Brouille avec les USA et tensions politiques en couverture des journaux camerounais

L’annonce, la veille, de la suspension du pays de la Loi américaine sur la croissance et les opportunités de développement en Afrique (Agoa), mais aussi le retour en force des tensions politiques, constituent les principales préoccupations des journaux camerounais parus vendredi.Il fut un temps, commence The Guradian Post, où le chef de l’exécutif américain, Donald Trump et son homologue de Yaoundé, Paul Biya, donnaient au monde l’impression de partager les mêmes valeurs pour la démocratique et les libertés publiques. Mais l’échange de bons procédés est terminé, à lire les titres d’Émergence, Mutations, Le Jour et Le Messager, relayant le communiqué de l’ambassade US annonçant la suspension, dès le 1er janvier 2020, des facilités accordées au pays en matière d’exportations vers les États-Unis.

À l’origine de cette brouille, ces quotidiens à capitaux privés notent que le régime Biya est, à travers son armée, accusé de graves atteintes au droits humains, d’exécutions extrajudiciaires, de détentions arbitraires et de torture. En 2018, rappelle Le Messager, l’Agoa représentait 63 des quelque 220 millions de dollars de biens et services exportés par le pays vers le pays de l’oncle Sam.

Le poids de cette Loi est moyen pour le Cameroun, estime Le Jour, mais «il est évident que l’impact de la décision de suspension du Cameroun de l’Agoa est plus politique et symbolique qu’économique». Avant cette mesure, rappelle Mutations, les États-Unis avaient déjà réduit leur aide au Cameroun sur la base d’allégations de violations de droits de l’homme, notamment dans l’Extrême-Nord.

Il n’empêche, semble répondre en écho le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune, le pays est une terre d’opportunités en matière d’affaires avec notamment un cadre normatif incitatif et une nouvelle règlementation des changes.

Toujours est-il, rétorque Le Messager, que le ciel politique s’obscurcit de nouveau entre le pouvoir et le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC, opposition) que le système veut «broyer». Le parti, explique Le Jour, vient de voir ses trois meetings de rentrée interdits par des autorités préfectorales soupçonnées d’être à la solde du régime.

Face à ces manœuvres honteuses, le parti de Maurice Kamto dont plus de 100 dirigeants, alliés et militants viennent par ailleurs de bénéficier d’un arrêt des poursuites devant le tribunal militaire après 9 mois d’emprisonnement, affirme qu’il ne cèdera pas aux provocations du pouvoir, ni aux manœuvres d’ostracisme ou à sa criminalisation par une administration aux ordres.

La catastrophe de Bafoussam analysée par les journaux camerounais

Les lendemains du mortel glissement de terrain, survenu en début de semaine à Bafoussam (Ouest), continuent de préoccuper les journaux camerounais parus jeudi.Déjà 42 corps extraits des gravats au 2ème jour des fouilles, annonce Le Jour. Pour les survivants et leurs proches, Mutations estime que ce n’est pas seulement l’heure du deuil qui a sonné mais aussi le temps de la reconstitution d’une vie loin du lieu maudit.

The Guardian Post, qui a dépêché des équipes sur place, salue la mobilisation des secours constitués la plupart du temps par des volontaires, mais salue également la solidarité affichée du gouvernement à l’endroit des personnes affectées.

Cameroon Tribune, InfoMatin et The Post annoncent que le chef de l’État Paul Biya a décidé du déblocage d’une enveloppe de 200 millions de FCfa pour les familles sinistrées et les personnes à déplacer, soit 100 millions pour les obsèques et l’autre partie pour le recasement des victimes, les occupants du site de Gouache ayant été priés de libérer les périmètres de sécurité d’urgence. Cette cagnotte, précise La République, ira aux 50 familles endeuillées et à la relocalisation de 150 individus sur un site déjà viabilisé.

Si le président de la République sait se montrer prodigue en pareille occasion, il n’en demeure pas moins, tacle Le Messager, qu’il s’agit d’un monstre froid, celui qui préfère assister à distance plutôt que de se rendre sur le théâtre des opérations.

C’est le moment, pour Émergence, d’établir l’échelle des responsabilités dans l’éboulement mortel : entre les ministères en charge des questions d’urbanisation qui n’applique aucune norme et les mairies qui ferment les yeux lorsque les populations s’installent dans des zones réputées non constructibles.

C’était presque attendu à Bafoussam, soupire Le Financier d’Afrique, lorsqu’on sait que des milliers de familles, dans cette cité vallonnée à la pluviométrie souvent abondante, comme d’ailleurs dans bien d’autres grandes agglomérations du Cameroun, s’installent à flanc de colline au vu et au su des autorités compétentes.

La catastrophe de Bafoussam en couverture des journaux camerounais

Le tragique éboulement de terrain survenu dans la nuit de lundi à mardi dans la ville de Bafoussam, située à l’Ouest du pays, est en première ligne dans les journaux camerounais parus mercredi.Sur fond noir, synonyme de deuil et une photo du site, Le Jour, sous le titre «Bafoussam-Gouache : 37 ensevelis», dresse un bilan provisoire des victimes surprises dans leur sommeil par le torrent de boue ayant emporté leurs maisons à flanc de montagne. En textes et en images, le quotidien à capitaux privés relate grâce à ses reporters le drame en ces lieux où règne la pauvreté.

«Mardi noir à Bafoussam», sanglote Le Messager, reprenant les mêmes photos de désolation, au milieu de sapeurs-pompiers et de volontaires tentant de sauver ce qui peut encore l’être, dans une boue visqueuse sous laquelle se trouvent des dizaines d’enfants et de femmes dont certaines sont enceintes.

«Bafoussam : torrent de larmes», s’attriste Mutations là où Emergence s’écrit : «Bafoussam : l’horreur». Déjà 37 morts à Bafoussam, lance L’Œil du Sahel. Un glissement de terrain fait plus de 40 morts et des dégâts importants à Bafoussam, se désole The Guardian Post. Il y a plus de 50 morts sous les décombres, s’écrie pour sa part l’hebdomadaire satirique Le Popoli.

Selon le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune, la forte pluviométrie qui aurait impacté le sol déjà argileux, couplée à la zone à risque, expliquent en grande partie le drame du quartier Gouache. «La mairie a même apposé des croix de Saint-André sur plusieurs domiciles en expliquant qu’on ne saurait attribuer des permis de bâtir dans une telle zone. Mais cette sensibilisation n’ayant pas été suivie de répression, les populations sont restées sur le site.»

«Les unes après les autres, relate InfoMatin, les habitations, souvent en matériaux précaires et dans une zone à risques, se sont éboulées dans un sinistre engrenage.» Et d’annoncer, se fondant sur des sources gouvernementales, des mesures préventives en tenant compte non seulement du plan d’urbanisation de la ville, mais aussi du plan d’occupation des sols dans les différents arrondissements de la localité.

La concession à rebondissements du port de Douala fait les choux gras des journaux camerounais

La suspension, en fin de semaine dernière par le chef de l’État, du processus de mise en concession du très convoité terminal à conteneurs du port de Douala, la métropole économique, fleurit dans les colonnes des journaux camerounais parus mardi.Sous le titre «Terminal à conteneurs de Douala : contre-attaque à bon port», Mutations se fait l’écho de l’audience de la veille entre le président Paul Biya et l’ambassadeur de Suisse au Cameroun, Pietro Lazzeri, porteur d’un pli fermé du président de la Confédération helvétique, Ueli Maurer. Les deux hommes, indique le quotidien à capitaux privés, ont particulièrement évoqué le cas opérateur italo-suisse Terminal Investment Ltd (TIL), récemment désigné concessionnaire à titre provisoire et qui vient de voir procédure suspendue après des plaintes de l’actuel prestataire, le consortium franco-danois Bolloré-APM Terminals (Bolloré-APMT).

«C’est donc désormais sur la scène diplomatique que se jouera l’avenir du port de Douala. D’un côté, le français Bolloré surfant sur des relations privilégiées avec le pouvoir de Yaoundé. Et de l’autre, le suisse TIL, qui devrait en principe bénéficier lui aussi des bonnes grâces du président camerounais. Depuis son accession au pouvoir en 1982 en effet, Paul Biya est régulier en terres helvétiques pour ses ‘’courts séjours privés ».»

Le gouvernement va-t-il suspendre ses arrangements avec l’opérateur suisse face au lobby français ? se demande The Horizon, rappelant que la semaine dernière, le sujet était déjà au cœur de l’entretien entre Paul Biya et le ministre hexagonal de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian. À la vérité, croit savoir Expression Économique, la politique est venue dans cette affaire se glisser dans la sphère des affaires.

Le Quotidien n’est pas loin de partager cette analyse, qui voit la Suisse dans une posture de contre-attaque. En activité depuis 2005 sous la dénomination de Douala International Terminal (DIT), et venant d’obtenir une prolongation d’activités jusqu’en 2013, Bolloré-APMT, selon Sans Détour, s’est repositionné en super-favori pour garder son marché.

Selon le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune, Paul Biya et son hôte ont certes discuté du rôle des entreprises suisses, dans le cadre du terminal à conteneurs, mais plus généralement de la coopération bilatérale, de la crise sécessionniste anglophone et de la question de la double imposition, qui désormais doit être évitée aux opérateurs économiques des deux pays.

Nécrologie, politique et économique en vedette dans les journaux camerounais

La disparition, la veille de l’un des piliers du régime en guerre contre la sécession des régions anglophones, émeut les journaux camerounais parus lundi, dans un climat politique et économique qui suscite également des inquiétudes.«Ekema Patrick est mort», «Mairie de Buea : Patrick Ekema est mort», «Patrick Ekema raccroche son écharpe», «Dimanche noir à Buea, après la mort brutale de Patrick Ekema», «La nation est sous le choc, après la mort de Patrick Ekema Esunje», «Patrick Ekema : mort d’un grand patriote», «Ekema Patrick Esunje : il était une foi», «Maire Patrick Ekema : et soudain il s’en alla», «Nécrologie : qui a tué Patrick Ekema ?», Le maire Patrick Ekema décède dans des circonstances troubles», «Triste coucher de soleil à Buea, après la mort du maire Ekema» sont les titres qui fleurissent en couverture de LeGideon, Cameroon Tribune, Défis Actuels, Eden, The Guardian Post, L’Essentiel, Mutations, The Post, InfoMatin, The Star et The Advocate.

 Reconnu comme un grand patriote et le symbole de la résistance face aux sécessionnistes, le maire de Buea est décédé hier à l’âge de 46 ans des suites d’un accident vasculo-cérébral, annonce sobrement L’Essentiel. Le Cameroun vient de perdre un de ses vaillants «soldats» de la lutte contre la partition des régions anglophones, acquiesce Défis Actuels.

 La mort subite du délégué du gouvernement auprès de la communauté urbaine de Buea laisse tout le monde stupéfait, constate Aurore Plus, lui que d’aucuns qualifiaient d’artisan de la paix et de la stabilité sociale ou encore de combattant acharné des séparatistes anglophones, et qui s’était illustré par d’incessantes actions contre les «villes mortes» imposées par les sécessionnistes dans sa ville.

 «Avec lui, renchérit InfoMatin, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc, au pouvoir) perd un de ses piliers. Surtout, depuis trois ans, Patrick Ekema était ouvertement en première ligne du combat pour la sauvegarde de l’intégrité territoriale du pays. Bravant l’obscurantisme sécessionniste, il avait été plusieurs fois menacé de mort par les activistes ambazoniens.»

 Mais à qui profite cette disparition ? ose The Guardian Post pour qui le président Paul Biya de perdre un de ses bras séculiers en zone anglophone. Et son confrère Mutations de se lancer dans la trajectoire d’un «guerrier», l’une des rares élites résidant dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, à braver ouvertement les visées sécessionnistes de sa communauté.

 Le maire Ekema s’en va au moment où la «sale guerre sécessionniste», selon les termes de Le Messager, commence à peser très lourd non seulement sur le plan humain, mais également en terme de pertes économiques et financières. La guerre dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest fait perdre beaucoup de ressources à l’État, résume Défis Actuels : pour la seule année 2017, la crise a fait perdre un demi-point de croissance au Cameroun.

 Il n’est pas exclu que le sujet soit au menu des discussions qu’annonce Cameroon Tribune, entre le gouvernement et la mission du Fonds monétaire international (FMI), dans le cadre de la 5ème d’évaluation des réformes macroéconomiques du programme économique et financier. «Grand dialogue national : le FMI demande la facture à Yaoundé», titre Intégration sur le même sujet : entre autres conditions à l’entame des pourparlers, l’institution financière exige la présentation détaillée des états financiers des assises tenues du 30 septembre au 4 octobre 2019 dans la capitale, Yaoundé, avec comme point de mire la fin de la guerre sécessionniste anglophone.

 Entre l’économie et la politique, Le Messager consacre sa principale manchette au secrétaire général de la présidence de la République (SG/PR), Ferdinand Ngoh Ngoh, qui vient d’humilier Paul Biya à travers des «manœuvres souterraines», visant à évincer le groupe français Bolloré du terminal à conteneurs du Port autonome de la métropole économique, Douala (PAD).

 La suspension du processus de concession de cette place portuaire est un coup dur pour l’attractivité de l’économie nationale, tranche EcoMatin. À la vérité, M. Ngoh Ngoh est «un poison» au palais présidentiel, s’emporte à son tour Aurore Plus : Cet homme, sans doute le SG/PR le plus détesté, le plus impopulaire et le plus controversé sous l’ère Biya, s’est bâti de solides réseaux d’influence le rendant parfois plus redouté que le chef de l’État en personne. Il s’agit d’«un pouvoir sans limites, donc, dont on dit qu’il relève lui-même de personnes tout aussi influentes dans le premier cercle du président de la République.»

 «Connu pour sa proximité avec la première dame, Chantal Biya, le ministre d’État passe désormais pour être le vice-président de la République, le Premier ministre-chef du gouvernement devenant alors un illustre gadget au sein des institutions. Il semble disposer de pouvoirs et d’une immunité sans limites, qui en font monstre sans scrupules au cœur d’un système en état de décomposition avancée.»

 Il s’agit d’une sorte de vice-Dieu, répond en écho L’Indépendant, alors que The Guardian Post met en garde contre une réputation plutôt surfaite sur fond de règlement de comptes et de lynchage médiatique.

La confusion au port de Douala fait les choux gras de la presse camerounaise

La décision, prise la veille par le président Paul Biya de suspendre le processus de cession de l’exploitation du terminal à conteneurs du Port autonome de Douala (PAD) au nouvel opérateur italo-suisse Terminal Investment Ltd (TIL), retient l’attention des journaux camerounais parus vendredi.En activité dans la métropole économique depuis 2005 sous la dénomination de Douala International Terminal (DIT), fraîchement bénéficiaire d’une prolongation d’activités jusqu’en 2013, c’est le consortium franco-danois Bolloré-APM Terminals (Bolloré-APMT) que Paul Biya remet dans le jeu, constate L’Œil du Sahel.

«Port autonome de Douala : Paul Biya sauve Bolloré des eaux troubles», titre Le Messager, rappelant que l’industriel breton avait entrepris, depuis quelques mois, de dénoncer par les voies judiciaires son éviction de cette place portuaire particulièrement convoitée. C’est que Bolloré vient d’obtenir un sursis, acquiesce Mutations.

Forcé de déguerpir dès le 1er janvier 2020, l’homme d’affaires hexagonal, qui a juré de ne rien lâcher, reprend ainsi la main, analyse Le Jour, là où Émergence et Essignan voient une résurrection, établissant par ailleurs un parallèle entre ce rebondissement et la visite de travail, au Cameroun, du ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian.

Sans doute plus déchaîné que ses confrères, InfoMatin voit, derrière la valse-hésitation matérialisée par le spectaculaire rétropédalage présidentiel, les «manipulations tous azimuts» du secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh qui, de bout en bout de la procédure d’attribution du terminal à conteneurs, a régulièrement usé des «très hautes instructions du chef de l’État» pour faire pression sur le directeur général du PAD, Cyrus Ngo, lequel pourrait aujourd’hui se retrouver dans une position de «victime collatérale d’un cabinet noir sévissant au cœur de l’exécutif».

La relation ambiguë Paris-Yaoundé vue par les journaux camerounais

Les journaux camerounais parus jeudi ont mis à profit de la visite de travail du ministre français en charge de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, pour revisiter la relation ambiguë entre Paris et Yaoundé.Sourire aux lèvres et chaleureuse poignée de main, le président Paul Biya et le chef de la diplomatie hexagonale ornent la couverture de Mutations. Sous le titre «Le Drian au Cameroun : aire France», le quotidien à capitaux privés remet en surface l’intérêt de l’emprise de Paris sur Yaoundé sur fond d’expansion néocoloniale.

«Expansion : Jean-Yves Le Drian arrive avec le made in France», confirme Le Quotidien de l’Economie pour qui la reconquête des parts de marché est bien l’aiguillon de la nouvelle offensive diplomatique française au Cameroun. Pour The Guardian Post, le président français Emmanuel Macron a envoyé son ministre pour réconcilier Paul Biya avec un peuple meurtri par la pauvreté et, surtout, des crises sociopolitiques multiformes.

Préférant relever «une nouvelle dynamique», Cameroon Tribune et Le Quotidien rappellent que la visite de travail de M. Le Drian se situe dans le prolongement de l’entretien du 10 octobre dernier, à Lyon, entre le chef de l’État et son homologue français, en marge de la 6è Conférence de reconstitution des ressources du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.

Sauf qu’il y a un os, objecte InfoMatin sous le titre «Ingérence : le Drian organise un Grand dialogue-bis» : les contacts, au Cameroun, du ministre français laissent croire qu’il a été mandaté par Emmanuel Macron pour reprendre la grande palabre tenue du 30 septembre au 4 octobre à Yaoundé, en vue de trouver une issue pacifique à la crise qui depuis trois ans persiste dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.

Cet autre quotidien à capitaux privés en veut pour preuve la rencontre entre l’hôte du pays et les partis politiques représentés au Parlement avec en soubassement l’intention clairement affichée d’une pression supplémentaire, sur le pouvoir de Yaoundé, avec un accent sur le processus de décentralisation. D’où, souligne la publication, une certaine gêne, au sein de la classe politique locale où on voit mal un ministre camerounais, quel que soit son rang et ses prérogatives, convoquer pareilles tractations sur le sol français.

«S’il est certes admissible que la France puisse apporter son concours diplomatique à un pays partenaire, il est par contre choquant, voire inamical, qu’un tel degré d’immixtion se manifeste de manière aussi ostentatoire.»

La France fait plus que s’ingérer dans la sauce politicienne camerounaise, renchérit Le Messager : en dépêchant à Yaoundé son ministre, et en insistant pour qu’il soit reçu en audience par Paul Biya en personne, le gouvernement français a habilement manœuvré pour que le chef de l’État ne se rende par à Sotchi où, le même mercredi, s’ouvrait le premier sommet Russie-Afrique consacré en grande partie aux nouveaux axes de coopération entre Moscou et le Continent noir.

Politique, insécurité et faits sociaux à la une des journaux camerounais

La visite de travail du ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, suscite des commentaires divergents dans les journaux camerounais parus mercredi, lesquels s’intéressent également à l’état de santé préoccupant d’un ex-Premier ministre dans un contexte sociopolitique où règne la sinistrose.Alors que son arrivée n’a pas fait l’objet d’une publicité gouvernementale, Jean-Yves Le Drian s’affiche dans les quotidiens à capitaux privés Émergence et Le Jour, qui voient en son séjour à Yaoundé une douce pression de Paris au régime Biya, plongé dans une crise séparatiste dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, dans une guerre permanente avec son opposition et régulièrement accusé d’atteintes aux libertés publiques.

Chez Essignan, qui consacre sa principale manchette au sujet, le chef de la diplomatie française vient, surtout, demander réparation pour Michel Thierry Atangana, du nom de ce financier Franco-camerounais retenu pendant 17 ans dans les prisons camerounaises pour de sombres histoires de malversations financières sur fond de répression politique.

Nul doute, s’avance Le Jour, que le dossier sera évoqué en coulisses, tel qu’il ressort d’un courrier que le ministre français a adressé à un député de son pays, au sujet d’une réhabilitation intégrale de l’intéressé et qui doit également obtenir l’indemnisation des préjudices subis.

Un autre dont le sort inquiète InfoMatin et Le Messager, c’est l’ancien Premier ministre Ephraïm Inoni, aujourd’hui âgé de 72 ans et qui purge une peine d’emprisonnement de 20 ans pour détournement de deniers publics. Très mal en point depuis des mois, le deuxième journal cité indique que sa famille a sollicité et obtenu une autorisation spéciale d’évacuation sanitaire en Allemagne auprès du président Paul Biya, qui a abouti voici quelques jours.

Dans la région du du Sud-Ouest, dont il est originaire, The Sun se fait le relais des chefs, qui viennent de lancer un dernier appel pressant au chef de l’État en faveur de l’évacuation sanitaire du concerné. Le même hebdomadaire de langue anglaise, revisitant les conclusions du récent Grand dialogue national, destiné à ramener la paix dans une partie du pays minée par la guerre sécessionniste, entreprend de relever quelques points saillants allant au-delà de la proposition d’un statut spécial en zone anglophone.

Au-delà de cette possible avancée, plusieurs autres conclusions, issues de cette grande palabre à l’instar de la décentralisation, de l’amnistie générale et de la reconstruction devraient, si elles étaient mises en œuvre, permettre à chaque communauté de s’autogérer et de s’épanouir. Près d’un mois après ladite table ronde, renchérit l’hebdomadaire satirique Le Popoli, les choses semblent aller dans le sens inverse à en juger par le regain de violence sur le terrain.

Dans l’Adamaoua aussi, région frontalière avec le Nord-Ouest, le phénomène de prise d’otages avec demande de rançon bat son plein avec, a calculé L’œil du Sahel, 150 kidnappings enregistrés en 2018. Il faudrait sans doute, soupire le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune, qu’on passe du discours au concret dans le développement agropastoral à travers la garantie de la sécurité alimentaire, l’approvisionnement des industries en matières premières ou encore la création d’emplois ainsi qu’en ont convenu, la veille dans la métropole économique, Douala, le gouvernement et le secteur privé.

La persistance des violences sécessionnistes inquiète les journaux camerounais

Le regain de violence, dans les régions anglophones en proie à une crise sécessionniste, préoccupe les journaux camerounais parus mardi.La photo d’un officier police, l’air serein, s’affiche en grande manchette de Mutations surmontée du titre «Nord-Ouest et Sud-Ouest : la boucherie de l’après-dialogue». Il se passe, explique le quotidien à capitaux privés que cet homme, en service dans le chef-lieu de la première région citée, Bamenda, a été attaqué dimanche dernier par des miliciens séparatistes qui l’ont ensuite décapité, avant de déposer sa tête dans un grand carrefour de la ville.

Cette terreur indicible, rappelle la publication, survient au lendemain du Grand dialogue national, tenu dans la capitale Yaoundé avec pour objectif, justement, de ramener la paix en zone anglophone sous conflit séparatiste depuis 3 ans.

«Biya attend-il une sage-femme pour implémenter les recommandations du Grand dialogue ?» s’inquiète pour sa part The Guardian Post au vu des dernières atrocités signalées sur le théâtre des opérations. Pour le quotidien de langue anglaise, au rythme où vont les choses et si le chef de l’État ne prend pas des mesures concrètes d’apaisement, il est impossible d’envisager la tenue, en février prochain, des élections législatives et municipales dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest.

Plusieurs mesures allant dans le sens du retour à la paix sont en préparation sur la table du président de la République, ose Le Point Hebdo. En attendant, et selon le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune, dans le Nord-Ouest, ce sont les comités de vigilance qui, sur instructions de Paul, viennent d’être dotés d’équipements d’alerte et d’autodéfense afin de traquer les indépendantistes.

Sinistres et crise anglophone en vedette dans les journaux camerounais

APA-Yaoundé (Cameroun) De notre correspondant : Félix Cyriaque Ebolé Bola – Un vent de sinistres, sur fond de faits divers auquel se mêlent des querelles entre le pouvoir et l’opposition et la crise anglophone, souffle dans les colonnes des journaux camerounais parus lundi.Il y a trois ans, jour pour jour, une catastrophe ferroviaire faisait officiellement 79 morts dans la localité d’Eséka (Centre). A sa façon, EcoMatin a choisi de revisiter les conclusions du rapport d’enquête dudit sinistre pour constater que pas grand-chose n’a avancé, sur les chapitres aussi bien de l’audit de la concession au transporteur Cameroon Railways (Camrail, groupe Bolloré) que de la prise des sanctions à l’encontre des auteurs avérés du drame.

De même, constate la publication, la transmission du rapport à la justice reste attendue au même titre que la fameuse stèle, promise sur le site maudit en mémoire des victimes. «L’État abandonne InterCity et la stèle… 3 ans après ‘’Eséka »», renchérit Le Quotidien de l’Économie : non seulement le train voyageurs rapide qui reliait Douala et Yaoundé, les métropoles économique et politique du pays, n’est plus en service depuis lors, mais en plus le mausolée promis, pour lequel une maquette a été retenue après un concours, se fait attendre.

Sans doute plus préoccupé par le présent, le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune, suivi en cela par L’Épervier, L’Essentiel, Génération Libre, Le Soir et Réalités Plus, salue le geste de réconfort du président Paul Biya aux centaines de milliers de victimes d’inondations de l’Extrême-Nord, à travers le déblocage d’une aide d’urgence de l’ordre de 150 millions FCfa.

Il en faudrait sans doute plus que cela, rétorque L’Œil du Sahel qui évoque un bilan matériel particulièrement lourd. Pour mémoire, croit savoir L’Essentiel, pareilles pluies n’arrivent qu’une fois tous les 70 ans. Conséquence directe : depuis un mois, l’eau du fleuve Logone est encore sortie de son lit. Les populations des villages riverains ont perdu le sommeil avec deux départements, le Mayo Danay Logone et Chari, principalement touchés.

«L’arrondissement de Maga dans le Mayo Danay enregistre environ 8000 victimes réparties dans une douzaine de villages. Le bilan matériel est important. Des maisons détruites, des champs complément immergés, du bétail emporté par les eaux.»

Paul Biya, sur un autre terrain, s’affiche en grande manche de Mutations à la veille du sommet Russie-Afrique qui se tient du 22 au 24 octobre prochain à Sotchi. Un déplacement que le président camerounais, confirme Le Messager, ne devrait pas honorer, «sauf ultime changement», lui qui doit, le jour de l’ouverture dudit forum, recevoir chez lui le ministre français en charge des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian.

Il devrait honorer le rendez-vous, spécule Défis Actuels, rappelant que le 27 mars dernier il avait reçu son invitation des mains de l’ambassadeur de la Fédération de Russie au Cameroun Anatoliy Bashkine : «Au cours de l’audience qu’il lui avait accordé à cet effet, Paul Biya et le diplomate russe avaient procédé à une évaluation de la coopération entre Yaoundé et Moscou et évoqué les enjeux de ce sommet. S’exprimant devant la presse au sortir de cet entretien, l’ambassadeur russe avait déclaré que Paul Biya a répondu favorablement à l’invitation de son homologue russe, Vladimir Poutine, à prendre part à cette rencontre.»

Et voici que le gouvernement tombe à bras raccourcis sur le président du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC, opposition), Maurice Kamto, récemment, en compagnie d’une centaine d’alliés et de partisans, bénéficiaire d’un arrêt des poursuites judiciaires décidé par Paul Biya. Pour avoir, dans une interview à une radio internationale, qualifié le Grand dialogue national (GDN) de non-événement, celui qui se considère par ailleurs comme le vainqueur de l’élection présidentielle du 7 octobre 2018 est l’objet d’un tir de barrage de dignitaires du régime.

Ainsi, alors qu’Intégration voit un «duel à fleurets mouchetés», que Cameroon Tribune dénonce la «mauvaise foi» de certains acteurs politiques, au premier rang desquels ledit opposant, que Le Détective, Le Soir et Essingan y voient un recadrage en bonne et due forme, La Voix du Centre et Le Messager prennent le parti de rire de l’agitation des «lieutenants» de Paul Biya, à qui le président du MRC vient de «donner du travail» en leur offrant du grain à moudre.

«Kamto critiqué pour son ingratitude envers Biya», titre The Horizon, là où L’Indépendant voit un opposant halluciné par les appétits de pouvoir. Des recommandations du GDN, et loin de la sortie controversée de cette personnalité, la communauté anglophone, insistent The Median et The Guardian Post, attend une révolution avec l’annonce d’un statut spécial pour les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.

D’ici là, déplorent Intégration et Le Gideon, les attaques et assassinats barbares se multiplient dans ces zones en proie à la guerre sécessionniste. Les choses sont à ce point compliquées, soupirent en chœur The Horizon, The Post et The Star que le département du Lebialem (Sud-Ouest) est désormais sous la coupe d’un chef milicien dénommé Field Marshal, qui s’est autoproclamé «roi des rois» de la circonscription et reçu l’allégeance de nombreuses populations et de plusieurs notables, obligeant les dignitaires traditionnels du coin à supplier le gouvernement d’y envoyer sa force de feu en vue de déloger l’imposteur.

Economie et crises sociopolitiques en couverture des journaux camerounais

Les journaux camerounais parus jeudi décrivent un front de l’économie nationale en clair-obscur, dans un environnement sociopolitique tout aussi morose.A lire la grande manchette du quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune, il se passe comme un frémissement au plan des réformes économiques et financières. La preuve de ce retour à l’embellie, signale la publication en même temps que son confrère Mutations, c’est que le pays vient de bénéficier d’un prêt de l’ordre de 117 milliards FCfa de la Banque mondiale (BM).

Cet appui, précisent les deux publications, rentre dans le cadre de l’assainissement des finances publiques, et intervient dans le cadre du programme triennal conclu en 2017 avec le Fonds monétaire international (FMI).

Si le pays peut être crédité de la mention «passable» par les institutions de Bretton Woods, il est par contre, relativise Le Quotidien de l’Économie, parmi les mauvais élèves auprès des organismes de notation qui, entre 2018 et 2019, a enregistré plusieurs contre-performances qui obèrent son classement, aussi bien sur le plan mondial que continental.

Pour évoquer des sujets encore plus urgents, Le Quotidien et Réalités Plus signalent que plus de 100.000 personnes sont en détresse dans la région de l’Extrême-Nord, sans-abris suite aux inondations ayant provoqué la montée des eaux du fleuve Logone.

Sous le titre «Adamaoua/Crise anglophone : SOS déplacés», Mutations s’intéresse au calvaire de milliers d’autres sinistrés fuyant les combats sécessionnistes dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest et qui, tant bien que mal, essayent de se réinstaller dans la localité de Bankim. Il y a pourtant comme un retour à la vie normale en zone anglophone, rétorque Cameroon Tribune, rendant compte des initiatives d’associations féminines du cru dans ce sens.

Si cela peut temporairement permettre de soulager les souffrances de milliers de foyers, pour The Post, la solution durable demeure dans l’instauration d’un statut spécial de la zone anglophone, tel qu’annoncé par le Grand dialogue national (GDN) organisé du 30 septembre au 4 octobre dans la capitale, Yaoundé.

La preuve, s’il en était encore besoin, que rien n’est réglé est apportée par Mutations, sous le titre «Grand dialogue national : les États-Unis et l’Union européenne font la moue». Pour l’un et de l’autre, appelant par ailleurs à l’organisation de pourparlers véritablement inclusifs, la poursuite des violences dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest traduit l’échec de la récente palabre nationale.

«L’Union européenne ne vend-elle pas après le marché ?» ironise The Guardian Post, s’interrogeant sur le jeu d’équilibriste de ladite institution, qui hier encore clamait sa satisfaction à l’issue du GDN, et qui semble aujourd’hui faire machine arrière pour exiger plus d’ouverture en direction des sécessionnistes.

Les nouvelles crispations de la scène sociopolitique en couverture des journaux camerounais

Les nouvelles crispations de la scène sociopolitique nationale préoccupent les journaux camerounais parus mardi.On pensait que la normalisation était en cours, avec la tenue récente du Grand dialogue national (GDN) censé, prioritairement, mettre un terme à la crise sécessionniste anglophone. Mais voici qu’Émergence et Le Jour, relayant une déclaration du Conseil de l’Union européenne (UE), laissent croire que rien n’est réglé.

Tour à tour, l’UE dénonce en effet une restriction préoccupante de l’espace politique, réaffirme la nécessité pour l’ensemble des acteurs de respecter l’État de droit et de résoudre la crise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest de manière pacifique, «dans le cadre d’un dialogue inclusif».

Et Émergence de mettre l’emphase sur ce passage du document estimant la récente tenue du GDN qui a certes offert une première opportunité et ouvert des perspectives de sortie durable de la crise, et qui appelle à la poursuite de ce processus afin de dégager des réponses aux attentes légitimes des populations, tout en renforçant l’inclusivité de tous les acteurs concernés, tant à l’intérieur que de la diaspora, y compris les femmes, les jeunes et la société civile.

Au-delà de l’insatisfaction, mais aussi de cette exhortation à faire plus à l’endroit du gouvernement, The Guardian Post croit avoir trouvé, localement, «ceux qui ne veulent pas de la fin de la crise dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest» : des forces obscures, se recrutant dans toutes les strates de la société et que l’état de guerre arrange à divers niveaux.

Alors que la symphonie du GDN berçait encore les esprits, gratifiant le président Paul Biya d’un état de grâce inespéré et d’une nouvelle virginité politique, la chronique retiendra que le son discordant, le tout premier, a retenti dans la ville de Sangmélima, le chef-lieu du département d’origine du chef de l’État, soupire Mutations à propos des violences interethniques survenues la semaine dernière dans cette cité.

«Sangmélima nous parle. Elle s’adresse à tous les Camerounais. Il n’échappe à personne que cette éruption de violences inter ethniques survient au moment où des messages de haine et d’exclusion sont diffusés sur les réseaux sociaux et des médias classiques. La dernière élection présidentielle a servi de terreau fertile, du moins a poussé des officines et des leaders d’opinion, pour des raisons inavouées, à réveiller la bête sauvage du tribalisme.»

«Les tribalistes entrent en scène», titre Le Zénith. Alors qu’à longueur de journée, prolonge Tribune d’Afrique, les discours politiques exaltent le vivre ensemble et l’unité du pays, certains citoyens trouvent le moyen de piller les biens et de chasser d’autres citoyens, dont le seul malheur est de s’être installés dans un coin du pays.

Pour le leader du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC, opposition), Maurice Kamto, dont la tribune est amplement reprise par Émergence, Le Jour et Le Messager, qui exige par ailleurs l’ouverture d’une enquête indépendante sur l’assassinat d’un jeune autochtone, à l’origine des violences, ces tristes événements sont la preuve que les Camerounais ont perdu un certain nombre de valeurs nationales indispensables pour la bonne évolution de leur pays.

Sida et violences sociopolitiques en couverture des journaux camerounais

La participation mouvementée du président Paul Biya à la 6ème conférence de reconstitution des ressources du Fonds mondial contre le vih/sida, la tuberculose et le paludisme de Lyon, en France, mais aussi les violences communautaires au Sud du pays, sont largement commentées par les journaux camerounais parus vendredi.Le Cameroun s’est engagé à contribuer à hauteur de 3 milliards FCfa à la cagnotte du Fonds mondial, annoncent fièrement Cameroon Tribune, L’Épervier, Le Quotidien de l’Économie, L’œil du Sahel et Mutations.

En marge du sommet de Lyon, la première publication citée indique que Paul Biya a eu un long entretien avec son homologue français, Emmanuel Macron, duquel s’est dégagée une large convergence de vues sur les grandes questions camerounaises et internationales de l’heure. «Lyon d’or pour Paul Biya», titre Mutations, décrivant la joie perceptible du président de la République après ce tête à tête qui a duré 45 minutes, au lieu des 30 prévues par le protocole.

Cette euphorie, ose le quotidien à capitaux privés, est la traduction d’une victoire diplomatique après la décrispation de l’atmosphère politique locale, à travers le Grand dialogue national et l’arrêt des poursuites judiciaires contre certains acteurs politiques. «Et comment ne pas le penser, lorsqu’on sait que c’est la première fois, depuis son accession à la magistrature suprême française en 2017, qu’Emmanuel Macron manifeste de tels égards à son homologue de Yaoundé ?»

Sauf qu’au même moment, et aux alentours du lieu du sommet, temporisent Le Messager et The Guardian Post, des affrontements violents ont eu lieu entre des manifestants anti-Biya de la diaspora, qui tentaient de prendre d’assaut l’hôtel où réside le couple présidentiel venu de Yaoundé, et la police française.

Au pays également, signale le 2ème journal sus-évoqué, un quotidien à capitaux privés de langue anglaise, des incidents violents opposent, depuis quelques jours à Sangmélima, ville natale du chef de l’État, des autochtones à des allogènes à qui il est imputé l’assassinat d’un jeune de la localité. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase, relate Mutations, est l’interpellation et la garde à vue de certains autochtones ayant manifesté mercredi.

«Émeutes : Sangmélima s’est salie», soupire Le Jour, regrettant que des actes de violence et de vandalisme surviennent dans cette ville réputée pour son calme et son hospitalité. Indignée par cette recrudescence de la tension, la classe politique condamne et appelle au calme, prolonge Le Messager.

«Sangmélima : retour au calme», conclut Cameroon Tribune, affirmant que la vie a repris son cours normal dans cette cité de la région du Sud, où un dispositif spécial de sécurité a par ailleurs été déployé par les autorités pour parer à toute éventualité.

La politique en vedette dans les journaux camerounais

L’avenir des régions anglophones, au lendemain du Grand dialogue national (GDN), continue de préoccuper les journaux camerounais parus jeudi, avec tout à côté le retour en scène d’un parti de l’opposition dont le leader et plus d’une centaine de militants viennent de bénéficier d’un arrêt des poursuites judiciaires décrété par le chef de l’État.Mutations, en grande manchette, écarquille des yeux face à la feuille blanche de l’équation anglophone face au président Paul Biya, lui à qui la grande palabre d’il y a une semaine a proposé l’octroi d’un statut spécial aux régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest en proie à un conflit sécessionniste depuis trois ans. «Si vous conjuguez la mise en exergue des particularismes locaux à la demande de réduction de la présence d’une tutelle à sa plus simple expression, le risque est très grand d’aboutir à une implosion ou à la multiplication des velléités sécessionnistes», prévient l’universitaire Ahmadou Séhou.

Selon cet historien et analyste sociopolitique, pour avoir traîné à appliquer la décentralisation depuis 28 ans, le risque est grand de voir revenir la fédération sous couvert du statut spécial et la multiplication des exceptions locales. C’est que Paul Biya est face au piège du régime des statuts spéciaux, confirme Défis Actuels, des voix s’élevant désormais dans les 8 autres régions du pays pour revendiquer les mêmes privilèges.

Pourtant, soupire l’hebdomadaire à capitaux Cameroon Business Today, une décentralisation plus poussée pourrait permettre un développement accéléré du pays. Mais la preuve que tout n’est pas à jeter après le GDN, rétorque son cousin Cameroon Tribune, c’est que 10 nouveaux miliciens séparatistes, à la suite de la quinzaine s’étant présentée pendant les travaux de la capitale, Yaoundé, viennent eux aussi de déposer les armes pour se joindre au processus de paix.

Pendant ce temps, Mutations annonce le maintien, par le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC, opposition), des son «Plan national de résistance» destiné à contester la réélection de M. Biya en octobre 2018 : à peine sorti de 9 mois de prison, le président du parti, Maurice Kamto, promet l’accentuation des manifestations dans les formes et les modalités qui seront bientôt communiquées.

Pour l’opposant, l’arrêt des poursuites judiciaires ne semble pas avoir réglé la situation de tous ses camarades détenus : «Tous n’étaient pas poursuivis devant les tribunaux militaires. Certains sont poursuivis devant des tribunaux civils, où quelques-uns ont déjà été condamnés à des peines d’emprisonnement ferme. Tant que les charges retenues contre eux n’auront pas été abandonnées et que les condamnations prononcées contre les autres ne sont pas annulées, aucun d’entre nous ne sera libre et la lutte se poursuivra jusqu’à leur libération.»

Le MRC annonce la reprise du plan de résistance national, résume Émergence. «Maurice Kamto continue-t-il de se perdre ?» s’interroge pour sa part L’Épervier qui l’accuse de faire «du folklore», au lieu de se remettre au travail pour préparer les élections législatives et municipales de l’année prochain.

La politique en vedette dans les journaux camerounais

La situation du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC, opposition) après l’arrêt des poursuites judiciaires contre son leader, ses alliés et militants, est scrutée par les journaux du pays parus mercredi, avec en appendice la visite du président Paul Biya en France.La photo, qui le représente saluant la foule, sur la banquette arrière d’un véhicule juste à sa sortie, samedi dernier, de la prison centrale de la capitale, Yaoundé, est surmontée du titre «Maurice Kamto : que fera-t-il de sa liberté ?» Sous cette manchette, le quotidien à capitaux privés Mutations entreprend de scruter l’avenir politique du président du MRC, désormais entre repositionnement et durcissement après avoir passé 9 mois en prison pour manifestation publique non autorisée.

En décrétant l’arrêt des poursuites en sa faveur mais aussi de ses alliés et une centaine de cadres et militants de son parti, le président de la République a théoriquement remis la balle au centre, à cinq mois des élections législatives et municipales. Pourtant, constate la publication, en dépit de l’acte de décrispation politique, le MRC semble déterminé à maintenir la pression, notamment pour ce qui est de la liberté de manifestation des forces politiques de l’opposition et de l’adoption d’un Code électoral consensuel.

En s’auto-déclarant «président élu», un jour après l’élection de 2018, le leader du MRC entamait une longue marche dans un tunnel qui allait le conduire tout droit en prison, rappelle Repères, estimant que «le [petit] tour qu’il vient de faire en prison, au-delà de participer à mieux l’enfoncer politiquement (il n’a certes pas été condamné mais s’est soumis à la décision de celui dont il contestait la légitimité de le faire sortir), l’a affaibli».

Toujours est-il, prolongent en chœur Émergence et Le Jour, que malgré la mesure d’arrêt des poursuites décidée vendredi dernier, plus de 150 militants de son parti restent sous le coup d’un procès judiciaire alors que 82 restent derrière les barreaux.

Si la libération de M. Kamto et des siens fait le bonheur des uns, Le Messager a à l’inverse découvert un phénomène pernicieux chez d’autres Camerounais : elle a réveillé, chez plusieurs citoyens, des sentiments ethno-tribaux, des communautés sociologiques exigeant, également, les événements tendant à démontrer qu’on peu être accusé de terrorisme et bénéficier de la clémence présidentielle, la libération de leurs élites emprisonnées notamment pour des faits de détournements de deniers publics.

Une odeur de gros sous s’affiche également en couverture de Le Quotidien de l’Économie au sujet de la visite de Paul Biya en France, où il participe à un sommet du Fonds mondiale pour le sida, la tuberculose et le paludisme. Le problème, explique le journal spécialisé, c’est que le Cameroun est suspendu de cette institution pour non versement de plusieurs milliards de francs, représentant sa contrepartie au financement des programmes d’assistance, au moment où plus de 280.000 patients sont en danger de mort à travers le pays.

Depuis 2003, récapitule Repères, le Cameroun a reçu un soutien permanent global de plus de 315,3 milliards FCfa du Fonds mondial à travers 19 subventions, le financement du plan stratégique national de lutte contre le sida 2018-2022 représentant par ailleurs, à lui seul, quelque 4,1 milliards FCfa à mobiliser.

La presse camerounaise fait le bilan du Grand dialogue national

Alors que les lampions se sont éteints depuis cinq jours sur le Grand dialogue national (GDN) relatif à la crise sécessionniste anglophone, les journaux camerounais parus mardi continuent d’en revisiter les retombées tout en questionnant le contexte.Quotidien à capitaux publics, Cameroon Tribune se fait l’écho du satisfecit quasi-général qu’affiche la communauté internationale au premier rang de laquelle les Nations Unies dont le secrétaire général, Antonio Guterres, salue l’organisation par le chef de l’État de cette rencontre et pour les mesures d’apaisement prises.

La moisson des 5 jours de travaux aura en effet été abondante, confirme Expression Économique, là où son confrère Le Messager dénonce une politisation à outrance des revendications de la communauté anglophone par le régime de Yaoundé.

Que sera alors le Cameroun après le GDN ? s’interroge Mutations. Pour le quotidien à capitaux privés, le pays n’a pas d’autre choix que celui de se défaire de ses vieux démons : on a compris que la félonie et la roublardise ne peuvent pas continuer d’être les leviers d’une gouvernance. «A l’ère où tous les pays s’inscrivent au championnat coriace du développement, où il n’y a plus d’un côté des dirigeants éclairés et de l’autre des peuples niais, il ne reste plus à tous et à chacun que l’option d’une gestion rigoureuse et responsable des ressources communes.»

En réussissant à faire tenir ce forum, analyse Tribune d’Afrique, le chef de l’État Paul Biya a dérouté les caciques de son régime va-t-en-guerre, eux qui affirmaient n’avoir aucun interlocuteur valable chez les sécessionnistes anglophones, s’opposaient à leur libération mais aussi à celle des prisonniers de la crise-post-présidentielle d’octobre 2018.

M. Biya est désormais seul face à l’histoire, tacle perfidement The Guardian Post, pour qui la tête du pays détient plus que jamais les clés de la paix en zones anglophones. D’ailleurs, confirme «l’hebdomadaire du monde juridico-judiciaire» Kalara, au-delà de ces actes de façade du GDN, plusieurs réformes issues de ces assises sont attendues par les citoyens sur le terrain de la justice, un secteur gangrené par la corruption et les règlements de comptes.

Sur le front de l’économie aussi, rétorque EcoMatin, le GDN a ouvert des pistes pour la relance, les recommandations des travaux ayant entrevu l’accélération de la mise en œuvre de la décentralisation, le financement et le développement de l’agriculture, le retour des investissements et la création de pôles technologiques dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.

Il convient tout de même de ne pas crier victoire trop tôt, relativise Mutations, rapportant que 3 jours après la clôture du GDN, les sécessionnistes continuent d’imposer leur diktat dans les régions anglophones où les «villes mortes» se sont poursuivies lundi : routes désertes, commerces et marchés fermés, les populations sont restées cantonnées dans leurs domiciles.

Sentiment mitigé dans les journaux camerounais, après le Grand dialogue national

C’est un sentiment mitigé qui anime les journaux camerounais parus lundi, au lendemain du Grand dialogue national (GDN) censé ramener la paix dans les régions anglophones du pays, une perspective renforcée par l’arrêt de poursuites judiciaires contre des sécessionnistes et opposants politiques.Les titres de La Voix du Centre et de Aurore Plus, «Grand dialogue national : un coup d’épée dans l’eau» et «Grand dialogue national : le grand bluff de Paul Biya», respectivement, semblent traduire un certain malaise du public, au moment où une autre opinion croit au retour de la paix et de la cohésion nationale dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest secouées, depuis trois ans, par une violente guerre sécessionniste.

Pour le premier journal cité en effet, au-delà des nombreuses défaillances observées dans les recommandations de la grande palabre, plusieurs facteurs demeurent des pierres d’achoppement au plan de la construction d’un Etat homogène. Le chef de l’État a, soupire son confrère, une fois de plus, réussi à embrouiller la scène sociopolitique nationale en convoquant une assise populaire pour se tirer de la crise sécessionniste anglophone. Un conclave qui aura permis, une fois de plus, de se convaincre avec quelle légèreté le chef de l’État aborde les grandes questions nationales, l’essentiel pour lui étant de se maintenir aux affaires.

«Des résolutions, et quoi après ?» moque Mutations, pour qui les grandes résolutions prises n’auront aucune valeur si elles traînent pendant longtemps dans les tiroirs du président de la République.

Tout était décidé d’avance, explique, dans le colonnes de Défis Actuels qui commente par ailleurs des principales résolutions du GDN, l’avocat et homme politique Akere Muna, justifiant son départ spectaculaire du conclave par le fait qu’il avait compris que le pouvoir voulait juste des spectateurs pour accompagner sa mise en scène.

C’est le moment, pour The Guardian Post, de célébrer le Premier ministre Joseph Dion Ngute, coordinateur du GDN qu’il élève au rang de «mythe», un homme dont la maestria a permis de retourner plusieurs guerriers qui se sont repentis, mais aussi de bâtir une romance avec les milices sécessionnistes. Grâce à son tact, le chef du gouvernement a réussi à fédérer des énergies contraires pour une tenue presque sans heurts des assises, confirme Mutations.

«Les anglophones obtiennent un statut spécial», titre fièrement The Sun, ajoutant que le président Paul Biya a promis de se pencher avec attention sur cette préconisation, promettant par ailleurs au moins 3,5 milliards FCfa pour la reconstruction des régions sinistrées. Quelques minutes seulement après les travaux de la capitale, Yaoundé, le chef de l’État, confirme le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune, a réagi en assurant que les recommandations des délégués feront l’objet d’un examen attentif et diligent.

L’Essentiel, sous le titre «La clémence de Paul», émet l’espoir que le Cameroun, après ce forum, ne sera pas divisé et que les régions anglophones pourraient désormais bénéficier d’un statut spécial tenant compte de leur spécificité culturelle.

Pour Eden, par contre, cette approche consacre l’enterrement populaire du rêve fédéraliste, pour la communauté anglophone qui, à tout le moins, espérait une solution à la canadienne établissant la coexistence de deux entités linguistiques dans un même pays. La question d’un statut spécial pour le Nord-Ouest et le Sud-Ouest divise l’opinion, constate The Median.

«La création préconisée d’un statut spécial, pour certaines régions et pour éviter le retour au fédéralisme, constitue une fuite en avant et enterre, du même coup, la notion de gouvernance uniforme de l’ensemble du territoire national. Elle ouvre également, ailleurs, la voie à d’autres tentations potentielles de surenchères sociopolitiques diverses», confirme Aurore Plus.

Pour le bihebdomadaire, les activistes sécessionnistes n’ont certes jamais exigé de statut administratif particulier pour leur aire culturelle mais, pour le régime de Yaoundé, qui tient à sortir tête haute d’un conflit alambiqué, il est question de créer intrinsèquement des Camerounais différents des autres Camerounais, avec un risque bien réel de tensions permanentes entre citoyens d’un même pays.

Tant qu’on y est, renchérit L’œil du Sahel, la région de l’Extrême-Nord devrait également accéder à un statut spécial, avec à la clé des mesures présidentielles de grâce pour certaines de ses élites aujourd’hui en prison pour des crimes économiques. C’est d’une amnistie générale qu’il s’agit désormais, prolonge L’Anecdote qui, dans le droit fil des mesures d’apaisement, plaide également pour la remise en liberté de plusieurs figures de la scène sociopolitique, condamnés ou encore en détention préventive pour détournement de deniers publics, en même temps que les victimes de la crise anglophone attendent la réparation des actes criminels dont ils ont été victimes depuis trois ans.

Toujours est-il que, prenant le peuple à témoin, Paul Biya vient de pardonner en remettant en liberté des centaines de prisonniers, une réponse de ceux qui ont défié l’État étant désormais attendue. Selon Le Messager, la série d’arrêt de poursuites dont viennent de bénéficier plusieurs combattants sécessionnistes et membres du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC, opposition) procèderait, en réalité, des conséquences de pressions internationales.

Pour The Guardian Post et The Sun, citant les propos du leader du leader de ladite formation, Maurice Kamto, la prison n’a en rien émoussé la lutte pour le changement, le combat ne faisant en réalité que commencer. Paul Biya a libéré ses propres prisonniers, fait observer Le Jour alors que, pour La Voix du Centre, «Paul Biya libère ses otages», les deux publications ne semblant accorder aucun mérite aux actes de magnanimité présidentiels.

Ces libérations en série cachent d’âpres négociations et compromis entre les parties, croit savoir The Median. Pour Repères en tout cas, en remettant en liberté les figures de proue du MRC ainsi que certains prisonniers arrêtés pour des délits commis en zone anglophone, le chef de l’État prouve à l’Histoire qu’en matière de quête de la paix, il est prêt à tout, même là où on l’attend le moins.

«Tout est pardonné», note aussi L’Essentiel : «Comme Titus, Paul Biya aura donc renoncé à être sévère. Il aura décidé de pardonner à tous. De tout pardonner et d’enfiler le manteau d’humble mendiant de la paix. Si demain les enfants ne retournent pas à l’école dans le Nord-ouest et le Sud-ouest, si les marchés ne s’ouvrent pas à nouveau, si les hôpitaux n’accueillent pas les malades et que la situation ne revient pas à la normale, il apparaîtra que le problème ce n’est pas Paul Biya, mais ceux qui ont décidé de vendre le Cameroun en sacrifiant celui que les Camerounais ont démocratiquement élu il y a quelques mois.»

«En démocratie, philosophe Le Jour, Dieu c’est le peuple et sa majorité. Ce n’est pas un homme, fut-il président de la République, qui s’arcboute sur des positions d’orgueil et regarde son peuple périr dans le sang. Il est grand temps de réhabiliter la fonction discursive de la démocratie pour exorciser les démons de la guerre. Seul un dialogue inclusif et sans tabous peut aujourd’hui dessiner l’horizon de la paix.»

La presse camerounaise retient son souffle avant la fin du Grand dialogue national

Les journaux camerounais parus jeudi entreprennent de sonder les oracles, à la vielle de la fin du Grand dialogue national, destiné à trouver une sortie de crise pacifique au conflit sécessionniste anglophone.Le dernier virage, avant la fin demain vendredi du forum est amorcé avec, ainsi que le rappelle le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune, le dépôt attendu en fin de journée des rapports produits par les commissions. Ils sont «huit pour refaire le Cameroun», appuie Mutations : pour ces assises cruciales, huit commissions ont été constituées pour réfléchir non seulement sur les voies et moyens d’une sortie de crise dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, mais aussi pour penser les solutions à la crise de la gouvernance dans laquelle est plongé le Cameroun dans sa globalité depuis plusieurs décennies.

Pour la publication, quelle que soit l’issue de ces travaux, huit personnalités, dont elle dresse le portrait, en endosseront les résolutions. Le destin des anglophones est sur leurs épaules, appuie The Post qui a entrepris le même exercice.

La forme de l’État est la racine du mal que vivent les ressortissants du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, traduit Le Messager, pour qui le fédéralisme s’avère comme le chaînon incontournable des liens de paix entre les communautés anglophone et francophone.

Pendant ce temps, Émergence s’emploie à démontrer «les signes d’un échec programmé» : le verrouillage des commissions par le pouvoir, le refus d’ouvrir le débat sur les questions qui fâchent et une fâcheuse impression d’instrumentalisation. L’absence des leaders séparatistes et des représentants des groupes armés, le refus de discuter des sujets comme le fédéralisme, laissent dubitatifs sur l’issue du dialogue.

On ne devrait rien attendre de cette «grande farce», selon les mots de Aurore Plus qui se déchaîne : en convoquant son Grand dialogue national, censé ramener la paix de façon «inclusive» dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, le président Paul Biya s’est également arrangé à verrouiller le jeu, les éclats de voix et les claquements de porte, en provenance de la salle des travaux, où par ailleurs les médias accrédités sont marqués à la culotte, démontrent à suffisance le degré de la bouffonnerie organisée par le pouvoir.

«Il s’agit d’une forme d’ouverture fermée», insiste le bihebdomadaire qui, calculette en main, constate que sur 111 membres des groupes de travail, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc, au pouvoir) compte pas moins de 86 délégués ouvertement connus, occupe 5 postes de président, 25 de vice-président, 28 de rapporteur pendant que 28 font office de personnes ressources.

Cameroon Tribune, Le Quotidien, The Guardian Post et News Watch se focalisent davantage sur la reddition, la veille, de cinq chefs miliciens ayant choisi, ainsi que l’indique InfoMatin, de quitter le maquis pour rejoindre la table des négociations. Pour l’hebdomadaire Diapason, c’est un «jackpot» pour le régime de Yaoundé, mais également «un signe appréciable vers la résolution du conflit», la grande équation restant toutefois leur réinsertion sociale et surtout psychologique.

En dépit de leur renoncement à la guerre, le porte-parole des repentis, cité par The Guardian Post, émet toutefois cette mise en garde, rejoignant ainsi la position de Le Messager citée plus haut : la crise dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest s’aggravera si les résolutions du Grand dialogue ne préconisent pas l’instauration d’un Etat fédéral au Cameroun.

Les journaux camerounais font le procès du Grand dialogue national

Les couacs du Grand dialogue national, appelé à trouver une solution à la crise sécessionniste anglophone, font les choux gras des journaux camerounais de ce mercredi.Deux jours après l’ouverture du forum de la capitale, Yaoundé, les premiers incidents se signalent au Palais des congrès avec plusieurs personnalités de premier plan ayant quitté les lieux avec fracas, rapporte Le Jour. «Ils ont claqué la porte à Dion Ngute», renchérit Le Messager, autre quotidien à capitaux privés : ulcérés par la démarche partisane de la conduite des travaux placés sous l’égide du Premier ministre, quatre leaders de l’opposition ont quitté le navire.

Frasques et débordements d’amertume font tanguer le bateau du dialogue national, regrette The Guardian Post qui fait le tour des réactions plutôt mitigées des participants. Ici, c’est le leader de l’opposition parlementaire, Ni Fru Ndi, qui pense que le forum en cours ne résoudra pas la crise anglophone ; là, c’est l’avocat et activiste des droits humains Agbor Balla, un dialogue national qui ne se penche pas sur la forme de l’État n’a pas de sens.

Roi de l’influente tribu des Bamoun et ponte du régime, Ibrahim Mbombo Njoya demande la libération des personnes arrêtées, emprisonnées en raison de crises sociopolitiques, tout comme il préconise la limitation des mandats à la tête de l’État, l’instauration du quinquennat à la magistrature suprême ainsi qu’une élection présidentielle à deux tours. «Respect !» s’écrie Ouest-Échos à propos de la sortie fracassante de ce non moins sénateur : jamais, cette vénérable autorité traditionnelle n’aura autant été en phase avec un peuple camerounais qui rêve d’alternance.

Cela ne veut pour autant pas dire que le train de l’Histoire va s’arrêter, rétorque Le Soir. La preuve qu’on avance est d’ailleurs apportée par le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune, qui consacre un dossier spécial sur les travaux en commission «dans une atmosphère de grande ouverture d’esprit, de franchise et de convivialité».

Et Essingan, grincheux, de constater que les Anglophones ont fini par faire main basse sur la grande palabre, eux qui tiennent les principaux postes au sein des huit commissions de travail.

Il a fallu du temps pour faire asseoir les protagonistes autour d’une table et rétablir le contact, nouer le dialogue afin de repartir sur de nouvelles bases, analyse néanmoins Signatures qui revient d’une hibernation de quelques mois. Et d’évoquer une séance d’exorcisme ne consistant pas seulement à se regarder dans les yeux, mais vers la même direction non pas en se rejetant les fautes, mais en confessant ses propres péchés.

«Il faut en effet, acquiesce Mutations, éviter, premièrement, que le dialogue ne soit confisqué par des réseaux d’intérêts, le plus souvent à l’origine de la crise, de son aggravation, ou ayant simplement intérêt à son enlisement, deuxièmement, qu’il ne soit galvaudé dans sa philosophie et sa finalité et dénaturé dans sa conduite, pour servir des intérêts politiques individuels, partisans et à court terme.»

L’ouverture du Grand dialogue national en vitrine dans les journaux camerounais

L’ouverture, la veille dans la capitale, Yaoundé, du Grand dialogue national convoqué par le président Paul Biya pour sortir de la crise sécessionniste anglophone, meuble les manchettes des journaux camerounais parus mardi.Voici donc le Cameroun face à son destin, débute l’hebdomadaire Expression économique sur le retour au sujet d’un forum qui charrie tous les espoirs et dont l’inauguration a connu la présence remarquée d’ex-combattants séparatistes, preuve d’une adhésion certaine de la majorité des Camerounais et d’un début de solution.

Le ton est donné, renchérit le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune, notant également la prise de parole de repentis, décrivant une cérémonie d’ouverture fort courue et signalant qu’avec la composition des commissions, les travaux entrent dans le vif du sujet.

Sous le titre «Le message d’espoir de Dion Ngute, Mutations note qu’à l’ouverture du Grand dialogue national, le Premier ministre a sagement évité de remuer les plaies causées par les atrocités de ces trois dernières années dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.

Un jour après le lancement de ce qu’il conviendra d’appeler «le dialogue Dion Ngute», il y a une grosse attente qui flotte dans l’air en même temps qu’une sorte d’indifférence qui divise les Camerounais en deux catégories : les ex-combattants ont fait une sorte de mise en bouche du débat, fustigeant la marginalisation dont la partie anglophone du pays est victime et appelant ceux qui sont encore en brousse à regagner la cité ; les autres, les sceptiques invétérés et intraitables, n’y voient qu’une manœuvre de plus du système pour jeter la poudre aux yeux des Camerounais, magnifier une fois de plus les pontes et brûler des milliards de francs.

Il reste toutefois que, selon The Guardian Post qui rend également compte du repentir d’un groupe d’ex-miliciens à la tribune, les invités du Premier ministre sont optimistes quant à l’aboutissement heureux du Grand dialogue national.

Inévitablement, et au grand dam des organisateurs, la décentralisation et le fédéraliste, en somme la forme de l’État, se sont invités aux débats, note Le Jour. Cette entorse à l’agenda, précise Mutations, est portée par Ibrahim Mbombo Njoya, le vénérable roi des Bamoun et dignitaire du régime qui, alors qu’il énumérait des solutions pour la résolution de la crise anglophone, a axé son discours sur l’alternance en s’attardant sur la nécessité de revoir les modalités d’accès à la magistrature suprême.

«Le sultan Mbombo Njoya demande à Paul Biya de quitter le pouvoir», résume Émergence. «Mbombo Njoya embarrasse le régime», appuie Le Messager, expliquant que la sortie de l’autorité traditionnelle n’a pas été du goût du Premier ministre, modérateur de la grande palabre. «Le sultan sort sa tête de vipère», ironise l’hebdomadaire satirique Le Popoli avec une caricature fort expressive du président Biya également déçu par les propositions indécentes d’un de ses intimes.

Le Grand dialogue national fait les choux gras des journaux camerounais

L’ouverture, en milieu de matinée du Grand dialogue national, organisé aux fins de trouver une issue pacifique à la crise sécessionniste dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, s’affiche en gros plan dans les journaux camerounais parus lundi.« Nous voici donc dans le vif du sujet », s’exclame le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune qui parle de «l’aboutissement d’une longue attente» : «Longtemps réclamé par nombre d’acteurs du champ politique national, et même au-delà de nos frontières, le forum qui s’ouvre aujourd’hui offre donc une opportunité historique aux fils et aux filles de notre pays aux fins de prendre langue entre eux, les yeux dans les yeux sans immixtion extérieure.»

Il s’agit aussi d’une grande opportunité pour sauver l’économie nationale, prolonge EcoMatin, revisitant les ravages de la guerre sécessionniste depuis fin 2016 dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. C’est le moment de vérité, confirme The Star : «Peu importent les antécédents, les délégués à ce conclave doivent s’exprimer sans crainte. Les Anglophones s’en tireraient mieux si le gouvernement écoutait le cri d’angoisse de la population et résolvait son problème en utilisant une approche holistique pour des raisons de conformité. Le Cameroun doit prouver à la communauté internationale qu’il peut résoudre ses problèmes internes sans la médiation d’une tierce partie en répondant aux attentes de la population.»

Intégration évoque pourtant le «Grand dialogue de sourds à Yaoundé» et s’interroge : comment sortir de la grave crise politico-sécuritaire qui secoue le pays depuis trois ans ? Pour l’hebdomadaire, le gouvernement manœuvre à fond en insistant sur la décentralisation, alors que les populations de la partie anglophone exigent au minimum le fédéralisme, tout en explorant l’option de la sécession.

C’est l’ultime chance de sauver la paix, répond en écho Diapason, notant que ces assises bénéficient de l’onction des communautés nationale et internationale, mais s’inquiétant de l’absence dans l’agenda de certains thèmes fédérateurs ainsi que d’acteurs de premier plan de la crise, toute chose qui «laisse planer quant à une issue harmonieuse».

Les 8 thématiques à débattre en commission ne cernent pas tous les contours de la crise anglophone, acquiesce Le Financier d’Afrique. Le Grand dialogue national réussira-t-il à corriger les torts commis contre la communauté anglophone ? The Guardian Post semble également en douter.

C’est que le Premier ministre, Joseph Dion Ngute, désigné comme modérateur des assises, est entre le diable et la mer d’un bleu écarlate, soupire The Sun. «Biya accorde un pénalty aux Anglophones», titre The Median, se demandant toutefois si, avec toutes les concessions que le chef de l’État a accordées pour leur montrer ses bonnes dispositions à tourner la page, ils réussiront à marquer le but ultime.

«Dialoguons donc !», lance L’Anecdote, notant que la forme de l’État, qui a longtemps divisé, devrait être le sujet le mieux à même de réduire les clivages économiques entre les régions, et surtout de donner le sentiment aux deux grandes entités linguistiques nationales de se sentir impliquées dans la gestion des affaires de la République.

Ça passe ou ça casse, renchérit son confrère Repères pour qui il s’agit d’un tournant historique. Pourtant, à en croire Le Messager, la grand-messe qui s’ouvre ce jour s’apparente à un monologue, les leaders sécessionnistes étant absents de la table des négociations alors que la presse privée la plus critique contre le gouvernement, elle, en a été écartée sans ménagement.

Les absents auront tort, appuie La Nouvelle, pour qui ceux qui pratiquent la politique de la chaise vide perdent la meilleure occasion de se faire entendre. Pour le gouvernement, analyse Le Jour, il s’agit tout d’abord de sortir tête haute d’un conflit qui le prend à la gorge depuis 3 ans.

Il faudra se parler «sans mots fuyants», soupire Mutations, rappelant l’espérance nourrie par la majorité silencieuse, et qui doit tenir à cœur tous les participants à cette grande palabre : «Il sera donc important, voire impérieux, de débattre sans a priori, ni tabou, sans flagornerie, ni acrimonie, avec sincérité et franc-parler, avec flexibilité et esprit de fair-play. Les résolutions de ce raout républicain sont particulièrement attendues, mais c’est surtout l’après-dialogue qui est scruté. Il est régulièrement fait reproche au pouvoir de Yaoundé de jouer de ruse pour se tirer d’affaire et poursuivre, plus tard, de manière décomplexée, dans la gouvernance qui a secrété la pétarade.»

«Let’s open our hearts/Ouvrons nos cœurs», supplie L’essentiel, regrettant qu’en cette l’heure cruciale, le pays exhibe son être de dissensions et de profonds éclatements qui font déjà tant jaser. «Pour une importante frange de l’opinion, ce grand rendez-vous de tous les espoirs s’apparente d’ores et déjà, pour le désespoir de beaucoup, à un congrès élargi du Rdpc (Rassemblement démocratique du peuple camerounais, au pouvoir) ; d’autres, plus désabusés, pointent du doigt le profil des participants des différentes tendances, pour dénoncer ce qui ressemble inexorablement à un grand monologue des mêmes, les privilégiés, la minorité suspecte à qui l’on impute déjà les torts antérieurs.»

Le congrès du Rdpc s’ouvre au Palais des congrès, ironise La Voix du Centre, constatant qu’en lieu et place d’un dialogue inclusif, les pontes du régime ont choisi d’organiser une rencontre majoritairement constituée des militants de leur formation. Pour Le Soir, il s’agit effectivement d’un «putsch de la légion Rdpc». Et de se demander de quelle moralité, de quelle légitimité et de quelle crédibilité jouissent ces caciques omnipotents.

Et du coup, confirme L’Avenir, ce grand dialogue se transforme en une conférence nationale du parti au pouvoir, l’initiative du chef de l’État, à travers cette grande palabre, visant manifestement à se relégitimer politiquement en donnant des gages à une communauté internationale dont il est dépendant, et qui n’a cessé de demander la convocation d’une grande table ronde.

Chirac et le Grand dialogue national en vedette dans les journaux camerounais

Les journaux camerounais parus vendredi rendent hommage à l’ex-chef d’État français Jacques Chirac, décédé la veille, et plantent le décor du Grand dialogue national sur la crise sécessionniste anglophone, qui s’ouvre lundi dans la capitale, Yaoundé.L’ancien président français, Jacques Chirac, est mort hier à l’âge de 86 ans, annonce The Post avec un portrait du disparu du temps de sa splendeur. «L’ami de l’Afrique n’est plus», soupire Le Messager, décrivant un être communicatif, un colérique quand il le fallait mais aussi un dirigeant qui savait prendre ses distances avec des régimes africains «qui pratiquent la fraude électorale, la confiscation des ressources, l’emprisonnement et parfois même l’élimination physique» des opposants.

C’était un grand ami du Cameroun, renchérit le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune, s’attelant à rappeler le parcours politique d’un leader ayant fait ses humanités en 1960 sous le général De Gaulle jusqu’à se hisser, en 1995, à la tête de son pays.

Mais The Post consacre sa grande manchette au «mélodrame du Grand dialogue national» : entre un Premier ministre qui assure que 70% des délégués seront anglophones, des caciques se préparant à parasiter les assises pour jouer les premiers rôles, au moment où les dirigeants séparatistes de la diaspora indiquent qu’ils ne participeront qu’à une table ronde organisée hors du Cameroun.

Localement, poursuit la publication, la majorité de l’élite des zones sous conflit, qui ne fait pas confiance à la modération confiée au Premier ministre, Joseph Dion Ngute, souhaite plutôt une médiation plus neutre des Nations Unies, de la Grande-Bretagne et la France. Dans le même temps, des défenseurs des droits de l’homme insistent pour que le Grand dialogue aborde la forme de l’État, la coalition de la société civile exigeant pour sa part la création d’une Commission «vérité et réconciliation».

Dans cette ambiance de fébrilité, les leaders de la république autoproclamée d’Ambazonie de l’extérieur vont-ils accepter la main tendue du pouvoir de Yaoundé ? s’interroge The Guardian Post. Selon un diplomate américain, cité par ce quotidien à capitaux privés de langue anglaise, les séparatistes, en optant pour la politique de la chaise vide, perdront indubitablement la sympathie de la communauté internationale qui les considérerait, désormais, comme des va-t-en guerre.

Pendant ce temps, prolonge son confrère Cameroon Tribune, le Grand dialogue national vient de recevoir un soutien de poids à travers la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) dont le président de la Commission, Daniel Ona Ondo, reçu la veille par le président Paul Biya, a apporté son onction à la palabre nationale.

Reste que, tacle Mutations, à lire les intitulés des groupes de travail mis en place, il y a comme une confirmation de l’option du pouvoir de concentrer les débats sur la seule crise dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, comme si la paix était déjà acquise et les armes rangées.

Il ne s’agit pas de faire de l’esbroufe ou de l’esprit mal placé à des fins égoïstes, répond en écho, dans les colonnes d’InfoMatin, le secrétaire général adjoint du comité central du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc, au pouvoir), Grégoire Owona. Pour lui, il s’agit bel et bien de résoudre, dans une approche inclusive, un problème majeur que rencontre la nation : celui de la paix dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest en vue du bien-être intégral de toutes ses filles et de tous ses fils.

«Nous voulons cette paix et, si les armes ne se taisent pas volontairement après cette offre, il faudra bien les faire taire avec le concours de tous les Camerounais épris de paix et viscéralement attachés à leur beau pays.»

Sous le titre «La dictature des pyromanes du Rdpc», Le Messager s’en prend, justement, aux dignitaires du régime dont fait partie Grégoire Owona, les mêmes qui dès le début du conflit, en fin 2016, avaient nié le problème anglophone et qui aujourd’hui prennent en otage les listes régionales des délégués au Grand dialogue, tout en entrebâillant la porte des négociations.

Économie, Grand dialogue national et football en couverture des journaux camerounais

La surchauffe sur les prix des produits de première nécessité, la montée de fièvre avant le Grand dialogue national et l’échauffement de la sélection de football seniors, s’affichent en bonne place dans les journaux camerounais parus jeudi.C’est donc le branle-bas de combat au ministère du Commerce où, selon la grande manchette de Le Quotidien de l’Économie, la flambée des prix des produits de grande consommation, sur fond de surenchère de commerçants véreux, préoccupe. Pour enrayer le phénomène et assainir les marchés, les pouvoirs publics viennent de créer un «numéro vert» à l’intention des consommateurs.

Le «1502», complète InfoMatin, vise non seulement à lutter contre la hausse fantaisiste des prix et les pénuries artificielles, mais également à protéger le consommateur et à le rapprocher de l’administration de manière à l’inciter à faire des suggestions, à dénoncer les abus dont il est victime et les activités commerciales suspectes dont il pourra être témoin.

La flambée des prix de confirme d’ailleurs, répond en écho Le Jour à propos de la situation dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, où les populations sont depuis trois ans victimes d’une situation d’insécurité permanente du fait de la guerre séparatiste.

Pointés du doigt au premier chef, les meneurs sécessionnistes de la diaspora qui, selon The Guardian Post, ont ruiné l’économie des zones anglophones : le secteur de la microfinance a perdu plus de 300 milliards FCfa, les biens détruits représentent plus de 2,1 milliards FCfa, des milliers d’emplois ont été perdus dans le secteur agro-industriel et plus de 8000 personnes risquent, dans les prochains jours, de se retrouver sans emploi.

C’est pour cela, justement, acquiesce Le Détective que le Grand dialogue national, qui s’ouvre lundi prochain dans la capitale, Yaoundé, vient à point nommé. Un rendez-vous crucial, insiste l’hebdomadaire, pour lequel les propositions de sortie de la crise pleuvent depuis deux semaines dans le cabinet du Premier ministre, Joseph Dion Ngute.

Les contours de la grande palabre se précisent, renchérit le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune : prévus du 30 septembre au 4 octobre, les travaux, auxquels prendront part près de 500 délégués, se dérouleront en plénières et au sein de 8 commissions.

Sauf que, objecte L’Anecdote, dans le bal des consultations engagées jusqu’ici par le Premier ministre, apparaît clairement une sous-représentativité des couches sociales défavorisées du pays. Il convient même de se méfier de certains délégués séparatistes conviés à la table des négociations, prolonge Aurore Plus sous le titre « »Ils » préparent une mauvaise surprise à Paul Biya» : les volte-face des radicaux, ces derniers jours, cachent une manœuvre devant conduire au clash.

En donnant l’impression d’avoir mis de l’eau dans leur vin, les fondamentalistes de tout poil, connus pour être des opposants viscéraux au régime, comptent user de la provocation afin de créer une cacophonie, qu’ils espèrent incontrôlable en séance solennelle d’ouverture afin d’installer une situation de chaos, quitte à conduire une réaction répressive du pouvoir en espérant, ainsi, créer une onde de choc qui se propagerait non seulement à travers le Cameroun, mais aussi suscitera de vives réactions à travers le monde.

À quatre jours de l’ouverture des travaux, l’absence de communication sur les milices séparatistes ayant donné un accord de principe en faveur du dialogue, dans un contexte où le mot d’ordre de guerre, a été renouvelé par les leaders anglophone de la diaspora réunis au sein de l’Ambazonia Coalition Team (ACT) – l’aile politique de la sécession –, crée la confusion, appuie Mutations.

Le même quotidien à capitaux privés relaie la convocation, en vue de la rencontre amicale du 12 octobre à Radès contre la Tunisie, de 25 joueurs de la sélection de football. C’est la première liste du nouvel entraîneur portugais Antonio Conceiçao, note Cameroon Tribune.

Globalement, analyse Le Jour, ce sont les mêmes têtes, bien connues du public, qui reviennent. Et la publication de mentionner, dans la liste, la convocation d’un athlète blessé (Tristan Dingomé, Reims-France) ainsi que le retour de quelques cadors.

Les écueils au Grand dialogue national en vitrine dans les journaux camerounais

Avant même d’avoir débuté, le Grand dialogue national, prévu du 30 septembre au 4 octobre sur la crise sécessionniste anglophone, pose déjà des écueils que relèvent les journaux camerounais parus mercredi.C’est ainsi qu’InfoMatin, sous le titre «Grand dialogue national : le vrai-faux pardon du général de la BAS à Paul Biya», révèle que le «général El Chenou», présenté comme le leader de la fameuse «Brigade anti-sardinards», constituée d’opposants de la diaspora farouches au régime de Yaoundé et accusée de saccages, en janvier dernier, des ambassades du Cameroun à Berne et Paris, après moult tergiversations, a s’est excusé des outrages au chef de l’État et décidé à participer à cette grande palabre.

Sauf que, s’empresse d’ajouter le quotidien à capitaux privés, il s’agit en réalité de la première étape d’une savante entourloupe de la nébuleuse nommée, qui aurait ainsi opté de venir perturber les travaux en salle, créer des incidents et semer le chaos. «Mais, pour y arriver, il faut préalablement être convié. C’est donc la recherche d’un carton d’invitation, et aussi la promesse d’impunité – que cela confère, de facto – qui expliquerait l’attitude subitement docile du général de la BAS.»

Comme pour confirmer cette capacité de nuisance toujours intacte, Le Messager explique, fort à propos, pourquoi Paul Biya a préféré pointer aux abonnés absents à l’Assemblée générale des Nations Unies, qui se tient actuellement à New York : les menaces de perturbation de son séjour aux États-Unis par la BAS, dont le premier acte s’est déroulé le 29 juin à l’hôtel Intercontinental de Genève (Suisse) où le couple présidentiel camerounais fut mouvementé, les activistes ayant juré de ne plus jamais leur donner le moindre répit à l’extérieur.

Et il trône en couverture de Le Jour, le «général El Chenou», pour expliquer le revirement de son organisation, s’excuser d’avoir organisé les casses contre les ambassades de son pays, évoquer l’impérieuse nécessité d’un retour à la paix et la réconciliation.

Il y a comme un «avis d’éclipse sur la crise anglophone», soupire Mutations, constatant qu’inscrite comme sujet principal des pourparlers qui s’ouvrent lundi, la question du Nord-Ouest et du Sud-Ouest risque d’être diluée dans le tout-venant de revendications déversées par les autres composantes sociopolitiques et culturelles du Cameroun.

«Nous faisons une première observation à laquelle nous nous étions attendus : les membres du Rdpc (Rassemblement démocratique du peuple camerounais, au pouvoir), qui ont nié l’existence d’un problème anglophone, qui n’ont jamais encouragé le dialogue, qui ont dit que c’est la violence qui doit primer, sont aujourd’hui des convertis», déplore, dans les colonnes de ce journal, le journaliste Élie Smith, par ailleurs coordonnateur de la Conférence générale anglophone que des leaders religieux projettent d’organiser depuis une année.

Autre activiste de la question anglophone, l’avocat Felix Agbor Balla Nkongho, arrêté, traduit devant le tribunal militaire pour hostilité contre le gouvernement, sécession, guerre civile, propagation de fausses informations, résistance collective et incitation à prendre les armes et dont les charges et les poursuites furent abandonnées sur décision du chef de l’État, s’exprime dans les colonnes du quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune.

Reçu la veille en consultation par le Premier ministre Joseph Dion Ngute, il affirme avoir reçu l’assurance que la communauté anglophone aura au moins 200 délégués, sur les 300 attendus au Grand dialogue national, avec «la garantie qu’ils ne seront pas arrêtés et incarcérés».

La politique tient le haut de l’affiche dans les journaux camerounais

Les tractations, préalables au Grand dialogue national sur la crise anglophone, tiennent le haut de l’affiche dans les journaux camerounais parus mardi.Après les partis politiques, les milieux d’affaires et la société civile, c’est au tour de ce que le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune qualifie de «pays profond», à travers les dignitaires traditionnels, de présenter ses propositions au chef du gouvernement Joseph Dion Ngute.

«Grand dialogue national : les consultations à problèmes de Dion Ngute», titre Tribune d’Afrique : parmi les personnalités et organes ayant déjà été reçus à l’Immeuble étoile, nombreux sont celles qui n’existent que sur le papier, n’ont aucune proposition concrète, sont hors sujet et, surtout, ne sont intéressés que par les épaisses enveloppes de CFA, sous forme d’achat des consciences, qui leurs sont remises à la fin de l’audience au nom de l’«élégance républicaine».

En matière de représentation, Dion Ngute est également dans le piège de l’élite, soupire Mutations : pour les consultations préalables au Grand dialogue national, le Premier ministre se laisse déborder par les barons du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc, au pouvoir), qui n’ont que faire de la recherche de la diversité voulue par le président de la République.

«Pour beaucoup en tout cas, la composition des représentants des régions en particulier, lors des consultations en cours, est prémonitoire de la coloration du casting et des conclusions du Grand dialogue national qui s’ouvre le 30 septembre prochain.»

À Paris, où Yaoundé a envoyé des émissaires afin de sensibiliser les compatriotes sur l’offre de paix du régime, la rencontre s’est plutôt déroulée sous haute sécurité, relate Le Messager qui évoque la peur des envoyés spéciaux du Premier ministre de se retrouver face à une meute de mécontents, et qui a donc dû limiter les contacts.

Craignant pour leur sécurité les chefs miliciens établis à l’étranger préfèrent, selon The Guardian Post, participer à la palabre par téléconférence. C’est le même quotidien à capitaux privés de langue anglaise, s’agissant de la polémique sur les quotas de participation, révèle que le président Paul Biya a instruit que la majorité des délégués soient issus de la communauté anglophone.

Mais les leaders sécessionnistes de la diaspora ne semblent pas, eux-mêmes, s’accorder sur une posture commune face au pouvoir de Yaoundé, si l’on en croit Mutations qui, sous le titre «Positionnement : la surenchère de Montreux», affirme qu’une concertation, entre leaders et représentants de la république virtuelle d’Ambazonie, tenue dans cette commune suisse, promeut le boycott du Grand dialogue.

La question, analyse la publication, est désormais de savoir pourquoi le cadre du dialogue annoncé, visiblement ouvert à toutes les composantes sociales, ne trouve pas d’écho favorable de la part des groupes tels que Ambazonia International Policy Commission, African People’s Liberation Movement, Federation of Southern Cameroon Women Organization, Interim Government.

«La réponse n’est pas aussi évidente. Reste qu’au-delà de vouloir maintenir le statu quo sur le théâtre des hostilités, ces groupes séparatistes bénéficient du soutien de quelques acteurs étrangers qui auraient souhaité jouer les médiateurs lors du dialogue national attendu.»

Les bons offices, justement, rétorque Le Quotidien, la Suisse, qui aujourd’hui demande 100 milliards FCfa pour faire participer les fondamentalistes anglophones aux pourparlers de paix, en a offert au pouvoir de Yaoundé. Sauf qu’entre-temps, Paul Biya a privilégié une solution endogène. «Aujourd’hui, après l’échec de cette option helvétique, les ‘’médiateurs » de ce pays demandent, via certains réseaux», cet argent à l’État du Cameroun pour obtenir l’adhésion des séparatistes au Grand dialogue.

Ambitionnant de mettre tout le monde d’accord sur la forme de l’État, le ministre de la Décentralisation et du Développement local, Georges Elanga Obam, a sa petite idée qu’il expose dans les colonnes de Le Point Hebdo : il est temps d’accélérer le processus de mise en œuvre de la décentralisation et, pour ce faire, accorder plus de moyens aux collectivités territoriales décentralisées.

Politique et football en vedette dans les journaux camerounais

Les tractations pré-Grand dialogue national (30 septembre-4 octobre) font les choux gras des journaux camerounais parus lundi, de même que la nomination d’un entraîneur national de football cristallise les passions.La situation sécuritaire des régions anglophones continue de préoccuper, à en croire Mutations qui fait état d’un week-end perturbé à Bamenda, le chef-lieu de la région du Nord-Ouest où des coups de feu ont été entendus au quartier administratif, mais aussi dans un hôtel huppé dans lequel logerait le ministre de l’Administration territoriale (Minat), Paul Atanga Nji, qui venait de procéder à la distribution de l’aide humanitaire aux victimes de la crise anglophone.

Saisissant la balle au bond, le député Simon Fobi Nchinda, membre du Front social démocratique (SDF), lance cet avertissement dans les colonnes de Le Jour : «Aucun dialogue n’a lieu avec des fusils.» Une manière, pour l’élu de ladite région, d’appeler à un cessez-le-feu des belligérants avant le Grand dialogue national.

Ça continue néanmoins de se bousculer dans le cabinet du Premier ministre Joseph Dion Ngute, se réjouit le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune qui y a aperçu, pendant le week-end, plusieurs autorités traditionnelles et religieuses venues des quatre coins du pays en vue d’enrichir le menu du forum appelé à débattre non seulement de la question anglophone, mais également d’autres préoccupations à caractère national.

Responsables de partis politiques, leaders religieux et organisations de la société civile, syndicats et ordres professionnels, hommes d’affaires, chefs traditionnels, tous convergent vers l’Immeuble étoile devenu, le temps des consultations, le centre du Cameroun, renchérit L’Essentiel.

«Avec les propositions déposées par les forces vives de la nation, les acteurs du dialogue qui seront appelés autour de la table devront se recadrer à chaque fois pour resserrer les débats sur les préoccupations des Camerounais.»

Et parmi ces inquiétudes, figure en bonne place la forme de l’État, présentée par Intégration comme le «grand tabou qui hante le Cameroun» : fédération, confédération ou séparation sont les grandes tendances qui se dégagent des consultations préliminaires du Premier ministre, des lignes de fracture qui épousent déjà les contours d’une démonstration houleuse du poids des émotions des citoyens.

Pour L’Avenir aussi, le Grand dialogue national est une épreuve à hauts risques pour Paul Biya qui, manifestement, a pris l’option d’écarter du casting tous les sécessionnistes qui, pourtant, ont une partition très importante à jouer dans la stabilisation des foyers de crise.

La Voix du Centre n’est pas loin de partager ce pessimisme, qui constate que les consultations engagées jusqu’ici par le Premier ministre ne sont que la perpétuation des tares ayant conduit à la crise anglophone depuis 2016.

Voici un premier écueil, que révèle Le Messager : l’argent du dialogue divise le Conseil national de la jeunesse du Cameroun (Cnjc), dont les dirigeants sont à couteaux tirés depuis leur sortie de l’Immeuble étoile avec une enveloppe bourrée de francs CFA dont le montant réel relève du mystère. Le plus cocasse de la situation n’est sans doute pas le profil des «consultés» du Premier ministre, analyse Aurore Plus sous le titre «Consultations sur fond de corruption». Davantage, le président Paul Biya, en chargeant Joseph Dion Ngute de prendre langue avec toutes les composantes sociales, l’a également doté d’un trésor de guerre conséquent de nature à «attendrir» les plus réticents au Grand dialogue national.

Dans les milieux d’affaires, l’on continue néanmoins d’espérer, à travers cette grande palabre et selon Le Quotidien de l’Économie, qui a parcouru la contribution intellectuelle du patronat, des mesures concrètes de retour à la paix pour effacer la lourde facture de la guerre séparatiste.

Une proposition de retour à une paix durable, relayée par le quotidien à capitaux privés de langue anglaise The Guardian Post, mais aussi de son confrère The Post, vient de forces vives des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest : une présidence tournante Francophone-Anglophone à la tête du pays.

Pendant ce temps, rapportent News Watch et Eden, le leader de l’opposition parlementaire à travers le SDF, Ni John Fru Ndi, a pris son bâton de pèlerin pour aller rencontrer la diaspora sécessionniste des États-Unis, en vue de convaincre les plus radicaux à abandonner la logique de la chaise vide.

Mais quel sont les pays qui hébergent les leaders séparatistes ? se demande fort à propos Défis Actuels. «Tapis à l’étranger, les cerveaux des milices séparatistes se promènent librement au Nigeria, en Afrique du Sud, en Amérique et en Europe où ils procèdent à des levées de fonds pour acheter des armes et financer les groupes armés dans les régions du Sud-Ouest et du Nord-Ouest.»

Et dans le classement des pays occidentaux, pointent en tête les États-Unis («le fief des séparatistes»), la Norvège, l’Italie, la Grande Bretagne («la planque des ‘’indésirables »») et la Belgique.

Le même bihebdomadaire, sur le terrain sportif, présente «un illustre inconnu» pour remplacer, à la tête de la sélection de football seniors, le Néerlandais Clarence Seedorf : le Portugais Antonio Conceiçao Silva Oliveira, dit «Toni Conceiçao», «recruté dans le secret total et à la surprise générale».

«Un novice chez les Lions», traduisent en écho La Voix du Centre et The Guardian Post. Pour Le Messager, c’est le ministre des Sports, Narcisse Mouelle Kombi, qui a imposé ce «technicien sans états de service».

«La nomination du nouveau coach Lions Indomptables suscite des sentiments mitigés», confirme The Post. «A 57 ans et sans palmarès véritable, son choix irrite de nombreux observateurs des milieux sportifs», renchérit L’Essentiel : les Camerounais s’interrogent entre autres sur l’obsession manifeste des pouvoirs publics à vouloir à tout prix d’un Blanc à la tête de la sélection, et s’indignent davantage sur le choix d’un technicien que d’autres n’hésitent pas à qualifier d’«entraîneur de pacotille» ayant déjà perdu la bataille de l’opinion avant même d’avoir joué.

«Cette autre désignation d’un expatrié, pour diriger l’équipe nationale de football, perpétue une longue tradition de ‘’sorciers blancs ». Elle intervient alors qu’un courant d’opinion semblait plutôt réclamer un Camerounais», confirme Mutations sous le titre «Désignation d’un entraîneur national : manque de… coach». «Ce technicien arrive en terrain inconnu, car il n’a aucune expérience du football africain. Et pourtant, la connaissance du football africain figure parmi les critères de choix d’un sélectionneur», soupire Aurore Plus.

Politique et gouvernance en couverture des journaux camerounais

La tenue prochaine du Grand dialogue nationale pour le retour à la paix dans les régions anglophones, continue d’occuper le haut de l’affiche dans les journaux camerounais parus vendredi, lesquels se penchent également sur le malaise né de la grève des avocats.Nommé coordonnateur de la grande palabre sur la crise anglophone, la photo du Premier ministre Dion Ngute, en pleine audience dans son cabinet, orne la couverture du quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune surmontée du titre «Préparation du Grand dialogue national : des propositions à la pelle». C’est que, explique la publication, après les partis politiques, le chef du gouvernement a entamé les consultations avec les forces vives de la nation en vue de recueillir leurs idées et suggestions.

C’est que l’initiative du chef de l’État prend corps, se satisfait également Essingan, pendant que le quotidien à capitaux privés de langue anglaise The Guardian Post annonce, dans les jours à venir, l’envoi d’émissaires en charge de prendre attache avec la diaspora, et surtout de convaincre les séparatistes exilés à éviter la politique de la chaise vide.

Les saints et les pécheurs sont de sortie, constate The Rambler : après trois ans de tueries, d’atrocités diverses, de milliers de réfugiés et de déplacés internes, Paul Biya consent enfin, sous les pressions internationales, à convoquer une table ronde qui s’avère la seule solution de sortie de crise. Paradoxalement, ce sont encore les zélateurs de son régime qui se bousculent majoritairement en consultation chez le Premier ministre, brulant la politesse aux vrais acteurs du malaise de la communauté anglophone à l’origine de l’insurrection armée.

Les Camerounais n’ont probablement pas besoin d’un référendum pour pouvoir vivre-ensemble, analyse, dans les colonnes d’InfoMatin, le journaliste et écrivain Jean François Mebenga, par ailleurs militant du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc, au pouvoir). Pour lui, les sujets soumis à l’offre de dialogue du président Paul Biya sont nombreux, qui chevauchent tant en amont qu’en aval de la communauté nationale.

Toujours est-il que la tenue sereine du Grand dialogue national nécessite une cessation des hostilités dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, rétorque Mutations, redoutant un «improbable cessez-le-feu» sur le terrain avec en illustration l’acte symbolique d’assassinat d’une jeune femme, dans la localité de Batibo (Nord-Ouest), par des séparatistes présumés.

Et, pendant que le pays retient son souffle en espérant une sortie pacifique de crise, l’hebdomadaire Investigation relève d’étranges coïncidences entre le climat sociopolitique actuel et l’évolution de la grève des avocats avec des relents de «complot contre l’État du Cameroun».

Le caractère de plus en politique du mot d’ordre de grève démobilise les hommes en robe, acquiesce InfoMatin, faisant par ailleurs état de forts soupçons de détournement autour d’une enveloppe de 100 millions de francs octroyés par le chef de l’État pour l’organisation de la rentrée solennelle du barreau, le 9 juin.

À en croire ce journal, le déblocage de ces fonds n’a jamais été communiqué à la majorité des membres du barreau, qui désormais demandent des comptes à leur exécutif qui leur avait, plutôt, affirmé s’être endetté auprès de tiers pour l’organisation de la manifestation.

Le futur Grand dialogue national toujours à la une des journaux camerounais

Les tractations en vue du Grand dialogue national, prévu du 30 septembre au 4 octobre pour la résolution de la crise sécessionniste anglophone, continuent de meubler les colonnes des journaux camerounais parus jeudi.Le moins que l’on puisse en penser, à la lecture de la grand manchette de Défis Actuels, est que les consultations entamées depuis une semaine par le chef du gouvernement sont controversées. Affichant une photo de Joseph Dion Ngute saluant chaleureusement Victor Mukete, l’une des autorités traditionnelles les plus respectées de la communauté anglophone, la publication affirme, pour s’en étonner, que les leaders des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, pourtant les premiers concernés par le malaise ayant conduit à la lutte armée depuis 3 ans, sont «ignorés» du casting.

N’empêche, répond en écho le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune, que l’opposition, en dépit de certaines réserves, joue bien le jeu de la démocratie avec, pour la seule journée de mercredi, pas moins de 30 formations ayant été reçues en audience par le chef du gouvernement.

Les appels au dialogue montent, acquiesce Mutations, rendant également compte du ballet des forces vives à l’Immeuble étoile abritant les services du Premier ministre.

Sous le titre «Grand dialogue national : Maurice Kamto met Dion Ngute dos au mur», Le Messager, mais aussi son confrère Le Jour, relaient ainsi les termes du mémorandum remis la veille au Premier ministre par des représentants du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC, opposition), lequel conditionne sa participation à la grande palabre, notamment par la libération de son leader, emprisonné depuis janvier dernier avec une centaine de ses partisans pour avoir contesté l’élection de Paul Biya à la dernière présidentielle.

«Le MRC se perd-il ?» s’interroge lourdement L’Épervier : non seulement cette formation est loin de constituer une solution à la crise anglophone, mais en plus son président, ne serait-ce que pour les accusations de «rébellion» qui pèsent sur lui et qui comptait profiter du Grand dialogue pour obtenir son élargissement, sera bel et bien condamné par la justice de son pays.

Soupçonné par l’opposition et une bonne partie de la société civile de vouloir verrouiller le jeu, le gouvernement reçoit également le soutien mitigé de la Grande Bretagne dont un des diplomates, en poste à Yaoundé et cité par The Post, tout en soutenant le principe de la discussion, dit attendre la matérialisation concrète de l’offre de dialogue pour juger de la sincérité du régime.

La même posture expectante semble régner au sein du patronat, si l’on en croit Le Financier d’Afrique : les milieux d’affaires locaux, outre la pacification des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, réclament un véritable Plan Marshall ainsi que des mesures incitatives pour relever l’économie desdites zones, et par ricochet celle du pays qui pâtit violemment de l’insécurité.

Les atrocités des indépendantistes ambazoniens ont ruiné la lutte pour l’accession à la souveraineté des régions anglophones, soupire, dans le quotidien à capitaux privés de langue anglaise The Guardian Post, un des leaders séparatistes en exil.

Pour Ouest-Echos, c’est «la grande embrouille» : non seulement l’aile politique sécessionniste est décapitée et exclue du Grand dialogue, mais en plus le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc, au pouvoir) «a déjà tout verrouillé» alors que les partis de l’opposition se présentent en rangs dispersés.

Politique et économie au menu des journaux camerounais

L’organisation annoncée d’un Grand dialogue national continue de passionner les journaux camerounais parus mercredi, au même titre que l’éviction mouvementée du consortium Bolloré-APMT du terminal à conteneur du port de la métropole économique, Douala.Alors que le Premier ministre, Joseph Dion Ngute, a entamé la phase de consultations des acteurs sociopolitiques, InfoMatin annonce que l’événement se tiendra dans la capitale, Yaoundé, du 30 septembre au 4 octobre. Il s’empresse de préciser que ses thématiques écartent d’office du canevas des thèmes à surenchère, autour desquels une certaine opinion spécule depuis peu.

«Il n’y aura donc pas, comme l’auraient souhaité quelques uns, de Conférence nationale souveraine, au cours de laquelle des leaders politiques et de la société civile feraient le procès du régime de Yaoundé avec comme points de repères la forme de l’État, la révision constitutionnelle, la répartition des postes électifs ou managériaux selon le poids démographique, etc.»

Et, déjà, cette formule a le don de hérisser le poil de certaines puissances occidentales. En effet, selon Leanne Cannon, porte-parole de l’ambassade des États-Unis au Cameroun citée par Le Jour, les pourparlers doivent être élargis et sans conditions préalables. Et le quotidien à capitaux privés de constater que la diplomate US s’inscrit dans la ligne sans complaisance de son gouvernement sur la crise anglophone.

Rappelons-nous, objecte, dans Mutations, le député Jean Simon Ongola Omgba, élu du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc, au pouvoir), que nous disposons dans la communauté camerounaise de toute l’expertise et de la parfaite connaissance des sujets intéressants le peuple. Pour lui, un médiateur international court le risque certain d’être moins au fait du contexte et des particularités locales alors que le Premier ministre, lui, a une évaluation certaine de l’environnement politique, économique, social et culturel du pays.

Pour décrire l’adhésion de la majorité à l’offre de dialogue du président Paul Biya, le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune décrit «l’effervescence» qui s’est déjà emparée de l’Immeuble étoile, qui abrite les services du Premier ministre où forces vives et contributions intellectuelles se bousculent.

«Quelle comédie !» s’écrie le quotidien à capitaux privés de langue anglaise The Guardian Post : alors qu’on entend résoudre l’équation anglophone, environ 80% des invités du Premier ministre sont des Francophones, les séparatistes, fédéralistes et autres opposants notoires au régime étant d’office écartés des consultations.

Pendant ce temps, soupire Le Messager, les atrocités continuent sur le théâtre de la guerre sécessionniste avec, cette fois, une vidéo prise dans la localité de Batibo (Nord-Ouest), montrant des individus armés, enterrant vivante une femme présumée soutien du gouvernement.

Loin des joutes politiques, Essingan s’est installé dans la métropole économique, où une guerre féroce bat son plein au Port autonome de Douala (PAD) à la suite de la désignation d’un nouveau concessionnaire dans le terminal à conteneurs. Selon le tri-hebdomadaire, l’heureux élu, l’opérateur italo-suisse Terminal Investment Ltd (TIL), versera 357 milliards FCfa à l’État sur 15 ans, contre les 62 milliards engrangés dans la même période avec le consortium franco-danois Bolloré-APM Terminals (APMT).

Sauf que le dernier concessionnaire cité, appelé à plier bagages en fin 2019 annonce, selon InfoMatin, des suites judiciaires à son éviction, alors que le PAD fait valoir des points de droit pour justifier le choix de TIL.

Comme si la page Bolloré-APM Terminals était plus que jamais tournée, EcoMatin s’emploie pour sa part à présenter les états de service du nouvel arrivant. Rien n’est réglé, semble répondre en écho Le Quotidien de l’Économie, avec une incursion dans les méandres de la communication de «guerre» de l’évincé et du PAD.

Économie, grève des avocats et politique en couverture des journaux camerounais

Les journaux camerounais parus mardi se penchent sur l’éviction du groupe Bolloré de la gestion du terminal à conteneurs du port de la métropole économique, Douala, mais également sur la grève des avocats débutée la veille et les tractations en vue de la tenue du Grand dialogue national, censé ramener la paix dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.C’est un véritable coup de tonnerre, qui s’affiche en couverture de Cameroon Tribune, Expression Économique, InfoMatin, Mutations, Le Messager, Le Quotidien de l’Économie et Le Point Hebdo : la désignation groupe italo-suisse Terminal Investment Limited (TIL) comme adjudicataire provisoire de la concession du terminal à conteneurs du Port autonome de Douala.

Cette désignation vient ainsi, rappellent Expression Économique et Le Quotidien de l’Économie, mettre fin à la concession attribuée en 2005 au consortium franco-danois Bolloré-APM Terminals, et dont le contrat a récemment été prorogé jusqu’en 2023.

Il s’agit d’un feuilleton plein de rebondissements, renchérit InfoMatin, la partie camerounaise s’étant engagée, dans cette prorogation, à permettre au concessionnaire d’amortir ses investissements constitués d’une « contribution exceptionnelle » de 24 milliards FCfa, de l’augmentation des actifs des nationaux dans le capital, le doublement de la redevance à verser au pays ainsi que la réalisation d’investissements supplémentaires à hauteur de 20 milliards FCfa.

Cette fin de contrat annoncée, précise Mutations, s’est déjà transportée à la fois au tribunal administratif de Douala et dans une procédure d’arbitrage à Paris, où le groupe Bolloré se plaint d’avoir été «injustement» mis à l’écart.

En attendant l’épilogue, forcément palpitant, de ce roman le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune, qui au passage n’évoque pas un seul instant le nom de Bolloré-APM Terminals, s’intéresse au sort des employés de l’opérateur partant, dans le cadre d’un changement de concessionnaire, avec un processus prévoyant «un transfert des actifs, du personnel, etc.».

Mais si cette publication s’avère pudique, sur cette question qui fâche, elle est par contre prolixe sur le Grand dialogue national pour la sortie de la crise sécessionniste anglophone : elle lui consacre, en dehors de sa grande manchette, pas moins de 8 pages intérieures pour rendre compte des consultations engagées à ce sujet par le Premier ministre, Joseph Dion Ngute, ainsi que l’adhésion massive des forces vives à cette initiative du président Paul Biya.

Son confrère Mutations s’adonne au même exercice, avec quelques variantes allant dans le sens d’un certain pessimisme, de la part de la classe politique et de la société civile. Quant à Le Jour, il fait le choix de l’évocation de la rencontre Tripartite de fin 1991 lorsque le régime, pris à la gorge par l’opposition et la rue, engagea une grande palabre pour sortir des «années de braise» d’où sortit, selon les termes du philosophe Sindjoun Pokam, «un compromis boiteux».

Le pouvoir joue à pile ou face, prolonge l’hebdomadaire Diapason, lui qui a plus que jamais les clés de la paix et de la cohésion nationale. Il est maintenant clair que Paul Biya a tendu un gros piège à son Premier ministre, constate The Guardian Post pour qui Joseph Dion Ngute, en poste depuis le début de l’année, ne devra son maintien à la tête du gouvernement que par son habileté à manœuvrer pour tirer son patron de la mauvaise passe.

Pendant ce temps, notent Mutations et Expression Économique, à propos de la grève des avocats, les prétoires sont restés sans robe noire lundi, premier jour du mouvement d’humeur des auxiliaires de justice. «Prétoires morts au Cameroun», titre Le Messager, au moment où Le Jour indique que toutes les audiences prévues ont été renvoyées, les prévenus en payant pour leur part le prix.

Jusqu’ici, analyse «l’hebdomadaire du monde juridico-judiciaire» Kalara, l’équipe dirigeant du barreau n’a pas encore dévoilé les faits précis à l’origine de la résolution appelant au boycott des palais de justice, le Conseil de l’Ordre des avocats s’étant contenté d’invoquer des questions relatives à l’entrave à l’exercice professionnel et aux atteintes physiques contre les avocats.

Pour L’Épervier, tout ceci relève d’un chantage au gouvernement avec des initiateurs qui, tapis dans l’ombre, sont des soutiens avérés du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC, opposition), un parti qui a entrepris de dénoncer le «hold-up électoral» de la présidentielle du 7 octobre 2018 et dont les dirigeants sont derrière les barreaux pour, entre autres, des faits de rébellion.