Le Mali dément la blessure par balle de l’aide de camp d’Assimi Goita

L’aide de camp du colonel Assimi Goïta n’est pas atteint par un tir, selon le gouvernement malien de la transition.Dans un article publié vendredi 11 novembre et réactualisé ce samedi, le quotidien français Libération fait savoir que le capitaine Souleymane Traoré, aide de camp du chef de la junte militaire au Mali, a été atteint par un tir au palais présidentiel de Koulouba, à Bamako, mercredi 2 novembre. « Une balle l’a atteint au niveau du thorax. Blessé, l’homme a survécu grâce à son gilet pare-balles, freinant l’impact du projectile », indique le journal, précisant que « l’incident a été confirmé par trois sources sécuritaires distinctes » avant de se demander s’il s’agit « d’un avertissement visant le président du Mali ou d’un règlement de compte entre militaires ».

Bamako n’est pas resté sans réaction après que cette information a fait le tour de la toile dans un contexte de guerre informationnelle entre Paris et Bamako. « Le gouvernement de la transition dément totalement les faits évoqués par le quotidien français Libération qui poursuit les activités subversives des médias +milles collines+ France 24 et Radio France internationale, interdits au Mali », a déclaré le Premier ministre intérimaire, le colonel Abdoulaye Maïga.

« En outre, il condamne cette manœuvre non professionnelle, désespérée, éhontée et immorale quotidien français Libération », a-t-il ajouté alors que le journal note que « la présidence n’a pas répondu à (ses) sollicitations ». Mais pour le gouvernement malien, « cet article est commandité et prémédité par les forces obscurantistes et rétrogrades ne visant qu’à créer la psychose et tenter désespérément à déstabiliser la transition, en décrivant un scénario macabre monté de toutes pièces ».

La junte au pouvoir à Bamako, suite à un double coup d’Etat en août 2020 contre le président Ibrahim Boubacar Keïta et en mai 2021 contre le président de la transition Bah N’daw, a renforcé sa coopération avec la Russie pour « combler le vide » laissé par la France, accusée d’« abandon en plein vol » dans la lutte contre l’insurrection menée par des groupes jihadistes depuis une décennie.

Les autorités maliennes qui ont fait appel à des « instructeurs russes » sont accusés par plusieurs médias et chancelleries occidentales de recourir aux services des « mercenaires » de la compagnie privée militaire russe controversée, Wagner.

En janvier dernier, le bras de fer entre Paris et Bamako a connu un tournant lorsque les autorités maliennes ont dénoncé les accords militaires qui liaient leur pays à la France depuis 2013, à la faveur de l’intervention Serval et ont demandé aux militaires français de quitter le territoire malien « sans délai ».

Le président français, Emmanuel Macron, avait indiqué alors que son pays se retirerait « en bon ordre » et ne transigerait pas sur la sécurité de ses soldats. Mercredi 9 novembre, il a annoncé la « fin officielle » de l’opération Barkhane même si l’armée française restera au Sahel sous un format « plus léger », répondant à « l’expression de besoins explicites venant des armées africaines ».

Mali : le chef de la diplomatie russe annoncé à Bamako

Cette visite de Sergueï Lavrov permettra de renforcer la coopération entre le Mali et la Russie.Ce n’est pas passé inaperçu. Jeudi 10 novembre, le ministre malien des Affaires étrangères l’ambassadeur de la Russie à Bamako. Igor Gromyko était venu remettre à Abdoulaye Diop l’invitation adressée au président de la transition malienne, Assimi Goïta au sommet Russie-Afrique prévu en juillet 2023 à Sotchi. Par la même occasion, le diplomate a annoncé à son hôte la visite prochaine de Sergueï Lavrov, ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie au Mali, sans préciser la date.

La Russie, l’allié « sûr »

Cette visite annoncée marquera un pas de plus dans le rapprochement entre le Mali et la Russie, dans un contexte de crise diplomatique entre Bamako et Paris. La junte au pouvoir suite au coup d’Etat de mai 2021 contre le président de la transition Bah N’daw, a renforcé sa coopération avec le Kremlin pour « combler le vide » laissé par la France, accusée d’ « abandon en plein vol » dans la lutte contre l’insurrection menée par des groupes jihadistes depuis une décennie. Dans la foulée, les autorités maliennes ont fait appel à des « instructeurs » considérés par leurs partenaires occidentaux comme des « mercenaires » de la compagnie militaire russe controversée, Wagner.

Fin de Barkhane

En janvier dernier, le bras de fer entre Paris et Bamako a connu un nouveau tournant lorsque les autorités maliennes ont dénoncé les accords militaires qui liaient leur pays à la France depuis 2013, à la faveur de l’intervention Serval et ont demandé aux militaires français de quitter le territoire malien sans délai.

Le président français, Emmanuel Macron avait indiqué que la France se retirera « en bon ordre » et ne transigera pas sur la sécurité de ses soldats. Mercredi 9 novembre, il a annoncé la « fin officielle » de l’opération Barkhane même si l’armée française restera au Sahel sous un format « plus léger », répondant à « l’expression de besoins explicites venant des armées africaines ».

« Notre partenariat n’a de sens que s’il répond à l’expression de besoins des armées africaines » (Emmanuel Macron)

Au Sahel, la présence de l’armée française doit cadrer avec les besoins exprimés des pays de la région.Comme annoncé, Emmanuel Macron a décrété la fin officielle de l’opération Barkhane qui avait vocation à combattre les jihadistes chassés du septentrion malien en 2013 par l’Intervention Serval. Le président français présentait mercredi 9 novembre, à Toulon, la Revue stratégique de défense et de sécurité nationale.

Pour le chef de l’Etat français, « les formes traditionnelles sur lesquelles se déclinait » la vocation de la France à être pourvoyeuse de sécurité en Afrique sub-saharienne, doivent être réinventées radicalement.

« Notre engagement aux côtés de nos partenaires en Afrique doit être désormais centré sur une logique d’appui et de coopération à leurs armées », réoriente Emmanuel Macron selon qui, « cela doit se traduire par un dispositif plus léger et plus intégré avec elles ». « C’est pourquoi, assure-t-il, nous lancerons dans les prochains jours une phase d’échange avec nos partenaires africain, nos alliés et les organisations régionales pour faire évoluer ce statut, le format et les missions actuelles des bases françaises au Sahel et en Afrique de l’Ouest, afin de bâtir avec les intéressés une organisation des instruments communs et partagés de soutien aux armées de la région ».

Dans cette perspective, le président français se donne six mois pour « finaliser » avec ses partenaires africains une stratégie centrée autour d’ « interventions bornées dans le temps ». Il s’agira surtout de « principes définis avec eux », déclinés « à l’échelle de chaque pays, selon les besoins qui seront exprimés » par chacun en termes d’ « équipements, de formations, de partenariats opérationnels, d’accompagnement dans la durée et d’intimité stratégique ».

Emmanuel Macron est convaincu que « notre partenariat n’a de sens que s’il est un partenariat véritable qui répond à l’expression de besoins explicites venant des armées africaines », s’inscrivant en « complémentarité des partenariats économiques, politique et administratif dans ces pays ».

De 5000, le dispositif militaire français a été réduit à 3000 soldats déployés au Niger, au Burkina Faso et au Tchad.

La décision de la France de sursoir à la forme actuelle du déploiement de ses forces armées en Afrique de l’Ouest intervient dans un contexte de dégradation de ses relations diplomatiques avec le Mali, sur fond de renforcement de la coopération entre ce pays et la Russie. Mais aussi d’une collaboration supposée de la compagnie militaire russe controversée, Wagner avec les décideurs de Bamako.

La junte au pouvoir depuis mai 2021 après un coup d’État contre le président de la transition qu’elle a même installé neuf mois plus tôt, nie la présence de mercenaires russes sur le sol malien et affirme qu’il s’agit plutôt d’ « instructeurs » appelés pour combler le vide laissé par la France accusée d’ « abandon en plein vol ».

« L’expertise en matière de fabrication d’explosifs change la donne sécuritaire au Sahel » (chercheure)

Les groupes jihadistes présents au Sahel n’engagent plus constamment leurs hommes en première ligne pour attaquer les ennemis, préférant recourir aux engins explosifs improvisés (EEI) afin de « poursuivre leur stratégie de terreur à moindre frais », soutient Solène Jomier, chargée de recherche au Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité (Grip).1. Ces dernières années, de nombreuses attaques à l’engin explosif improvisé ont été notées au Sahel central (Mali, Burkina et Niger). Comment expliquez-vous cela ? 

Ces armes sont relativement faciles à fabriquer car les composants sont disponibles sur le marché régulier (souvent des biens dits “à double usage”). Ce sont des armes bon marché, avec un rapport qualité/prix avantageux, financièrement abordables pour les groupes terroristes susceptibles de les fabriquer.

Pour confectionner ces armes, il faut cependant avoir à sa disposition l’expertise technique nécessaire. Il y a une dizaine d’années, les groupes terroristes actifs dans le Sahel ne disposaient que de manière marginale de ce type de connaissance. C’est avec l’émergence du conflit libyen et la chute de l’État islamique en Syrie et au Levant (qui a provoqué un exil de combattants vers le continent africain) que cette compétence s’est diffusée au Sahel.

2. Du point de vue stratégique, que représentent les engins explosifs improvisés pour les groupes jihadistes ? 

Les engins explosifs improvisés (EEI) sont une façon très simple et abordable pour les groupes terroristes de causer des pertes à leurs ennemis sans pour autant risquer la vie de leurs propres hommes. On est clairement dans un schéma de conflit asymétrique. Ces engins, par leur discrétion et leur relative imprédictibilité, participent à nourrir la stratégie de peur de ces groupes, qui cherchent à instiller un sentiment profond d’insécurité parmi les populations civiles et les forces de sécurité de l’État.

3. Dans l’arsenal des jihadistes, quelle place occupent les engins explosifs improvisés ? 

L’introduction de l’expertise en matière de fabrication d’engins explosifs improvisés dans le Sahel a clairement changé la donne sécuritaire. Il y a une dizaine d’années, des groupes comme al-Mourabitoun menaient avant tout des attaques armées avec leurs hommes en première ligne. On citera entre autres la prise d’otages du Radisson Blu à Bamako, au Mali (2015) ou bien l’incident d’In Amenas dans le Sud-Est de l’Algérie (2013).

Aujourd’hui, les engins explosifs improvisés sont devenus le mode opératoire privilégié des groupes jihadistes au Sahel. Moins coûteux en hommes et en matériels que des attaques armées coordonnées, les EEI permettent à ces groupes de poursuivre leur stratégie de terreur à moindre frais. Cette méthode n’est pas exclusive aux groupes jihadistes du Sahel, on la retrouve aussi chez les groupes armés islamistes présents au Moyen-Orient, comme en Irak ou bien en Afghanistan.

Cela traduit aussi le changement d’objectif des groupes terroristes dans la région. Ils n’ont plus l’ambition de contrôler des territoires (comme cela avait été le cas avec le contrôle de Tombouctou en 2012 par exemple), mais de les déstabiliser. Un objectif plus réaliste au regard de leurs capacités, mais tout aussi inquiétant pour l’avenir de la région.

Il ne faut cependant pas mettre au second plan les massacres de civils également commis par les groupes terroristes, en particulier dans la zone du Mali centre et celle des trois frontières (Mali, Burkina et Niger). C’est un mode opératoire de plus en plus fréquent ces trois dernières années, et particulièrement préoccupant.

4. Quel est l’impact des engins explosifs improvisés dans la guerre contre les jihadistes ? 

Les engins explosifs improvisés ont mis la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) en difficulté. Depuis sa création en 2013, au moins 177 Casques Bleus (chiffre ONU juillet 2022) sont morts dans des actes malveillants (c’est-à-dire qu’on exclut les morts par accident ou maladie). Cela fait d’elle la mission de maintien de la paix la plus meurtrière pour ses soldats depuis la création des Nations Unies.

Parmi ces 177 morts, au moins 93 ont perdu la vie à cause des engins explosifs improvisés (chiffre de juin 2022). Ces attaques à l’explosif ont également blessé au moins 698 civils et 596 Casques bleus depuis 2013.

Les violences ont connu un pic en 2021 avec la mort de 28 soldats de la paix dans l’explosion d’EEI et autres attaques armées. La mission paie donc un lourd tribut sur le terrain, qu’elle s’attelle à diminuer par d’importants efforts en matière de déminage et de lutte anti-EEI.

En 2022, la mission rapporte de multiples incidents – mortels ou non – toutes les semaines. On peut donc parler d’une fréquence élevée. Pour donner une échelle de grandeur, de juillet 2021 à juin 2022 (soit une année de mandat de la mission onusienne), la Minusma a répertorié 213 attaques à l’EEI, contre 149 pour la période précédente (juillet 2020 à juin 2021).

6. De quels moyens disposent les pays du Sahel et les forces étrangères pour faire face à cette menace grandissante ?

Les capacités des pays du Sahel pour détecter et désactiver en masse les EEI restent limitées au regard des besoins croissants de la région. Le partage de compétences sera un enjeu crucial afin de faciliter le rattrapage nécessaire à cet égard.

Face à des incidents qui se multiplient, la Minusma a mis en place une série d’actions afin de minimiser les risques et de limiter le nombre de victimes. Elle s’est notamment dotée d’équipes spécialisées dans la détection d’engins explosifs improvisés. On citera notamment les contingents cambodgiens déployés actuellement au sein de la mission et qui sont des spécialistes de renommée internationale en la matière.

L’introduction d’équipes spécialisées en déminage et en détection d’engins explosifs improvisés a permis d’améliorer la détection et la neutralisation de ce type d’engin. En 2014, à l’orée de l’émergence de l’utilisation des EEI, la mission ne détectait en moyenne que 11 % d’engins avant leur explosion. Ce chiffre est monté à 50 % en 2020, alors même que les attaques de ce type étaient beaucoup plus fréquentes.

Pour autant, ce travail de fourmi, très fastidieux et difficile, complique la tâche de la mission au quotidien, en particulier ses patrouilles, dont la fréquence régulière aide à prévenir les attaques contre les civils.

Sahel : clap de fin pour l’opération française Barkhane

En 2014, cette opération militaire menée au Sahel et au Sahara par l’Armée française, avec une aide secondaire d’armées alliées, avait remplacé l’intervention Serval pour combattre les jihadistes.Après le retrait du dernier soldat français du Mali en août dernier, il était attendu que le président Emmanuel Macron déclare la fin de l’opération Barkhane. Le chef de l’État français va donc passer à l’acte ce mercredi 9 novembre à l’occasion d’un discours qu’il prononcera à Toulon, dans le Sud de la France.

Il s’agira pour le numéro 1 de l’Elysée de « marquer officiellement la fin de Barkhane et d’annoncer une adaptation significative de nos bases en Afrique ». De 5000, le dispositif français dans la région est passé à 3000 soldats déployés au Niger, au Burkina Faso et au Tchad.

L’objectif est de « réduire l’exposition et la visibilité » de leurs forces militaires en Afrique, privilégiant la coopération et l’appui en termes d’équipement, de formation, de renseignement et de partenariat opérationnel avec les pays qui le souhaitent.

Les soldats français se sont retirés du Mali sur fond de crise diplomatique entre Paris et Bamako. Les nouvelles autorités de la transition, issues du coup d’État de mai 2021 accusent la France « d’abandon en plein vol ». Ce, en réponse à l’annonce en juin 2021 par Emmanuel Macron de la « réarticulation » de l’opération Barkhane.

Pour combler le vide laissé par ce dispositif qui a pris le relai de l’intervention Serval depuis 2014 pour combattre les groupes jihadistes liés à Al-Qaïda ou à l’Etat islamique, Bamako a renforcé sa coopération avec la Russie, faisant appel à des « instructeurs » russes considérés comme des mercenaires de la compagnie militaire privée Wagner par plusieurs diplomates et médias occidentaux.

Depuis, les relations diplomatiques entre les deux pays se sont dégradées. Le Mali a dénoncé les accords militaires le liant à la France depuis 2013. En août dernier, Bamako a accusé Paris de collusion avec des groupes jihadistes et a dans la foulée réclamé une plénière aux Nations unies pour exposer ses « preuves ».

Une demande renouvelée lors du passage du ministre des Affaires étrangères malien au Conseil de sécurité, en marge de la réponse au rapport du Secrétaire général de l’Onu sur la situation politique et sécuritaire au Mali. Par la voix de son représentant permanent à l’Onu, la France a qualifié ces accusations de « diffamatoires et mensongères ».

Les engins explosifs improvisés : l’autre arme des jihadistes au Sahel

Dans la guerre non conventionnelle que mènent les mouvements jihadistes au Sahel, leurs munitions explosives hantent les forces qui les combattent sans relâche.Il ne se passe pas un mois sans que les engins explosifs improvisés (EEI) ne fassent tristement parler d’eux au Sahel central couvrant le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Les convois des différentes forces qui y combattent les groupes jihadistes risquent à tout moment de rouler sur ces minutions dissimulées sur les routes ou encore les pistes.

Prohibées à l’échelle internationale, après l’entrée en vigueur de la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel, le 1er  mars 1999, ces armes sont à classifier en trois grandes catégories : les EEI déclenchés par la victime selon le mécanisme d’une mine terrestre, les engins à temporisation programmés pour exploser à un moment précis et les engins télécommandés dont la charge explosive est déclenchée par la pression délibérée ou non du commutateur.

« L’usage d’un type ou un autre dépend de la cible. Quand c’est par exemple pour frapper la force Barkhane, dont les patrouilles sont plus protégées contre cette menace avec le blindage des véhicules ou le brouillage électronique, les jihadistes ont recours à des techniques différentes de celles utilisées contre les Forces armées maliennes », explique Wassim Nasr, spécialiste des mouvements jihadistes.

Depuis le début de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) en 2013, les engins explosifs improvisés ont tué au moins 93 Casques bleus (chiffre de juin 2022).

Un rapport de la Minusma, arrêté au 31 août dernier, a recensé 245 attaques aux EEI en 2021 et 134 en 2022 pour 103 morts en 2021 contre 72 en 2022. « Presque les trois quarts des victimes se trouvent dans les rangs de l’armée malienne et des forces internationales, plus du quart parmi les civils », souligne le document.

« Le recours aux engins explosifs improvisés n’est pas un phénomène nouveau dans le Sahel. Cette pratique remonte à longtemps. Il y a de plus en plus d’EEI car ils sont désormais faciles à fabriquer », indique M. Nasr, journaliste à France 24.

En fait, le savoir-faire pour ce type d’armes s’est propagé comme une traînée de poudre. « Il y a une dizaine d’années, les groupes terroristes actifs dans le Sahel ne disposaient que de manière marginale de l’expertise technique nécessaire à la mise au point d’EEI. C’est avec l’émergence du conflit libyen et la chute de l’État islamique en Syrie et au Levant (qui a provoqué un exil de combattants vers le continent africain) que cette compétence s’est diffusée au Sahel », avance Solène Jomier, chargée de recherche au Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité (Grip).

« Il faudra un jour aussi pointer les responsabilités de certains grands commerçants de toutes ethnies et de députés ou élus locaux dans la constitution des filières d’importation d’engrais et de matériels explosifs miniers dont une grande partie a été volée et vendue en connaissance de cause
aux groupes armés terroristes. Il est inconcevable de voir que les pays sahéliens sont négligents dans le suivi de ces matières alors que les gens meurent dans leurs usages », fustige une source à Amanar-Advisor, cabinet de conseil en intelligence stratégique installé à Strasbourg, en France.

« L’arme du pauvre »

Les groupes jihadistes opérant au Sahel s’adaptent à leurs moyens logistiques pour poursuivre leurs desseins. Dans cette partie de l’Afrique aride, couvrant une superficie de  5,4 millions km2, il y a « une relative facilité d’accès aux matières premières pour la confection d’engins explosifs improvisés, un transfert de compétences via d’abord des forums et messageries cryptées puis grâce à l’avènement des messageries comme WhatsApp », note notre interlocuteur à Amanar-Advisor.

Ce dernier assure que « le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (Gsim ou Jnim en arabe) a démocratisé la pratique en l’adaptant aux réalités sahéliennes, montrant une forme d’ingénierie sur le sujet grâce à des artificiers de talent. Le Gsim a importé au Sahel les savoir-faire des talibans (Afghanistan) ».

Le moindre coût des éléments qui entrent dans la préparation des engins explosifs improvisés en fait « l’arme du pauvre », soutient Wassim Nasr, avant d’ajouter que les jihadistes utilisent aussi « les explosifs de militaires capturés » au combat.

Toutes choses qui font que « les EEI sont une façon simple et abordable pour les groupes terroristes de causer des pertes à leurs ennemis sans pour autant risquer la vie de leurs propres hommes. On est clairement dans un schéma de conflit asymétrique. Ces engins, par leur discrétion et leur relative imprédictibilité, participent à nourrir la stratégie de peur de ces groupes, qui cherchent à instiller un sentiment profond d’insécurité parmi les populations civiles et les forces de sécurité de l’État », remarque la chercheure du Grip.

Les engins explosifs improvisés produisent donc un effet psychologique en ce sens qu’ils installent une crainte permanente chez les cibles potentielles en les maintenant sous pression. « Il suffit d’avoir un EEI sur une route pour la bloquer pendant un moment. Le soupçon seulement ralentit la progression de l’ennemi. S’il y a une attaque jihadiste dans un endroit, l’évolution du convoi des militaires sera beaucoup plus lente
avec la prise en compte du risque de rouler sur des EEI », analyse Wassim Nasr.

Quels moyens de lutte ?

Par la force des choses, « les engins explosifs improvisés sont devenus le mode opératoire privilégié des groupes jihadistes au Sahel. Moins coûteux en hommes et en matériels que des attaques armées coordonnées, les EEI permettent à ces groupes de poursuivre leur stratégie de terreur à moindre frais », constate Solène Jomier.

Face à la récurrence des incidents liés aux EEI, précise-t-elle, la Minusma met en œuvre « une série d’actions afin de minimiser les risques et de limiter le nombre de victimes. Elle s’est notamment dotée d’équipes spécialisées dans la détection d’EEI. On citera notamment les contingents cambodgiens, au sein de la mission, qui ont une renommée internationale en la matière ».

Pour cette chargée de recherche au Grip, « l’introduction d’équipes formées a amélioré la détection et la neutralisation de ce type d’engins. En 2014, à l’orée de l’émergence de l’utilisation des EEI, la mission ne trouvait en moyenne que 11 % d’engins avant leur explosion. Ce chiffre est monté à 50 % en 2020, alors même que les attaques de ce genre étaient beaucoup plus fréquentes ».

Toutefois, soutient-elle, « ce travail de fourmi, très fastidieux et difficile, complique la tâche de la mission au quotidien, en particulier ses patrouilles, dont la fréquence régulière aide à prévenir les attaques contre les civils ».

À l’évidence, les pays sahéliens en proie au jihadisme ont tous des capacités limitées pour atténuer la menace des engins explosifs improvisés. Pour autant, on ne peut pas encore qualifier cet espace de champ de mines. « Pour le dire, il faut avoir un territoire complètement inaccessible. Ce n’est pas actuellement le cas au Sahel. Il faudrait aussi avoir des engins qui résistent au temps », estime M. Nasr, auteur du livre État islamique, le fait accompli.

Mali : six personnes placées en détention provisoire pour délit à caractère religieux

Ces individus sont accusés de complicité pour avoir refusé de dire aux autorités où se cachait un homme « tenant des propos blasphématoires » contre la communauté musulmane.Au Mali, un homme accusé de blasphème contre la religion musulmane est toujours en fuite. Mais, six de ses soutiens ont été placés sous mandat suite à une plainte du président du Haut Conseil Islamique du Mali (HCI), Imam Chérif Ousmane Madani Haidara.

Ces mis en cause dont l’écrivain Doumbi Fakoly, qui a pris publiquement position pour défendre l’auteur de la vidéo, appartiennent au mouvement des kamites, considéré comme une secte qui ne reconnaît pas Allah et les prophètes, a indiqué le procureur du tribunal de la commune 4 de Bamako, Idrissa Touré.

« Depuis quelques jours, une vidéo présentant un homme tenant des propos désobligeants à l’égard de la communauté des fidèles musulmans et se livrant à des agissements injurieux contre le coran, le prophète Mohamed et l’islam circule sur les réseaux sociaux », lit-on dans le communiqué du procureur général.

A l’en croire, « ces propos et agissements sont constitutifs de manifestations contraires à la liberté de conscience et de culte susceptibles de dresser les citoyens les uns contre les autres ».

Cette affaire continue de faire couler beaucoup d’encre au Mali où le HCI, regroupant des associations et leaders religieux, a appelé à ce que l’auteur de cet acte soit « tué ». Une manifestation est d’ailleurs prévue cet après-midi à Bamako pour fustiger le contenu de la vidéo.

Sécuriser la région des trois frontières pour pacifier le Nord du Burkina ?

Les autorités burkinabè, à défaut de redonner vie au G5 Sahel, sont condamnées à nouer une alliance stratégique avec le Mali pour pacifier la partie Nord de leur pays.À l’instar de son prédécesseur, le 3 septembre dernier, le capitaine Ibrahim Traoré a réservé sa première visite à l’étranger, mercredi 2 novembre, au Mali voisin. Le président de la transition burkinabè a été, à cet effet, reçu par son homologue malien, le colonel Assimi Goïta, au pouvoir depuis le 24 mai 2021, suite à l’éviction du colonel-major Bah N’dao et de son Premier ministre Moctar Ouane.

Au terme de sa rencontre avec le chef de la junte malienne, le capitaine de 34 ans a déclaré avoir échangé avec son hôte « sur comment renforcer la coopération militaire et comment protéger les populations ». Parce que « le plus important » pour le capitaine Traoré, « c’est le défi sécuritaire » auquel font face leurs deux États partageant « une large frontière de 1200 kilomètres » dans le « Liptako-Gourma ».

« La zone des trois frontières ou le Liptako-Gourma est partagée entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger. Elle s’étend sur 370.000 km2. Au Burkina, le Liptako-Gourma couvre 19 provinces », explique le Burkinabè Wendpouiré Charles Sawadogo, observateur des mouvements jihadistes sahéliens.

Dans le pays des Hommes intègres, la région du Sahel, qui comprend quatre provinces, est la plus affectée par les activités des groupes jihadistes. « D’ailleurs, la première attaque terroriste sur le sol burkinabè, en 2015, a été commise dans cette zone », rappelle M. Sawadago, soulignant qu’ « à partir de cette attaque, la région du Sahel regroupant l’Oudalan, le Séno, le Soum et le Yagha a été complètement déstabilisée pour ensuite contaminer le Centre-Nord et l’Est
du pays ».

Du 1er  juin 2017 au 15 avril 2021, la branche sahélienne de l’État islamique a revendiqué 62 attaques au Burkina contre 59 au Mali et 24 au Niger. Le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (Gsim), affilié à Al Qaïda au Maghreb Islamique (Aqmi), y est aussi actif. Présent essentiellement dans la région du Sahel, ce groupe jihadiste est responsable des attaques meurtrières contre les forces de sécurité burkinabè et assiègent plusieurs villes, dont la plus en vue ces dernières semaines est Djibo, à moins de 100 kilomètres de la frontière malienne.

Pour Ouagadougou, il est donc important « d’être solidaires et de rester unis dans cette lutte ». C’est un impératif pour les nouvelles autorités burkinabè dans un contexte de retrait du Mali du G5 Sahel. En effet, Bamako a annoncé en mai dernier son départ de cette organisation et de sa force conjointe pour protester contre le refus qui lui est opposé d’assurer la présidence de cette alliance régionale anti-jihadiste créée en 2014 avec le Burkina, le Tchad, le Niger et la Mauritanie. Le 14 juin, une note confidentielle fuitée du chef d’État-major des armées maliennes annonce le désengagement de ses 1400 militaires en service au poste de commandement à Bamako, au fuseau Ouest (à Néma, en Mauritanie) et au fuseau Centre (à Niamey), à partir du 30 juin.

Par conséquent, faute d’inviter le Mali à « assumer ses responsabilités et jouer son rôle » au sein du G5 Sahel, comme le réclamait le ministre nigérien de la Défense, au sortir d’une audience avec le lieutenant-colonel Damiba, les nouvelles autorités burkinabè tableraient sur une nouvelle alliance à l’image de ce qui se fait avec Niamey.

Depuis le 10 juin 2021, le Burkina et le Niger mènent une opération conjointe appelée « Tanli » (cohésion, en langue gullamanchema parlée dans l’Est du Burkina). L’objectif est de sécuriser la bande-frontière entre les deux pays. Selon Ouagadougou et Niamey, cela passe nécessairement par la neutralisation des partisans des groupes jihadistes d’un côté comme de l’autre de leurs frontières communes.

À l’issue de la phase 3 de cette opération, une centaine de jihadistes auraient été tués et une quarantaine de suspects interpellés. Mais d’après Wendpouiré Ch. Sawadogo, ces « succès sont minces puisque le Mali n’est pas partie prenante de l’opération ». Or, pour cet observateur des mouvements jihadistes, « le Burkina ne pourra jamais pacifier son septentrion sans la sécurisation de la zone des trois frontières » dont « la vulnérabilité est aussi la conséquence d’une absence de prise en considération des besoins basiques des populations ».

Mali: le président de la transition burkinabè entame sa visite

Le capitaine Ibrahim Traoré a été accueilli par son homologue malien, le colonel Assimi Goïta.Clap de début de la tournée du président de la transition du Burkina Faso au Mali ! Le capitaine Ibrahim Traoré est arrivé, mercredi après-midi à Bamako, pour une visite d’amitié et de travail.

Le nouvel homme fort de Ouagadougou a été accueilli à l’aéroport international président Modibo Keïta de Bamako-Sénou par le président de la transition malienne, le colonel Assimi Goïta, en présence du Premier ministre par intérim, Abdoulaye Maïga, du président du Conseil national de Transition (CNT), le colonel Malick Diaw, et des membres du gouvernement.

« Dans l’optique d’améliorer la sécurité de nos populations respectives, le capitaine Ibrahim Traoré, président de la transition du Faso et moi avons eu cet après-midi des échanges fructueux autour des défis majeurs qui impactent la paix et la stabilité de nos Etats », a écrit sur Twitter le colonel Goïta.

Le capitaine Traoré effectue sa première sortie officielle à l’étranger depuis sa désignation comme président du Faso, à l’issue des Assises nationales tenues vendredi 14 octobre 2022.

Son prédécesseur, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, avait également effectué sa première visite officielle à Bamako, en septembre dernier. L’ancien président de la transition avait rencontré le colonel Assimi Goïta avec qui il avait discuté de la nécessité pour leurs deux pays d’œuvrer ensemble pour vaincre les groupes jihadistes qui déstabilisent le Sahel central depuis plusieurs années.

La Cédéao a-t-elle gagné la partie face aux juntes militaires ?

Les juntes militaires au Mali, au Burkina Faso et en Guinée ont accepté une transition de deux ans après un bras de fer avec la Cédéao.La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) n’entend se plier face aux putschistes de la région. Au moment où certains appellent à sa réforme, l’institution régionale travaille à mettre fin à l’épidémie de coups d’Etat, cinq au total, qui a touché, en l’espace de deux ans, le Mali, le Burkina Faso et la Guinée.

Le président en exercice de l’institution régionale, le président bissau-guinéen Umaro Sissoco Embaló, qui a lui-même failli être renversé en février dernier dans une tentative de putsch, avait évoqué cinq mois plus tard à Paris, en France, l’idée de la création d’une « force anti-putsch », sans toutefois en dévoiler les modalités concrètes.

Toutefois, la Cédéao a réussi à imposer un agenda de deux ans aux juntes militaires malienne, burkinabè et guinéenne. Mais ces dernières ont gagné beaucoup de temps avant de renoncer à s’aligner sur les 24 mois exigés par la Cédéao.

Au Mali, où le président Ibrahim Boubacar Keïta a été évincé en août 2020 par un groupe de militaires dirigé par le colonel Assimi Goïta, les autorités de transition avaient présenté un calendrier de cinq ans, suscitant une réaction indignée de la Cédéao qui a sanctionné le pays par un embargo entre janvier et juillet 2022. Le pouvoir malien a été obligé de revenir sur sa décision puisque le colonel Goïta allait signer en juin un décret pour fixer à 24 mois la durée de la transition, « à compter du 26 mars 2022 », avec en perspective l’organisation des élections en février 2024.

Des putschistes qui tiennent parole ?

En visite à la mi-octobre à Bamako, la sous-secrétaire d’Etat américaine aux affaires politiques, Victoria Nuland, constate que les autorités maliennes tiennent jusqu’à présent leurs promesses d’organiser les élections présidentielle et législatives à date échue. « Je vais répéter ce que j’ai dit au Mali, à savoir que jusqu’à présent, d’après ce que nous avons pu vérifier, le gouvernement intérimaire malien tient son engagement de respecter le calendrier convenu pour les élections en 2024 », a affirmé la diplomate américaine.

Au Burkina, un pays du Sahel victime comme le Mali de la violence jihadiste, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba a dirigé en janvier 2022 le commando qui a renversé le président Roch Marc Christian Kaboré. S’il s’était accordé avec la Cédéao de mener une transition « raisonnable (…) de 24 mois à compter du 1er juillet 2022 au 1er juillet 2024 », M. Damiba ne restera que huit mois comme chef de la junte burkinabè. Victime à son tour d’un coup d’Etat mené par le capitaine Ibrahim Traoré, âgé de 34 ans, il est contraint à la démission dimanche 2 octobre avant de se réfugier à Lomé, au Togo.

Dès sa prise du pouvoir, le jeune capitaine burkinabè s’est engagé à respecter la durée de la transition conclue avec la Cédéao par son prédécesseur. Après avoir été désigné chef de l’Etat lors des Assises nationales organisées du 14 au 15 octobre dans la capitale Ouagadougou, Ibrahim Traoré a signé la Charte de la transition de 21 mois, « à compter du 2 octobre 2022 ». Il respecte ainsi ses engagements d’un retour des civils au pouvoir en juillet 2024 à l’issue d’une élection présidentielle.

Menacée de sanctions par le président en exercice de la Cédéao, la Guinée est rentrée tardivement dans les rangs. En effet, la junte qui dirige ce pays depuis le coup d’Etat du 5 septembre 2021 contre le président Alpha Condé, a accepté de rendre le pouvoir aux civils au bout de deux ans en lieu et place des trois ans prévus. « Dans un compromis dynamique, les experts de la Cédéao et de la Guinée ont conjointement développé un chronogramme consolidé de la transition étalé sur 24 mois », se réjouissait en octobre dernier l’organisation régionale dans un communiqué.

La sécurité, l’autre défi de la Cédéao

Toutefois, le chef de la junte guinéenne, le colonel Mamadi Doumbouya, a précisé que ce calendrier prendrait effet à compter du 1er janvier 2023, soit un peu plus de deux ans après sa prise du pouvoir. La Cédéao n’a pas validé cette décision unilatérale de Conakry. Le calendrier devrait être présenté au prochain sommet de l’organisation régionale, prévu avant la fin de l’année, « pour son approbation afin de déclencher sa mise en œuvre », affirme la Cédéao.

Traitée de « syndicat de chefs d’Etat » par une partie de l’opinion publique ouest-africaine, la Cédéao est appelée à se réformer par d’autres pour mieux prendre en compte les aspirations des peuples ouest-africains surtout au point de vue sécuritaire. En effet, le contexte géopolitique dans la région est marqué par la percée des groupes jihadistes et des réformes constitutionnelles contestées dans certains pays dont l’objectif est de permettre au président sortant de se maintenir au pouvoir. Selon plusieurs observateurs, ces situations expliquent la survenue des coups d’Etat ces deux dernières années au Mali, au Burkina en Guinée.

« Fondamentalement, il me semble que la Cédéao ne doit pas simplement s’intéresser aux aspects politiques. Elle doit aussi s’impliquer dans la sécurisation du territoire. Sur ce point, il n’y a pas jusqu’à présent d’indications claires de la part des organes de la Cédéao pour montrer qu’en tant qu’organisation régionale, comme elle l’avait fait pour le Liberia et la Sierra Leone, elle s’implique vraiment militairement dans la recherche de la paix et la sécurité au Burkina Faso. Si cela ne se fait pas, il va être maintenant difficile d’exiger à ces militaires d’organiser des élections dans » des délais raisonnables pour un retour des civils au pouvoir dans leurs pays respectifs, explique à APA Ibrahima Kane, spécialiste des questions régionales.

Élection de Lula : une aube nouvelle pour les relations entre le Brésil et l’Afrique

Après quatre ans d’indifférence de Jair Bolsonaro, le retour aux affaires de Luiz Inácio Lula da Silva est globalement salué sur le continent noir.

Tel un phénix, Lula, 77 ans, renaît de ses cendres. Passé par la case prison d’avril 2018 à novembre 2019, le chef de file du Parti des Travailleurs (PT) a su reconquérir le cœur de ses concitoyens après avoir exercé deux mandats entre 2003 et 2010.

Dimanche 30 octobre, le socialiste a remporté d’une courte tête le second tour de l’élection présidentielle avec 50,90 % des suffrages valablement exprimés contre 49,10 % pour le président sortant Jair Bolsonaro, candidat de l’extrême droite.

Depuis l’annonce des résultats, les réactions des dirigeants du monde affluent de partout, y compris de l’Afrique. Sur le continent noir, le triomphe de Lula da Silva a été singulièrement salué.

Le président en exercice de l’Union Africaine (UA), Macky Sall, lui a adressé de « chaleureuses félicitations », non sans souhaiter « ses meilleurs vœux de réussite » à cette figure de la gauche en Amérique latine.

Le chef de l’État bissau-guinéen, Umaro Sissoco Embalo, a congratulé l’ancien syndicaliste « pour sa belle victoire » et promis d’œuvrer « pour des relations bilatérales solides et prospères entre le Brésil » et son pays.

« L’Afrique se réjouit de travailler avec le gouvernement brésilien sous la direction de M. da Silva », projette déjà le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, pour qui « le peuple brésilien a mené avec succès cette élection » à hauts risques.

L’engouement du continent africain, à travers ses dirigeants, n’est pas anodin. Dès son premier passage au sommet de l’État, « Lula da Silva a montré un intérêt assez particulier pour l’Afrique », explique l’écrivain et analyste géopolitique, Khalifa Mohamed Touré.

En effet, durant les huit années de sa présidence, Lula da Silva a visité pas moins de 27 pays africains dont le Sénégal. « Sa conception de l’économie  sociale fait des émules sur notre continent », souligne M. Touré qui s’attend alors à une redynamisation des relations africano-brésiliennes sur les plans diplomatique, économique et culturel.

Surnommé le « Trump des Tropiques », en référence à Donald, l’ancien président des États-Unis, Jair Bolsonaro n’a pas mis les pieds en Afrique pendant ses quatre années de présidence, privilégiant les pays de l’hémisphère nord. Pourtant, entre 2000 et 2010, les échanges commerciaux entre le Brésil et l’Afrique sont passés de 4 à 20 milliards de dollars.

Par conséquent, « le retour de Lula da Silva ne peut être qu’une bonne chose pour le continent africain », soutient Khalifa M. Touré. Toutefois, la troisième élection du septuagénaire dans ce grand pays sud-américain intervient dans un contexte de lutte d’influence des puissances mondiales en Afrique. « Il est vrai que le Brésil connaît depuis les années 90 un boom économique, devenant une puissance économique. Il peut jouer sa partition, mais il lui sera difficile de s’affirmer d’un point de vue diplomatique et d’être aussi présent que des pays comme la France, les États-Unis… », estime M. Touré.

Pour raviver la flamme presque éteinte entre son pays et l’Afrique, le président nouvellement élu pourrait néanmoins tirer profit de « l’affection que lui porte une certaine jeunesse africaine friande de liberté, de panafricanisme et d’éloignement par rapport à l’Occident », conclut cet analyste géopolitique.

Mali : À Ménaka, le Gsim veut laver l’affront de Talataye

À Ménaka, dans l’Est du Mali, des groupes islamistes armés s’affrontent à nouveau.La guerre fratricide entre jihadistes au Sahel se poursuit. Depuis 48 heures, de nouveaux affrontements opposent dans la région de Ménaka, dans l’Est du Mali, des combattants du Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (Gsim) à leurs « frères ennemis » de l’État islamique au Sahel (EIS). « Des affrontements entre Jnim et daech signalés cet après-midi au Sud-Ouest d’Insinsnane », écrit sur twitter le 29 octobre Fahad Ag Almahmoud, Secrétaire d’État du Groupe d’autodéfense touareg, imghad et alliés (Gatia).

Ces heurts ont tourné, pour le moment, à l’avantage du Gsim, a confié une source sécuritaire à APA News. Selon cette dernière, le groupe jihadiste proche d’Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) a « repris toute la zone Est et Sud-Est de Ménaka jusqu’à Tamalat et Insinsnane ». Au mois de mars, l’État islamique au Sahel a tué plusieurs dizaines de civils dans cette zone habitée essentiellement par des touaregs daoussahak.

Selon nos informations, l’EIS ne tiendrait qu’Anderamboukane, vers la frontière nigérienne où « il s’est replié », alors qu’il est sous la menace d’un nouvel assaut du Gsim qui se préparait à « reprendre » cette localité. Dimanche 30 octobre, il y a eu un bref cessez-le-feu.

La reprise des affrontements entre les deux groupes jihadistes est liée à un évènement qui s’est produit début septembre. Du 6 au 8 de ce mois-là, l’EIS a chassé le Gsim de Talataye, un village du cercle d’Ansongo, à 1283 kilomètres au Nord-Est de Bamako, après d’intenses combats de plusieurs heures et dans lesquels les deux groupes ont perdu des dizaines de combattants. Dans le numéro 356 de sa revue hebdomadaire « al-Naba » (la Nouvelle, en arabe), l’État islamique affirmait avoir tué une soixantaine de membres des « milices d’Al Qaïda ».

« La défaite de Talataye a terni l’image du Gsim et a consolidé le mythe d’invincibilité de l’EI d’où une mobilisation du Gsim depuis quelques semaines pour cette grande offensive », soutient une source généralement bien informée des activités des groupes jihadistes sahéliens.

L’objectif de l’Alliance jihadiste consiste à « attaquer et prendre le fief de l’EI se trouvant entre Ansongo et Ménaka, vers la frontière avec le Niger ». Il s’agit pour le Gsim de « laver l’affront de Talataye » et de « réarmer moralement ses combattants affectés par cette défaite ».

À travers cette nouvelle offensive, les affidés d’Iyad Ag Ghali chercheraient aussi à « redorer leur blason auprès des populations locales ». Lors des heurts de septembre, un avion de l’armée malienne de type Sukhoi 25 (SU-25) a effectué un vol de reconnaissance.

Mali : que faisait Mahamadou Issoufou à Bamako ?

Le président malien de la transition a eu un entretien jeudi 27 octobre avec Mahamadou Issoufou, l’ancien président du Niger.Après avoir été chef de l’Etat du Niger pendant une décennie, Mahamadou Issoufou vit une seconde vie. Depuis qu’il a remis pacifiquement le pouvoir à son successeur Mohamed Bazoum, il est sollicité un peu partout pour régler des différends qui se posent sur la scène politique internationale, particulièrement au Sahel, une région en proie aux conflits politiques et sécuritaires.

Désigné médiateur de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) pour le Burkina Faso où il a d’ailleurs obtenu la réduction de la durée de la transition à 24 mois au lieu des 36 initialement prévus par la junte au pouvoir, Mahamadou Issoufou est aussi à la tête d’un Panel Indépendant de Haut Niveau sur la Sécurité et le Développement au Sahel.

C’est à ce titre qu’il s’est rendu, jeudi 27 octobre, au Mali. Reçu par le président de la transition, le colonel Assimi Goïta, le président Issoufou explique que leur « entretien a porté sur les défis sécuritaire, institutionnel, climatique, démographique et du Développement économique et social que connaît notre région ».

« J’ai aussi abordé avec le président (Goïta) la mission d’évaluation sécurité-développement au Sahel que m’a confiée le Secrétaire général des Nations-Unis en rapport avec l’UA (Union africaine), la Cédéao et le G5 Sahel », a ajouté Mahamadou Issoufou.

En effet, cette mission consiste à « évaluer les différentes stratégies mises en œuvre » dans l’espace saharo-sahélien et dans les pays du Golfe de Guinée « afin d’agréger les efforts de tous les acteurs pour apporter des réponses plus pertinentes aux défis de notre région », a-t-il précisé.

De son côté, le président de la transition malienne a indiqué avoir eu « des échanges » avec son « aîné », le président du Panel Indépendant de Haut niveau sur la sécurité et le Développement au Sahel. « Nous avons une convergence de vue sur le Sahel et partageons la nécessité de mutualiser les efforts sans ingérences et dans la sincérité », a déclaré le chef de l’Etat sur Twitter. 

Cette visite intervient dans un climat tendu entre le Niger où Mahamadou Issoufou fût président de 2011 à 2021 et le Mali. 

Mali : près de 1000 civils tués dans des attaques jihadistes depuis mars

Au Mali, les civils ne sont pas assez protégés contre les exactions des groupes jihadistes.La situation sécuritaire s’est-elle améliorée au Mali depuis l’arrivée des militaires au pouvoir ? Non, si on se réfère au rapport de Human Right Watch (HRW) publié jeudi 27 octobre.

Selon l’organisation de défense des Droits humains, des groupes armés islamistes ont tué des centaines de personnes et forcé des dizaines d’autres à quitter leurs villages, lors d’attaques systématiques depuis mars 2022.

Ces groupes armés seraient affiliés à l’Etat islamique au Grand Sahara (EIGS) promu depuis mars province à part entière de l’organisation jihadiste.

Les entretiens de Human Rigth Watch avec des témoins ont révélé que ces islamistes radicaux ont « attaqué des dizaines de villages et massacré un grand nombre de civils dans des vastes régions du nord-est du Mali, Ménaka et Gao », notant que « ces attaques terrifiantes et coordonnées ont en grande partie ciblé l’ethnie daoussahak, une tribu touareg ».

A titre d’exemples, entre mai et juin 2022, des attaques menées dans trois villages des régions de Ménaka et de Gao ont fait au moins 73 morts parmi les civils alors que des dirigeants communautaires font état de près de 1000 civils tués dans la région depuis le mois de mars.

Ces massacres font suite à un affrontement entre le groupe Etat islamique et le Mouvement pour le Salut de l’Azawad (MSA) tendance daoussahak.

Le ciblage des civils ne se fait pas uniquement dans le nord du Mali et n’est pas l’apanage d’un groupe jihadiste. HRW indique que le centre du pays enregistre également des évènements similaires. Le 18 juin, la Katiba Macina appartenant au Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM) a tué 132 civils dans des villages du cercle de Bankass, dans le centre du Mali.

Face à cette situation, les forces armées malienne et les casques bleus de la Mission multidimensionnelle intégrée pour la stabilisation au Mali (Minusma) sont invités à renforcer leur présence dans les régions touchées. Human Rigth Watch attend de ces deux forces qu’elles intensifient leurs patrouilles de protection des civils.

Bras de fer entre Paris et Bamako

Délogés des villes qu’ils occupaient en 2012 dans le septentrion dans le nord du Mali par l’intervention française Serval en 2013, les groupes jihadistes restent actifs dans ce pays du Sahel, faisant intervenir sur le terrain, sous l’égide des nouvelles autorités issues du coup d’Etat de mai 2021, après un premier intervenu neuf mois plus tôt contre Ibrahim Boubacar Keita (IBK), des mercenaires de la compagnie militaire privée controversée, Wagner, selon plusieurs médias et diplomates occidentaux.

En tournée dans quatre du pays sahéliens dont le Mali, du 16 au 20 octobre, la sous-secrétaire d’Etat aux affaires politiques des Etats, Victoria Nuland a indiqué que la situation sécuritaire ne s’est guère améliorée, l’imputant en partie aux forces russes dont l’arrivée a presque éjecté les forces françaises du Mali comme l’a reconnu lundi 24 octobre, à l’ouverture du Forum international de Dakar sur la sécurité et la paix en Afrique , Chrysoula Zacharopoulou, la secrétaire d’État française, chargée du Développement, de la Francophonie et des Partenariats internationaux. 

«Face à des autorités maliennes qui ont décidé de privilégier leur survie politique au détriment de la lutte contre le terrorisme, les conditions politiques n’étaient plus réunies pour que la France continue de travailler aux cotés des forces armées maliennes», a-t-elle déclaré. Le lendemain, Bamako a répondu par le biais de son ministre des Affaires étrangères. Abdoulaye Diop qui prenait part à une lainière consacrée aux crises globales et souverainetés en Afrique a qualifié la sortie de la secrétaire d’Etat française de « grande opération de relation publique mais qui manque de sincérité ».

Mardi 18 octobre, le chef de la diplomatie malienne avait réitéré devant le Conseil de sécurité des Nations-Unies, la demande d’une plénière spéciale pour permettre au Mali de présenter les preuves de son pays contre la France, accusée de collusion avec les groupes jihadistes. Affirmations qualifiées de « mensongères et diffamatoires » par le diplomate Nicolas de Rivière, représentant permanent de la France à l’ONU.

Au Mali, les USA notent des avancées vers les élections

Le pouvoir de transition va expirer en mars 2024 si les autorités militaires tiennent leurs promesses d’organiser des élections générales avant cette date.Les Etats-Unis suivent de très près la situation au Sahel, une région minée depuis des années par une instabilité sécuritaire et politique. Au retour d’une visite effectuée entre le 16 et le 20 octobre 2022 entre la Mauritanie, le Mali, le Niger et le Burkina Faso, la sous-secrétaire d’Etat américaine aux affaires politiques, Victoria Nuland, a livré ses observations sur le déroulement de la transition au Mali.

Depuis août 2020, ce pays est dirigé par une junte militaire qui promet, après six mois d’embargo de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cédéao) en 2021, suite à un deuxieme coup d’Etat contre le président de la transition Bah N’dao, un retour à l’ordre constitutionnel dans moins de vingt mois. « Nous avons rencontré des responsables électoraux au Mali.  Nous avons également rencontré des militants de la société civile sur ce front, et nous avons eu des conversations très intenses avec le Premier ministre et le gouvernement.  Je vais répéter ce que j’ai dit au Mali, à savoir que jusqu’à présent, d’après ce que nous avons pu vérifier, le gouvernement intérimaire malien tient son engagement de respecter le calendrier convenu pour les élections en 2024 », a dit la diplomate américaine, interrogée virtuellement par des journalistes de médias africains et étrangers.

La Cédéao a levé les sanctions asphyxiantes sur le Mali en juillet dernier après avoir obtenu du colonel Assimi Goïta, le chef de la junte militaire, l’engagement d’organiser la présidentielle et les législatives en février 2024. Ces élections sont censées mettre un terme à la période de transition d’ici mars 2024. Mais des doutes persistent sur leur caractère inclusif, sachant qu’une grande partie du territoire malien est occupée par des groupes jihadistes avec un nombre important de déplacés fuyant les violences terroristes. D’après Victoria Nuland, elles « ont augmenté de 30 % au cours des six derniers mois ».

Le rôle des USA dans les coups d’Etat ?

« Nous avons également exprimé notre inquiétude quant à la nécessité de veiller à ce que les élections soient pleinement inclusives.  Cela est également lié à la sécurité dans tout le pays, mais aussi au fait qu’il y a maintenant beaucoup de personnes déplacées.  Il va falloir les enregistrer, etc.  Il y a donc beaucoup de défis à relever, mais au moins les civils responsables de l’élection semblent maintenir les préparatifs sur la bonne voie », a-t-elle précisé.

La sous-secrétaire d’Etat américaine a été interrogée également sur une opinion qui commence à se répandre sur le continent concernant certains officiers militaires ouest-africains qui, après avoir été formés par les Etats-Unis, commettent des coups d’Etat dans leurs pays respectifs.

En effet, le Malien Assimi Goïta, le Guinéen Mamady Doumbouya ou encore le Burkinabè Paul-Henri Sadaogo Damiba ont pris part au moins une fois au programme Flintlock, instauré depuis 2005 par le commandement militaire américain et qui est le plus grand exercice annuel des opérations spéciales de la première puissance mondiale en Afrique. Quelques temps après cette formation, ces officiers ont renversé des chefs d’Etat dans leurs pays avant de s’installer à la tête de juntes militaires qui tardent le plus souvent à présenter un calendrier raisonnable pour le retour des civils au pouvoir.

Mme Nuland estime que ce rapprochement est « assez tendancieux », précisant que « certaines personnes impliquées dans ces coups d’État ont reçu une formation américaine, mais pas toutes, loin de là ». Dès lors, elle invite les auteurs de telles questions à demander à ces putschistes les « raisons pour lesquelles ils renversent leur gouvernement ».

« Notre message, dans tous les cas, était que les citoyens de ces pays méritent de voir la démocratie restaurée et que, en particulier au Mali et au Burkina Faso, nous attendons de ces deux gouvernements intérimaires qu’ils respectent leurs engagements à assurer des élections avec une pleine participation d’ici 2024, comme ils se sont engagés à le faire, et nous fournissons un soutien fort à cet égard », a affirmé la sous-secrétaire aux affaires politiques des Etats-Unis, qui a visité trois fois l’Afrique dix-huit mois après sa nomination.

Les liens du nouveau Premier ministre britannique avec l’Afrique

L’ex-ministre de l’Économie a été nommé lundi dernier chef du gouvernement britannique, quatrième occupant du poste depuis 2016.Les Indiens le revendiquent peut-être, mais le nouveau Premier ministre du Royaume-Uni, Rishi Sunak, a des liens profonds avec l’Afrique dont très peu ont parlé depuis qu’il a été confirmé comme le prochain homme politique en charge du « Number 10 Downing Street » (siège du Bureau du Premier ministre).

A 42 ans, cet homme politique formé à Oxford est le plus jeune Premier ministre de Grande-Bretagne après Robert Jenkinson, qui a occupé ce poste entre 1812 et 1827.

Il a été confirmé comme le quatrième Premier ministre du Royaume-Uni depuis 2016, son prédécesseur immédiat, Mme Truss, n’ayant tenu que 45 jours du fait d’une succession de politiques économiques désastreuses qui ont rendu sa position de Premier ministre de plus en plus intenable.

Avec plus de 150 députés soutenant sa candidature au poste de Premier ministre, M. Sunak a battu sa rivale Penny Mordaunt, qui n’a pas pu réunir le seuil de 100 soutiens au sein du Parti conservateur pour l’empêcher d’avoir une deuxième chance pour le poste.

Depuis lors, on parle beaucoup de cet homme marié et père de deux enfants. Les parents de Sunak sont d’origine indienne et ont quitté le Kenya pour s’installer en Grande-Bretagne dans les années 1960.

Avec un père né au Kenya et une mère née en Tanzanie voisine, les liens de Sunak avec l’Afrique ont montré à quel point la politique britannique a évolué depuis l’époque où la seule place pour les noirs et les métis était en marge de la société britannique de l’après-guerre.

Les parents de Sunak ont émigré en Grande-Bretagne au milieu d’un exode sauvage d’immigrants d’Inde et d’autres pays du Commonwealth qui a commencé à la fin des années 1940.

Il est né à Southampton le 12 mai 1980, une année mémorable pour la Grande-Bretagne, où le Premier ministre conservateur Margret Thatcher a exercé son influence sur la politique du pays, marquée par les grèves, et sur la guerre coûteuse contre l’Argentine, dirigée par une junte, pour les îles Falkland (les îles Malouines), deux ans plus tard.

L’ancien chancelier de l’Echiquier (ministre des Finances et du Trésor) sous Boris Johnson de 2020 à 2022 a hérité des défis de Liss Truss pour ramener l’économie britannique en difficulté vers des climats plus calmes et combler le fossé qui divise le parti conservateur au pouvoir, qui talonne le parti travailliste dans les sondages d’opinion.

C’est la raison pour laquelle M. Sunak n’a exprimé aucun désir de répondre à l’appel des travaillistes à organiser des élections générales et à tester la popularité des conservateurs au pouvoir.

Entre-temps, c’est un curieux coup du sort que Sunak, qui avait prédit la catastrophe d’un programme de réduction des impôts inspiré par Truss lorsqu’ils se sont affrontés pour les votes au poste de Premier ministre en septembre 2022, soit maintenant destiné à les réparer alors que le temps ne joue pas en sa faveur.

S’exprimant pour la première fois depuis qu’il est clair qu’il sera Premier ministre, l’ancien homme d’affaires a déclaré qu’il faudrait du temps pour s’attaquer aux pièges de l’économie et stabiliser à nouveau la livre sterling (monnaie britannique) après avoir connu une période torride ces deux derniers mois.

Une série de politiques économiques peu judicieuses, résumées dans un mini-budget proposant des réductions d’impôts, l’abolition du taux supérieur d’imposition de 45%, des réductions de l’impôt sur le revenu de base et la suppression des droits de timbre, entre autres, ont fait chuter les marchés financiers et la livre sterling a atteint des niveaux sans précédent au début du mois d’octobre.

Cette situation a précipité la chute de Mme Truss après seulement 45 jours de mandat et a donné lieu à des tractations en coulisses pour savoir qui devait la remplacer.

L’homme politique originaire de Southampton a perdu le vote au profit de Truss le mois dernier, mais a rapidement réalisé un retournement de situation quelques semaines plus tard, lorsque le Premier ministre britannique a connu la plus courte durée de vie (du 6 septembre au 25 octobre 2022).

Le reste du monde a depuis été fixé par les profondes divisions au sein du parti conservateur qui, en l’espace de six ans, a dû changer de Premier ministre, passant de David Cameron à Theresa May, Boris Johnson, Liss Truss et Rishi Sunak.

La tâche urgente de Rishi Sunak est non seulement de combler les divisions au sein du parti conservateur, mais aussi de surmonter la tempête économique causée par les mesures désastreuses prises par son prédécesseur et de restaurer la place de la Grande-Bretagne en tant que nation respectée en Europe et dans le reste du monde.

Comme on pouvait s’y attendre, l’Inde s’est enflammée à l’annonce de l’imminence de la nomination de M. Sunak au poste de Premier ministre, après avoir parcouru un long chemin depuis une relative obscurité politique jusqu’à devenir l’homme politique le plus puissant de Grande-Bretagne.

En tant que Premier ministre d’origine asiatique, certaines chaînes de télévision indiennes se sont réjouies de voir l’un de leurs fils « s’élever au-dessus de l’empire’ et assister avec plaisir à la boucle de l’histoire en Grande-Bretagne ».

Il y a quelques mois, l’opinion de Sunak sur une société ouverte a été relativisée lorsqu’il a exprimé son désir ardent de voir la réputation de la Grande-Bretagne comme le pays le plus sûr et le plus agréable au monde pour être gay.

Bien que les sondages d’opinion menées il y a deux ans l’ont hissé au rang de Chancelier britannique le mieux noté depuis Denis Healey, sa popularité a depuis légèrement diminué en raison de ce qui est perçu comme une réponse inadéquate à la période économique éprouvante que traverse la Grande-Bretagne.

Mali : un Thaïlandais libéré après le versement d’une rançon

Après 25 jours de captivité au Mali, un chirurgien plasticien de nationalité thaïlandaise a été libéré contre versement d’une rançon.Le Thaïlandais Nopparat Rattananawaraha est un homme libre. Le chirurgien plasticien et Youtubeur avait été enlevé dans la ville malienne de Kemparana, dans le cercle de San, près de la frontière avec le Burkina Faso.

Selon le porte-parole du ministère thaïlandais des Affaires étrangères, Dr Rattanawaraha a été relâché après le paiement d’une rançon de 5,5 millions de bahts (150.000 dollars). Aucun groupe n’a revendiqué son enlèvement mais la région où il a été kidnappé est la zone d’influence du Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM), proche d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI).

Arrivé au Mali le 28 septembre dernier, le célèbre Youtubeur n’avait plus donné de ses nouvelles. Sa famille a alors contacté l’ambassade de Thaïlande à Dakar, au Sénégal.

Sur son compte Instagram, le chirurgien qui a posté plusieurs photos de lui au Burkina Faso, s’est aussi excusé auprès de sa communauté. Il affirme être en sécurité. Contacté par APA, le chirurgien plasticien n’a pas réagi.

Enlevée en avril dernier dans le nord du Burkina Faso, une religieuse américaine a été libérée et récupérée au Niger par les forces armées de son pays.

Depuis plus d’une décennie, le Sahel central regroupant le Mali, le Niger et le Burkina Faso est le théâtre d’une insurrection en lien avec l’activité de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda ou à l’Etat islamique. Cette crise sécuritaire a causé la mort de plusieurs milliers de personnes et le déplacement de millions d’autres.

Mali : le parlement valide la militarisation de la police

Le Conseil National de Transition (CNT) a adopté, jeudi, à l’unanimité le projet de loi portant sur la militarisation de la police et de la protection civile.La réforme est passée comme une lettre à la poste. Les membres du Conseil National de Transition du Mali, l’organe législatif qui remplace l’Assemblée nationale au cours de la période de transition, ont adopté sans aucune opposition le projet de loi portant sur la militarisation de la police et de la protection civile. La police devient ainsi un nouveau corps militaire et ses membres vont désormais suivre les mêmes formations que les soldats. Pour le pouvoir militaire de Bamako, l’enjeu est de renforcer la lutte contre le terrorisme qui mine ce pays d’Afrique de l’Ouest.

Selon le texte validé, les policiers vont devoir assurer de nouvelles missions sur le terrain. Ils seront notamment chargés de la sécurité des populations et de leurs biens, mais également de la sécurisation et le retour de l’administration malienne dans de nombreuses localités de l’intérieur du pays qu’elle a désertées. Ils vont également perdre le droit de grève et de revendication.

Dans un communiqué diffusé le 18 octobre, la Synergie des syndicats de la police nationale malienne regrette que l’adoption de ce projet « n’ait pas fait l’objet d’une concertation préalable ». Les syndicalistes estiment que si ce changement de statut « émane du peuple, ce même peuple demandera la démilitarisation un jour car, la démocratie ne rime pas avec une police militarisée ».

Cette position est bottée en touche par le président de la commission administration territoriale, culte et réconciliation nationale du CNT, Dr Coulibaly Youssouf Z, qui affirme que « la loi sur la militarisation de la police nationale au Mali est un grand pas vers la discipline et la fin de l’anarchie syndicale ».

COP27 : la Francophonie veut « inspirer le changement »

La 27e Conférence des Nations unies sur le climat (COP27) est prévue en novembre prochain au pays des pharaons.Les 88 États et gouvernements membres de l’Organisation internationale de la francophonie préparent leur participation à l’édition 2022 de la Conférence des Nations unies sur le climat (COP27) qui se tiendra à Charm el-Cheikh, en Égypte, du 6 au 18 novembre 2022. Ils comptent y défendre leurs priorités en matière d’atténuation, d’adaptation et de mobilisation de ressources pour faire face au changement climatique.

L’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) annonce également sa présence afin de soutenir les efforts de ses pays membres et des partenaires mais également pour faire valoir son action climatique.

« Sous le thème Inspirer le changement, le Pavillon de la Francophonie présentera les initiatives locales et nationales en lien avec la mise en œuvre des engagements nationaux en matière de lutte contre les changements climatiques », rapporte l’organisation dans un communiqué reçu ce jeudi à APA.

Le texte souligne qu’en marge de la COP27, la Francophonie organisera le 9 novembre une Concertation ministérielle autour de « L’accès facilité à la finance climat en faveur des pays francophones : synergies et initiatives ». Cette rencontre vise à favoriser une solidarité francophone pour des solutions et des initiatives pertinentes qui réduisent les obstacles à l’accès accru à la finance climat en Francophonie.

« L’Institut de la Francophonie pour le développement durable (IFDD) déploie des actions de renforcement de capacités, d’information, de concertation et d’appui à des projets concrets de développement durable (en énergie et en environnement pour le développement durable) », conclut le communiqué.

Covid-19 : la vaccination stagne en Afrique (OMS)

Le nombre de doses mensuelles de vaccin contre la Covid-19 administrées en Afrique a diminué de plus de 50%, rapporte l’OMS.Entre juillet et septembre 2022, l’analyse de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) montre que le pourcentage de personnes ayant reçu une série de primovaccination complète contre le nouveau coronavirus a à peine bougé dans 27 des 54 pays africains.

Même si l’Afrique est loin d’atteindre l’objectif mondial de fin d’année consistant à protéger 70% de la population, des progrès modestes ont été réalisés dans la vaccination des groupes de population à haut risque, notamment les personnes âgées.

Par exemple, en septembre dernier, 23 millions de doses ont été administrées, soit 18% de moins qu’en août, et 51% de moins que les 47 millions de doses administrées en juillet. Le nombre de doses administrées le mois dernier représente également environ un tiers du pic de 63 millions de doses atteint en février 2022.

Toutefois, l’OMS observe des signes d’amélioration ce mois-ci, avec 22 millions de doses administrées au 16 octobre 2022, soit 95% du total administré en septembre.

De manière générale, au 16 octobre 2022, seuls 24 % de la population du continent avaient terminé leur série de primovaccination, alors que la couverture est de 64 % au niveau mondial.

Le Libéria a maintenant rejoint l’île Maurice et les Seychelles comme l’un des trois pays ayant dépassé les 70% de personnes avec une couverture vaccinale complète. Le Rwanda est aussi sur le point de franchir ce cap.

« La fin de la pandémie de Covid-19 est à portée de main, mais tant que l’Afrique sera loin derrière le reste du monde pour atteindre une protection globale, il y aura une faille que le virus pourra exploiter dangereusement pour revenir en force », a déclaré ce jeudi la Dre Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique.

S’exprimant ce jeudi au cours d’une conférence de presse, Dr Moeti a soutenu que la plus grande priorité est de protéger nos populations les plus vulnérables des effets les plus désastreux de la Covid-19. « Sur ce plan, a-t-elle indiqué, nous constatons quelques progrès. Les pays redoublent d’efforts pour renforcer la couverture chez les travailleurs de la santé, les personnes âgées et celles dont le système immunitaire est affaibli ».

D’après les données de 31 pays, au 16 octobre 2022, 40% du personnel de santé africain avait terminé leur série de primovaccination. Ces dernières données se basent sur les estimations en termes de taille de la population par pays au lieu des chiffres précédents qui utilisaient les estimations du personnel de santé de l’Organisation internationale du travail (OIT).

Dans 15 de ces pays, plus de 70% des travailleurs de la santé ont été entièrement vaccinés, contre 27% au début de l’année. 31% des adultes âgés (de 50 à 65 ans et plus selon les limites d’âge fixées par les pays) ont été entièrement vaccinés selon les données de 27 pays, soit une augmentation de 21% par rapport à janvier 2022.

« Après des débuts difficiles, le partenariat Covax a donné de bons résultats, assurant un approvisionnement régulier de l’Afrique en vaccins contre la COVID-19. Aujourd’hui, nous sommes victimes de notre propre succès. Comme les vaccins ont contribué à faire baisser le nombre d’infections, les gens ne craignent plus la Covid-19 et sont donc moins disposés à se faire vacciner », a conclu la patronne de l’OMS pour l’Afrique.

Sahel : près de 3.000 événements violents prévus en 2022

Cette violence qui s’est étendue en intensité et en portée géographique représente le double du taux de l’année écoulée selon le Centre d’études stratégiques de l’Afrique.L’ampleur des attaques jihadistes est montée d’un cran en 2022 au Burkina Faso, au Mali et au Niger. Ces trois pays constituent les foyers où les groupes armés sont les plus actifs dans la sous-région ouest-africaine. Selon le Centre d’études stratégiques de l’Afrique basé à Washington, sur les 135 districts administratifs du Mali, du Burkina Faso et de l’Ouest du Niger, 84 districts, soit près des deux tiers, ont connu des attaques extrémistes violentes en 2022. 

Par contre, en 2017, ce chiffre était inférieur à un tiers (40 districts). Cette année-là, signale le centre de recherche, plus de 80% de tous les événements violents avaient eu lieu dans 30 districts du Nord et du Centre du Mali. 

En 2022, plus des deux tiers des événements violents liés à des groupes islamistes militants au Sahel ont eu lieu en dehors de ce pays, principalement au Burkina Faso.

A en croire l’organisme américain, sept districts administratifs du Sahel devraient subir chacun plus de 100 événements violents en 2022, un seuil qui n’avait été franchi que 5 fois avant cette année.

Dans ce magma d’insécurité, le Centre d’études stratégiques de l’Afrique distingue cinq zones chacune avec des dynamiques de conflit variées. Il s’agit de la zone des trois frontières communes au Burkina Faso, au Mali et au Niger. Collectivement, soulignent les chercheurs américains, ces cet espace englobe plus de 70% de la violence islamiste militante au Sahel.

La zone des trois frontières, épicentre des violences au Sahel

Cette zone historiquement dominée par les populations pastorales, couvre des parties du nord du Mali et une région du Burkina Faso et du Niger connue sous le nom de Liptako-Gourma. Plusieurs groupes militants, dont des vestiges du groupe burkinabé Ansaroul Islam, y combattent sous la bannière de la coalition Jama’at Nusrat al Islam wal Muslimin (JNIM). D’autres sont affiliés à l’État islamique dans le Grand Sahara (ISGS, sigle anglais).

Les cinq districts d’Ansongo, Gao, Oudalan, Soum et Séno répartis entre ces trois pays représentent, d’après les chercheurs, près du quart de tous les épisodes violents liés aux groupes militants islamistes au Sahel. Ils estiment que quatre de ces cinq districts devraient connaître plus de 100 événements violents en 2022.

Le district d’Oudalan au Burkina Faso, qui borde le Mali et le Niger, devrait être le théâtre de plus de 175 événements violents. Cela fera de lui, pour la 2e année consécutive, la zone qui subira la plus forte concentration de violence au Sahel.

Le Think tank informe que plus d’un tiers des civils tués en 2022 par des groupes militants islamistes au Sahel ont perdu la vie dans l’un de ces cinq districts. Par ailleurs, poursuit-il, plus de 340 civils devraient être tués par des groupes islamistes militants dans les districts d’Ansongo et de Séno en 2022.

Il existe de fortes divisions au sein des groupes militants islamistes liés à la violence dans cette zone. La grande majorité des activités extrémistes violentes à Ansongo (92%), Oudalan (88%) et Séno (95%) sont attribuées à l’ISGS. Ce dernier, une émanation de groupes militants précédemment établis dans la région, perçoit une zakat (taxe) coercitive et lourde dans la zone des trois frontières. Il se livre aussi au vol de bétail pour le revenu.

Les événements du Soum, berceau d’Ansaroul Islam, sont quant à eux, massivement attribués à la coalition du JNIM (98%). Les événements à Gao sont à peu près répartis entre les deux réseaux.

Centre-nord du Burkina Faso, zone des escalades de violence les plus rapides du Sahel

Les militants du Front de libération du Macina (FLM), qui fait partie de la coalition du JNIM, ainsi que les restes d’Ansaroul Islam, se sont déployés plus au sud dans cette zone la plus peuplée du Burkina Faso (près de 3 millions d’habitants).

Le Centre d’études stratégiques de l’Afrique affirme que la violence a déplacé près de 2 millions de Burkinabè, dont beaucoup ont cherché refuge dans un camp de personnes déplacées à Kaya, la capitale régionale et cinquième plus grand centre urbain du Burkina Faso. C’est également une zone quidispose d’importants gisements d’or, dont au moins trois mines industrielles et des dizaines de mines artisanales enregistrées. Les groupes islamistes militants cherchent à contrôler ces sites en tant que source majeure de revenus pour leurs activités.

A en croire les chercheurs américains, en 2017, un seul événement violent lié aux groupes militants islamistes a eu lieu dans les cinq districts de cette zone : Bam, Loroum, Namentenga, Sanmentenga et Yatenga. « Plus de 450 incidents violents devraient avoir lieu dans cette zone en 2022, ce qui représente 16% de tous les événements au Sahel », affirment-ils.

Cette zone est devenue un site principal d’expansion du FLM/JNIM au Burkina Faso. Les événements liés à l’ISGS représentent moins de 10% des incidents notés dans cette zone et se sont produits presque entièrement à Namentenga.

La violence contre les civils (deux événements violents sur trois visaient des civils en 2019) a entraîné des déplacements massifs de population de cette zone, permettant aux FLM et à d’autres groupes liés au JNIM de contrôler efficacement ce territoire.

Le centre du Mali, fief du FLM depuis 2015

Dirigée par le prédicateur extrémiste Amadou Koufa, la violence du FLM a radicalement déplacé l’insécurité au Mali des régions les plus reculées du nord vers les districts centraux de Bandiagara, Bankass, Djenné, Douentza, Koro et Mopti. Celles-ci comptent collectivement une population d’environ 1,5 million de personnes.

Depuis cette base, le FLM a récemment mené une poussée dans l’ouest et le sud du pays, devenant de plus en plus capable de menacer la capitale, Bamako. Cela survient après que le FLM a soutenu avec succès des éléments du JNIM poussant dans le nord du Burkina Faso et, dans une moindre mesure, plus au sud du Burkina Faso.

Globalement, notent les chercheurs, les événements violents dans cette zone représentent 14% de tous les épisodes de ce type au Sahel et 40% de tous les incidents au Mali. En 2022, ceux-ci sont généralement liés au FLM et à Amadou Koufa. Depuis 2019, les niveaux de violence dans cette région sont parmi les plus élevés au Mali. Le nombre d’événements a augmenté d’environ un tiers en 2020, puis de 50% en 2021, et devrait encore augmenter de 33% en 2022.

Par ailleurs, le centre de recherche signale que des événements violents liés à ces groupes se sont produits dans dix districts situés au nord de la Côte d’Ivoire, au Bénin et au Togo. Bien que les activités dans ces régions du nord ne représentent qu’un faible pourcentage de la violence globale, la présence croissante de groupes islamistes militants dans ces régions est préoccupante, alerte-t-il.

Le Think tank note que le Niger est menacé par la recrudescence des activités violentes. Les 174 événements violents prévus dans l’ouest du pays en 2022 représentent une augmentation de près de 10% par rapport à l’année précédente, conclut-il.

Les trois zones composées du centre du Mali, des trois frontières et du centre du Burkina Faso représentent plus de la moitié (55%) de tous les événements violents de la région. Cela souligne, d’après les chercheurs, l’importance du centre du Mali en tant que base et zone de rassemblement pour les attaques dans les zones voisines.

A l’Onu, Bamako maintient ses accusations contre Paris

Les autorités maliennes n’ont pas renoncé à leur souhait d’être entendues sur les liaisons supposées entre la France et les groupes jihadistes qui déstabilisent leur pays depuis une décennie.Le Mali est déterminé à présenter les « preuves concrètes » que la junte au pouvoir depuis mai 2021 suite à un coup d’Etat contre le président Bah N’Dao, affirme détenir sur des « actes de duplicité, d’espionnage et de déstabilisation de la France » à son encontre.

Devant le Conseil de sécurité, ce mardi 18 octobre, le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop a réitéré la demande de son pays à être entendu sur ces accusations portées depuis le 15 août dernier contre l’ancienne puissance coloniale.

Pour le chef de la diplomatie malienne, il est important que l’opinion publique internationale soit informée de ces actes qui impliquent également le « partage de renseignements, le largage de matériels au profit d’organisations criminelles qui sont à l’origine de l’insécurité et des violations contre les populations civiles ».

« Le Mali dénonce la guerre par procuration qui lui est imposée tout comme les manœuvres et les entraves à la tenue de cette réunion spécifique pour la manifestation de la vérité », a insisté le ministre malien, qui présentait le mémorandum du gouvernement de la transition suite à la publication du rapport trimestriel du Secrétaire général des Nations unies sur la situation politique, sécuritaire et humanitaire au Mali.

« Le Mali se réserve le droit de recourir à la légitime défense si la France continue de porter atteinte à la souveraineté de notre pays, à son intégrité territoriale et à sa sécurité », a poursuivi Abdoulaye Diop.

Accusations diffamatoires selon Paris

« Je regrette profondément les accusations graves et infondées portées contre la France de manière répétée par les autorités de transition malienne », a réagi le représentant permanent de la France aux Nations unies, Nicolas de Rivière.

« Je rappelle que la France s’est engagée pendant neuf ans aux côtés du Mali à la demande de ce pays pour combattre les groupes terroristes et que 59 soldats ont payé le prix de leur vie dans ce combat », a ajouté le diplomate français, soulignant que son pays n’a « jamais violé l’espace aérien malien ».

Les relations entre Bamako et Paris se sont dégradées après que le président français a annoncé le retrait de l’opération Barkhane du Mali en juin 2021. Mais selon l’ambassadeur de France à l’Onu, « ce redéploiement a été décidé le 17 février dernier à la suite d’une concertation approfondie avec l’ensemble des partenaires engagés dans la lutte contre le terrorisme au Sahel ».

« Elle reposait sur le constat que les conditions politiques et opérationnelles n’étaient plus réunies », a expliqué Nicolas de Rivière, faisant allusion au recours par Bamako au service d’« instructeurs russes » selon les autorités de la transition, mais de « mercenaires » de la compagnie militaire privée Wagner d’après plusieurs médias et diplomates occidentaux, pour lutter contre les groupes jihadistes.

Mali : le bilan de l’attaque à la mine contre la Minusma s’alourdit

Lundi 17 octobre, une patrouille de la Minusma a heurté un engin explosif improvisé, faisant au moins quatre morts et deux blessés graves.De deux, les casques bleus de nationalité tchadienne tués dans l’explosion d’une mine lundi 17 octobre à Tessalit, 1741 kilomètres au nord-est de Bamako sont passés à trois, selon les Nations-Unies alors que Wassim Nasr, journaliste à France24 et spécialiste des mouvements jihadistes évoque une quatrième victime.

Les soldats tchadiens de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la Stabilisation au Mali (Minusma) étaient en patrouille de recherche et de détection de mines à dans le nord de ce pays sahélien en guerre contre des groupes armés non étatiques affiliés à Al Qaida au Maghreb islamique ou à l’Etat islamique depuis plusieurs années.

Ce nouveau bilan porte à 76 le nombre de casques bleus tués par des engins explosifs improvisés (EEI) depuis l’installation de la Minusma au Mali.

Mardi 18 octobre, le Conseil de Sécurité des nations-unies a condamné l’attentat perpétré contre la Minusma dans le septentrion malien et réclame une enquête avec son soutien et des poursuites judiciaires contre les auteurs. Le Conseil de sécurité invite Bamako à informer le pays d’origine des victimes des progrès de l’enquête.

Au nombre de 1456 au 30 juin dernier, le contingent tchadien est l’un des plus importants de la Minusma et est déployé dans le secteur nord (Kidal, Tessalit et Aguelhoc).

Le mandat de la Minusma a été renouvelé en juin dernier dans un contexte de tension diplomatique entre le Mali et la France.

Les nouvelles autorités de Bamako, qui accusent Paris d’ « abandon en plein vol » dans la lutte contre les groupes jihadistes, se sont opposées au maintien des opérations de soutien de Barkhane au profit de la mission onusienne.

Pour la junte issue du coup d’Etat de mai 2021 contre le président de la transition qu’elle avait elle-même installé neuf mois plus tôt après le putsch contre Ibrahim Boubacar Keïta, « il est tout aussi indispensable de mieux définir et articuler la notion de protection des civils dans un contexte de guerre asymétrique ».

Mali: un journaliste de Joliba convoqué par la HAC

La chaîne malienne Joliba TV est sous la menace de sanctions de la Haute autorité de la communication (HAC), suscitant de nouvelles inquiétudes sur l’exercice d’une presse libre au Mali.Le directeur de l’information de Joliba TV, Mohamed Attaher Halidou, est convoqué lundi 17 octobre par la Haute autorité de la communication (HAC). Le 30 septembre dernier, il s’est inquiété, dans un éditorial, du danger menaçant la liberté d’expression dans son pays. Il a dans ce sens interpellé l’instance nationale chargée de la régulation des médias pour qu’elle sorte de son silence.

En réponse, la HAC a adressé une mise en demeure à la chaîne pour les propos de son promoteur qu’il considère comme des « manquements ». Dans le programme, l’organe de régulation incrimine le fait que M. Halidou fasse « souvent usage d’expressions à forte connotation péjorative » au sujet des autorités maliennes de transition. Devant ces « griefs », le journaliste est invité ce lundi à s’expliquer devant la commission de l’éthique, de la déontologie et du contentieux de la HAC.

Toutefois, cette convocation du directeur de l’information de Joliba TV est mal vécue par la plupart de ses confrères et consœurs, qui y voient une tentative d’intimidation des journalistes maliens. « Sans préjuger de la suite réservée à cette surprenante procédure, le Groupe Patronal de la Presse s’interroge sur l’opportunité d’une telle démarche ainsi que sur la teneur des griefs exposés dans la correspondance de la HAC en date du 12 octobre. Il l’assimile par conséquent à une tentative de musèlement de la presse et d’étouffement de l’expression plurielle, dans un pays où les libertés fondamentales demeurent garanties par la constitution en vigueur », a déploré le Groupe Patronal de la Presse écrite.

Régressions dans le classement RSF

D’autres personnalités maliennes dont des membres de l’opposition politique ont aussi exprimé leur inquiétude sur l’état de la liberté de la presse après la convocation de Mohamed Attaher Halidou. « Faisons attention à ne pas remettre en cause la base de la démocratie en l’occurrence la liberté d’opinion. Sans elle, toutes les dérives sont possibles et le pays serait dans l’abime », a fait remarquer l’ancien Premier ministre Moussa Mara.

Au Mali, la menace djihadiste, qui a fait perdre au pays les deux tiers de son territoire, n’épargne pas les journalistes qui subissent aussi les intimidations du pouvoir politique. Ils sont souvent ciblés par les groupes terroristes au Sahel, comme en témoigne l’enlèvement, début avril 2021, du Français Olivier Dubois.

En même temps, des professionnels de l’information dénoncent la pression exercée sur les médias travaillant au Mali depuis l’arrivée des militaires au pouvoir, en août 2020. Ils estiment que les nouvelles autorités veulent leur imposer une ligne informationnelle et n’hésitent pas à restreindre les voix dissidentes du régime militaire.

En avril dernier, la diffusion de RFI et France 24, déjà coupée en mi-mars, a été définitivement suspendue par Bamako en réaction à des reportages des deux médias français mettant en cause l’armée malienne dans des exactions visant des civils. Un mois plus tôt, un envoyé spécial du magazine Jeune Afrique était expulsé du pays, faute de détenir une accréditation.

Dans ces conditions, le Mali continue de régresser au classement mondial de la liberté de la presse établi annuellement par Reporters sans frontières (RSF). En 2022, le pays dirigé depuis deux ans par la junte des colonels a été classé à la 111e place sur 180 pays alors qu’il était 99e en 2021 et 108e en 2020.

L’affaire Birama Touré toujours pendante

Le Mali n’occupe pas non plus une place reluisante en Afrique (32e) en matière de liberté de la presse même si Bamako tente d’obtenir l’extradition de Karim Keïta, fils de l’ex-président Ibrahim Boubacar Keïta (2013 – 2020). En exil en Côte d’Ivoire depuis le renversement de son défunt père, Karim Keïta est visé, entre autres dossiers dans son pays, par une enquête sur la disparition, en 2016, du journaliste d’investigation Birama Touré.

Travaillant au Sphinx de Bamako, ce dernier aurait été enlevé, torturé et tué après plusieurs mois de détention selon sa famille et le directeur de publication de l’hebdomadaire. Ce dernier a affirmé en 2018 que son ex-reporter avait auparavant approché Karim Keïta à propos d’un dossier qu’il présentait comme compromettant pour le fils du président IBK.

Mali : deux casques bleus tués lors d’une patrouille

La Minusma est endeuillée suite au décès de deux casques bleus, tués par des engins explosifs improvisés à Tessalit, dans la région de Kidal.Les engins explosifs improvisés (EEI) ont encore fait parler d’eux dans le nord du Mali. Ce lundi 17 octobre, deux casques bleus sont morts lorsque leur véhicule a percuté un EEI lors d’une patrouille de recherche et de détection de mines à Tessalit, dans la région de Kidal, selon la Mission multidimensionnelle intégrée des nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma). 

Cet incident a également fait quatre blessés graves parmi les soldats des nations unies envoyés dans ce pays sahélien en guerre contre des groupes armés non étatiques depuis plusieurs années.

La nationalité des victimes n’est pas précisée dans la série de tweets consacrée à ce drame par la Minusma qui rappelle que début le début de son installation au Mali en 2013, les engins explosifs improvisés ont tué 74 casques bleus.

Le mandat de la Minusma a été renouvelé en juin dernier, dans un contexte de tension diplomatique entre le Mali et la France.

Les nouvelles autorités de Bamako qui accuse Paris d’ « abandon en plein vol » dans la lutte contre les groupes jihadistes, se sont opposées au maintien des opérations de soutien de Barkhane au profit de la mission onusienne.

Pour la junte issue du coup d’Etat de mai 2021 contre le président de la Transition qu’elle avait elle meme installée neuf mois plus tot apres le putsch contre Ibrahim Boubacar Keita, « il tout aussi indispensable de mieux définir et articuler la notion de protection des civils dans un contexte de guerre asymétrique ».

ASECNA: le Conseil des ministres invité à se pencher sur la grève des contrôleurs aériens

L’Union des syndicats des contrôleurs aériens de l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar (USYCAA) a demandé, vendredi à Dakar, aux ministres des Transports aériens des pays membres de l’ASECNA de trouver des solutions à sa plateforme revendicative.Une grève des contrôleurs aériens a perturbé les 23 et 24 septembre 2022 le trafic aérien dans les 18 États de l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar (ASECNA). Dans ce contexte, les ministres des Transports aériens se réunissent ce lundi 17 octobre à Dakar, poussant l’Union des syndicats des contrôleurs aériens de l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar (USYCAA) à leur demander de trouver des solutions aux points revendicatifs relatifs, entre autres, à l’amélioration des conditions de travail et à de meilleurs plans de carrière.

« Nous demandons aux ministres, les seuls capables aujourd’hui de trouver une solution, face au manque de volonté affiché par le Directeur général, à être vigilants à la manipulation et la campagne de diabolisation à notre égard en cours, afin d’urgence, trouver une solution heureuse par rapport à notre plateforme revendicative », a lancé Paul François Gomis, son secrétaire général.

S’exprimant au cours d’un point de presse, M. Gomis a précisé que « nous avons suspendu le mot d’ordre sur la demande de nos ministres de tutelle, les ministres en charge du transport aérien pour leur permettre de se réunir lors d’une réunion prévue le 17 octobre à Dakar ». 

Toutefois, a poursuivi le SG de l’USYCAA, « il y a des suspensions qui ne sont pas encore levées, les camarades ne sont pas sur les tableaux de service, ils ne travaillent pas et, nous connaissons leurs intentions derrière tout cela ».

Mali : dix morts dans une attaque à la mine artisanale

Le Mali continue d’enregistrer des incidents sécuritaires liés aux activités de groupes armés non étatiques.C’est un évènement tragique. Jeudi 13 octobre, un bus de transport en commun a heurté un engin explosif improvisé (EEI) à Tilé, sur l’axe Bandiagara – Sévaré, dans le centre du Mali.

L’incident qui s’est produit en début d’après-midi, a fait une dizaine de morts, selon plusieurs sources locales.

Dans un communiqué diffusé vendredi 14 octobre, l’Etat-major général des armées maliennes (EMGA) fait état de « 10 morts et 38 blessés ».

L’armée malienne a identifié « une femme et une fille de 5 ans environ » parmi les victimes de cette attaque qu’elle attribue à la Katiba du Macina.

« Ces actions de la Katiba du Macina de Amadou Kouffa ayant fait allégeance au JNIM (acronyme arabe du Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM)) de Iyad Ag Ghali, démontrent la lâcheté et la barbarie de cette organisation terroriste qui, en perte de puissance et dans sa débandade, ne s’attaque qu’aux populations civiles innocentes », dénonce l’EMGA.

Le chef de la Mission multidimensionnelle intégrée des nations pour la stabilisation au Mali (Minusma), El-Ghassim Wane « condamne un acte lâche » et réclame des poursuites judiciaires contre les auteurs.

Le centre du Mali est devenu l’un des foyers de l’insurrection jihadiste partie du nord il y a une décennie.

La junte au pouvoir, à l’issue d’un coup d’Etat en mai 2021 contre le président de la Transition qu’elle avait elle-même installé après l’éviction d’Ibrahim Boubacar Keita en aout 2020, tente de reprendre l’initiative. Pour ce faire, les militaires ont fait appel à des coopérants russes qualifiés de mercenaires du groupe militaire privé controversé Wagner par des diplomates et médias internationaux.

L’opération Barkhane qui a pris le relais de l’Intervention Serval en 2014 pour combattre les jihadistes s’est définitivement retirée du Mali sur fond de tension diplomatique entre Bamako et Paris.

Mali : l’Onu note des « progrès face à des défis colossaux » (rapport)

António Guterres, le Secrétaire Général des Nations Unies, a adressé au Conseil de sécurité un rapport daté du 3 octobre dernier sur la situation au Mali.La communauté internationale suit de près le Mali dirigé par une junte et confronté à la menace jihadiste. Quatre mois après la publication du précédent rapport, le récent passe en revue les faits nouveaux survenus au Mali durant cette période, avant d’en faire l’analyse.

Dans le document de 21 pages, António Guterres, le Secrétaire Général des Nations Unies, soutient que « le Mali fait encore face à des défis colossaux, mais les derniers mois ont été marqués par certains progrès ».

À l’avenir, selon celui qui a pris ses fonctions le 1er  janvier 2017, il est essentiel de tirer parti de ces avancées, l’objectif ultime étant de mettre le pays sur une voie irréversible vers la paix, la sécurité et la stabilité durables auxquelles sa population aspire depuis longtemps.

Constatant que l’accord entre le Mali et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) sur le calendrier de la transition et le mécanisme de suivi correspondant a « ouvert la voie à la levée des sanctions financières et économiques », M. Guterres a félicité « les dirigeants régionaux pour leur engagement sans faille ».  

L’ancien Premier ministre du Portugal (1995 à 2002), à propos du processus de retour à l’ordre constitutionnel, a salué l’adoption et la promulgation de la Loi électorale, l’entrée en service de l’organe indépendant unique de gestion des élections et la formulation d’une nouvelle Constitution. Tout cela, a-t-il affirmé, témoigne d’un nouvel élan qu’il convient de soutenir au regard des tâches à accomplir.

Persuadé que l’un des éléments clés « de la réussite des processus électoraux et des réformes tient à l’ampleur du consensus qui les entoure », António Guterres se dit encouragé « par le fait que les autorités (maliennes) aient relancé le cadre consultatif avec les partis politiques et les acteurs de la société civile, ainsi que par l’approche inclusive qui a sous-tendu l’adoption de la Loi électorale ».

Parallèlement à la lutte armée, le Mali explore également la voie du dialogue. À cet effet, souligne le successeur de Ban Ki-Moon, la tenue, en août, de la réunion de décision de haut niveau sur certains aspects de l’Accord de paix a ravivé les espoirs de progrès décisifs dans cette entreprise critique de désarmement, démobilisation et de réintégration.

Etant donné que l’Accord de paix reste le meilleur cadre pour surmonter les conflits récurrents dans le Nord du Mali, en plus d’être une composante essentielle du programme de réforme conçu par les Assises nationales de la refondation du pays, António Guterres a plaidé pour l’accélération, par le gouvernement et les mouvements signataires, « des travaux de la Commission ad hoc chargée de formuler des recommandations sur l’intégration des hauts responsables des mouvements, y compris en ce qui concerne la chaîne de commandement ».

« La Minusma continuera à soutenir le processus de paix »

À en croire le Secrétaire Général des Nations Unies, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma), dont le mandat a été prolongé d’un an, le 30 juin dernier,  « continuera à soutenir le processus de paix, notamment dans le cadre de la médiation internationale ».

Poursuivant, il a magnifié les résultats de la session du Comité de suivi de l’Accord qui vient de se tenir. « Le plein fonctionnement de ce Comité et de ses structures subsidiaires est indispensable pour garantir un suivi étroit du processus de paix, le Comité offrant aux parties une tribune pour exprimer leurs préoccupations afin de parvenir à des solutions consensuelles », a fait savoir M. Guterres.

Sur le théâtre des opérations, cet ex-Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés (2005-2015), dit rester profondément préoccupé par l’évolution des conditions de sécurité dans le contexte de la reconfiguration de l’action antiterroriste internationale au Sahel : « La poursuite des activités terroristes dans le centre du Mali et dans la zone tri-frontalière entre le Mali, le Burkina et le Niger, en particulier dans les régions de Ménaka et de Gao, y compris la concurrence accrue entre groupes terroristes, a fait un nombre considérable de victimes civiles, provoqué des déplacements de population et perturbé les moyens de subsistance de communautés déjà vulnérables ».

Dans ce contexte, le Mali a intensifié ses efforts pour lutter contre l’insécurité, mais « une paix durable ne peut être atteinte que si les opérations de sécurité s’accompagnent d’efforts tout aussi résolus pour instaurer la présence de l’État, y compris un appareil judiciaire considéré comme équitable et efficace, pour assurer la prestation des services de base, pour promouvoir la réconciliation intra et intercommunautaire et pour protéger les droits humains », a expliqué l’ancien président du Conseil européen.

Par conséquent, il a apprécié les mesures prises par le gouvernement malien en vue du redéploiement du personnel de l’administration civile et pour l’adoption de sa stratégie de stabilisation et de son plan d’action pour les régions du Centre.

La Minusma et l’équipe de pays des Nations Unies, a promis António Guterres, travailleront en étroite collaboration avec les autorités pour appuyer ces mesures et la Mission continuera à soutenir l’action des Forces de défense et de sécurité maliennes en pleine conformité avec la politique de diligence voulue en matière de droits humains.

« J’exhorte les autorités maliennes à redoubler d’efforts »

Les Nations Unies accordent une importance particulière au respect des droits humains en toutes circonstances. À ce sujet, son Secrétaire Général a rappelé que les opérations militaires, y compris celles menées avec des partenaires bilatéraux, doivent être menées dans le respect du droit international des droits de l’Homme et du droit international humanitaire, et les auteurs de violations et d’atteintes doivent être amenés à répondre de leurs actes.

Globalement, aux yeux de la communauté internationale, si la note trimestrielle récemment publiée par la Minusma fait état d’une baisse du nombre de violations et d’atteintes recensées, la situation générale n’en reste pas moins fort préoccupante.

Partant de là, M. Guterres a exhorté « les autorités maliennes à redoubler d’efforts pour honorer leur engagement de respecter leurs obligations internationales », non sans dire que « la Minusma continuera à soutenir le gouvernement et poursuivra son dialogue constructif avec lui ».

Le conflit détériore sérieusement la situation humanitaire au Mali et dans les autres pays du Sahel concernés par la menace jihadiste. Face à l’urgence, a estimé l’ancien président de l’Internationale socialiste, une mobilisation internationale, bien supérieure à celle qui existe jusqu’à présent, s’impose.

« Le plan de réponse humanitaire n’étant financé qu’à hauteur de 27 %, j’appelle la communauté internationale à se mobiliser pour répondre aux besoins cernés. Plus généralement, un soutien international est requis pour l’exécution des différents processus en cours au Mali. Aussi centrales soient-elles, les initiatives maliennes ne peuvent réussir sans un accompagnement à la hauteur des tâches à accomplir », a-t-il ajouté dans ce sens.

Les progrès réalisés au Mali, a prévenu António Guterres, contribueront considérablement à stabiliser la région du Sahel. En revanche, tout échec dans la stabilisation du pays se répercuterait bien au-delà de ses frontières. C’est pourquoi, a-t-il indiqué, « j’encourage toute action visant à renforcer la confiance et la coopération entre le Mali et ses voisins et partenaires internationaux » et « demande à nouveau la libération des 46 soldats ivoiriens encore détenus au Mali ».

En outre, le Secrétaire Général des Nations Unies a déclaré que l’efficacité de la Minusma est étroitement liée au niveau de facilitation dont elle bénéficie de la part des autorités en termes de liberté de mouvement et d’autres activités connexes, conformément à l’accord sur le statut des forces.

Au cours des derniers mois, « les entraves aux opérations de la Minusma ont eu une sérieuse incidence sur sa capacité à s’acquitter de son mandat, en particulier la protection des civils », a regretté le natif de Lisbonne (Portugal), qui a invité « les autorités maliennes à soutenir pleinement la Mission dans toutes ses activités visant à les aider à instaurer la paix et la stabilité dans le pays ».

De l’avis d’António Guterres, il est urgent de doter la Minusma des moyens dont elle a besoin, compte tenu de son environnement opérationnel difficile, en particulier de la menace asymétrique à laquelle elle doit faire face. Aussi, au vu de l’évolution des conditions de sécurité, il importe d’envisager les mesures appropriées, y compris un accroissement de la force à court terme, conformément à ce qui a déjà été convenu avec les autorités maliennes, en attendant les conclusions de l’examen interne de la Mission.

Afrique : la recette de l’Onu pour endiguer les conflits

Les Nations unies proposent l’aide au développement durable pour s’attaquer aux causes profondes des conflits sur le continent africain.Le Secrétaire général de l’Onu, António Guterres, a décrit la collaboration entre l’organisation qu’il dirige et l’Union africaine (UA) comme une pierre angulaire du multilatéralisme, mais il s’est inquiété de la résurgence des conflits, des impacts du changement climatique et de la guerre en Ukraine sur ce continent pour lequel il a requis une aide au développement massive.

Lors d’une réunion du Conseil de sécurité, hier mardi, consacrée à la coopération entre les deux organisations, le chef de l’Onu a rappelé qu’en 2002 les dirigeants africains s’étaient engagés à œuvrer ensemble afin de prévenir les conflits et de promouvoir la paix, le développement, les droits humains et l’Etat de droit.

Soulignant qu’ils avaient souhaité permettre à l’Afrique de jouer le rôle qui lui revient sur la scène internationale, et aboutir à un système de gouvernance mondiale plus juste et plus efficace, le Secrétaire général a cité nombre d’exemples de la détermination de cette organisation régionale, tels l’Agenda 2063, l’accord de libre-échange continental et l’initiative « Faire taire les armes en Afrique », et plus récemment l’initiative des Centres de contrôle et de prévention des maladies de l’Afrique (CDC Afrique), un outil précieux pendant la pandémie.

António Guterres n’a pas manqué de louer « le partenariat unique qu’entretiennent l’Onu et l’UA, ancré dans les principes de complémentarité, de respect et de prise en charge africaine, et aujourd’hui considéré comme une pierre angulaire du multilatéralisme ».

Il a ainsi évoqué plusieurs réalisations récentes dans son rapport. D’abord dans le domaine de la sécurité et du règlement des conflits, le lancement conjoint, avec la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) et le G5 Sahel, de l’Évaluation indépendante afin d’améliorer l’action globale menée en matière de sécurité, de gouvernance et de développement à travers le Sahel, ainsi que des initiatives communes avec la même Cédéao pour un retour rapide à l’ordre constitutionnel au Burkina Faso, en Guinée et au Mali. Il a cité aussi un engagement soutenu en faveur d’un règlement négocié du conflit en Ethiopie, dans le cadre d’un processus avec l’Union Africaine, et des campagnes conjointes de collectes d’armes à Madagascar, au Niger et en Ouganda.

Bonne gouvernance

Cette collaboration œuvre aussi pour la bonne gouvernance et les transitions politiques dans les pays de la région. L’Onu et l’UA, en collaboration avec l’IGAD, l’Autorité intergouvernementale pour le développement des Etats d’Afrique de l’Est, ont travaillé à rétablir une gouvernance démocratique menée par des civils au Soudan, au processus de transition au Tchad et au bon déroulement du scrutin présidentiel en Somalie.

Malgré ces réalisations, le Secrétaire général a déploré la persistance de défis, le fait que le recours à la force soit trop souvent considéré comme « la seule méthode de résolution des différends », la multiplication des changements inconstitutionnels de gouvernements, la recrudescence des violences envers les femmes et notamment les défenseures des droits humains. Il a mis en garde contre les funestes attaques de Daech et Al-Qaïda au Sahel, comme la poursuite de conflits prolongés, source de situations humanitaires désastreuses dans la Corne de l’Afrique, en Ethiopie, dans l’est de la République démocratique du Congo, au Mali, au Soudan et en Libye.

António Guterres a aussi partagé son inquiétude face à l’augmentation de la désinformation et des discours de haine, promus en armes de guerre, et rappelé aux Etats la responsabilité internationale qui leur incombe de renforcer leurs capacités à détecter et éteindre les conflits des leurs premiers signes.

Pour sa part, Moussa Faki Mahamat, Président de la Commission de l’Union africaine a appelé l’Onu à prendre mieux en compte les transformations profondes survenues à l’échelle des évolutions africaines et à remettre en cause le dogme qui gouverne les institutions internationales depuis la fin de la Seconde guerre mondiale.

L’Afrique compte aujourd’hui 1,4 milliard d’habitants ; elle est le siège de 70% des missions de maintien de la paix et les sujets qui la concernent occupent la première place dans les débats onusiens.

Or, a regretté M. Mahamat, « elle est le seul vrai continent qui soit exclu de votre vénérable organe », le Conseil de sécurité.

« Comment cacher notre frustration de cette humiliante exclusion ? », a-t-il demandé, avant d’exhorter les membres du Conseil à lui apporter « plus que des déclarations incantatoires et de décider de la place de l’Afrique dans cette institution, et de lui offrir mieux que la portion congrue des financements et investissements dans le climat et de lui ouvrir l’univers illimité de la science et des nouvelles technologies ».

Mali : ce que l’avant-projet de Constitution veut changer

La Commission de Rédaction de la Nouvelle Constitution (CRNC) a remis l’avant-projet de la loi fondamentale au président de la transition.Le Mali s’achemine vers de grands changements institutionnels si l’avant-projet constitutionnel, remis mardi 11 octobre au colonel Assimi Goïta, président de la transition malienne, est adopté à l’issue du referendum prévu en mars 2023. « L’avant-projet comporte 195 articles qui se situe dans la mesure des constitutions africaines », souligne Fousseyni Samaké, président de la Commission de rédaction de la nouvelle Constitution (CRNC). A l’en croire, « cet accroissement s’explique par la complexité du monde, la multiplication des acteurs et les grandes problématiques ».

L’avant-projet, dont la rédaction a nécessité deux mois de travail à travers « des concertations avec les forces vives de la nation », connaîtra aussi de grandes innovations sur la forme. « Il y a eu des reformulations d’articles », informe Fousseyni Samaké, qui était l’invité du journal télévisé de l’Office de Radiodiffusion Télévision nationale du Mali (ORTM). Mais selon l’ancien Secrétaire Général du gouvernement, « c’est surtout sur le fond que les améliorations les plus importantes » ont été apportées. « Il y a une affirmation claire du caractère unitaire de l’Etat. Ce qui suppose qu’il n’est pas question que nous ayons un Etat fédéral », assure le président de la CRNC. 

Dans cet avant-projet, il y a aussi « un développement sur le concept de la République laïque ». En effet, « la conception malienne de la laïcité se trouve définie dans la nouvelle Constitution », explique-t-il, ajoutant que la Cour des comptes s’ajoutera aux institutions judiciaires, conformément aux exigences de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa).

S’agissant des institutions, le président de la CRNC indique que le Conseil économique, social et culturel prendra le nom de Conseil économique, social, culturel et environnemental tandis que le pouvoir législatif sera incarné par le parlement qui comprendra deux chambres : l’Assemblée nationale et le Haut conseil de la Nation. Par contre, la Haute Cour de justice et le Haut conseil des collectivités disparaîtront de la liste des institutions.

Dans la première mouture présentée au chef de l’Etat malien, des changements majeurs dans la distribution des pouvoirs entre le président de la République et le Premier ministre ont été notés. « Dans la Constitution actuelle, il est dit que c’est le gouvernement qui détermine la politique de la nation. Avec la nouvelle Constitution, c’est le président qui détermine la politique de la nation dont le gouvernement se chargera de l’exécution », révèle Fousseyni Samaké, précisant que « ce changement intervient pour clarifier le fait que la détermination de la politique de la nation est du ressort du président de la République ».

Aussi, l’Assemblée nationale a été privée de la prérogative de pouvoir renverser le gouvernement. Inversement, le président de la République ne pourra plus dissoudre l’Assemblée nationale. Cependant, l’avant-projet a « institué une procédure de destitution des hautes autorités de la République ». En clair, les présidents de la République, de l’Assemblée nationale et du Haut Conseil de la Nation peuvent être déchus lorsqu’ils ne sont plus en mesure de répondre aux exigences de leurs fonctions, soutient Fousseyni Samaké.

Les autorités de la transition ont fait de ces réformes l’une de leurs priorités, à côté de la restauration de la sécurité sur des parties du territoire qui enregistrent des activités liées aux groupes jihadistes liées à Al Qaïda ou à l’Etat islamique.