Covid-19: trois décès au Niger, état d’urgence, Niamey en isolement

Le Niger a enregistré trois décès de personnes atteintes du virus du Covid-19, poussant le gouvernement à instauré l’état d’urgence sanitaire depuis vendredi et a placé la ville de Niamey en isolement.La ville de Niamey, seule ville jusqu’à présent touchée par le coronavirus, est placée en isolement sanitaire et sous couvre-feu de 19 heure à 6 heures du matin pour une période de deux semaines à compter de samedi.

Ces décisions fortes ont été annoncées par le président Issoufou Mahamadou dans un message à la Nation qu’il a rendu public vendredi et qui s’ajoute à toute une batterie d’autres mesures qu’il avait énoncées le 17 mars dernier, lors de son premier message dédié à la prévention du coronavirus.

Il faut rappeler que le Niger avait enregistré son premier cas de coronavirus le 19 mars dernier. Selon un communiqué du ministère de la Santé Publique, l’on dénombre 18 cas confirmés dont 3 décès, tous à Niamey au soir du samedi 28 mars 2020.

Ceci explique les mesures fortes adoptées essentiellement la  a l’endroit de la capitale. 

Néanmoins, des centres de tests seront aménagés dans chaque chef-lieu de région et dans certains chefs-lieux de départements « très isolés » pour éviter toute propagation de la pandémie.

Entre autres nouvelles mesures prises par le gouvernement, il faut noter l’augmentation des capacités d’accueil hospitalier et de réanimation ; le renforcement de la protection du personnel de santé ; l’augmentation des capacités de confinement des cas suspects et enfin le recrutement immédiat de 1500 agents de santé dans la Fonction publique.

L’ensemble des mesures prises à ce jour, tant sur le plan sanitaire, économique et social fait l’objet d’un Plan de riposte dont le montant est estimé à 597 milliards de Fcfa selon les autorités du pays.

Le Niger enregistre son premier cas de Covid-19

Le Niger a enregistré ce jeudi son premier cas de coronavirus, annonce le ministre de la Santé Publique, Dr Idi Illiassou Mainassara, cité par un communiqué reçu vendredi à APA.Le patient, explique le ministre Mainassara, est de nationalité nigérienne de 36 ans, magasinier d’une compagnie de transport terrestre ayant voyagé suivant l’itinéraire Lomé, Accra, Abidjan et Ouagadougou.

Se voulant rassurant, le ministre a indiqué que le malade est d’ores et déjà pris en charge par les services compétents et que son état était stable.

Cette annonce du ministre Mainassara a été suivie d’une réunion d’urgence des différentes organisations religieuses du Niger, notamment les communautés chrétiennes qui ont décidé de la suspension jusqu’à nouvel ordre de tous les cultes dominicaux et de toutes autres réunions dans les églises.

L’annonce du premier cas de Covid-19 au Niger intervient également 48 heures après un message à la nation du président Issoufou Mahamadou qui avait listé une série de mesures allant de la fermeture des aéroports internationaux du pays à celle des écoles et universités, en passant par l’interdiction des regroupements de plus 50 personnes sur toute l’étendue du territoire national.

A partir de ce vendredi 20 mars, entre autres mesures préventives, le président Issoufou avait annoncé la fermeture des frontières terrestres pour une durée de deux semaines renouvelables, excepté pour le transport des marchandises.

Les rassemblements au cours des baptêmes, des mariages et de toute autre forme de cérémonie sont interdits de même que les ateliers et autres séminaires et ce, jusqu’à nouvel ordre.

Coronavirus: l’activité d’Air Côte d’Ivoire « en baisse de plus de 50% » (compagnie)

L’activité d’Air Côte d’Ivoire, ralentie suite aux mesures sanitaires imposées dans les pays de desserte, est « en baisse de plus de 50% actuellement», a appris jeudi APA auprès de la compagnie aérienne nationale.« L’activité (d’Air Côte d’Ivoire) est en baisse de plus de 50% actuellement », selon le chef du Département marketing de la compagnie aérienne, Fofana Yacouba, qui renseigne que «les estimations de pertes de revenus sont en cours » .

Suite aux limitations imposées par des pays de desserte pour prévenir la propagation du Coronavirus, Air Côte d’Ivoire annonce s’aligner sur les mesures restrictives en ajustant ses programmes. Les décisions de ces pays rentrent en vigueur les 18 et 19 mars 2020.

De ce fait, la compagnie aérienne annonce sur les lignes Abidjan-Douala et Abidjan-Yaoundé « aucun vol en raison de la fermeture de l’aéroport pour une durée non définie » puis la ligne Abidjan-Bamako «aucun vol en raison de la fermeture de l’aéroport» à partir du 19 mars 2020.

Concernant la ligne Abidjan-Niamey, la fermeture de l’aéroport s’étend sur une période connue, du 19 mars au 3 avril 2020, alors que pour la desserte Abidjan-Libreville il est prévu « 1 vol sur 7 suite à la limitation des fréquences par le gouvernement gabonais ».

« Au niveau des avions, la procédure de nettoyage a été renforcée avec des produits appropriés », a fait savoir M.  Fofana, soulignant qu’au plan social, plusieurs mesures sanitaires sont prises avec la distribution de gels hydro alcooliques aux employés, la sensibilisation sur les mesures  barrières et le renforcement des procédures de nettoyage des bureaux.

En Côte d’Ivoire, le Conseil national de la sécurité (CNS), a sous la présidence du chef de l’Etat, édicté jeudi 13 mesures restrictives pour prévenir la propagation de la maladie à Coronavirus dans le pays, où neuf cas confirmé sont enregistrés.

Niamey : Une manifestation interdite fait trois morts

Trois personnes ont péri ce dimanche dans l’incendie du marché Tagabati, suite à l’explosion d’une grenade lacrymogène lancée lors d’une manifestation interdite, a appris APA auprès des témoins.Selon les sources, c’est une grenade lacrymogène tirée sur les manifestants en déroute qui aurait atterri sur un enchevêtrement de tissus et autres matières inflammables que les commerçants de ce marché aux allées tortueuses utilisent en guise de hangar.

La marche a été dispersée par les forces de l’ordre alors que les manifestants comptaient dénoncer le scandale de détournement de fonds dans l’achat de matériel militaire destiné aux Forces de défense et de sécurité engagées dans la lutte contre le terrorisme.

Les manifestants envisageaient également exiger que des suites judiciaires soient données à un rapport d’audit du ministère de la Défense Nationale qui fait cas de plusieurs centaines de milliards de Francs CFA détournés.

Cette manifestation n’était pas toutefois autorisée, conformément aux mesures préventives prises par le gouvernement nigérien qui a interdit tout rassemblement politique, culturel ou sportif de plus de mille personnes, en raison de la pandémie de coronavirus.

L’incendie s’est déclaré aux environs de 10 heures dans l’un des principaux centres commerciaux de Niamey, en marge de cette marche initiée par une partie de la société civile et qui devait se tenir à la Place de la concertation (Place de l’Assemblée nationale) située à quelques encablures du marché.

Une fois le feu maîtrisé par les sapeurs-pompiers, le ministre de l’Intérieur, M. Bazoum Mohamed, a confirmé les trois décès, expliquant que les deux premières personnes ont été piégées par les flammes, à l’intérieur d’une boutique tandis que la troisième victime serait probablement morte asphyxiée.
Le ministère de l’Intérieur n’a cependant pas confirmé la thèse selon laquelle les forces de l’ordre seraient à l’origine du sinistre.
Une enquête est d’ores et déjà ouverte pour situer les responsabilités, a-t-il indiqué.

Le marché Tagabati qui jouxte le Grand marché de Niamey se caractérise surtout par l’accessibilité de ses articles dont les prix se trouvent souvent en deçà de ceux pratiqués sur les autres places commerciales. Ce qui explique sa très forte fréquentation.
La veille de cet incendie, l’Administrateur délégué de la ville de Niamey avait entrepris une opération de déguerpissement des petits commerces encombrant ses ruelles étroites et qui y rendent difficile tout mouvement.

Covid-19: le Niger annule les rencontres internationales

Le gouvernement nigérien a décidé de renforcer les mesures de prévention contre le coronavirus (Covid-19), en annulant notamment tous les événements internationaux programmés dans le pays, en interdisant les regroupements de plus de 1000 personnes et en confinant toutes les personnes venant des pays où sévit la maladie.Ces mesures font partie d’une panoplie de mesures prises à l’issue du Conseil des ministres tenu, vendredi à Niamey, sous la présidence du chef de l’Etat, Issoufou Mahamadou.

Ces mesures, dit le communiqué du Conseil des ministres, sont prises « au regard de la vitesse de propagation de la maladie dans le monde et de la faiblesse des systèmes de santé nigériens à y faire face ». De ce point de vue, pour le gouvernement, « il est impérieux d’être proactif et de ne pas attendre que la maladie s’installe et se diffuse pour agir ».

Outre ces mesures précitées, le gouvernement a décidé d’interdire toutes les missions officielles dans les pays affectés par l’épidémie et déconseille aux Nigériens de se rendre à leur tour dans ces pays.

Tout en appelant à organiser le plus simplement possible les cérémonies de réjouissances et même les deuils, le gouvernement a demandé à tous les citoyens d’organiser des séances de prières pour contrecarrer la pandémie.

A ce jour, aucun cas de coronavirus n’a été enregistré au Niger. Plusieurs cas suspects ont été détectés, notamment au niveau de l’aéroport international de Niamey, principal point d’entrée du pays. Mais selon le ministre de la Santé, Idi Illiassou Mainassara, les tests rapidement effectués sur ces cas se sont avérés négatifs.

Un contingent de soldats tchadiens bientôt déployés au Niger

Le chef de l’Etat tchadien, Idriss Deby a accordé, vendredi, une audience à l’Envoyé spécial de la France pour le Sahel, Christophe Bigot, pour discuter de l’envoi de soldats tchadiens au Niger, notamment dans la zone dite des trois frontières.Il ressort de cette rencontre que le Tchad accepte de déployer, à partir de fin mars 2020, un contingent de 600 soldats. Le ministre tchadien de la Défense nationale, Mahamat Abali Salah, qui accompagnait l’Envoyé spécial de la France pour le Sahel, a déclaré qu’avant le « 25 mars, le bataillon tchadien sera sur place à Niamey ».

« Sur les plans matériel et humain, le bataillon est déjà prêt et sera déployé dans quelques jours », a rassuré le ministre tchadien de la Défense nationale.

Niger: la femme touarègue entre émancipation et respect des traditions

La société touarègue qui vit dans le nord du Niger, matriarcale par essence, a longtemps réservé une place de choix à la femme qui est considérée comme le pilier de la famille et la gardienne des traditions. A ce titre, celle-ci jouit d’une considération à faire pâlir d’envie les femmes des autres communautés.La beauté des femmes touarègues est légendaire. Elle a inspiré nombre d’auteurs et de voyageurs qui ne tarissent pas d’éloges à leur égard. Outre le fait de donner une bonne image de cette société, celle-ci y joue également un grand rôle.

Selon Ibrahim Manzo Diallo, journaliste vivant à Agadez et ayant consacré un ouvrage à la culture touarègue, « dans la société touarègue, la séparation entre les sexes est peu marquée dans la vie courante. Nonobstant sa place de gardienne de foyer, la femme participe activement à la vie de la communauté et pour toutes les questions sensibles son avis est recherché ».

En ce sens, poursuit-il, « elle influence fortement la vie de la société qui évolue en fonction du jugement éventuel que celle-ci va porter sur chacun ». De manière générale, « la femme touarègue est dispensée des corvées harassantes comme la corvée d’eau et la corvée de bois. Des tâches qui sont généralement le quotidien des femmes dans beaucoup de communautés et dont s’acquittent ici volontiers les hommes ».

La société touarègue est une société d’obédience musulmane, mais qui s’apparente à une société monogame au sein de laquelle la femme s’est longtemps appuyée sur le fait que la religion autorise la polygamie, mais ne contraint pas l’homme à avoir plusieurs femmes.

Dans cette société raffinée, à bien des égards, et maitrisant les subtilités de la langue, la place de la femme est d’autant plus importante que c’est sur elle que repose l’éducation des enfants à qui elle doit apprendre la bienséance, la langue dans toutes ses subtilités, mais aussi le « Tifinagh », l’écriture touarègue.

Le mariage chez la femme touarègue

Les mariages touaregs sont souvent arrangés et la femme, du moins pour son premier mariage, ne peut que se soumettre à la volonté de ses parents auxquels il revient de lui trouver un « bon » mari.

A première vue, on pourrait croire que son sort est peu enviable, mais les avantages qu’elle tire de son nouveau statut compensent largement les désagréments supposés de cette union imposée.

Le mariage est scellé par une dot appelée « Taggalt » qui se compose de chameaux, de bœufs ou de petits ruminants, offerts par la famille du prétendant.

A ce troupeau ainsi constitué, viendront s’ajouter les animaux donnés en guise de contribution par les amis et les autres membres de la famille. Il constituera pour la femme un patrimoine sur lequel personne, même pas son mari, n’aura des droits car, il faut le préciser, le régime matrimonial en vigueur chez les Touaregs est celui de la séparation des biens.

Ainsi, pendant que son mari puise dans son patrimoine pour subvenir à ses besoins, la femme a tout le loisir de faire tranquillement progresser son troupeau. Ce qui lui garantit une certaine autonomie financière.

La vie de couple chez les Touaregs

Chez les Touaregs, se marier signifie « fabriquer la tente » ou « nouer la tente ». Considérée comme l’univers de la femme, la tente est fournie avec le mobilier et le matériel domestique par la famille de la mariée. Cette tente qui sera construite selon un rituel particulier dans la tribu de la femme, devra également accueillir le marié qui n’aura désormais plus d’autre toit.

Les mariés vivent ainsi leur vie de couple pendant un certain temps dans la tribu de la femme et lorsque le mari le décidera, le couple retourne habiter chez lui. La femme démonte alors sa tente et suit son époux jusqu’au nouveau lieu d’habitation où elle va la remonter.

Dans la tradition touarègue, la femme est pratiquement considérée comme l’égale de l’homme. Elle est présente au cours des assemblées de prise de décision (jusque dans la cour du Sultan de l’Aïr). En outre, dans cette société, un homme ne doit en aucun cas porter la main sur une femme car, explique M. Baco, un homme d’affaires touareg qui vit à Niamey, «frapper la femme, équivaudrait inévitablement à une déclaration de divorce. Ce qui, dans la société touarègue, était très rare ».

Si toutefois cela devait arriver, explique Ibrahim Manzo Diallo, « de la même façon que la femme est venue avec sa tente, elle la démonte et retourne chez elle avec tout le mobilier qu’elle contient. Si ce n’est l’homme qui la quitte, lui laissant enfants, animaux, et toutes les richesses…»

Cette particularité, explique M. Baco, sourire au coin des lèvres, « est même devenue un sujet de plaisanterie entre nous et nos cousins Sonraïs (Djerma) qui ne ratent aucune occasion de nous rappeler que nous n’avons pas de maison et que nous vivons chez nos femmes. Mais voilà, c’est notre tradition et nous la respectons…»

L’Afrique enregistre son deuxième cas de Covid-19 en Algérie

Un ressortissant italien arrivé le 17 février en Algérie a été diagnostiqué positif du coronavirus, ont annoncé mardi soir les autorités de ce pays qui enregistre ainsi le deuxième cas du continent officiellement touché par l’épidémie après l’Egypte, deux semaines plus tôt.Le cas algérien a été suspecté en même temps que son compatriote, tous deux « de nationalité italienne » et « âgés de 55 ans et 61 ans », a précisé le ministre algérien de la Santé à la télévision d’Etat.

Au bout de huit jours de veille sur eux, un seul « cas a été confirmé positif au coronavirus », a-t-il assuré, avant de louer le dispositif de « surveillance et d’alerte mis en place au niveau national (qui) a permis de détecter deux cas ».

Selon la télévision d’Etat, reprise par plusieurs médias, la personne infectée a été placée en isolement à l’institut Pasteur d’Alger, la capitale, même si les circonstances de son infection ne sont pas établies.

Parti en décembre de Chine qui a déjà enregistré 2615 décès sur 78.064 cas, le Covid-19 se propage également dans plusieurs pays comme l’Italie où le bilan s’établit à 10 morts sur 322 personnes infectées.

Par ailleurs, les autorités algériennes assurent de la mise en place d’un « dispositif de surveillance et de veille au niveau de tous les points d’entrée » dans le pays.

Selon RFI, des épidémiologistes ont indiqué, dans un rapport publié dans la revue The Lancet, que l’Algérie, l’Égypte et l’Afrique du Sud constituaient les « trois portes d’entrée les plus importantes de l’épidémie sur le continent ». Quand on sait également que ces deux derniers faisaient partie avec le Kenya, le Maroc et l’Ile Maurice des destinations préférées des Chinois sur le continent. (https://apanews.net/pays/guinee-bissau/news/coronavirus-un-manque-a-gagner-pour-le-tourisme-africain)

Le système de santé africain en alerte ?

Il y a près de deux semaines déjà, le ministère égyptien de la Santé annonçait dans une déclaration conjointe avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS) le premier cas de coronavirus en Afrique. Un étranger dont la nationalité n’a toutefois pas été précisée, encore moins son état de santé actuel.

En Afrique de l’ouest, les ministres de la Santé des pays membres de la Cedeao, réunis le 14 février à Bamako, au Mali, ont décidé de renforcer au niveau communautaire la coordination, la communication et la collaboration transfrontalière dans le cadre de la préparation à l’épidémie de Covid-19.

Les initiatives ne manquent pas aussi au niveau continental après que l’Union africaine (UA) a convoqué le 22 février à son siège, à Addis-Abeba, les ministres de la Santé pour partager les informations existantes et connaissances actuelles sur le Covid-19, les médicaments en cours de développement et essais cliniques.

Des réunions se tiennent régulièrement aussi à Dakar où l’Institut Pasteur, référence sur le continent, prépare des experts de pays africains face à la maladie.

Déjà hier mardi dans la capitale sénégalaise, il a ouvert un atelier régional de formation sur le diagnostic biologique du coronavirus à l’intention des 15 pays de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et du Tchad.

Les recettes de Wathi pour améliorer les systèmes de santé ouest africains

Au moment où l’épidémie du coronavirus prend des proportions inquiétantes et menaçantes dans le monde, le Think tank Wathi pose le débat pour améliorer des systèmes de santé en Afrique de l’ouest.En  Afrique, particulièrement dans sa région occidentale, l’accès à des  services sociaux de base constitue encore un des défis majeurs à relever  pour certains pays.

En janvier 2019, Wathi a lancé un débat en  ligne sur « les systèmes de santé de la région et les conditions de son  amélioration au service des populations ».

En conclusion, le  rapport Mataki (« mesures » en langue houassa) a consisté à une  sélection des principaux constats et recommandations formulés dans le  cadre du débat, complétée par des pistes d’action élaborées par l’équipe  de Wathi sur la base de consultations supplémentaires avec des  professionnels et experts du secteur.

Même si des indications  sur la situation sanitaire dans les pays d’Afrique de l’ouest montrent  des « progrès incontestables », il reste évident que ces acquis sont  souvent tributaires à des chocs externes inopportuns.

Dans le  document publié ce mardi à Dakar par le directeur exécutif de Wathi,  Gilles Olakounlé Yabi, il est noté des progrès sur le plan sanitaire  souvent freinés par des « contextes de conflits armées, des crises  sanitaires exceptionnelles ».

La plus marquante et récente en  Afrique de l’Ouest, rappelle-t-il, est l’épidémie à virus Ebola qui a  lourdement affecté le Libéria, la Sierra Leone et la Guinée.

Selon  le rapport Makati, les indicateurs de l’état de santé se sont améliorés  en grande partie grâce à l’ampleur des contributions financières  internationales pour « combattre les grandes pandémies, le paludisme, la  tuberculose, et le VIH Sida.

Le Fonds mondial de lutte contre  le Sida, la tuberculose et le paludisme a joué « un rôle central dans  tous les pays de la région et permis d’alléger considérablement la  facture sanitaire des Etats et des populations », souligne M. Yabi.

Cependant,  les objectifs maintes fois visés « n’ont jamais était atteints, le plus  connu de ces objectifs étant l’engagement des Etats à consacrer 15% de  leur budget national au secteur de la santé », conformément à la  Déclaration d’Abuja de 2001.

Pour améliorer les systèmes de  santé en Afrique de l’ouest, Makati recommande dans un premier temps la  mise en place d’une politique préventive de lutte contre les maladies au  cœur du système de santé.

Comme préalable, il faut inclure la  prévention, les soins de santé primaire et les principes de base de la  santé mentale dans le parcours de formation de tous les professionnels  de santé.

Makati suggère aux autorités ouest-africaines  d’assurer la formation de ressources humaines suffisantes dans le  domaine sanitaire, y compris la santé mentale, leur déploiement  équitable sur les territoires nationaux et leur encadrement effectif.

Au-delà  du financement durable des systèmes de santé pour promouvoir  l’accessibilité aux soins et aux médicaments, il faudra également  améliorer le fonctionnement au quotidien de tous les établissements  délivrant des services de santé. Et enfin, le renforcement des systèmes  de santé nationaux par le développement de la recherche, la  mutualisation des ressources au niveau régional et  l’institutionnalisation d’un débat public sur les politiques nationales  de santé.

Okf /Dng/te/APA

Le G5 Sahel et l’Alliance Sahel en conclave à Nouakchott pour examiner la coopération

Les présidents du G5 Sahel (Mauritanie, Niger, Mali, Burkina Faso, Tchad) et des représentants des pays membres de l’Alliance Sahel, se sont réunis mardi à Nouakchott pour examiner leur coopération et les étapes franchies, a constaté APA.Outre les 5 Chefs d’Etats du G5 Sahel, la réunion inclut également les ministres des Affaires étrangères français et espagnol, respectivement Jean-Yves Le Drian et Arancha Gonzalez.

Le sommet a été l’occasion pour le président burkinabé Roch Marc Christian Kaboré de passer le flambeau de la présidence tournante à son homologue mauritanien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani.

Pour ce qui est de l’Alliance, les représentants notamment la France, l’Espagne, la Banque mondiale et l’Union européenne, ont renouvelé leur engagement aux côtés des pays du G5 Sahel dans leur bataille sécuritaire et développementale.

Le directeur général des opérations stratégiques pour l’Afrique de la Banque Mondiale, Axel Van Trotsenburg, a rappelé que son institution est le plus grand contributeur à l’Alliance Sahel, avec 7 milliards de dollars pour les trois prochaines années.

Selon lui, la priorité est accordée aux activités créatrices d’emplois pour les jeunes qui devraient recouvrer l’espoir dans l’avenir.

Sous l’initiative de la France et de l’Allemagne, l’Alliance Sahel a vite été rejointe par l’Union Européenne, la Banque mondiale, la Banque africaine de développement et le Programme des Nations Unies pour le développement.

Tout récemment, la structure a enregistré l’adhésion de l’Italie, de l’Espagne, du Royaume-Uni, du Luxembourg, des Pays-Bas et du Danemark.

Elle finance et coordonne avec les pays du G5 Sahel plus de 700 projets pour répondre aux défis actuels, sécuritaires, démographiques, économiques et sociaux.

Ses domaines prioritaires sont l’éducation, l’emploi des jeunes, l’agriculture, le développement rural, la sécurité alimentaire, l’énergie, le climat, la gouvernance, la décentralisation, les services de base et la sécurité intérieure.

L’action de l’Alliance Sahel est guidée selon quatre principes clés : un ciblage sur des secteurs prioritaires, une redevabilité entre partenaires sur des objectifs partagés, de nouveaux modes innovants et plus flexibles et un engagement particulier dans les zones vulnérables et fragiles.

Ainsi, les objectifs à atteindre sont définis, mesurés et partagés par tous les partenaires (Alliance et pays du G5 Sahel). Ensuite, pour accélérer leur mise en œuvre comme leur efficacité, les projets adoptent de nouveaux modes d’action, à travers des modes de financements innovants, plus flexibles et une diversification des acteurs les mettant en œuvre (ONG, collectivités locales, secteur privé).

Nouakchott accueille mardi deux sommets sur le Sahel

La capitale mauritanienne, Nouakchott, accueille mardi un sommet du G5 Sahel et l’assemblée générale de l’Alliance Sahel, une plate-forme de coopération qui regroupe 12 membres.Le sommet permettra d’évaluer les performances de la force conjointe du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Niger, Burkina Faso, Tchad) appelée à combattre les terroristes dans les pays membres, mais aussi de faire le point sur l’état d’avancement des engagements matériels exprimés par les partenaires.

Quant à l’assemblée générale de l’Alliance, elle a pour but de stimuler une mobilisation internationale de haut niveau autour des engagements communs dans le domaine du développement dans la région du Sahel.

La rencontre permettra aussi de faire le bilan des actions de l’Alliance Sahel, créée en 2017, et qui se targue d’avoir déjà mobilisé quelque 12 milliards d’euros.

Avec à son origine la France et l’Allemagne, l’Alliance Sahel a vite été rejointe par l’Union Européenne, la Banque mondiale, la Banque africaine de développement et le Programme des Nations Unies pour le développement.

Tout récemment, la structure a enregistré l’adhésion de l’Italie, de l’Espagne, du Royaume-Uni, du Luxembourg, des Pays-Bas et du Danemark.

Elle finance et coordonne avec les pays du G5 Sahel plus de 700 projets pour répondre aux défis actuels, sécuritaires, démographiques, économiques et sociaux.

Ses domaines prioritaires sont l’éducation, l’emploi des jeunes, l’agriculture, le développement rural, la sécurité alimentaire, l’énergie, le climat, la gouvernance, la décentralisation, les services de base et la sécurité intérieure.

L’action de l’Alliance Sahel est guidée selon quatre principes clés : un ciblage sur des secteurs prioritaires, une redevabilité entre partenaires sur des objectifs partagés, de nouveaux modes innovants et plus flexibles et un engagement particulier dans les zones vulnérables et fragiles.

Ainsi, les objectifs à atteindre sont définis, mesurés et partagés par tous les partenaires (Alliance et pays du G5 Sahel). Ensuite, pour accélérer leur mise en œuvre comme leur efficacité, les projets adoptent de nouveaux modes d’action, à travers des modes de financements innovants, plus flexibles et une diversification des acteurs les mettant en œuvre (ONG, collectivités locales, secteur privé).

Villes et territoires durables au menu du Sommet Afrique-France

Abidjan se prépare pour le Sommet Afrique-France prévu en juin 2020 à Bordeaux, en France, qui sera axé sur le thème des villes et territoires durables.Ce sommet devrait rassembler plus de 15 000 acteurs des villes africaines et françaises, 500 exposants et plus de 1 000 entrepreneurs africains.

Ce rendez-vous politique majeur impulsé par le président français Emmanuel Macron et qui, pour la première fois, réunira les acteurs politiques et économiques africains et français, pour agir et s’engager sur la ville durable de demain, se veut une plateforme de réflexions sur les nouveaux enjeux du développement durable.

Il s’agit notamment de développer de nouveaux partenariats durables avec l’ambition partagée de co-construire des écosystèmes urbains qui soient pérennes, innovants, fertiles et frugaux tout en accélérant la structuration de la filière économique durable, renseigne une note sur l’évènement.

Sur les bords de la lagune Ebrié, il est prévu les 27 et 28 février 2020 les « Rencontres d’Abidjan », des assises qui réuniront des acteurs africains de la ville dans la capitale économique ivoirienne pour préparer le Sommet Afrique-France 2020.

Ces rencontres regrouperont les ministres en charge de la Ville et du Développement urbain des pays africains francophones, des élus locaux, des représentants de la société civile et des start-ups afin d’échanger et de partager les solutions pour construire des « villes durables et intelligentes ».

Une ville intégrée

La vision de l’Etat ivoirien est de promouvoir une ville intégrée qui prend en compte toutes les commodités d’une cité moderne et fonctionnelle, avec des innovations technologiques incluant, entre autres, des habitations à éclairage naturel et naturellement aérées.

La Côte d’Ivoire veut valoriser le mix énergétique dans les constructions. Cela devrait permettre d’installer les populations dans une économie verte et les conduire à coupler l’énergie conventionnelle avec l’énergie solaire (panneaux solaires).

Pour la mobilité urbaine, l’Etat ivoirien devrait, avec l’aide de la France, réaliser un train urbain dénommé Le Métro d’Abidjan. Le gouvernement a également ouvert le secteur du transport lagunaire qui a vu l’arrivée de nouveaux opérateurs.

Aujourd’hui, la Côte d’Ivoire est dans une optique de revalorisation des déchets, ce qui a conduit à la fermeture de la décharge d’Akouédo dans l’est d’Abidjan, et sa mise à disposition du public. Une autre décharge moderne, visant le recyclage, a été ouverte à Kossihouen, sur l’Autoroute du Nord, à 26 Km d’Abidjan.

« Avec un volet de recyclage des déchets, nous regardons comment mettre en place une économie circulaire, comprenant tout ce qui est plastique, ferreux et organique telles les huiles usagées pour voir comment organiser le marché de tous ces déchets », avance Dr Alain Kouadio.

L’objectif est que « les déchets ne soient plus des déchets, mais plutôt des matières premières pour fabriquer d’autres produits », fait-il remarquer, confiant que dans ce sens, des initiatives sont en cours avec Nestlé qui a un projet en partenariat avec le ministère pour le recyclage des déchets plastiques.

Beaucoup d’initiatives sont en cours dans la production de pavés. En outre, souligne-t-il, une entreprise japonaise a entamé une étude sur les batteries usagées des engins aux fins de les recycler. Toutefois, l’Etat veut mettre en place un cadre cohérent et intégré tout en impliquant tous les acteurs.

Vers une meilleure mobilité urbaine à Abidjan

Dans le cadre de sa modernisation, Abidjan, la capitale économioque, se veut une métropole attractive avec des voies de circulation facilitant la mobilité.Cette vision du chef de l’Etat ivoirien, Alassane Ouattara renvoie au constat que « 54% de la population ivoirienne vit en ville, notamment à Abidjan qui compte 5,5 millions d’habitants »; ce qui nécessite un plan d’aménagement spécifique.

L’Etat ivoirien a conçu de ce fait une voie de contournement de la ville d’Abidjan dénommée l’Y4. Elle est une autoroute longue de plus de 24 Km qui devrait être aménagée en une route de 2X3 voies avec plusieurs ouvrages annexes permettant d’accéder aux routes d’Alépé, d’Anyama, des villes situées au nord d’Abidjan.

Cette voie relie en outre le Boulevard de France redressé au Boulevard Mitterrand, avec l’aménagement de carrefours, la construction des échangeurs d’Alépé, d’Anyama et du Boulevard Mitterrand. Le projet a été d’ailleurs élaboré dans le cadre du « Projet d’Intégration Port-Ville du Grand Abidjan ».

Elle devrait permettre de renforcer la mobilité dans la capitale économique ivoirienne, en contournant le centre-ville pour ouvrir l’accès à la zone portuaire d’Abidjan. Avec cette voie, il sera possible de contourner le centre-ville d’Abidjan pour rallier plusieurs autres destinations à l’intérieur du District d’Abidjan.

La construction de cet ouvrage devrait avoir un impact significatif sur la réduction des embouteillages et participer à l’extension de la ville d’Abidjan. Ce périphérique Y4 permettra aussi de relier les communes de Songon, Abobo-Anyama, Cocody et Port-Bouët et faciliter l’accès à la zone portuaire d’Abidjan.

La section 2 de l’Y4, longue de 15 Km, devra relier la commune d’Anyama à l’Autoroute du Nord, en traversant les localités d’Ebimpé, d’Akoupé-Zeudji et d’Attinguié. La section 3, elle, devrait être connectée à l’Autoroute du Nord à la commune de Songon, une zone d’extension à l’Ouest de la ville d’Abidjan.

Le projet estimé (en 2018) à 331,8 millions d’euros, soit environ 217 milliards de FCFA, devrait permettre de financer quatre chantiers sur une période de sept ans : la réalisation de la section 2 de l’Y4, l’aménagement de la section 3 de cette autoroute, la construction de l’échangeur du carrefour Akwaba (à Port-Bouët, sud d’Abidjan) et la construction d’une plateforme logistique comprenant des parcs de stationnement court et long séjour pour les camions poids lourds.

Côte d’Ivoire: migration vers des villes intenses, essor d’une armature urbaine

La Côte d’Ivoire qui ambitionne d’être un hub sous régional, veut transformer son écosystème urbain à travers des villes intenses et intelligentes, qui soient pérennes et frugales, avec un paysage répondant aux nouveaux enjeux du développement durable.Dans les principales métropoles du pays, l’on observe des villes « très étalées, ce qui crée des problèmes de mobilité, de consommation d’eau et d’accès à l’énergie », indique Dr Alain Serge Kouadio, directeur de l’économie verte au ministère ivoirien de d’Environnement et du développement durable.

En matière de ville durable, il faut, dit-il, « promouvoir des villes intenses et construire ces villes de façon verticale (en hauteur) et non de façon horizontale ». Dans ce sens, l’Etat encourage les opérateurs immobiliers à faire des immeubles et des bâtiments passifs en énergie (base consommation d’énergie).

De grands réceptifs hôteliers intègrent de plus en plus des systèmes intelligents dans leurs bâtiments. Et ce, en vue de réduire leur consommation énergétique. Ces bâtiments passifs offrent une faible consommation en énergie. Cependant, les systèmes utilisés restent encore onéreux pour nombre de ménages.

La ville durable, selon les experts, doit être ouverte, protéger ses habitants, faciliter la mobilité, offrir le plus grand confort moderne, préserver l’environnement, proposer la diversité, promouvoir les cultures, générer des emplois, favoriser une grande variété de loisirs, innover et respecter son patrimoine.

En outre, elle devrait être un espace de liberté et assurer la sécurité. La circulation ne devrait pas imposer un parcours unique, mais une multitude de circuits construits autour d’une série de grands axes encadrant des quartiers où se trouvent des parcs et des lieux de loisirs.

Urbanisme durable

L’organisation des villes en Côte d’Ivoire affiche encore des fonctions inadaptées aux nouveaux enjeux urbains. L’on peut observer que la propreté, les espaces verts, l’assainissement et le recouvrement des canaux demeurent des préoccupations environnementalistes.

Les autorités veulent, de ce fait, transformer la ville à travers un urbanisme durable. Dans cet élan, un Code de l’urbanisme et du domaine foncier urbain a été requis ainsi qu’un Schéma directeur d’urbanisme du Grand Abidjan, des villes de Yamoussoukro et de Bouaké (centre).

Selon le porte-parole du gouvernement ivoirien, Sidi Touré, ce dispositif vise à améliorer la qualité des règles d’urbanisme, à renforcer la protection de la propriété foncière en zone urbaine et à sécuriser au mieux les transactions sur les terrains urbains, de façon à réduire le volume des litiges fonciers.

Malgré un arsenal juridique pour encadrer les constructions urbaines et structurer les espaces d’habitation des cités, des procédures administratives souvent complexes amènent des populations à s’installer sur des emprises publiques.

Le décès, début janvier 2020, de l’élève Laurent-Barthélémy Ani Guibahi, un adolescent ivoirien de 14 ans, retrouvé mort dans le train d’atterrissage d’un avion effectuant la ligne Abidjan-Paris, a conduit les autorités à déguerpir des riverains aux alentours de l’aéroport d’Abidjan.

La ville durable implique plusieurs notions. Aujourd’hui, les dirigeants sont ostensiblement en quête de solutions sur les thématiques de l’habitat, de l’énergie, de la mobilité, de la santé, de l’éducation, du financement, de la sécurité, de l’agriculture, l’accès aux services essentiels et la gestion des populations vulnérables.

G5 Sahel : Roch Marc Kaboré va passer le témoin à El Ghazouani (officiel)

Le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré va céder, demain mardi, la présidence du G5 Sahel à son homologue mauritanien, Mohamed Ould El Ghazouani, a appris APA auprès du service de communication de la présidence du Faso.Selon le communiqué parvenu à APA lundi, la passation de charge entre les présidents Kaboré et El Ghazouani  aura lieu au cours de la 6e session ordinaire de la Conférence des chefs d’Etat du G5 Sahel, qui se tient le 25 février 2020 à Nouakchott, en Mauritanie.

Le texte précise que «durant son mandat, le président du Faso, en véritable ambassadeur du G5 Sahel, n’a eu de cesse d’interpeller la communauté internationale sur la nécessité de combattre le fléau du terrorisme, ensemble, par la mobilisation de moyens conséquents».

«De Ouagadougou à Abu Dhabi, en passant par Yokohama, New York, Sotchi, Addis Abeba, Biarritz.., le chef de l’Etat burkinabè a porté la voix des peuples du Sahel, pour une plus grande solidarité de la communauté internationale », note-t-on.

En rappel, le président burkinabè, Roch Marc Christian Kaboré a été désigné le 5 février 2019 par ses pairs du G5 Sahel, pour assurer la présidence en exercice de l’organisation regroupant cinq pays (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad).

Le futur président du G5 Sahel Mouhamed Ould Cheikh El Ghazouani, avait déjà marqué les esprits lors du Forum de la Paix et la Sécurité à Dakar en novembre 2019.  « Toute tentative de lutte contre le terrorisme qui se veut efficace doit intégrer résolument la résolution de la crise libyenne » disait-il afin de « combattre plus efficacement le terrorisme au Sahel ».

Le mandat de la présidence en exercice du G5 Sahel dure une année. Avant le Burkina Faso, c’est le Niger de Mahamadou Issoufou qui a assuré la présidence, à l’issue du sommet des chefs d’Etat, tenu à Niamey, le 6 février 2018.

Afrique : les Etats-Unis à la quête du temps perdu

La récente tournée en Afrique du Secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo procède, en apparence, de la volonté de Washington de rebattre les cartes dans un continent où s’est déjà déployée avec tact la Chine.Au moment où la Chine se bat de toutes ses forces contre l’épidémie du covid-19 (nouvelle appellation du coronavirus) qui a déjà causé plus de 2000 morts, les Etats-Unis passent à l’offensive en Afrique. Opportunisme ou coïncidence ?

Du 15 au 19 février dernier, Mike Pompeo, le Secrétaire d’Etat américain s’est rendu tour à tour au Sénégal, en Angola et en Éthiopie. Son objectif : redonner une place de choix au pays de l’oncle Sam en Afrique.

« Les Etats-Unis sont en permanence en Afrique depuis des décennies. Mais il y a longtemps qu’il n’y a pas eu de visite importante (19 mois exactement). Il est donc assez normal qu’une personnalité de premier rang vienne sur ce continent pour marquer le territoire », analyse Jean-Joseph Boillot, agrégé de Sciences économiques et sociales.

Selon les données du Fonds Monétaire International (FMI), la Chine est en tête du peloton des partenaires commerciaux de l’Afrique. En 2018, la valeur des échanges sino-africains était de 200 milliards de dollars là où le commerce américano-africain dépassait à peine les 40 milliards de dollars.

« Les indicateurs économiques reflètent parfois des aléas ou des évènements conjoncturels », tempère El Hadj Alioune Diouf, professeur en Economie internationale. Son homologue français, Boillot fait remarquer que « l’Amérique agit essentiellement par ses grandes multinationales. Et si l’on prend en compte leur présence en Afrique, il n’y a pas de quoi rougir ».

Lentement mais sûrement, l’empire du Milieu a su tisser sa toile en Afrique, damant le pion aux anciennes puissances coloniales comme la France ou encore le Royaume-Uni. Une étude du cabinet McKinsey Africa, publiée en 2017, indique qu’il y aurait plus de 10.000 entreprises chinoises opérant en Afrique.

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« Les deux superpuissances (USA et Chine) s’intéressent de très près à l’Afrique. Elles sont à la fois concurrentes et complémentaires. C’est à l’Afrique de savoir travailler au mieux avec l’une et l’autre. Le Kenya par exemple entretient d’excellentes relations avec les Etats-Unis et la Chine », note M. Boillot, chercheur associé à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris).

De l’avis de M. Diouf, ancien directeur du Commerce intérieur du Sénégal, « la présence chinoise en Afrique est très importante et bouscule tout. Cette situation permet aux Africains d’avoir une diversité de partenaires (et ils peuvent) jouer sur cette bienveillante rivalité pour avoir des conditionnalités plus intéressantes ».

Que ce soit dans les secteurs du Bâtiment et des Travaux Publics (BTP), de l’exploitation des ressources naturelles, du commerce etc. la soif de conquête de la Chine semble inextinguible.

Dans le juteux commerce de la téléphonie mobile, Tecno et surtout Huawei disputent des parts de marché au géant américain Apple. Leur mode opératoire : vendre des smartphones à des prix accessibles. Une stratégie visiblement payante.

En Afrique, selon certaines analyses, la Chine court-circuiterait les institutions de financement comme la Banque Mondiale (BM) ou le Fonds Monétaire International (FMI). Cette diplomatie de la dette de Pékin agace énormément l’Occident.

« L’Amérique a pratiqué la diplomatie de la dette pendant des années. C’est une politique étasunienne très connue. En réalité, elle remonte au Plan Marshall (pour la reconstruction de l’Europe dévastée par la seconde guerre mondiale). Dans la crise de la dette des années 90 en Afrique, la Banque Mondiale était le pilote de ce surendettement », rembobine Jean-Joseph Boillot, par ailleurs auteur du livre Chindiafrique : la Chine, l’Inde et l’Afrique feront le monde de demain.

El Hadj Alioune Diouf soutient que la dette africaine envers la Chine « n’est pas un problème. Elle est tout à fait soutenable. Les Africains savent parfaitement ce qu’ils font ». Poursuivant, il estime que ce débat est posé parce que « l’Amérique a un adversaire qui lui donne des coups de poing » mais « les Africains doivent rester fidèles à leur tradition de continent non-aligné et coopérer avec l’Europe, l’Amérique, la Chine… ».

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Pour sa part, M. Boillot a une toute autre lecture des prêts accordés aux pays africains : « La Chine reproduit à peu près le même mécanisme. Il est tout à fait exact de penser que la façon dont elle a conçu son déploiement en Afrique conduit à un surendettement avec des projets pas toujours rentables ».

A travers l’African Growth and Opportunity Act (Agoa), les Etats-Unis donnent la possibilité à l’Afrique « d’exporter un certain nombre de produits sans payer des droits de douanes et sans faire l’objet de quotas », informe M. Diouf.

A présent, ajoute-t-il, « ce serait bien que l’Amérique investisse davantage en Afrique si elle sent que la Chine occupe le terrain. Pour l’Afrique, l’investissement doit être stratégique et non le commerce. C’est avec l’investissent qu’on transformera le potentiel de ce continent avec la création d’usines. C’est aussi ce qu’on attend des Chinois».

Après avoir constaté que « l’Afrique a joué la Chine contre les Etats-Unis », Jean-Joseph Boillot souhaite qu’elle ne fasse pas maintenant l’inverse. Pour ce spécialiste des Sciences économiques et sociales, elle doit plutôt dire aux Américains, aux Chinois et même aux Européens « de présenter, dans la transparence, leurs projets, leurs rentabilités et les moyens de paiement » pour choisir « les meilleures offres ».

« L’Afrique est une opportunité pour les Etats-Unis » (chercheur)

La tournée du Secrétaire d’Etat américain, Mike Pompeo, bouclée en Ethiopie, traduit que le continent reste une « priorité pour l’Amérique » compte tenu des « intérêts » de « grande puissance » qu’elle développe dans sa politique étrangère.C’est en tout cas l’avis de Docteur Ousmane Sène, directeur du Centre ouest-africain de recherches (WARC), dans un entretien avec APA.

A la question de savoir si l’Afrique fait partie des priorités de l’Administration de Donald Trump, l’actuel président américain qui semblait jusque-là snober les pays africains, Dr. Sène martèle que « l’Afrique est une priorité pour l’Amérique » comme le sont également « toutes les (autres) régions du monde ».

Mike Pompeo est le plus haut responsable américain à effectuer une tournée en Afrique subsaharienne ces trois dernières années. Mais au cours de celle-ci, l’ex-chef de la CIA (2017 à 2018) n’a jeté son dévolu que sur le Sénégal, l’Angola et l’Ethiopie.

Toutefois, Dr Sène ne fait pas de rapprochement avec son passé dans cette puissante agence de renseignement, qualifiant de « raisonnable » le choix porté sur ces trois « pays phares », en rapport surtout « aux grandes préoccupations, aux grands intérêts et aux grandes questions ».

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Si l’Angola, pays « producteur de pétrole », « a été félicité par Mike Pompeo pour les efforts fournis dans la lutte contre la corruption », l’Ethiopie est pour sa part « un pays qui est en train d’émerger » sans tenir compte de ses relations de « longue date » avec les Etats-Unis, poursuit le directeur du WARC.

Sur « cette sorte d’exemple » qu’est le Sénégal, il reconnait que « beaucoup de présidents américains ont visité le continent africain, mais rarement on a vu un président américain venir en Afrique et ne pas visiter le Sénégal ».

Pompeo en Afrique : « une très bonne chose »

Sous le regard de Mike Pompeo, des entreprises américaines ont signé dimanche dernier à Dakar avec des structures publiques sénégalaises cinq mémorandums d’entente portant sur le développement, le financement et l’exécution de projets dans les secteurs de l’énergie, de la santé et des infrastructures.

Dans le jargon diplomatique, un mémorandum d’entente veut dire qu’il y a des secteurs dans lesquels des pays « se sont entendus pour travailler ensemble ou pour offrir des financements », explique le directeur du WARC, donnant l’exemple du Millenium challenge account (MCC) qui a permis au Sénégal de récolter des « centaines de milliards de francs CFA » pour booster son secteur énergétique.

Ousmane Sène voit ainsi d’un bon œil la visite de Pompeo en Afrique. « Elle arrive au moment où les gens disaient que les Etats-Unis envisagent de réduire leur présence militaire en Afrique par rapport à la menace terroriste ». Mais si le secrétaire d’Etat américain tient un discours contraire en affirmant que son pays va « continuer à se battre contre le péril terroriste : c’est une très bonne chose », analyse-t-il.

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« Il faut être optimiste et se dire que les Etats-Unis ont senti le besoin de commencer à se secouer pour montrer à l’Afrique qu’elle compte », a noté Dr Sène, rappelant que leur population a une composante d’origine africaine au point de vue « émotionnel, culturel, historique, politique et économique ».

En plus de cela, a-t-il souligné, « le potentiel de l’Afrique sur le plan économique n’existe nulle part ailleurs : population jeune, matières premières en quantité, chantiers..»

« Il y a beaucoup de secteurs dans lesquels les Etats-Unis pourraient absolument investir avec des profits pour les deux parties. Je crois que jusqu’à présent, l’investissement américain n’a pas été substantiel en Afrique », a indiqué Dr. Ousmane Sène.

La mission anti-terroriste en Afrique est-elle prioritaire pour les Etats-Unis ?

Le Secrétaire d’Etat américain, Mike Pompeo, qui vient d’effectuer une tournée dans trois pays africains, a peu abordé la question de la lutte contre le terrorisme.Alors que l’opération Flintlock 2020 se poursuit en Mauritanie sous le commandement du Centre de planification et des Opérations de l’Etat-major général des Forces armées nationales, l’engagement américain dans la lutte anti-terroriste en Afrique pose cependant débat.

L’opération qui se déroule cette année du 17 au 28 février dans plusieurs localités en Mauritanie (Atar, Kaédi et Nouakchott) et au Sénégal (Thiès) vise notamment à « soutenir les armées africaines, en particulier celles du Sahel dans le domaine de la formation et du renseignement ».

C’est dans ce contexte que le Secrétaire d’Etat américain, Mike Pompeo a effectué une tournée africaine du 15 au 19 février. Seulement, la question sécuritaire n’a pas été au cœur de ses discussions au Sénégal, en Angola ou en Ethiopie.

À Dakar, le diplomate américain a même signifié aux autorités sénégalaises la volonté de Washington de réduire ses effectifs militaires.

« Nous ferons ce qu’il faut, nous ferons ce qu’il faut collectivement, j’en suis convaincu », a rassuré Pompeo lors d’une conférence de presse dimanche dernier dans la capitale sénégalaise.

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Pour le ministre sénégalais des Affaires étrangères, Amadou Ba, cette annonce « ne signifie pas le retrait de toutes les forces américaines ».

Le chef de la diplomatie sénégalaise estime que « l’Afrique a besoin des États-Unis d’Amérique, qui sont un allié stratégique pour un retour définitif à la paix et à la stabilité » puisqu’il est « plus que jamais confronté à des défis majeurs liés à l’insécurité et au terrorisme ».

« Les Etats-Unis jouent un rôle important dans le dispositif sécuritaire dans le Sahel » reconnait Gilles Yabi, directeur du think tank ouest africain, Wathi.

Si la réduction annoncée est importante, elle va « fragiliser la lutte anti-terroriste dans le Sahel et notamment les forces françaises qui dépendent de l’appui américain », avertit M. Yabi.

Il estime que « la capacité à identifier les menaces terroristes ne sera pas forte mais tout dépendra de la taille de réduction des effectifs militaires américains ».

C’est pour cette raison d’ailleurs que la France s’investit beaucoup à dissuader le Pentagone à réduire sa présence militaire dans le Sahel. La ministre française des Forces Armées, Florence Parly, a récemment indiqué lors d’une visite à Washington que « l’appui américain est crucial pour notre opération +Barkhane+ ». L’avenir de l’appui logistique dans le Sahel en particulier reste flou, malgré les assurances du Secrétaire américain à la Défense, Mark Esper : « quelle que soit la taille de la réduction, elle ne devrait pas limiter notre efficacité contre le terrorisme ».

Depuis 2013, le Pentagone assure un appui vital aux soldats français de l’opération Barkhane en ravitaillement, logistique et surveillance. Et dans le cadre de Flintlock 2020 qui réunit 34 pays africains, l’échange d’expertise militaire et le renforcement des capacités des armées des pays du Sahel devront faciliter le développement de l’interopérabilité militaire pour une « meilleure collaboration harmonisée dans la lutte contre le terrorisme ».

« Les Etats-Unis peuvent réduire leurs effectifs militaires tout en maintenant l’appui au renseignement et à la surveillance par des drones », suggère le directeur de Wathi.

La question de cette réduction n’est pas nouvelle. Déjà en novembre 2015, le Pentagone annonçait des projets d’orientation des effectifs avec une réduction de 10% des 7200 soldats déployés dans le cadre d’Africa Command qui coordonne toutes les activités militaires et sécuritaires des États-Unis sur le continent.

Compte tenu de leur puissance économique, mais surtout militaire, les Etats-Unis constituent une force indéniable et importante pour l’Afrique de l’ouest et en particulier dans la région sahélienne. Cependant les priorités semblent se trouver ailleurs.

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« Les Etats-Unis veulent s’inscrire dans une dynamique plus pragmatique, s’ils réduisent leurs effectifs en Afrique, c’est sans doute pour conforter leur présence au Moyen-Orient qui constitue un enjeu très important », explique Lassina Diarra, expert des questions de terrorisme en Afrique de l’ouest.

L’auteur de « La Cedeao face au terrorisme transnational » soutient par ailleurs que le président américain ne veut porter le dossier de la lutte contre le terrorisme dans le Sahel « comme un caillou dans son soulier ».

Cette méfiance de Trump s’expliquerait, selon M. Diarra, par l’élection présidentielle de novembre 2020 où ses opposants n’hésiteraient pas à utiliser « tout échec » contre lui.

Au début de son mandat, tout semblait indiquer que le président américain ne faisait pas de la mission terroriste une priorité.

Cependant avec la recrudescence des attaques et les difficultés des pays surtout sahéliens à juguler la menace, « la question terroriste est désormais inscrite dans la politique étrangère de l’Administration Trump », estime M. Diarra.

Si par contre Trump laisse cette brèche, l’expert estime qu’elle sera profitable pour des puissances étrangères rivales comme la Chine et la Russie.

« Donc du coup, l’Administration Trump va procéder à la réévaluation du contexte politique et sécuritaire de l’Afrique de l’ouest pour mieux se repositionner », souligne M. Diarra.

Sahel : « négocier avec les jihadistes peut ramener la paix » (Tiébilé Dramé)

Dans un entretien avec APA, le ministre malien des Affaires étrangères, Tiébilé Dramé, dresse l’état des derniers développements de la crise au Sahel et explique pourquoi le gouvernement de Bamako n’est plus opposé à une discussion avec les jihadistes.Lors du Sommet de l’Union Africaine à Addis-Abeba, en Éthiopie, tenu les 9 et 10 février, le président malien Ibrahim Boubacar Keïta a affirmé que le Sahel constitue une digue contre la menace jihadiste qu’il faut absolument protéger. A-t-il a été entendu ?

Ce sommet a été un moment important de prise de conscience de la gravité de la situation sécuritaire au Sahel, de la gravité de la menace qu’elle représente pour le continent et pour le reste du monde. En première ligne, les pays du Sahel sont dans la posture de la digue qui ne doit pas céder.

Beaucoup d’intervenants ont déploré le manque de solidarité entre Africains face à la menace jihadiste. Avez-vous ressenti une détermination des Africains à aider les pays du Sahel pour combattre la menace ?

Je vous ai parlé d’une prise de conscience. De toutes les déclarations des leaders, il est apparu que l’Afrique ne veut plus être désormais une spectatrice. Elle veut jouer les premiers rôles. Il reste à passer aux actes. La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) a donné le ton. Le reste du continent suivra, je l’espère, très bientôt.

Lors du sommet de Pau (France) qui a réuni en janvier dernier, autour du président français Emmanuel Macron, les chefs d’Etat du G5 Sahel, plusieurs mesures ont été annoncées. Avez-vous l’impression qu’il y a une réelle volonté des pays du Sahel de les appliquer ?

Pau a été un lieu d’engagements communs du Sahel et de la France. Un mois après, tout le monde peut voir que nous sommes entrés dans le temps des actes concrets. Le dernier exemple le plus significatif de cette nouvelle étape est l’entrée, le 13 février, des premières unités de la nouvelle armée malienne dans la ville de Kidal. C’est un pas important du processus de réunification  et de stabilisation du Mali.

Qu’est-ce qui empêche, selon vous, les parties signataires à appliquer l’accord de paix d’Alger signé en 2015 ?

Cette question relève du passé maintenant. Le déploiement de nos forces armées reconstituées à Kidal est la preuve de la nouvelle impulsion donnée au processus d’Alger.

Certains pays africains réclament leur entrée dans le G5 Sahel, d’autres souhaitent un cadre plus large. Êtes-vous d’accord ?

La coalition pour le Sahel créée à Pau, le 13 janvier, est ouverte à tous ceux qui veulent apporter leur contribution à la lutte contre le fléau du terrorisme.

Le président Keïta, qui était opposé à toute idée de dialogue avec les jihadistes, a récemment changé d’avis. Pourquoi ?

Explorer les voies du dialogue avec les jihadistes maliens est une recommandation des forces vives du pays réunies en congrès du 14 au 22 décembre 2019.  C’est une recommandation qui s’impose à tous. Le président de la République retiendra les meilleures options pour apaiser le pays et pour y restaurer la concorde.

En résumé, il ne faut négliger aucune piste susceptible de nous conduire vers l’apaisement, la paix et la concorde.

Niger : 20 morts dans une bousculade lors d’une distribution de vivres

Une vingtaine de personnes sont mortes et plusieurs autres blessées lundi dans une bousculade à Diffa au Sud-est du Niger lors d’une distribution de vivres et d’argent à des refugiés nigérians.La bousculade a été provoquée, selon les mêmes sources locales, par un afflux massif de réfugiés nigérians qui se sont rendues à la Maison des jeunes et de la culture (MJC), ce matin, dans l’espoir de bénéficier d’une aide alimentaire octroyée par le gouverneur de Borno (État nigérian frontalier de Diffa). Ce dernier était en visite à Diffa pour s’enquérir des conditions de vie des nigérians qui ont trouvé refuge au Niger.

Selon des sources médicale et humanitaire, les victimes sont essentiellement des femmes et des enfants. Ces réfugiés nigérians estimés à quelques 120 000 personnes, ont fui les violences du groupe terroriste Boko Haram qui sévit depuis plusieurs années dans le Nord-est du pays.

S’exprimant sur les ondes de RFI Haoussa, le gouverneur de Borno, Babagana Oumara Zulum, a annoncé qu’il avait engagé des discussions avec les autorités nigériennes en vue du rapatriement de ces réfugiés qui, dans leur fuite, se sont retrouvés éparpillés entre le Niger, le Tchad et le Cameroun.

Lutte contre le coronavirus : l’Afrique de l’ouest sur le pied de guerre

Les ministres de la Santé de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) se sont récemment réunis à Bamako (Mali) pour mettre en branle des stratégies communes de lutte contre le coronavirus.Selon un communiqué du ministère sénégalais de la Santé et de l’Action sociale reçu lundi à APA, c’est « l’urgence de la situation actuelle concernant le covid-19 » (nouvelle appellation du coronavirus), qui a justifié la tenue de cette réunion présidée par le Premier ministre malien, Boubou Cissé.

Au terme de leur rencontre, les ministres de la Santé de la Cedeao ont pris une batterie de mesures : renforcer la coordination, la communication et la collaboration entre les États membres dans la préparation à l’épidémie de covid-19, en particulier la collaboration transfrontalière, renforcer les mesures de surveillance aux points d’entrée, aériens, terrestres et maritimes, renforcer la communication pour garantir que le public reçoive des informations exactes, appropriées et en temps opportun concernant l’épidémie et renforcer d’urgence les capacités nationales essentielles pour le diagnostic et la gestion des cas.

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De plus, cet espace communautaire a prévu « d’élaborer un plan stratégique régional de préparation chiffré basé sur les priorités des États membres, de promouvoir les efforts nationaux multisectoriels en utilisant l’approche d’une seule santé pour maximiser l’impact, de mettre en œuvre des mesures robustes pour assurer la disponibilité des fournitures médicales essentielles, y compris le matériel de laboratoire et l’équipement de protection individuelle dans la région ».

Le document indique aussi que « les ministres prennent note, soutiennent et saluent les efforts (de la Chine) pour gérer cette épidémie », non sans promettre de « travailler en étroite collaboration avec les autorités compétentes des gouvernements nationaux et le gouvernement chinois pour surveiller et assurer la situation sanitaire de (leurs) citoyens résidant » dans l’empire du Milieu.

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L’épidémie de coronavirus, dont l’épicentre est la ville de Wuhan (centre de la Chine), a déjà fait 1775 morts. Des 71.810 personnes ayant contracté le virus, seules 11.188 ont pu être totalement guéries.

Le coronavirus, hautement contagieux, a touché tous les continents, soit une trentaine de pays. Pour l’heure, un seul cas a été confirmé en Afrique. Un porteur de la maladie a été détecté en Egypte où il a été admis en quarantaine.

Réforme constitutionnelle: que faut-il craindre pour la Guinée ?

Malgré le grossissement de la mobilisation populaire contre son éventuel troisième mandat, le président guinéen Alpha Condé est plus que jamais motivé à aller au bout de ses idées… mais à quelles fins ?Il fut un temps où Alpha Condé, 81 ans, avait gagné le surnom de « Mandela de l’Afrique de l’ouest ». Libéré en 2001 après 28 mois passés en prison pour « atteinte à la sûreté de l’État », il est investi président de la République le 21 décembre 2010 à Conakry, en présence de 13 chefs d’État africains et de délégations gouvernementales d’autres continents.

Armé à l’époque d’une volonté d’unifier son pays, comme l’avait réussi sa référence sud-africaine avec le sien, il promettait « une ère nouvelle ». Mais le président du Rassemblement du Peuple de Guinée (RPG) semble prendre une autre trajectoire.

C’est le clair-obscur dans son discours depuis plusieurs mois, à l’approche de la fin de son second mandat, se référant dernièrement à son « parti (RPG) qui décidera » de sa candidature ou non à l’élection présidentielle de 2020.

Les Législatives, prévues le 1er mars prochain, seront couplées avec le référendum constitutionnel que rejette le Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC). Par ailleurs, le président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) se dit « prêt » même s’il n’a « pas été consulté sur la question ».

 Inspiration

 Dans le même temps, ce mouvement populaire tient ses manifestations sporadiques depuis octobre 2019 dans le pays, protestant contre le projet de Condé et l’arrestation suivie de la condamnation de ses leaders.

Hier mercredi, les manifestants ont transformé la capitale Conakry « en quasi ville-morte », constate l’AFP. Ils ont reçu ensuite le soutien par vidéo du chef de file de la gauche radicale française, Jean-Luc Mélenchon, qui a estimé que la mobilisation en Guinée pouvait servir d’inspiration, y compris en France.

Elle inspire déjà des Guinéens installés partout dans le monde, comme au Sénégal où une manifestation du FNDC a enregistré une forte mobilisation en novembre dernier. Etudiant en Communication à Dakar, Mamadou Souaré pense tous les jours à son pays qui « risque d’être ingouvernable s’il (Condé) parvient à se maintenir au pouvoir ».

Pour M. Souaré, qui ne compte pas aller voter à cette « mascarade » d’élections, Alpha Condé « sera forcé de militariser le pays pour imposer l’ordre car il y aura tout le temps des soulèvements populaires surtout qu’il n’y a plus de confiance entre le peuple et le pouvoir ».

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Cette crise en Guinée, qui a causé des morts aussi bien chez les civils que les militaires, était pourtant « prévisible et évitable », d’après Gilles Yabi, analyste béninois des conflits politiques.

En novembre dernier, Amnesty International indiquait, dans un rapport, qu’au moins 70 manifestants et passants ont été tués et qu’il y a eu 109 morts en détention et des journalistes ciblés depuis janvier 2015. L’ONG internationale soulignait ainsi que les droits humains étaient « au rouge » pour ce pays ouest-africain à l’approche de la présidentielle.

« On est dans une situation qui a été provoquée par l’intention de changer de Constitution sans qu’on ne comprenne les arguments qui pourraient justifier cela, en dehors d’une volonté prêtée au président Alpha Condé de rester au pouvoir », alors que son second mandat termine dans moins de dix mois, analysait pour APA l’ancien journaliste de Jeune Afrique, M. Yabi.

« Alpha perd le nord »

Mais « c’est à croire que le président guinéen a perdu le nord », estime le site guinéen A Nous La Guinée, ajoutant que « si Condé persiste dans sa volonté de briguer le mandat de trop, il portera l’entière responsabilité des conséquences devant l’Histoire ».

Dix ans après qu’il se voyait en « Mandela de l’Afrique de l’ouest », Alpha Condé semble prendre une voie différente de celle du père de la nation arc-en-ciel qui, à sa sortie de prison en février 1990, n’a fait qu’un seul mandat (1994-1999). Pour cela, il reste à jamais un héros dans le cœur des Sud-Africains.

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A l’opposé du Sénégal en 2011, du Burkina Faso en 2014 ou du Soudan en 2019, le président Condé espère avoir le dernier mot sur une frange de son peuple qui ne souhaite pas le voir modifier la Constitution à son profit.

Guinée: Alpha Condé, le mandat de la discorde

L’éventualité d’un troisième mandat pour le président guinéen, Alpha Condé, peut vraisemblablement enliser ce pays dans une crise politique aiguë.Le leader du Rassemblement du Peuple de Guinée (RPG), élu président de la République en 2010 avec 52,52 % des suffrages valablement exprimés, arrive au terme de son second mandat. Et selon la Constitution en vigueur, nul ne peut faire plus de deux mandats consécutifs.

De ce fait, le projet de changement de la Constitution porté par le chef de l’Etat guinéen passe mal auprès de certains de ses concitoyens pour qui, c’est un énième stratagème pour rester au pouvoir.

Au cours d’un entretien accordé à France 24 et Radio France Internationale (RFI), en marge du 33e Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union Africaine (UA) tenu les 9 et 10 février 2020 à Addis-Abeba (Ethiopie), Alpha Condé a indiqué que « la Constitution n’a rien à voir avec l’élection présidentielle ».

Il a fait savoir que son seul but est de doter la Guinée d’une loi fondamentale « répondant à ses besoins présents » puisque « l’actuelle Constitution, rédigée par un groupe de personnes pour leurs propres intérêts, a été bâclée ».

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Condé, en fin communicant, a esquivé la question sur sa participation au prochain scrutin présidentiel. « C’est le parti qui décidera. Le RPG est libre de présenter un autre candidat. Pour le moment, ce n’est pas mon souci », a-t-il déclaré.

En outre, le chef de l’Etat guinéen a lâché une phrase ambiguë : « On trouve normal que des présidents fassent quatre ou cinq mandats. Mais quand c’est la Guinée, ça devient un scandale ».

Selon Ibrahima Sanoh, enseignant-chercheur guinéen, « on ne reconnaît plus Alpha Condé qui pourtant avait lutté contre les pouvoirs autoritaires en Afrique. Il est dans une sorte de déchéance ».

De son côté, Cellou Dalein Diallo, le président de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG, opposition) n’a pas manqué de commenter, sur son compte Twitter, la déclaration de Condé.

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« (Il) n’a fait que confirmer ce que les Guinéens savent et refusent : son référendum truqué qui doit lui permettre de changer la Constitution pour se maintenir au pouvoir. Rien de nouveau ! Mais nous empêcherons cette prise d’otage illégale du pays », a-t-il promis.

Sur le même réseau social, Jean-Luc Mélenchon, le chef de file de la France insoumise (parti politique de la gauche radicale), a apporté son soutien au Front National de Défense de la Constitution (FNDC) de la Guinée qui, selon lui, « est une création d’un type qui pourrait inspirer d’autres peuples et nous, en particulier, les Français, dans notre volonté de récupération de la souveraineté populaire ».

Ce mouvement a appelé, hier mercredi, les Guinéens à une « journée de résistance citoyenne active et permanente » afin que le projet de nouvelle Constitution soit abandonné.

Quant à l’opposition, elle avance en rangs dispersés à l’approche des deux élections (législatif et référendum sur une nouvelle Constitution) prévues le 1er mars 2020. Certains partis ont déjà décidé de boycotter ces consultations électorales car le fichier électoral ne serait pas « fiable ».

A Conakry, les élections du 1er mars ravivent la tension

A Conakry, les législatives couplées avec le référendum du 1er mars 2020, sont le principal sujet de discussion dans les café-bars, les marchés ou autres lieux de rencontre.Dans la capitale, plane une atmosphère de suspicion. Certains citoyens sont persuadés que, derrière le changement annoncé de la loi fondamentale du pays, se cache un désir du président Alpha Condé de briguer un troisième mandat. Ce que ne lui permet pas la Constitution en vigueur.

Pour faire entendre leur voix, des Guinéens manifestent régulièrement à l’appel du Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC) qui réunit l’opposition et la société civile. Et l’économie en pâtit. « Quand il y a une mobilisation, on ne peut pas travailler. Nous sommes obligés de fermer », regrette Mabinty Camara, gérante d’un salon de coiffure situé à Sonfonia-gare, un quartier de la banlieue de Conakry.

Sans langue de bois, cette dame se désole de la situation politique qui prévaut dans son pays : « Nous sommes fatigués. Quand on parle d’élections en Guinée, on note toujours des manifestations causant des morts. Il faut que cela cesse ».

A quelques encablures, Ibrahima Bangoura, un chauffeur de taxi maraude. Mais il s’arrête un moment pour se prononcer sur la crise politique que traverse sa Guinée natale.

« Il faut que les opposants se ressaisissent. La plupart d’entre eux étaient dans le gouvernement lorsque le président Lansana Conté modifiait la Constitution pour s’offrir un troisième mandat. Ils l’ont soutenu. Aujourd’hui, ils sont mal placés pour dire non à Alpha Condé. Je le soutiens depuis 1990 et tant qu’il est là, je vais l’accompagner », promet-il.

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En marge du 33e Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union Africaine (UA) tenu les 09 et 10 février 2020 à Addis-Abeba (Ethiopie), le président Alpha Condé n’a pas mis fin au débat sur son éventuel troisième mandat. Au contraire, il a donné du grain à moudre à ses détracteurs.

« Condé n’aime et ne supporte personne. Tout ce qu’il fait, c’est pour lui. Son seul objectif est de mourir au pouvoir. Et il est prêt à sacrifier tout le monde », fustige le député Saïkou Yaya Barry, vice-président de l’Union des Forces Républicaines (UFR, opposition).

Poursuivant, M. Barry considère que Condé « est un dictateur qui veut laisser la Guinée en lambeaux avant de mourir » et que personne n’osera lui tenir tête au sein du Rassemblement du Peuple de Guinée (RPG, parti au pouvoir).

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A en croire Souleymane Keïta, chargé de mission à la présidence de la République, il y a de nombreuses « incohérences » dans l’actuelle Constitution qui favorisent « des interprétations tendancieuses ».

Pour ce membre du RPG, il est donc primordial de « doter la Guinée d’une Constitution claire » et le président Alpha Condé a le droit de convoquer le corps électoral pour qu’il se prononce sur cette question.

En tout cas, depuis octobre 2019, le Front National de Défense de la Constitution (FNDC) monte au front sur toute l’étendue du territoire national.

Ce mouvement, regroupant des partis politiques et des organisations de la société civile, menace d’empêcher la tenue des législatives et du référendum. D’ailleurs, des opposants ont déchiré et brulé des listes électorales dans les localités où ils sont maîtres.

L’UA alerte les banques centrales africaines sur les conséquences économiques du coronavirus

Le professeur Victor Harison, Commissaire aux Affaires économiques de la Commission de l’Union africaine (CUA) a demandé, jeudi à Dakar, aux gouverneurs des Banques Centrales Africaines de faire attention aux conséquences économiques du coronavirus qui affecte actuellement plusieurs parties du monde.« Cette épidémie n’affecte pas pour le moment le continent, mais il faudra que nous fassions attention », a laissé entendre le professeur Harison, à l’occasion de la réunion du bureau de l’Association des Banques Centrales Africaines (ABCA).

Selon lui, l’OPEP est en train de se réunir pour décider des niveaux de protection du pétrole, ajoutant qu’au regard de la place de la Chine par rapport aux échanges commerciaux des pays africains, les banques centrales africaines ont un rôle clé à jouer car il risque d’y avoir une récession économique au niveau mondial.

M. Harison a tout de même salué la performance du Pound égyptien et les obligations rwandaises. « Et nous espérons que l’avènement d’une monnaie unique qui correspond aux aspirations des pays de la CEDEAO marquera un grand pas dans le processus d’intégration régionale », a-t-il dit.

Sur un autre registre, le professeur Harison a laissé entendre ne pas pouvoir imaginer qu’une zone de libre-échange continental réussisse si les Etats africains continuent à faire des transactions en devises étrangères. Au passage, il a révélé qu’en collaboration avec la Banque Centrale du Nigeria, la Commission de l’Union africaine (CUA) a élaboré la structure des statuts de l’Institut monétaire africain (IMA).

« C’est mon plus grand souhait que cette structure commence ses activités cette année. Le nouveau gouvernement nigérian a déjà mis à disposition un bâtiment avec des bureaux », a affirmé le professeur Harison.

Un des points de l’ordre du jour de la réunion de l’ABCA est d’ailleurs est l’examen du projet de statuts de l’IMA dont l’objectif principal est d‘entreprendre tous les travaux préparatoires techniques, stratégiques, statistiques, institutionnels et juridiques nécessaires à la création de la Banque Centrale Africaine et de la monnaie unique au plan continental.

Même si les défis de développement sont énormes, le Commissaire aux Affaires économiques de la CUA reste convaincu que les pays africains doivent prendre en main leurs propres destins.

Mali: le dialogue avec les djihadistes peut aboutir à un «cessez-le-feu» (analyste)

L’ouverture d’un dialogue annoncée, hier lundi, par le président malien Ibrahim Boubacar Keïta avec les chefs djihadistes de son pays devrait aboutir à « un cessez-le-feu », analyse pour APA le spécialiste sur les questions de sécurité, le Béninois, Maurice Mahounon.Ce dialogue pourrait aboutir à « un cessez-le-feu, un accord classique comme dans les guerres », estime le docteur en Sciences Politiques, par ailleurs spécialiste de défense et de sécurité en Afrique de l’ouest.

Pour lui, ce type de négociations « a marché en Algérie et ça peut marcher également au Mali ».

Présent au 33e sommet de l’Union Africaine (UA) à Addis-Abeba (Ethiopie) tenu les 9 et 10 février, le président IBK a annoncé officiellement dans des médias français l’ouverture d’un dialogue avec les chefs djihadistes Iyad Ag Ghaly et Amadou Koufa.

Quelques jours auparavant, son prédécesseur et Haut représentant pour le centre, Dioncounda Traoré, expliquait avoir mandaté des émissaires pour prendre contact avec les groupes terroristes.

L’initiative de Bamako, qui est « une bonne chose », s’inscrit ainsi « dans la logique des occidentaux, en l’occurrence la France et les Etats-Unis. Officiellement, c’est ça la doctrine », analyse Maurice Mahounon, soulignant que l’on « sait ce qui s’est passé en sourdine dans la libération des otages ».

Mais « si le numéro un malien opte pour cette solution, il faut toujours essayer pour voir si les leaders djihadistes sont prêts à saisir cette main tendue de Bamako », poursuit-il.

Même s’ils « sont des gens avec une idéologie que ne partage pas le commun des mortels », les djihadistes devraient exprimer par ce dialogue ce qu’ils demandent : « autonomie, développement de leurs localités, … ».

« Il y a beaucoup de choses à mettre sur la table pour savoir ce qu’ils veulent complètement », ajoute Dr Mahounon, notant néanmoins que Bamako « n’a pas la mainmise sur tous ces mouvements (qui) poussent comme des champignons. Mais c’est déjà un pas qui peut inciter les autres également à venir à la table de négociation ».

Au-delà du dialogue annoncé, le président Keita a également confié que l’armée malienne devrait arriver vendredi prochain à Kidal. Une ville du nord du pays qui échappe au contrôle de l’Etat central depuis six ans.

Dialogue avec les terroristes: lueur d’espoir à Bamako

La mise en route de l’armée malienne vers Kidal (nord-est) et le dialogue avec les terroristes annoncés par le chef de l’Etat, Ibrahim Boubacar Keïta, en marge du 33e Sommet de l’Union Africaine (UA), suscitent beaucoup d’espoir.Le président malien a donné ces informations, hier lundi, au cours d’une interview accordée à France 24 et Radio France Internationale (RFI). Ibrahim Boubacar Keïta a affirmé sa volonté de discuter avec les chefs terroristes actifs au nord du Mali que sont Iyad Ag Ghaly et Amadou Koufa.

D’ailleurs, Dioncounda Traoré (ancien président par intérim), son représentant dans cette partie du pays, avait déjà donné le ton devant la société civile et le corps diplomatique accrédité au Mali : « S’ils n’y voient pas d’inconvénients, s’ils sont d’accord, je suis prêt à rencontrer Amadou Koufa et Iyad Ag Ghaly. Je suis même prêt à rencontrer leurs chefs, ceux qui tirent les ficelles ».

Les populations, plus particulièrement celles du centre, apprécient cette nouvelle. En 2019, les attaques terroristes y ont fait plus de 450 morts. « Si cela peut permettre d’arrêter les exactions, nous sommes très contents de l’apprendre. Nous espérons que ce dialogue, tant souhaité, prenne forme dans les plus brefs délais pour le bonheur des populations meurtries », a commenté Boureïma Soulo, porte-parole du collectif Sauvons la région de Mopti.

L’idée de nouer le dialogue avec les groupes terroristes est une demande du peuple malien émise lors de la Conférence d’entente nationale tenue en février 2017. Elle a été renouvelée au cours du Dialogue national inclusif qui vient de s’achever.

Quand Abdoulaye Idrissa Maïga était Premier ministre, une Commission de bons offices pilotée par l’imam Mahmoud Dicko, ancien président du Haut Conseil Islamique, avait entamé les démarches préalables aux discussions avec les djihadistes.

Toutefois, l’annonce d’Ibrahim Boubacar Keïta ne manque pas de soulever certaines questions. « Je ne peux pas comprendre que le ministre des Affaires étrangères (Tiébilé Dramé) dise qu’une négociation avec les terroristes n’est pas dans l’agenda du gouvernement et moins de deux semaines plus tard, le président de la République parle de dialogue avec ces mêmes personnes », s’est interrogé Aboubacar Berthé.

Pour ce journaliste, cela dénoterait « une cacophonie au sommet de l’État. Ce qui n’est pas bon signe au moment d’aller à ces négociations ». En tout cas, 300 soldats de l’armée malienne reconstituée ont quitté Gao pour se rendre à Kidal, une ville où ils sont absents depuis 2014.

« Si le retour de l’armée à Kidal peut favoriser celui du reste de l’administration dans cette ville, on ne peut que s’en réjouir », a souligné Aminata Traoré, militante des droits de l’Homme.

Pour enterrer la hache de guerre, le gouvernement malien et les rebelles de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) avaient signé, le 20 juin 2015 à Bamako, un accord de paix négocié à Alger, la capitale algérienne.

Cet accord prévoit, entre autres, le désarmement, la démobilisation et la réintégration des rebelles, le déploiement progressif de l’armée au nord et l’application de mesures de décentralisation avec notamment un fonds destiné au développement du nord dont le financement incombe aux bailleurs internationaux.

Mali : l’intégration d’ex-rebelles dans l’armée, « un couteau à double tranchant » (expert)

L’effectivité de la recomposition de l’armée malienne, un des points essentiels de l’accord d’Alger, constitue « un couteau à double tranchant », a décortiqué dans un entretien avec APA, Seydina Ousmane Zina, Professeur agrégé en Sciences politiques à l’Université Alassane Ouattara de Bouaké (centre de la Côte d’Ivoire).

Comment analysez-vous le retour de l’armée malienne à Kidal ?

Cela correspond à une logique. Celle du retour de l’Etat central à Kidal qui, pendant longtemps, a été le siège de groupes armés terroristes. Et c’est toujours le cas. C’est un symbole fort de renvoyer l’armée malienne dans cette zone-là. Cela montre que le président Ibrahim Boubacar Keïta a envie de garantir l’intégralité territoriale du Mali.

C’est aussi pour renforcer la confiance au sein des troupes en ne montrant pas de signes de faiblesse. Parce que quitter Kidal, c’est donner carte blanche aux groupes armés qui se trouvent dans cette partie du pays. En dépit des défaites, l’armée se doit d’y être présente. Je pense que c’est la stratégie des forces armées burkinabè qui, malgré l’avancée des terroristes dans des localités comme Djibo, continuent de déployer des éléments. C’est un signal fort envoyé aux djihadistes.

Il s’agit d’une armée reconstituée avec notamment des ex-rebelles. Pensez-vous qu’elle soit en mesure de sécuriser le nord du Mali ?

La recomposition de l’armée avec des ex-rebelles est un couteau à double tranchant. Cela peut être une force. L’expérience montre que quand des ex-rebelles, intégrés dans l’armée, jouent franc-jeu et sont pour la République, c’est un gage de pacification. Par contre, lorsque des ex-rebelles, à l’intérieur de l’armée, ont des agendas cachés, cela peut se retourner contre l’armée.

On l’a vu durant la présidence d’Amadou Toumani Touré au Mali. Il a réussi à intégrer d’anciens rebelles touaregs. Mais après, on a constaté comment certains de ces ex-rebelles se sont retournés contre l’Etat. Dans le contexte ivoirien aussi, on a vu des mutineries d’ex-rebelles alors qu’ils avaient été intégrés dans l’armée.

C’est vraiment un couteau à double tranchant. Quand ça marche, c’est la garantie d’une paix durable. De plus, les renseignements, les réseaux… des anciens terroristes pourront être mis à la disposition de l’armée. Mais quand ça ne marche pas, ça peut fragiliser davantage l’Etat.

L’armée malienne est-elle suffisamment outillée pour faire face à la menace djihadiste ?

Elle ne l’est pas. C’est d’ailleurs toutes les armées du Sahel dont les Etats sont fragiles. Les questions de la formation, de l’éthique militaire et de l’engagement républicain se posent avec acuité. Le contexte socio-politique de ces Etats n’aide pas non plus ces armées. Celles des Etats du Sahel sont en train d’apprendre à contrer les nouvelles menaces.

En Côte d’Ivoire, c’est récemment qu’a été mise en place une académie de lutte contre le terrorisme, en collaboration avec la France. Celle-ci aura pour rôle d’étudier le fait terroriste et d’aider ce pays et les autres du Sahel à comprendre ce phénomène pour le combattre efficacement.

Les nouvelles formes de la menace obligent à repenser l’action militaire. Au regard de la complexité de ces mouvements armés, en constatant les défaites des armées des pays du Sahel depuis une période, on en déduit qu’elles ne sont pas suffisamment prêtes pour juguler le terrorisme. C’est ensemble qu’elles pourront réussir.

Quid de la force Barkhane ?

La recomposition de l’armée malienne ne signifie pas la disparition d’une force internationale. Le contexte sécuritaire actuel justifie la présence sur le terrain de la force Barkhane. C’est la raison pour laquelle, le président Emmanuel Macron a demandé une clarification de la part des chefs d’Etat du Sahel.

Ces derniers ont dit qu’il est important que les éléments de la force Barkhane restent sur place. Et le président nigérien (Mahamadou Issoufou) a soutenu qu’il faut une force internationale pour lutter contre le terrorisme. C’est aussi une menace aux portes de l’Europe.

Les forces internationales interviennent pendant un moment donné et dans le cadre d’un mandat bien défini. Il appartient aux forces nationales de reprendre progressivement les rênes de la question sécuritaire pour faciliter le départ des forces étrangères.

Dans le contexte ivoirien par exemple, le président Alassane Ouattara a rassuré l’Onuci (opération des Nations en Côte d’Ivoire) sur sa volonté de gérer l’armée. Il a ainsi permis le départ de cette force internationale même si elle a toujours une antenne dans ce pays.

C’est une volonté politique pour montrer que l’armée est de retour. Mais ce n’est pas une rupture totale avec les forces internationales. Parce qu’elles ont, dans ce contexte terroriste, leur utilité. Et on ne saurait précipiter leur départ dans des Etats fragilisés.

Sommet UA : Guterres appelle à la résolution des crises en Libye et au Sahel

Le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres a exprimé samedi à Addis-Abeba son engagement à appuyer « les efforts africains » pour mettre fin aux crises en Libye et au Sahel.« Nous devons aider les pays du Sahel et du lac Tchad à relever une multitude de défis, qu’il s’agisse de la crise climatique, du désespoir économique et de l’exclusion ou de l’extrémisme et des effets croissants de l’instabilité en Libye », a déclaré Guterres.

Il s’exprimait en marge du 33è Sommet ordinaire des chefs d`Etat et de gouvernement de l’Union Africaine qui s’ouvre ce dimanche dans la capitale éthiopienne sous le thème « Faire taire les armes : créer les conditions pour le développement de l’Afrique ».

Selon le Secrétaire général de l’ONU, la situation en Libye « s’aggrave et n’aurait pas pu se produire sans la complicité directe des membres de la communauté internationale ».

Il s’est toutefois félicité des efforts de réconciliation intra-libyenne en Afrique pour le retour de la paix à Tripoli, notamment le huitième sommet du Comité de haut niveau de l’Union africaine tenu le 30 janvier dernier à Brazzaville.

Sur la lutte contre le terrorisme, particulièrement dans le Sahel, il soutient que « le terrorisme en Afrique n’est pas une menace pour l’Afrique [uniquement], le terrorisme en Afrique est une menace globale ».

Il plaide ainsi pour une mobilisation plus soutenue de la communauté internationale « pour promouvoir la paix et la sécurité ainsi que la prospérité dans le continent ».

« Il faut que la communauté internationale reconnaisse le besoin d’opérations africaines de paix et de lutte anti-terroriste, appuyées par des mandats sous le chapitre VII du Conseil de Sécurité et avec des financements prévisibles garantis par les contributions obligatoires », a-t-il déclaré.

Au-delà de l’instabilité politique et du terrorisme, le Secrétaire général a insisté sur les nombreuses initiatives à prendre face à la problématique du changement climatique, le développement durable, le libre-échange, une mondialisation équitable, les inégalités sociales, etc. conformément aux objectifs de développement durable.

Guterres a cependant salué les « signes d’espoir » dans le continent où en 2019 « des conflits ont été évités à la suite de plusieurs élections très importantes, notamment en République Démocratique du Congo, à Madagascar et au Mali ».

Selon lui, l’accord de paix est en cours de mise en œuvre en Centrafrique et la mise en place d’un gouvernement de transition au Soudan constituent des avancées majeures.

« Ces avancées montrent qu’il est possible d’agir et doivent être soutenues sans relâche par la communauté internationale », a-t-il souligné.

 Le Secrétaire général a en effet appelé au retrait du Soudan de la liste des États qui soutiennent le terrorisme et de mobiliser un appui international massif pour permettre au pays de surmonter ses défis.

Pacification de l’Afrique: les chefs d’Etat à pied d’œuvre à Addis-Abeba

L’Union Africaine (UA), dont le 33e Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement se tient dans la capitale éthiopienne, cherche des solutions pour « faire taire les armes » sur le continent.Le constat est amer : les conflits sont légion en Afrique. Du Sahel à la Corne de l’Afrique en passant par la Centrafrique, ce continent subit de plein fouet les affres de la guerre.

Il y a un mois, les islamistes de Shebab ont lancé un assaut contre une base militaire américaine dans la région de Lamu (est du Kenya), régulièrement visée. Cette attaque, inscrite dans le cadre de leur campagne baptisée « Jérusalem ne sera jamais judaïsée », a été fatale pour eux car quatre assaillants ont été tués et cinq complices présumés auraient été arrêtés.

Malgré ces rudes coups qu’ils reçoivent de la part des armées éthiopiennes et, depuis 2011, kényanes, avec l’appui de l’aviation américaine (effectif en mars dernier), les Shebab ont une réelle capacité de nuisance. Les attentats d’avril 2015 contre l’université de Garissa, avec 142 étudiants non-musulmans exécutés, sont encore frais dans les mémoires.

Il y a un an encore à Nairobi, la capitale kenyane, un commando de cinq hommes armés de kalachnikovs et de grenades a tué 21 personnes dans un complexe hôtelier et de bureaux avant que deux terroristes ne soient tués le lendemain dans une autre attaque. Toutefois, les Shebab confirment qu’ils demeurent la principale menace terroriste dans la Corne de l’Afrique. Comme l’est le groupe Boko Haram au Sahel.

L’initiative G5 Sahel

En proie au terrorisme, cette zone a vu la naissance en 2014 du G5 Sahel. Cette organisation politico-militaire est composée du Burkina Faso, du Mali, du Niger, du Tchad et de la Mauritanie. Son objectif est d’endiguer la menace des groupes terroristes dont la principale force est le représentant de l’Etat Islamique en Afrique de l’ouest : Boko Haram.

En 2019, les quatre premiers pays susmentionnés ont laissé des plumes dans cette guerre asymétrique. Depuis novembre 2017, le G5 Sahel a lancé des opérations militaires même si la réalité est tout autre sur le terrain.

Les nécrologies concernant des éléments des forces armées sont devenues fréquentes au Burkina Faso, sans compter les nombreux civils tués. Selon un décompte fait par des médias, le pays a enregistré près de 500 victimes de janvier à novembre, faisant de 2019 une année noire.

Le Mali n’est pas parvenu à contrôler l’intégralité de son territoire dont une partie est toujours sous le joug des djihadistes en dépit de la présence des forces étrangères (Minusma puis Barkhane). Début novembre, 24 soldats ont été tués dans une attaque terroriste.

Par ailleurs, la Mauritanie peut se réjouir de son accalmie même si des spécialistes préviennent qu’elle n’est pas à l’abri des « menaces djihadistes », auxquelles sont confrontés ses voisins du G5 Sahel. Dans cette zone, les attaques sont également attribuées à des groupes affiliés à Al-Qaida ou à l’État Islamique. Selon des médias locaux, celles-ci auraient fait près de 600 morts.

La crise libyenne en toile de fond

La Libye sera également au cœur des échanges durant ce sommet de l’UA. Ce sera l’occasion pour les chefs d’État africains de faire enfin entendre la voix du continent sur ce dossier.

Après l’effondrement du régime de Mouammar Kadhafi en octobre 2011, divers groupes armés ont plongé ce pays très riche en hydrocarbures dans une crise sans précédent. Pis, Fayez al-Sarraj (reconnu par la communauté internationale) et le maréchal Khalifa Haftar (chef du gouvernement parallèle) se livrent une bataille sans merci pour le contrôle politique de la Libye.

On est très loin de l’époque où ce pays de l’Afrique du nord était un Etat florissant, apportant son soutien financier à d’autres nations du continent. Aujourd’hui, elle « ne peut même plus s’occuper d’elle-même en tant qu’Etat », regrette Ali, citoyen libyen interrogé par APA en 2019 lors du 8e anniversaire de la révolution libyenne.

Comme nombre de ses compatriotes, c’est l’image du corps ensanglanté de Kadhafi qu’ils gardent encore comme souvenir au milieu d’un Etat et d’une population divisés.

A travers le thème de son 33e sommet : « faire taire les armes », l’UA veut « créer des conditions propices au développement de l’Afrique ». La mise en œuvre progressive de la Zone de libre-échange continentale (Zlecaf), lancée en juillet dernier à Niamey (Niger), sera ainsi l’un des principaux sujets de discussion.

Le Conseil de paix et de sécurité travaille aussi sur le financement des opérations de soutien à la paix pour appuyer le projet de l’UA visant à amorcer le décollage économique du continent et de mettre fin aux conflits.

Par ailleurs, au cours de ce sommet de deux jours, l’Egyptien Abdel Fattah al-Sissi, président en exercice de l’UA, va passer le témoin à son homologue sud-africain Cyril Ramaphosa. Ce dernier présidera aux destinées de l’UA en 2020.