La presse camerounaise se positionne avant les résultats de la présidentielle

Les journaux camerounais parus lundi, chacun selon son tempérament, anticipent sur la proclamation, attendue d’ici la fin de la semaine, des résultats de l’élection présidentielle du 7 octobre.La Commission nationale de recensement des votes ayant rendu sa copie samedi dernier, c’est désormais, rappelle le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune, au Conseil constitutionnel de prendre le relais pour le contentieux post-électoral, avant du verdict final qui, précise InfoMatin, est prévu pour le 22 octobre au plus tard.

«En attendant la proclamation officielle des résultats de la présidentielle : le Cameroun retient son souffle» est la principale manchette du bihebdomadaire Intégration, traduisant ainsi le suspense qui parcourt l’opinion publique depuis quelques jours, et pour cause : «La montée en puissance du discours va-en-guerre, les intimidations et les abus de l’establishment au lendemain du scrutin du 7 octobre font craindre l’escalade.»

La haute juridiction, explique son confrère L’Essentiel, va statuer sur les 18 recours déposés par des candidats et acteurs politiques divers, et d’annoncer que certains seront d’office rejetés pour la forme et la qualité des requérants, ceux à suivre avec une attention particulière étant ceux des candidats, Joshua Osih candidat du Social Democratic Front (SDF), Maurice Kamto, candidat du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) et Cabral Libii, candidat du Parti Univers.

Le sprint final se jouera entre le président sortant Paul Biya, Maurice Kamto et Cabral Libii, insiste The Median cependant que, prévient The Post, sauf à vouloir passer en force, le contentieux post-électoral devra se pencher sérieusement sur la pétition des candidats de l’opposition, qui, preuves à l’appui, ont révélé et dénoncé des irrégularités et entorses criardes lors du scrutin.

Crise sécuritaire dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest ayant amené à neutraliser le scrutin les régions anglophones, vote controversé de certains dignitaires du régime, bourrage des urnes, votes et inscriptions multiples, falsification des procès-verbaux, inégalité dans l’affichage, violences sur les scrutateurs de l’opposition, accès disproportionné de l’équipe du candidat du pouvoir aux médias audiovisuels à capitaux publics, défaillances de l’organisation constituent, détaille l’hebdomadaire Kalara, les principaux griefs des protestataires.

«Paul Biya à 71 ou 72% ? Maurice Kamto atteindra-t-il 15% ? Cabral Libii franchira-t-il les 6% ?» ose

L’Essentiel, alignant dans l’ordre le trio généralement donné en tête avant de préciser que seul le Conseil constitutionnel est habileté à publier les résultats du scrutin, car ces chiffres peuvent changer après les audiences du contentieux électoral au cours duquel les juges de la haute juridiction peuvent décider d’annuler l’ensemble du scrutin, de l’annuler partiellement, soit encore publier les résultats tels qu’ils sont arrivés de la Commission de recensement général des votes.

Côte à côte, et sous le titre «Incitation au soulèvement populaire : les masques tombent», L’Indépendant, réputé proche du pouvoir, s’en prend violemment à MM. Osih, Libii et Kamto, accusés de vouloir «imposer la terreur à tout un peuple qui aspire à vivre en paix» avant d’appeler au respect de la légalité et de mettre en garde contre toute tentative de déstabilisation.

Les journaux camerounais en mode diversité

La diversité reprend droit de cité dans les journaux camerounais parus vendredi, sans pour autant s’éloigner des lendemains tumultueux de l’élection présidentielle du 7 octobre.Qu’est devenu le maire de la ville de Kumbo (Nord-Ouest) ? Le Messager consacre sa principale manchette à l’enlèvement, mercredi, de Njong Donatus par un groupe armé parmi ceux qui prônent l’indépendance de la partie anglophone du Cameroun.

 Et le quotidien à capitaux privés de préciser que c’est la première fois, depuis le début de la crise anglophone voici deux ans, qu’un élu du Front social démocratique (SDF, opposition) est kidnappé par les séparatistes qui, jusqu’à présent, s’étaient toujours attaqués à tout ce qui s’apparente au pouvoir de Yaoundé.

 Il a eu plus de peur que de mal, répond en écho son confrère The Guardian Post, qui affirme que l’édile a finalement été relâché sain et sauf par ses ravisseurs, les mêmes à qui on impute par ailleurs l’assassinat de deux civils à Kumba (Sud-Ouest).

 Sur le terrain sportif, Le Jour consacre un dossier aux nouveaux textes de la Fédération camerounaise de football (FECAFOOT), adoptés mercredi en assemblée générale extraordinaire et qui, note la publication, durcissent les conditions d’éligibilité à la présidence exécutive de l’instance.

 Ainsi de l’exercice de président fédéral, une fonction désormais incompatible avec les fonctions de parlementaire, de membre du gouvernement ou de directeur général de société, avec une l’intention claire d’avoir désormais un ordonnateur de fonds plus disponible et justiciable, comme tout gestionnaire de deniers publics.

 Le cumul de fonctions devient impossible, voire inacceptable au sein de l’exécutif pour un mandat de quatre ans renouvelable deux fois, renchérit L’Essentiel, le président de la FECAFOOT ne pouvant plus exercer des fonctions au gouvernement, au Parlement ou à la direction générale d’une entreprise ou société parapublique, de même qu’a été bannie l’élection au scrutin de listes au profit d’un scrutin uninominal à deux tours.

On a beau faire les textes, mais si les hommes qui doivent les appliquer sont de mauvaise foi, ça ne garantit rien en matière de gouvernance, tacle InfoMatin, indiquant néanmoins que des organes permettant de contrecarrer d’éventuels dérapages ont été mis en place, notamment une commission d’audit et de conformité indépendante et des organes juridictionnels.

Mais ce qu’on retient davantage dans cette publication, c’est que le chef de l’État sortant, Paul Biya, avec 42% des suffrages exprimés, a perdu le scrutin présidentiel dans le fief du secrétaire général du comité central du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, au pouvoir), Jean Nkueté, originaire du département de la Menoua (Ouest).

Dans cette localité, rapporte InfoMatin, le président-candidat est devancé par Maurice Kamto du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), arrivé en tête avec 46%, confirmant ainsi le double jeu qu’on prêt à M. Nkueté, «accusé d’avoir organisé des messes de minuit, question de barrer la voie au candidat de son propre parti».

Ce triomphe en rase campagne est pourtant loin de satisfaire l’opposant, qui avec Cabral Libii (Parti Univers) et Joshua Osih (Front social démocratique-SDF), annoncent, selon The Guardian Post et Le Quotidien de l’Économie, des recours aux fins d’annulation totale du scrutin présidentiel pour fraudes et autres irrégularités.

 «A ce jour, confirme L’essentiel, 18 recours ont été introduits au Conseil constitutionnel qui dispose d’un délai de 15 jours maximum pour étudier le contentieux post-électoral et proclamer les résultats.»

 «Contentieux post-électoral : 18 recours sur la table», titre le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune, précisant que le Conseil constitutionnel doit convoquer, dans les prochains jours, l’audience d’examen desdits recours.

Cette agitation contraste, renchérit L’Épervier, avec le satisfecit des observateurs, aussi bien nationaux qu’internationaux du scrutin, y compris «des ONG qui se montrent souvent hostiles au régime».

Reste, souffle Mutations, que des soupçons continuent de planer sur la crédibilité de certains de ces observateurs à l’instar de ceux s’étant présentés comme issus de l’organisation de lutte contre la corruption Transparency International, dûment accrédités par le ministère de l’Administration territoriale, qui se sont empressés d’attribuer de bons points à l’organisation avant d’être pris la main dans le sac : ils étaient des faux observateurs, des imposteurs agissant sous la couverture du gouvernement.

Et, pendant que les adversaires du régime s’emploient à protester et à annoncer la saisine des organes compétents en annulation de la présidentielle, c’est la police qui, s’indigne Le Messager, a sauté la veille sur les lieutenants de Maurice Kamto à Douala, la métropole économique : les forces de l’ordre, en grand nombre, ont fait irruption au domicile privé d’un des soutiens de ce concurrent de Paul Biya, brutalisant et interpellant à tour de bras, empêchant ainsi que soient dévoilées les multiples manipulation pré et post-scrutin.

Toujours est-il que Paul Biya qui reste président de la République jusqu’à la proclamation des résultats et travaille, rappelle L’Essentiel, notant que le chef de l’État, qui guette certes comme les autres candidats ce qui sortira des urnes, a entre-temps accrédité de nouveaux ambassadeurs à l’étranger.

L’après-présidentielle continue de préoccuper la presse camerounaise

Les journaux camerounais parus jeudi continuent leurs conjectures sur l’élection présidentielle du 7 octobre avec son lot d’insolites, de polémiques et d’incertitudes.Mais qui a donc accrédité les fameux observateurs du scrutin présidentiel de dimanche dernier, se réclamant de l’organisation non gouvernementale de lutte contre la corruption Transparency International ? Le Jour a entrepris de fouiller, dans ce qui apparaît plutôt comme une arnaque politique, l’ONG affirmant ne pas se reconnaître en ces personnes.

La lumière, espère le quotidien à capitaux privés, viendra sans doute au terme du procès annoncé sur le sujet par le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC, opposition) dont le candidat, Maurice Kamto, annonce la saisine des tribunaux compétents.

Le bihebdomadaire Essingan, lui, ne se pose pas de questions, qui sous le titre «Faux observateurs électoraux : la gaffe d’Atanga Nji», pointe un doigt accusateur sur le ministre en charge de l’Administration territoriale qui, en qualifiant ces personnages douteux pour l’observation électorale, et en leur permettant de tenir une conférence de presse pour certifier du bon déroulement des opérations sur le terrain, est pris en flagrant délit d’instrumentalisation de l’opinion au profit du régime dont il est l’un des caciques.

Vent debout, renchérit The Guardian Post, le MRC ne s’en prend pas seulement à cette grossière tentative d’escroquerie politique : il menace également de traduire en justice l’office audiovisuel public, qui a amplement relayé le «satisfecit» des faux représentants de Transparency pour remettre sur orbite le président sortant, Paul Biya.

Ces menaces ne semblent pas de nature à réfréner l’ardeur du quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune, qui se fait l’écho de «la satisfaction des observateurs» électoraux, tant nationaux qu’étrangers et dont «la plupart (…) saluent une organisation qui a respecté les principaux canons en la matière», aussi pendant la campagne que lors du scrutin proprement dit.

Question sans doute d’adoucir un peu le jeu, on retrouve, en principale manchette de Baromètre Communautaire, les portraits de Maurice Kamto et d’un autre prétendant à la magistrature suprême, Cabral Libii (Parti Univers), qui s’en remettent au Conseil constitutionnel en charge de proclamer les résultats définitifs du scrutin dans une dizaine de jours.

«Après s’être déclarés vainqueurs de la présidentielle au mépris de la loi, les deux challengers de Paul Biya reviennent à de meilleurs sentiments et adoptent une démarche républicaine. La désapprobation générale, par le peuple de tout passage en force n’a laissé aucun autre choix aux candidats.»

Il n’empêche que, constate Défis Actuels, si le candidat du MRC, critiqué par la classe politique pour son empressement à s’autoproclamer élu avant même le verdict des instances compétentes, clame sa bonne foi et se prépare pour le contentieux, le compétiteur investi par le Parti Univers, lui, continue de dénoncer de nombreux cas d’irrégularités orchestrés par les cadres du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, au pouvoir) en vue d’assurer la victoire de leur candidat.

«Nous sommes sûrs d’aller à un conflit post électoral», souffle, dans les colonnes du bihebdomadaire, le candidat à la présidentielle pour le compte du Peuple uni pour la rénovation Sociale (Purs), Serge Espoir Matomba : «Les données que nous avons et que nous voyons circuler, démontre à suffisance que non seulement il y a eu manipulation des chiffres mais il y a des officines qui se sont préparées à avoir certains chiffres, qui ne reflètent pas la réalité du terrain.»

M. Matomba ne figure pas dans le probable «tiercé gagnant» déjà constitué par Mutations, qui voit dans l’ordre le chef de l’État sortant, Paul Biya, Maurice Kamto et Cabral Libii mais sans le représentant du Front social démocratique (SDF), Joshua Osih, pourtant issu du premier parti de l’opposition dont le déclin, sur la scène politique, ne se dément pas depuis quelques années.

L’autoproclamé président Maurice Kamto continue de passionner la presse camerounaise

Autoproclamé, lundi président élu de la République à l’issue du scrutin de la veille, l’acte du candidat du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), Maurice Kamto, continue de passionner les journaux locaux parus mercredi.Il a suffi d’une déclaration, d’une seule pour mettre tout un système en émoi, observe The Gardian Post pour décrier la posture des thuriféraires du régime Biya, qui sautent à bras raccourcis sur le pauvre homme de manière disproportionnée.

Il faut vraiment croire que Maurice Kamto a appuyé là où ça fait mal pour créer ainsi cette avalanche d’assauts verbaux, moque Eden.

Le président du MRC met le sérail en ébullition, répond en écho Le Messager, pour qui la tonitruante déclaration du candidat du MRC a jeté un trouble certain au sein d’un appareil plus que fébrile, et «qui peine à dissocier l’acte politique de l’écart juridique».

Le gouvernement, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, au pouvoir) et autres alliés, ripostent en tirs groupés, rappelant, selon The Sun, le spectre de la «victoire volée» de John Fru Ndi, en 1992 lorsque le leader du Front social démocratique (SDF, opposition), demandant à la rue de défendre le hold-up du président sortant, Paul Biya, fit descendre dans la rue des milliers de citoyens.

Et voici donc de nouveau les menaces de violences qui planent au-dessus de la nation, se désole l’hebdomadaire de langue anglaise, signalant par ailleurs que la commission nationale de dépouillement a commencé ses travaux de compilation des résultats issus des procès-verbaux des bureaux de vote.

Le Jour et le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune relaient la même information, précisant que les membres de cette instance disposent de 5 jours pour dresser un procès-verbal général de la situation.

D’ici là, L’Essentiel n’en démord pas sur ce qu’il qualifie d’«épreuve de la victoire préfabriquée» de Maurice Kamto, qui résonne comme une boîte à musique préprogrammée de longue date, en 2018 comme en 1992 où on prend les mêmes opposants et on recommence, sur le même processus.

«Hier comme aujourd’hui, cela commence toujours par une parfaite organisation tribale intégrée, intégrale, exclusive, compacte, en profondeur de champ et de temps. Vient ensuite une affectation des tâches où rien n’est laissé au hasard, le lobbying institutionnel, l’instrumentalisation des vraies frustrations, le parasitage des zones de stabilité, l’infiltration stratégique des médias, de l’opinion, la société civile, les associations, les organisations internationales, le rodage des troupes pré-positionnées aux fins de bétail pour la bataille des rues, des urnes et des autres sphères colonisables…»

S’il est légal qu’une élection présidentielle soit contestée, surtout ses résultats, il est par contre illégal et inadmissible de s’autoproclamer vainqueur en violation de la loi, analyse l’hebdomadaire Signatures, rappelant qu’au Cameroun, seul le Conseil constitutionnel, compétent pour connaître du contentieux lié à l’élection présidentielle, est habilité à en proclamer les résultats et pas le candidat, la rue, les médias ou les réseaux sociaux.

Sous le titre «Le suicide politique de Maurice Kamto», Repères estime qu’en s’autoproclamant président de la République au mépris des usages et de la réalité, le candidat du MRC semble avoir définitivement consumé sa crédibilité, une option qui a sans doute définitivement ruiné ses chances d’accéder un jour à la magistrature suprême.

«C’est très grave ! Maurice Kamto entre la vie et la mort», s’emporte L’Épervier qui qualifie le patron du MRC de «président des réseaux sociaux», un homme qui aurait trempé mystiquement dans un lobby financé par des prisonniers de luxe, ces dignitaires du régime aujourd’hui en prison pour détournement de deniers publics, en connexion avec un milliardaire américain.

A équidistance entre le marigot politique et les manœuvres électoralistes, Mutations s’en prend vertement à la «honteuse manipulation» orchestrée par le pouvoir qui, sous une fausse couverture d’observateurs de la présidentielle de dimanche pour le compte de l’ONG Amnesty International, tend à établir la crédibilité dudit scrutin.

Le régime de Yaoundé serait-il à ce point aux abois, s’interroge la publication, pour monter une histoire aussi grotesque de faux observateurs en vue de remettre Paul Biya en selle ?

L’auto-proclamation de Maurice Kamto comme vainqueur de la présidentielle anime les journaux camerounais

La déclaration, la veille par le leader du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) de sa victoire à l’élection présidentielle du 7 octobre fait les choux gras des journaux camerounais parus mardi.«Maurice Kamto : ‘’J’ai marqué le pénalty »», titre en grande ouverture Le Jour qui, rendant compte de la conférence de presse, la veille en milieu d’après-midi, du candidat du MRC, emprunte à ce dernier la métaphore footballistique qui veut que l’homme se prenne pour celui-là, envoyé par le peuple pour exécuter une balle arrêtée contre le régime Biya, ait accompli sa mission et soit revenu rendre compte aux électeurs.

Maurice Kamto défie le Code électoral et s’autoproclame vainqueur de la présidentielle, constate The Guardian Post, prévoyant d’ores et déjà un clash avec le pouvoir dont en place dont le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, avait dès dimanche soir mis en garde contre de telles réactions.

Déjà, rappelle Essingan sous le titre «Coup d’État constitutionnel de Kamto», au cours d’un point de presse, vendredi à Yaoundé, le directeur de campagne du candidat du MRC appelait à la résistance «de la manière la plus farouche» aux présumées fraudes organisées par Elections Cameroon (Elecam), prétextant que «Maurice Kamto a déjà gagné l’élection présidentielle», et laissant entendre que «le MRC ne se laissera pas voler sa victoire».

Pour L’Épervier, cet homme, «perdu et dépassé», veut simplement «mettre le Cameroun à feu et à sang». Et de lui adresser cette sévère mise en garde : «Pas de manipulation, les Camerounais veulent vivre en paix ! Comment peut-on vouloir diriger un Etat dont on bafoue les institutions ? Seul le Conseil constitutionnel a qualité pour proclamer le nom du vainqueur de l’élection présidentielle.»

L’attitude du candidat du MRC, au-delà d’être illégale, relève tout simplement de la provocation, s’insurge également InfoMatin, estimant qu’en s’autoproclamant vainqueur, moins de 24 heures seulement après la tenue du scrutin, l’ex-ministre délégué auprès du ministre de la Justice a violé de manière flagrante la loi électorale en vigueur au Cameroun.

Et de rappeler : «L’ancien membre du gouvernement est agrégé des facultés de droit, enseignant de sciences juridiques et politiques dans les universités camerounaises et étrangères. Il jouit à ce titre de la présomption de maîtrise des questions électorales et surtout du Code électoral qu’il a choisi délibérément de violer.»

Sous le titre «Maurice Kamto autoproclamé vainqueur : la classe politique sort le carton rouge», le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune se fait l’écho des réactions outrées de «plusieurs leaders politiques», au premier rang desquels le secrétaire général du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, au pouvoir), Jean Nkueté ainsi que du ministre de la communication et porte-parole du gouvernement, Issa Tchiroma Bakary.

Ici et là, rapporte la publication, les autres candidats au scrutin de dimanche ont également condamné «cette manœuvre de provocation, qui se place délibérément en marge de la loi».

C’est que le risque politique vire au rouge, s’exclame Le Quotidien de l’Économie qui, au-delà de M. Kamto, révèle que d’autres concurrents pour la magistrature suprême revendiquent eux-aussi la victoire, toute chose qui, ainsi que le craignaient déjà des organismes internationaux, confirme les incertitudes d’après proclamation officielle des résultats devant intervenir dans une dizaine de jours.

Pour Mutations, qui confirme les appréhensions de son confrère, c’est «la saison des longs couteaux» qui s’ouvre pour le Cameroun, avec différents acteurs revendiquant leur légitimité, face à un pouvoir criant à des comportements relevant de l’inhabilité politique.

Cet autre quotidien à capitaux privés signale par ailleurs que la Commission nationale de recensement général des votes entre en scène ce même mardi en vue, selon ses attributions, de compiler les résultats des procès-verbaux et les transmettre, dès le 13 octobre prochain, au Conseil constitutionnel qui à son tour procèdera aux vérifications nécessaires avant la proclamation solennelle des résultats de l’élection présidentielle.

La presse camerounaise à fond sur l’après-présidentielle

Ce sont des sentiments partagés qui transpirent dans les colonnes des journaux camerounais parus lundi, au lendemain d’une élection présidentielle tenue dans un contexte de clair-obscur du fait des forces en présence et de l’insécurité grandissante en zone anglophone en proie depuis deux ans à des violences sécessionnistes.Vint enfin ce fameux dimanche 7 octobre, souffle le tri-hebdomadaire L’Essentiel : non seulement le chaos promis n’a pas eu lieu, mais le seul événement majeur de la journée de dimanche était la tenue du scrutin présidentiel qui s’est déroulé sur toute l’étendue du territoire national.

La psychose de la veille, qui a vidé les boulangeries et réduit les stocks dans les magasins de riz, a cédé la place à une journée radieuse au cours de laquelle les Camerounais se sont rendus aux urnes dans le calme et la sérénité pour élire un nouveau président de la République parmi 9 candidats, détaille la publication, précisant que le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, a confirmé le bon déroulement des opérations de vote dans tout le pays.

Ce fut un scrutin dans le calme et la transparence, renchérit le bihebdomadaire Repères, affirmant qu’aucun incident majeur, de nature à fausser le résultat des urnes, n’a été signalé dans les 10 régions du pays, l’Union africaine n’ayant d’ailleurs pas hésité à exprimer son satisfecit.

«On a voté en paix», confirme le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune qui évoque «un climat globalement serein» ayant prévalu sur toute l’étendue du territoire.

Signalant «un incident» à Makénéné (Centre) et à Baham (Ouest), InfoMatin est aussi d’avis que le scrutin a eu lieu «sans perturbation majeure» dans les 360 arrondissements du Cameroun et dans les 24.988 bureaux de vote.

Ce fut une élection libre et transparente, écrit également L’Épervier : aucune entrave de nature à impacter la crédibilité de l’élection n’a été enregistrée.

Il y a pourtant eu des coups de feu sporadiques dans les zones anglophones le jour du vote, insiste The Guardian Post qui a décompté 3 sécessionnistes tués par l’armée, alors qu’un convoi officiel était attaqué par les activistes et que d’autres actes de vandalisme étaient signalés ça et là.

Les terroristes avaient menacé d’empêcher le bon déroulement du scrutin présidentiel dans ces régions où ils veulent créer leur État indépendant qu’ils appellent «Ambazonie», explique L’Essentiel, ajoutant que les forces de défense présentes dans ces régions ont neutralisé ces fauteurs de trouble, le vote s’étant finalement déroulé dans ces régions, malgré la peur qui règne au sein de la population.

Pour Mutations, le vote ayant été entaché de dysfonctionnements, d’incidents et d’irrégularités avec 3 morts enregistrés dans le Nord-Ouest, un Sud-Ouest voisin transformé en région fantôme, c’est désormais le brouillard qui s’accumule à l’horizon avec un pays plus que jamais culturellement fracturé, un nouveau président qui sera élu par 8 des 10 régions.

Quant à la proclamation des résultats officiels de l’élection présidentielle, elle relève, tempête Paul Atanga Nji dans InfoMatin, de la compétence exclusive du Conseil constitutionnel, personne n’a le droit de se substituer à cette instance juridictionnelle et toute forme de remise en cause, en dehors des voies légales ne sera pas tolérée.

Parmi les candidats directement visés par cet avertissement sans frais figure Maurice Kamto, qui selon Repères a une stratégie «pour fomenter des troubles post-électoraux» : le candidat du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) a prévu, de longue date, de s’autoproclamer vainqueur de l’élection de dimanche et de provoquer une insurrection populaire pour défendre su supposée victoire.

Il n’en reste pas moins, selon L’essentiel, que les candidats les plus en vue pendant la campagne pourraient se disputer le leadership dans un quarté, que forme déjà l’opinion et qui, dans l’ordre, est constitué du président sortant, Paul Biya, de Maurice Kamto, de Cabral Libii et de Joshua Oshi.

Rien n’est joué d’avance, ose également L’Indépendant : les jeux étaient très ouverts dans les urnes, après une campagne sans doute la plus animée de toutes les présidentielles organisées jusqu’ici au Cameroun.

Les journaux camerounais à fond dans la présidentielle de dimanche

Le branle-bas de combat suscité au sein de l’opinion publique, par rapport à l’élection présidentielle de dimanche prochain, se traduit avec force dans les journaux camerounais parus vendredi.«Aux urnes, ce 7 octobre !» ; «Aux urnes dimanche !» ; «Aux urnes citoyens !» ; «Vivement dimanche !» ; «7 octobre… ça va se jouer» ; «Présidentielle 2018 : la vérité des urnes», titrent respectivement Intégration, Cameroon Tribune (CT), Le Jour, Mutations, Le Quotidien de l’Economie (LQE) et L’Indépendant.

A 48 heures du rendez-vous avec les urnes, LQE procède à un dernier round-up au sein des états-majors de campagne des 9 candidats en lice et se garde bien de tirer des conclusions péremptoires quant au résultat final.

Et Intégration de renchérir : depuis la présidentielle de 1992, jamais scrutin n’avait suscité autant d’effervescence, au propre comme au figuré, à ce scrutin qui fait courir et à raison  : face au président sortant, candidat à sa succession, Paul Biya, huit challengers dont les profils et les projets ne manquent pas d’intérêt.

A l’observation, analyse Intégration, un vote par dépit ne se justifierait pas avec 6,5 millions de Camerounais appelés à choisir le prochain chef d’Etat du pays : «L’alternance par les urnes ou le statu quo ? Voilà l’équation à résoudre par le scrutin de ce dimanche 7 octobre sur toute l’étendue du territoire national.»

Pour CT, aucune inquiétude à se faire au plan de la crédibilité et de la transparence du processus électoral, les pouvoirs publics, s’appuyant sur les dispositions légales et réglementaires, ayant pour leur part tout mis en œuvre pour assurer l’équité entre les compétiteurs.

Il y a pourtant des menaces dans l’air, répond en écho L’Essentiel, au vu des messages de haine qui fusent ici et là, particulièrement dans le camp de l’opposition et qui vont avec la déstabilisation et tout ce que cela entraîne comme violence, les envies humaines et des pertes économiques énormes.

Dans la course vers le palais d’Etoudi, tous les candidats, anciens briscards ou jeunes loups, sont tous conscients de leur poids électoral, ils savent jusqu’où ils peuvent aller mais faute de sincérité, certains brouillent les pistes.

Sous le titre «Aucune victoire ne sera volée», le tri-hebdomadaire lance «un rappel à l’ordre» aux coaches des différentes équipes de campagne et aux présidents des partis politiques qui les ont investis, qui devront garder la tête froide pour éviter des tacles irréguliers et même des bagarres rangées sans motif.

Les problèmes pourraient en effet survenir, insiste Mutations, lorsque viendraient à survenir des soupçons de fraude. D’où la nécessité, pour chaque citoyen, de tout faire pour protéger son vote de l’isoloir au décompte des votes en passant par la signature des procès-verbaux par tous les scrutateurs, ou encore le monitoring permanent tout au long de la journée de dimanche.

Rien ne dit en effet que les crocs-en-jambe ne pourraient pas venir du camp du président-candidat Biya, relève The Guardian Post, face à une opposition qui, quoique émiettée, a déjà monter sa capacité à faire vaciller les certitudes du pouvoir de Yaoundé.

Il est même possible, avance le quotidien de langue anglaise, que les candidats Akere Muna et Maurice Kamto, qui sont parmi les challengers les plus sérieux, dans un sursis de lucidité, annoncent dans la journée une coalition qui pourrait sérieusement ébranler le système en place.

Mais pour le secrétaire général adjoint du comité central du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc, au pouvoir), Grégoire Owona, interrogé par InfoMatin, aucune inquiétude à nourrir : «Je doute que cela arrive, car nous sommes à 48 heures du scrutin et les candidats ont montré plus de divergences dans leurs offres, leurs postures personnelles que de convergences susceptibles de s’exprimer dans une coalition.»

Et d’ajouter que son camp reste toutefois attentif et poursuit son appel au vote, le défi pour le pouvoir étant désormais que tous les militants qui se sont inscrits et ont tous retiré leurs cartes d’électeur, aillent voter, que les soutiens exprimés par les alliés et sympathisants se manifestent effectivement dans les urnes et, si cela se produit, même une coalition des 8 candidats n’ébranlera pas Paul Biya.

La dernière ligne droite de la campagne électorale alimente les journaux camerounais

Comme s’ils s’étaient donné le mot, les titres des journaux camerounais parus jeudi focalisent essentiellement sur la dernière ligne droite de la campagne pour l’élection présidentielle de dimanche prochain.Le spectre de la fraude plane déjà sur la présidentielle de dimanche prochain, avertit d’entrée de jeu Baromètre Communautaire : malgré les engagements des acteurs du processus, qui à travers un code de bonne conduite se sont tous engagés à respecter les lois et règlements, mais aussi le résultat des urnes, force est de constater que l’obsession de la victoire pourrait pousser certains à faire appel à des manœuvres peu orthodoxes pour l’emporter.

«On entend déjà d’ici, renchérit l’hebdomadaire Le Courrier, les plaintes et les complaintes de ces illusionnistes, criant à ‘’la victoire volée », au ‘’trucage de l’élection », venant de ceux-là qui rêvaient de revêtir prématurément le costume présidentiel.»

Et la publication de s’en prendre vertement à «ces aventuriers, dont la plupart aux curriculums avenants, préfigure un règne de dictature et de tyrannie, de chasse aux sorcières, d’une nuit des longs couteaux en dépit de leurs engagements démagogiques, oniriques et surréalistes, et qui ne laisse aucun doute quant à leurs véritables desseins pour le Cameroun qu’ils entendent diriger».

Ces vainqueurs autoproclamés jouent un jeu dangereux, acquiesce le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune, tançant également ces candidats qui, avant même le scrutin de dimanche, se prennent déjà pour élus et, furtivement ou ouvertement, font par anticipation passer des appels au rejet des résultats officiels.

Ce qui est clair, note perfidement Essigan, c’est que le président sortant, Paul Biya, a d’ores et déjà «englouti» cette opposition qui, sans repères, va tenter d’exister en perturbant le contentieux post-électoral à travers des revendications fantaisistes.

L’un des prétendants à la magistrature suprême, indirectement visé par ces critiques émanant de publications généralement proches du pouvoir, c’est le candidat Maurice Kamto dont le portrait trône en couverture de Le Jour.

Pour le leader du Mouvement pour la renaissance, dont la campagne électorale est par ailleurs l’une des mieux réussies jusqu’à présent, qui voit plutôt un Paul Biya, 85 ans accomplis, usé, fatigué et vieilli mais totalement pris en otage.

«Même s’il le voulait, il ne pourrait plus», déclare M. Kamto à propos de son adversaire, dont 36 à la tête de l’État et plus de 50 dans la haute administration.

Si les lieutenants de Paul Biya étaient autant assurés de la victoire de leur champion, rétorque Aurore Plus, ils ne mettraient pas autant d’énergie et de moyens pour fausser le jeu démocratique.

Et le bihebdomadaire d’égrener le chapelet de méthodes mis en place par le régime de Yaoundé : charters de votants en régions anglophones secouées par la fièvre sécessionniste, lettres de «chaleureuses félicitations», dès lundi prochain au chef de l’État réélu, venant des «figurants fabriqués et non moins prestataires de services du régime de Yaoundé pour légitimer le triomphe».

Il convient, souligne Aurore Plus, de préciser que le régime n’entend rien laisser au hasard, qui non content de vampiriser la campagne et de corrompre de pseudo-opposants, a également inonder d’argent la préfectorale, son véritable bras séculier, à travers l’octroi d’un «appui financier aux autorités administratives dans le cadre de l’élection présidentielle du 7 octobre 2018».

Cet «appui» est également guetté avec circonspection par Le Quotidien de l’Économie, rappelant que la préfectorale n’a strictement rien à faire dans le processus et les opérations électorales, les tâches de gestion des scrutins et opérations référendaires étant du domaine d’Elections Cameroon (Elecam).

Un autre acteur, inattendu en faveur du chef de l’État sortant et dont le rôle suscite la controverse, c’est l’ex-capitaine de la sélection de football, Samuel Eto’o Fils, que la même publication qualifie de «joker de Paul Biya» : il vient de réussir à ramener à de meilleurs sentiments le président de la Confédération africaine de football (CAF), Ahmad Ahmad, qui menaçait de retirer l’organisation de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) de 2019 au Cameroun.

«Comment Samuel Eto’o a sauvé la CAN 2019», titre Défis Actuels : mis en mission par la présidence de la République en vue de l’organisation d’un tête-à-tête entre Paul Biya et Ahmad mardi dernier, l’ex-buteur des «Lions indomptables» aura démontré une nouvelle fois son degré d’implication dans le dossier de cette compétition.

Pour Le Messager, le cas Samuel Eto’o, qui est à rapprocher de celui de son ex-coéquipier Rigobert Song Bahanag, les deux apportant publiquement leur soutien au chef de l’État sortant, relève d’une dérive dans la mesure où ils jouent non plus au ballon, mais carrément à influencer le jugement des électeurs en faveur de Paul Biya.

Sept morts dans une attaque terroriste au Cameroun

Sept personnes dont deux kamikazes ont été tuées à Kolofata (Extrême-nord du Cameroun) dans une attaque attribuée à la secte Boko Haram, a-t-on appris mercredi de sources sécuritaires.Selon les mêmes sources, les deux kamikazes, des jeunes filles, avaient réussi à s’introduire parmi la population de Kolofata avant d’actionner leurs charges, occasionnant la mort de cinq personnes et une dizaine de blessés.

D’après plusieurs témoignages, « les détonations étaient fortes, notamment pour la première kamikaze qui s’est fait exploser et dont des débris ont touché beaucoup de personnes». Le nombre de morts pourrait augmenter vu que « le pronostic vital de certains blessés est engagé », ajoutent les témoins.

Selon beaucoup d’observateurs, les pluies qui s’abattent actuellement dans l’extrême-nord du Cameroun favorisent les mouvements des terroristes.

Accès de fièvre sécessionniste et campagne présidentielle en couverture des journaux camerounais

La célébration symbolique, sur fond de violences la veille, de l’indépendance des régions anglophones, est en vedette des journaux camerounais parus mardi, ajoutant au malaise en pleine campagne pour l’élection présidentielle du 7 octobre prochain.Ainsi donc, s’exclame The Guardian Post, les sécessionnistes ont bravé la situation d’état d’urgence décrétée la veille par les autorités dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, en prévision d’un 1er octobre souvent objet de manifestations de défiance à l’endroit du pouvoir de Yaoundé.

Dans plusieurs localités, relate le quotidien de langue anglaise, les «Ambazoniens» ont hissé leur drapeau bleu et blanc devant des édifices publics, des résidences privées et autres lieux publics, question de bien montrer qu’ils n’entendent pas se plier aux injonctions ni restrictions d’un pouvoir qu’ils ne reconnaissent plus.

Cette journée fut mouvementée, particulièrement dans le Nord-Ouest, appuie Le Jour, même si les manifestations annoncées par les séparatistes n’ont pas connu l’ampleur que l’on pouvait craindre.

Ce fut quand même un 1er octobre moins heurté que les années antérieures, relativise également Mutations, cependant que Ouest-Littoral, qui n’en est toujours pas revenu sur ces nombreuses détonations entendues ça et là, évoque ces localités fantômes où les pauvres civils, pris entre deux feux, sont désormais assignés à résidence.

Et ils ne sont pas les seuls, renchérit Défis Actuels, car «le Sud-Ouest et le Nord-Ouest effraient les candidats» battant campagne pour l’élection présidentielle : même si certains candidats laissent croire qu’ils feront des escales dans cette partie du pays afin de porter leur message de soutien et de réconfort aux populations meurtries, dans leur agenda, jalousement gardé, des meetings ne sont guère prévus dans cette zone.

A des centaines de kilomètres de là, les régions septentrionales sont dans la tête de tous les prétendants au trône, relève Mutations, se demandant à quel candidat iront finalement les faveurs des électeurs de cette partie du pays, considérée comme le plus grand vivier électoral du Cameroun.

Pour La Météo, la question paraît déjà tranchée : le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, au pouvoir) est la formation la mieux implantée dans l’Adamaoua, le Nord et l’Extrême-Nord, et son candidat, Paul Biya, a encore eu la confirmation de la cote d’amour auprès des populations du septentrion à l’occasion de son meeting de samedi dernier à Maroua, le chef-lieu de la dernière région citée.

«Le Grand-Nord confirme son soutien à Paul Biya», titre Sans Détour qui voit le terrain de la victoire d’ores et déjà balisé.

M. Biya peut d’autant plus se sentir à l’aise, que ce soit dans le septentrion ou ailleurs, que, selon Ouest-Littoral, l’idée de candidature unique de l’opposition est désormais enterrée, un serpent de mer servi à la population à chaque rendez-vous présidentiel, et qui cette fois encore se heurte aux égoïsmes et aux petits calculs mesquins.

Le miracle est possible, ainsi que l’a annoncé la Conférence épiscopale nationale (CENC), tacle Ouest-Echos qui voit Maurice Kamto, le candidat du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), «aux portes d’Etoudi», du nom du palais présidentiel.

A 5 jours du scrutin, le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune s’intéresse, quant à lui, à cette dernière ligne droite au cours de laquelle chaque prétendant à la magistrature suprême corrige, revoit ou densifie sa stratégie pour la dernière ligne droite appelée à intervenir samedi soir.

Et, pendant ce sprint final, il va falloir, alerte Le Messager, garder un œil curieux sur les responsables de la préfectorale, souvent considérés comme les agents électoraux du régime sur le terrain, et qui viennent de recevoir d’importantes dotations financières du gouvernement pris «en flagrant délit de corruption» : «Terrorisé par la montée en puissance de certains partis politiques en course vers le scrutin du 7 octobre prochain, le gouvernement met des millions de CFA pour corrompre les gouverneurs et autorités administratives aux fions de truquer les élections.»

Le meeting de campagne de Biya diversement apprécié par les journaux camerounais

La première sortie publique du chef de l’État sortant, samedi dans le chef-lieu de l’Extrême-Nord à Maroua, pour le compte de la campagne présidentielle du 7 octobre prochain, cristallise les contenus des journaux camerounais parus lundi.Comme pour planter le décor, Mutations, sous le titre «Meeting au goût d’inachevé», ne cache pas son désappointement au lendemain d’un rassemblement annoncé à grand renfort de publicité, et qui n’a finalement accouché de rien de concret par rapport aux attentes, plus que nombreuses, de populations meurtries par les assauts terroristes, en proie à la pauvreté et régulièrement gavées de promesses sans lendemains.

 «Paul Biya ne promet rien à l’Extrême-Nord», se désole également L’œil du Sahel alors que, pour Le Messager, il s’est agi d’une «escroquerie présidentielle», d’un vrai exercice d’enfumage des populations de cette partie du pays confrontées aux affres de la secte islamiste Boko Haram.

 On l’attendait sur le terrain de la pacification durable et de la reconstruction, mais son opération de reconquête et de séduction est un flop mémorable, s’indigne la dernière publication citée qui, avec Le Jour, ne peut que constater à quel point le président sortant est complètement déconnecté des réalités du terrain.

 Pour ceux qui ne l’auraient pas bien comprise, le bihebdomadaire Repères se fait fort de résumer ainsi la pensée présidentielle : en clair, aujourd’hui que les forces de défense et de sécurité ont fortement affaibli l’ennemi jihadiste, il invite les populations de l’Extrême-Nord à livrer et gagner «ensemble la bataille du développement»

 Cet avis est également partagé par L’essentiel, pour qui Paul Biya a encore consolidé le pacte de confiance qui le lie à l’Extrême-Nord samedi dernier : à Maroua, dans la mare du roi, il a cassé la distance, lui, réputé souvent absent a choisi le point le plus éloigné de la capitale pour tordre la mauvaise bouche camerounaise.

 «Paul Biya est lancé», prolonge le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune : pour ce premier meeting, l’homme a fait courir les foules, occasion de se féliciter de la victoire collective contre Boko Haram et d’appeler les populations à travailler désormais pour gagner la bataille du développement.

 Le président-candidat, insiste Repères, pense qu’il est temps de reconstruire, de faciliter le retour des déplacés et de tout faire pour recréer les conditions d’une vie normale sous ses différents aspects, administratifs, scolaires, économiques et sociaux.

 Pour Le Soir, le chef de l’État sortant, qu’on croyait usé par 36 ans de pouvoir, affaibli par les critiques acerbes de ses adversaires, fait mieux que résister : son meeting de Maroua, qui a drainé 90.000 militants, était une démonstration de force en grandeur nature.

 Pour ce qu’il qualifie de «meeting mémorable», L’Anecdote y a aussi vu, à travers la chaleur de l’accueil, les discours et les petits gestes affectifs, une forme d’adoubement.

 Même s’il peut subsister ce que d’aucuns qualifient de malentendus, M. Biya, pour The Guardian Post, est d’ores et déjà assuré d’engranger au moins 96% des suffrages dans le septentrion, si l’on en juge par le nombre de soutiens dont il bénéficie de la part des dignitaires de son régime, mais aussi des partis alliés dont les bases sont majoritairement fixées dans la zone.

 «Le septentrion plébiscite Paul Biya», renchérit L’Indépendant qui pour sa part le crédite de 96% d’intentions de vote dans cette partie du pays, soit 42% d’avance au plan national sur les huit autres candidats.

 Il convient, tempère Intégration, de savoir raison garder surtout à la lecture des résultats du sondage, fort édifiant, réalisé par l’institut Nkafu Policy, un think tank local du 10 au 20 septembre 2018 dans 54 centres urbains et 25 localités rurales : à la question de savoir pour qui ils voteraient au cours de ce scrutin, le président sortant vient en tête, mais Paul Biya ne récolte que 29,82% des intentions de vote, c’est-à-dire beaucoup moins que les 35% officiellement obtenus en 1992.

 Cette performance parait logique, explique l’hebdomadaire, au regard du niveau d’insatisfaction de la politique actuelle mise en exergue par le sondage, 79,1% de Camerounais qualifiant de mauvaise ou très mauvaise la situation économique actuelle du pays, tandis que 16,82% seulement la considèrent comme bonne ou très bonne.

La campagne présidentielle s’affiche en clair-obscur dans les journaux camerounais

La campagne pour l’élection présidentielle du 7 octobre continue certes de fleurir les colonnes des journaux camerounais parus vendredi, mais elle est vite rattrapée par une actualité plus triste et ensanglantée par la guerre de sécession dans les zones anglophones du pays.La photo de l’immense foule, surmontée du titre «Mfoundi : 40.000 jeunes et femmes derrière Paul Biya», couvre pratiquement la moitié du quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune et est reprise presque à l’identique par The Guardian Post, Le Soir, InfoMatin et L’Indépendant.

Une grande marche de soutien et un méga-meeting, explique la première publication citée, a été organisée la veille dans la capitale, Yaoundé : regroupant les étudiants, les petits commerçants et autres conducteurs de motos-taxis, cette marée humaine ambitionnait d’afficher l’adhésion de la population à la candidature du chef de l’État sortant, Paul Biya.

Et on ne peut pas considérer ces défilants comme des figurants, renchérit Le Soir, puisque la plupart brandissaient leur carte d’électeur ainsi que leur carte nationale d’identité, preuve qu’ils poseront l’acte décisif le 7 octobre en faveur du président-candidat.

La marée humaine de Yaoundé, sans doute appelée à se répercuter dans plusieurs autres localités du pays n’est pas un fait spontané, révèle InfoMatin : c’est le président national du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) et candidat à sa propre succession, qui a pressé son état-major de mettre plus d’animation dans ces opérations de propagande.

C’est après avoir été blâmé par son patron, détaille la publication, que le secrétaire général du comité central du Rdpc, Jean Nkuété, s’est, dans la panique et la précipitation, résolu réorienter cette animation sur le terrain, lui qui avait préalablement opté pour la stratégie du porte-à-porte.

Il conviendrait tout de même de se dire que tout le monde n’est pas dans le mouvement moutonnier qu’on veut faire gober aux citoyens, rétorque Le Jour, qui consacre, preuves à l’appui, des portraits à ces artistes-musiciens qui ont osé défier le régime en composant des chansons caustiques destinées à dénoncer les tares des dirigeants du pays.

Toujours est-il que le moment de la campagne est également, constate L’essentiel, une bonne opportunité pour faire tourner l’économie : les promoteurs de services-traiteur, les loueurs de chaises, de tentes, de matériel de sonorisation réalisant de bonnes affaires sans oublier les moto-taximen, régulièrement réquisitionnés en grand nombre pour meubler les cortèges motorisés.

Il se pourrait bien, au vu du déferlement populaire autour des meetings des 9 candidats, que les Camerounais reprennent-ils goût à la politique, analyse Mutations, les méga-meetings n’étant plus l’apanage du parti au pouvoir.

Il convient néanmoins, note Le Messager, de signaler que ces grandes effusions n’ont lieu que dans la partie francophone du pays, des régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest étant en état de siège, avec du sang qui continue de couler.

Les combats entre l’armée et les sécessionnistes, insiste ce journal, ont gagné en intensité dans les régions en crise, particulièrement depuis l’assaut, dans la nuit de mardi à mercredi, des sécessionnistes contre la prison de Wum et libéré 87 détenus.

Et s’il y en a une qui ne plus rien comprendre de ce déferlement d’horreurs, c’est bien l’épouse du sous-préfet de Batibo, Marcel Namata Diteng, dont les larmes transpirent dans les colonnes de Mutations qui l’a retrouvée dans un hôpital psychiatrique de Yaoundé, la capitale, «suite à une crise mentale».

L’infortunée, qui est sans nouvelles de son époux depuis son enlèvement, le 11 février 2017 par des activistes sécessionnistes alors qu’il s’apprêtait à présider le défilé marquant la 52ème édition de la Fête nationale de la jeunesse, affirme avoir appris, fortuitement et au travers d’un document gouvernemental, que celui-ci avait été assassiné par ses ravisseurs.

Et de relater l’angoisse qui l’étouffe depuis lors, la douloureuse absence du mari, du père de ses enfants, de celui qui pourvoyait aux besoins de la famille ; sa galère, sa nouvelle vie qui n’a plus de sens, l’abandon de la part des autorités, l’oubli de la communauté.

Climat terne en couverture des journaux

La tonalité générale des journaux camerounais parus jeudi confine à la grisaille, aussi bien sur les sujets politiques, économiques que sociaux.Qu’on le veuille ou pas, la crise sécessionniste anglophone est en train d’impacter très négativement l’actuelle campagne pour l’élection présidentielle du 7 octobre : ce constat transpire en grande manchette du quotidien de langue anglaise The Guardian Post, qui se fait non seulement l’écho de la restriction de voyages vers le Cameroun imposée par le Canada à ses ressortissants, mais aussi des forts risques de suspension du pays par le Commonwealth.

Selon cette publication en effet, l’organisation des pays ayant l’anglais en partage ne cache plus son exaspération vis-à-vis du pouvoir de Yaoundé, accusé non seulement de n’avoir que la solution militaire contre les activistes séparatistes, mais aussi de rester sourd à toutes les propositions de médiation émanant des bonnes volontés.

Et la preuve du délitement continu de la situation est apportée par Mutations, qui sous le titre «Nord-Ouest : les sécessionnistes libèrent 117 prisonniers», rapporte l’assaut donné la veille par les forces de la république autoproclamée d’Ambazonie sur la prison de la localité de Wum où, profitant d’une panne d’électricité, des hommes en cagoule, lourdement armés, ont fondu sur le pénitencier pour en libérer une centaine de détenus dont une bonne partie, à en croire The Guardian Post, se recrute justement parmi les activistes de la cause anglophone.

Force est pourtant de constater, si on en juge par le grand titre du quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune, que la bataille du positionnement bat son plein dans le reste du pays, parmi les 9 candidats en course pour la magistrature suprême.

À travers les affiches, les banderoles, les réseaux sociaux et même les autobus en effet, c’est chacun qui, à travers sa campagne de communication, entend s’installer durablement dans l’esprit des électeurs.

Curieusement, s’exclame InfoMatin, c’est le chef de l’État sortant, Paul Biya, qui ne semble pas satisfait de ce qu’il considère comme «la tiédeur» de sa campagne de propagande sur le terrain.

Ainsi, rapporte la publication, le président-candidat a, la veille «tiré les oreilles» du secrétaire général du comité central du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, au pouvoir), Jean Nkuété, à qui il est reproché la mollesse des opérations menées jusqu’ici, par rapport aux gros moyens engagés pour la propagande à travers le Cameroun.

Et le fait, justement, que les photos de Paul Biya aient envahi l’espace public, pour un mièvre résultat, a produit une réaction plutôt courroucée du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), qui vient, selon Le Jour, de déposer plainte contre le RDPC pour dénoncer l’illégalité de la campagne d’affichage de son champion, exigeant par ailleurs d’Elections Cameroon (ELECAM), l’organe en charge des scrutins et opérations référendaires, le retrait, ou tout au moins la diminution, des panneaux controversés pour laisser un peu de place dans l’espace public aux autres postulants.

Le même ELECAM est en couverture de Mutations, cette fois pour une polémique interne ayant fini par déborder au dehors : une note, de son antenne de la région du Centre, interdisant l’usage des téléphones portables dans les bureaux de vote.

Cette histoire a mis les politiques et les électeurs sur le pied de guerre, rappelle Le Messager : heureusement, redoutant la levée de boucliers, le directeur général de cette instance, Éric Essoussé, a prestement remis les pendules à l’heure à recadrant son service déconcentré.

Pour Le Jour et The Guardian Post, il s’agit effectivement d’un dérapage qui commençait à empoisonner le climat de la campagne présidentielle, installant du même coup la suspicion sur d’éventuelles fraudes à venir orchestrées par le RDPC.

Afin de mettre tout le monde au même niveau d’information, Émergence a, pour sa part, choisi de publier, région par région, le nombre d’électeurs appelés aux urnes le 7 octobre, soit 6.985.000 au total avec, en tête des viviers de suffrages, l’Extrême-Nord et le Centre qui à elles seules comptent près de 2,4 millions d’inscrits.

Le social tente de survivre à la fièvre présidentielle dans les journaux camerounais

Les faits sociaux font un retour remarqué dans les journaux camerounais parus mercredi, au milieu d’un flot continu de l’actualité de la campagne pour l’élection présidentielle du 7 octobre prochain.C’est un visage meurtri qui s’affiche dans la principale manchette de l’Essentiel, celui d’une jeune femme, l’œil gauche boursouflé et le droit au beurre noir, couvrant sa bouche de la main gauche pour étouffer un cri de détresse.

Sous le titre «Libération : Paul Biya rapatrie les Camerounaises esclaves au Koweït», le tri-hebdomadaire précise que le chef de l’État a décidé, la veille, du retour au pays de ces femmes, généralement jeunes, parties du Cameroun en espérant faire fortune dans les pays du Golfe et de plus en plus victimes de maltraitances de la part de leurs employeurs.

C’est le ministre des Relations extérieures, renchérit Le Jour, qui a annoncé la nouvelle du rapatriement de ces «esclaves des temps modernes» après qu’une vidéo, postée sur les réseaux sociaux, a alerté l’opinion publique sur cette triste réalité.

Une autre alerte, cette fois à l’intérieur du pays, est donnée par l’hebdomadaire La Météo en rapport avec l’épidémie du choléra qui va grandissant, soit 367 cas notifiés au 24 septembre, dont 291 dans le Nord pour 31 décès.

Ce n’est malheureusement pas la seule préoccupation actuelle dans le domaine de la santé, prolonge Repères : le Cameroun connaît une augmentation exponentielle de la fréquence des maladies rénales, que les spécialistes situent entre 10 et 13% au sein de la population, soit 2 millions de personnes touchées.

Il s’agit, dans la majorité des cas, de malades en sursis si l’on tient compte du coût annuel des séances d’hémodialyse dans le pays : entre 33.480.000 et 44.640.000 FCFA et, pour une transplantation rénale, entre 5.580.000 et 6.696.000 FCFA) par an après la première année, largement au-dessus des petites bourses qui constituent le plus grand contingent des insuffisants rénaux.

Mais, comme il faut bien que la politique reprenne ses droits, contexte présidentiel oblige, c’est Mutations qui ouvre le feu sur Elections Cameroon (Elecam), l’organe en charge des scrutins et opérations référendaires, accusé d’«acte d’antijeu».

Le quotidien à capitaux privés, réagissant à un communiqué, publié la veille par cette instance et interdisant les téléphones portables dans les bureaux de vote le 7 octobre prochain, dénonce le mépris du Code électoral et du droit à l’information.

Aucune disposition légale en vigueur en République du Cameroun n’interdisant l’utilisation d’un téléphone portable dans un bureau de vote, le but visé, constate Mutations, est manifestement d’empêcher que les procès-verbaux ne soient filmés par les scrutateurs de l’opposition, incapables de signaler des cas de fraude en temps réel, ou de signaler la victoire de leurs candidats dans leurs bureaux d’astreinte.

Un autre caillou est jeté dans le jardin du pouvoir par The Guardian Post, qui commentant la déclaration des biens par le candidat Akere Muna, évoque une «leçon de transparence» donnée au président sortant.

C’est pourtant ce même Paul Biya, s’insurge le quotidien de langue anglaise, qui a fait introduire dans la Constitution la clause de déclaration de patrimoine pour tout candidat ou gestionnaire de la fortune publique, au début et à la fin de son mandat, et qui ne s’est jamais plié lui-même à cette obligation.

Le pouvoir de Yaoundé, annonce la même publication, va se retrouver avec une autre tuile, tout aussi inattendu : l’Union européenne, qui snobe l’élection présidentielle du Cameroun, affirmant n’avoir pas reçu d’invitation formelle des autorités.

C’est la première fois, depuis le retour au multipartisme en 1990, fait observer The Guardian Post, que ce précieux partenaire au développement du Cameroun ne fera pas le monitoring d’un scrutin de premier ordre.

Mais ceci, réplique le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune, n’empêche en rien le déploiement des équipes de propagande sur le terrain, la plupart des postulants à la magistrature suprême ayant choisi le porte-à-porte, une méthode de proximité visant à mieux convaincre les électeurs.

On est bien d’accord sur le grand déploiement, note sèchement l’hebdomadaire Diapason, sauf qu’il y en a un qui reste désespérément invisible sur le terrain : Paul Biya, qui préfère y envoyer ses lieutenants au moment où ses 8 challengers soulèvent les foules.

On ne perd rien à patienter, soufflent en chœur L’œil du Sahel et Le quotidien de l’Économie qui l’annoncent à Maroua (Extrême-Nord) le 29 septembre, pour le premier, et le lendemain à Kribi (Sud), pour son confrère.

Les journaux camerounais à fond dans la campagne électorale

Sons, couleurs et saveurs de la campagne pour l’élection présidentielle du 7 octobre sont au menu des journaux camerounais parus mardi.A peine démarrée, la campagne pour la course à la magistrature suprême bat déjà tous les records d’audience et de mobilisation, constate The Guardian Post, voyant dans les premiers rôles les candidats Akere, Libii, Osih et Kamto qui s’activent à faire vaciller le mammouth Biya.

Mais le soutien populaire dont ils bénéficient aura du mal, doute le quotidien de langue anglaise, à se traduire en une victoire en l’absence d’une coalition de l’opposition.

Dans cette compétition pour le trône du pays, ironise l’hebdomadaire Ouest-Littoral qui dresse par ailleurs les «forces» et les «faiblesses» des uns et des autres, il y a un «favori» (Paul Biya), trois «dauphins» (Joshua Osih, Maurice Kamto et Cabral Libii), deux «surprises» (Serge Espoir Matomba et Franklin Afanwi) et trois «tocards» (Adamou Ndam Njoya, Akere Muna et Garga Haman Adji), le reste n’étant que théâtre de mauvais goût.

Et dans cette liste figure ce que le quotidien Émergence considère comme un «phénomène» : Cabral Libii, le plus jeune (49 ans) des prétendants au titre et qui soulève les foules à chacune de ses sorties.

Depuis 1992, argumente la publication, jamais candidat de l’opposition, un freluquet sur qui personne ne misait au départ et qui est en train de déjouer les pronostics, n’avait réussi à drainer autant de monde dans ses meetings.

Sans doute conscient d’un bilan difficile à défendre sur le front social, répond en écho Mutations sous le titre «Emplois publics contre vote le 7 octobre ?» le candidat Biya, à travers son gouvernement, semble avoir beaucoup manœuvré depuis quelques semaines en lançant une vingtaine de tests depuis début août, une «avalanche de concours administratifs à l’approche de la présidentielle qui ne semble pas innocente».

Le régime de Yaoundé, renchérit Le Quotidien de l’Économie, va devoir gérer une autre impasse avec la suspension, décidée par le ministre des Finances, Louis Paul Motaze, des avances de solde et de pension aux agents publics et aux retraités, une mesure qui met des centaines de personnes dans le désarroi en modifiant la planification des salariés et pensionnés de la fonction, et donc susceptible d’engendrer un front de défiance contre un système déterminé à faire reconduire son champion.

Faudrait-il pour autant désespérer de l’après-7 octobre ?, semble demander le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune qui, sous le titre «Profession de foi : comment Paul Biya voit l’avenir», a fait le choix de résumer ainsi les propositions du président-candidat, qui sollicite de ses concitoyens un nouveau septennat : poursuivre l’amélioration de vie de ses compatriotes, continuer à œuvrer à la consolidation de la paix, sauvegarder l’unité nationale et l’intégrité territoriale du Cameroun, accélérer la marche vers l’émergence.

Dans la région de l’Ouest, vivier électoral par excellence, il manque jusqu’à présent, constate Le Messager, deux voix qui font généralement autorité en matière de consignes de vote : le roi des Bamoun, Ibrahim Mbombo Njoya et le président du Sénat, Marcel Niat Njifenji, qui jusqu’à présent font défaut sur le terrain au candidat du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, au pouvoir) dont ils sont des dignitaires incontestés.

Les journaux camerounais au rythme de la campagne présidentielle

Le début, samedi dernier de la campagne pour l’élection présidentielle du 7 octobre, est en vedette dans les journaux camerounais parus lundi.«Ça a commencé», «La course est lancée», «Le marché des projets de société est ouvert», «Nous y sommes», «Le week-end de campagne» et «8 candidats face à Biya», titrent respectivement Le Jour, L’Essentiel, Le Quotidien de l’Économie, Cameroon Tribune, Mutations et The Star.

Dans ces différents titres, l’approche aura consisté à planter le décor, à se faire les premiers échos du terrain, à rendre compte des petits détails insolites.

Les affiches et vidéos se découvrent, les candidats se déploient sur le terrain, les promesses se multiplient, le match annoncé est effectif, aussi bien sur le terrain que sur les réseaux sociaux, se félicite L’essentiel avec force détails, déplorant néanmoins que certains prétendants à la magistrature suprême restent à la fois muets et invisibles.

L’heure des promesses et des slogans a sonné, renchérit La Voix du Centre, ironisant sur le fait que les Camerounais n’ont pas perdu les bonnes habitudes des meetings électoraux : des rendez-vous du manger, boire, savoir parler

Après 2011, le samedi 22 septembre 2018 est le jour où la politique s’est officiellement réveillée au Cameroun, constate Intégration, mettant en garde contre les dérives : il faudra chaque jour conjurer les éléments de déloyauté publique, l’information à sens unique et inique, les injures, les fake news, les chasses à l’homme, les citations truquées et les amalgames biaisés

«On l’a vu sous d’autres cieux. On a vu les mille feux qui ont fâcheusement encadré la suite. On en voit l’application dans l’actualité. Cette actualité parle. Elle dit qu’il ne faut pas, en cette période, forcer les trous de serrure pour que le désordre entre dans la maison.»

Il faut quand même le dire, se rengorge The Sun, que le coup d’envoi de cette campagne a quelque chose d’inhabituel : elle a lieu dans un contexte d’interdictions, de restrictions, de couvre-feu en zones anglophones sous les balles et les effusions de sang.

Même la partie francophone du pays n’est plus à l’abri des violences, renchérit Essigan qui affirme que Yaoundé, la capitale, est «sous la menace terroriste» avec des forces de défense et de sécurité, mais aussi le renseignement, sur les dents.

Des attentats terroristes sont programmés dans la métropole politique, confirme L’Indépendant avec, en fac-similé, l’alerte du ministre en charge de la Défense au chef d’état-major de l’armée détaillant le «plan meurtrier d’extension des activités terroristes dans les régions francophones, entre le 1er et le 7 octobre 2018».

Dans le Nord-Ouest, rapporte Mutations, les séparatistes, qui avaient déjà défrayé la chronique voici deux semaines en creusant un cratère à l’entrée du chef-lieu de la région, Bamenda et en assassinant un conducteur d’autobus, ont encore frappé pendant le week-end en détruisant deux ponts stratégiques, isolant davantage des zones déjà enclavées et où ils comptent manifestement établir leur quartier général.

Et c’est justement dans ce Bamenda, souligne Intégration, que les plénipotentiaires du président-candidat sont allés organiser, samedi, un grand meeting du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, au pouvoir) non seulement pour convaincre les indécis sur la pertinence du choix à porter à leur champion, Paul Biya le 7 octobre prochain, mais aussi pour défier les sécessionnistes à qui ils ont tendu la perche en les invitant à déposer leurs armes, à revenir à de meilleurs sentiments, à venir exprimer leurs doléances à travers les urnes, voie royale d’une transition démocratique dans tous les pays civilisés.

Les autres candidats auront-ils le même courage pour venir braver les menaces des milices sécessionnistes ? s’interroge l’hebdomadaire, constatant que Bamenda est resté un terrain en friche samedi dernier, premier jour de la campagne pour la présidentielle : nulle part on n’a vu les lieutenants des huit challengeurs de Paul Biya.

Si aucun incident n’a été déploré dans le Nord-Ouest, dans l’autre région anglophone du Sud-Ouest, The Guardian Post semble par contre avoir perçu comme un grand malaise entre les élites du parti au pouvoir originaires d’ici, elles qui exhortent leur candidat, Paul Biya à lancer sa campagne dans la ville de Limbe et non dans le chef-lieu Buea.

Le problème, explique le quotidien de langue anglaise, est que si jamais le président-candidat, par ailleurs commandant en chef des forces armées, évitait la dernière ville citée, aujourd’hui plongée dans les violences, cela reviendrait à admettre que Buea est désormais sous le contrôle des combattants séparatistes. Impensable, pour le régime de Yaoundé.

Pour le moment, rapporte The Star, le RDPC, plutôt que de se jeter dans la gueule du loup, a opté pour une opération baptisée «rencontre ton voisin» permettant à la fois de mobiliser tout en préservant les futurs électeurs d’éventuels raids punitifs des activistes ambazoniens.

Même si à des centaines de kilomètres d’ici ne plane aucune menace sécessionniste, l’ambiance de campagne semble tout aussi morne dans les trois régions septentrionales, à en croire L’œil du Sahel dont les reporters, postés dans l’Adamaoua, le Nord et l’Extrême-Nord, décrivent tous un climat politique timide avec, dans la dernière région citée, un phénomène qu’on croyait à jamais banni : l’usage, par les dignitaires du pouvoir, des moyens de l’État en faveur du candidat Biya.

Sortant délibérément des effusions des meetings, Défis Actuels s’est penché sur un aspect des programmes des candidats à la présidentielle 2018, pour constater que le sport les préoccupe très: Akere Muna, Garga Haman, Ndam Njoya, Frankline Ndifor n’ont pas de projets sportifs pour le Cameroun contrairement à Paul Biya, qui a toujours accordé une place de choix aux athlètes et qui entend continuer sur la même lancée.

Quant à Cabral Libii et Maurice Kamto, ajoute l’hebdomadaire, ils rêvent de doter le Cameroun d’infrastructures ultramodernes pouvant permettre l’organisation d’une compétition internationale, une co-organisation de la Coupe du monde de football 2030 étant même évoquée par Joshua Osih.

La campagne pour la présidentielle bat déjà son plein dans les journaux camerounais

Les journaux camerounais parus vendredi commentent, avec emphase, l’élection présidentielle du 7 octobre dont la campagne débute samedi.C’est donc «le kick-off» demain, annonce en grande manchette le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune, affichant les photos des 9 candidats avec une préférence prononcée pour le chef de l’État sortant, Paul Biya, dont le portrait tout sourire occupe le 1/5ème de l’espace.

Pendant deux semaines, précise la publication, les prétendants vont pouvoir dérouler leur projet de société, et celui du président-candidat, dont des soutiens sont également annoncés dès la couverture, reçoit une fois de plus les faveurs du journal bilingue.

Le même traitement de faveur est réservé à M. Biya dans InfoMatin, avec le ralliement la veille à sa candidature d’un ancien baron du régime, Jean Jacques Ekindi, ex-président démissionnaire de la puissante sous section du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, au pouvoir) pour le très influent département du Wouri.

Après avoir fait défection, rappelle le journal, l’insoumis avait créé le Mouvement progressiste (MP), était devenu le «chasseur de lion» en référence au pseudonyme («L’homme-lion») que s’était attribué Paul Biya, est devenu député à l’Assemblée nationale avant d’entamer une longue traversée du désert.

Selon cet autre quotidien, l’homme à la barbiche, après avoir constaté la vacuité de l’offre politique des prétendants de l’opposition, est revenu à de meilleurs sentiments envers celui qu’il vouait aux gémonies voilà quelques années encore.

Ce qu’il faut bien constater, répondent en écho Le Jour, Le Messager, Émergence et Le Quotidien de l’Économie, c’est que Paul Biya n’a pas le monopole des ralliements, en témoigne la grosse prise du candidat du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), Maurice Kamto qui, la veille, a reçu le soutien du conseiller aux affaires économiques du président sortant, Christian Penda Ekoka.

Après avoir annoncé, voici deux semaines, la création d’un mouvement dénommé «Agir», le concerné, constate la deuxième publication citée, a longuement entretenu le mystère autour de son point de chute idéologique.

«Un conseiller de Biya fait défection pour rejoindre Kamto !» s’exclame le quotidien de langue anglaise The Guardian Post, qui affiche une photo tout sourire des deux nouveaux alliés.

Il n’en demeure pas moins, relativise Le Jour, que M. Penda Ekoka, tout en roulant désormais officiellement pour le camp adverse, n’a toujours pas démissionné de ses fonctions auprès de Paul Biya, un patron dont il n’a cessé de brocarder la gouvernance depuis des mois.

Pendant ce temps, et sans flonflons, le candidat du parti Univers, Cabral Libii, creuse son sillon dans les régions septentrionales en recrutant, selon L’œil du Sahel, majoritairement dans les rangs d’une jeunesse désorientée, marginalisée, stigmatisée par un pouvoir qui n’a cessé de l’abreuver de promesses et de discours soporifiques.

Plusieurs candidats ont déjà dévoilé leur programme de société annonçant des changements qui font rêver le citoyen-électeur, coupe tout net L’Essentiel, «mais nombreux sont les Camerounais qui ont des préoccupations qui ne ressortent pas toujours dans les grandes théories politiques et macroéconomiques» par eux développées.

Le trihebdomadaire, dans une démarche d’éclairage, est descendu sur le terrain et présente, dans un dossier, les attentes «au ras du sol» de l’élève, de l’étudiant, du retraité, du travailleur du secteur public ou privé, du handicapé et de biens d’autres personnes souvent traitées comme du bétail électoral.

La grogne autour du financement de la campagne présidentielle mobilise les journaux camerounais

Le coup de sang des partis de l’opposition, dont les candidats sont engagés pour l’élection présidentielle du 7 octobre prochain et qui refusent de percevoir une avance du financement public de leur campagne, trône en bonne place dans les journaux camerounais parus jeudi.Comme s’ils s’étaient donné le mot, Le Quotidien de l’Économie (LQE) et Mutations affichent, en couverture, une photo de cadres courroucés du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) devant l’immeuble abritant les services du ministère de l’Administration territoriale (MINAT) à Yaoundé, la capitale du pays.

 «Présidentielle 2018 : premiers couacs de la campagne électorale» ; «Présidentielle 2018 : les premiers sujets de contentieux électoral», titrent-ils respectivement. En effet, relatent en chœur ces publications, convoqués au MINAT aux fins de décharger la première tranche de la dotation du financement public de la campagne électorale, les candidats ou leurs mandataires se sont vus remettre une dotation de 15 millions FCFA, une somme jugée dérisoire par les protestataires.

 «Des candidats refusent l’argent de la campagne», résume Le Jour : Maurice Kamto (MRC), Serge Espoir Matomba (Peuple uni pour la rénovation sociale, PURS) et Ndifor Afanwi Franklin (Mouvement citoyen national du Cameroun, MCNC), les premiers à s’être présentés pour percevoir les fonds pour leur propagande, ont tous rejeté cette proposition indécente.

 Et la grogne risque bien de s’enflammer, renchérit l’hebdomadaire Diapason, précisant que le montant total de 30 millions FCFA, à attribuer à chaque candidat en course pour une enveloppe totale de 270 millions FCFA, ne fait pas l’unanimité.

 Sauf que, relativise LQE, si le Code électoral a prévu les conditions de financement de la campagne électorale, il n’a cependant pas précisé le montant à verser à chaque postulant à la magistrature suprême.

 Le climat pourrait d’ailleurs s’alourdir davantage lors de la campagne proprement dite, qui s’ouvre samedi prochain, prévient Mutations, expliquant qu’en dehors de la modicité de la somme allouée aux compétiteurs, alors même que le président-candidat Paul Biya, qui dispose en sus des moyens de l’État, une autre pomme de discorde est apparue quant à la part belle faite au président de la République dans les médias à capitaux publics.

 Ainsi, peut-on lire dans cette publication, les huit concurrents à M. Biya dénoncent le manque criard d’équité de l’audiovisuel public (CRTV) qui vient d’annoncer l’affectation d’une équipe de couverture à chaque candidat, contre pas moins de cinq équipes dédiées au président sortant et à ses lieutenants.

 Un autre sujet qui fâche, et qui pourrait surgir pendant la campagne présidentielle, c’est la situation critique dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest et pour laquelle The Guardian pose cette question : où est passé l’argent collecté pour l’aide humanitaire en faveur des populations impactées par la crise sécessionniste ?

 

Et le quotidien de langue anglaise de faire état de forts soupçons de détournement, ou de réorientation vers un usage inavoué, des milliards de FCFA collectés au profit des milliers de victimes des violences séparatistes, eux dont les conditions de vie s’aggravent chaque jour, qu’elles soient recluses dans leur terroir, déplacées internes ou réfugiées au Nigeria voisin.

Un vent de malaise s’affiche en couverture des journaux camerounais

Un vent de malaise s’affiche en couverture des journaux parus mercredi, qu’il s’agisse de l’interminable et violente crise sécessionniste anglophone ou de l’élection présidentielle.C’est une «alerte rouge» qui s’affiche en grande manchette du quotidien à capitaux privés L’Épervier, qui fait état d’un «plan secret» dressé par les sécessionnistes qui ensanglantent les régions anglophones depuis bientôt 2 ans, et qui comptent, en dehors de la capitale, Yaoundé, semer la terreur dans les 9 autres chefs-lieux de région.

Ces actions violentes et simultanées, insiste le journal, sont imminentes et visent, en premier lieu, à perturber les opérations de vote sur toute l’étendue du territoire.

Et c’est sans doute pour bien montrer qu’ils n’ont peur de rien, ni de personne, que les activistes séparatistes ont, selon Mutations, semé la panique, la veille, autour de la résidence du gouverneur du Nord-Ouest à Bamenda, Adolphe Lele Lafrique à travers plusieurs coups de feu tirés en l’air.

Il n’est pas impossible que ce soit une espèce d’entrée en matière, suppute la publication, rappelant que cette autorité fait actuellement l’objet de menaces de mort de la part des combattants «Ambazoniens», depuis qu’il a réinstauré le couvre-feu dans son unité de commandement.

L’heure est grave, renchérit Le Jour qui se penche pour sa part sur le quotidien miséreux des déplacés de cette crise anglophone qui a déjà coûté la vie à 400 civils en un an : généralement à l’étroit dans leurs familles d’accueil en zone francophone, souvent sans moyens de subsistance, ils ont tout le mal du monde à s’intégrer dans leur nouvel univers et ne sont pas certains de retrouver leur patrimoine abandonné dans la panique.

Dans la capitale régionale du Sud-Ouest aussi, le phénomène des «villes mortes» se ressent avec de plus en plus de dureté, constate le bihebdomadaire Ouest-Littoral, relatant la vie de plus en plus dure des résidents qui ne songent plus qu’à partir.

Partir, mais pour où ? se demande The Guardian Post, révélant que les gouverneurs des régions anglophones, à l’instar d’Adolphe Lele Lafrique, viennent d’instituer formellement des laissez-passer, une forme de restriction de mouvements pour de paisibles citoyens pris entre les assauts sécessionnistes et les manœuvres répressives des forces de défense et de sécurité.

Pendant ce temps, où est passé le fameux Plan d’urgence humanitaire annoncé à grand renfort de publicité par le gouvernement ? s’interroge pour sa part Ouest-Échos : alors que la région voisine de l’Ouest fait face à un afflux sans cesse grandissant de réfugiés, que la Croix-Rouge internationale se déploie sur le théâtre des opérations, on ne voit nulle part trace de l’argent collecté dans le cadre dudit plan d’assistance humanitaire.

Des fonds, par contre, sont désormais disponibles pour les 9 candidats engagés dans la course à la magistrature suprême, tout au moins la première tranche du financement public, pour la campagne électorale qui débute samedi prochain, répond en écho le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune.

Relativement à ce début de propagande, The Guardian Post se dit curieux, par avance, de savoir si le Premier ministre, Philemon Yang et l’un de ses prédécesseurs, Peter Mafany Musongue, tous deux fils du Nord-Ouest et dignitaires du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, au pouvoir), cèderont aux menaces des sécessionnistes en s’abstenant de battre campagne dans ces zones où les forces ambazoniennes dictent leur loi.

Le temps est venu, lance le quotidien de langue anglaise en guise de défi, pour les barons du régime et leurs courtisans, de prouver au président-candidat, Paul Biya, qu’ils contrôlent toujours leurs régions respectives, même si cela revient à se jeter dans la gueule du loup sécessionniste.

Paul Biya n’a pas seulement à s’inquiéter du déroulement effectif de ses opérations de propagande chez les Anglophones, prolonge L’Épervier : un autre péril est annoncé du côté de la police dont plusieurs éléments, à travers des tracts, menacent de voter pour des candidats de l’opposition pour dénoncer la «gestion chaotique» de leur patron, Martin Mbarga Nguelé, également accusé de tripatouillages de résultats aux différents concours d’entrée dans les écoles de formation, ainsi que d’abus divers dans les décisions punitives des éléments pris en faute.

Le départ massif des populations des régions anglophones préoccupe les journaux camerounais

Le départ massif des populations des régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, plus que jamais otages ou victimes collatérales des combats entre les séparatistes et forces de défense et de sécurité, fait les choux gras des journaux camerounais parus lundi.Sous le titre : «Bamenda, les sécessionnistes et la présidentielle», l’hebdomadaire Intégration décrit des tranches de vie dans le chef-lieu du Nord-Ouest, une ville fantôme et sous couvre-feu, envahie par la psychose des assauts sécessionnistes et qui se vide au fil des jours.

Depuis deux semaines, résume Mutations, on assiste à un exode massif des populations du Nord-Ouest et du Sud-Ouest vers d’autres régions du Cameroun : la peur des assauts terroristes semble plus forte que les appels au calme des autorités.

Le durcissement de la restriction des mouvements des biens et des personnes, désormais autorisés seulement entre 6 et 18 heures, crée un mouvement de la population vers des localités plus paisibles, un mouvement qui, à en croire le reportage d’Intégration, a caracolé avec la sortie des leaders séparatistes sur les réseaux sociaux, enjoignant à population du Nord-Ouest, et singulièrement celle de Bamenda de se terrer à domicile du 16 septembre au 10 octobre.

Lesdits activistes, selon ce journal, affirment que leurs éléments vont désormais empêcher toute entrée de véhicule dans la région du Nord-Ouest pendant la période indiquée, afin de bloquer les charters de votants et, partant, empêcher le déroulement de la présidentielle dans la région.

Sans doute pris de court par l’ampleur du phénomène, le gouvernement, relate The Guardian Post, multiplie les mesures pour tenter d’endiguer les départs massifs des résidents, leur demandant de ne pas partir et les assurant de mesures drastiques prises pour leur sécurité.

Il en faudrait sans doute plus, note le quotidien de langue anglaise, pour faire retomber une psychose qui ne se dément pas au fil des jours avec son lot de morts et autres drames humains.

«Le Nord-Ouest et le Sud-Ouest se vident», prolonge Le Messager : la tranchée creusée le 8 septembre dernier par les sécessionnistes à l’entrée de la ville de Bamenda, couplée à l’interdiction formelle de circulation sur cet axe routier sur injonction desdits activistes, ne peut que pousser les derniers courageux à déguerpir.

Il y aura une élection sans électeurs dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, prévient The Sun, avec des villes et villages qui se vident de leurs populations fuyant une confrontation militaro-séparatiste qu’on dit imminente.

C’est que, explique le bihebdomadaire Repères, au-delà des régions anglophones, les «Ambazoniens» ont, depuis la capitale américaine, Washington, planifié une stratégie pour paralyser le Cameroun avec à la clé une insurrection qui devrait être lancée le 30 septembre prochain.

Au-delà de l’élection présidentielle du 7 octobre, détaille la publication, il est prévu un blocus massif des routes, un boycott général de l’année scolaire 2018/2019, des actions répressives contre les entreprises internationales qui signeraient des accords avec le pouvoir de Yaoundé en vue d’exploiter les ressources se trouvant en territoire anglophone.

Sur l’organisation de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) de football 2019, les séparatistes préviennent également sur les dangers qui guettent les délégations, fans et équipes appelées à se rendre à Limbe (Sud-Ouest), où une des poules de la compétition est logée.

Pour L’Anecdote, les menaces des Ambazoniens peut être assimilées à des effets de manches, aux derniers soubresauts d’un mouvement désormais dans l’étau des forces de défense et de sécurité.

Pendant ce temps, constate L’Indépendant, c’est le tissu économique de la partie anglophone du Cameroun qui se meurt, avec, selon les estimations du Groupement interpatronal du pays (GICAM), déjà 6434 emplois supprimés et 269 milliards FCFA perdus par les entreprises de cette partie du pays en moins de deux ans.

La facture de la crise est lourde, conviennent Mutations, The Guardian Post, Le Financier d’Afrique et Le Quotidien de l’Économie, se demandant, quasiment en chœur, par quel miracle le pouvoir va pouvoir relever les sociétés si durement affectées, soulager la misère des nouveaux chômeurs et ramener la sérénité.

La presse camerounaise à fond dans la politique

Les journaux camerounais parus vendredi s’intéressent particulièrement aux faits à caractère politique, et l’imminence de l’élection présidentielle n’y est certainement pas pour rien.Bien que dans la mouvance de cette actualité, Mutations et L’essentiel commencent par rendre un hommage à un héros national qui, en chœur, rappellent qu’il y a 60 ans, jour pour jour que Ruben Um Nyobè, le secrétaire général de l’Union des populations du Cameroun (UPC), une formation qui exigeait du colonisateur une «vraie libération» du pays, alors âgé de 45 ans, était abattu par des soldats français dans son maquis dans le département de la Sanaga-Maritime.

Dans la première publication citée l’historien et chercheur Achille Mbembe lui consacre toute une tribune, qualifiant le regretté instituteur de métier de «martyr de l’indépendance» du Cameroun.

Mais L’essentiel a tôt fait de revenir aux questions d’une actualité marquée par la guerre féroce des sécessionnistes dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest : à travers des tracts et les réseaux sociaux, ces miliciens menacent de multiplier les attaques pour empêcher toute manifestation publique dans cette partie du pays, avec pour objectif clair de perturber l’élection présidentielle du 7 octobre.

Et il ne fait aucun doute qu’ils trouveront à qui parler sur leur chemin, le gouvernement ayant affirmé qu’aucun désordre ne sera toléré, et annonçant une vaste opération de ratissage des forces de défense et de sécurité.

La preuve que la sécurité n’est pas un vain mot est ici apportée par Le Jour, évoquant le séjour annoncé, pour le lancement de sa campagne, du candidat à sa propre succession Paul Biya à Maroua, chef-lieu d’une région de l’Extrême-Nord devenue, depuis bientôt 4 ans, le terrain de chasse de la secte islamiste Boko Haram.

La localité, malgré la saison de pluies, se pare de ses plus beaux atours à travers des travaux de réhabilitation d’infrastructures qui, regrette toutefois le quotidien à capitaux privés, contraignent les populations à des restrictions dans leurs déplacements.

Serein, mais toujours silencieux, Paul Biya réussit tout de même, note L’Épervier, à semer la zizanie dans les rangs de ses adversaires : si sa victoire ne fait l’ombre d’aucun doute, ceux d’en face, incapables de se donner un candidat unique, se déchirent déjà autour de programmes tirés par les cheveux, attendant la proclamation des résultats finaux pour crier à la «victoire volée», ainsi qu’ils le firent en 1992.

L’opposition est effectivement «en désordre de bataille», convient La Nouvelle Vision : «Incapables de s’entendre sur une candidature unique pour l’élection présidentielle, les adversaires de Paul Biya font le jeu du pouvoir.»

Et pendant leur guerre d’ego, le président-candidat engrange des soutiens, constate le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune, qui applaudit des deux mains le soutien franc et massif apporté à sa politique, la veille lors d’une manifestation à Yaoundé, la capitale du pays, du Mouvement des jeunes patriotes républicains qui s’est engagé à être le porte-parole de Paul Biya aux quatre coins du pays pendant la campagne de propagande.

Il convient toutefois de relativiser cet enthousiasme, tempère Le Messager, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, au pouvoir), «en quête de sérénité», montrant quelques signes de fébrilité dans ses propres rangs s’agissant de sa stratégie de campagne.

Serein, vraiment serein et sûr de lui, Paul Biya ? s’interroge The Guardian Post, qui fait dire à l’ancien secrétaire général de la présidence de la République, Titus Edzoa, par ailleurs auteur d’un récent livre-réquisitoire contre le système intitulé «Cameroun, combat pour mon pays», que Paul Biya perdrait une élection présidentielle libre et transparente.

Crise anglophone et présidentielle font de la résistance en couverture des journaux camerounais

L’escalade de la crise sécessionniste dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, suivie d’une tentative de reprise en main par le pouvoir de Yaoundé, font les choux gras des journaux camerounais parus jeudi à côté de l’actualité liée à l’élection à la magistrature suprême du 7 octobre prochain.Le titre en pied de une du quotidien à capitaux privés Le Messager se veut sans équivoque : «Crise anglophone : Ngoh Ngoh envoie les fonctionnaires à l’abattoir». Sous cet intitulé, se cache une instruction du chef de l’État, traduite au ministre de l’Administration territoriale par le secrétaire général de la présidence de la République, exigeant la réinstallation de 19 sous-préfets et adjoints préfectoraux ayant, depuis plus d’un an, déserté leur poste de travail du fait des violences séparatistes.

C’est une mission suicide que sont assignés ces pauvres administrateurs civils, prévient The Guardian Post qui ne voit pas quelle autorité préfectorale pourrait aujourd’hui faire régner l’ordre, la discipline et la paix dans des régions à feu et à sang.

C’est que, selon Aurore Plus, Ngoh Ngoh a décidé d’envoyer 19 «chefs de terre» à la mort, sur un terrain où se mène désormais un conflit asymétrique, avec des sécessionnistes souvent déguisés en innocents civils : «Dans son souhait d’afficher son autorité sur ces zones où le sang ne cesse de couler, et surtout à la veille d’une élection présidentielle où tout semble indiquer qu’aucune campagne de propagande n’est possible sur le terrain, il n’est pas exclu que le régime de Yaoundé tente le tout pour le tout, quitte à sacrifier des hommes symbolisant sa ‘’maîtrise » du terrain. Un terrain où même les forces de défense et de sécurité sont généralement prises pour cibles avec de nombreuses pertes en vies humaines.»

Et Mutations de rappeler perfidement que deux sous-préfets, en moins de deux ans, ont déjà été exécutés par les sécessionnistes.

On peut lourdement s’interroger, insiste Aurore Plus, sur les mesures prises afin d’assurer la protection de ces hommes, ainsi renvoyés de force à leur poste, a moins que le pouvoir n’ait décidé de passer en force et d’offrir ces «chefs de terre» en holocauste.

Parce que là est le problème, insiste Le Jour qui se demande comment le pouvoir entend réinstaurer l’autorité de l’État, alors que l’administration a déserté sur un terrain où les politiques ont, par ailleurs, largement montré leur incapacité à rétablir la concorde nationale.

Ignorant délibérément ce terrain pétaradant, Baromètre Communautaire s’est pour sa part penché sur la nouvelle version de «Pour le libéralisme communautaire», un livre écrit en 1987 par le président Biya et dont la version actualisée vient de paraître.

La pensée politique du chef de l’État, telle que déclinée par cet ouvrage, devrait, selon l’hebdomadaire, constituer une source d’inspiration pour de nombreux leaders d’ici et d’ailleurs.

A travers «Pour le libéralisme communautaire», renchérit L’Anecdote, Paul Biya définit une nouvelle vision de son pays dans un monde globalisé.

Il n’aura pas échappé à l’observateur que la réédition de ce livre intervient à la veille du début des opérations formelles de propagande pour l’élection présidentielle du 7 octobre, au sujet de laquelle Le Financier d’Afrique émet cette interrogation : «Où est passé l’argent de la campagne électorale ?»

A en croire l’hebdomadaire, les 9 candidats en lice, à l’exception sans doute du président sortant, qui jouit possiblement des moyens de l’État, n’ont toujours pas vu la couleur des financements prévus par le Code électoral, et qui devaient être disponibles depuis le 8 août dernier.

Et, à l’heure où le silence du ministère de l’Administration territoriale ne lasse d’inquiéter sur le sujet, Le Messager soulève une autre polémique, cette fois dans le camp même du chef de l’État sortant.

Selon la publication en effet, c’est «le cas Mvondo Ayolo», du nom du directeur du cabinet civil de la présidence de la République, qui divise au sein même du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, au pouvoir), et pour cause : sa désignation, contre toute attente, comme le directeur de campagne de Paul Biya, «a provoqué la furia des caciques de cette formation, qui estiment que l’ex-ambassadeur du Cameroun en France ne dispose pas suffisamment de faits d’armes pour conduire les troupes à la victoire finale.

Y a-t-il seulement suspense quant à l’issue de cette élection ? ironise Aurore Plus qui évoque une réélection déjà actée de Paul Biya le régime de Yaoundé, le président-candidat étant certains, avec ou sans directeur de campagne, de rempiler avec les suffrages des citoyens de tous les coins du pays, y compris ceux des régions en guerre du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.

Présidentielle sur fond de crise anglophone en couverture des journaux camerounais

Les journaux camerounais parus mardi scrutent avec inquiétude l’ambiance sécuritaire autour de l’élection présidentielle du 7 octobre prochain, à l’heure où la crise sécessionniste prend de l’ampleur dans les régions anglophones.«Quelle est l’efficacité de l’action militaire contre les combattants ambazoniens ?» L’interrogation barre la couverture du quotidien de langue anglaise The Guardian Post.

En près de deux ans de conflits, des centaines de morts et de blessés, de milliers de réfugiés, de prises d’otages et de dégâts divers, le gouvernement, constate la publication, a préféré l’option de la force au dialogue, choisissant des interlocuteurs accommodants alors que la situation ne cesse de s’envenimer sur le terrain.

Après la guérilla asymétrique, voici venu le phénomène des coupeurs de route en zone anglophone, souffle Mutations, revenant sur l’audace du traquenard tendu le week-end d’avant par les activistes ambazoniens sur la route nationale n°6, à l’entrée du chef-lieu du Nord-Ouest, Bamenda, dans lequel sont tombés des cars de transport interurbain et qui a coûté la vie à un chauffeur.

Pendant ce temps, poursuit la même publication, le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, menace l’opposition contre toute tendance à épouser les thèses défendues par les sécessionnistes pendant la prochaine campagne pour l’élection présidentielle.

Bien plus, renchérit Le Jour, la veille à Yaoundé, la capitale du pays et à la faveur de l’ouverture de la conférence des gouverneurs de région, ce membre du gouvernement et non moins ressortissant de la région anglophone du Nord-Ouest, a mis en garde les candidats à l’élection présidentielle contre tout langage démesuré ou comportement irresponsable et antirépublicain.

Contre vents et marées, l’élection présidentielle aura lieu dans toutes les régions du Cameroun, a ainsi martelé M. Atanga Nji, cité par L’Épervier : «Les élections se tiendront dans les 360 arrondissements du Cameroun. Les gouverneurs, les préfets, les sous-préfets, les forces de défense et de sécurité prendront des mesures appropriées. C’est pour cette raison que nous disons une fois de plus que les fauteurs de troubles, les terroristes qui sont en brousse et continuent à pérenniser le climat de haine et de peur, qu’ils se tiennent tranquille, ils seront pourchassés jusqu’à leurs derniers retranchements. Il n’y aura pas de répit.»

Des mesures spéciales sont attendues pour assurer un scrutin serein sur toute l’étendue du territoire, acquiesce le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune, les partons des 10 régions ayant été invités à tout mettre en œuvre afin que cette instruction présidentielle soit suivie d’effets sur le terrain.

Comme pour bien montrer que le temps des tergiversations est terminé, le gouvernement a d’ores et déjà, prolonge Le Quotidien de l’Économie, a réinstauré, pour la troisième fois, le couvre-feu dans ce Nord-Ouest devenu le foyer des milices séparatistes.

La nouvelle escalade de la crise anglophone au menu des journaux camerounais

Plus que le livre controversé inscrit au programme des classes de 5ème, et bien loin du bien décevant match nul de la sélection de football en déplacement samedi aux Comores, c’est davantage la nouvelle escalade de la crise anglophone qui tient le haut de l’affiche dans les journaux camerounais parus lundi.L’image d’un grand ravin, creusé en travers de la route à l’aide d’une pelle mécanique par des sécessionnistes anglophones à l’entrée de Bamenda, le chef-lieu de la région anglophone du Nord-Ouest, barre la couverture de Mutations et du Messager alors que The Guardian Post, Le Jour et The Post affichent, s’agissant de la même scène, la photo d’un autobus dont la cabine a été écrasée par le même engin.

C’est que, explique Le Quotidien de l’Économie, les sécessionnistes ont, dans la nuit de samedi à dimanche, réussi à couper l’accès à l’une des localités les plus affectées par la revendication séparatiste, ciblant particulièrement l’agence de voyages Amour Mezam qu’ils accusent de violer leur mot d’ordre de blocus des régions anglophones.

«Les sécessionnistes coupent Bamenda du Cameroun», renchérit Mutations : pendant près de 3 heures, les miliciens ambazoniens ont creusé des tranchées en travers de la chaussée et attendu que des voyageurs nocturnes viennent s’embourber dans leur piège.

Et Le Messager d’attribuer cet «acte diabolique» aux tristement célèbres Ambazonia Defence Forces (ADF), plus que jamais décidées à instaurer la terreur dans cette partie du pays qui, selon Mutations, a décidé de perturber la mobilité des personnes et des biens et des personnes sur cette partie du territoire entre le 16 septembre et le 10 octobre.

Au total, détaille Le Jour, ce sont 5 cars de transport interurbain qui sont tombés dans le piège tendu par les sécessionnistes, qui n’ont pas hésité à en tuer un des conducteurs.

Ce sont au moins 6 civils, corrige The Guardian Post, qui ont été assassinés lors de ce traquenard qui soulève de vives condamnations au sein des populations.

Le bilan macabre de cette opération, selon The Sun, est de 2 morts et 4 autobus détruits, le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, interrogé par The Sun, dénonçant pour sa part un «terrorisme électoral» à l’approche de la présidentielle du 7 octobre.

A la suite de ces événements, souffle Intégration, le gouverneur de la région du Nord-Ouest, Adolphe Lele Lafrique Tchoffo, a réinstauré le couvre-feu dans sa zone de compétence : désormais, les mouvements de personne et des biens sont réduits entre 18h et 6h, exception faite pour les véhicules des autorités administratives et ceux des forces de défense et de sécurité, en même temps que les voyages de nuit sont suspendus jusqu’à nouvel ordre.

La guerre contre le sécessionniste coûte cher aux caisses de l’État, ajoute Intégration, se fondant sur un rapport du Fonds monétaire international (FMI) qui estime à 79 milliards FCFA les dépenses engagées par le gouvernement en 2017 pour combattre les groupes armés dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest.

Abordant la polémique qui tient le pays en haleine depuis une semaine, au sujet de l’ouvrage «l’Excellence en science», inscrit au programme des élèves de 5ème et dont l’un des modules ambitionne de lutter contre les comportements émergeants néfastes à la santé de la reproduction, l’hebdomadaire La Météo sort l’artillerie lourde pour condamner «l’école de la déviance» dans «un court traité de pornographie».

Les détails, plus que suggestifs, de l’ouvrage sont pourtant loin de constituer une innocente approche prophylactique à l’intention des enfants en situation de préadolescence, constate la publication : le texte et les exercices plongent les apprenants dans les méandres de la sodomie, de la zoophilie, de la fellation, de l’homosexualité et, au cœur de ce kamasoutra, les mots sont crus, la démarche est fortement illustrée, avec en prime des passages détaillant des positions au cours d’un acte sexuel.

«L’éducation à travers l’image, si chère aux pédagogues, n’a tenu compte ni de l’âge de la cible ni de sa susceptibilité, de la capacité à aiguiser sa curiosité et – potentiellement – à pervertir ses centres d’intérêt.»

Ce livre est mauvais, tranche Le Soir, qui y voit même un facteur de déstabilisation de la campagne pour l’élection présidentielle alors que son confrère, Mutations, a sondé l’opinion et traduit l’indignation générale qui s’en dégage.

Va-t-on finalement retirer «le livre qui dérange» des programmes scolaires ? s’interroge Le Messager. Une question à laquelle le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune tente une réponse : face à la levée de boucliers et au buzz sur les réseaux sociaux, le Conseil national d’agrément des manuels scolaires et matériels didactiques envisage le retrait du module à problème dans l’ouvrage.

Sous le titre «Seedorf voit la poussière aux Comores», The Guardian Post ironise sur le baptême du feu de l’entraîneur national de football, dont la formation, visiblement à la peine, a été tenue en échec samedi en déplacement face aux modestes Comoriens (1-1).

Comptant pour les éliminatoires de la Coupe d’Afrique des nations (CAN), que le pays organise l’année prochaine, ce fut une rencontre insipide, analyse L’Anecdote, rapportant par ailleurs une ambiance délétère dans la tanière des «Lions indomptables», où les intrigues et les batailles de positionnement se sont réinstallées sur fond de convoitises et de gros sous.

Ce fut un match nul dans la douleur, constate également Le Messager qui a vu une formation championne d’Afrique sans âme, sans système de jeu, donnant l’impression d’avoir été parachutée et qui inquiète, à quelques mois de la plus grande fête sportive du continent.

Violence sécessionniste et livre scolaire controversé en vedette dans les journaux camerounais

La nouvelle escalade de la violence sécessionniste en zone anglophone préoccupe les journaux camerounais parus vendredi, au même titre que le chapitre d’un manuel scolaire consacré à l’éducation à la sexualité les enrage.Voici une autre semaine de sang et de larmes qui s’achève dans le Nord-Ouest, commence The Post, relatant ces jours noirs de rentrée scolaire connus par les populations de cette région en butte à des assauts séparatistes contre tous ceux qui osent braver leur mot d’ordre de «pays mort».

En 4 jours, 11 civils ont trouvé la mort ici, relate l’hebdomadaire de langue anglaise, sans compter l’attaque d’une banque ou encore l’enlèvement d’un dignitaire traditionnel.

Dans le chef-lieu du Nord-Ouest, Bamenda, c’est un proviseur de lycée qui a également été pris en otage, poursuit Mutations, alors que The Guardian Post décrit «l’horreur dans le département voisin de la Menchum», où 20 corps ont été sortis d’un cours d’eau, 7 autres morts ayant été comptabilisés dans la localité de Fungom alors que la résidence du sous-préfet de Furu-Awa partait en flammes.

Dans cette même région, et selon la deuxième publication citée, ce sont 800 armes à feu illicites qui viennent d’être saisies par les forces de défense et de sécurité.

«Stop à la barbarie !» hurle le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune : à la suite du chef de l’État Paul Biya, ils sont nombreux, les diplomates et autres responsables du système des Nations Unies, les leaders politique et de la société civile, les autorités religieuses qui condamnent ces violences et rappellent le caractère sacré du droit à l’éducation libre pour toute personne.

«Longtemps protégés par le regard complaisant de certains observateurs, y compris d’opposants de premier ordre, les sécessionnistes de la partie anglophone, qui s’estimaient martyrs d’une idéologie politique, commencent à exaspérer la communauté internationale et à passer du côté des bourreaux», commente InfoMatin pour qui le combat les sécessionnistes «ambazoniens» était tout, sauf politique, tant leurs exactions ont pris de l’ampleur.

Reprenant la réaction, la veille du représentant au Cameroun du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef), Jacques Boyer, qui n’a pas pu cacher sa colère sur la situation chaotique en régions anglophones, le journal prévient que les séparatistes du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, à travers leurs multiples abus contre les populations, pourraient bientôt se retrouver devant les tribunaux internationaux pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.

Et voici l’«abomination», cette fois sur le front de l’éducation : Le Messager, sous le titre «Mœurs : la zoophilie enseignée aux enfants», estime que le livre «l’Excellence en sciences», inscrit au programme des classes de 5ème de l’enseignement général, «contient des images scandaleuses de cette pratique répandue sur les réseaux sociaux».

Pour Mutations, c’est «le livre qui fâche» en ce sens que, s’adressant particulièrement à des enfants en bas âge, il comporte des chapitres incitant à la perversion sexuelle et qui évoquent sans fards la sodomie, le cunnilingus, le viol, l’inceste ou encore la pédophilie.

Dans le chapitre prétendument pédagogique controversé, détaille la publication, on retrouve ainsi des termes impudiques tels que «le rapport sexuel par l’anus, puis par la bouche», «tendance à l’attirance sexuelle pour une personne de même sexe», «pratique perverse d’actes sexuels sur un animal», etc.

Si l’ouvrage, malgré la controverse, est bien disponible en librairie, tempère Émergence, il en va tout autrement d’une bonne partie des autres manuels scolaires inscrits au programme pour l’année scolaire qui vient de débuter.

La faute, selon le quotidien, au Premier ministre Philemon Yang, qui a validé la réforme des manuels scolaires entrée en vigueur cette année et qui, curieusement, se terre dans un silence coupable au moment où la pénurie tant redoutée se confirme dans les rayons.

Des sujets à controverse en couverture des journaux camerounais

Que ce soit en économie, sur l’interminable conflit sécessionniste anglophone ou dans le domaine du football, les contenus des journaux camerounais parus jeudi transpirent l’incompréhension et l’angoisse.Où sont passés les 3 milliards de dettes payées par l’État auprès de ses prestataires, et dont on n’a pas la trace des destinations à ce jour ? La question s’affiche en grande manchette d’Émergence qui affirme avoir débusqué ce gros soupçon de détournement de derniers publics dans un rapport du Fonds monétaire international (FMI).

Il se passe, explique la publication, qu’aucune trace écrite desdits paiements n’apparaît dans les fiches du Trésor, en même temps que des incongruités similaires apparaissent, accentuant les soupçons et devant obliger la justice à s’emparer de cette autre patate chaude.

Candidat à l’élection présidentielle du 7 octobre 2018, Cabral Libii interpelle, justement à ce sujet, le chef de l’État sortant, Paul Biya, à travers une lettre ouverte que publie Mutations : «Votre politique d’endettement inconséquent est la traduction d’une triste réalité. La mal-gouvernance chronique est impropre aux investissements directs privés nationaux ou étrangers. Les investisseurs ne vous font plus confiance. La seule voie qui vous reste, c’est cet endettement nocif. Mais plus grave, elle gangrène la productivité de la dette.»

Entre économie et crise anglophone, The Guardian Post tire la sonnette d’alarme au sujet de la situation des centaines de travailleurs des agro-industries implantées dans les régions anglophones sous conflit sécessionniste, dont les employeurs crient faillite et menacent de mettre la clé sous le paillasson face à leur incapacité à maintenir l’outil de production.

Sur cette crise séparatiste, La Nouvelle Expression indique que le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, a assoupli sa mesure de suspension de vente d’armes à l’intérieur du pays, une décision qui ne concerne toutefois pas les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest où le conflit sécessionniste fait rage.

Et de rappeler que c’est le 5 avril dernier que le gouvernement, face à la dégradation continue de la situation, avait annoncé l’interdiction, jusqu’à nouvel ordre, de la vente des armes de chasse et de protection ainsi que de leurs munitions dans les régions de l’Adamaoua, du Centre, du Littoral, de l’Ouest, du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.

C’est la «terreur barbare» qui s’est installée dans les écoles de cette partie du pays, renchérit L’Essentiel qui, faisant le macabre inventaire sur trois jours, constate que des enseignants ont été assassinés, des dirigeants d’établissement torturés après avoir été, avec d’innocents élèves, pris en otage par des terroristes.

Au moment où le président Biya prescrit des mesures d’urgence et félicite les populations pour le sens de l’accueil des personnes sinistrées, le bihebdomadaire interpelle la communauté internationale sur cette série d’atrocités face à laquelle elle reste curieusement muette, elle si souvent prompte à dénoncer les exactions attribuées à l’armée sur les civils.

Mais la preuve que l’indifférence n’est point à l’ordre du jour est apportée par Human Rigths Watch, l’ONG de défense des droits de l’homme qui, selon L’Anecdote, vient d’adresser une mise en garde sans concession aux sécessionnistes contre leur violation du droit à l’éducation de la jeunesse.

Du 3 septembre au 7 octobre 2018, souffle Mutations, ce sera «le couloir de l’angoisse dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest» : la période qui va de la rentrée scolaire à l’élection présidentielle sera périlleuse dans ces deux régions, où des actes de terrorisme se sont intensifiés depuis la reprise des classes et compromettent, à coup sûr, le déroulement des opérations de vote dans cette partie du pays.

Mais que se passe-t-il donc au sein de l’équipe nationale de football ? s’interroge Le Messager au sujet de la dernière vague de nominations dans le staff d’encadrement des «Lions indomptables».

Analysant le profil des nouveaux élus, la quotidien à capitaux privés l’affirme sans ambages : c’est Samuel Eto’o Fils, l’ancienne gloire, qui fait désormais la pluie et le beau temps en imposant, sans se montrer, ses hommes dans l’équipe d’encadrement.

C’est effectivement ce célèbre footballeur aujourd’hui sur le déclin, acquiesce InfoMatin, qui régente aujourd’hui la sélection de football en cette veille de Coupe d’Afrique des nations (CAN), avec la bénédiction du ministre des Sports, Pierre Ismaël Bidoung Mpkatt et le président du Comité de normalisation de la Fédération camerounaise de football (FECAFOOT), Dieudonné Happi.

Sous le titre : «Basses manœuvres : Happi veut sucer la CAN 2019», cet autre quotidien à capitaux privés s’en prend violemment à l’avocat de profession qui, lors de l’inauguration de son mandat de 6 mois, le 11 septembre 2017, avait déclaré sans ambages : «Je ne voudrais pas entendre parler de prorogation ici. Vous avez des personnes devant vous qui vont abandonner leur travail pendant six (06) mois.»

Ayant pris goût à la gestion des affaires du football, l’homme a abandonné son cabinet d’avocat et ravalé ses bons engagements de rigueur, de concision et de respect des délais, jouant du dilatoire et obtenant, auprès de la Fédération internationale de la discipline (FIFA), deux prorogations successives lui permettant de se maintenir jusqu’au 16 décembre, avec le secret espoir d’aller bien au-delà de cette date pour gérer le «juteux fonds de commerce du football camerounais».

Rentrée scolaire à problèmes, sommet Chine-Afrique et présidentielle au menu des journaux camerounais

Un début d’année scolaire mouvementée dans les régions anglophones, un sommet Chine-Afrique controversé dans un bouillonnement politique pré-élection présidentielle constituent le menu des journaux camerounais parus mardi.Le moins que l’on puisse dire est que la reprise des classes, ainsi que beaucoup le craignaient, aura été sous le signe des actions violentes des séparatistes, constate The Guardian Post, le quotidien à capitaux privés de langue anglaise faisant état de nombreux cas d’intimidation et de prises d’otages perpétrés par lesdits activistes dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.

Dans le chef-lieu de la première région citée, renchérit Le Messager, c’est un chef d’établissement d’enseignement privé qui a été enlevé avec 7 de ses élèves.

Il s’agit, étaye Intégration, de Derrick Ndue, le principal de la Presbytarian School of Science and Technology de Bafut et de ses apprenants, que les séparatistes ont gardé en captivité dans un lieu inconnu, avant de libérer les petits dans l’après-midi alors qu’ils gardaient le dirigeant.

En dépit des assurances des autorités civiles et militaires, cette rentrée aura été un flop dans les régions anglophones, alors que le jour évoque un «boycott» de la rentrée, les élèves du Nord-Ouest et du Sud-Ouest ayant préféré rester chez eux par crainte des violences.

Le droit à l’éducation est un droit universel non négociable, rappelle, dans The Star, la ministre des Enseignements secondaires, Nalova Lyonga, s’en prenant à ceux qui compromettent l’avenir de la jeunesse sous le prétexte d’une lutte pour l’indépendance de la partie anglophone du Cameroun.

En visite dans l’autre zone sensible de l’Extrême-Nord en ce jour de rentrée, et bien que la psychose de la secte islamiste Boko Haram ait baissé en intensité, la même membre du gouvernement, ajoute InfoMatin, a rappelé le thème de l’année scolaire 2018-2019 au Cameroun : école propre.

Ce concept, a-t-elle expliqué, suppose une évolution qui impacte positivement la qualité de l’encadrement des élèves en rendant le milieu scolaire plus attractif, propice au travail et débarrassé de tout ce qui est contraire à l’éthique, au mérite et à la probité.

Abordant le 3ème Forum de la coopération Chine-Afrique (FOCAC) qui s’achève mardi à Beijing, le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune salue l’annonce, la veille par le leader chinois Xi Jinping, de la mise à la disposition des pays africains d’un fonds de 60 milliards de dollars pour la réalisation des projets susceptibles d’améliorer les conditions de vie des populations.

Pour le leader chinois, qui s’insurge par ailleurs contre «l’unilatéralisme, le protectionnisme, l’hégémonisme qui gagnent du terrain et qui sont des défis qui interpellent le monde», la philosophie de la relation de la Chine avec l’Afrique, c’est «donner plus, donner d’abord et donner sans prendre».

Cet étalage de bonnes intentions pue la démagogie, s’insurge Le Quotidien de l’Économie : en termes de retour sur investissement, «la Chine gagne trois fois ce qu’elle investit en Afrique».

Évoquant l’initiative dénommée «La Ceinture et la Route», qui offre une opportunité unique à plusieurs pays africains de profiter de l’expérience chinoise pour devenir plus compétitifs dans la fabrication de marchandises à l’échelle mondiale, pour Pékin, étaye Intégration, il ne s’agit pas d’un programme d’aide, mais bien d’un projet commercial visant notamment à redynamiser des circuits commerciaux partant de la Chine vers le reste du monde.

S’agissant de l’élection présidentielle du 7 octobre, un même visage apparaît en couverture de Défis Actuels et La Tribune d’Afrique : celui du président de l’Union démocratique du Cameroun (UDC), Adamou Ndam Njoya, dont les deux publications n’entendent parler nulle part alors que les états-majors des 7 autres candidats investissent le terrain et les médias.

Du côté d’Émergence, on s’intéresse davantage au sort que les différents postulants à la magistrature suprême entendent réserver, une fois aux affaires, aux prisonniers de l’«Opération épervier» contre les détourneurs de deniers publics.

Ce qui est frappant, constate cet autre quotidien à capitaux privés, c’est qu’autant les uns et les autres entendent accentuer la chasse aux criminels économiques, autant leurs approches divergent quant au traitement à accorder à ces gestionnaires qui, ayant fait main basse sur l’argent des contribuables, doivent encore, une fois en prison, être entretenus avec l’argent de ces mêmes contribuables.

Le séjour de Faure Gnassingbé en Chine alimente la presse électronique togolaise

La présence de Faure Gnassingbé en Chine, où il est arrivé samedi pour, entre autres, participer aux travaux du Forum sur la coopération sino-africaine, fait la une de la presse électronique togolaise ce lundi.« Agenda chargé pour Faure Gnassingbé et sa délégation en Chine », titre Togobreakingnews.

Le président togolais est arrivé samedi à Pékin où il prend part ce lundi au sommet sur la coopération sino-africaine, écrit le site qui rappelle que « l’évènement qui mobilise toute l’Afrique se déroule sous le thème : « la Chine et l’Afrique : construire ensemble une communauté de destin encore plus solide par la coopération gagnant-gagnant ».

A la suite de ce sommet, le Togo tiendra dans la province chinoise de Zhiejang un forum économique pour faire la promotion de son Plan national de développement (PND), adopté il y a quelques semaines, annonce le site.

« FOCAC 2018 : plusieurs opérateurs économiques chinois reçus par le Président de la République », écrit AfreePress.

Selon l’agence, le Chef de l’Etat a débuté son séjour avec des entretiens accordés à plusieurs opérateurs économiques chinois. Le premier à lui rendre visite est Zhang Mingfeng, PDG de Zhongmei. « Une société bien connue des Togolais pour avoir mis en place le centre pilote agricole de Zanguera pour la modernisation de l’agriculture avec l’identification de nouvelles cultures et des méthodes de production agricole », note-t-elle.

La deuxième personnalité à être reçue par le Président de la République est Shao Gang, premier responsable de la compagnie China Tiesiju Civile Engineering Group. « Au cours de leurs échanges, M. Zhao Gang et le Chef de l’État ont fait le tour des projets clés du Togo dans le domaine des travaux publics à l’instar de la réalisation du corridor logistique Lomé Ouagadougou (routes, chemin de fer, port sec, plateforme logistique…). », précise Afreepress.

« Le Togo à la recherche de nouveaux partenaires », lance Republicoftogo qui rappelle que la 7e conférence ministérielle du Forum sur la coopération sino-africaine (FOCAC) s’est achevée dimanche à Pékin. Les ministres togolais des Affaires étrangères et de l’Economie et des Finances, respectivement Robert Dussey et Sani Yaya, y participaient, rapelle le site.

Pour Republicoftogo, ce déplacement constitue « une excellente opportunité pour le Togo qui compte s’appuyer sur le secteur public et privé chinois – mais pas seulement – pour lancer son Programme national de développement (PND) »

Le président de la République devrait accentuer les rencontres pour promouvoir le PND, lit-on sur Republiquetgolaise, le site officiel du Togo.

Les journaux camerounais aux couleurs de la rentrée scolaire, de l’économie et de la présidentielle

La rentrée scolaire dans le primaire et le secondaire du jour retient l’attention des journaux camerounais parus lundi, au même titre que les premières retombées économiques de la visite du chef de l’État en Chine, l’élection présidentielle du 7 octobre et la crise anglophone.C’est parti pour l’année scolaire 2018-2019, salue La Voix du Centre rejoignant ainsi le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune qui se fait l’écho des assurances des ministères en charge de l’Éducation de base et des Enseignements secondaires, affirmant que tout a été mis en œuvre pour que les 9 prochains mois soient des moments de grande concentration et de réussite pour les jeunes.

Le gouvernement est donc optimiste quant à une reprise des cours sans entrave aujourd’hui, répond en écho The Guardian Post, qui ne manque toutefois pas de relever les nouvelles menaces des sécessionnistes armés des régions anglophones, qui ont reconduit leur mot d’ordre d’«école morte» en vigueur depuis 2016 dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest.

Pour dire leur détermination à assurer une année sans heurts, les responsables des départements en charge des questions de l’école se sont, note InfoMatin, massivement déployés sur le terrain pour tenir le langage à la fois de la fermeté et de l’apaisement.

Si la partie francophone du pays reste à l’abri des tourments, convient The Advocate, l’inquiétude et l’incertitude continuent d’étreindre plusieurs parents des régions sous conflit, la menace d’une année blanche étant de nouveau à l’ordre du jour.

Et Eden de se demander de quelle manière l’armée, dont les hauts gradés ne cessent de tenir le langage de la sécurité tous azimuts, compte s’y prendre pour protéger chaque parent, chaque élève du domicile à l’école et vice versa, alors que les menaces sont asymétriques et que les combattants de la république autoproclamée d’Ambazonie, eux, possèdent le don de se fondre souvent dans la foule des anonymes pour commettre leurs attaques.

Dans la région de l’Extrême-Nord, où sévit également la secte islamiste Boko Haram, L’Anecdote note un tout autre phénomène : alors que les assauts ont sensiblement régressé sur le terrain, que les jeunes sont prêts à reprendre le chemin des classes, ce sont aujourd’hui les autorités qui se mettent aux trousses des dizaines d’enseignants déserteurs.

Abordant la visite du chef de l’État Paul Biya dans l’Empire du milieu, dans le cadre du 3ème Forum de coopération Chine-Afrique, le même bihebdomadaire, à la suite de L’Indépendant et Le Financier d’Afrique, note l’«abondante moisson» du chef du président de la République à l’occasion de ce déplacement, qui au terme d’un tête-à-tête avec son homologue Xi Jinping a décroché un don de 1,7 milliards FCFA d’aide humanitaire.

Il y a «accord parfait» entre Yaoundé et Beijing, souligne Cameroon Tribune : en dehors du don sus-évoqué,les deux leaders ont signé un mémorandum d’entente sur l’initiative chinoise de la «Ceinture et la route», un accord de coopération technique et d’assistance avec l’hôpital gynéco-obstétrique et pédiatrique de Yaoundé, la capitale, l’hôpital régional de Buea (Sud-Oues) et l’hôpital de Mbalmayo (Centre), sans oublier le financement de trois projets d’autoroutes.

Et, alors que Repères salue les fruits d’une «coopération gagnant-gagnant», pour The Voice, Paul Biya, sous le prétexte du Forum, est en réalité allé quémander l’aide chinoise en s’attirant la sympathie des dirigeants de ce pays à travers la crise anglophone, les fonds ainsi recueillis risquant de se tromper de destinataire.

Eden n’est pas bien loin de partager cet avis, pour qui le président de la République, en donnant l’impression de célébrer les bons points de la coopération bilatérale, est surtout en Chine pour négocier l’annulation, totale ou partielle, de la lourde dette de son pays.

«La chine va-t-elle réduire la dette du Cameroun, estimée à 3000 milliards FCFA ?» s’interroge EcoMatin, pour qui Paul Biya espère obtenir de la partie chinoise un assouplissement en matière de financement de l’économie de son pays.

Sur le front de la politique, Essingan se penche sur ce qu’il qualifie de grands absents de l’équipe de campagne de Paul Biya à sa propre succession : à la lumière des nominations y relatives, intervenues en fin de semaine dernière, il est loisible de constater que plusieurs dignitaires du régime, tombés en disgrâce, ont été mis sous l’éteignoir par le non moins président du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, au pouvoir).

«Présidentielle 2019 : Biya réquisitionne la machine d’État pour sa campagne» s’indigne Aurore Plus qui constate, ahuri qu’en dehors des parlementaires ou encore des membres du comité central ou du bureau politique dudit parti, ils sont 476 personnes (ministres, directeurs généraux, hauts cadres de l’administration, etc.) figurant, en application de la circulaire du président national, dans la liste des membres et chargés de mission des commissions régionales et départementales de coordination de la campagne du président-candidat.

«Ils iront battre campagne aux frais du contribuable, avec les moyens humains et la logistique publics. Il s’agit de la machine d’État, d’un arsenal taillable et corvéable, qui pendant près d’un mois mettra la République en congés payés, assortis de frais de missions conséquents et autres facilités exemptées de tout audit, pour la gloire de Paul Biya.»

Tout à sa détermination à s’accrocher au trône vaille que vaille, Paul Biya, hurle le bihebdomadaire, n’essaye même plus de cacher ses multiples abus de biens sociaux, les recettes du Trésor faisant partie de son patrimoine personnel alors que le même homme, qui veut faire rendre gorge les criminels économiques réquisitionne, sans vergogne, personnels et argent de l’État pour faire triompher ses ambitions personnelles.

C’est le moment que choisit, justement, le conseiller aux affaires économiques du chef de l’État sortant pour prendre ses distances avec le régime : impertinent, Christian Penda Ekoka révèle qu’il soutiendra un candidat de l’opposition à ce scrutin.

Également ex-proche collaborateur de Paul Biya, Titus Edzoa, qui au passage vient de passer 17 ans en prison pour crimes économiques alors qu’il continue à crier à la cabale, vient, selon La Voix du centre, de commettre un livre-réquisitoire contre le pouvoir de Yaoundé, critiquant la gestion du pays et mettant à nu les pratiques népotiques dignes d’une République bananière.

En grand format en couverture de La Météo, le Premier ministre, Philemon Yang, est présenté comme le futur directeur de campagne du candidat Biya : il sera confirmé à ce poste dans les prochains jours, pour coordonner les activités de propagande de son champion.

Matricide, rentrée scolaire et présidentielle en couverture des journaux camerounais

Le scandale provoqué par une femme ayant, manifestement sur commande, tué sa fille à Yaoundé s’affiche en couverture de certains journaux camerounais parus jeudi, juste à côté des angoisses de la rentrée scolaire prévue lundi prochain et de la veillée d’armes pour l’élection présidentielle du 7 octobre.Sur ce que Baromètre Communautaire présente comme un crime rituel survenu le week-end dernier, Mutations s’est mis sur les traces de Jeanne Ngo Bayiha, la mère soupçonnée d’avoir froidement égorgé et décapité sa propre fillette de 8 ans.

Au quartier Éleveurs, détaille la publication, la police a mis la main sur les présumés complices de cette femme travaillant dans un restaurant, et qui aurait agi sur l’instigation de son patron contre la promesse d’une forte somme d’argent.

Renchérissant dans ce récit macabre, The Guardian Post révèle que le pot aux roses a été découvert lorsque la tête de la petite suppliciée a été retrouvée dans un bac à ordures, placé non loin du lieu du crime et que, tabassés par les voisins, la maman indigne et le commanditaire ont fini par cracher le morceau.

La photo de dizaines de femmes en lamentations, assises à même la chaussée et priant pour que leur progéniture ait le droit d’aller à l’école, orne la couverture de la même publication, rapportant cette fois une «marche de la paix» organisée la veille à Buea (Sud-Ouest), dans un contexte de crise sécessionniste dans les régions anglophones.

La même image revient dans les colonnes du quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune : vêtues de gros boubous, pleurant à chaudes larmes, gémissant, se roulant par terre, elles brandissaient des pancartes sur lesquelles étaient inscrits des messages de paix.

Ce conflit, explique la publication, a fait perdre le sommeil aux mères, inconsolables de savoir que certaines de leurs sœurs ainsi que plusieurs enfants, doivent se cacher dans la brousse pour fuir les exactions des sécessionnistes ayant, depuis des mois, décrété l’«école morte» sur une partie du pays.

Sans doute, glisse The Guardian Post, le gouvernement intérimaire de la république autoproclamée d’Ambazonie a-t-il saisi le sens du message, qui a lancé un appel prudent, et sous conditions, en faveur de la reprise des cours dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest.

Et quand bien même les sécessionnistes auront levé leur mot d’ordre, réplique L’Indépendant, il restera la psychose du livre scolaire, qui se fait rare et qui, à en croire l’hebdomadaire Ça Presse, rend l’ambiance de plus en plus irrespirable.

Ici et là, décrit Baromètre Communautaire, non seulement les nouveaux livres au programme tardent à être commercialisés en dépit des assurances des éditeurs quant à leur disponibilité dans les délais, mais, en plus, les «petites libraires», non arrimées à la grosse mafia financière, sont exclues du circuit de distribution.

Ce qui est constant, renchérit EcoMatin, c’est que «le livre scolaire camerounais enrichit les pays étrangers» : «Il faut 72 millions de livres pour satisfaire la demande cette année, soit un chiffre d’affaires de 200 milliards FCFA. Un juteux marché dominé par les éditeurs locaux, mais qui préfèrent faire imprimer leurs ouvrages hors du pays.»

Dans le domaine de la gouvernance, Cameroon Tribune focalise davantage sur le phénomène de la corruption qui se trouve au cœur du débat de l’élection présidentielle du 7 octobre prochain.

Et le journal de constater que les programmes politiques des différents candidats mettent un point d’honneur sur la poursuite du renforcement de l’arsenal répressif, l’octroi de pouvoirs supplémentaires au système judiciaire ainsi que la réforme des institutions.

Sur le scrutin présidentiel proprement dit, Baromètre Communautaire n’a pas de mots assez durs contre le gouvernement, qui refuse de céder aux prescriptions d’Elections Cameroon (Elecam), l’organe en charge des scrutins et opération référendaires : sur la dizaine de recommandations de 2011 en vue de l’amélioration du processus électoral, une seule a été mise en œuvre par le régime de Yaoundé, toute chose qui crée une insécurité juridique susceptible d’alimenter le contentieux postélectoral.