Education, sécession et foot en vedette dans les journaux camerounais

Des polémiques dans le champ éducatif et économique, la crise sécessionniste qui fait de la résistance au moment où l’élan de solidarité nationale se manifeste pour la communauté anglophone impactée, un 2ème tour du Mondial russe sans les sélections africaines constituent l’essentiel du menu des journaux camerounais parus vendredi.L’embellie aura été de courte durée, avec l’annonce par le gouvernement de l’institution d’un livre unique par matière, et, quelques semaines plus loin, Le Jour se fait déjà l’écho des inquiétudes soulevées par les éditeurs au sujet de la disponibilité dans les délais desdits manuels pour la rentrée scolaire de septembre prochain.

Selon le quotidien à capitaux privés, l’avènement tardif de la réforme y relative, ainsi que la publication récente des listes desdits ouvrages par les pouvoirs publics, fait planer le spectre d’une pénurie.

Mais le secrétaire permanent du Conseil national d’agrément des manuels scolaires et des matériels didactiques (Cnamsmd), Marcellin Vounda Etoa, interrogé par la publication, se veut plutôt optimiste et rassurant.

Une autre «réforme qui trouble les esprits» est signalée par Mutations au niveau des Enseignements secondaires : le paiement, par voie électronique, des frais de scolarité et d’examen, alors que le mystère, insiste le journal, continue de planer autour des modalités de mise en œuvre de cette innovation.

Un mystère qui doit être levé cette fin de semaine, et sur lequel InfoMatin se veut catégorique, c’est la nomination du directeur général de la Société camerounaise des dépôts pétroliers (SCDP) dont le patron, Gaston Eloundou Essomba, a été nommé ministre de l’Eau et de l’Énergie depuis le 2 mars dernier.

Si la recherche d’un successeur à ce manager relevait du simple bon sens, ce qui l’est moins, ce sont les convoitises que charrie ledit poste dans le sérail et la guerre des réseaux qui bat son plein.

Là où les batailles de couloir ne semblent pas avoir régné, c’est à la tête de la Cameroon Railway (Camrail) où, selon la même publication ainsi que Mutations, le Français Pascal Miny a remplacé son compatriote Jean Pierre Morel avec, en tête des priorités, le règlement définitif la gestion de la catastrophe ferroviaire survenue le 21 octobre 2016 à Eseka (Centre) et qui a fait 79 morts et plus de 500 blessés, selon le bilan officiel.

Le Messager, lui, hésite à saluer la longévité aux affaires du Premier ministre, Philemon Yang : déjà 9 ans à l’Immeuble étoile, un record absolu malgré un bilan politique et économique hautement discutable, sans oublier une crise sécessionniste qu’il n’a pu ou su résorber à ce jour.

Et elle fait rage, la crise anglophone, alerte The Post : les forces rebelles d’«Ambazonie» ont pris possession de plusieurs villes majeures, ces derniers jours dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, ont continué à tuer des soldats et à prendre des otages dans un climat de guerre totale.

Ce sont sans doute ces nouveaux développements de la situation qui émeuvent aujourd’hui la France et son président, Emmanuel Macron qui, renchérit The Guardian Post, vient de dépêcher au Cameroun son secrétaire d’État français auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Baptiste Lemoyne, pour discuter de la crise anglophone avec son homologue camerounais, Paul Biya.

«La France tient à voir clair» dans cette crise, appuie Mutations, soulignant notamment l’émotion soulevée à travers le monde par les révélations d’exactions des forces de sécurité sur des civils et autres atteintes à la dignité humaine, attribuées à l’armée par plusieurs rapports de terrain.

Et, pendant les combats, la solidarité avec les populations meurtries se met en place avec, apprend-on à travers le tri-hebdomadaire Le soir et le bihebdomadaire L’Anecdote, du tour de table organisé la veille par les élites de la région du Centre qui ont mobilisé 152 millions FCFA pour le compte du plan d’urgence humanitaire gouvernemental.

Au total, prolonge Le Quotidien de l’Économie, ce sont 529 millions FCFA qui auront été collectés pour la cause à travers le pays en l’espace d’une semaine.

«Chacun y est allé de son enthousiasme, de ses moyens et de son élan du cœur», se réjouit InfoMatin, rappelant que rappelle que le plan d’assistance humanitaire d’urgence, décidé par le chef de l’État, d’une durée de 18 mois, porte sur un budget estimé à 12,7 milliards FCFA susceptible de connaître des modifications au gré de l’évolution de la situation et des besoins.

«Ainsi donc, s’insurge le bihebdomadaire Aurore Plus, Paul Biya a décidé d’apporter une solution humanitaire à un problème éminemment politique. Il réinstallera les réfugiés dans des zones où la violence ne faiblit point, remettra en place des infrastructures de base sur un terrain ensanglanté. Repeuplera, de gré et surtout de force, des régions dévastées par l’insécurité.»

En près de 3 ans de conflit et quelque 15 milliards de francs d’argent public destinés à contenir la vague sécessionniste, le pouvoir, déplore le journal, n’a pu engager la moindre initiative de cohésion sociale. La situation s’enlise tous les jours avec sa vague ensanglantée, des frustrations qui prennent du volume et des haines recuites qui s’enveniment.

Des regrets, L’Anecdote les exprime également sur le Mondial de football en cours en Russie, qui vient de voir les 5 représentants du continent sortis dès le premier tour de la compétition.

«Des 8è de finale sans l’Afrique», geint La Nouvelle expression après avoir vu le dernier et véritable espoir, le Sénégal, se faire éjecter malgré un potentiel certain.

«Pas de 8è de finale pour le Sénégal», renchérit le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune qui salue néanmoins une sélection sympathique et d’avenir, qui méritait sans doute mieux qu’une sortie de piste en raison du classement du fair-play ayant bénéficié au Japon.

Les «Lions de la Téranga» referment ainsi, souffle Le Messager, une série noire qui devrait susciter la réflexion, au moment où le continent peut se targuer d’avoir des talents dans les meilleurs championnats du monde.

Politique, gouvernance, économie et sécession au menu des journaux camerounais

De la politique à l’économie en passant par la gouvernance et la crise sécessionniste anglophone, les journaux camerounais parus mercredi s’affichent furieusement en mode diversité.Voici donc, constatent The Guardian Post et Le Quotidien de l’Économie, que le projet de loi présidentiel portant prorogation d’un an du mandat des députés et sur la table de l’Assemblée nationale.

Affichant fièrement cette proposition, le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune justifie cette démarche par le «chevauchement des différentes opérations électorales relatives aux scrutins prévus cette année».

Le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, au pouvoir) disposant d’une écrasante majorité à l’Assemblée nationale (148 sièges sur 180) et au Sénat (88 sièges sur 100), le texte, explique Repères, devrait être facilement adopté au niveau du Parlement.

L’explication a plutôt le don de faire sortir son confrère Le Messager de ses gonds, pour qui ce «coup de force bénéficie au RDPC» et l’éloigne, le temps de la présidentielle, des déchirements qui commençaient à embraser cette formation aux mille visages et dont le leader, Paul Biya, brigue également un nouveau mandat à la tête de l’État.

Ces tourments internes, renchérit L’œil du Sahel, se manifestent avec acuité dans la région de l’Adamaoua qui semble devenue «le ventre mou de Paul Biya», tellement les tensions sont fortes et les enjeux importants, dans l’un des plus grands bassins électoraux que compte le Cameroun.

Un autre «jeu de massacre» s’affiche en manchette de Mutations au sujet des États-Unis, que certaines publications locales ont accusé en début de semaine de tenter de financer trois candidats de l’opposition à l’élection présidentielle et dont l’ambassade à Yaoundé a vivement réagi par la voie d’une mise au point.

Le bihebdomadaire La Météo, l’un des journaux ainsi mis en cause, publie certes les dénégations outrées du chef de mission Peter Henry Barlerin, mais précise, en guise de note de la rédaction, que bien que le pays de l’oncle Sam proclame sa neutralité vis-à-vis du libre choix de l’électeur de son pays d’accueil, il n’en demeure pas moins que le même diplomate a, voici peu, opéré une sortie contraire à l’éthique de sa charge en conseillant fermement au président Biya de passer la main.

Pour The Guardian Post, l’ambassade des Etats-Unis à Yaoundé réfute donc le financement, pour près de 3 milliards FCFA, des candidats Akere Muna, Joshua Osih et Maurice Kamto.

«Les États-Unis crient à la manipulation», appuie Le Messager qui révèle qu’au départ de ce «fake news» se trouve le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, qui dimanche dernier a tenu une réunion secrète avec les responsables des journaux incriminés pour leur vendre ce qu’il a lui-même qualifié de «scoop».

Le même Atanga Nji est violemment pris à partie par The Guardian Post au sujet de la crise anglophone dans les régions du Nord-ouest et du Sud-Ouest, dont il est par ailleurs originaire : comme depuis le début des troubles sécessionnistes ayant déjà fait des dizaines de morts en près de trois ans, ce membre du gouvernement, s’étonne le quotidien à capitaux privés en langue anglaise, continue d’agiter l’arme de la manipulation en affirmant que «les Anglophones ne sont guère marginalisés au Cameroun».

Il faudrait, souffle The Voice, que cet homme, qui en outre vient d’être nommé président du comité ad hoc du plan d’urgence humanitaire sur la crise anglophone, avec son budget de près de 13 milliards FCFA, ait l’humilité d’avouer qu’il est impopulaire et que de sérieux doutes pèsent sur sa moralité.

«On ne peut pas faire confiance à Atanga Nji lorsqu’il s’agit d’importantes sommes d’argent», s’inquiète l’hebdomadaire.

C’est la même publication qui affirme, photos à l’appui, détenir des preuves de vie des leaders sécessionnistes extradés du Nigeria en février dernier et détenus au secret depuis lors dans la capitale, Yaoundé.

«Enfin, Sisiku et les siens sont en vie !» s’exclame de son côté Eden, précisant que la procédure judiciaire visant le leader de la «république d’Ambazonie» et ses lieutenants est enclenchée, que leurs avocats ont pu accéder au dossier et que l’ouverture du procès n’est plus qu’une question de jours devant le tribunal militaire.

Sur un tout autre plan, Le Quotidien de l’Économie annonce que les dirigeants des établissements de microfinance (EMF) de la sous-région viennent de se voir retirer leurs pleins pouvoirs à la faveur des nouvelles directives de la Commission bancaire de l’Afrique centrale (COBAC), qui mettent un accent particulier sur le contrôle externe de l’état financier de ces institutions, jusque-là entre les mains indélicates de plusieurs aventuriers.

Selon la nouvelle réglementation relative aux conditions d’exercice et de contrôle de ce secteur au sein de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC), il faudrait également, renchérit Repères, disposer d’un capital minimum de 300 millions FCFA, alors que les EMF ne disposant pas actuellement de ce capital ont deux ans, à compter de janvier 2018, pour se conformer au nouveau dispositif réglementaire.

Économie et crise anglophone font les choux gras des journaux camerounais

Le front de l’économie focalise l’attention des journaux camerounais parus mardi, sans pour autant occulter l’interminable guerre sécessionniste dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.Quotidien à capitaux publics, Cameroon Tribune se penche sur les nouvelles règles des marchés publics, à la faveur d’un récent décret présidentiel y consacré, avec une nouvelle architecture bâtie dans un contexte où les entreprises publiques ne sont plus assujetties au Code des marchés publics, en termes de passation et de contrôle des marchés en leur sein.

Le texte ainsi révisé, apprend-on, renforce ce que le législateur appelle «principe d’éthique» et durcit les sanctions contre tout acteur coupable d’acte de corruption et autres manœuvres frauduleuses, telles que les manœuvres frauduleuses, les pratiques collusoires obstructives ou coercitives, le délit d’initié ou les conflits d’intérêt.

Dans le même domaine de la gouvernance, Le Quotidien de l’Économie, sous le titre «L’étau se resserre autour des DG des sociétés d’État», plante le décor à la veille d’une assise cruciale à laquelle le ministre des Finances, Louis Paul Motaze, les convie.

Ce sera certainement l’occasion, ose la publication spécialisée, de rappeler à ces gestionnaires souvent indélicats, habitués du gaspillage des biens sociaux, d’être rappelés à l’ordre avant la vague répressive.

Une entreprise anonyme à participation publique qu’InfoMatin appelle à sauver d’urgence, c’est la Société camerounaise des dépôts pétroliers (SCDP), contrôlé à hauteur de 51% par l’État et sans directeur général depuis que son manager, le cumulard Gaston Eloundou Essomba, a été promu ministre de l’Eau et de l’Énergie le 2 mars dernier.

Il se passe, explique le journal, que les deux cadres expatriés qui continuaient tant bien que mal de gérer les affaires courantes, à savoir le directeur général adjoint et le directeur de l’exploitation, sont arrivés en fin de mandat.

Selon des sources dignes de foi, ce sont ces deux responsables, deux maillons forts de l’entreprise dont le remplacement pas encore été pourvu qui, bon an mal an, ont pallié les manquements liés à la démission non formelle, mais bien réelle, du directeur général.

L’autre menace, qui cette fois plane sur les consommateurs et dont se fait l’écho Expression Économique, c’est la hausse annoncée en 2019 des prix de plusieurs denrées de première nécessité (pain, huile de cuisine, riz, etc.) : la circulaire fixant les grandes lignes de la prochaine Loi de finances prévoit la restauration de taxe sur l’importation desdits produits, un phénomène appelé à se répercuter sur le panier de la ménagère.

Quasiment jamais sorti du sujet depuis bientôt trois ans, le quotidien à capitaux privés de langue anglaise The Guardian Post publie un dernier bilan de la guerre sécessionniste dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest : six nouveaux morts dans la localité de Bafut, après des combats entre forces de défense et de sécurités et combattants de la «république d’Ambazonie».

Et comme si cela ne suffisait pas, les insurgés sont allés mettre feu à la tribune de la Place des fêtes de la localité de Foundong, toujours dans la région du Nord-Ouest, et en signe de défiance ont hissé le drapeau indépendantiste devant les bureaux administratifs.

Sur le terrain, s’offusque Aurore Plus, tout, aux yeux du gouvernement qui vient de dévoiler son plan d’urgence humanitaire pour ces régions sinistrées, semble se passer comme si le retour à la paix était une réalité alors que les violences prennent de l’ampleur.

Accusant le président Paul Biya de mettre la charrue avant les bœufs, le bihebdomadaire semble en vouloir particulièrement au ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, par ailleurs président du comité ad hoc de gestion des quelque 13 milliards FCFA de budget annoncés pour l’opération.

Présenté comme un «repris de justice à la moralité douteuse», celui qui est par ailleurs secrétaire permanent du Conseil national de la sécurité (CNS) est ainsi perçu non seulement dans sa région anglophone d’origine, mais surtout comme «une menace» pour les fonds publics ainsi mobilisés.

Face à la vague de protestations ayant suivi cette désignation controversée, des proches du chef de l’État, renchérit The Guardian Post, conseillent vivement à Paul Biya «de laisser tomber Atanga Nji» qui, plutôt que d’aider à trouver des solutions de sortie de crise, va davantage cristalliser la tension sur le terrain.

La politique s’impose en couverture des journaux camerounais

La veillée d’armes pour l’élection présidentielle, particulièrement dans les rangs de l’opposition, inspire plusieurs écrits dans les journaux camerounais parus lundi avec, tout à côté, les dernières et tristes nouvelles du front sécessionniste anglophone.Trois visages de candidats déclarés pour la course à la magistrature suprême s’affichent en couverture des hebdomadaires La Nouvelle et Sans Détour, des bihebdomadaires Repères et la Météo ainsi que du tri-hebdomadaire Le Soir : Akere Tabeng Muna (Mouvement Now), Joshua Osih (Front social démocratique-SDF) et Maurice Kamto (Mouvement pour la renaissance du Cameroun-MRC).

Sous le titre «Candidat unique : l’ambassadeur des USA propose 3 milliards à l’opposition», La Nouvelle affirme que cette enveloppe a été promise aux trois leaders par le chef de mission des États-Unis à Yaoundé, Peter Henry Barlerin, au cours d’une réunion secrète tenue le 10 juin dernier.

Financer le chaos par la contestation populaire au lendemain du scrutin, tout faire pour obtenir la tête du président Paul Biya avant la fin de son mandat au Cameroun, telle est, selon La Météo, la mission que ce curieux diplomate, qui a déjà défrayé la chronique en demandant publiquement au président de la République de passer la main, semble s’être fixé.

Sauf que, selon Sans Détour, les trois candidats «ne s’entendent pas sur le partage du magot dégagé par le diplomate pour contrer la candidature de Paul Biya à la prochaine élection présidentielle».

Akere Tabeng Muna, Joshua Osih et Maurice Kamto sont inconciliables sur la répartition de l’enveloppe, confirme Le Soir, chacun de ces leaders, s’estimant le plus représentatif des masses populaires, exigeant d’avoir la plus grosse part de cet «argent du sang».

Ces trois-là ne s’entendront jamais, renchérit Repères, qui, au-delà de cette sombre histoire de fonds occultes évoque «l’impossible candidature unique de l’opposition» dont les candidats, en 2004, n’avaient pas pu surmonter leurs divergences et ego pour s’accorder sur une coalition.

Certes, constate la publication, tous avaient donné leur accord de principe au départ avant que les textes ne viennent faire voler le projet en éclats.

«Ça ne sera pas possible, prévient socio-politiste Mathias Eric Owona Nguini, parce que chacune des formations politiques de l’opposition se considère comme étant la solution. Il est donc difficile d’avoir une convergence.»

A mille lieues de ces débats politiciens, Le Jour sonne l’alerte sur l’interminable crise sécessionniste dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest avec, apprend-on, un rapport des Nations Unies qui n’exclut pas une assistance directe aux personnes en détresse dans la zone, toute chose qui laisse planer la menace d’une intervention militaire internationale et qui, surtout, constitue un contre-pied au plan d’urgence gouvernemental d’assistance humanitaire présenté en milieu de semaine dernière.

Pas alarmiste, le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune magnifie l’action du gouvernement qui, en dépit de tout, continue de promouvoir le dialogue dans la crise anglophone à l’instar du Premier ministre Philemon Yang qui, en fin de semaine à l’Assemblée, a rappelé les outils de consolidation de dialogue mis sur pied par les pouvoirs publics.

Et pendant ce temps, constate The Guardian Post, la violence s’est poursuivie sur le terrain avec, la veille dans le chef-lieu de la région du Nord-Ouest, Bamenda, l’assassinant attribué aux sécessionnistes d’un élément de la police et de deux civils.

Les conséquences continuent en effet de se faire ressentir, avec les incendies des édifices publics dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, l’enlèvement de fonctionnaires, les attaques répétées des unités de gendarmerie et de police», se désole InfoMatin qui dresse le macabre bilan d’une «sale guerre» qui dure depuis près de 3 ans : plus d’une centaine de morts côté civils et militaires, le déplacement de plus de 4000 Camerounais à l’intérieur et à l’extérieur du pays.

La solidarité pour la crise anglophone s’affiche dans les journaux camerounais

Les premières cotisations de particuliers, en faveur des victimes de la crise sécessionniste dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, font les choux gras des journaux camerounais parus vendredi.La bonne charité commençant par soi-même, ce sont les élites des zones impactées qui ont, quelques heures seulement après le lancement du plan d’assistance humanitaire d’urgence, organisé à Yaoundé, une collecte de fonds de solidarité qui, rapporte le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune, a permis de réunir 236 millions FCFA.

«236 millions FCFA collectés en 24 heures», se réjouit également le trihebdomadaire Le Soir, précisant que l’élan de solidarité ne concernait pas seulement les ressortissants des régions en crise, mais aussi des natifs d’autres parties du pays ayant décidé de mettre la main à la poche.

La preuve que tout le monde se sent concerné par la crise anglophone, renchérit L’œil du Sahel, c’est qu’au même moment, l’élite du septentrion s’est également mobilisée pour apporter 18 millions FCFA dans la cagnotte.

Ce qui n’a pas été dit, dans le plan d’urgence décidé par Paul Biya et que dévoile Le Jour qui a lu entre les lignes, c’est que chaque fonctionnaire camerounais cotisera l’équivalent d’au moins 50.000 FCFA à travers divers prélèvements à la source.

Dans les prochains jours, précise Cameroon Tribune, il est attendu la communication d’un numéro de compte pour tous ceux qui voudront apporter leur contribution à cette opération.

C’est dans une «aventure ambiguë» que vient de se lancer le pouvoir de Yaoundé, souffle Mutations : alors que les tueries, les affrontements et les enlèvements se poursuivent, le régime annonce la reconstruction dans des zones où les activistes sécessionnistes continuent de faire régner la terreur.

Et la publication de s’interroger quant à l’opportunité et la mise en œuvre de la stratégie évaluée à près de 13 milliards FCFA.

Comme pour mettre de l’eau au moulin de son confrère, Le Quotidien de l’Économie a entrepris de dresser le bilan macabre des affrontements depuis près de 3 ans : plus d’une centaine de civils tués par les milices sécessionnistes, plus d’une centaine de propriétés ont été détruites ou incendiées par les terroristes, 123 attaques pour 84 morts chez les forces de défense et de sécurité avec, à la clé, une économie complètement exsangue.

Dans la même logique des énumérations, The Guardian Post, répercutant le rapport du gouvernement, indique qu’un mandat d’arrêt international a été émis contre 18 sécessionnistes, dont des journalistes bien connus de l’audiovisuel public, qui financent l’effort de guerre depuis l’étranger.

Le plan humanitaire gouvernemental sur la crise anglophone à la Une des journaux camerounais

En chœur, les journaux camerounais parus jeudi reviennent sur le Plan d’assistance humanitaire d’urgence pour les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, frappées depuis près de deux ans par une crise sécessionniste, dévoilé la veille par le gouvernement.«Le gouvernement dévoile un plan d’urgence pour les victimes anglophones», «Paul Biya au chevet des populations anglophones», «Paul Biya lance l’opération solidarité», «La réponse de Paul Biya», «Crise anglophone : la réponse de Paul Biya», «La réponse humanitaire de Paul Biya», «Le Plan Marshall de Paul Biya», «13 milliards FCFA pour reconstruire le Nord-Ouest et le Sud-Ouest», «L’effort de guerre imposé aux élites», «Crise anglophone : le gouvernement appelle au secours», titrent respectivement The Guardian Post, InfoMatin, Cameroon Tribune, L’Épervier, L’essentiel, L’Anecdote, Baromètre Communautaire, Mutations et Le Jour.

Selon la première publication citée, ce sont au total plus de 12 milliards FCFA qui vont être mobilisés pour soulager des populations meurtries par un interminable conflit, et aussi pour réhabiliter leur habitat.

En vue d’apporter une réponse structurée à la détresse des victimes des attaques des sécessionnistes, résume InfoMatin, le chef de l’État ordonne la mise sur pied d’un organisme dont la vocation est, entre autres, l’assistance aux déplacés, l’offre de soins de santé et la fourniture des denrées alimentaires.

«Nous devons commencer par l’assistance aux personnes déplacées, il y a la réhabilitation des infrastructures scolaires, sanitaires… La reconstruction des logements détruits. Nous devons également favoriser la reprise de l’activité économique. Tout sera fait de manière méthodique», déclare, dans le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune, le ministre en charge de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji.

Le comité ad hoc de gestion des fonds sera, justement, présidé par ce membre du gouvernement et son collègue des Relations extérieures, Lejeune Mbella Mbella, précise L’Épervier, saluant au passage le sursaut humanitaire du président de la république.

A travers la mise en œuvre de son Plan, note Baromètre Communautaire, le gouvernement entend relever les deux régions en proie à l’instabilité depuis novembre 2016, en même temps qu’il espère ramener au pays quelque 21.000 concitoyens réfugiés au Nigeria.

Et, alors que Le Quotidien de l’Économie s’attèle à dresser les détails de la stratégie, Mutations explique les ministres, directeurs généraux, sénateurs, députés, et autres maires, en plus des financements publics, seront invités à cotiser à commencer par les forces vives des deux régions meurtries, qui montrent l’exemple jeudi à travers un premier tour de table.

La société civile, les entreprises, les particuliers et les partenaires au développement seront également mis à contribution en tant que de besoin, en même temps qu’est attendu l’appui «précieux» de l’équipe humanitaire pays des Nations Unies, renchérit Mutations.

Critiqué pour ce qui est apparu pour certains comme une indifférence vis-à-vis du drame qui se joue en zone anglophone, Paul Biya, salue L’Anecdote, vient de démontrer qu’il reste le maître du jeu sociopolitique du Cameroun.

«Garant de l’intérêt général, de la sécurité et du bien-être de tous, le chef de l’État ne pouvait rester indifférent aux souffrances, au désarroi de milliers de Camerounais pris au piège de l’insécurité», répond en écho Cameroon Tribune.

Ayant dans un premier temps axé ses efforts sur le rétablissement de la sécurité, des efforts qui «commencent à porter leurs fruits avec la destruction récente de plusieurs bandes terroristes» et qui «vont se poursuivre résolument, jusqu’au retour à une situation normale dans ces zones», le gouvernement va, selon InfoMatin, intensifier les actions civilo-militaires afin de rassurer les populations et dissiper la psychose créée par la propagande nocive des terroristes.

Cyber sécurité, justice, politique et économie en couverture des journaux camerounais

L’interdiction, par leur hiérarchie aux gendarmes, de se produire sur les réseaux sociaux, deux conflits de famille qui défraient la chronique, la présidentielle qui attise les passions et un front économique en berne, constituent le menu des journaux camerounais parus mercredi sans pour autant évacuer l’interminable conflit sécessionniste dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.Le secrétaire d’État à la Défense (SED) en charge de la gendarmerie, Galax Etoga, s’affiche en deuxième manchette du quotidien à capitaux privés L’Épervier à la suite d’une virulente mise en garde faite à ses troupes, condamnant la diffusion des documents et activités militaires sur les réseaux sociaux.

Selon le journal, le SED réprimande ces pandores, parfois des gradés qui, en dépit de leur statut et de l’obligation de réserve, s’expriment à titre personnel ou sur des forums, ou font des publications contraires à l’éthique souvent à partir de leur téléphone androïde.

«Les Smartphones interdits aux gendarmes», résume Le Jour, précisant que les hommes en tenue sont désormais, sous peine de sanctions sévères, invités à supprimer leur profil identifiant leur statut social, la création de forums de discussions étant pour sa part désormais subordonnée à une autorisation expresse de la hiérarchie.

Les gendarmes sont donc désormais interdits de réseaux sociaux, s’exclame The Guardian Post, reprenant sensiblement les termes du message porté du SED et croyant imaginer que ce rappel à l’ordre est la conséquence d’images violentes sur les opérations militaires liées à la crise anglophone.

«La gendarmerie interdite, de Facebook, Twitter, etc.», prolonge l’hebdomadaire satirique Le Popoli, au-dessus d’une énorme caricature représentant le SED s’adressant aux troupes, avec un soldat l’interpellant en ces termes : «Chef, et moi qui draguais mon épouse par ce canal, je fais comment ?»

Des interrogations, il y en a également eu la veille au tribunal militaire de Yaoundé, la capitale où, contre toute attente et selon L’œil du Sahel, le président de l’Assemblée nationale, Cavaye Yeguie Djibril s’est rétracté des poursuites contre son neveu et ex-garde du corps, Bouba Simala, accusé depuis juin 2015 de terrorisme et de tentative d’enlèvement.

En effet, rapporte le bihebdomadaire régional, contre toute attente et à l’étonnement de ses propres avocats légalement constitués, le tribunal a reçu une correspondance du supposé plaignant, affirmant n’avoir jamais porté plainte contre Bouba Simala, affirmant cependant avoir attiré l’attention de l’ administration d’origine du gendarme sur les actes graves répréhensibles qu’il a posés et qui portaient sur des faits de menace simple, d’outrage à corps constitués et de violation de consigne.

Cet acte de rétractation a provoqué la surprise et l’embarras des avocats du demandeur, témoigne Mutations alors que, pour Le Jour, Cavaye, à travers cette feinte, a tout simplement désavoué ses avocats.

Mais la publication focalise davantage sur les déchirements au sein de la famille Muna, du nom de l’un des principaux acteurs de la réunification en février 1961, Premier ministre du Cameroun anglophone de 1968 à 1972 et président de l’Assemblée nationale de 1972 à 1992, décédé le 22 janvier 2002 à l’âge de 90 ans et dont la dernière née et ancienne ministre, Ama Tutu Muna, est vent debout contre ses frères qu’elle accuse devant les tribunaux d’accaparement de l’héritage paternel.

Les biens, manifestement mal acquis et à l’origine des déchirements, analyse Repères, sont constitués d’un immense patrimoine immobilier disséminé dans plusieurs régions du Cameroun ainsi qu’à l’étranger, et qui suscite des interrogations auprès de l’opinion publique.

«Ama Tutu Muna déclenche les pleurnicheries de son frère candidat Akere Muna», moque Ouest-Échos, décrivant une crise familiale dans laquelle le dernier cité, candidat déclaré à l’élection présidentielle et avocat dans le civil, tente de susciter la pitié de l’opinion publique alors que sa campagne électorale apparaît bien poussive jusqu’à présent.

Abordant, justement, l’élection présidentielle prévue en octobre prochain, InfoMatin ouvre le feu sur «ces candidats qui bradent le Cameroun à l’étranger» : «Face à leur incapacité à constituer une coalition et conscients qu’en face ils ont affaire à plus fort, les adversaires de Paul Biya deviennent des agents occultes des chancelleries étrangères.»

Incapables de constituer une coalition, et dans la foulée de ces manœuvres obscures, le journal dénonce ces candidats à la magistrature suprême qui écument depuis des mois plusieurs chancelleries occidentales à Yaoundé, dans le but d’inciter les chefs de mission diplomatique non seulement à prendre leurs distances avec le régime camerounais, mais surtout à sensibiliser leurs propres gouvernants sur la nécessité d’isoler le président sortant ou, pire, d’aider à créer une situation de chaos au Cameroun avant le scrutin pour la magistrature suprême.

Les «puissances étrangères» sont également prises à partie par le tri-hebdomadaire Le Soir, qui les accuse de vouloir déstabiliser le pays et de chercher à placer un nouvel homme aux affaires alors que, il y a quelques années encore, Paul Biya était considéré par elles comme le bon élève de la démocratie.

A bonne distance des sujets d’ordre politique, Le Quotidien de l’Économie, sous le titre : «Faux pas du Cameroun, du Tchad et de la BAD sur le pont du Logone», n’a pas de mots assez amers à la suite du report sine die et sans explications, de la pose de la première pierre de cet ouvrage intégrateur, destiné à relier les deux pays avec les financements de la Banque africaine de développement.

Et, pendant qu’EcoMatin annonce le renouvellement, par anticipation et pour 10 ans, du contrat de concession de l’opérateur d’électricité Eneo, son confrère Entreprises&Marchés se penche sur les ports autonomes de Douala (Littoral) et Kribi (Sud), en quête de compétitivité à la suite d’une prise de conscience tardive, ayant entraîné un sous-investissement massif dans les infrastructures adjacentes, et qui aujourd’hui nuit à leur attractivité.

Concernant la 2ème place citée, le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune Kribi, qui rend compte des 100 premiers jours de sa mise en activité, révèle qu’il a accueilli, jusqu’au 18 juin 2018, 66 navires alors que son trafic va crescendo et que tous les acteurs sont satisfaits.

La même publication, sur le front de la crise anglophone, estime que le phénomène des assassinats terroristes a atteint «le seuil de l’intolérable», une désapprobation qui va au-delà des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, secouées depuis bientôt deux ans par des actes barbares, pour toucher l’ensemble de la communauté nationale.

«Pire, ces crimes et ces enlèvements qui se multiplient contre les civils et les forces de défense et de sécurité qui défendent la patrie et les idéaux de la nation, se déroulent sous l’indifférence totale de certaines organisations non gouvernementales qui ont bâti leur réputation sur le nombre de dénonciations fallacieuses de violations de droits de l’homme qu’elles attribuent aux vaillants éléments de notre armée.»

Le plus inquiétant, répond en écho The Guardian Post est que le ministre de l’Administration territoriale et fils du Nord-Ouest, Paul Atanga Nji, qu’on croyait avoir été nommé le 2 mars dernier pour prendre à bras le corps ce conflit sécessionniste, est entré dans un «état de coma» après quelques gesticulations.

Pendant ce temps, souffle Repères, la diaspora anglophone ne se contente pas de son activisme, elle soutient aussi financièrement le mouvement séparatiste à travers l’organisation de levées de fonds.

Au même moment, ajoute la publication, les adeptes de la sécession développent des sources de financements alternatives en se livrant à toutes sortes de trafics illicites, notamment la vente de divers produits contrefaits ainsi que le recours à la violence qui facilite le racket des populations et autres opérateurs économiques.

Crise anglophone, politique et diplomatie s’imposent dans les journaux camerounais

Devenue le point de mire de l’actualité, la crise sécessionniste anglophone continue de pimenter le menu des journaux camerounais parus mardi, avec un zeste de politique et d’actualité diplomatique sur les bords.Un camp de sécessionnistes vient d’être démantelé dans la région du Sud-Ouest, selon Le Jour, avec au bilan la libération de 4 otages, dont un commissaire de police et plusieurs armes et munitions récupérées.

C’est lors de cette opération, visant à dégager un axe routier sensible bloqué pendant de longues heures par les sécessionnistes, renchérit The Guardian Post, que l’armée a éliminé un membre de la république autoproclamée d’Ambazonie et blessé plusieurs autres.

Dans le Nord-Ouest voisin, le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune, citant le gouverneur Adolphe Lele Lafrique, affirme également que la situation sécuritaire est sous contrôle et les forces de sécurité en alerte permanente pour la protection des personnes et des biens.

D’une manière générale, reconnaissent toutefois les autorités, le contexte n’aide pas les gens qui se réfugient dans des contrées éloignées à participer pleinement à la résolution de la crise : les activités commerciales ont été réduites pratiquement à néant avec les appels aux «villes mortes» des sécessionnistes, le couvre-feu nocturne institué pour donner aux forces de sécurité une plus grande visibilité dans la protection des personnes et des biens, est également à blâmer pour avoir étouffé des activités commerciales.

Près de 3 ans après le début de la crise anglophone, The Guardian Post constate que le gouvernement se dit maintenant prêt pour le dialogue, mais une question cruciale taraude les esprits : avec qui ?

Et le quotidien à capitaux privés en langue anglaise de rappeler que le gouvernement a tout entrepris en vue de démanteler le Consortium de la société civile anglophone, jadis considéré comme son principal interlocuteur, et que les autres leaders d’opinion sont soit inféodés au régime, ou alors totalement inaudibles.

Sur le front politique, c’est la polémique autour du projet présidentiel de prorogation d’un an du mandat des députés et conseillers municipaux qui s’envenime, à en croire Le Messager : alors que le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC, opposition) met en garde contre un «coup d’État politique», l’ONG Un monde avenir perçoit comme «un mensonge» quant aux motivations avancées par le chef de l’État, à savoir le «chevauchement des opérations électorales relatives à ces scrutins», qui devraient précéder une élection présidentielle.

Et de soupçonner un aveu d’incapacité, de la part du président Biya, d’organiser en ce moment ces élections de proximité que sont les législatives et les municipales, dans un environnement anglophone où le système en place vacille sérieusement dans le chaudron anglophone, et également très peu sûr d’endiguer la même vague de mécontentements lors de la présidentielle.

Au plan diplomatique, il ne serait pas superflu de signaler l’hommage rendu par Cameroon Tribune à l’ambassadeur du Sénégal à Yaoundé, Vincent Badji, arrivé en fin de séjour et qui est allé faire ses adieux la veille au président de l’Assemblée nationale, Cavaye Yeguié Djibril.

Arrivé dans le pays en août 2015, rappelle la publication, le diplomate a notamment organisé la visite officielle du président Macky Sall, en novembre 2016 et, un an auparavant, le 16 novembre 2015, il était également au centre de la réunion du Comité de suivi des recommandations de la 4ème session de la grande Commission mixte Cameroun-Sénégal.

Crise anglophone et crise familiale au menu des journaux camerounais

L’escalade de la violence sécessionniste dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest anglophone revient en force dans les colonnes des journaux camerounais parus lundi, avec en prime une crise au sein de l’une des familles les plus connues du pays sur fond de guerre de succession et d’élection présidentielle.Le Jour trempe sa plume dans les profondeurs de la crise anglophone, une immersion qui part de la neutralisation, par le gouvernement, du Consortium de la société civile, au départ de la grogne et qui se posait en principal interlocuteur des autorités.

Sur le terrain de cette guerre de sécession qui va vers sa troisième année, constate le quotidien à capitaux privés, la violence a pris une nouvelle dimension dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest avec l’exécution, samedi devant une église à Batibo par des insurgés, d’un couple dont l’épouse, 42ans, et qui laisse trois orphelins âgés respectivement de 2, 6 et 24 ans.

Le crime ? Avoir osé braver le mot d’ordre d’«école morte» et de boycott du défilé 20 mai 2018 marquant la Fête nationale.

«L’armée a le monopole de la violence légitime», se défend, dans les colonnes de The Info, le chef de la division de la communication au ministère de la Défense, le colonel Didier Badjeck, pour justifier les assauts des forces de défense sur les positions tenues par les sécessionnistes «ambazoniens».

Pendant ce temps, renchérit La Météo, le chef de l’État vient d’instruire l’envoi d’une mission gouvernementale pour rencontrer les populations des régions anglophones réfugiées au Nigeria : elle ira à la rencontre des Camerounais réfugiés dans ce pays voisin afin de créer des conditions de leur retour dans leurs localités respectives.

Ce geste, souligne le bihebdomadaire, vient à point nommé au moment où les organisations de défense des droits humains estiment à ce jour à environ 50.000 Camerounais qui ont fui la guerre dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest pour aller se cacher dans la forêt ou se réfugier dans des camps de misère, de l’autre côté de la frontière.

Dans les colonnes du quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune (CT), le ministre de la Communication, Issa Tchiroma Bakary, se veut également rassurant à l’endroit de l’ensemble des populations : non seulement la situation dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-ouest reste suivie pour un retour rapide à la normale, mais en plus le président de la République, Paul Biya, vient d’instruire la mise en œuvre d’un plan national de solidarité à l’endroit des compatriotes des zones concernées.

«Biya crée enfin un plan national de solidarité pour les Anglophones», souffle The Sun en même temps que CT annonce, dans les tout prochains jours, l’envoi d’une mission gouvernementale sur le terrain afin de rencontrer des Camerounais réfugiés au Nigeria et de créer des conditions de leur retour dans leurs localités respectives.

«Déposez les armes et demandez pardon !» hurle le même ministre, à l’endroit des sécessionnistes, dans les colonnes de L’Essentiel surtout que, s’empresse d’ajouter cette publication, le président Biya «a déjà beaucoup fait» notamment en matière de dialogue, d’instauration d’un bilinguisme intégral et en concédant plusieurs privilèges à la communauté anglophone, depuis le début de la crise.

Mais tout ceci ne semble pas suffisant, renchérit The Guardian Post, qui se fait l’écho d’un appel lancé par des élites du département de la Manyu (Nord-Ouest) et dignitaires du pouvoir, qui demandent au chef de l’État la libération des personnes emprisonnées dans le cadre du projet de partition du pays, mais également une mesure d’amnistie ainsi que l’avènement d’un vrai dialogue inclusif.

«La sortie de cette crise se jouera-t-elle sur le terrain politique, avec la présidentielle à venir ?» s’interroge lourdement L’Indépendant à la lumière des dernières pressions du rapport d’Amnesty International, pointant des exactions de l’armée sur des civils et condamnant également les violences sécessionnistes.

Il n’est pas exclu, commente l’hebdomadaire, que cette sale guerre, qui s’ajoute aux tensions dans le golfe de Guinée, que la communauté internationale décide de dépêcher un médiateur au Cameroun qui pourrait être soit l’ex-secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan, soit l’ancien président sénégalais Abdou Diouf, ou alors le ci-devant chef de l’État nigérian Olusegun Obasanjo.

Un autre conflit, celui-là familial, qui passionne les journaux camerounais, c’est la guerre au sein du clan Muna, du nom du regretté président de l’Assemblée nationale Solomon Tandeng Muna, qui se déchire au moment où l’avocat Akere Muna, candidat déclaré à l’élection présidentielle, est poursuivi par sa cadette Ama Tutu Muna, par ailleurs ex-ministre des Arts et de la Culture, qu’elle accuse de faux et usage de faux dans des actes de succession.

«Akere Muna ouvre la boîte de Pandore de Ama Muna» ; «Akere Muna politise l’affaire» ; «L’équipe Ama Tutu répond à Akere», titrent respectivement The Guardian Post, Repères et Le Soir.

L’heure du déballage a donc sonné, constate la première publication citée, The Sun étant plus explicite qui, citant le par ailleurs ancien vice-président de l’ONG de lutte contre la corruption Transparency International, voit derrière la procédure judiciaire en cours la main du ministre de la Justice, garde des Sceaux et faucon du pouvoir de Yaoundé, Laurent Esso, accusé d’instrumentaliser la justice pour l’écarter de la course à la magistrature suprême.

Plutôt que de répondre aux graves accusations portées contre sa personne par sa propre sœur, Akere Muna, selon Le Soir, préfère recourir au dilatoire, le temps que passe la présidentielle et qu’il réalise son rêve de grandeur.

«L’affaire s’invite dans l’arène politique», acquiesce Repères : Akere Tabeng Muna trouve suspecte la diligence avec laquelle le tribunal de première instance de Bonanjo (Littoral) a annulé le jugement d’hérédité obtenu en 2002, et pour lui «il est clair qu’on veut l’empêcher de briguer la magistrature suprême en instrumentalisant sa sœur».