conjointement avec les Journées nationales des exportateurs de cajou de Côte d’Ivoire.La convention a réuni des producteurs, des organisations de la filière anacarde, des opérateurs économiques et acteurs mondiaux du cajou autour du thème « Bâtir un écosystème durable pour l’industrie mondiale du cajou ». 

La Côte d’Ivoire, premier producteur mondial des pays producteurs de noix de cajou abrite cette rencontre de partage d’expériences. Les acteurs mondiaux discuteront au cours de cette session des enjeux pour une filière durable et innovante.

Dans ce contexte, la transformation s’affiche comme un défi majeur. La Côte d’Ivoire,  elle, a un taux de transformation inférieur à 10% de sa production. Ainsi, le pays a mis en œuvre un programme visant à octroyer aux unités industrielles des subventions à la transformation locale du cajou.

Sur la période 2016-2019, l’Etat de Côte d’Ivoire a payé aux industriels du cajou une subvention d’environ 11 millions d’euros soit 7,2 milliards Fcfa. Une mesure d’encouragement à la transformation de la production locale.

En outre, l’Etat ivoirien s’est engagé à investir 200 millions de dollars US pour la compétitivité de la chaîne de valeur du cajou, en partenariat avec la Banque mondiale jusqu’en 2023, afin de renforcer la productivité et l’implantation des unités de transformation dans les différentes régions du pays.

En juillet 2019, le gouvernement ivoirien a également adopté des mesures additionnelles d’incitations fiscales et non fiscales au bénéfice des industriels du cajou, en vue d’accélérer la transformation de la production locale du cajou, qui demeure une problématique pour le pays. 

La production mondiale du cajou s’est établie en 2018 à près de 3,6 millions tonnes avec une contribution de la Côte d’Ivoire d’environ 24%. Au niveau de l’Afrique de l’Ouest, le pays arbore une production d’environ 49%, tandis que sur le continent africain il est autour de 59%. 

A la même période (2018), le Vietnam et l’Inde ont atteint un taux de transformation de 90%, alors que sur le continent africain celui-ci demeurait faible. La consommation mondiale, elle, est estimée à près de 700 000 tonnes en 2018 avec 36% pour l’Inde, 25% pour l’Amérique du Nord et 18% pour l’Europe. 

L’enjeu pour les pays Africains est de réussir la transformation de leur économie vers davantage de transformation locale tout en assurant l’approvisionnement en noix brute de leurs partenaires commerciaux historiques.

Harouna Kaboré, ministre burkinabé du Commerce, de l’industrie et de l’artisanat, président en exercice du Conseil international consultatif du cajou (CICC), organisation dont l’objectif est la promotion de la filière cajou au sein des pays membres, était présent à cette session. 

Le CICC est confronté à un défi de mobilisation de financement. M. Harouna a appelé à l’aide des partenaires financiers pour accompagner les pays membres : Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Côte d’Ivoire, Ghana, Guinée Conakry, Guinée-Bissau, Mali, Nigéria, Togo et le Sénégal.  

Le nombre de pays membres du CICC, créé le 17 novembre 2016, est passé de 7 à 11 avec l’entrée du Nigéria à l’occasion de la 3è édition du Conseil des ministres tenu le 20 décembre 2019 à Ouagadougou.  La 5è édition de la convention s’est tenue à Abou Dabi, aux Émirats Arabes unis du 24-26 janvier 2019.  

Sommet UA: la Libye, nouvelle priorité des Africains

A l’issue du 33e sommet de l’Union Africaine débuté dimanche 9 et qui s’est achevé tard dans la nuit du lundi 10 au mardi 11 février à Addis-Abeba, en Ethiopie, les chefs d’Etat et de gouvernement du continent ont décidé de s’impliquer dans le dossier libyen dont ils ont été jusqu’ici exclus. Récit.Il y a sept ans, lors du cinquantenaire de la fondation de l’organisation panafricaine, les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union Africaine avaient promis de faire « taire les armes » d’ici 2020 sur le continent.

En se retrouvant dimanche 9 février à Addis-Abeba, en Éthiopie, ils avaient largement eu le temps de constater qu’ils étaient loin du compte, même si quelques petits progrès ont été enregistrés notamment au Soudan et en Centrafrique alors qu’au Cameroun et au Mozambique de nouveaux conflits ont entretemps éclaté.

Tout au long de ce sommet qui s’est achevé tard dans la nuit du lundi 10 au mardi 11 février, les leaders africains se sont employés à se montrer décidés pour en finir avec les guerres qui déchirent le continent.

Emblématique de l’impuissance africaine dans la résolution des conflits du continent, le cas de la Libye a été en tête des débats lors de ce 33e sommet des chefs d’Etat et de gouvernement.

Dans ce pays naguère un des plus armés du continent, l’intervention militaire occidentale ayant provoqué la chute du colonel Mouammar Kadhafi en 2011 a transformé l’ancienne Jamahiriya en un vaste champ de bataille entre différentes factions dont chacune est soutenue par des puissances extérieures, tout en provoquant la déstabilisation des pays voisins, ceux du Sahel notamment.

Dans cette région du continent, grande comme six fois la France, des groupes djihadistes dont l’essentiel de l’armement a été puisé dans l’arsenal de l’ancien Guide libyen, font aujourd’hui peser un « risque d’effondrement » sur les États de la région, selon les propres mots du Tchadien Moussa Faki Mahamat, le président de la Commission africaine, l’organe exécutif de l’Union.

A en croire les leaders africains, le long silence de l’organisation panafricaine sur un dossier comme celui de la Libye est terminé. « La guerre en Libye a été décidée contre l’avis de notre organisation. L’Union Africaine a tenté de trouver une solution qui pouvait empêcher la guerre en Libye. Mais ceux qui ont déclenché cette guerre ne nous ont pas entendus. Pis, ils ont tout fait pour nous tenir à l’écart de ce dossier », justifiait, lundi matin, un haut responsable de l’Union.

« Après tant d’années de marginalisation de notre organisation, la communauté internationale se rend compte enfin de son erreur. Et tant mieux », confiait-il avant que le Commissaire à la paix et la sécurité de l’Union vienne dénoncer, en milieu de journée devant la presse, une « attitude de déni » qui a trop duré.

« Cela fait plus de huit ans qu’ils sont sur le dossier. Donc dénier à l’Afrique sa propre participation est inexplicable. Nous avons haussé le ton et signalé que cela pouvait mettre à rude épreuve la collaboration que nous avons avec eux », a revendiqué l’Algérien Smail Chergui, en allusion à la communauté internationale incarnée par l’Organisation des Nations Unies (Onu).

Venu la veille assister à l’ouverture du sommet, comme cela est de coutume, le patron de l’organisation universelle a d’ailleurs dit comprendre cette indignation des responsables africains. « Je comprends parfaitement cette frustration, l’Afrique a été mise à l’écart concernant la Libye », a- t-il avoué.

En guise de preuve de leur volonté de s’impliquer en Libye, les chefs d’Etat et de gouvernement africains ont annoncé plusieurs initiatives dans ce dossier.

Un forum de réconciliation nationale réunissant les principaux acteurs de la crise libyenne, mais aussi les représentants de différentes communautés tribales, ethniques et religieuses doit être convoqué prochainement.

Parmi les pays qui pourraient accueillir cette rencontre, figure l’Algérie qui s’est d’ailleurs proposée pour cela. Le Maroc qui a déjà abrité une première conférence inter-libyenne à Skhirat, près de Rabat, la capitale du Royaume, aurait les faveurs d’un grand nombre de pays membres de l’Union Africaine, de certaines parties libyennes aussi.

Organisée en 2015, la rencontre de Skhirat avait débouché sur le seul accord politique jusqu’ici conclu entre les belligérants libyens et sur la base duquel a été installé à Tripoli, la capitale, le gouvernement d’union nationale (GNA) dirigé par le premier ministre Fayez al-Sarraj reconnu par la communauté internationale.

Un sommet spécial sur la Libye est aussi programmé au mois de mai en Afrique du Sud, dont le président, Cyril Ramaphosa a été désigné par ses pairs comme le nouveau président de l’Union pour les douze prochains mois en remplacement de l’Egyptien Abdel Fattah al-Sissi.

Avec les Emirats Arabes Unis et l’Arabie Saoudite, ce dernier est un fervent soutien du maréchal Khalifa Haftar, chef de l’armée nationale libyenne (ANL) autoproclamée qui conteste le pouvoir du GNA et dont l’offensive lancée en avril dernier a aggravé la situation en Libye.

Mali: le dialogue avec les djihadistes peut aboutir à un «cessez-le-feu» (analyste)

L’ouverture d’un dialogue annoncée, hier lundi, par le président malien Ibrahim Boubacar Keïta avec les chefs djihadistes de son pays devrait aboutir à « un cessez-le-feu », analyse pour APA le spécialiste sur les questions de sécurité, le Béninois, Maurice Mahounon.Ce dialogue pourrait aboutir à « un cessez-le-feu, un accord classique comme dans les guerres », estime le docteur en Sciences Politiques, par ailleurs spécialiste de défense et de sécurité en Afrique de l’ouest.

Pour lui, ce type de négociations « a marché en Algérie et ça peut marcher également au Mali ».

Présent au 33e sommet de l’Union Africaine (UA) à Addis-Abeba (Ethiopie) tenu les 9 et 10 février, le président IBK a annoncé officiellement dans des médias français l’ouverture d’un dialogue avec les chefs djihadistes Iyad Ag Ghaly et Amadou Koufa.

Quelques jours auparavant, son prédécesseur et Haut représentant pour le centre, Dioncounda Traoré, expliquait avoir mandaté des émissaires pour prendre contact avec les groupes terroristes.

L’initiative de Bamako, qui est « une bonne chose », s’inscrit ainsi « dans la logique des occidentaux, en l’occurrence la France et les Etats-Unis. Officiellement, c’est ça la doctrine », analyse Maurice Mahounon, soulignant que l’on « sait ce qui s’est passé en sourdine dans la libération des otages ».

Mais « si le numéro un malien opte pour cette solution, il faut toujours essayer pour voir si les leaders djihadistes sont prêts à saisir cette main tendue de Bamako », poursuit-il.

Même s’ils « sont des gens avec une idéologie que ne partage pas le commun des mortels », les djihadistes devraient exprimer par ce dialogue ce qu’ils demandent : « autonomie, développement de leurs localités, … ».

« Il y a beaucoup de choses à mettre sur la table pour savoir ce qu’ils veulent complètement », ajoute Dr Mahounon, notant néanmoins que Bamako « n’a pas la mainmise sur tous ces mouvements (qui) poussent comme des champignons. Mais c’est déjà un pas qui peut inciter les autres également à venir à la table de négociation ».

Au-delà du dialogue annoncé, le président Keita a également confié que l’armée malienne devrait arriver vendredi prochain à Kidal. Une ville du nord du pays qui échappe au contrôle de l’Etat central depuis six ans.

Dialogue avec les terroristes: lueur d’espoir à Bamako

La mise en route de l’armée malienne vers Kidal (nord-est) et le dialogue avec les terroristes annoncés par le chef de l’Etat, Ibrahim Boubacar Keïta, en marge du 33e Sommet de l’Union Africaine (UA), suscitent beaucoup d’espoir.Le président malien a donné ces informations, hier lundi, au cours d’une interview accordée à France 24 et Radio France Internationale (RFI). Ibrahim Boubacar Keïta a affirmé sa volonté de discuter avec les chefs terroristes actifs au nord du Mali que sont Iyad Ag Ghaly et Amadou Koufa.

D’ailleurs, Dioncounda Traoré (ancien président par intérim), son représentant dans cette partie du pays, avait déjà donné le ton devant la société civile et le corps diplomatique accrédité au Mali : « S’ils n’y voient pas d’inconvénients, s’ils sont d’accord, je suis prêt à rencontrer Amadou Koufa et Iyad Ag Ghaly. Je suis même prêt à rencontrer leurs chefs, ceux qui tirent les ficelles ».

Les populations, plus particulièrement celles du centre, apprécient cette nouvelle. En 2019, les attaques terroristes y ont fait plus de 450 morts. « Si cela peut permettre d’arrêter les exactions, nous sommes très contents de l’apprendre. Nous espérons que ce dialogue, tant souhaité, prenne forme dans les plus brefs délais pour le bonheur des populations meurtries », a commenté Boureïma Soulo, porte-parole du collectif Sauvons la région de Mopti.

L’idée de nouer le dialogue avec les groupes terroristes est une demande du peuple malien émise lors de la Conférence d’entente nationale tenue en février 2017. Elle a été renouvelée au cours du Dialogue national inclusif qui vient de s’achever.

Quand Abdoulaye Idrissa Maïga était Premier ministre, une Commission de bons offices pilotée par l’imam Mahmoud Dicko, ancien président du Haut Conseil Islamique, avait entamé les démarches préalables aux discussions avec les djihadistes.

Toutefois, l’annonce d’Ibrahim Boubacar Keïta ne manque pas de soulever certaines questions. « Je ne peux pas comprendre que le ministre des Affaires étrangères (Tiébilé Dramé) dise qu’une négociation avec les terroristes n’est pas dans l’agenda du gouvernement et moins de deux semaines plus tard, le président de la République parle de dialogue avec ces mêmes personnes », s’est interrogé Aboubacar Berthé.

Pour ce journaliste, cela dénoterait « une cacophonie au sommet de l’État. Ce qui n’est pas bon signe au moment d’aller à ces négociations ». En tout cas, 300 soldats de l’armée malienne reconstituée ont quitté Gao pour se rendre à Kidal, une ville où ils sont absents depuis 2014.

« Si le retour de l’armée à Kidal peut favoriser celui du reste de l’administration dans cette ville, on ne peut que s’en réjouir », a souligné Aminata Traoré, militante des droits de l’Homme.

Pour enterrer la hache de guerre, le gouvernement malien et les rebelles de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) avaient signé, le 20 juin 2015 à Bamako, un accord de paix négocié à Alger, la capitale algérienne.

Cet accord prévoit, entre autres, le désarmement, la démobilisation et la réintégration des rebelles, le déploiement progressif de l’armée au nord et l’application de mesures de décentralisation avec notamment un fonds destiné au développement du nord dont le financement incombe aux bailleurs internationaux.

Mali : l’intégration d’ex-rebelles dans l’armée, « un couteau à double tranchant » (expert)

L’effectivité de la recomposition de l’armée malienne, un des points essentiels de l’accord d’Alger, constitue « un couteau à double tranchant », a décortiqué dans un entretien avec APA, Seydina Ousmane Zina, Professeur agrégé en Sciences politiques à l’Université Alassane Ouattara de Bouaké (centre de la Côte d’Ivoire).

Comment analysez-vous le retour de l’armée malienne à Kidal ?

Cela correspond à une logique. Celle du retour de l’Etat central à Kidal qui, pendant longtemps, a été le siège de groupes armés terroristes. Et c’est toujours le cas. C’est un symbole fort de renvoyer l’armée malienne dans cette zone-là. Cela montre que le président Ibrahim Boubacar Keïta a envie de garantir l’intégralité territoriale du Mali.

C’est aussi pour renforcer la confiance au sein des troupes en ne montrant pas de signes de faiblesse. Parce que quitter Kidal, c’est donner carte blanche aux groupes armés qui se trouvent dans cette partie du pays. En dépit des défaites, l’armée se doit d’y être présente. Je pense que c’est la stratégie des forces armées burkinabè qui, malgré l’avancée des terroristes dans des localités comme Djibo, continuent de déployer des éléments. C’est un signal fort envoyé aux djihadistes.

Il s’agit d’une armée reconstituée avec notamment des ex-rebelles. Pensez-vous qu’elle soit en mesure de sécuriser le nord du Mali ?

La recomposition de l’armée avec des ex-rebelles est un couteau à double tranchant. Cela peut être une force. L’expérience montre que quand des ex-rebelles, intégrés dans l’armée, jouent franc-jeu et sont pour la République, c’est un gage de pacification. Par contre, lorsque des ex-rebelles, à l’intérieur de l’armée, ont des agendas cachés, cela peut se retourner contre l’armée.

On l’a vu durant la présidence d’Amadou Toumani Touré au Mali. Il a réussi à intégrer d’anciens rebelles touaregs. Mais après, on a constaté comment certains de ces ex-rebelles se sont retournés contre l’Etat. Dans le contexte ivoirien aussi, on a vu des mutineries d’ex-rebelles alors qu’ils avaient été intégrés dans l’armée.

C’est vraiment un couteau à double tranchant. Quand ça marche, c’est la garantie d’une paix durable. De plus, les renseignements, les réseaux… des anciens terroristes pourront être mis à la disposition de l’armée. Mais quand ça ne marche pas, ça peut fragiliser davantage l’Etat.

L’armée malienne est-elle suffisamment outillée pour faire face à la menace djihadiste ?

Elle ne l’est pas. C’est d’ailleurs toutes les armées du Sahel dont les Etats sont fragiles. Les questions de la formation, de l’éthique militaire et de l’engagement républicain se posent avec acuité. Le contexte socio-politique de ces Etats n’aide pas non plus ces armées. Celles des Etats du Sahel sont en train d’apprendre à contrer les nouvelles menaces.

En Côte d’Ivoire, c’est récemment qu’a été mise en place une académie de lutte contre le terrorisme, en collaboration avec la France. Celle-ci aura pour rôle d’étudier le fait terroriste et d’aider ce pays et les autres du Sahel à comprendre ce phénomène pour le combattre efficacement.

Les nouvelles formes de la menace obligent à repenser l’action militaire. Au regard de la complexité de ces mouvements armés, en constatant les défaites des armées des pays du Sahel depuis une période, on en déduit qu’elles ne sont pas suffisamment prêtes pour juguler le terrorisme. C’est ensemble qu’elles pourront réussir.

Quid de la force Barkhane ?

La recomposition de l’armée malienne ne signifie pas la disparition d’une force internationale. Le contexte sécuritaire actuel justifie la présence sur le terrain de la force Barkhane. C’est la raison pour laquelle, le président Emmanuel Macron a demandé une clarification de la part des chefs d’Etat du Sahel.

Ces derniers ont dit qu’il est important que les éléments de la force Barkhane restent sur place. Et le président nigérien (Mahamadou Issoufou) a soutenu qu’il faut une force internationale pour lutter contre le terrorisme. C’est aussi une menace aux portes de l’Europe.

Les forces internationales interviennent pendant un moment donné et dans le cadre d’un mandat bien défini. Il appartient aux forces nationales de reprendre progressivement les rênes de la question sécuritaire pour faciliter le départ des forces étrangères.

Dans le contexte ivoirien par exemple, le président Alassane Ouattara a rassuré l’Onuci (opération des Nations en Côte d’Ivoire) sur sa volonté de gérer l’armée. Il a ainsi permis le départ de cette force internationale même si elle a toujours une antenne dans ce pays.

C’est une volonté politique pour montrer que l’armée est de retour. Mais ce n’est pas une rupture totale avec les forces internationales. Parce qu’elles ont, dans ce contexte terroriste, leur utilité. Et on ne saurait précipiter leur départ dans des Etats fragilisés.

Le GOHA déplore la fermeture des frontières terrestres au trafic commercial

Dans une déclaration rendue public ce lundi, le président du Groupe organisé des Hommes d’affaires (GOHA) exprime sa compassion et son regret suite à la récente décision du Gouvernement guinéen de fermer les frontières terrestres au trafic commercial.« C’est une première dans notre pays et une grande déception pour l’ensemble des opérateurs économiques », souligne d’entrée Cherif Abdallah. Cette mesure du gouvernement au motif « de risques terroriste et  introduction d’armes », prise la semaine dernière est « illégale au regard des Conventions de la CEDEAO », selon le président du GOHA. Ce dernier a même soutenu que « des pays qui sont directement confrontés à cette situation n’ont pas jugé nécessaire de procéder à cette fermeture. C’est le cas du Mali, du Niger, du Burkina, du Nigéria, de la Côte d’Ivoire, du Bénin etc…», souligne-t-il. Abdallah Cherif  martèle que « non seulement il n’y a pas péril en la demeure, mais encore une telle décision devait requérir l’avis préalable des organisations faîtière et institutions supervisant les activités commerciales ».

Parlant des conséquences de cette décision gouvernementale, Abdallah Cherif clarifie que « les pénuries qui vont s’en suivre, vont provoquer une hausse des prix, une baisse des activités économiques sans compter les pertes par détérioration et les pertes en chaîne de revenus ». Toute chose qui va entraîner accroissement de la pauvreté. Le GOHA ne trouve pas le bien-fondé de cette décision. C’est pourquoi, il condamne avec la dernière énergie cette mesure et appelle les opérateurs économiques à la vigilance et à l’unité sans oublier de recenser toutes les pertes subies accompagnées des documents légaux, a-t-il ajouté.

Lutte contre l’excision en Afrique: un sociologue mise sur «l’éducation»

L’éducation est l’approche la plus efficace pour aboutir à l’abandon de l’excision dans certaines sociétés africaines, a indiqué dans une interview avec APA, le sociologue sénégalais Djiby Diakhaté.Comment expliquez-vous la survivance de l’excision en Afrique ?

L’excision s’est ancrée dans des valeurs culturelles très fortes et des représentations qui déterminent les comportements. Lorsqu’on se réfère à la mythologie dogon, on se rend compte qu’au départ, il n’y avait pas de distinction entre l’homme et la femme. Il y avait un seul individu qui était à la fois le mâle et la femelle.

Après que cet individu a commis un pêché, le dieu Amma l’a éjecté du paradis pour l’amener sur terre. C’est à ce moment-là qu’il s’est séparé en deux. Puisque c’est comme ça, on considère qu’il y a une partie femelle et une partie mâle dans chaque individu. Par la circoncision, on enlève à l’homme sa partie féminine, et par l’excision on enlève à la femme sa partie masculine.

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Pour les exciseuses, tant qu’une fille n’est pas excisée, elle n’en est pas totalement une. Il y a une part de masculinité en elle. Pour les Bambara, un individu de ce genre est incomplet. On l’appelle le bilaporo. Un individu qui a des souillures. Par conséquent, il ne peut pas faire la cuisine, prendre la parole en public ou encore se marier.

On a un certain nombre de représentations culturelles, cosmogoniques qui déterminent la pratique de l’excision. Certains vont dire que c’est pour que la fille soit chaste jusqu’au mariage. Mais on pense que tant que cette opération n’est pas faite, l’individu n’a pas une appartenance sexuelle précise.

Quelle est la bonne approche pour en finir avec l’excision en Afrique ?

L’approche la plus efficace, c’est l’éducation des populations. Il faut nécessairement que des acteurs de la communauté, et non ceux de l’extérieur, puissent les convaincre de la nécessité d’abandonner de telles pratiques.

Ce sont par exemple les religieux, les chefs coutumiers issus de la communauté. Ces derniers peuvent servir de relais auprès de la communauté. Malheureusement, les méthodes jusque-là utilisées par les ONG et les Etats consistent à faire appel à des personnes externes à la communauté pour parler de ce problème. Les gens peuvent écouter mais le message ne passe pas. Pour avoir plus d’impact, il faut que le message soit porté par des personnes ayant une certaine légitimité au niveau local.

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Il faut aussi offrir des alternatives matérielles et immatérielles aux exciseuses qui abandonnent cette activité. L’alternative matérielle, c’est l’insertion socioprofessionnelle. Et pour celle immatérielle, il faut faire comprendre aux populations que leurs représentations ne sont pas fondées.

En outre, il faut opposer cette tradition culturelle à l’Islam parce que la plupart des communautés qui excisent, sont musulmanes. On doit démontrer qu’on peut être une bonne musulmane sans cette mutilation.

Pourquoi la pénalisation de l’excision n’est pas dissuasive ?

Dans plusieurs pays africains, il existe une loi qui pénalise l’excision et les mutilations génitales féminines. Mais il me semble que ces lois ont davantage compliqué la situation. Les gens sont maintenant obligés de faire cette opération dans la clandestinité. C’est-à-dire dans le non-respect des principes cliniques les plus élémentaires. Et cela conduit souvent à des infections.

Au fond, cela veut dire qu’on a légiféré sans travailler, au préalable, sur l’éducation, la sensibilisation et l’accompagnement des populations. De plus, certaines Organisations Non Gouvernementales (ONG) ont cru que les exciseuses avaient délaissé cette pratique après leurs sensibilisations. Mais le problème ne se situe pas seulement à ce niveau. L’excision est une activité génératrice de revenus pour elles. On leur a fait abandonner leur travail sans leur proposer des alternatives.

Il y a des parents qui pensent que leurs filles doivent se faire exciser y compris en milieu urbain. Il faut comprendre que ce n’est pas seulement une pratique rurale. Des immigrés quittent même des pays occidentaux pour faire exciser leurs enfants.

Les gens doivent comprendre que les personnes favorables à l’excision, l’expliquent par des raisons métaphysiques. Si on ne comprend pas cela, les arguments médicaux ne pourront pas être acceptés.

Ceux qui fument de la cigarette savent qu’elle tue mais ils continuent. Certaines sociétés savent que l’excision présente des dangers mais elles continuent à la pratiquer. C’est parce qu’elles sont convaincues qu’en cessant cette activité, elles mettront en péril leur existence.

Il faut comprendre cela et travailler à mettre en place des supports de communication de masse qui tiennent compte de réalités et convictions des gens sans les heurter, sans les bouleverser.

Mali: persistance de l’excision, malgré les déclarations d’abandon

Malgré plusieurs déclarations publiques d’abandon de l’excision, la pratique persiste au Mali avec un taux de prévalence nationale de 89%, selon la dernière Enquête Démographique et de Santé (EDS-VI, 2018).Au Mali, l’abandon de la pratique de l’excision par 1373 villages et hameaux et la déclaration publique de 2673 leaders communautaires et religieux, n’y peut rien. Le phénomène demeure car, dans le pays, 70 % des femmes et 68 % des hommes de 15-49 ans pensent que l’excision est une nécessité religieuse. De plus, 76 % des femmes et 74 % des hommes de 15-49 ans ont déclaré que la pratique de l’excision doit continuer.

Cette pesanteur religieuse, l’Association Malienne pour le Suivi et l’Orientation des Pratiques Traditionnelles (AMSOPT) en a conscience. «Ce qui bloque chez nous, c’est qu’il y a une forte pression des pesanteurs socioculturelles et aussi le poids de certains leaders religieux sur le Gouvernement », déplore Ballo, membre de l’AMSOPT qui lutte contre l’excision.

De ce fait, environ neuf femmes de 15- 49 ans sur dix (89 %) et 73 % des filles de 0-14 ans sont excisées au Mali. Pour environ trois quart des femmes excisées (76 %), l’excision a eu lieu avant l’âge de 5 ans, y compris dans la petite enfance.

Les excisions sont effectuées principalement par une exciseuse traditionnelle : 94% des filles de 0-14 ans et 89 % des femmes de 15-49 ans ont été excisées par des exciseuses traditionnelles.

Toutefois, des variations sont notées sur la perception de la pratique de l’excision. Ainsi, on constate que c’est à Kidal (47 %), Gao (58 %) et Tombouctou (77 %) que les pourcentages de femmes ayant entendu parler de l’excision sont les plus faibles. Par comparaison, ces pourcentages sont de 92 % à Mopti, 98 % à Sikasso et 99 % à Kayes, Koulikoro, Ségou ou Bamako. On note les mêmes variations régionales chez les hommes.

La forme d’excision la plus pratiquée consiste à couper et à enlever des chairs (41 %).En outre, dans 25 % des cas, les femmes ont subi une simple entaille et dans 8% des cas, c’est une infibulation qui a été pratiquée. Il faut aussi souligner que 26 % des femmes n’ont pas été en mesure de donner une réponse.

Pour mettre fin à l’excision dont les multiples conséquences affectent la santé sexuelle et reproductive de la fille et de la femme, le ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, à travers le Programme National de Lutte contre l’Excision (PNLE) et en collaboration avec l’ensemble des partenaires, met l’accent sur la communication pour le changement de comportement social et la prise en charge des victimes.

« Ce qui a contribué, explique la Directrice du Programme National de Lutte contre l’Excision (PNLE), Dr Guindo Yacine Gakou, au renforcement du dialogue communautaire, de la synergie d’actions, des engagements individuels et collectifs contre les violences basées sur le genre en général ».

MGF: un imam ivoirien vise la tolérance zéro d’ici à 2030

L’Imam ivoirien Djiguiba Cissé, président du Conseil d’administration de la fondation Djigui, la Grande Espérance plaide pour le renforcement des «dispositifs internationaux et nationaux afin d’aboutir à la Tolérance zéro aux mutilations génitales féminines (MGF) d’ici à 2030.Selon ce guide religieux engagé depuis des années dans la lutte contre les MGF, «il est important de renforcer les dispositifs internationaux et nationaux afin d’aboutir à la tolérance zéro aux MGF d’ici à 2030 ».

A son avis, « tous les types de violences basées sur le genre, les mutilations génitales et les mariages précoces demeurent, celles qui ont les conséquences lourdes et irréversibles sur la santé physique, mentale et reproductive des femmes et des filles ».

« Les mutilations constituent une violation des droits des femmes, un problème de santé publique avec de conséquences gynécologiques, obstétricales et de procréation chez certaines femmes », dit-il, estimant que la sensibilisation aux niveaux des exciseuses doit continuer et s’accentuer.

Retraçant les grands axes de sa Fondation dans ce domaine, il a noté, entre autres, « le symposium des leaders religieux africains des 29 pays membres à Abidjan en 2017, le renforcement des capacités des professionnels des médias en 2008, la mise en place de 63 comités locaux de protection dans nos sites d’intervention, la participation au plaidoyer international en vue de l’adoption de la résolution des Nation Unies ».

Selon l’Institut national de la statistique (INS), le taux national de femmes et de filles ayant subies une mutilation génitale est passé de 45% en 1998 à 38% en 2012, pour atteindre 36,7% en 2016 avec 10,9% ayant un âge compris entre 0 et 14 ans.

Guinée: le référendum constitutionnel couplé aux législatives

Le chef de l’Etat guinéen, Alpha Condé a fixé au 1er mars 2020, la date du référendum sur le projet de nouvelle Constitution, couplant ainsi ce scrutin aux législatives.L’annonce a été faite, mardi soir, dans un Décret rendu public 24 heures après l’annonce du report des législatives initialement prévues le 16 février 2020.

Il faut rappeler que depuis octobre 2019, à l’appel du Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC) qui réunit société civile et acteurs politiques, les manifestations se multiplient dans le pays contre la modification constitutionnelle devant permettre au président Condé de briguer un 3ème mandat. Ces manifestations ont déjà fait une trentaine de morts.

Guinée: les législatives reportées au 1er mars 2020

Les élections législatives initialement prévues le 16 février 2020 ont été reportées par le Chef de l’Etat guinéen Alpha Conde au 1er mars 2020 à travers un décret rendu public, ce lundi soir, à la television nationale.Cette décision fait suite à une demande des chefs religieux du pays pour tenter d’apaiser le climat politique. Ces derniers, ont pu convaincre les opposants qui ont annoncé le boycott du scrutin, à surseoir à toute manifestation dans le pays.

C’est la deuxième fois que ces élections ont été reportées. Prévues le 28 décembre 2019, elles avaient été reportées sine-die, avant que la date du 16 février ne soit proposée.

Brexit : quid des footballeurs africains ?

La sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne (UE) devra bouleverser le sort des sportifs et particulièrement des joueurs africains évoluant en Premier League, l’un des championnats de football les plus cotés au monde.Après un processus de plus de trois ans, Londres et Bruxelles ont officiellement signé, vendredi dernier, leur divorce. Avec le Brexit, le Royaume-Uni quitte, non sans fracas, l’espace Schengen où était garantie la libre circulation des personnes et des biens.

De ce fait, la Premier League, championnat d’élite de foot, serait impactée par cette décision politique aux conséquences également économiques et sociales. Et pour cause, les clubs anglais qui aimantent des talents du monde entier, devront se plier aux nouvelles règles d’immigration.

Avant le Brexit, les joueurs communautaires, c’est-à-dire ceux issus des pays membres de l’UE, ne faisaient face à aucun obstacle pour fouler les pelouses du Royaume de Sa Majesté.

Par contre, les étrangers notamment les Africains, devaient obligatoirement disposer d’un permis de travail et avoir une approbation du Conseil d’administration de la Fédération anglaise de football (FA).

En plus, leur éligibilité était soumise à une série de conditions dont le classement de l’équipe nationale au ranking de la Fédération internationale de football association (Fifa) et le nombre de sélections en équipe nationale.

Dès la fin de la période de transition du Brexit en février 2021, les joueurs des pays de l’UE auront désormais besoin de visas pour exercer leur métier en Angleterre. Des accords bilatéraux entre le Royaume-Uni et les autres nations du vieux continent seront donc nécessaires.

Pour leur part, les footballeurs africains pourraient subir les conséquences d’un éventuel durcissement des conditions d’accès à la Premier League.

Si l’arrêt Bosman a jusque-là permis le transfert illimité de sportifs entre pays membres de l’UE, le Brexit aura un impact sur le nombre d’Africains évoluant dans les compétitions professionnelles au Royaume-Uni.

En vertu de l’article 48 du traité de Rome sur la libre circulation des travailleurs entre les Etats membres de l’UE, cette décision de la Cour de justice des Communautés européennes (Cjce) rendue le 15 décembre 1995 deviendrait nulle quant aux restrictions des quotas de sportifs communautaires ou non-communautaires exerçant dans le Royaume-Uni. Autrement dit, la fin de l’arrêt Bosman pour la Premier League va sonner la fin des restrictions du nombre de sportifs des nationalités concernées dans une compétition professionnelle anglaise.

Par ailleurs, si le vœu de certains spécialistes britanniques est exaucé, le nombre d’étrangers, dans cette compétition hyper médiatisée, sera nettement revu à la baisse.

Pendant longtemps, les pourfendeurs de l’afflux d’étrangers en Premier League ont soutenu que cela est, en grande partie, la cause des mauvais résultats des Three Lions (surnom de l’équipe nationale d’Angleterre). Pour eux, cette ruée plombe l’envol des joueurs locaux, souvent dans l’ombre de stars du ballon rond venues d’horizons divers.

« Nous sommes à l’écoute des conséquences de cette décision qui, il est sûr, va impacter sur le marché international des transferts », a laconiquement affirmé Thierno Seydi, un agent de joueur cité par l’Agence de Presse Sénégalaise (service public).

Le pionnier des joueurs africains en Premier League est zimbabwéen. Il s’agit de l’attaquant Peter Ndlovu qui, sous la tunique de Coventry City (entre 1991 et 1997), a marqué 43 buts en 176 matchs.

Au début des années 2000, l’Ivoirien Didier Drogba, le Ghanéen Michael Essien ou encore le Togolais Emmanuel Adebayor ont fait se lever les foules. Aujourd’hui, le Sénégalais Sadio Mané, l’Egyptien Mohamed Salah et le Gabonais Pierre-Emerick Aubameyang portent haut les couleurs de l’Afrique dans ce championnat où l’argent coule à flots.

Le président guinéen à ses détracteurs: « Personne ne dicte à la Guinée ce qu’elle doit faire ».

« Personne ne dicte à la Guinée ce qu’elle doit faire », a affirmé mercredi à Conakry le président guinéen Alpha Condé, confronté depuis des mois à une vague de manifestations de l’opposition, qui réclame une plus grande implication de la communauté internationale.

« En 1958, nous avons osé dire +Non+ pour prendre notre indépendance. Malgré tous les risques, nous sommes toujours débout », a dit Alpha Condé devant un parterre de diplomates, essentiellement issus du monde arabe.

La Guinée avait voté non au référendum instituant une « communauté » franco-africaine proposée cette année-là par le général de Gaulle, accédant peu après à l’indépendance.

L’opposition guinéenne organise depuis la mi-octobre des manifestations, parfois durement réprimées, pour faire barrage au projet qu’elle prête au chef de l’Etat de briguer un troisième mandat à la fin de l’année, alors que l’actuelle Constitution en limite le nombre à deux.

A la mi-janvier, le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, avait déclaré la France « particulièrement » préoccupée.

La situation en Guinée est « la plus sensible aujourd’hui (dans la région) et l’engagement du président Alpha Condé à demander une réforme de la Constitution ne nous paraît pas être obligatoirement partagé ni par sa population ni par ses voisins », avait dit le ministre français des Affaires étrangères à l’Assemblée nationale. « Nous sommes très attentifs, avec nos partenaires, à l’apaisement en Guinée », avait-il ajouté.

« Nous discutons avec nos partenaires, nous écoutons leurs conseils, mais personne ne dicte à la Guinée ce qu’elle doit faire. C’est le peuple de Guinée qui décide de son avenir, il faut que ça soit très clair pour tout le monde », a déclaré mercredi M. Condé lors de l’inauguration à Conakry du siège d’une nouvelle agence de lutte contre la pauvreté, l’Anies, soutenue financièrement par le Fonds d’Abou Dhabi.

« Nous sommes prêts à collaborer avec nos partenaires, à les écouter, mais dans le respect réciproque », a poursuivi le dirigeant guinéen de 81 ans.

M. Condé a aussi souligné que son pays n’était pas le seul à traverser des crises: « Nous voyons des manifestations, nous voyons des crises partout », a-t-il dit.

Au moins 27 personnes ont été tuées depuis la mi-octobre dans les affrontements entre manifestants et forces de l’ordre, qui ont également coûté la vie à un gendarme, selon un décompte de l’AFP.