Guinée : qui est « Toumba » Diakité ?

Ancien chef de la garde présidentielle en Guinée, Aboubacar Sidiki Diakité dit Toumba, qui a longtemps cultivé l’image d’un personnage sulfureux et craint, est devenu en l’espace de trois mois le chouchou de plusieurs observateurs du procès des massacres du 28 septembre 2009.Au tribunal spécial de Conakry, le président Ibrahima Sory 2 Tounkara appelle Aboubacar Sidiki Diakité, surnommé Toumba, à la barre. L’ancien aide de camp du capitaine Moussa  Dadis Camara descend du box des onze accusés de la boucherie du 28-Septembre. 150 personnes parmi des milliers qui manifestaient contre la présence de la junte militaire (2008-2009), à l’approche de la présidentielle de 2010, avaient été massacrées au stade de Conakry en plus de dizaines de femmes violées. Vêtu d’un élégant trois-pièces africain, Toumba, 54 ans, s’avance lentement vers le prétoire et semble ne pas ressentir le poids des accusations contre lui.

Considéré à tort ou à raison comme le cerveau des événements tragiques de 2009, ce lieutenant de l’armée guinéenne, médecin de formation, tient en haleine les spectateurs du procès du 28-Septembre tant ses prises de parole amusent parfois grandement son auditoire. Il nie en bloc d’avoir joué un rôle dans ce carnage, mettant tout sur le dos de son ancien patron, le capitaine Moussa Dadis Camara, parmi les accusés présents dans ledit procès historique retransmis en direct par la télévision nationale. Les petits extraits des réparties du natif de Conakry entre les avocats adverses et le chef du parquet égayent les journées de plus d’un internaute sur les réseaux sociaux.

Pur produit du système éducatif guinéen, Toumba Diakité a été longtemps médecin interne au service cardiologie du centre hospitalier et universitaire Ignace Deen de Conakry avant d’intégrer par pur hasard l’armée, en 1993. « J’étais médecin interne affecté au service cardiologie du Centre hospitalier universitaire (CHU) Ignace-Deen de Conakry. J’ai fait sept ans là-bas. Mais un jour, ma voiture est restée garée dehors. Un fou (sic) est venu caillasser toutes mes vitres, et le matin, ils ont trouvé que je l’avais attaché. Tout le monde parlait de moi. Vu que l’armée manquait d’effectif, le Professeur Condé (un médecin) m’a dit : +Toumba, il faut prendre la tenue+ », une manière de lui dire de troquer sa blouse blanche contre la tenue militaire, se souvient-il.

De la médecine aux armes

Aidé par un certain colonel Nabé, ancien médecin chef, et d’autres hauts gradés de l’armée, Toumba fait ses débuts en tant qu’élève militaire au sein du camp Kémé Birama de Kindia, situé à 135 kilomètres de Conakry. Après la formation commune de base, il bénéficie d’un autre stage aux côtés des Américains pour une spécialisation en embuscade et en raid. Il obtient son diplôme à l’issue de cette formation, auréolé du titre de ranger. 

Il fait son bonhomme de chemin et sera muté au camp Soronkoni de Kankan, à plus de 700 kilomètres de Conakry où il est nommé médecin chef. Lors des attaques rebelles le long des frontières guinéennes avec le Libéria au début du 21e siècle, il est envoyé sur le théâtre d’opération au sein du détachement des rangers, à la quatrième région militaire. « Je reviens encore à Soronkoni pour besoin de services. Dr Abdoulaye Chérif Diaby, ex-ministre de la Santé sous l’ex-junte, le CNDD (Conseil national pour la démocratie et le développement) qui était médecin chef de l’armée, m’a ramené à Conakry en me nommant chef de service cardiologie à la direction générale. C’est là-bas où je suis resté, mais on m’a ensuite envoyé à la gendarmerie de Sonfonia. C’est là-bas ou nous sommes restés jusqu’à la prise du pouvoir le 22 décembre 2008 », raconte-t-il, se rappelant avoir été surnommé « Toumba » par un « grand frère militaire » alors « j’étudiais au camp Alpha Yaya ».

A l’époque, poursuit Toumba, feu général Mamadouba Toto Camara, aidé par d’autres officiers de l’armée, était sur le point de prendre le pouvoir après le décès du président Lansana Conté (1984-2008). Mais contre toute attente, un jeune capitaine, en l’occurrence Moussa Dadis Camara, réussit à se porter en décembre 2008 à la tête d’une junte au nez et à la barbe du général Camara. Aboubacar Sidiki Diakité affirme avoir contribué grandement à cette prise de pouvoir.

Féru des arts martiaux dont il se vante d’avoir la maîtrise- il est ceinture noire en karaté-, le lieutenant Diakité est nommé aide de camp et patron de la garde présidentielle par Dadis Camara. Les deux hommes s’entendaient bien pendant une dizaine de mois. Le chef de la junte ne cache pas ses envies de vouloir rester au pouvoir en déclarant sa candidature à l’élection présidentielle de 2010. La société civile et l’opposition, irritées, appellent sans autorisation, le 28 septembre 2009, une date symbolique pour les Guinéens, à un rassemblement au stade éponyme, à Conakry. L’édifice était à son comble et il s’en est suivi ce qui s’en est suivi après l’arrivée des éléments armés de la junte militaire. Plus d’une centaine de personnes ont été massacrées, des femmes violées pendant que plusieurs autres victimes gardent encore les séquelles de leurs blessures. 

Devant le tribunal criminel de Dixinn, chargé de juger cette affaire, Toumba  ne nie pas avoir été au « stade » le jour du massacre. Il argue avoir été sur les lieux du crime pour « protéger les leaders de l’opposition », mais aussi pour rechercher le chef de la junte, Moussa Dadis Camara, sur qui il n’a pas hésité, le 3 décembre 2009 au camp Alpha Yaya, à braquer son arme et ouvrir le feu. Le capitaine Joseph Loua dit Makambo qui a tenté de s’interposer a été tué par Toumba Diakité qui reconnaît devant le tribunal de Dixinn avoir « exécuté » ce membre de la garde présidentielle d’alors. « C’était une attaque injustifiée et une réponse proportionnelle », justifie-t-il, imperturbable. Blessé grièvement, Dadis appelle le Sénégal à la rescousse. Le président Wade (2000-2012) lui envoie des urgentistes en service dans un hôpital de Dakar où l’ancien chef de la junte transite avant d’être évacué au Maroc. 

Échange de fugitifs 

Après cet incident, il réussit à s’exfiltrer de la Guinée pour se réfugier au Sénégal. Il choisit une vie incognito, mais les regards inquisiteurs parviennent à le débusquer de son refuge le 16 décembre 2016. Arrêté le même jour par la gendarmerie sénégalaise, il est extradé trois mois plus tard, le 13 mars 2017 exactement, dans son pays. Toutefois, son rapatriement ne s’est pas fait sans contrepartie. Selon des sources sécuritaires, Dakar et Conakry ont convenu d’un échange de personnes recherchées de part et d’autre.

A l’époque, le Sénégal traquait ardemment ses ressortissants revenus du Nigéria, d’anciens combattants du groupe jihadiste Boko Haram. L’un d’eux, Mouhamed Lamine Mballo, était un jeune aventurier embrigadé par l’un des recruteurs sénégalais des insurgés islamistes qui sont à l’origine de plus de 500 attaques en 2022, selon l’agence de propagande du groupe jihadiste l’Etat islamique (EI). A son retour du Nigeria, il vivait en Guinée jusqu’à son rapatriement au Sénégal. Jugé en 2018, M. Mballo a été condamné à Dakar à cinq ans de prison ferme pour activités terroristes par association de malfaiteurs. 

Présenté comme le cerveau des événements du 28 septembre 2009, Toumba Diakité a quant à lui attendu six ans pour que son procès s’ouvre en Guinée. Au début de son interrogatoire, le 19 octobre 2022, il dit avoir été caricaturé dans le but de faire de lui le principal responsable de cette tragédie. Il accuse l’ex-chef de la junte, également traduit devant le tribunal criminel de Dixinn après plusieurs années d’exil au Burkina Faso, de vouloir lui faire porter le chapeau.

Dans sa ligne de défense, l’ancien chef de la garde présidentielle, qui vient souvent au palais de justice avec une tenue de sport, n’hésite pas à faire recours au Coran, agaçant parfois les avocats du capitaine Moussa Dadis Camara. L’un d’eux, Me Péné Antoine Lamah, est convaincu que Toumba n’a livré « qu’une partie de sa part de vérité truffée de contrevérités, de contradictions et d’incohérences ». Il déplore le fait que l’ancien aide de camp de son client cherche à « jouer sur la fibre communautariste pour se faire une image dans l’opinion », en omettant « les questions pour lesquelles le tribunal a été saisi ».

En revanche, Me Paul Yomba Kourouma se réjouit de la posture de son client. « Entre Toumba et moi, c’est le pasteur qui rencontre l’imam. Les deux sommités religieuses convergent vers un Dieu unique qui ne peut qu’exposer la vérité. C’est pourquoi nous avons dit que Toumba pouvait se défendre sans avocat. Nous l’assistons pour des formalités. Nous n’avons pas voulu organiser des conférences de presse parce que nous ne voulions pas parler de Toumba lui-même. C’est un homme qui a été préparé dans la solitude, dans sa cellule. C’est un bon étudiant, mais c’est aussi un grand érudit. C’est quelqu’un qui assimile et il véhicule le langage de la vérité », s’extasie Me Yomba Kourouma. 

Pour lui, le tableau dépeint de son client par l’accusation est pourtant antinomique de l’homme dont la seule évocation du surnom « Toumba » inspirait « la crainte, la terreur et Lucifer  ou encore le Satan déguisé en humain ». Selon l’avocat, Toumba Diakité avait à cœur de prouver qu’il était humain et dispensateur de grâce ». La justice décidera. En attendant, Toumba Diakité du fond de sa cellule, garde une certaine popularité auprès de l’opinion publique guinéenne. Il a remporté haut la main le vote de la personnalité de l’année 2022, une distinction qui est régulièrement organisée par un média privé guinéen. 

Guinée : l’ex-coordonnateur du FNDC édifié le 11 janvier

Le Procureur de la République près du tribunal de première instance de Mafanco (Conakry), Kanfory Ibrahima Camara, a requis 18 mois de prison assortis de sursis contre Abdourahmane Sano.Abdourahmane Sano sera fixé sur son sort le 11 janvier prochain. Poursuivi pour « participation délictueuse à des réunions non déclarées », l’ex coordinateur du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) a comparu ce lundi 9 janvier devant le tribunal de première instance de Mafanco.

Devant le juge, le mis en cause a reconnu avoir participé à une réunion dont l’objectif est de faire la promotion de la citoyenneté, la bonne gouvernance, de l’Etat de droit. « J’ai participé à une réunion mais c’est dans le respect de tous les droits et principes. La réunion pour laquelle on m’a interrogée, on l’a tenue le jour de l’ouverture de la Coupe du Monde (18 novembre 2022 ndlr). On a tenu la réunion dans une école », a-t-il reconnu.

Avant d’ajouter : « Depuis les années 2016, 2017, nous sommes dans ces activités de rencontres avec les citoyens dans le but de créer une structure citoyenne qui s’appelle CPR (Citoyen pour la République) », a précisé Abdourahmane Sano.

Une version battue en brèche par le Procureur qui estime que c’est l’autorité de l’Etat qui était visé dans ses propos. « Quand on veut sensibiliser les citoyens, cela doit se faire selon les règles de l’État…Aucun de nous n’a intérêt à ce que l’État soit désobéi », a déclaré le parquetier lors des débats.

 Toutefois, si le juge suit la réquisition du Procureur, Abdourahmane Sano va échapper à la prison. L’avocat du mis en cause, maître Mohamed Traoré, a dénoncé l’incapacité du parquet général de démontrer les faits reprochés à client.

L’Iran passe en revue ses relations commerciales avec la Cédéao

L’Iran espère relever le niveau des échanges économiques avec les pays de l’Afrique de l’Ouest.Téhéran a accueilli cette année la 16ème réunion du comité de coordination des relations économiques extérieures consacrée à l’examen du dernier état des relations économiques entre l’Iran, Cuba et la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao).

A travers cet examen, l’Iran espère que le volume des transactions commerciales avec la Cédéao connaîtra une croissance qui nécessite une planification ciblée dans ce domaine, a indiqué Téhéran dans un communiqué.

La deuxième partie de la réunion a également permis de passer en revue les dernières relations économiques avec les pays de la sous-région ouest-africaine.

Téhéran affirme que les minéraux, l’agriculture, la construction, la population et l’adéquation du marché pour la vente de marchandises ont fait de l’établissement de relations économiques et d’investissements commerciaux dans cette région de l’Afrique une nécessité.

L’Iran s’est joint à la récente ruée vers les opportunités commerciales en Afrique, mais reconnaît être loin derrière les puissances économiques que sont les Etats-Unis et la Chine, ainsi que des partenaires traditionnels du continent, notamment que l’Union européenne.

Guinée : le CNRD réaffirme son soutien total à Mamadi Doumbouya

Malgré certaines critiques émanent d’une partie de la classe politique et la société civile, le président de la transition guinéenne Mamadi Doumbouya, compte encore des soutiens de poids.A l’occasion de la présentation des vœux du nouvel an, les membres du Comité national du Rassemblement pour le Développement (CNRD) ont réitéré leur soutien au colonel Mamadi Doumbouya dans son projet de refondation et rectification institutionnelle de la Guinée.

« En ce début d’année 2023, nous voudrions vous réitérer une fois de plus, notre soutien et notre détermination totale de continuer à travailler à vos côtés pour la poursuite des différentes initiatives, dans le cadre de votre vision de rassemblement, de refondation de l’Etat, de rectification institutionnelle, de redressement et de repositionnement de notre pays la Guinée » a déclaré la a porte-parole du CNRD, Colonel Aminata Diallo.

De son côté, le Président du Conseil national de la transition, l’organe législatif, a réitéré les mêmes vœux. « Cette cérémonie est l’occasion pour les institutions, les organes de la Transition et les forces vives de la Nation de formuler des vœux d’unité nationale, mais surtout d’audace et de persévérance pour concevoir et mener à terme les vastes projets de la transition » a indiqué Dansa Kourouma.

Arrivé au pouvoir le 05 septembre 2021 à la suite d’un coup d’Etat militaire contre l’ancien président de la République Alpha Condé, Mamadi Doumbouya a entrepris plusieurs chantiers dont la refondation de l’Etat, la rectification institutionnelle, la moralisation de l’administration publique guinéenne pour ne citer que ceux-là.

Des initiatives, par endroit, qui valent au président de la junte guinéenne des critiques chez certains acteurs politiques et mêmes de la société civile. L’interdiction des manifestations jusqu’à nouvel ordre, la récupération des domaines de l’Etat, les restrictions des libertés de certaines voix discordantes, sont autant d’actions qui ne se passent sans réaction chez certains observateurs. Ces derniers soupçonnent l’homme de fort de Conakry de vouloir manipuler la justice afin de s’éterniser au pouvoir.

Guinée : « Nous ne céderons pas à un chantage juridique » (FNDC)

Le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) est monté au créneau suite à la convocation de son ex coordinateur par la gendarmerie.Après trois jours d’audition, l’ex coordinateur du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), Abdourahmane Sano a été inculpé et sera jugé lundi 09 janvier devant un tribunal de première instance de Conakry. 

La justice reproche à l’actuel coordinateur de la PCUD ( Plate-forme pour le Développement) d’avoir participé à une réunion non déclarée. Sa traduction en justice agace ses anciens collaborateurs du FNDC, une entité dissoute par le CNRD 

Dans un communiqué diffusé ce samedi 07 janvier, le FNDC a déclaré observer attentivement les intentions « ubuesques » de la junte guinéenne à faire taire M. Abdourahamane Sano, son ex coordinateur.

 » Nous rappelons à la junte et à toutes affidées toxiques que M. Sano est toujours resté intransigeant dans la promotion et la défense de l’état de droit » Indique le mouvement citoyen. 

Réitérant son fort attachement aux respects des droits humains et aux libertés de réunion, le FNDC ajoute qu’il ne sera pas ébranlé par le harcèlement judiciaire ourdi par « une junte militaire aux abois ».

« Les manœuvres dilatoires d’une justice cannibale et aux ordres ne feront que renforcer notre engagement et notre détermination » assure le FNDC.

En clair, précise-t-il,  » nous ne céderons pas à un chantage juridique ». « Alors que nos camarades Ibrahim Diallo et FONIKÉ Menguè arbitrairement détenus depuis plus de 5 mois demandent à être jugés, la célérité procédurale de cette instruction commanditée depuis le palais Mohamed V démontre à suffisance que la Guinée a encore besoin d’une justice détachée de la Présidence », dénonce le mouvement citoyen guinéen.

Retirant également son soutien à l’ensemble des personnes persécutées par ce qu’il qualifie de « la nébuleuse CNRD » ou « injustement emprisonnées par Mamadi Doumbouya », le FNDC promet une « réponse à la hauteur des provocations à travers des actions fortes pour la rectification de la transition guinéenne » a ajouté la coordination du FNDC. Il demande au peuple de Guinée de reprendre la gestion des choses publiques à travers les prochaines actions citoyennes qu’il annoncera dans les prochains jours.

En Guinée, plusieurs acteurs politiques et de la société civile font face à des procédures judiciaires. Une situation qui inquiète les défenseurs des Droits de l’homme.

Guinée : l’ex-coordonnateur du FNDC jugé le 9 janvier prochain

Abdourahmane Sano était l’un des dirigeants les plus actifs de ce regroupement de l’opposition et de la société civile guinéennes.Après trois jours d’audition à la Direction centrale des investigations judiciaires, l’ex-coordonnateur du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), Abdourahmane Sano a été déféré ce vendredi 6 janvier au tribunal de première instance de Mafanco. Il est inculpé pour « participation à une réunion non déclarée », rapportent à APA des sources judiciaires.

Les autorités judiciaires reprochent à l’ancien coordonnateur du FNDC la tenue de réunions non autorisées pour la Création d’une plate-forme dénommée « Mouvement citoyen pour la République ».

Bien qu’inculpé par le tribunal de première instance de Mafanco, Abdourahmane Sano a été libéré. Son procès s’ouvre le 09 janvier 2022 devant la même juridiction.

Dans un communiqué publié jeudi 5 janvier, le FNDC, dissout par la junte au pouvoir depuis septembre 2021, s’est dit outré par la convocation les 4 et 5 janvier 2023 sans aucune base légale de son ex-coordonnateur national, Abdourahamane Sano, à la Direction des investigations judiciaires de la gendarmerie nationale.

« Sans aucun motif valable, les officiers de la police judiciaire aux ordres de la junte militaire reprochent à l’ex-coordonnateur du mouvement citoyen, selon les informations à notre disposition, le déploiement de ses activités de conscientisation citoyenne qui a toujours été l’activité phare de M. Sano », a dénoncé le FNDC, promettant qu’en concertation avec ses différents partenaires, il annoncera dans les prochains jours la conduite à tenir.

Depuis son départ de la tête du FNDC, Abdourahmane Sano s’occupe des activités de la Plate-forme nationale des citoyens unis pour le développement (PCUD).

Avant l’enclenchement de cette procédure judiciaire contre lui, Sano se faisait rare de l’espace sociopolitique guinée. Sous le régime d’Alpha Condé (2010-2021), il avait fait plusieurs mois en prison à cause de son opposition au projet de troisième mandat du président déchu.

Guinée : l’ex coordinateur du FNDC à la direction des investigations judiciaires

L’ex coordinateur national du front national pour la défense de la Constitution (FNDC) Abdourahmane Sano, était hier dans les locaux de la direction des investigations judiciaires de la gendarmerieJoint par le correspondant d’APA à Conakry, Abdourahmane Sano est revenu sur cette convocation. « La seule chose qu’on m’a signifié est que j’ai été à une réunion mais qu’est-ce qu’ils trouvent derrière ça, je ne peux pas vous le dire d’abord » a-t-il expliqué.

Abdourahmane Sano est l’un des leaders de la société civile guinéenne qui a combattu le projet de troisième mandat d’Alpha Condé, avant la chute de ce dernier le 5 septembre 2021.

Le Coordinateur de la Plate-forme nationale des Citoyens Unis pour le Développement (PCUD) l’une des grandes organisations de la société civile guinéenne a quitté la tête du FNDC depuis février 2022.

Tout comme les autres membres de cette entité dissoute par le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD), la junte militaire en Guinée, Abdourahmane Sano n’hésite pas à montrer son désaccord sur certaines décisions prises par les autorités de la transition guinéenne.

C’est le cas notamment lors de l’interdiction des manifestations par le CNRD et l’incarcération de ses anciens collaborateurs du FNDC dont Foniké Mengué, Ibrahima Diallo et des leaders politiques hostiles à la gouvernance du président de la transition Mamadi Doumbouya.

« Nous ne sommes candidats à rien » (Mamadi Doumbouya)

Dans son discours à la nation, le chef de l’État guinéen a réitéré ce samedi, sa promesse de ne pas être candidat aux élections qui se tiendront à l’issue de la transition.C’est son deuxième message de nouvel an depuis qu’il a déposé Alpha Condé, en septembre 2021. Cette année, le Colonel Mamadi Doumbouya s’est attardé sur le consensus trouvé avec la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (Cédéao) pour la transmission du pouvoir aux civils dans des délais raisonnables. Selon le chef de l’Etat guinéen, c’est dans un esprit d’ouverture et de coopération que les autorités de la transition sont parvenus avec l’organisation sous régionale à s’accorder, dans un compromis dynamique, sur un chronogramme qui va permettre la mise en œuvre des dix (10) points pour aboutir au retour à l’ordre constitutionnel.

« Je tiens à rassurer l’opinion nationale et internationale que mon engagement est et reste le même. Il n’a pas changé d’un point. Conformément aux articles 46, 55 et 65 de la charte de la transition, ni moi, ni les membres du Comité National du Rassemblement pour le Développement, ni les membres du conseil national de la transition et encore moins les membres du gouvernement ne seront candidats aux futures élections », a insisté le Chef d’Etat de la Guinée.

De façon très claire ajoute-t-il, « cela veut dire que nous ne sommes candidats à rien ».

Pour Mamadi Doumbouya, cette période de transition sera mise à profit pour mettre en place des institutions fortes qui résisteront à la tentation des hommes dont l’aboutissement sera l’organisation d’élections libres, crédibles, transparentes, inclusives et acceptées par toutes les parties prenantes.

Depuis le 05 septembre 2021, la République de Guinée est dirigée par une junte militaire après un coup d’Etat contre Alpha Condé.

Exilé en Turquie, l’ancien chef de l’Etat continue de se réclamer comme le président démocratiquement élu de la Guinée.

« Je suis et reste un président élu et très attaché à la démocratie, à l’Etat de droit, au respect de nos valeurs de liberté et de dignité », a déclaré Alpha Condé dans son « message d’adresse de nouvel ».

Afrique de l’Ouest : 2022, une année de turbulences politiques

L’année 2022 en Afrique de l’Ouest a été politiquement mouvementée avec surtout la question des 46 soldats ivoiriens détenus depuis juillet au Mali, suscitant la colère de la Cédéao qui, après avoir mis ce pays sous embargo, tente de trouver une solution définitive aux coups d’Etat intempestifs à l’image du double putsch survenu au Burkina Faso.Quel destin pour les 46 militaires ivoiriens encore détenus au Mali ? Cinq mois après leur arrestation et des allers-retours diplomatiques pour leur libération, leur procès s’est enfin ouvert jeudi 29 décembre à huis clos à la Cour d’appel de Bamako sous un impressionnant dispositif sécuritaire. La Cour d’Assises de Bamako les a condamnés ce vendredi à 20 ans de réclusion criminelle.

Le 10 juillet 2022, en effet, un avion transportant 49 soldats ivoiriens, avec « armements, munitions et équipements », mais sans ordres de mission clairs d’après le pouvoir malien, atterrit à l’aéroport de Bamako. La Côte d’Ivoire et le Mali semblent ne s’être pas parlé ou compris dès le départ, mettant ces militaires devant le fait accompli. Accusés d’être des « mercenaires », ils ont été « immédiatement interpellés ». Ce qui ouvre une querelle diplomatique entre les deux pays voisins.

Exigeant la libération de ses soldats, Abidjan a expliqué à l’opinion internationale que ces derniers étaient venus au Mali pour appuyer le contingent ivoirien de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma). Plusieurs organisations et pays occidentaux ont tenté de se mêler de cette affaire « purement judiciaire et bilatérale », estime Bamako. Mais le Mali, qui a accepté de libérer en septembre trois femmes parmi les 49 soldats ivoiriens grâce à la médiation togolaise, n’a pas réussi à faire déchanter particulièrement la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (Cedeao).

De l’embargo à « la souveraineté retrouvée »

En effet, la junte militaire malienne mettait « en garde contre toute instrumentalisation de la Cedeao par les autorités ivoiriennes » après la demande d’un sommet extraordinaire des chefs d’État et de gouvernement, finalement tenu début décembre à Abuja, au Nigeria. A l’issue de cette réunion, l’organisation régionale a menacé de prendre de nouvelles sanctions contre le Mali « si les militaires ivoiriens n’étaient pas libérés avant le 1er janvier 2023 ».

Les autorités maliennes n’oublient pas l’embargo prononcé contre leur pays en janvier 2022 par les dirigeants de la Cedeao pour sanctionner la décision de la junte militaire de se maintenir au pouvoir pour cinq nouvelles années au maximum sans élection. Jusqu’en juillet de l’année 2022, les frontières des quinze pays de la Cedeao, à l’exception de la Guinée, également dirigée par une junte militaire, étaient fermées au Mali. Seuls les produits de première nécessité continuaient de circuler.

Pour magnifier la résilience du peuple malien, le président de la transition, le colonel Assimi Goïta, a institué « le 14 janvier, Journée de la souveraineté retrouvée », en souvenir de la mobilisation inédite des Maliens contre les sanctions de la Cedeao au sortir de la très éprouvante pandémie de Covid-19 dans la région.

L’année 2022 a été également celle où l’opération française « Barkhane » a acté son départ du Mali sans réussir à y vaincre totalement le terrorisme qu’elle était venue combattre neuf ans durant. Effective depuis août, cette décision de retrait pour un redéploiement dans les autres pays du Sahel dont le Niger a été prise depuis février par le président Emmanuel Macron.

Barkhane, Burkina et force anti-putsch

Les relations diplomatiques entre Paris et Bamako se sont détériorées après le renversement du président Ibrahim Boubacar Keita en août 2020 et la destitution en mai 2021 du président de transition Bah Ndaw par le même groupe d’officiers dirigés par le colonel Assimi Goïta. Depuis lors, les escalades verbales entre la France et le Mali s’effectuent régulièrement à travers des communiqués, des déclarations télévisées ou lors de certaines rencontres internationales.

Au Burkina Faso voisin, miné par le terrorisme et où le « sentiment anti-français » prend de plus en plus de l’ampleur comme dans plusieurs pays du continent, les militaires y ont perpétré en 2020 deux coups d’Etat. Tout a commencé en janvier lorsque le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR), dirigé par le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, a affirmé avoir renversé le régime démocratiquement élu du président Roch Marc Christian Kaboré. « Une décision prise dans le seul but de permettre à notre pays de se remettre sur le bon chemin et de rassembler toutes ses forces afin de lutter pour son intégrité territoriale, son redressement et sa souveraineté », expliquait alors le groupe d’officiers.

Cependant, le lieutenant-colonel Damiba et ses hommes n’ont pas réussi, malgré leurs promesses, à vaincre l’hydre jihadiste. C’est ainsi qu’un second coup d’Etat, dirigé par le capitaine Ibrahim Traoré, est intervenu huit mois plus tard, le 30 septembre précisément, exaspérant davantage la Cedeao qui veut trouver une solution définitive à la récurrence des coups d’Etat dans la région.

Le procès du 28-Septembre enfin ouvert

Président en exercice de cette organisation régionale souvent qualifiée par certains détracteurs de « syndicat de chefs d’Etat », le président bissau-guinéen, Umaro Sissoco Embaló, qui a lui-même failli être renversé en février dernier dans une tentative de putsch, a évoqué cinq mois plus tard à Paris, en France, l’idée de la création d’une « force anti-putsch ». Même si toutes ses modalités ne sont pas encore dévoilées, cette force viendra en appoint à la lutte contre le terrorisme, ont précisé les dirigeants ouest-africains lors de leur réunion de décembre.

La Guinée également n’est pas indemne du reproche de la Cedeao par rapport aux coups d’Etat intempestifs. Le dernier qui s’est produit en septembre 2021 a installé le capitaine Mamady Doumbouya à la tête du pouvoir. Mais après un an d’exercice, la junte guinéenne a réussi là où le régime d’Alpha Condé a échoué pendant plus d’une décennie : l’organisation du procès du massacre du stade 28 septembre de Conakry.

Dans un tribunal spécialement construit pour ce moment symbolique, les audiences ont été ouvertes le 28 septembre 2022, une date historique qui fait renaître plusieurs souvenirs dans la tête des Guinéens, des plus beaux aux plus tragiques. C’est à cette date notamment, en 1958, que le premier président du pays, Sékou Touré, avait voté « Non » au référendum sur le projet de Constitution proposé par le général Charles de Gaulle pour l’établissement d’une Communauté franco-africaine. Mais c’est à cette date aussi, un demi-siècle plus tard, qu’au moins 156 personnes avaient été tuées, 109 femmes violées et de nombreuses personnes blessées lors d’un rassemblement de l’opposition organisé dans le stade éponyme, selon un bilan établi par une enquête des Nations unies.

De retour en Guinée à la veille de l’ouverture du procès après plusieurs années d’exil au Burkina Faso, l’ancien chef de la junte, le capitaine Moussa Dadis Camara, a été accusé, en compagnie d’une dizaine d’ex-collaborateurs dont son ancien aide de camp, Aboubacar Sidiki Diakité dit « Toumba », de ces violations des droits humains. Ils sont tous placés en détention et comparaissent dans des audiences retransmises en direct et qui ne devraient pas s’achever avant plusieurs mois.

Deux élections au Sénégal

L’actualité politique au Sénégal a été surtout marquée cette année par la perte de plusieurs grandes villes par la coalition au pouvoir, Benno Bokk Yakaar (unis pour un même espoir), lors des élections municipales et législatives organisées respectivement en janvier et juillet, fragilisant auprès de l’électorat le président Macky Sall que ses adversaires prêtent l’ambition de vouloir se représenter à une controversée troisième candidature à l’élection présidentielle de 2024.

Toutefois, après avoir analysé ces résultats électoraux, le chef de l’Etat a tenté de regagner le cœur des Sénégalais en nommant un Premier ministre en septembre, un poste pourtant resté vacant depuis près d’un an. Quatre mois après sa réélection en 2019, le président Macky Sall avait décidé de le supprimer en vue de mieux gouverner sur le mode « fast-track ».

Mais au bout de deux ans, le président Sall, qui a pris les rênes de la présidence de l’Union africaine (UA), a décidé de restaurer le poste de Premier ministre dans l’objectif de prendre avec son gouvernement de « nouvelles mesures » sur le plan social. Le chef de l’Etat a porté son choix sur Amadou Ba, 61 ans, un inspecteur des finances formé à l’Ecole nationale d’administration (Ena) et ancien ministre dont il est réputé proche.

Le 15 décembre dernier, le gouvernement de M. Ba a survécu à une motion de censure présentée par la coalition Yewwi Askan Wi (libérer le peuple), la première formation de l’opposition parlementaire qui compte parmi ses leaders Ousmane Sonko, considéré par plusieurs observateurs comme le nouveau chef de file de l’opposition. Votée par 55 députés, cette motion n’a pas recueilli la majorité absolue de 83 des 165 sièges de l’Assemblée nationale sénégalaise qui se caractérise, dans sa quatorzième législature, par l’équilibre des forces entre l’opposition et le pouvoir.

Lutte contre le jihadisme : deux options sur la table de la Cédéao

Les chefs d’état-major des pays de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) ont pesé le pour et le contre d’une « opération cinétique » et de « missions d’appui et de soutien ».Comment bouter le terrorisme hors de l’Afrique de l’Ouest. Voilà la préoccupation des chefs d’état-major des armées des pays de cette partie du continent noir où agissent de nombreux groupes jihadistes. Les haut gradés militaires du Bénin, de Cabo Verde, de la Côte d’Ivoire, de la Gambie, du Ghana, du Libéria, du Niger, du Nigeria, de la Sierra Léone, du Sénégal et du Togo se sont réunis en Guinée Bissau, autour de leur homologue, pour donner corps aux instructions de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao).

La Commission de l’organisation régionale, au sortir de la 62ème Session ordinaire, tenue le 4 décembre dernier à Abuja (Nigeria), avait pour mission d’offrir un cadre d’échanges aux chefs d’état-major sur la question du jihadisme. Leur rencontre a finalement eu lieu le 19 décembre en Guinée Bissau. Mais les Officiers des Opérations (17 décembre) et les chefs des Services de renseignements (18 décembre) ont amorcé la réflexion.

Dans un communiqué, la Cédéao détaille les deux options discutées par les chefs d’état-major. La première, précise le document, « consiste en une projection de force pour des missions offensives de recherche et destruction, de protection des populations civiles, de sécurisation de sites et d’infrastructures critiques ». Cependant, tempèrent les militaires, elle « comporte des difficultés politiques (nécessité de l’acceptation par le pays hôte et sensibilité des opinions publiques), d’importantes contraintes financières et son efficacité opérationnelle à long terme n’est pas garantie au vu des expériences antérieures ». 

La seconde option porte sur des « missions d’appui et de soutien reposant sur la mise en œuvre de capacités critiques (renseignement, appui aérien, logistique, commandement et conseil, formation et entraînement) au profit des États membres affectés ». Les représentants du Burkina, du Mali et de la Guinée, sous sanctions de la Cédéao à cause de la prise du pouvoir par les armes, n’ont pas assisté à la réunion des chefs d’état-major. Des absences déplorées par les participants « compte tenu de l’impact du terrorisme dans (les deux premiers pays précités) et du fait qu’ils ont un rôle important à jouer dans la recherche de solutions durables ».

C’est pourquoi l’une des recommandations à l’endroit de la Commission de la Cédéao est de convier « tous les États membres de la Cédéao, y compris ceux sous sanctions, à toutes les discussions relatives aux questions sécuritaires ». Il y a également la mise en place d’un groupe de planification pour affiner les options et faire des propositions qui seront présentées au Comité pour validation, l’examen des initiatives en cours en matière de lutte contre le terrorisme et la capitalisation sur les bonnes pratiques, la prise en compte et le soutien des initiatives existantes entre les États membres qui ont prouvé leur efficacité, et le renforcement des capacités nationales afin de permettre à chaque État membre de faire face à sa responsabilité première d’assurer la sécurité sur son territoire.

En outre, la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de la Cédéao avait décidé de la mise en place d’une force régionale qui pourrait intervenir partout dans la sous-région en cas de coup d’État. À ce sujet, les chefs d’état-major considèrent que la Force en attente de la Cédéao « constitue déjà un cadre opérationnel dédié à toutes les formes d’intervention.
Toutefois, la restauration de l’ordre constitutionnel requiert de lui en donner mandat et de lui fournir les capacités nécessaires ».

Aussi, ils soulignent que « cette intervention est complexe et sa mise en œuvre pourrait s’avérer difficile notamment lorsque la population et/ou une grande partie des Forces armées adhèrent au changement anticonstitutionnel dans le pays concerné ».

Guterres relance la force africaine sous mandat robuste de l’Onu

Pour restaurer la paix et lutter contre le terrorisme en Afrique, António Guterres plaide pour le déploiement d’une force africaine robuste avec mandat de l’Onu.A la place des missions de maintien de la paix dans certains pays africains, António Guterres, le secrétaire général des Nations unies (Onu), plaide pour « une force robuste d’imposition de la paix et de la lutte antiterroriste ». Les forces onusiennes sont sous le feu des critiques pour leur inefficacité dans certains théâtres d’opérations en Afrique.

En Afrique, les missions de maintien de la paix des sous l’égide des nations-unies sont souvent jugées inefficaces en raison de l’absence de robustesse de leur mandat. C’est par exemple le cas au Mali et en République démocratique du Congo (RDC) où interviennent des missions de stabilisation. En conférence de presse lundi 19 décembre à New-York, le secrétaire général de l’Onu a reconnu les limites de certaines missions de maintien de la paix.

« Nous assistons à des situations où nous avons des opérations de maintien de la paix où véritablement, il n’y a pas de paix à maintenir », a admis M. Guterres. Devant un tel état de fait, « c’est facile de manipuler les populations » en disant « voilà les casques bleus, ils ne sont pas capables de lutter contre les organisations terroristes ou des mouvements comme le M23 en RDC ».

Naissance d’Ecoforce

Ce souhait ardent du secrétaire général des Nations-unis coïncide avec l’ambition affichée de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) de se doter d’une force d’intervention contre le terrorisme et les coups d’États.

L’aggravation de la situation sécuritaire au Sahel avait motivé, le 4 décembre dernier, la décision des chefs d’Etat ouest-africains de créer une force régionale anti-terroriste qui aura également mandat de « restaurer l’ordre constitutionnel partout où il sera menacé dans la sous-région ».

Donnant suite à cette instruction, les chefs d’état-major des pays membres de la Cédéao se sont réunis lundi 19 décembre à Bissau pour concrétiser la mise en place de cette force qui, selon la ministre bissau-guinéenne des Affaires étrangères, Suzi Barbosa, s’appellera Ecoforce. Mais le mécanisme de financement de cette force d’intervention de la Cédéao n’est pas encore défini.

Guinée : l’ancien président de la Cour Constitutionnelle envoyé en prison

L’ancien président de la Cour Constitutionnelle, juridiction qui a validé le troisième mandat pour Alpha Condé a été envoyé en prison.Jeudi 15 décembre, l’ancien président de la Cour constitutionnelle, Mohamed Lamine Bangoura a été inculpé par la Cour de Répression des infractions économiques et financières pour des faits « présumés de corruption, enrichissement illicite, blanchiment d’argent, faux et usage de faux en écriture publique, parjure, détournement de deniers publics et complicité » et placé sous mandat de dépôt à la prison centrale de Conakry.

L’ex-président de la Cour Constitutionnelle qui, avec sept (7) autres conseillers avaient évincé Kelefa Sall, à l’époque président de ladite institution, est dans le collimateur du ministère de la justice depuis plusieurs mois.

En juillet dernier, le ministre de la justice Alphonse Charles Wright révélait que le vendredi 28 septembre 2018, M. Bangoura jusque-là vice-président de la Cour Constitutionnelle a été élu à la tête de ladite institution avec un budget annuel de plus de 20 milliards de francs guinéens.

Il a été constaté qu’en dépit de son salaire mensuel de 145 millions de francs guinéens, M. Bangoura, sans cause justifiant une mission de service public de la Cour, possède un immeuble R+4 objet du titre foncier N°1647/NGA du lot 4 Dakar pour un montant de 404 millions de francs CFA. Toujours, selon le garde des sceaux guinéen, cette vente a été rendue possible par l’intervention de deux cabinets de notaires à savoir: l’étude de Maître Kane Anta Diallo, notaire du cédant et l’étude de Maître Tabara DIOP, notaire de l’acheteur au nom de ses enfants vivant à l’étranger au moment des faits.

L’ancien président de la Cour constitutionnelle aurait aussi acquis une résidence à Nongo dans la Commune de Ratoma d’une valeur de 5 milliards de francs guinéens et des domaines à Wonkifong, dans la préfecture de Coyah. M. Bangoura doit s’expliquer sur d’autres faits présumés de prédation des deniers publics.

Plusieurs dignitaires de l’ancien régime soupçonnés d’avoir détourné des deniers publics ont été envoyés en prison depuis l’arrivée au pouvoir de la junte militaire dirigée par le colonel Mamadi Doumbouya.

Guinée : Dadis Camara à nouveau malade, son procès renvoyé

La deuxième journée de l’interrogatoire de l’ex-président Moussa Dadis Camara n’est pas allée à son terme.Lundi 12 décembre, Moussâ Dadis Camara a  comparu devant le tribunal de Dixinn, à Conakry pour livrer sa part de  vérité dans le massacre du 28 septembre 2009. L’ancien président qui n’a  pas manqué de mordant a tenté de continuer sur la même lancée.

Répondant aux questions du juge Ibrahima Sory II Tounkara, il a affirmé avoir été  empêché de se rendre au stade du 28 septembre par son ancien « aide de  camp » et « homme de confiance », Toumba Diakité qu’il accusait pourtant  hier d’avoir été la main armée d’un complot orchestré contre lui par  l’ancien président de Guinée, Alpha Condé. L’ancien chef de l’État guinéen a indiqué que le Colonel Moussa Tiégboro Camara qui l’a précédé  au prétoire, était également au stade du 28 septembre le jour des faits.

Sa  déposition n’a pas laissé de marbre la partie civile. Pour Me Amadou DS  Bah, l’un des avocats des plaignants, l’accusé ne répond pas aux  questions. « Nous avons en face de nous, un accusé qui croit toujours  être le président de la République. Il sourit tout le temps, il ne  répond pas aux questions posées. Il donne des détails inutiles. Beaucoup  de questions lui ont été posées, mais il n’est pas convaincant dans ses  réponses. Il fait des déclarations qui n’ont rien à voir avec les  questions posées. En tout cas, il nous fait perdre assez de temps », a  réagi Me Alpha Amadou DS Bah.

Un avis  que ne partagent pas les avocats de la défense. « Nous pensons que les  choses se passent normalement comme prévu. Nous sommes satisfaits des  réponses données par notre client. Le président Dadis n’était pas au  stade et n’a donné l’ordre à personne », a soutenu Me Almamy Traoré, un  des conseils de l’ex président de Guinée. 

Cependant,  l’interrogatoire n’a pas pu se poursuivre en raison d’une dysphonie contractée par Moussa Dadis Camara. Il était à peine audible, entraînant  sur sa demande le renvoi de l’audience. Les débats reprendront le 19  décembre. Une décision à laquelle les parties au procès ne se sont pas  opposées.

Chef de la junte guinéenne (2008- 2009), Moussa Dadis Camara est placé en détention depuis son retour en Guinée, à la veille de l’ouverture du procès du 28-Septembre.

Il est poursuivi avec ses dix coaccusés pour « meurtres, assassinat, viols, pillages, incendies volontaires, vol à main armée, coups et blessures volontaires, outrage à agents de la force publique, torture, enlèvement et séquestration, non-assistance à personne en danger, violence sexuelle, attentat à la pudeur, détention illégale de matériel de guerre de première catégorie et complicité de ces infractions » dans le cadre du massacre qui s’est déroulé le 28 septembre 2009 au stade de Conakry, à la suite d’un rassemblement de l’opposition interdit par les autorités militaires d’alors.

Guinée : un mandat d’arrêt annoncé contre Alpha Condé

Les nouvelles autorités guinéennes annoncent un mandat d’arrêt international contre l’ex-président.Visé par des sanctions du département du trésor américain pour « des violations des droits de l’Homme », l’ex président de la Guinée, Alpha Condé va être confronté à de nouveaux ennuis judiciaires. Le garde des Sceaux, ministre de la Justice a annoncé qu’un mandat d’arrêt sera lancé contre Alpha Condé.

 « Il n’est pas hors-la-loi »

« Je reste formel là-dessus. Au nom de l’application cohérente de la politique générale du gouvernement, un mandat d’arrêt sera décerné contre M. Alpha Condé parce qu’il n’est pas hors-la-loi », a déclaré lundi 12 décembre, Alphonse Charles Wright, ministre guinéen de la Justice.

Alpha Condé a présidé les destinées de la Guinée de 2010 à 2021 avant d’être renversé par un coup d’état militaire le 05 septembre par les éléments des Forces Spéciales dirigés par le Colonel Mamadi Doumbouya. 

L’ex président avait changé la Constitution en 2019 pour s’octroyer un troisième mandat malgré la contestation qui a occasionné une répression qui a fait 99 morts dans les rangs des opposants, selon le Front national pour la défense de la constitution (FNDC). Cette entité regroupant des organisations de la société civile et des partis politiques avait porté plainte contre Alpha Condé et certains de ses proches par l’intermédiaire de leurs avocats. 

Le 04 mai 2022, l’actuel ministre de la Justice, à l’époque Procureur général près la Cour d’Appel de Conakry avait annoncé des poursuites judiciaires contre l’ex président Condé et 26 autres responsables de son régime pour des crimes de sang commis sous son magistère.

En Turquie depuis mai

Cette procédure judiciaire est restée jusque-là sans suite. De retour d’une tournée à l’étranger,  hier lundi décembre 2022, le ministre de la Justice a réitéré sa volonté de poursuivre la lutte contre les crimes de sang en Guinée. D’où le mandat d’arrêt émis contre l’ex-dirigeant guinéen.     

«  Comme je l’ai toujours dit, il faut que nous soyions en cohérence avec ce que nous disons. On ne peut pas engager des poursuites pour des crimes de sang jusqu’à date les parquets ne bougent pas », a affirmé Alphonse Charles Wright, contre Alpha Condé, 84 ans, qui a quitté la Guinée au mois de mai 2022 pour la Turquie pour des «raisons humanitaires ».

Guinée : Dadis Camara accuse Alpha Condé et Sékouba Konaté

Pour sa deuxième comparution devant le tribunal en charge de juger les crimes de sang viols et massacres survenus le 28 septembre 2009, Moussa Dadis Camara a livré une partie de sa version des faits.Moussa Dadis Camara devait comparaitre lundi 5 décembre, mais son audition a été reportée d’une semaine pour des raisons de santé. De retour devant le prétoire lundi 12 décembre, l’ex-président du Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD) était d’attaque. Il a vertement accusé Alpha Condé et Sékouba Konaté, tous anciens présidents de la Guinée d’avoir orchestré les massacres au stade en servant de son aide de Camp Aboubacar Sidiki Diakité dit Toumba.

Pour Dadis Camara, le 28 septembre est un complot qui ne visait qu’à le faire partir du pouvoir. Il est convaincu que l’ancien chef de l’Etat, Alpha Condé (2010-2021) savait qu’il allait organiser des élections libres et transparentes et passerait la main au « vrai vainqueur ».

Selon l’ancien président de la junte guinéenne (2008-2009), un premier complot consistait à l’affaiblir en le déposant dès les premières heures de son coup d’Etat. « Mais ça n’a pas marché », déclare-t-il, refusant catégoriquement de faire amende honorable devant le peuple guinéen. « Quel pardon vais-je demander au peuple de Guinée ? C’est Toumba et Sékouba qui doivent venir ici demander pardon à tout le peuple de Guinée. Le 28 septembre a été savamment orchestré, préparé de toutes pièces par M. le Président Alpha Condé, Sékouba et leur exécutant Toumba Diakité» , a insisté Dadis Camara.

A son arrivée au pouvoir en 2008, le capitaine Moussa Dadis Camara a entamé un audit de la gestion du régime du général Lansana Conté (1984-2008). Plusieurs anciens dirigeants d’alors avaient été soumis à un interrogatoire télévisé pour justifier leur gestion des biens publics. Et c’est dans cet exercice, selon l’ex président du CNDD qu’il a pris connaissance de la stratégie de l’ex-opposant historique, Alpha Condé.

« Dadis, un adepte des théories du complot ? » 

Dans une tenue traditionnelle, l’ancien président a soutenu que la seule préoccupation de Alpha Condé était de salir Cellou Dalein Diallo et d’empêcher que les élections qui devaient sanctionner la fin de la transition soient organisées dans la transparence. « C’est là où j’ai commencé à avoir tous les faux problèmes », se convainc-t-il. Sauf que pour le camp de Toumba Diakité, le président Moussa Dadis est un adepte des « théories du complot ». 

« Les événements du 28 septembre sont la conséquence logique de la volonté de Dadis d’ôter la tenue pour se présenter comme candidat. C’est ce qui est à l’origine de cela. (…) Il n’a rien dit. Il se lance dans une rhétorique politique plutôt que de se défendre par rapport aux faits qui lui sont reprochés », a déclaré Me Lansiné Sylla, avocat de Toumba. Le président du tribunal, Ibrahima Sory II Tounkara, a renvoyé l’audience au 13 décembre pour la suite des débats.

Guinée : Alpha Condé sanctionné par le Trésor américain

L’ex-chef de l’Etat guinéen est accusé d’être impliqué dans « de graves violations des droits de l’Homme ».Le Bureau de contrôle des actifs étrangers (OFAC) du Trésor américain affirme avoir pris les sanctions contre Alpha Condé au terme « d’une enquête et d’une procédure approfondies et pluriannuelles ».

« Ni cette décision ni le moment de son annonce ne sont liés à la transition en cours vers la démocratie de la Guinée. La promotion du respect des droits de l’Homme est au cœur de la politique étrangère des États-Unis, et cette décision souligne notre engagement à soutenir les droits de l’Homme dans le monde », explique la structure dans un communiqué reçu vendredi 9 décembre 2022 à APA.

Selon le document, les forces de sécurité guinéennes se sont livrées à des violences contre les partisans de l’opposition avant le référendum constitutionnel de mars 2020 et pendant et après l’élection présidentielle d’octobre 2020.

Il note également qu’au début de l’année 2020, le président Condé qui a dirigé la Guinée de 2010 à 2021 avant d’être déposé par des militaires dirigés par le colonel Mamadi Doumbouya, avait ordonné aux ministres de créer une unité de police chargée de répondre aux manifestants contre son régime, en recourant à la violence si nécessaire.

Dans la foulée de l’élection présidentielle de 2020, le Bureau de contrôle des actifs étrangers (OFAC) du Trésor américain révèle que les forces de sécurité ont utilisé une force excessive pour disperser les partisans de l’opposition. Entre autres incidents, les forces de sécurité ont tiré à balles réelles sur des foules qui manifestaient.

Il ajoute qu’après l’élection présidentielle, les forces de sécurité ont tué une douzaine de personnes, certaines d’entre elles à bout portant, alors qu’elles ne représentaient aucun danger immédiat pour les forces de sécurité.

« Alpha Condé est donc désigné en vertu du décret présidentiel (E.O.) 13818 comme étant une personne étrangère qui est ou a été un dirigeant ou un responsable d’une entité, y compris toute entité gouvernementale, qui s’est livrée, ou dont les membres se sont livrés, à de graves violations des droits de l’Homme en rapport avec son mandat », conclut le Bureau de contrôle des actifs étrangers (OFAC) du département du Trésor des Etats-Unis.

Covid-19 : baisse de la charge pandémique en Afrique (OMS)

Le nombre actuel de cas de Covid-19 n’exerce pas de pression significative sur les structures de santé, car le nombre d’hospitalisations reste faible.Au moment où l’Afrique enregistre son plus bas niveau de nouveaux cas de Covid-19 depuis le début de la pandémie en 2020, une récente augmentation de quatre semaines souligne l’importance de la vigilance à l’approche des fêtes de fin d’année. Il s’agit de la première augmentation soutenue de ce type en quatre mois, rapporte le Bureau Afrique de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dans un son dernier rapport reçu ce jeudi à APA.

L’organisme onusien souligne que cette hausse de cas a été enregistrée jusqu’au 20 novembre, mais le nombre de nouveaux cas a légèrement diminué au cours des deux dernières semaines se terminant le 2 décembre 2022, rompant ainsi la tendance à la hausse.

Toutefois, les nouveaux cas signalés fin novembre représentent moins de 10 % des cas enregistrés à la même période en 2021 et 2020. « Bien que les décès liés à la pandémie aient augmenté de 14 % au cours de la semaine se terminant le 27 novembre par rapport à la semaine précédente, ils sont restés faibles (53), soit environ 4 % des décès enregistrés au cours de la même période en 2021 et 2020. Le nombre actuel de cas de Covid-19 n’exerce pas de pression significative sur les structures de santé, car le nombre d’hospitalisations reste faible », a expliqué l’OMS.

« Malgré la récente résurgence, il y a de l’espoir que l’Afrique sera épargnée des difficultés qu’elle a connues ces deux dernières années, lorsque la hausse des cas et des décès avait réduit à néant tout espoir de vie normale et engendré de profondes désolations. Même si les tendances actuelles permettent de maîtriser la pandémie, nous suivons de près l’évolution de la situation. Nous devons rester vigilants, continuer à accroître la couverture vaccinale et être prêts à adopter des mesures de prévention plus strictes, si cela s’avère nécessaire », a indiqué Dr Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour l’Afrique.

Selon elle, les investissements réalisés ces trois dernières années dans la lutte contre la Covid-19 portent leurs fruits. La Région est mieux outillée pour faire face au virus et ses systèmes d’intervention d’urgence sanitaire ont été renforcés.
En 2022, la réduction globale de la charge pandémique en Afrique allège la pression sur les ressources nationales de santé publique, ce qui donne l’occasion aux pays de renforcer les services de santé perturbés et de porter plus d’efforts sur d’autres priorités de santé publique telles que la vaccination de routine, la surveillance des maladies et la riposte à d’autres épidémies.

Grâce à une surveillance renforcée, cette année la Région a signalé jusqu’à présent 106 épidémies et situations d’urgence sanitaire liées à des crises humanitaires, soit près de 17 % de plus qu’en 2021 et presque autant qu’en 2019 avant l’apparition de la pandémie de Covid-19. Environ 25 épidémies de maladies évitables par la vaccination ont aussi été signalées en 2022. Selon un décompte de l’OMS, treize épidémies ont été signalées en 2020 et 19 en 2021.

Guinée : Ibrahima Sory 2 Tounkara, le « discret » juge du 28-Septembre

Avant le procès du massacre du 28-Septembre, le juge Ibrahima Sory 2 Tounkara était peu connu du grand public.En Guinée, le procès du massacre du stade du 28 septembre 2009 se poursuit, plus de deux mois après son ouverture. Ce procès historique met en cause onze anciens officiels militaires et gouvernementaux guinéens dont l’ex-chef de la junte, le capitaine Moussa Dadis Camara. Les audiences se déroulent au tribunal criminel de Dixinn, délocalisé dans la Cour d’appel de Conakry, sous la présidence d’Ibrahima Sory 2 Tounkara, un juge de 45 ans qui suscite l’attention de plusieurs observateurs depuis le début du procès.

Malgré la froideur de son regard plongé dans un front plissé, le natif de Conakry paraît courtois avec toutes les parties, même avec la défense. Il tient coûte que coûte à vouloir faire respecter les droits des prévenus s’ils ne veulent pas répondre de nouveau aux questions des avocats ou si leur santé ne leur permet pas de durer à la barre. Lundi 5 décembre 2022, il a décidé de renvoyer le procès d’une semaine après que Moussa Dadis Camara lui a fait savoir qu’il était malade.

Toujours concentré sur son sujet, le juge Tounkara ne se laisse pas dominer par les réactions parfois hilarantes de certains accusés, à l’image de l’ancien chef de la garde présidentielle, Aboubacar Sidiki Diakité dit « Toumba ». Il ne manque pas de recadrer également les parties prenantes quand ça commence à aller dans tous les sens dans la salle d’audience.

« Le tribunal vous informe qu’il n’acceptera pas certains propos, surtout ethniques ou régionalistes. Ce procès n’est pas un procès ethnique ou régionaliste. Ce procès est organisé pour la manifestation de la vérité… Et ce sont des Guinéens qui sont là. Parce que toutes les composantes sont représentées dans ce procès. Donc, ce n’est pas dirigé contre une ethnie ou une région », a-t-il dit à l’entame de la 23e journée de ce procès, en novembre.

Un produit de l’école guinéenne

Menant jusque-là une carrière de magistrat loin des projecteurs, Ibrahima Sory 2 Tounkara présente le profil type d’un intellectuel formé par l’école guinéenne. Certaines personnes seraient tentées de dire qu’il est inspiré dans son choix de carrière par son frère aîné : Ibrahima Sory 1 Tounkara, magistrat aussi de son état et président du tribunal de première instance de la commune de Kaloum, à Conakry.

A la différence des adjectifs numéraux cardinaux contenus dans leur prénom commun, Ibrahima Sory 2 Tounkara dispose d’un parcours particulier avant d’obtenir des promotions au sein de la magistrature de son pays. Mohamed Lamine Diallo, avocat général à la Cour d’Appel de Conakry, considère d’ailleurs son collègue comme un « magistrat professionnel, discret et humble ».

Après avoir décroché son baccalauréat en 1998 au lycée du 2 octobre de Kaloum, Ibrahima Sory 2 Tounkara est orienté à la Faculté des sciences économiques et juridiques (FSJP) de l’Université Gamal Abdel Nasser de Conakry. Spécialisé en droit privé, il valide successivement son Diplôme d’études universitaires générales (Deug), sa Licence et sa Maîtrise avant d’être reçu au concours du Centre de formation et de documentation judiciaires (CFDJ).

Après sa formation dans la promotion 2007-2009 du CFDJ, il est nommé tour à tour juge correctionnel au tribunal de première instance de Kaloum et au tribunal de première instance de Mafanco, dans la capitale guinéenne. Il dirige ces juridictions jusqu’en 2018 et « assure la bonne marche de cette section à travers des décisions rendues en toute impartialité », selon des témoignages. C’est à la suite de ces expériences qu’il est appelé à présider le tribunal de première instance de Macenta (sud) avant son affectation au tribunal de première instance de Mamou (centre).

Après le renversement du président Alpha Condé en septembre 2021 par un groupe d’officiers militaires dirigés par le colonel Mamady Doumbouya, les nouvelles autorités guinéennes opèrent un vaste changement dans l’appareil judiciaire. Ibrahima Sory 2 Tounkara est d’abord nommé président du tribunal de première instance de Coyah (ouest) avant d’atterrir en septembre 2022 au tribunal de première instance de Dixinn. Il reçoit pour mission principale d’« organiser et diriger le service pour une meilleure administration de la justice ».

Professionnel ou partisan ?

Ainsi, depuis le 28 septembre, il dirige le procès du 28-Septembre au tribunal criminel de Dixinn. L’ancien chef d’Etat Moussa Dadis Camara et dix autres membres de son régime militaire y sont jugés pour des faits liés au massacre du 28 septembre 2009 au stade de Conakry. Selon le rapport d’une commission d’enquête internationale mandatée par les Nations unies, pas moins de 157 personnes ont été tuées, des centaines blessées et près de 109 femmes violées après un rassemblement de l’opposition dont le but était de dissuader le capitaine Dadis Camara de se présenter à l’élection présidentielle de janvier 2010.

« C’est une première dans notre pays. Et le président (Ibrahima Sory 2 Tounkara) se distingue par la sérénité de sa conduite des débats. La défense a tenté à plusieurs reprises de le déstabiliser mais il est resté serein et professionnel. Je pense qu’il mérite le poste de président à ce procès. Nous, nous attendons que cela se poursuive pendant tout le procès et nous espérons que cela va se faire et que ce procès-là va être une réussite pour le pays », a indiqué Me Alpha Amadou Bah, un des avocats de la partie civile, interrogé par APA.

Toutefois, à ce stade du procès, certains de ses confrères de la défense, à l’instar d’Antoine Pépé Lamah et Salifou Béavogui, ne veulent pas décerner une note positive au juge Ibrahima Sory 2 Tounkara. Ces dernières semaines, certains parmi eux ont dénoncé une attitude partisane du président du tribunal chargé de juger l’affaire du massacre du 28-Septembre.

« Nous avons constaté que le président est très calme et patient lorsque c’est le parquet qui intervient et laisse passer beaucoup d’irrégularités. Si c’est la partie civile qui intervient, il prend tout son temps pour écouter. Mais dès que la défense commence à intervenir, ce sont des interventions de types : + Maître, est-ce que c’est lié au dossier ? – Maître, cette question nous amène où ? – Maître, posez les questions ? – Maître, vous vous croyez supérieur. Vous êtes discourtois, je vous retire la parole. C’est toutes sortes de menaces, nous n’allons pas l’accepter. (…) Nos clients aussi ont des droits », s’insurgeait notamment Me Salifou Béavogui dans la presse guinéenne à l’encontre du juge Ibrahima Sory 2 Tounkara.

Guinée : la Cedeao recadre la junte sur le début d’exécution de la transition

Alors que le pouvoir de Conakry fixe le début d’exécution de la transition à janvier 2023, la Cedeao estime qu’elle doit démarrer immédiatement.La soixante-deuxième session ordinaire de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) qui s’est tenue le 04 décembre 2022 à Abuja, au Nigeria a livré ses grandes décisions concernant la Guinée et les autres pays en transition.

Alors que le président de la transition de la République de Guinée avait annoncé que le début d’exécution des 24 mois de la durée de la transition allait commencer en janvier 2023, la Conférence des chefs d’Etat de la Cédéao a tranché à l’issue de son 62e sommet.

Si l’organisation sous-régionale s’est félicitée du calendrier consolidé de transition de 24 mois, couvrant les dix (10) points prioritaires pour les autorités de transition, conjointement avec les experts de la Cédéao, elle insiste que sur le fait que « la mise en œuvre du calendrier de 24 mois commence immédiatement et non à une date ultérieure », comme l’avait indiqué le président de la transition guinéenne Mamadi Doumbouya fin octobre dernier, date de la mise en place de l’accord.

Levée graduelle des sanctions 

La Conférence demande instamment aux autorités guinéennes de tenir un dialogue national incluant l’ensemble des acteurs politiques sans exception, et de garantir la sécurité et la liberté de tous les participants. Les Chefs d’État et de Gouvernement expriment leur soutien au dialogue et se disent disposés à en faciliter la tenue dans leurs pays, si nécessaire précise la Cédéao.

Par ailleurs, la Conférence instruit la Commission de soutenir le dialogue national inclusif et appelle les partenaires internationaux à soutenir le processus de transition avec les ressources matérielles, financières et techniques nécessaires.

Ce sommet n’a pas été qu’une suite de mauvaises nouvelles pour les autorités de la transition guinéenne. Sous sanctions de la Cédéao depuis le 5 septembre 2021, elles seront graduellement levées selon la conférence des chefs d’Etat. Car à l’issue de ce sommet, elle a « instruit le Président de la Commission Dr Omar Alieu Touray, de veiller au respect des décisions relatives à la Guinée et de proposer au Président de la Conférence la levée progressive des sanctions économiques et financières imposées aux autorités de transition de cet Etat membre » a indiqué la Cédéao dans son communiqué final.

Guinée: «souffrant», Dadis Camara obtient la suspension de son procès

L’ex-chef de la junte militaire guinéenne a évoqué lundi 5 décembre ses soucis de santé pour obtenir le renvoi du procès du massacre du 28 septembre 2009.Le procès du massacre du 28 septembre 2009 se poursuit au tribunal spécial de Conakry. Après les auditions d’Aboubacar Sidiki Diakité, surnommé « Toumba », de Moussa Thiégboro Camara et de Claude Pivi,parmi les onze anciens officiels militaires et gouvernementaux accusés, c’était le tour du capitaine Moussa Dadis Camara ce lundi 5 décembre. Mais l’ancien chef de la junte militaire en Guinée (2008 – 2009) n’a pas duré à la barre, ayant réussi à convaincre le président du tribunal, Ibrahima Sory Tounkara, de renvoyer l’audience jusqu’à lundi prochain.

« Je veux vous dire, monsieur le président, avec tout le respect que j’ai pour votre auguste tribunal, j’en ai déjà informé le directeur de la garde pénitentiaire, le médecin chef de la garde pénitentiaire, depuis un très bon moment, je souffre. J’en ai déjà informé les avocats. Sauf pour votre respect, si effectivement vous m’obligez, monsieur le président, je ne suis pas au-dessus de la loi. (…) Mais en toute sincérité, je ne me sens pour le moment absolument (bien) », a-t-il affirmé à la barre sans préciser la nature de sa souffrance ni le délai pour son rétablissement.

« Si depuis plus de treize ans je me suis battu corps et âme, jusqu’à ce que je sois devant votre auguste tribunal, quels que soient les jours à venir, par la grâce de Dieu, je serai là devant votre tribunal, devant les éminents magistrats pour vous livrer ma part de vérité. Mais vous dire un, deux ou trois jours, je ne suis pas un homme qui aime mentir, je veux vous dire tout simplement monsieur le président, dès lors que je vais me rétablir, je serai même plus pressé, en toute sincérité » de venir répondre aux questions du tribunal, a ajouté Moussa Dadis Camara.

Après ce plaidoyer, le juge Ibrahima Sory Tounkara lui a fait savoir que le tribunal était « obligé » de suspendre les débats si son état de santé ne lui permettait pas d’y assister. Le président du tribunal a donc décidé de renvoyer l’audience jusqu’au 12 décembre 2022, soit d’ici une semaine.

Chef de la junte guinéenne du 23 décembre 2008 au 3 décembre 2009, le capitaine Moussa Dadis Camara est placé en détention depuis son retour en Guinée, il y a un peu plus de deux mois, à la veille de l’ouverture du procès du 28-Septembre, à la maison centrale de Coronthie, dans la capitale Conakry.

Il est poursuivi avec ses dix coaccusés de « meurtres, assassinat, viols, pillages, incendies volontaires, vol à main armée, coups et blessures volontaires, outrage à agents de la force publique, torture, enlèvement et séquestration, non-assistance à personne en danger, violence sexuelle, attentat à la pudeur, détention illégale de matériel de guerre de première catégorie et complicité de ces infractions » dans le cadre du massacre qui s’est déroulé le 28 septembre 2009 au stade de Conakry, à la suite d’un rassemblement de l’opposition interdit par les autorités militaires d’alors.

En effet, l’opposition guinéenne voulait dissuader le capitaine Camara, devenu chef de la junte militaire après la mort du général Lansana Conté, resté 24 ans au pouvoir, de se présenter à l’élection présidentielle de janvier 2010. Mais pas moins de 157 personnes ont été tuées, des centaines blessées et près de 109 femmes violées après la manifestation, selon le rapport d’une commission d’enquête internationale mandatée par les Nations unies.

Plusieurs victimes ou proches de victimes continuaient de réclamer depuis treize ans un procès alors que l’instruction des magistrats guinéens était close depuis fin 2017. Il manquait cependant une volonté politique du régime d’Alpha Condé pour vider ce lourd dossier judiciaire. Selon certains observateurs, l’ex-chef de l’Etat, renversé en 2021 après onze ans au pouvoir par un groupe de militaires dirigé par le colonel Mamadi Doumbouya, ne voulait pas se mettre à dos un certain nombre d’officiers qui s’étaient mis à son service après son élection.

Soldats ivoiriens détenus: vers de nouvelles sanctions contre Bamako

Depuis juillet dernier, des militaires ivoiriens sont détenus par Bamako pour « tentative de déstabilisation » de la transition.Les autorités maliennes disposent de moins d’un mois pour libérer les 46 soldats ivoiriens détenus à Bamako depuis juillet dernier pour « mercenariat ». Sans quoi, elles exposent le Mali à de nouvelles sanctions de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao).

Réunis dimanche 4 décembre en session ordinaire à Abuja, au Nigeria, les chefs d’État ouest-africains en sont arrivés à cette éventualité comme l’a déclaré le président de la Commission de la Cédéao, à la fin de la rencontre. Le président togolais, Faure Gnassingbé sera chargé de porter le message au colonel Assimi Goïta dans les prochains jours.

Cet ultimatum fait suite à l’échec de la médiation de la Cédéao dans ce contentieux. Saisie par Abidjan après que le colonel Goïta a exigé l’extradition de personnalités maliennes faisant l’objet de poursuites judiciaires chez elles, l’institution régionale avait envoyé une « mission de haut niveau » à Bamako pour obtenir la libération des des militaires ivoiriens, en vain. Le maintien en détention de 46 d’entre-eux après la médiation de Lomé ayant abouti à la libération des trois femmes du groupe, préoccupe toujours la Cédéao.

La menace de nouvelles sanctions contre le Mali risque cependant de ne pas « résoudre le problème ». « Quoique l’on pense du dossier, elle est en instance devant les juridictions du Mali », rappelle, sous le sceau de l’anonymat, un chercheur ouest-africain en sciences politiques. Ce dernier doute de l’efficacité d’un nouvel embargo après celui infligé au Mali de janvier à juillet 2022 pour son refus de remettre le pouvoir aux civils dans des délais raisonnables.

Pour le même chercheur, un pays comme « le Sénégal ne peut pas se permettre de refermer ses frontières pour un contentieux bilatéral de cette nature et dans un contexte économique propre ». La Cédéao n’a pas précisé la nature des sanctions qui seront infligées à Bamako, souligne notre interlocuteur qui déconseille d’ores et déjà une « intervention militaire ». « Le Mali n’est pas la Gambie ou la Guinée Bissau », prévient le chercheur.

Mali : L’OMVS inaugure un barrage hydroélectrique

La capacité de production du nouvel ouvrage de l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal est estimée à 140 mégawatts.C’est un jour important pour les pays  membres de l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal  (OMVS). Ce samedi 3 décembre, sera inauguré au Mali le barrage  hydroélectrique de Gouina, situé dans l’arrondissement de Diamou, à 45 kilomètres de Kayes. La cérémonie sera co-présidée par le Colonel  Abdoulaye Maïga, Amadou Ba, Mohamed Bilal Messaoud et Bernard Gomou,  respectivement premier ministre du Mali,  du Sénégal, de la Mauritanie  et de la Guinée Conakry.

D’une  capacité de 140 mégawatts (MW), précise un communiqué du gouvernement  malien, l’ouvrage a été financé grâce à un prêt contracté solidairement  par le Mali, la Mauritanie et le Sénégal auprès de la banque chinoise de  promotion des exportations (EXIMBANK).

La  pose de la première pierre de ce projet a été effectuée en décembre  2013, mais les travaux ont officiellement démarré en novembre 2016.

L’infrastructure  est située sur le fleuve Sénégal, avec une hauteur de barrage de 19  mètres, une longueur de 1371 mètres et une capacité de stockage de 136  millions de mètres cubes et est reliée à la société de gestion de  l’électricité de Manantali (SOGEM) qui produisait déjà 260 mégawatts à  partir de Manantali et de Féllou. La production de 140 mégawatts par le  nouvel ouvrage inauguré ce samedi accroît la capacité  d’approvisionnement au bénéfice des pays membres.

«  Depuis le démarrage du premier groupe de la centrale hydroélectrique de  Manantali au d’octobre 2001, l’OMVS a délivré aux sociétés  d’électricité des trois Etats membres une énergie propre et bon marché à  hauteur de 53% pour le Mali, 33% pour le Sénégal et 15% pour la  Mauritanie, grâce à deux lignes à haute tension interconnectées  d’environ 1500 km », indique en décembre 2021 l’OMVS. L’organisation  précise que « l’énergie de Manantali a servi à alimenter d’abord les  capitales Bamako, Dakar et Nouakchott et les autres villes secondaires  comme Kayes, Matam, Podor, Dagana, Rosso, Boghé, Kaédi etc ».

Créée en 1972 par le Sénégal, le Mali et la Mauritanie, l’OMVS a enregistré l’adhésion de la Guinée en 2006.

Médias: les organes de régulation de l’Uémoa en conclave au Sénégal

La lutte contre les discours de haine était au menu de cette rencontre tenue récemment dans la capitale sénégalaise.Les pays membres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uémoa) s’engagent à lutter contre la prolifération des discours de haine et la désinformation. Ainsi, leur organe de régulation de l’audiovisuel ont tenu leur 9e Assemblée générale, jeudi 24 et vendredi 25 novembre 2022 au Sénégal, rapporte l’Agence de presse sénégalaise  (Aps, publique).

L’évènement de deux qui a également vu la participation de la République de Guinée avait pour thème :  »La lutte contre la prolifération des discours de haine ou violents dans les médias et la désinformation ».

Selon Babacar Diagne, président du Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA) du Sénégal, « cette rencontre est l’occasion pour nous d’aborder cette thématique qui est d’une importance capitale pour les pays africains en général et ceux constituant notre chère plateforme en particulier ».

« Les technologies élargissent le champ du possible en matière de communication, fragilisant en même temps les socles de sociétés traditionnellement multiculturelles et ethniques », a indiqué M. Diagne, par ailleurs ancien directeur général de la Radio Télévision Sénégalaise (RTS, publique).

Poursuivant, il a souligné que « de la liberté d’expression dont le principe est universalisé et renforcé par la radio et la télévision ouvertes aux interpellations citoyennes, notre monde a progressivement glissé vers l’universalité  de contenus ».

Prenant la parole, le président de la Haute Autorité de la communication audiovisuelle (HACA) de Côte d’Ivoire, René Bourgoin a affirmé que « cette Assemblée qui nous réunit traduit clairement notre vision commune et mieux notre détermination à renforcer nos systèmes de régulation face à tous les défis auxquels nous faisons face ».

Afrique : ces anciens présidents qui s’activent pour la paix

Plusieurs anciens chefs d’Etat africains ont réussi leur reconversion en offrant leurs services pour une paix politique durable sur le continent.En Afrique, ce ne sont pas tous les chefs d’Etat qui s’inquiètent de leur devenir au moment de quitter le pouvoir. Ces dernières années, ils sont nombreux à avoir passé pacifiquement la main à un successeur élu par leurs compatriotes pour entamer une seconde vie. Si certains préfèrent se retirer de la politique et profiter de leur retraite, d’autres choisissent par contre de rester sur la scène internationale pour apporter leur expertise dans la construction d’une Afrique démocratique.

Dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC) par exemple, Uhuru Kenyatta travaille depuis quelques semaines pour mettre fin aux affrontements violents entre l’armée et les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23). Après avoir transmis le pouvoir à son successeur William Ruto, il y a un peu moins de trois mois, l’ex-chef de l’Etat kenyan s’emploie pour une résolution de cette crise dans laquelle le Rwanda est accusé de soutenir la rébellion du M23, qui a pris du galon ces derniers mois.

En tant que nouveau facilitateur de la Communauté des États d’Afrique de l’Est (EAC, sigle anglais) pour la paix dans la partie orientale de la RDC, M. Kenyatta mène sa mission avec panache. Il a achevé lundi 14 novembre un séjour de deux jours à Kinshasa, la capitale congolaise, lors duquel il a consulté des ministres, des diplomates ainsi qu’une quarantaine de représentants des communautés des deux Kivu et de l’Ituri. Parmi eux, des chefs coutumiers et des membres de la société civile qui ont fait le déplacement.

De présidents à médiateurs africains

Plus loin, dans la région ouest du continent où plusieurs pays sont perturbés par la violence jihadiste et les séries de coups d’Etat, d’anciens chefs d’Etat y sont sollicités pour la recherche de la paix et négocier des transitions « raisonnables » avec les juntes militaires. C’est le cas de Mahamadou Issoufou qui a dirigé le Niger de 2011 à 2021.

Médiateur de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) pour le Burkina Faso, où il a d’ailleurs obtenu la réduction de la durée de la transition à 24 mois au lieu des 36 initialement prévus par la junte au pouvoir, il parcourt régulièrement la région puisqu’il est aussi à la tête du Panel indépendant de haut niveau sur la sécurité et le développement au Sahel. Cette mission lui a été « confiée (par) le Secrétaire général des Nations unies en rapport avec l’Union africaine (UA), la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) et le G5 Sahel », expliquait M. Issoufou lors d’une récente audience à Bamako avec le colonel Assimi Goïta, le président de la transition du Mali, un pays où les allers-retours de l’ancien président nigérian, Goodluck Jonathan (2010 – 2015), sont également fréquents en sa qualité de médiateur de la Cédéao.

En Guinée, l’ancien président béninois Thomas Boni Yayi (2016 – 2016) a réussi à rapprocher les positions de l’organisation régionale et la junte militaire dirigée par le colonel Mamady Doumbouya. Après une médiation de plusieurs mois du prédécesseur du président Patrice Talon, les autorités militaires de Conakry ont accepté de rendre le pouvoir aux civils au bout de deux ans en lieu et place des trois ans prévus. « Dans un compromis dynamique, les experts de la Cédéao et de la Guinée ont conjointement développé un chronogramme consolidé de la transition étalé sur 24 mois », s’était réjoui en octobre l’organisation régionale.

Destins tragiques

Ainsi, la liste des anciens chefs d’Etat africains présents sur la scène internationale n’est pas exhaustive. Mais force est de constater que leur destin est plus honorifique que le sort de certains de leurs pairs comme le Burkinabè Blaise Compaoré, les Guinéens Alpha Condé et Moussa Dadis Camara ou encore l’Ivoirien Laurent Gbagbo. Ces derniers ont été obligés de quitter le pouvoir par la rue ou par l’armée avant de connaître des déboires judiciaires.

En Guinée notamment, le procès de l’ex-chef de la junte Moussa Dadis Camara avec une dizaine de co-accusés dans le massacre du stade du 28 septembre 2009 se poursuit à Conakry. Renversé par l’armée un an après son élection pour un troisième mandat, son successeur Alpha Condé vit lui-aussi des moments difficiles loin de son pays. La justice guinéenne a ordonné le 3 novembre dernier des poursuites contre l’ex-président, actuellement en Turquie pour raisons « médicales », et plus de 180 de ses anciens ministres et cadres, pour des faits présumés de corruption.

Guinée : la Justice poursuit Alpha Condé et ses ex collaborateurs

La justice guinéenne accuse des dignitaires de l’ancien régime d’être responsables de plusieurs délits dont celui d’enrichissement illicite.Les ennuis judiciaires se poursuivent pour les dignitaires du défunt régime guinéen. Dans une lettre adressée aux Procureurs Généraux près les Cours d’Appel de Conakry et de Kankan (est), le ministre de la Justice, Alphonse Charles Wright, a enjoint ces derniers à ouvrir des enquêtes sans délai sur des faits présumés de corruption, enrichissement illicite, blanchiment d’argent, faux et usage de faux en écriture publique, détournement de deniers publics et complicité contre Alpha Condé et 187 de ses anciens collaborateurs.

« Il est impératif d’ouvrir des enquêtes judiciaires pour élucider l’origine des fonds de ces différents comptes sans que cela ne porte préjudice au dégel lorsqu’il sera établi de manière contradictoire que ces comptes sont exempts de toutes présomptions d’enrichissement illicite, de détournement de deniers publics au détriment du peuple de Guinée qui subit des conséquences néfastes de pauvreté, de chômage notamment », lit-on dans la missive.

Le ministère de la Justice rappelle que c’est sur la base des présomptions graves et concordantes de corruption, d’enrichissement illicite, de blanchiment d’argent, de faux et usage de faux en écriture publique, de détournement de deniers publics y compris la complicité que les comptes des personnes mises en cause ont été gelés pour éviter toute dissimulation des preuves financières qui peut être préjudiciable aux procédures d’enquête, d’instruction et de jugement.

Plusieurs personnes citées dans cette nouvelle injonction de poursuite croupissent en prison depuis plusieurs mois pour les mêmes types d’accusation. C’est le cas de l’ancien Premier ministre, Ibrahim Kassory Fofana, de l’ancien ministre de la Défense, Mohamed Diané.

Depuis le 5 septembre, la Guinée est dirigée par une junte militaire après un coup d’Etat du Colonel Mamadi Doumbouya contre Alpha Condé.

La Cédéao a-t-elle gagné la partie face aux juntes militaires ?

Les juntes militaires au Mali, au Burkina Faso et en Guinée ont accepté une transition de deux ans après un bras de fer avec la Cédéao.La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) n’entend se plier face aux putschistes de la région. Au moment où certains appellent à sa réforme, l’institution régionale travaille à mettre fin à l’épidémie de coups d’Etat, cinq au total, qui a touché, en l’espace de deux ans, le Mali, le Burkina Faso et la Guinée.

Le président en exercice de l’institution régionale, le président bissau-guinéen Umaro Sissoco Embaló, qui a lui-même failli être renversé en février dernier dans une tentative de putsch, avait évoqué cinq mois plus tard à Paris, en France, l’idée de la création d’une « force anti-putsch », sans toutefois en dévoiler les modalités concrètes.

Toutefois, la Cédéao a réussi à imposer un agenda de deux ans aux juntes militaires malienne, burkinabè et guinéenne. Mais ces dernières ont gagné beaucoup de temps avant de renoncer à s’aligner sur les 24 mois exigés par la Cédéao.

Au Mali, où le président Ibrahim Boubacar Keïta a été évincé en août 2020 par un groupe de militaires dirigé par le colonel Assimi Goïta, les autorités de transition avaient présenté un calendrier de cinq ans, suscitant une réaction indignée de la Cédéao qui a sanctionné le pays par un embargo entre janvier et juillet 2022. Le pouvoir malien a été obligé de revenir sur sa décision puisque le colonel Goïta allait signer en juin un décret pour fixer à 24 mois la durée de la transition, « à compter du 26 mars 2022 », avec en perspective l’organisation des élections en février 2024.

Des putschistes qui tiennent parole ?

En visite à la mi-octobre à Bamako, la sous-secrétaire d’Etat américaine aux affaires politiques, Victoria Nuland, constate que les autorités maliennes tiennent jusqu’à présent leurs promesses d’organiser les élections présidentielle et législatives à date échue. « Je vais répéter ce que j’ai dit au Mali, à savoir que jusqu’à présent, d’après ce que nous avons pu vérifier, le gouvernement intérimaire malien tient son engagement de respecter le calendrier convenu pour les élections en 2024 », a affirmé la diplomate américaine.

Au Burkina, un pays du Sahel victime comme le Mali de la violence jihadiste, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba a dirigé en janvier 2022 le commando qui a renversé le président Roch Marc Christian Kaboré. S’il s’était accordé avec la Cédéao de mener une transition « raisonnable (…) de 24 mois à compter du 1er juillet 2022 au 1er juillet 2024 », M. Damiba ne restera que huit mois comme chef de la junte burkinabè. Victime à son tour d’un coup d’Etat mené par le capitaine Ibrahim Traoré, âgé de 34 ans, il est contraint à la démission dimanche 2 octobre avant de se réfugier à Lomé, au Togo.

Dès sa prise du pouvoir, le jeune capitaine burkinabè s’est engagé à respecter la durée de la transition conclue avec la Cédéao par son prédécesseur. Après avoir été désigné chef de l’Etat lors des Assises nationales organisées du 14 au 15 octobre dans la capitale Ouagadougou, Ibrahim Traoré a signé la Charte de la transition de 21 mois, « à compter du 2 octobre 2022 ». Il respecte ainsi ses engagements d’un retour des civils au pouvoir en juillet 2024 à l’issue d’une élection présidentielle.

Menacée de sanctions par le président en exercice de la Cédéao, la Guinée est rentrée tardivement dans les rangs. En effet, la junte qui dirige ce pays depuis le coup d’Etat du 5 septembre 2021 contre le président Alpha Condé, a accepté de rendre le pouvoir aux civils au bout de deux ans en lieu et place des trois ans prévus. « Dans un compromis dynamique, les experts de la Cédéao et de la Guinée ont conjointement développé un chronogramme consolidé de la transition étalé sur 24 mois », se réjouissait en octobre dernier l’organisation régionale dans un communiqué.

La sécurité, l’autre défi de la Cédéao

Toutefois, le chef de la junte guinéenne, le colonel Mamadi Doumbouya, a précisé que ce calendrier prendrait effet à compter du 1er janvier 2023, soit un peu plus de deux ans après sa prise du pouvoir. La Cédéao n’a pas validé cette décision unilatérale de Conakry. Le calendrier devrait être présenté au prochain sommet de l’organisation régionale, prévu avant la fin de l’année, « pour son approbation afin de déclencher sa mise en œuvre », affirme la Cédéao.

Traitée de « syndicat de chefs d’Etat » par une partie de l’opinion publique ouest-africaine, la Cédéao est appelée à se réformer par d’autres pour mieux prendre en compte les aspirations des peuples ouest-africains surtout au point de vue sécuritaire. En effet, le contexte géopolitique dans la région est marqué par la percée des groupes jihadistes et des réformes constitutionnelles contestées dans certains pays dont l’objectif est de permettre au président sortant de se maintenir au pouvoir. Selon plusieurs observateurs, ces situations expliquent la survenue des coups d’Etat ces deux dernières années au Mali, au Burkina en Guinée.

« Fondamentalement, il me semble que la Cédéao ne doit pas simplement s’intéresser aux aspects politiques. Elle doit aussi s’impliquer dans la sécurisation du territoire. Sur ce point, il n’y a pas jusqu’à présent d’indications claires de la part des organes de la Cédéao pour montrer qu’en tant qu’organisation régionale, comme elle l’avait fait pour le Liberia et la Sierra Leone, elle s’implique vraiment militairement dans la recherche de la paix et la sécurité au Burkina Faso. Si cela ne se fait pas, il va être maintenant difficile d’exiger à ces militaires d’organiser des élections dans » des délais raisonnables pour un retour des civils au pouvoir dans leurs pays respectifs, explique à APA Ibrahima Kane, spécialiste des questions régionales.

Les liens du nouveau Premier ministre britannique avec l’Afrique

L’ex-ministre de l’Économie a été nommé lundi dernier chef du gouvernement britannique, quatrième occupant du poste depuis 2016.Les Indiens le revendiquent peut-être, mais le nouveau Premier ministre du Royaume-Uni, Rishi Sunak, a des liens profonds avec l’Afrique dont très peu ont parlé depuis qu’il a été confirmé comme le prochain homme politique en charge du « Number 10 Downing Street » (siège du Bureau du Premier ministre).

A 42 ans, cet homme politique formé à Oxford est le plus jeune Premier ministre de Grande-Bretagne après Robert Jenkinson, qui a occupé ce poste entre 1812 et 1827.

Il a été confirmé comme le quatrième Premier ministre du Royaume-Uni depuis 2016, son prédécesseur immédiat, Mme Truss, n’ayant tenu que 45 jours du fait d’une succession de politiques économiques désastreuses qui ont rendu sa position de Premier ministre de plus en plus intenable.

Avec plus de 150 députés soutenant sa candidature au poste de Premier ministre, M. Sunak a battu sa rivale Penny Mordaunt, qui n’a pas pu réunir le seuil de 100 soutiens au sein du Parti conservateur pour l’empêcher d’avoir une deuxième chance pour le poste.

Depuis lors, on parle beaucoup de cet homme marié et père de deux enfants. Les parents de Sunak sont d’origine indienne et ont quitté le Kenya pour s’installer en Grande-Bretagne dans les années 1960.

Avec un père né au Kenya et une mère née en Tanzanie voisine, les liens de Sunak avec l’Afrique ont montré à quel point la politique britannique a évolué depuis l’époque où la seule place pour les noirs et les métis était en marge de la société britannique de l’après-guerre.

Les parents de Sunak ont émigré en Grande-Bretagne au milieu d’un exode sauvage d’immigrants d’Inde et d’autres pays du Commonwealth qui a commencé à la fin des années 1940.

Il est né à Southampton le 12 mai 1980, une année mémorable pour la Grande-Bretagne, où le Premier ministre conservateur Margret Thatcher a exercé son influence sur la politique du pays, marquée par les grèves, et sur la guerre coûteuse contre l’Argentine, dirigée par une junte, pour les îles Falkland (les îles Malouines), deux ans plus tard.

L’ancien chancelier de l’Echiquier (ministre des Finances et du Trésor) sous Boris Johnson de 2020 à 2022 a hérité des défis de Liss Truss pour ramener l’économie britannique en difficulté vers des climats plus calmes et combler le fossé qui divise le parti conservateur au pouvoir, qui talonne le parti travailliste dans les sondages d’opinion.

C’est la raison pour laquelle M. Sunak n’a exprimé aucun désir de répondre à l’appel des travaillistes à organiser des élections générales et à tester la popularité des conservateurs au pouvoir.

Entre-temps, c’est un curieux coup du sort que Sunak, qui avait prédit la catastrophe d’un programme de réduction des impôts inspiré par Truss lorsqu’ils se sont affrontés pour les votes au poste de Premier ministre en septembre 2022, soit maintenant destiné à les réparer alors que le temps ne joue pas en sa faveur.

S’exprimant pour la première fois depuis qu’il est clair qu’il sera Premier ministre, l’ancien homme d’affaires a déclaré qu’il faudrait du temps pour s’attaquer aux pièges de l’économie et stabiliser à nouveau la livre sterling (monnaie britannique) après avoir connu une période torride ces deux derniers mois.

Une série de politiques économiques peu judicieuses, résumées dans un mini-budget proposant des réductions d’impôts, l’abolition du taux supérieur d’imposition de 45%, des réductions de l’impôt sur le revenu de base et la suppression des droits de timbre, entre autres, ont fait chuter les marchés financiers et la livre sterling a atteint des niveaux sans précédent au début du mois d’octobre.

Cette situation a précipité la chute de Mme Truss après seulement 45 jours de mandat et a donné lieu à des tractations en coulisses pour savoir qui devait la remplacer.

L’homme politique originaire de Southampton a perdu le vote au profit de Truss le mois dernier, mais a rapidement réalisé un retournement de situation quelques semaines plus tard, lorsque le Premier ministre britannique a connu la plus courte durée de vie (du 6 septembre au 25 octobre 2022).

Le reste du monde a depuis été fixé par les profondes divisions au sein du parti conservateur qui, en l’espace de six ans, a dû changer de Premier ministre, passant de David Cameron à Theresa May, Boris Johnson, Liss Truss et Rishi Sunak.

La tâche urgente de Rishi Sunak est non seulement de combler les divisions au sein du parti conservateur, mais aussi de surmonter la tempête économique causée par les mesures désastreuses prises par son prédécesseur et de restaurer la place de la Grande-Bretagne en tant que nation respectée en Europe et dans le reste du monde.

Comme on pouvait s’y attendre, l’Inde s’est enflammée à l’annonce de l’imminence de la nomination de M. Sunak au poste de Premier ministre, après avoir parcouru un long chemin depuis une relative obscurité politique jusqu’à devenir l’homme politique le plus puissant de Grande-Bretagne.

En tant que Premier ministre d’origine asiatique, certaines chaînes de télévision indiennes se sont réjouies de voir l’un de leurs fils « s’élever au-dessus de l’empire’ et assister avec plaisir à la boucle de l’histoire en Grande-Bretagne ».

Il y a quelques mois, l’opinion de Sunak sur une société ouverte a été relativisée lorsqu’il a exprimé son désir ardent de voir la réputation de la Grande-Bretagne comme le pays le plus sûr et le plus agréable au monde pour être gay.

Bien que les sondages d’opinion menées il y a deux ans l’ont hissé au rang de Chancelier britannique le mieux noté depuis Denis Healey, sa popularité a depuis légèrement diminué en raison de ce qui est perçu comme une réponse inadéquate à la période économique éprouvante que traverse la Grande-Bretagne.

Guinée : la junte fait volte-face sur la durée de la transition

Le Comité National pour le Rassemblement et le Développement (CNRD) a accepté de réduire la durée de la transition de 36 à 24 mois.Sous la menace des sanctions de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), la junte guinéenne, dirigée par le colonel Mamadi Doumbouya depuis septembre 2021, a cédé sur la durée de la transition. De 36 mois, elle s’est résolue à faire une transition de 24 mois, a appris APA ce vendredi auprès de la mission technique d’évaluation du chronogramme de la Cédéao qui a séjourné à Conakry du 16 au 21 octobre.

Le but de la mission était de permettre aux experts de la Cédéao de travailler conjointement avec ceux de la Guinée afin de développer un chronogramme de transition acceptable pour un retour à l’ordre constitutionnel.

Dirigée par Dr Abdel-Fatau Musah, Commissaire aux affaires politiques, paix et sécurité de la Cédéao, cette mission a été soutenue par Boni Yayi, ancien président de la République du Benin et médiateur de l’organisation sous-régionale pour la Guinée.

« La partie guinéenne a présenté aux experts de la Cédéao un agenda de la transition en dix points, étalés sur une période de trente-six mois », précise le rapport technique.

Il ajoute qu’« aux termes des travaux, dans un compromis dynamique, les experts de la Cédéao et de la Guinée ont conjointement développé un chronogramme consolidé de la transition étalé sur 24 mois couvrant les dix points ».

Les autorités de la transition ont demandé à la Cédéao de leur fournir l’appui technique et financier nécessaire pour la mise en oeuvre du chronogramme de 24 mois accepté d’accord parties.

Elles ont également demandé à la Cédéao de bien vouloir engager un plaidoyer, conjointement avec la junte, auprès des partenaires techniques et financiers pour la mobilisation des ressources matérielles, financières et techniques nécessaires pour la réussite de la transition.

« Les experts de la Cédéao et de la Guinée ont conjointement recommandé la mise en place diligente d’un Comité de suivi-évaluation de la mise en oeuvre de ce chronogramme », ajoute la commission technique.

La mission a demandé au médiateur de présenter ce chronogramme à la prochaine session de la Conférence des Chefs d’Etat et de gouvernement de l’organisation sous-régionale de décembre prochain pour son approbation afin de déclencher sa mise en œuvre.

La réduction de la durée de la transition est l’une des exigences des grandes coalitions politiques guinéennes et de certains acteurs de la société civile réunis au sein du Front National pour de la Défense de la Constitution (FNDC) qui a appelé à manifester, hier jeudi, malgré sa dissolution par le gouvernement.

Guinée : des morts dans des manifestations à l’appel du FNDC

Le Front National de la Défense de la Constitution (FNDC), malgré sa dissolution par la junte, continue la lutte pour le retour rapide des civils au pouvoir.Plusieurs personnes seraient décédées dans les manifestations qui ont éclaté jeudi 20 octobre à Conakry, à l’initiative du Front National de la Défense de la Constitution (FNDC).

Selon des médias locaux, les personnes tuées seraient pour la majorité des adolescents dont les proches ont annoncé des poursuites contre leurs bourreaux. Les autorités n’ont pas encore annoncé un bilan alors que le FNDC évoque aussi une vingtaine de blessés par balles.

Dissout en août dernier pour « activités subversives » par la junte au pouvoir depuis septembre 2021 suite à un coup d’État contre Alpha Condé, ce collectif de partis politiques et d’organisations de la société civile n’a pas, pour autant, abandonné sa lutte pour un retour à un ordre constitutionnel dans les plus brefs délais.

La veille des heurts entre manifestants et forces anti-émeutes, le médiateur de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), Boni Yayi, est arrivé à Conakry. Son séjour s’inscrit dans le cadre de la poursuite des échanges avec les militaires pour trouver un consensus sur la durée de la transition.

À l’occasion de leur Sommet extraordinaire du 22 septembre à New York, aux États-Unis, en marge de la 77e Assemblée Générale des Nations Unies, les chefs d’États de la Cédéao ont décidé de maintenir le contact avec les décideurs de Conakry, après avoir infligé des sanctions « graduelles au niveau diplomatique, économique et financier » contre la Guinée pour l’ « insuffisance de progrès en ce qui concerne l’établissement d’un chronogramme de transition acceptable ».

Le médiateur de la Cédéao, qui effectue son troisième séjour à Conakry depuis la prise du pouvoir par le colonel Mamadi Doumbouya, a assuré que l’ « espoir est permis », alors qu’un dialogue inclusif pour une transition apaisée, qui aurait dû s’ouvrir hier jeudi, a été reporté sine die.

COP27 : la Francophonie veut « inspirer le changement »

La 27e Conférence des Nations unies sur le climat (COP27) est prévue en novembre prochain au pays des pharaons.Les 88 États et gouvernements membres de l’Organisation internationale de la francophonie préparent leur participation à l’édition 2022 de la Conférence des Nations unies sur le climat (COP27) qui se tiendra à Charm el-Cheikh, en Égypte, du 6 au 18 novembre 2022. Ils comptent y défendre leurs priorités en matière d’atténuation, d’adaptation et de mobilisation de ressources pour faire face au changement climatique.

L’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) annonce également sa présence afin de soutenir les efforts de ses pays membres et des partenaires mais également pour faire valoir son action climatique.

« Sous le thème Inspirer le changement, le Pavillon de la Francophonie présentera les initiatives locales et nationales en lien avec la mise en œuvre des engagements nationaux en matière de lutte contre les changements climatiques », rapporte l’organisation dans un communiqué reçu ce jeudi à APA.

Le texte souligne qu’en marge de la COP27, la Francophonie organisera le 9 novembre une Concertation ministérielle autour de « L’accès facilité à la finance climat en faveur des pays francophones : synergies et initiatives ». Cette rencontre vise à favoriser une solidarité francophone pour des solutions et des initiatives pertinentes qui réduisent les obstacles à l’accès accru à la finance climat en Francophonie.

« L’Institut de la Francophonie pour le développement durable (IFDD) déploie des actions de renforcement de capacités, d’information, de concertation et d’appui à des projets concrets de développement durable (en énergie et en environnement pour le développement durable) », conclut le communiqué.