Appréciées par les uns mais décriées par les autres, les motos-taxis s’avèrent un mal nécessaire à Conakry où elles sont incontournables dans le transport de la population. La praticabilité de ces engins aptes à aller n’importe où, des quartiers les plus reculés aux rues les plus sinueuses, est pour beaucoup dans leur adoption par les habitants de la capitale guinéenne.S’y ajoute que le créneau est pourvoyeur d’emplois pour beaucoup de jeunes diplômés qui, pour ne pas grossir le rang des chômeurs, sont conducteurs de motos-taxis. A leur compte personnel ou au service d’une tierce personne.
Professionnalisée il y a de cela cinq ans, la conduite à des fins commerciale des motos-taxis a fortement prospéré à Conakry grâce aux jeunes, nombreux à devenir chauffeurs. « Par jour, je peux gagner 50 000 GNF (3500 FCFA), dès fois jusqu’à 150 000 GNF (10.000 FCFA), ça dépend des clients », souligne Ibrahima Gaoual Diallo, diplômé en droit rencontré au carrefour Hamdallaye-Prince.
Ibrahima doit s’y bien s’y connaitre pour avoir une telle recette car en moyenne les versements journaliers des conducteurs de motos-taxis s’élèvent en moyenne à 35 000 GNF (2500 FCFA).
Toujours est-il que l’activité est juteuse, en témoigne le nombre sans cesse croissant des engins à deux roues. « Aujourd’hui, c’est difficile d’avoir un nombre exact. Il y en a un peu partout, les motos-taxis se multiplient de jour en jour et ce n’est pas tout le monde qui est enregistré », indique Alpha Bah, membre du bureau syndical des motos-taxis.
Pour autant, beaucoup d’habitants de Conakry, déplorant la manière peu orthodoxe de conduire des chauffeurs, voient d’un mauvais œil la prolifération de ces engins à deux roues. Selon le dernier rapport de la direction nationale de police routière, les motos-taxis ont été impliquées dans 1 810 accidents en 2016 contre 3 130 en 2017.
« Certes, ils sont rapides, si vous voulez être à temps dans vos programmes, c’est mieux d’emprunter une mototaxi, mais leur manière de conduire, c’est dangereux. La plupart d’entre elles ne respectent pas les règles de conduite», dénonce Souleymane Camara, un habitant du quartier de Bambéto.
Sautant sur l’occasion, Boubacar Bah qui était en compagnie de Souleymane, rappelle pour les saluer les mesures prises lundi dernier par le Gouverneur de Conakry concernant les motos-taxis. «Il faut règlementer ce moyen de transport parce qu’il est très important pour nous», ajoute Boubacar, faisant référence au port du casque qui, dés le 1er janvier, sera obligatoire pour les conducteurs comme pour leurs passagers.
A partir du premier jour de l’année prochaine, les motos-taxis paieront également des taxes aux communes dont ils sillonnent les rues. Le Gouverneur, dans son arrêté, n’a pas précisé le montant de la taxe, mais en attendant d’être édifié le secrétaire général des conducteurs de motos-taxis n’est pas contre le principe.
« Les casques, souligne Yaya Bah, sont des mesures de sécurité, c’est pour nous et nos clients. Le paiement des taxes aussi, n’est pas mauvais, si ce n’est pas cher ».
En contrepartie de la taxe et du port du casque qu’on va imposer aux motos-taxis, Yaya suggère qu’on permette aux engins à deux roues de circuler « librement dans tous les endroits de Conakry ».
D’un air contrarié, il confie : « Nous souffrons. Chaque fois, il y a des arrestations. Parfois on retire tout ce qu’on a gagné pendant la journée. Vous savez que nous ne circulons pas aussi au centre-ville de Kaloum. Si vous partez là-bas, on vous arrête ».