Les journaux camerounais à fond sur le futur Grand dialogue national

Les contours du Grand dialogue national, annoncé par le président Paul Biya pour la résolution de la crise sécessionniste anglophone et d’autres sujets cruciaux du pays, continuent d’animer les colonnes des journaux camerounais parus lundi au même titre que la grève des avocats.«Dialogue : la grande bousculade» est, sur fond de drapeau national vert-rouge-jaune, la principale manchette du bihebdomadaire L’Essentiel : «C’est un grand coup de pied que Paul Biya a donné dans la fourmilière politique en annonçant, le 10 septembre dernier, la tenue du Grand dialogue national dès la fin de ce mois. Depuis lors, des Camerounais se bousculent sur les plateaux de télévision, sur les ondes des radios, dans les journaux et aux portes de la Primature pour annoncer leur participation à la grand-messe politique qui se prépare. Ils y déclinent également les contenus de leurs programmes qui pourraient constituer des sources d’inspiration des débats.»

La motivation y est en effet, acquiesce le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune, rendant compte des dernières audiences du Premier ministre, Joseph Dion Ngute, dans le cadre des consultations préalables prescrites par le président de la République.

 La repentance et la contrition de tous les acteurs, sont nécessaires, sinon un préalable pour entrer dans la mystique du pardon qui va ouvrir la voie à la réconciliation, renchérit L’Anecdote. Toutes les parties doivent faire des concessions, souligne, dans Défis Actuels, l’économiste Thierry Amougou, par ailleurs fondateur d’un think-tank voué aux questions de démocratie et de développement.

 Premier parti de l’opposition parlementaire, le Front social démocratique (SDF) étale, dans cette publication mais aussi dans Eden, The Post, The Sun et The Star, ses conditions pour un dialogue inclusif : l’amnistie générale pour les combattants séparatistes, un médiateur neutre, un débat sur la forme de l’État excluant les représentants de l’armée, entre autres.

 La lame de fond, c’est-à-dire le plus important, c’est qu’enfin Paul Biya, dont la trajectoire politique prédispose peu à la culture du dialogue, a accepté de donner une chance à la paix dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest en conviant tout le monde ou presque autour de l’arbre à palabre, analyse Mutations, pour qui les forces d’opposition ont tout intérêt à saisir la perche de ce dialogue pour impacter l’agenda politique de ce septennat historique.

 En 10 points, Aurore Plus s’attèle à décrypter «les questions qui fâchent» entre problématiques, zones d’ombres, attrape-mouches et écueils de la grande palabre nationale façon Biya. Sous la pression de la communauté internationale, et plus que jamais embarrassé par la situation chaotique sur le terrain, le bihebdomadaire regrette que Paul Biya, qui n’aime pas donner l’impression de céder à l’opinion publique, s’est résolu à faire ce qu’il aura dû organiser depuis le début de la crise anglophone.

 Et de mettre en garde contre un dialogue déjà vicié : autant, sous nos cieux, on n’organise pas une élection pour la perdre, autant le pouvoir entend garder la haute main sur le rendez-vous dont il tient seul les clés.

L’Indépendant, loin des préjugés, préfère évoquer la conclusion d’un nouveau contrat social, que Paul Biya propose à ses compatriotes à travers la crise anglophone. C’est même, croit savoir Intégration, d’une nouvelle République en gestation qu’il s’agit.

L’Indépendant, encore, évoquant le maintien du mot d’ordre de grève de 5 jours des avocats, y voit rien moins qu’un « agenda caché» à l’heure où le pouvoir de Yaoundé fait face à plusieurs foyers de tension. Le Messager n’est pas loin de partager cet avis, qui se penche sur «les non-dits» de l’opération «tribunal mort» qui débute ce lundi.

 Un groupe de travail ad-hoc est désormais à pied d’œuvre pour désamorcer la grogne des auxiliaires de justice, annoncent Cameroon Tribune, L’Essentiel et Repères. Pour Mutations, les multiples négociations entre les pouvoirs publics et l’Ordre national des avocats ont jusqu’ici accouché d’une souris. C’est justement, appuient Le Jour, The Guardian Post et The Sun, parce que les pourparlers n’ont rien donné jusqu’à présent que les hommes en robe noire maintiennent leur mot d’ordre.

Le Grand dialogue national prend corps dans les journaux camerounais

Le journaux camerounais parus vendredi plantent, chacun à sa manière, le décor du Grand dialogue national sur la crise sécessionniste anglophone annoncé pour fin septembre par le chef de l’État.Il n’a vraiment pas perdu de temps : 72 heures seulement après avoir été désigné, par le président Paul Biya, pour coordonner le méga forum destiné à ramener la paix dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, le Premier ministre Joseph Dion Ngute, constate le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune, prend le pouls de la situation en recevant, à tour de bras, des responsables de l’opposition alors que les soutiens à l’initiative présidentielle se multiplient.

Dans le septentrion, confirme L’œil du Sahel, les réactions à cette annonce s’avèrent également positives, une attitude tout aussi positive étant, selon Essingan, enregistrée dans les régions du Grand-Sud.

Sauf que, constate Le Messager, les séparatistes, dont la plupart vivent en exil, estiment que l’offre de dialogue de Paul Biya manque de sincérité, son objectif étant visiblement de répondre aux aspirations de la communauté internationale et non des populations des zones anglophones.

Ce dialogue national vient sur le tard, acquiesce Le Financier d’Afrique : il a fallu trois années scolaires blanches, autant d’années de décadence économique, 3000 morts et 500.000 déplacés pour que Paul Biya consente enfin à faire ce qu’il aurait dû faire depuis le départ, et tout ça uniquement pour contenter la communauté internationale.

Mutations semble entretenir le même pessimisme, regrettant pour sa part que d’importants autres sujets de la vie nationale soient occultés par le pouvoir dans le menu de cette assise, à commencer par la crise post-présidentielle d’octobre 2018 ayant conduit à l’organisation des «marches blanches» par le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC, opposition), avec à la clé l’arrestation et la détention, jusqu’à ce jour, des militants de ce parti politique, y compris son leader Maurice Kamto.

Idem, déplore le quotidien à capitaux privés, pour la question relative à la forme de l’État alors qu’une bonne frange de la population du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, y compris des acteurs de la scène politique nationale, plaident pour le fédéralisme.

C’est dans ce contexte de controverse qu’InfoMatin, sous le titre «Tumi met les Ambazoniens dos au mur», relève un fait inédit : le vieux cardinal, autorité morale parmi les plus respectées en zone anglophone et qui depuis 1992 n’a jamais ménagé sa verve pour dénoncer les tares de la démocratie à la camerounaise, semble avoir mis de l’eau dans son vin en s’alignant en faveur du Grand dialogue nationale.

En saluant la décision de dialogue de Paul Biya, le vieux prélat oblige les sécessionnistes intégristes de la sécession à s’aligner ou à se marginaliser aux yeux de la communauté internationale, que Paul Biya prendrait désormais à témoin en cas d’escalade guerrière lorsque vient le temps de la confrontation des idées.

Mais au juste, qui va payer ? s’interroge lourdement Le Quotidien de l’Économie au sujet du financement dudit forum, dont l’organisation ne figure sur aucune ligne budgétaire de l’État. Toute chose qui n’empêche pas le journal spécialisé à se lancer dans les estimations.

 

Le discours de Biya en vedette dans les journaux camerounais

L’adresse à la nation, la veille du président de la République sur la crise sécessionniste anglophone, trône en couverture des journaux camerounais parus mercredi.«J’ai décidé de convoquer, dès la fin du mois en cours, un grand dialogue national», «Paul Biya annonce un grand dialogue national», «Paul Biya convoque le dialogue national», «Paul Biya convoque le grand dialogue», «Nord-Ouest et Sud-Ouest : place au dialogue», «Retour de la paix dans le NO/SO : Paul Biya plante le décor du dialogue», «Un discours de fermeté pour enfin convoquer un dialogue national !», «Dialogue national sur fond de menaces», «Discours présidentiel : les grandes concessions de Paul Biya aux Anglophones» sont les principales manchettes d’Essingan, Défis Actuels, L’œil du Sahel, L’Essentiel, Cameroon Tribune, InfoMatin, The Guardian Post, La Voix du Centre et Le Soir.

En réponse aux nombreux appels pour un dialogue en vue de résoudre la crise qui sévit dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, le chef de l’État vient d’annoncer la tenue avant fin septembre des assises d’un dialogue national autour de thèmes susceptibles de ramener la paix dans cette partie du pays, débute L’Essentiel, précisant que la décentralisation sera en réalité au cœur des préoccupations.

Dans un discours inhabituel, le locataire du palais présidentiel d’Etoudi a évoqué les moyens de mettre non seulement fin aux exactions du mouvement indépendantiste qui sévit dans cette partie du pays, mais aussi de réconcilier tous ces sécessionnistes autoproclamés avec leur République, renchérit Défis Actuels.

L’offre de paix de Paul Biya reste de mise pour sortir de la crise anglophone, constate La Météo, reprenant à son compte cette évocation présidentielle d’un sentiment de marginalisation qu’éprouveraient les populations du Nord-Ouest et du Sud-Ouest et qui serait le prétexte de la crise anglophone.

À l’intention de ses compatriotes desdites régions, mais également à ceux du reste du Cameroun, le chef de l’État a rappelé que la marginalisation, l’exclusion ou la stigmatisation n’ont jamais inspiré l’action de ses différents gouvernements, depuis le 6 novembre 1982 et son accession à la magistrature suprême.

L’équilibre régional que prône le président de la République, appuie le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune, ne devrait en aucun cas être confondu aux pratiques déviantes telles que le népotisme, le favoritisme et toutes autres dérives nocives au bon d’un État moderne.

Mais là semble s’arrêter le flot de satisfécits. Il suffit en effet d’ouvrir le bihebdomadaire Aurore Plus, sous le titre «Biya snobe tout le monde», pour déplorer qu’en dehors de l’annonce de la tenue prochaine d’un dialogue national, beaucoup de supputations des observateurs ont été balayées d’un revers de la main, notamment la grâce aux leaders anglophones actuellement emprisonnés à une peine à perpétuité : «Une fois de plus, Paul Biya reste constant dans sa position. Le Cameroun reste uni et indivisible et les ennemis de la nation seront punis sans état d’âme.»

«Dialo… gong», moque Mutations : en incluant les groupes armés aux négociations, Paul Biya met définitivement en minorité ceux qui, jusqu’ici, estimaient que ces combattants armés n’étaient pas les bienvenus sur la table du dialogue. Des promesses, et encore des promesses, soupire le quotidien à capitaux privés de langue anglaise The Guardian, dont les analyses ne plaident pas franchement pour l’optimisme.

Pour Le Messager, cette histoire relève du «pétard mouillé» en ce sens que les grandes attentes du discours présidentiel restent insatisfaites. Et Le Jour de rappeler un épisode pas encore très éloigné de la vie nationale lorsque, en fin 1992, pour mettre un terme aux troubles sociopolitiques ayant accompagné la réinstauration du multipartisme, Paul Biya fit convoquer une grande réunion «Tripartite» présidée, comme pour les prochaines assises, par son Premier ministre.

Le pouvoir céda sur les libertés publiques, la limitation des mandats présidentiels, la mise sur pied d’un certain nombre d’institutions et, pour le grand soulagement du pouvoir en place, la rue lâcha du lest et le biyaisme fut sauvé. Mais les années qui ont suivi ont montré l’intention qu’il y avait derrière cette manœuvre : gagner du temps, se repositionner en selle, et repartir.

Aujourd’hui, sérieusement ébranlé par la crise anglophone, le même pouvoir, avec la même tête, remet le même couvert. Pour le même menu.

«A l’observation, le discours prononcé hier soir l’eut été il y a 3 ans que la crise anglophone, telle que nous la connaissons aujourd’hui, n’aurait jamais été connue. Plus de 2000 morts plus tard, la solution proposée peu être taxée de ce « trop peu, trop tard » que l’on entend souvent dans les négociations de ce type. Les hésitations observées, les précautions et le temps pris, les « conseils », selon l’aveu même de M. Biya, prouvent que cette sortie n’est pas le fruit d’une initiative de ce dernier. Il y a été contraint, contraint de prendre ce risque. Le risque de cette sortie, c’est que, c’est la dernière cartouche du président sur cette question.»

Discours présidentiel et bataille au port de Douala en vitrine dans les journaux camerounais

Les journaux camerounais parus mardi supputent abondamment sur la teneur du discours à la nation, annoncé dans la soirée par le chef de l’État, évoquant par ailleurs la bataille qui fait rage au sujet de la gestion du parc à conteneurs du Port autonome de la métropole économique, Douala (PAD).«Le Cameroun en crises : Paul Biya parle». Sans donner l’impression d’avoir lu dans une boule de cristal, Le Jour plante le décor sociopolitique de l’adresse radiotélévisée de Paul Biya à ses concitoyens. Le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune, qui en fait sa grande manchette, se contente, en pages intérieures, de publier le communiqué laconique du directeur du cabinet civil de la présidence de la République.

«Le président va (enfin) parler. Le chef de l’État va s’adresser à la nation. Une fois n’étant pas coutume, le capitaine du navire des «grandes opportunités» rompt avec la tradition qui veut qu’il ne prenne la parole que deux fois seulement en une année (31 décembre et 10 février), pour imposer un nouveau discours en début septembre», soupire Le Messager.

«Climat sociopolitique délétère : ce que dira Biya aux Camerounais ce jour», renchérit Émergence, qui s’attend à «de nombreuses annonces», «à l’heure où le pronostic vital du pays est engagé». Moins excessif, Le Messager estime que le mystère autour du contenu de la communication de celui qui est, par ailleurs, le président national du Rassemblement démocratique du Cameroun (Rdpc, au pouvoir), n’empêche pas les observateurs de supputer.

«Au regard de la crise sécuritaire dans laquelle le Cameroun baigne depuis trois ans, il est fort à parier que Paul Biya évoquera enfin les contours du fameux dialogue inclusif que les Camerounais, notamment ceux de la partie anglophone, appellent de tous leur vœux.»

Et Mutations de rappeler que ce discours avait déjà connu, samedi dernier, une tentative avortée. Et, pour lui, le message présidentiel devrait logiquement, entre autres, porter sur les questions d’actualité au rang desquelles la résolution de la crise anglophone, en cours depuis 3 ans dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.

La sortie présidentielle, insiste la publication, fait suite à la tournée effectuée en mi-mai dernier dans ces deux régions par le Premier ministre, chef du gouvernement. A cette occasion, Joseph Dion Ngute avait annoncé l’offre de dialogue du «mendiant de la paix» qu’est Paul Biya.

Le seuil des angoisses est atteint, constate Le Point Hebdo, décrivant un leader ayant perdu le sommeil face aux multiples départs d’incendie à travers le pays.

Et, s’il y a une flamme qui ne semble pas vouloir s’éteindre, c’est bien celle autour du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC, opposition). En effet, rappellent Émergence, Le Jour et Le Messager, non seulement le leader de la formation, Maurice Kamto, son état-major et une centaine de ses partisans se trouvent derrière les barreaux pour avoir tenté de contester les résultats de l’élection présidentielle du 7 octobre 2018, mais, en plus la veille, son vice-président, Mamadou Mota, a été condamné à 2 ans de prison ferme dans le cadre de la mutinerie survenue le 22 juillet dernier à la prison centrale de la capitale, Yaoundé.

Chez Le Détective, le sujet dominant se trouve au PAD, une place portuaire aujourd’hui au cœur de la tourmente avec l’étrange mise à l’écart du concessionnaire du parc à conteneur, le groupement franco-suédois Bolloré-APMT. Et l’hebdomadaire de dénoncer des manœuvres sibyllines, en dehors des voies juridiques et règlementaires, visant à évincer précocement l’opérateur dont le contrat court pourtant jusqu’en 2023.

La confirmation de cette mise à l’écart constitue la principale manchette de Le Quotidien de l’Économie, qui s’exerce à soupeser les chances des deux principaux consortiums en lice : le géant émirati Dubaï Port Word et l’italo-suisse Terminal Investment Limited.

Mais qui en veut donc tant au groupe Bolloré au Cameroun ? s’interroge pour sa part Tribune d’Afrique, n’hésitant pas à évoquer «un complot» visant à attribuer la gestion du parc à conteneurs au 2ème groupement cité.

Pour CamerPress, la messe est loin d’être dite car l’actuel opérateur a saisi les tribunaux compétents pour contester la tentative d’éjection de la plus grande place portuaire du Cameroun.

Eto’o, Mugabe, politique et justice en vedette dans les journaux camerounais

Les journaux camerounais parus ce lundi se font l’écho de la retraite annoncée de la star nationale du football Samuel Eto’o Fils, de même qu’ils s’intéressent à l’actualité politico-judiciaire ainsi qu’à la disparition de l’ex-président zimbabwéen, Robert Mugabe.En costume et nœud papillon, la main droite levée à la manière d’un artiste quittant la scène, le goléador et ancien capitaine de la sélection, les Lions indomptables, orne la couverture de L’Indépendant qui titre : «Samuel Eto’o : the end». C’était «Eto’o fils du Cameroun», salue Le Jour sous forme de baisser de rideau.

«L’artiste se retire», applaudissent également en chœur le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune et son confrère à capitaux privés Mutations, évoquant la fin de deux décennies prolifiques, pour le meilleur buteur de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) avec 18 réalisations.

Considéré comme un des plus grands joueurs africains de tous les temps, Samuel Eto’o Fils a, rappelle L’Essentiel, remporté les Jeux olympiques de Sydney en 2000 et deux CAN (2000-2002) avec le Cameroun, été élu quatre fois meilleur joueur africain de l’année, record codétenu avec l’Ivoirien Yaya Touré. Dans son pays, rappelle le bihebdomadaire, il s’agit d’une icône à l’instar de Roger Milla.

Nommé au sein du Conseil du président de la Confédération africaine de football (CAF), notamment pour assurer les relations avec les fédérations, Samuel Eto’o compte bien troquer ses crampons contre le costume d’entraîneur, prévient Défis Actuels, qui lui consacre pas moins de 3 pages.

Sauf que, relativise The Guardian Post, avoir été un pur talent sur le terrain pendant 20 ans n’en fait pas forcément le meilleur sur le banc de touche. Dans tous les cas, tranche Cameroon Tribune, le «grand 9» est un homme charismatique ayant également fait ses preuves dans d’autres domaines à l’instar de la lutte contre le racisme, ou encore du droit à l’éducation et à la santé des enfants.

Aussitôt sorti des arènes sportives, voici que Défis Actuels, Eden, L’Anecdote, Le Jour, Essingan, Mutations et The Guardian Post rappellent qu’en fin de semaine dernière s’est ouvert, au tribunal militaire de la capitale, Yaoundé, le procès du leader du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC, opposition), Maurice Kamto et une centaine de ses partisans accusés, entre autres, d’«insurrection», «hostilité contre la patrie» et «rébellion».

«Ça commence bien», soupire Le Jour à propos de ce procès sous haute tension : plusieurs militants arrêtés pour s’être un peu trop rapprochés du lieu d’une audience à huis clos, puis relâchés, des médias refoulés et, finalement, une impression de gâchis politique, s’agissant de prévenus ayant simplement, et pacifiquement, décidé de dénoncer le «hold-up électoral» de la présidentielle du 7 octobre 2018.

C’était un show judiciaire, acquiesce Mutations, pendant que Défis Actuels et L’Anecdote décrivent le film d’une audience sous haute tension et que La Voix du Centre plante le décor d’«un déni de justice». Cameroon Tribune et Le Messager, pour leur part, annoncent le renvoi de la cause au 8 octobre.

À tous ceux qui se plaignent de ce que le procès se déroule devant un tribunal spécial, La Nouvelle rappelle cette «ruse de l’histoire» : depuis de longs mois, le président du MRC et ses avocats usent de tous les artifices juridiques pour que les prévenus ne soient pas jugés par le tribunal militaire alors que c’est M. Kamto himself qui, en son temps, a présidé la commission en charge de la mise sur pied des textes régissant actuellement ladite cour.

Avec la prétention proclamée de relater «les coulisses de l’affaire Kamto», L’Indépendant rentre de plain-pied dans la grogne actuelle des avocats du pays qui annoncent une grève du 16 au 20 septembre, un mouvement présenté comme une autre «bombe à retardement», pour le pouvoir.

Les choses semblent même se corser, répond en écho The Sun, précisant que la réunion de crise, convoquée la semaine dernière par le gouvernement, n’a pas permis de lever les équivoques. Totalement paniqué, le gouvernement se bat pour empêcher les avocats de faire grève, appuie The Guardian Post.

Ce sujet faisait-il partie du menu du discours avorté du chef de l’État, samedi dernier ? InfoMatin, Mutations et La Voix du Centre ne sont pas loin de le croire, qui ici semblent avoir été les seuls dans le secret de cette adresse exceptionnelle de Paul Biya, pour laquelle les médias à capitaux publics avaient déjà été mobilisés pour son enregistrement au palais présidentiel, et qui a avorté à la dernière minute sans la moindre explication.

Lunettes noires au-dessus d’un cri silencieux, la main droite ouverte en signe d’exhortation, Robert Mugabe occupe quasiment les trois-quarts de la couverture de The Post. Le bihebdomadaire de langue anglaise consacre un dossier à la vie et à l’œuvre de l’ex-président du Zimbabwe décédé vendredi à l’âge de 95 ans.

Un autre dirigeant révolutionnaire africain tire sa révérence, titre Eden, alors que Cameroon Tribune évoque revient sur ses batailles pour la libération de son pays du joug de l’apartheid.

Avec lui, la toile perd son plus grand citateur, soupire L’Essentiel : les internautes ont souvent fait de Robert Mugabe l’auteur de plusieurs proverbes, conseils et blagues, et sa disparition est saluée par une touche d’humour à la hauteur de ses citations.

Vent de crises en vedette dans les journaux camerounais

Les crises dans les secteurs de la justice, de la politique, de l’école et de l’économie s’affichent en bonne place dans les journaux camerounais parus jeudi.C’est une sorte de réquisitoire de la démocratie qui fait la grande manchette de Mutations avec l’ouverture, vendredi devant le tribunal militaire de Yaoundé, la capitale, du procès du leader du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC, opposition), Maurice Kamto et plusieurs cadres de sa formation, qui avaient entrepris de contester le «hold-up électoral» de la présidentielle d’octobre 2018.

Poursuivis pour «hostilité contre la patrie», «outrage au chef de l’État», «rébellion», «incitation à l’insurrection» et «terrorisme», les prévenus, manifestement convaincus de l’issue défavorable dudit procès, veulent désormais gagner la bataille de l’opinion. Et, même si leur présence à la barre est hypothétique, ces opposants sont théoriquement exposés sinon à la peine de mort, qui n’a plus été exécutée au Cameroun depuis plus de 3 décennies, du moins la prison à vie.

«Je m’attends à la peine de mort», déclare, dans les colonnes de Le Jour, l’industriel Jean-Baptiste Homsi, un des cadres du MRC incarcéré depuis le 28 janvier 2019, dans le cadre de la même affaire.

Reste qu’avant de juger les autres, la justice du pays se trouve elle-même sur le banc des accusés avec, rappelle The Guardian Post, la grève annoncée par l’Ordre national des du 16 au 20 septembre, pour dénoncer les maux dont souffre le corps judiciaire ainsi que les tracasseries et maltraitances dont sont l’objet ses membres.

Face aux risques d’enlisement, rapporte le quotidien à capitaux privés de langue anglaise, le ministre de la Justice et le chef de la police ont convoqué, la veille, les membres du barreau afin de s’accorder sur les multiples griefs soulevés par les femmes et hommes en robe noire.

Un groupe de travail a ainsi été annoncé à l’issue de ladite concertation de plus de 10 heures, renchérit son confrère à capitaux publics Cameroon Tribune. Selon le bâtonnier de l’Ordre, Charles Tchakounte Patie, cité par la publication, «la colère n’a pas été totalement dissipée, mais elle est quelque peu apaisée».

Mais davantage, cette publication focalise sur la reprise des classes dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest avec l’audience accordée, la veille, par le Premier ministre Joseph Dion Ngute au représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies pour la sous-région, François Lounceny Fall, lequel a appelé les populations de ces deux régions, en proie à une guerre séparatiste féroce, à laisser les enfants regagner l’école après deux années blanches.

Et The Post de constater que beaucoup se perdent dans cette histoire de reprise des cours sur fond de mot d’ordre de paralysie générale lancé par les sécessionnistes, de fusillades et de manipulation politique.

Pour L’Anecdote, il ne s’agit rien moins que d’une «duperie des sécessionnistes», qui tantôt se désolidarisent dudit mot d’ordre décrété par des séparatistes de la diaspora, qui eux-mêmes affirment avoir retrouvé le chemin de la raison, une autre fois tiennent un langage équivoque alors que leurs propres enfants, eux, poursuivent sereinement leur cursus scolaire en Occident et aux États-Unis.

«Bonne année scolaire 2019», titre L’Action, du nom de l’hebdomadaire du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc, au pouvoir), qui relaie les vœux du secrétaire général dudit parti à la communauté éducative, pour qui l’éducation des enfants est la promesse d’une citoyenneté compétente, dynamique et responsable pour la prise en charge des destinées du pays.

Et, alors que beaucoup ont les yeux rivés vers les zones sous conflit séparatiste, InfoMatin fait un constat tout aussi préoccupant : à Yaoundé, des centaines d’enfants sont encore dans la rue par manque de moyens financiers. C’est la même image que projette Le Jour, expliquant ce phénomène par les innombrables sollicitations auxquelles font face plusieurs parents généralement désargentés.

Sur le front de l’économie, L’Anecdote plante le décor autour du récent décret signé par le Premier ministre, défiscalisant les investissements afin d’attirer les opérateurs pour le développement des régions sinistrées du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, mais aussi de l’Extrême-Nord où l’ombre de la secte islamiste Boko Haram continue de planer.

Une autre initiative de la même veine, qu’évoque Mutations, est la mise sur pied, par le ministère des Relations extérieures et l’Agence française de développement (AFD), d’un programme entrepreunarial en faveur de la réintégration des Camerounais vivant en Hexagone.

Quelques colonnes plus loin, la même publication salue, en matière d’aménagement routier, «la bonne pioche des travaux en régie» attribuées aux opérateurs privés. Un autre son de cloche vient pourtant de Cameroon Tribune, qui interpelle ainsi les mêmes prestataires : «Malgré les lourds investissements consentis par l’État en vue de doter le pays d’infrastructures de communication modernes, force est de constater que le secteur de la construction et de l’entretien des routes bitumées, ou en terre, montre quelques insuffisances.»

Crise à la Ligue de foot et rentrée scolaire à plusieurs vitesses en couverture des journaux camerounais

La réforme à marche forcée de la Ligue de football professionnel (Lfpc) et la difficile rentrée scolaire, dans les zones anglophones en crise sécessionniste, meublent les colonnes des journaux camerounais parus mercredi.Le limogeage du président de la Ligue, le général d’armée à la retraite Pierre Semengue par le bureau exécutif de la Fédération nationale de la discipline (Fecafoot), orne la principale manchette de La Revue qui n’hésite pas à parler de «déclaration de guerre». «Affaire Fecafoot-Lfpc : coup d’État contre Pierre Semengue», renchérit Le Messager, indiquant qu’un comité transitoire a été mis sur pied pour assurer la gestion de l’organe jusqu’en 2021.

Ces mesures, rappelle The Post, interviennent 11 jours après la suspension, par l’instance fédérale, des activités de la Ligue dont le patron, comme lot de consolation, a été nommé président d’honneur de la Fédération avec des privilèges spéciaux.

Sauf que le limogé, qui ne l’entend pas de cette oreille, déclare à Le Jour qu’il défendra son mandat de 4 ans jusqu’au bout, c’est-à-dire jusqu’au 27 juillet 2020. Semengue n’abdique pas, résument en chœur Mutations et Repères.

Aussitôt la mise au point faite, la première publication citée est allée à la rencontre des jeunes «déplacés de guerre» du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, qui depuis la rentrée scolaire de lundi dernier vivent un autre enfer dans la région de l’Ouest, où ils ont trouvé refuge. Là-bas en effet, c’est désormais la surpopulation qui est devenue le nouveau casse-tête des autorités : les effectifs, dans salles prévues pour 60 élèves, ont plus que doublé.

«Dépassés, les ministères en charge de l’éducation sollicitent l’aide des élites de l’Ouest pour financer la construction des salles d’accueil.»

Le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune, lui, est loin de voir les choses sous le même angle qui, au deuxième jour, mardi, de la rentrée scolaire, a constaté une affluence grandissante dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest où, passées les premières heures d’incertitudes du fait de l’insécurité, les jeunes renouent avec les bancs désertés pendant 3 ans.

Depuis 3 ans de crise dite anglophone, l’école est prise en otage par des bandes armées qui tirent profit de cette insécurité, justement, pour semer la terreur sur fond de sécessionnisme louche, farouche et radical, mais aussi de chantage et de prédation, soupire Repères.

Mais pour Le Messager, c’est bien le pouvoir de Yaoundé, qui s’arcboute sur un orgueil mal placé, qui en refusant d’organiser le dialogue inclusif annoncé depuis des mois, qui prend en otage non seulement l’école, mais aussi toute une partie du pays.

Rentrée scolaire et grogne des avocats en vedette dans les journaux camerounais

Le retour à l’école, sur fond de crise sécessionniste dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, mais aussi la grève annoncée des avocats, sont en vedette dans les journaux camerounais parus lundi.C’est donc «le grand jour» pour des milliers d’élèves du primaire et du secondaire, annonce le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune qui traduit à la fois l’ambiance des préparatifs, le climat dans les états-majors, l’anxiété des parents et, surtout, les mesures spéciales de sécurité prises par les autorités.

«Rentrée scolaire dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest : voici venu le jour-J !» s’exclame l’hebdomadaire de langue anglaise The Sun, décrivant un climat marqué par l’espoir, l’anxiété et l’incertitude.

Sur instructions du chef de l’État, toutes les mesures sont prises pour une rentrée sans heurts particulièrement dans les zones sous conflit séparatiste où, selon InfoMatin, les pouvoirs publics viennent de débloquer d’énormes moyens financiers en termes de fournitures aux apprenants et de construction de nouvelles infrastructures.

«Rentrée scolaire : Paul Biya convoque un conseil de guerre», titre Essingan au sujet du conclave élargi de défense et de sécurité, tenu en fin de semaine dernière sur instructions du président de la République contre les ennemis de l’école. «Sécurisation optimale», confirme L’Indépendant.

«Les élèves du Nord-Ouest et du Sud-Ouest iront-ils à l’école aujourd’hui ?» s’interroge L’Essentiel. «Des appels se sont fait entendre dans les régions anglophones. Ceux de l’élite, artistes, sportifs, ministres, leaders d’opinion, mères d’enfants ou élèves ont plaidé pour la reprise des classes. La ferveur patriotique portée par les initiateurs du mouvement ‘’Back to School » a séduit l’ensemble des citoyens camerounais à l’intérieur du pays et dans la diaspora. Nous verrons aujourd’hui, jour de rentrée, si le plaidoyer a porté les fruits. L’espoir d’une rentrée normale demeure pour les élèves de cette partie du pays privés d’école par les séparatistes depuis trois ans.»

Le scénario se répète depuis trois ans tel un disque de platine rayé, à chaque veille de rentrée scolaire dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, prolonge Mutations : au concert d’appels des autorités publiques en vue de la reprise des classes s’oppose le tintamarre des mises en garde des leaders des bandes armées qui sèment la terreur dans ces régions.

Il est malheureusement regrettable et douloureux aujourd’hui de se rendre à l’évidence qu’aucun camp ne veut lâcher sur l’école. L’école est désormais prise entre deux feux. Elle semble condamnée à vie dans le Nord-Ouest et Sud-Ouest. L’action de l’armée et les résultats aux examens officiels brandis depuis trois ans n’y changent pas grand-chose. Or, il est universellement admis que si l’on veut compromettre l’avenir d’une nation, l’on s’attaque à l’école. Il faut donc sauver l’école. Le dire ce n’est pas faire le jeu d’un camp au détriment de l’autre. Le dire, c’est simplement prendre sa part, toute sa part pour le respect d’un droit humain fondamental : le droit à l’éducation.»

C’est la rentrée des batailles rangées, confirme Intégration : dans le guerre à trois autour de la reprise des classes en régions anglophones, l’armée mise sur la géostratégie alors que la rue et les séparatistes, eux, tablent sur l’émotionnel avec des élèves et parents pris entre deux feux.

Malgré les réunions préparatoires et les nombreux appels au retour des classes dans les deux régions, de nombreuses écoles restent fermées en ce jour de rentrée, déplore La Voix du Centre.

Défis Actuels, pour sa part, s’intéresse à ce qu’il qualifie d’illusion de la gratuité dans l’éducation de base où les frais d’association des parents d’élèves, de cours d’informatique, matériels d’hygiène, de rames de papier, d’examens séquentiels, l’achat quasi-obligatoire de tables-bancs par les géniteurs, etc. pour inscrire les enfants au primaire, s’avère longue et annule toute notion de gratuité telle que vantée par le gouvernement.

Au lieu de venir résoudre les problèmes que connait l’enseignement primaire au Cameroun, la gratuité en a plutôt apporté plus qu’il en existait depuis l’année scolaire 2000/-2001.

Prenant délibérément de la distance avec cette rentrée à hauts risques, Le Jour, Repères et The Post focalisent sur le boycott des tribunaux annoncé du 16 au 20 septembre par l’Ordre national des avocats du Cameroun. Le régime s’offre une nouvelle grève des auxiliaires de justice, soupire Le Messager.

L’entrave à l’exercice professionnel et les atteintes physiques contre les avocats sont des préoccupations récurrentes au Cameroun et, une fois encore, l’un des points inscrits à l’ordre du jour de la toute dernière session du conseil de l’Ordre tenue samedi dernier, acquiesce Le Jour.

L’un après l’autre, les membres de l’Ordre des avocats ont voté la même motion : du 16 au 20 septembre prochain, ce sera «justice morte » dans tous les tribunaux du pays, renchérit Défis Actuels qui annonce un mouvement de protestation contre le mépris du droit de la défense, des cas de tortures ou de brutalité policière, etc.

Cette décision, qui met en exergue leur mécontentement, n’a pas été prise sur un coup de tête si on se réfère à la résolution du Conseil de l’ordre qui part de plusieurs constats d’entraves à la bonne exécution de la justice, confirme Mutations.

Au sujet des lenteurs judiciaires et des violations des droits de la défense, les avocats et le ministère de la Justice sont parfaitement en phase. Et de rappeler que le 30 juillet 2019 le chef dudit département, Laurent Esso, a interpellé les chefs des cours d’appel des 10 régions du pays pour leur demander de lui faire parvenir, «d’extrême urgence», «des amendements et réaménagements susceptibles d’être envisagés dans les dispositions du code de procédure pénale». Preuve est donc faite que même la Chancellerie reconnaît la réalité des récriminations soulevées par les hommes en robe noir.

Justice, politique et rentrée scolaire à la une des journaux camerounais

Les couacs de la justice, sur fond de mal-gouvernance, s’étalent dans les journaux camerounais parus vendredi, lesquels continuent également de faire le compte à rebours en direction de la rentrée scolaire.La mine abattue, gandoura et chéchia blanches, coincé entre ses deux avocats sur un banc du tribunal, l’ex-directeur général de l’Office de l’audiovisuel public (Crtv), Amadou Vamoulke, s’affiche en couverture de L’œil du Sahel. Cela fait 3 ans, rappelle le tri-hebdomadaire, que cet homme a été arrêté pour des détournements présumés de deniers publics, 3 longues années pendant lesquelles l’accusation n’a pas pu réunir des preuves, ne le juge donc pas mais le garde en détention.

Arrêtés pour leur part en janvier 2019, 10 leaders séparatistes anglophones ont été condamnés à perpétuité le 20 août dernier pour complicité et apologie du terrorisme, insurrection ou encore révolution. Mais Ayuk Tabe et ses lieutenants, peut-on lire dans les colonnes de Mutations, ne comptent pas se résigner à leur triste sort qui viennent d’interjeter appel de la sentence du tribunal militaire.

Qu’ils soient politiques ou de droit commun, les prisonniers camerounais subissent toutes sortes de traitements dégradants dans les geôles du pays, relève Le Jour sur la base d’un rapport particulièrement accablant de l’ONG Human Rights Watch.

Il n’est pas jusqu’à l’ambassadeur des États-Unis à Yaoundé, Peter Henry Barlerin, qui ne s’inquiète pas de cette situation : dans une longue interview accordée à Mutations, le diplomate déplore «une diminution du respect des droits de l’homme» qui s’est accentué avec la crise sécessionniste anglophone, les violences étant imputées aussi bien à l’armée régulière que insurgés.

Et voici les carillons de la rentrée scolaire de lundi prochain qui sonnent dans le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune qui, citant des «autorités compétentes», assure que tout est mis en œuvre pour assurer la sécurité de la communauté éducative.

Plus facile à dire qu’à faire, répond en écho The Post, qui relate le drame survenu la veille dans le département du Ndian, dans la région du Sud-Ouest où un assaut de séparatistes, lors d’une cérémonie de lancement de l’année scolaire 2020-2021, a fait plusieurs blessés dans les rangs des enseignants.

Quoi qu’elles disent, soupire Le Messager, les autorités auront du mal à assurer une reprise des classes sereine dans les régions anglophones où une nouvelle année blanche se profile à l’horizon. Le retour à l’école est un impératif dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, insiste Le Quotidien qui affiche quelques portraits d’élites locales, bien décidées à briser la malédiction de la crise sécessionniste sur l’école.

Vents contraires dans les journaux camerounais

Les fronts perturbés de la politique et du social se déclinent dans les journaux camerounais parus jeudi.Voici un grand absent qui fait bruyamment parler de lui dans les colonnes de Mutations : le président Paul Biya. Il ne s’est pas rendu à la 7ème Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (Ticad), ouverte mercredi au Japon. Le chef de l’État, déplore le quotidien à capitaux privés, a séché ce forum, duquel devraient jaillir de nouvelles offres de soutiens aux économies du continent, alors que son pays a tant besoin de financements pour poursuivre son programme infrastructurel.

Une fois de plus, Paul Biya vient de confirmer sa réputation d’as du contrepied, au grand dam des réseaux sociaux où les commentaires les plus fantaisistes fleurissent sur le désistement du numéro 1 camerounais, confirme InfoMatin qui s’empresse aussitôt de lui trouver une excuse : le chef de l’État a choisi d’accorder toute son attention à la finalisation des grands dossiers nationaux de l’heure.

La coopération nippo-camerounaise, constate Défis Actuels, embrasse aujourd’hui quasiment tous les secteurs de la vie nationale, de la santé aux infrastructures en passant par l’agriculture, la pêche la communication, la sécurité ou encore le développement du capital humain.

L’envoyé spécial de son confrère gouvernemental Cameroon Tribune, qui rend compte des travaux qui s’achèvent vendredi à Yokohama, confirme le caractère stratégique de ces assises, se gardant bien, quant à lui, d’évoquer l’absence de M. Biya.

Mais la publication bilingue (anglais-français) focalise plutôt sur la traque lancée, par le ministère de la Santé publique, des centres de santé clandestins, nombreux à travers le pays. Il s’agit d’«un assainissement opportun» de la carte sanitaire nationale, au moment où le Cameroun s’apprête à mettre en place un système de couverture santé universelle.

Une autre opération d’assainissement, sur laquelle se penche L’Anecdote, c’est celle du fichier solde de l’État avec la mise au point de l’e-bulletin, une application visant à faciliter la consultation du bulletin de solde par les agents émargeant au budget de la fonction publique, mais aussi à mettre hors d’état de nuire les fonctionnaires fictifs.

Toujours est-il que le tri-hebdomadaire consacre sa principale manchette à la rentrée scolaire de lundi prochain, placée sous le signe de l’impératif républicain : alors que le gouvernement fait preuve de détermination pour un retour effectif des classes en zones anglophones, au moment où élites, politiques et membres du clergé local se mobilisent, certains leaders séparatistes appellent plutôt à un «bouclage» desdites régions pour deux semaines.

Mais la manœuvre semble avoir du plomb dans l’aile, avance The Guardian Post, décrivant de violents tiraillements entre chefs séparatistes. Et Défis Actuels de rappeler le triste souvenir du confinement imposé en mai dernier, pendant 10 jours, pour empêcher la célébration de la fête nationale et qui avait été suivi de combats ayant fait plusieurs victimes.

«Dans les faits, de nombreux habitants ont choisi de migrer en masse vers les villes francophones, par crainte de se retrouver pris au piège de ce mouvement de protestation. Des familles entières ont ainsi déferlé dans les agences de voyage, provoquant une inflation immédiate des prix de transport.»

S’il est exact que tous les ressortissants du Nord-Ouest et du Sud-Ouest ne militent pas pour la sécession, il est également établi que tous les séparatistes ne sont pas partisans de la lutte armée et du boycott des écoles par des groupes terroristes de plus en plus isolés, analyse Mutations, dénonçant des bandes armées sécessionnistes qui menacent l’école et compromettent le dialogue inclusif.

«Nord-Ouest et Sud-Ouest : les réseaux sociaux réclament l’école», titre Cameroon Tribune, se faisant l’écho de la campagne baptisée «OpenSchoolsNow», lancée par un groupe de citoyens qui appellent au retour effectif des enfants à l’école dans ces régions.

Il apparaît néanmoins, et clairement, soupire Le Messager, que le pouvoir de Yaoundé est en panne de stratégie pour résoudre ce qui, depuis octobre 2016, est devenu la crise anglophone.

Des sujets peu réjouissants en couverture des journaux camerounais

Les journaux camerounais parus mercredi affichent des airs pas du tout rassurés, particulièrement dans les domaines de l’art, de l’humanitaire ou de la jeunesse.Quittant délibérément des sphères habituellement agitées, Mutations, sous le titre «SOS des artistes : larmes du crime», se penche sur ce qu’il qualifie de mal-vivre des artistes locaux, lesquels vivent dans la précarité, pour beaucoup, finissant parfois leur carrière dans l’indigence la plus totale.

Ces dernières semaines, constate le quotidien à capitaux privés, le cri du cœur lancé par deux célèbres musiciennes à santé précaire, sur fond de cacophonie dans  la gestion du droit d’auteur, ont tôt fait de ramener sur la scène les difficultés auxquelles sont confrontés ces hommes et femmes dont certains sont arrivés au sommet de leur art.

Ceci n’a sans doute rien à voir avec le sujet, mais Repères fait état de l’instauration, par le président Paul Biya, d’un plan d’assistance humanitaire d’urgence visant à 
apporter une aide multiforme aux populations des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, victimes d’exactions sécessionnistes depuis 2016. Au total, apprend-on, ce sont 75.000 familles qui ont déjà bénéficié dudit plan, alors que 2,8 milliards FCfa ont déjà été mobilisés sur les 12,7 milliards requis, soit 1,8 milliard du gouvernement associé à ceux des Camerounais de bonne volonté, et 1 milliard venant la Chine.

La sollicitude du chef de l’État, envers les déplacés internes s’affiche en grande manchette du quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune avec la remise, la veille dans la ville de Bafoussam (Ouest) frontalière avec lesdites régions, du matériel de couchage, de denrées alimentaires et d’autres effets d’usage courant à plus de 3000 personnes victimes de la crise anglophone.

Pas suffisant, rétorque The Guardian Post qui, relayant des chiffres du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef), relève que 4,3 millions de Camerounais ont actuellement besoin d’une assistance humanitaire d’urgence.

La zone anglophone continue pourtant de susciter les vives inquiétudes chez Le Messager, particulièrement en cette veille de rentrée scolaire où des forces sécessionnistes, ainsi qu’elles le font depuis fin 2016, multiplient les manœuvres en vue d’y bloquer toute activité. En panne d’idées pour sortir de l’impasse, le pouvoir de Yaoundé, soupire la publication, balbutie pendant que villes et villages se vident de leurs habitants.

Entre janvier et août 2019, a comptabilisé Mutations, ce sont 29 attaques qui ont été perpétrées contre le système éducatif dans lesdites régions. Témoignage vivant de The Guardian Post, dans une des localités où règne la terreur séparatiste, des hommes armés tendent des embuscades aux enseignants qu’ils n’hésitent pas torturer, pour dissuader toute tentative d’ouverture des classes dès lundi prochain.

Et Repères croit avoir trouvé les «ennemis de l’école», alors que leurs enfants poursuivent sereinement leurs études à l’étranger : trois leaders de la république autoproclamée d’Ambazonie dont les portrait ornent sa couverture. Le temps du dialogue, pour sortir de cette spirale, est d’une urgence absolue, alerte, dans les colonnes de Le Jour, un député membre du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc, au pouvoir), Jean Simon Ongola.

N’oublions pas la partie septentrionale du Cameroun, semble rappeler L’œil du Sahel qui a sorti sa calculette : dans l’Adamaoua, le Nord et l’Extrême-Nord, 63% des naissances ne sont pas déclarées aux services de l’état civil.

Les journaux camerounais toujours focalisés sur l’improbable rentrée scolaire en zone anglophone

Comme la veille, les journaux camerounais parus mardi continuent d’épiloguer sur les chances d’une rentrée scolaire effective, lundi prochain, dans les régions anglophones en proie à un violent conflit sécessionniste.C’est «l’école soularde» qui s’annonce dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, annonce Mutations en grande manchette :quelques jours après la condamnation à perpétuité de leaders sécessionnistes, les milices du coin annoncent trois semaines de «villes mortes» et, face à des mesures de confinement inédites, la peur gagne les populations, plus que jamais tétanisées par l’ampleur du mouvement insurrectionnel.

Pour le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune, le retour à l’école, dans les zones perturbées, «est une véritable cause nationale», après que le gouvernement a satisfait les revendications sectorielles des avocats et enseignants, au départ de ce qui a muté en démarche séparatiste.

«Y a-t-il lieu de s’enfermer dans une sorte d’hermétisme et de jusqu’au-boutisme consistant à prendre l’école en otage ? L’école et les apprenants doivent-ils servir de boucliers pour assouvir nos desseins inavoués ? Il faut donc raison garder en faisant de l’école un ‘’sanctuaire » protégé des combats idéologiques et politiques.»

En tout cas, pointe Le Quotidien, le gouvernement prend sa part de responsabilités qui, la veille dans la capitale, Yaoundé et avec pas moins de quatre ministres face à la presse, a donné toutes les assurances pour une rentrée sereine.

Malgré ces appels, venant aussi bien des pouvoirs publics que de la société civile ou encore du clergé, force est pourtant de constater, soupire Le Jour, qu’il règne une véritable psychose de la violence en zone anglophone, marqué par un exode massif des populations ces derniers jours. Ces déplacés internes prennent prioritairement d’assaut les régions voisines de l’Ouest et du Littoral, précise Mutations.

Le Messager élargit le spectre des risques d’année blanche : entre menaces terroristes à l’Extrême-Nord, crise anglophone dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest et conjoncture économique qui étrangle les parents, le retour à l’école le 2 septembre s’avère hypothétique pour beaucoup.

Au-delà des victimes collatérales de la crise anglophone en effet, confirme Émergence, il est urgent de se pencher sur une autre frange, sans doute la plus grande, de la population du pays gangrenée par la misère, ces communautés de pauvres hères, incapables de scolariser leurs rejetons et qui méritent, elles aussi, la sollicitude du gouvernement.

Une des manifestations de ces petites attentions, qui passent parfois inaperçues, est décrite par InfoMatin sous la forme d’un reportage au cœur des familles de soldats morts au front, dont 207 enfants issus de 125 familles ont récemment reçu, dans le cadre du traditionnel soutien du genre aux pupilles de la nation, chacun un package constitué de diverses fournitures scolaires des mains des membres du gouvernement.

La rentrée scolaire en ligne de mire des journaux camerounais

Plus que les habituelles joutes sociopolitiques, c’est davantage la rentrée scolaire, prévue en début de semaine prochaine sur fond de crise sécessionniste dans les zones anglophones, qui préoccupe les journaux camerounais parus lundi.Quotidien à capitaux publics, Cameroon Tribune sonne «la grande mobilisation» de la communauté éducative, décrite comme «en effervescence», notamment dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest où, apprend-on, autorités administratives et élites s’impliquent fortement en vue de favoriser l’ouverture effective des classes après trois années blanches.

Il y a en effet ambiance dans les établissements scolaires et les surfaces commerciales, opine Le Financier d’Afrique. C’est le moment que choisissent les évêques des localités en proie à la guerre séparatiste qui, cités par The Post, lancent ce cri du cœur aux miliciens : «Permettez aux enfants de retourner à l’école. Nous ne voulons pas d’analphabètes.»

Leur message, soupire Mutations, a très peu de chances d’être entendu par les insurgés qui, selon Mutations,annoncent une période de blocage du 26 août au 16 septembre dans les régions du Nord-Ouest/Sud- Ouest. Le péril sur l’école dans cette partie du pays, rappelle Le Messager, se précise au lendemain de la condamnation, à perpétuité, de 10 leaders indépendantistes par le tribunal militaire de la capitale, Yaoundé, et ce alors que les armes continuent de crépiter sur le théâtre des opérations et que le dialogue inclusif, annoncé par le gouvernement, se fait attendre.

Depuis l’annonce de l’opération de blocus, relate Défis Actuels, les populations quittent en masse les villes anglophones pour s’enfuir vers l’intérieur du pays et plusieurs parents, qui espéraient que les cours allaient reprendre en septembre prochain, se disent déçus par la tournure qu’est en train de prendre la situation.

Les habitants des zones anglophones, prolonge L’Essentiel, affirment que des réactions des séparatistes sont à prévoir en guise de représailles à la décision de justice condamnant à vie les dirigeants de l’État virtuel dénommé «Ambazonie», mais déjà les forces de défense et de sécurité sont en alerte, car des prises d’otage risquent de se multiplier avec des attaques à main armée des lieux publics, en particulier les écoles.

Et déjà, témoigne Émergence, ce sont des milliers de personnes quittent le chef-lieu du Nord-Ouest, Bamenda. Cet exode, prolonge The Guardian Post, touche également des localités du Sud-Ouest à l’instar de Buea et Kumba. Calculette en main, La Voix du Centre pointe 4400 écoles fermées et 600.000 enfants privés d’éducation du fait de l’insécurité dans les régions anglophones, alors que le gouvernement avoue son incompétence à apporter une assistance humanitaire aux populations.

Guerre de chefs à la Camair-Co et crise anglophone en couverture des journaux camerounais

La passe d’armes entre le président du conseil d’administration (PCA) de la compagnie aérienne nationale et son directeur général (DG), de même que la condamnation à perpétuité de 10 leaders sécessionnistes anglophones, sont à l’affiche des journaux camerounais parus vendredi.Les visages préoccupés des dirigeants de la Cameroon Airlines Corporation (Camair-Co) s’affichent en couverture de L’Épervier, InfoMatin, La Nouvelle Expression, Le Messager et Mutations. C’est la guerre ouverte entre Ngalle Bibehe et Njipendi Kouotu, lance Émergence, commentant une correspondance toute fraîche du premier cité, qui enjoint son DG de procéder à l’annulation pure et simple de ses textes, signés le 19 août 2019 et portant nomination de personnels.

 Le PCA demande au DG d’annuler le redéploiement du personnel, effectué au mépris des orientations stratégiques, sur fond de désapprobation de la politique managériale, commente Le Messager, n’hésitant pas à évoquer des «fautes lourdes» de Louis Georges Njipendi Kouotu.

 «Camair-Co : la hache de guerre déterrée», constate Mutations sous le titre «Camair-Couacs» : «Depuis sa création, en septembre 2006, la compagnie aérienne nationale brille très peu par ses performances. Au contraire, ce sont les crises qui s’enchaînent. Quand il ne s’agit pas de la flotte qui bat de l’aile, ce sont des batailles d’ego et des conflits de compétences qui empoisonnent l’ambiance au sein de la compagnie. D’où les changements récurrents et contre-productifs à la tête de l’entreprise.»

 C’est «la malédiction !» s’exclame La Nouvelle Expression, pour qui la note signée du PCA, par ailleurs ministre des Transports, traduit à suffisance la navigation turbulente d’un avion qui a du mal à décoller et d’une entreprise pour seul plan de restructuration que l’augmentation des effectifs au détriment d’une relance des activités.

 Au-delà du désaccord sur les nominations, InfoMatin écrit que «Ngalle Bibehe et Njipendi Kuotu seraient en conflit pour le partage des rétro-commissions issues de la location des aéronefs», toute chose qui représenterait, pour ceux en ayant négocié les contrats, des centaines de millions de francs en termes de bakchich. D’où leur option commune de privilégier les locations d’aéronefs plutôt que d’assurer la réparation des appareils de la compagnie cloués au sol.

 Et voici que The Sun se laisse émouvoir par le verdict prononcé, mardi matin, par le tribunal militaire de Yaoundé, la capitale, qui a condamné à vie 10 leaders séparatistes anglophones. Rendant compte du délibéré, l’hebdomadaire voit s’effondrer non seulement les espoirs de dialogue et de paix, mais aussi pointer le péril sur la rentrée scolaire dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.

 Ce verdict aura forcément un impact négatif sur la guerre en régions anglophones, soupire Émergence. C’est «le procès de la honte !» s’indignent, dans les colonnes de The Voice, trois avocats desdits séparatistes pendant qu’un de leurs confrères, chez Essingan, estime que leur acquittement est envisageable en appel.

 «Yaoundé fonce tête baissée», renchérit La Nouvelle Expression, pour qui le pouvoir, en condamnant lourdement des leaders indépendantistes, ne peut guère rassurer une communauté internationale qui, depuis des mois, appelle à la libération de tous les prisonniers politiques et détenus de la crise anglophone, afin de faire baisser la tension sociopolitique.

 Mais au juste, qui conseille Paul Biya par rapport à la crise anglophone ? s’interroge lourdement le quotidien à capitaux privés de langue anglaise The Guardian Post. Pour la publication, le fait que le président de la République ait rejeté les appels à l’arrêt des poursuites contre les dirigeants de la république autoproclamée d’Ambazonie, ainsi que ses appels pressants pour un dialogue urgent et inconditionnel, visant à résoudre la crise armée dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, témoignent du fait qu’il est entouré de personnes ayant peur de lui dire la vérité, ou qui le trompent pour préserver leurs propres intérêts.

Le Messager, pendant ce temps, en profite pour dresser le long portrait d’un «prêtre qui dérange» : le cardinal Christian Tumi», au front depuis des lustres contre le tribalisme, le manque de démocratie et les atteintes aux droits de l’homme et, aussi, un des promoteurs du projet de Conférence générale anglophone qui ne cesse d’être repoussée.

 Il s’agit, selon cette publication, d’un homme qui entretient une relation de défiance vis-à-vis du pouvoir et qui garde, aussi, le regard braqué sur l’alternance au sommet de l’État.

 Il ne faudrait tout de même pas oublier, ose le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune qui cite le même prélat, qu’une croisade pour la paix se prépare sous les auspices du vieux prélat qui, lui aussi espère que les condamnés du 20 août 2019 «bénéficieront des actes de clémence du président de la République».

La lourde condamnation des sécessionnistes en vedette dans les journaux camerounais

Les conséquences de la condamnation à perpétuité, mardi par le tribunal militaire de Yaoundé, de leaders séparatistes suscitent sont traités dans la plupart des journaux camerounais parus jeudi, lesquels parlent aussi d’un front socio-économique toujours aussi morose. Le chef-lieu de la région du Nord-Ouest, Bamenda, a accueilli mercredi à sa façon la chape de plomb qui s’est abattue sur le leader séparatiste Sisiku Ayuk et 9 de ses lieutenants : de nombreux coups de feu, relate le quotidien à capitaux privés de langue anglaise The Guardian Post. Et de décrire le vent de panique s’étant emparé des populations, dans l’un des chaudrons de la défiance contre le régime central du pays.

 En deux jours, renchérit Le Messager, ces manifestations pétaradantes de mécontentement, menées par des individus sur des motos, ont fait 4 morts et plusieurs blessés à travers la ville. Avec les exactions des séparatistes, les craintes des populations sont de plus en plus grandes en cette veille de rentrée scolaire, soupire Mutations, entrevoyant déjà un nouvel et douloureux exode des élèves et parents vers des zones moins perturbées.

 « Ce procès a une fois de plus exposé à la face de l’opinion nationale et internationale la discrimination dont nos compatriotes anglophones font l’objet des décennies dans notre pays. Toutes les explications du monde ne sauraient justifier qu’un procès dont la pierre angulaire est le problème anglophone, puisse se dérouler avec un collège de juges dont aucun ne parle l’anglais», dénonce, dans les colonnes du même journal, le 1er
vice-président du Front social démocratique (SDF, opposition), Joshua Osih.

 Toujours est-il que plusieurs acteurs politiques, interrogés par Défis Actuels, dénoncent une mauvaise décision, estimant que la sentence prononcée contre Sisiku Ayuk et ses hommes est une erreur politique qui risque d’entraver le dialogue annoncé sur les revendications sécessionnistes.

 Il n’existe aucun risque d’enlisement de la crise anglophone, tacle L’Anecdote pour qui, au moment où des voix s’élèvent pour invoquer des risques d’embrasement dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, l’histoire rappelle que Sisiku Ayuk Tabe, déjà renié par les siens, ne contrôlait plus la situation sur le terrain.

En s’autoproclamant principal leader du mouvement indépendantiste anglophone et président de la République virtuelle d’Ambazonie, Sisiku Julius Ayuk Tabe et ses neuf compagnons, qui n’ont d’ailleurs jamais contesté les faits qui leur étaient reprochés, paient ainsi le prix de leur implication en tant que meneurs des combattants séparatistes et du discours de haine non seulement vis-à-vis des forces nationales de défense et de sécurité, mais également des populations qui ne partagent pas leurs ambitions sécessionnistes, analyse Défis Actuels.

 Fort heureusement, se réjouit Aurore Plus, pour la majorité de l’opinion et quelle que soit la lourdeur de la sentence, avec le terme de ce procès, cette affaire cessera d’alimenter l’actualité sociopolitique déjà amplement dominée par les crises sécuritaires que connaît le pays.

 En tout cas, titre modestement le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune, le gouvernement a pris acte de la condamnation des activistes sécessionnistes, une «décision rendue dans un esprit d’indépendance de la justice».

 La même publication, qui consacre sa principale manchette à la coopération entre le Cameroun et son voisin tchadien, à la faveur de la tenue, à Yaoundé, de la 23ème session de leur commission mixte de coopération, note que les deux pays ambitionnent de trouver des solutions aux problèmes qui se posent dans leurs relations économiques ainsi que la libre circulation des personnes et des biens.

 Le climat est pourtant loin d’être au beau fixe, réplique Mutations : à l’ouverture des travaux le ministre tchadien des Affaires étrangères, de l’Intégration africaine, de la Coopération internationale et de la Diaspora Cherif Mahamat Zene, a exprimé un certain nombre de frustrations de son pays concernant la qualité des relations bilatérales, ses griefs allant des traitements dégradants infligés à ses compatriotes aux postes de contrôle aux arrestations, en passant par des détentions prolongées, des cas de disparitions ou encore les tracasseries routières que vivent les transporteurs et opérateurs économiques.

 Et voici que Défis Actuels rappelle qu’une bonne partie de Yaoundé, depuis le 7 août, est plongée dans le noir après l’incendie d’un transformateur d’électricité, et note que le ministre de l’Eau et de l’Énergie avait donné un délai de 7 jours à l’opérateur Eneo pour la réhabilitation de l’énergie électrique dans la capitale politique du Cameroun, dont les activités socioéconomiques tournent désormais au ralenti.

 « La société Eneo sera-t-elle prête demain ?» s’interroge Mutations : rendu au 5ème jour des travaux, le 21 août, le taux d’exécution des travaux de réhabilitation affichait 59% de taux de réalisation.

 

La condamnation de 10 leaders séparatistes en couverture des journaux camerounais

La condamnation à perpétuité, la veille par le tribunal militaire de Yaoundé, la capitale, de 10 leaders sécessionnistes anglophones, est largement commentée par les journaux camerounais parus ce mercredi.Sécession et hostilité contre la patrie sont les principaux motifs qui valent la réclusion à vie à ces hommes, extradés du Nigeria en début janvier 2018, débute Essingan. Le tribunal militaire a eu la main particulièrement lourde, pour le président autoproclamé de la république fantoche d’Ambazonie, Sisiku Ayuk Tabe et ses hommes, constate L’Indépendant.

La photo du même homme orne la couverture du quotidien à capitaux privés Le Jour, précisant que tous les condamnés disent ne pas vouloir s’associer à ce qu’ils qualifient d’injustice.

Pendant qu’Émergence reconstitue l’audience marathon et à rebondissements de plus de 15 heures, Le Messager s’interroge : «Parodie de justice ou péril sur le dialogue ?». Et d’évoquer une sentence politisée et qui, plus grave, va gravement compromettre les chances d’une assise nationale, ainsi que voulue par le pouvoir, en vue de parvenir à une paix durable dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.

«Condamnation à vie de Ayuk Tabe et compagnie : peine de mort au dialogue ?» ose pour sa part Mutations, estimant également que le lourd verdict du tribunal militaire contre les leaders séparatistes semble, plus que jamais, éloigner la perspective de paix dans cette partie meurtrie du pays.

«L’audience d’hier était comme un match de football. C’était en somme un semblant de procès. Je peux le dire sans détour. Vous ne pouvez pas vous imaginer qu’un juge ait ce genre de courage, de condamner des gens à vie sans écouter un avocat. Nous n’avons jamais suivi ça ! Vous voyez un juge qui se comporte comme s’il avait un cahier de charges», témoigne dans ladite publication un des avocats des sécessionnistes, Amungwa Tanyi Nicodemous.

«Nous n’avons rien appris et rien oublié», soupire The Guardian Post : la condamnation à perpétuité d’Ayuk Tabe et de ses lieutenants réduit à néant l’espoir d’un dialogue inclusif. Du coup, renchérit News Watch, l’avenir s’assombrit de nouveau non seulement pour la rentrée scolaire dans les régions, mais surtout pour la grande palabre, du moment qu’une partie des acteurs majeurs de la crise anglophone sont embastillés à vie.

Le Pélican ne voit pas les choses sous le même angle et «exulte», la sentence du tribunal ayant, selon l’hebdomadaire, soulagé le pays d’une bande d’aventuriers ayant, depuis octobre 2016, pris en otage un partie de la communauté nationale.

Et, alors que leur sort semble désormais scellé et que l’éventualité de la saisine de la cour d’appel n’est pas à écarter, InfoMatin n’écarte pas la piste de la grâce présidentielle en faveur desdits sécessionnistes : déjà, selon des sources introduites du journal, la machine des tractations de coulisses s’est aussitôt mise en place, du côté des défenseurs des activistes anglophones, aux fins de solliciter une mesure de grâce de Paul Biya, la seule voie qui, pour le moment, pourrait permettre aux condamnés de recouvrer la liberté.

Les journaux camerounais campent sur la panne géante d’électricité à Yaoundé

Les journaux camerounais parus vendredi, au lendemain de la fête chrétienne de l’Assomption, restent préoccupés par la panne géante d’électricité qui plonge dans le noir une grande partie de Yaoundé, la capitale du Cameroun.Déjà plus d’une semaine que la métropole politique est dans le noir, constate le quotidien à capitaux privés de langue anglaise The Guardian Post, qui a suivi avec une oreille attentive le point de presse donné mercredi par le ministre de l’Eau et de l’Énergie et son collègue de la Communication, Gaston Eloundou Essomba et René Emmanuel Sadi respectivement.

En résumé, le gouvernement met la pression sur l’opérateur Eneo, afin de réparer au plus vite un transformateur essentiel pour la fourniture de l’énergie dans la ville, ayant brûlé depuis le 7 août. Et le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune de détailler «les mesures d’urgence» : acquisition de nouveaux équipements pour le poste endommagé, alimentation en priorité des zones dites sensibles, mise sur pied d’un programme ponctuel de rationnement.

Pour Le Quotidien, le gouvernement s’emploie ainsi à rassurer les populations quant à un retour rapide à la normale. En attendant, pointe Le Quotidien de l’Économie, c’est le système de rotation qui a été choisi pour ne pas priver totalement les différents quartiers d’électricité.

Ce rationnement, explique Mutations sous le titre «Le sévice public», est appliqué pour privilégier les services sensibles et réduire, autant que possible, l’impact de cette panne géante sur les populations. Et de décrire ainsi la situation : «L’essentiel des administrations est plongé dans le noir, le pays est touché au cœur, et le gouvernement fait des pieds et des mains pour résoudre au plus vite cette situation ponctuelle qui expose une gestion approximative du secteur de l’électricité.»

«La rue gronde, le gouvernement balbutie», tranche Le Messager, guère convaincu des explications données par les deux membres du gouvernement sus-évoqués et, surtout, prévoyant une note salée des délestages.

À la vérité, soupire Essingan, les pouvoirs publics, incapables de fournir de l’énergie en abondance aux citoyens depuis des lustres, se défaussent sur l’incendie d’un poste de transformation pour ne pas avoir à rendre compte de leur incurie.

Et voici un son de cloche discordant, qu’apporte L’Épervier à travers une communication d’Eneo, qui prévoit 3 à 6 mois pour réparer les énormes dégâts subis par le transformateur du quartier Melen : en prévoyant un délai aussi long, ramant ainsi à contre-courant des prévisions gouvernementales, l’opérateur joue le jeu de ceux qui veulent déstabiliser le régime.

Sornettes ! réplique InfoMatin avec ce titre sur fond noir : «Yaoundé dans le noir : Fouda, Mbemi et Eloundou doivent démissionner». Pendant que Yaoundé broie du noir, le président du conseil d’administration d’Eneo, Séraphin Magloire Fouda, est porté disparu, le directeur général de la Société nationale de transport d’électricité (Sonatrel), Victor Mbemi Nyankga étale son incompétence alors que le ministre de l’Eau et de l’Énergie, Gaston Eloundou Essomba, tente d’atténuer la gravité de la situation à coup d’entourloupes.

Crise énergétique et politique en vedette dans les journaux camerounais

Après le long week-end de la Tabaski, les journaux camerounais parus mardi commentent amèrement l’immense panne d’électricité dont est victime la capitale, Yaoundé, non sans s’attarder sur une scène politique tout aussi tourmentée.Sa couverture, à la place de la photo habituelle, est barrée par une grosse bande noire surmontée du titre «Yaoundé : de l’électricité dans l’air». C’est que, explique le quotidien à capitaux privés Mutations, depuis mercredi 7 août dernier, les coupures intempestives d’énergie électrique sont redevenues régulières dans la ville.

Pendant cette panne géante, constate la publication, l’alimentation prioritaire est dédiée aux zones sensibles telles que les hôpitaux et les infrastructures de distribution de l’eau situées dans le périmètre du sinistre, un service de rationnement étant par ailleurs d’ores et déjà mis sur pied pour éviter d’abandonner certains quartiers à leur triste sort.

Avec le même rectangle noir en grande manchette, Émergence explique qu’en réalité, cela fait 37 ans, comprenez depuis l’accession au pouvoir de Paul Biya, que le Cameroun, gâté par la nature, 2ème potentiel hydroélectrique d’Afrique après la République démocratique du Congo (RDC), broie du noir, s’éclairant aux grands projets et discours des dirigeants.

Yaoundé voit noir, soupire La Voix du Centre alors que, dans Le Soir, le ministre de l’Eau et de l’Énergie, Gaston Eloundou Essomba, tente une explication à travers l’incendie d’un poste de transformation.

S’agissant du calendrier des délestages, le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune signale que rien de fixe n’a été arrêté à ce jour, alors que le même membre du gouvernement, de manière vague, y indique que des actions sont en cours dans le sens d’un retour rapide à la normale.

Pendant ce temps, s’insurge L’hebdomadaire La Météo, le ministère de l’Eau et de l’Énergie, l’opérateur Eneo et la Société nationale de transport d’électricité (Sonatrel), loin de jouer collectif, se livrent plutôt à un petit jeu de massacre et à la cacophonie communicationnelle.

Les pannes récurrentes et intempestives d’électricité n’empêchent pourtant pas Paul Biya de soigner son image, dénonce La Voix du Centre, révélant que le chef de l’État «dilapide l’argent public» en recrutant, à coups de millions de dollars, un cabinet de lobbying américain proche des Républicains.

Entre coup de gueule et surenchère, le Front social démocratique (SDF), le premier parti de l’opposition, s’affiche en couverture d’Aurore Plus, Eden, Le Messager et The Guardian Post. Cette formation, au terme d’une session de son bureau exécutif national (NEC), vient d’adresser un avertissement sans frais au pouvoir de Yaoundé : ses élus boycotteront la prochaine session parlementaire si le régime n’engage rien de concret pour résoudre la crise sécessionniste anglophone.

Paul Biya est le principal responsable de la crise anglophone, la spirale de violence inouïe aux conséquences désastreuses, à savoir les assassinats, kidnappings, torture, incendies des écoles et des hôpitaux, villages complètement rasés, des dizaines de milliers de déplacés internes, lui étant entièrement imputable, résume la première publication citée.

Le SDF, ajoute Mutations, a également lancé un appel aux sénateurs, députés et conseillers municipaux du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc, au pouvoir) des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, qui affichent jusqu’ici une indifférence assourdissante et apportent leur soutien au gouvernement répressif de Yaoundé.

Pour L’Anecdote, tout ceci relève d’un odieux chantage du leader de l’opposition, Ni John Fru Ndi, qui cède ainsi aux pressions exercées contre lui depuis des mois par les séparatistes anglophones qui, rappelle The Guardian Post, l’ont déjà pris en otage à deux reprises en exigeant qu’il retirer ses élus du Parlement.

Les journaux camerounais en mode gouvernance et politique

Une mixture de gouvernance et de politique, sur fond de socio-économie et d’insécurité, meuble les colonnes des journaux camerounais parus vendredi.Placé sous mandat de dépôt mercredi soir à la prison centrale de Yaoundé, le cas de l’ex-directeur général de l’Agence de régulation des télécommunications (ART), Jean Louis Beh Mengue, est de nouveau traité par Mutations qui tente une explication : en dehors de nombreuses fautes de gestion retenues contre lui par le Tribunal criminel spécial (TCS), il est poursuivi un détournement de 700 millions de francs.

«Beh Mengue prend sa retraite à Kondengui», titre perfidement l’hebdomadaire satirique Le Popoli qui représente l’ancien manager, 18 ans au poste, traîné de force par un maton à l’intérieur du pénitencier et qui dit à son geôlier : «Après, vous parlerez de surpopulation carcérale n’est-ce pas ?»

Sauf que, selon Le Messager, la fameuse «Opération épervier», censée assainir les mœurs publiques, est désormais dans la boue avec, entre autres incongruités, des procédures improvisées, le choix partisan et en tout cas controversé des acteurs et une politisation tous azimuts.

Son confrère L’Épervier, pourtant réputé proche du pouvoir, confirme ce constat amer qui dénonce une juridiction (le TCS) entre les mains de la mafia, mais également des milliards de francs circulant dans des mallettes pour mettre sous l’éteignoir certaines personnalités.

Revenant pour sa part sur la mutinerie survenue le 24 juillet dernier à la prison de Buea (Sud-Ouest), The Post, qui a interrogé des avocats en charge du dossier des détenus sécessionnistes anglophones, se demande où se trouvent les corps des détenus assassinés pendant l’intervention de l’armée. Et depuis lors, déplore par ailleurs le bihebdomadaire de langue anglaise, plus de 70 blessés, toujours enchaînés, ont été laissés à l’abandon avec des plaies purulentes et non traitées.

Plus qu’émue par toutes ces dérives, la commission des droits de l’homme et des libertés du barreau du Cameroun vient, appuie Mutations, d’inviter tous les avocats et avocats stagiaires, intervenant dans la chaîne de la justice pénale et non pénale à porter désormais, immédiatement et par écrit à la connaissance de ladite instance, toutes les violations, incidents ou manquements infestant le rendu quotidien de la justice.

Le barreau exige de ses membres sa saisine, par des écrits d’avocats responsables et prêts à dénoncer le dysfonctionnement de la justice pénale à tous les niveaux. Une démarche qui vient briser l’amitié et la collusion entre tous les acteurs (officiers de police judiciaire, magistrats, avocats, responsables pénitentiaires) impliqués dans la chaîne de la justice pénale : «Avec cet acte, la commission s’engage à dénoncer nommément et publiquement toutes les violations dans le rendu de la justice par ses rapports réguliers.»

Plus grave, renchérit Émergence, à l’heure de la transparence dans la gestion des affaires publiques, il est étonnant que certaines administrations, à l’instar de la présidence de la République ou des services du Premier ministre, continuent d’échapper à tout audit financier.

Entre finances et développement, Essingan et L’œil du Sahel se livrent, à distance, à une guerre des chiffres. Le premier cité affirme que le grand-sud du pays, où les plus grands projets hydroélectriques du pays ont vu le jour, est également le plus impacté par le phénomène des délestages. Son confrère, lui, a ressortir la loupe pour afficher les chiffres de la pauvreté dans la grand-nord, zone la plus peuplée du Cameroun mais manquant d’eau, d’électricité, d’écoles et autres infrastructures de base.

La preuve que les régions septentrionales ont un grand impact sur la vie nationale est apportée, selon Le Quotidien de l’Économie, par la compagnie aérienne Cameroon Airlines Corporation (Camair-Co) qui inaugure son nouveau plan de vol dans le septentrion avec pour hub Garoua (Nord), mais dont le potentiel en termes de recettes reste à préciser.

Au plan politique, glisse InfoMatin, les populations des régions de l’Adamaoua, du Nord et de l’Extrême-Nord sont conscientes des enjeux de l’heure, même si elles ne se manifestent pas ouvertement, pour le moment : l’élite du septentrion entend peser de tout son poids dans la succession de Paul Biya à la tête du Cameroun.

Des crises multiformes en vitrine dans les journaux camerounais

Le projet équato-guinéen d’érection d’un mur frontalier irrite les journaux camerounais parus mardi, tout autant que les sphères économique et sociale où rien ne semble marcher.Voici donc Yaoundé et Malabo, pourtant connus pour être de bons voisins, en conflit diplomatique à propos d’un rempart en béton planifié par la Guinée Équatoriale, se désole d’entrée The Guardian Post. On voit clairement que Teodoro Obiang Nguema Mbasogo nargue son «frère» Paul Biya, appuie The Horizon, le chef de l’État équato-guinéen ayant décidé de construire sa barrière du côté camerounais de la frontière.

Ça ne s’annonce pas bien en tout cas, prévient Émergence : l’armée camerounaise a déjà averti qu’elle ne tolérera pas que l’intégrité territoriale du pays soit violée.

Embrayant dans le chapitre de la gouvernance, Le Messager, sur quatre colonnes, consacre sa principale manchette à la mise sous mandat de dépôt de l’ancien directeur général de l’Agence de régulation des télécommunications (ART), Jean Louis Beh Mengue qui, selon InfoMatin, vient de passer sa première nuit à la prison centrale de la capitale, Yaoundé.

Sa descente aux enfers a débuté lundi, avec sa garde à vue ordonnée par le Tribunal criminel spécial (TCS), expliquent les deux publications, qui égrènent un chapelet de motifs d’inculpation, consignés par une enquête du Contrôle supérieur de l’État, contre celui qui est resté en poste pendant 18 ans.

«Ô gros maux !» s’exclame Mutations sur un autre chapitre : la lutte contre les médicaments de la rue, considérée comme un serpent de mer au moment où le nouveau ministre de la Santé publique, Malachie Manaouda, a (ré)ouvert la guerre le 16 juillet contre la vente illicite des produits pharmaceutiques. Il s’agit, estime le quotidien à capitaux privés, d’«un objectif osé dans un secteur opaque».

Contre les médicaments de la rue, Manaouda ne peut rien, confirme Réalités Plus : «Tout se passe à partir de minuit quand le ministre dort. Un lobby de milliardaires pilote l’industrie. Les pharmacies conventionnelles placent des médicaments dans le noir.»

S’il y a un secteur où le département de la Santé publique ne peut être pris à défaut, semble rétorquer le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune, c’est au niveau de la prévention contre le choléra dans le septentrion où 600.000 vaccins ont été administrés aux populations depuis le 2 août 2019. «La région du Nord est particulièrement touchée par cette épidémie depuis près d’un an, note L’Anecdote. Elle a déjà enregistré 54 décès sur les 917 cas notifiés.»

À cheval entre l’économie et le social, la dernière publication citée s’intéresse à la lutte contre la vie chère. Ainsi, selon la brigade nationale de contrôle des prix et de répression du ministère du Commerce, c’est l’ignorance et la résilience des consommateurs qui nourrissent la spéculation des prix entretenue par certains commerçants véreux à travers le pays.

Et Cameroon Tribune de s’intéresser à un des produits de grande consommation du pays : le riz dont la production locale, bien qu’incapable de satisfaire une demande annuelle de 407.000 tonnes, existe mais manque de réseau(x) de distribution.

«L’État, dans son rôle de régulateur de l’économie, est appelé à créer les conditions pour encourager le secteur privé à s’intéresser au riz produit localement. Il s’agit par exemple de revoir la règlementation qui encadre l’importation du riz. La distribution et la commercialisation du riz camerounais se trouvent plombées par le riz importé, qui bénéficie pour le moment d’une défiscalisation qui le rend rentable pour les importateurs et les commerçants.»

Pendant ce temps, dans les colonnes de Défis Actuels, c’est le ministre de l’Économie, du Plan et de l’Aménagement du territoire, Alamine Ousmane Mey, qui présente les orientations majeures de la programmation budgétaire au cours des trois prochaines années ainsi que les 7 priorités du gouvernement se réduisant à ce challenge : il faut porter la croissance à 10%.

Le Quotidien de l’Économie voudrait bien y croire, mais relève perfidement que les ambitions touristiques du Cameroun, un des atouts majeurs de ladite croissance, sont désormais réduites à néant pour 2020, les infrastructures et l’organisation de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) de football, prévues pour l’année en cours, ayant été compromises et la compétition repoussée à 2021.

Cocktail politique, économique et social en vedette dans les journaux camerounais

Les journaux camerounais parus mercredi proposent un éventail de sujets allant de la politique à l’économie, en passant par les faits sociaux.Les photos de l’ex-Premier ministre Éphraïm Inoni, de l’ancien ministre de la Santé Urbain Olanguena Awono, et du ci-devant président de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot) Mohammed Iya, s’affichent en couverture des quotidiens à capitaux privés Émergence et Mutations : «prisonniers de luxe» incarcérés dans le pénitencier de Yaoundé-Kondengui, la capitale pour détournement de deniers publics, ils traînent en justice 46 autres détenus qu’ils accusent de «rébellion en groupe, tentative d’évasion en coaction, destruction, vol en coaction et blessures légères».

L’action judiciaire de ces trois personnalités en disgrâce, expliquent les deux publications, vise des sécessionnistes anglophones ainsi que des militants du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC, opposition) présentés comme les instigateurs de la mutinerie du 22 juillet dernier, au cours de laquelle plusieurs détenus «VIP» avaient été agressés physiquement.

La justice sera implacable à l’endroit des émeutiers de Kondengui, mais aussi de Buea (Sud-Ouest), prolonge Essingan, plantant également le décor d’un inévitable réquisitoire contre le ministère de la Justice et la magistrature, en général, dont le laxisme et les lenteurs constituent la trame des mouvements insurrectionnels des 22 et 24 juillet 2019.

Dans sa chronique quotidienne de la crise sécessionniste anglophone et de ses répercussions, The Guardian Post se penche sur un curieux phénomène s’agissant du Front social démocratique (SDF), le premier parti de l’opposition dont le fief se trouve dans le chef-lieu du Nord-Ouest, Bamenda.

Depuis 2018 en effet, lorsque le conflit armé dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest s’est aggravé, cette formation, constate le journal, a délocalisé ses réunions du bureau exécutif qui se tiennent traditionnellement à la résidence de son leader, John Fru Ndi, pour d’autres localités en zone francophone.

Pendant ce temps, InfoMatin relaie l’initiative des chefs traditionnels du pays qui, le 4 août dernier dans la métropole économique, Douala, ont engagé une caravane de la paix, qui doit parcourir toutes les régions du pays.

Une autre initiative, s’agissant spécifiquement de la crise séparatiste et que relaie Le Jour, vient de la société civile à travers le réseau Dynamique citoyenne qui, face au refus du pouvoir d’ouvrir un dialogue national inclusif demande la constitution d’un gouvernement de transition essentiellement dédié à la question.

Au créneau également, la Commission nationale pour la promotion du bilinguisme et du multiculturalisme qui, rapporte le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune, vient de lancer une vaste campagne sur l’unité dans la diversité.

«Il était temps», se réjouit la publication, au moment où les théoriciens de l’ethnocentrisme envahissent les réseaux sociaux et les médias classiques. «Peut-être faudra-t-il aller plus loin en légiférant pour criminaliser ce qui est décrié. L’enjeu étant d’endiguer la malheureuse spirale enclenchée.»

Le fond de la scène politique reste décidément brumeux, à s’en tenir à la principale manche de Repères qui évoque la fin d’un long compagnonnage entre le chef de l’État Paul Biya et le président de l’Assemblée nationale, Cavaye Yeguie Djibril, que le premier cité semble avoir mis en quarantaine.

«Depuis près de deux ans déjà, Cavaye Yeguie Djibril n’a plus été reçu par Paul Biya. D’après son entourage immédiat, le PAN a même, à plusieurs reprises, tenté de rencontrer celui qu’il appelle obséquieusement ‘’patron ». En vain. Pour parler à Paul Biya, Cavaye Yeguie Djibril doit désormais se contenter des entrevues que le président de la République accorde toujours à ses proches collaborateurs au départ ou au retour d’un voyage à l’étranger. Et comme Paul Biya n’a pas beaucoup voyagé ces derniers temps, c’est dire que le PAN est quasiment coupé de son mentor.»

Et voici un autre paradoxe bien camerounais, que souligne le bihebdomadaire : alors que les importations de riz ont englouti 508,5 milliards FCfa entre 2015 et 2017, 160.000 tonnes de cette denrée, produites localement, moisissent dans les magasins de la Société d’expansion et de modernisation de la riziculture de Yagoua (Semry), dans la région de l’Extrême-Nord.

En chœur avec Le Quotidien de l’Économie, repère passe également en revue la programmation budgétaire et de performance associée de l’État entre 2020 et 2022, où la priorité sera accordée aux secteurs productifs : durant les trois prochaines années, le gouvernement compte affecter davantage de ressources financières aux projets à forte valeur ajoutée.

Comme un air de mal-vivre dans les journaux camerounais

L’écrasante majorité des journaux camerounais parus mardi décrivent un environnement politique et social sentant la sinistrose au plan national.Avec en image le palais présidentiel surmonté du titre «État fédéral : le casino Cameroun », Intégration entreprend de recenser les crises actuelles sur fond de revendications sécessionnistes anglophones. Un climat, selon l’hebdomadaire, marqué par une lutte féroce entre acteurs politiques collectionnant leurs cartes pour mieux se positionner dans la course au pouvoir.

Pour la publication, l’État unitaire a du plomb dans l’aile alors même que ceux-là qui, résidant à l’extérieur, bataillent pour le séparatisme, restent englués dans des batailles de gestion du trésor de guerre se chiffrant à des millions de FCFA.

Au plan du climat social, il y a véritablement péril sur le pays, répond en écho Le Messager : le président Paul Biya, acculé de toutes parts, cherche en vain une solution miracle pour redresser une barque qui prend l’eau de toutes parts.

Et voilà qui replonge Mutations au cœur de la récente mutinerie dans les prisons du chef-lieu du Sud-Ouest anglophone, Buea et de la capitale Yaoundé : à l’ouverture du procès des insurgés de Kondengui, du nom de la dernière maison d’arrêt citée, un imposant dispositif sécuritaire a été déployé autour du palais de justice, créant la panique au sein de la population.

«Où sont-ils» se demande Le Jour : il y a eu au total 244 détenus sortis de ce pénitencier après le soulèvement de la nuit 22 au 23 juillet. Sauvagement torturés, beaucoup ont été conduits vers des destinations inconnues, leurs proches se demandant aujourd’hui s’ils sont encore en vie.

À ce malaise des prisonniers sans trace, s’ajoute ce que InfoMatin qualifie de règlement de comptes au sein du pouvoir : des commanditaires, dans les hautes sphères du pouvoir, auraient payé pour 25 millions de francs, représentant la première tranche, à certains médias complaisants pour monter une cabale contre le ministre de la Justice en charge de l’administration pénitentiaire, Laurent Esso, afin de le présenter comme le principal responsable des mutineries dans les prisons avec, comme principales revendications des bagnards, les lenteurs judiciaires et les mauvaises conditions de détention.

S’agissant, justement, de l’intention gouvernementale de desserrer l’étau de l’univers carcéral, The Guardian Post estime que la seule décongestion envisagée ne suffit pas lorsque, dans un pays réputé de droit, les magistrats ont systématisé l’incarcération pour la moindre peccadille et lorsque le projet de peines alternatives à l’emprisonnement, dont on vante l’avènement depuis des années, n’est pas effectif.

L’enfer carcéral hante les journaux camerounais

Les journaux camerounais chargent le gouvernement sur l’univers carcéral, au lendemain des émeutes des 22 et 23 juillet dans les prisons respectivement de la capitale, Yaoundé et du chef-lieu de la région du Sud-Ouest, Buea.Rendant compte du point de presse tenu sur le sujet en fin de semaine dernière par le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, René Emmanuel Sadi, The Sun indique que Paul Biya a ordonné au gouvernement d’accélérer les procédures judiciaires afin de décongestionner les prisons.

Pour Sans Détour, ces mesures présidentielles sonnent comme des réponses tardives à une alerte, pourtant donnée depuis 2015, par le ministre en charge de la Justice, Laurent Esso. Pourtant, constate L’Anecdote sous le titre «Le procès kafkaïen», des bruits polluants inondent l’espace public de polémiques, tendant à incriminer le garde des Sceaux sur la surpopulation carcérale et les longues détentions préventives.

Le même Laurent Esso a été présenté à l’opinion publique comme le principal, sinon l’unique responsable de ces soulèvements, confirme le bihebdomadaire Repères. Sans doute, il a une part de responsabilité dans ce qui est arrivé, notamment parce que la construction de nouvelles prisons ou la réhabilitation de celles existantes lui incombent au premier, toute chose qui aurait permis de désengorger les prisons.

Mais c’est oublier aussi, s’empresse d’ajouter la publication, que l’administration de la justice y est pour beaucoup dans la surpopulation carcérale. Or, le ministre de la Justice n’exerce qu’un contrôle limité sur le travail des magistrats, surtout du siège : «Autant dire qu’il n’est pas le principal décideur du fonctionnement de la magistrature ou de la justice.

La surpopulation carcérale a un nom, tranche l’hebdomadaire L’Avenir : les lenteurs judiciaires, la corruption et les emprisonnements fantaisistes, conséquence d’une gouvernance obscurantiste et vénale, perpétrée par des individus sans foi ni loi.

Cette situation, littéralement inhumaine, est la conséquence de l’incurie de ceux qui sont chargés du prononcé des sentences, notamment des magistrats, soupire Défis Actuels. En effet, il n’est pas rare de voir des personnes attendre des années pour être jugées. La faute aux multiples renvois de complaisance.

«Par ailleurs, il est tout aussi récurrent que des personnes soient condamnées et emprisonnées pour des infractions mineures. D’où vient-il qu’en 2019, des gens soient encore envoyés en prison pour ‘’défaut de carte nationale d’identité » ? Cette politique du ‘’tout carcéral » renseigne à suffisance sur le caractère essentiellement répressif de la société camerounaise.»

La systématisation de la détention provisoire (environ 58,1% des cas, selon le rapport sur l’État des droits de l’homme au Cameroun en 2017) est, en grande partie, responsable de l’engorgement des prisons du pays, répond en écho InfoMatin. La surpopulation carcérale constitue un problème que le gouvernement peine à résoudre, et dont il fait semblant d’être surpris de la gravité, pointe pour sa part Mutations.

S’il est constant que détenus et prisonniers jouissent de droits inaliénables, il faut reconnaître, répond en écho le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune, «qu’un effort important doit être fait en vue d’améliorer leurs conditions de détention.

Nécrologie et mal-gouvernance en vedette dans les journaux camerounais

Le décès, la veille de l’ancien Premier ministre Sadou Hayatou côtoie, dans les journaux camerounais parus vendredi, les tribulations gouvernementales face à la crise sécessionniste anglophone et au sort des prisonniers politiques.Dans un bel élan, Cameroon Tribune, InfoMatin, Le Jour, Le Messager, L’œil du Sahel, Mutations et The Guardian Post, saluent la mémoire de l’ex-chef du gouvernement, qui la veille a passé l’arme à gauche dans un hôpital suisse à l’âge de 77 ans.

C’était l’ami personnel du président Paul Biya, signale Le Messager. Et InfoMatin de rappeler que c’est lui qui, nommé le 26 avril 1991, a dirigé le gouvernement lors des crises sociales les plus profondes ayant accompagné la réinstauration du multipartisme.

M. Hayatou, insiste Mutations, a managé l’un des dossiers les plus complexes visant à sortir le pays des «années de braise», la conférence Tripartite du 30 octobre au 17 novembre 1991 entre le pouvoir, l’opposition et la société civile qui mit fin aux troubles sociopolitiques.

Quelques pages plus loin, et le même journal, qui en fait par ailleurs sa grande manchette, se penche sur le cas du «grand muet bavard» à la tête du ministère de la Justice, Laurent Esso qui «change de disque» dans la gestion des urgences : réputé taiseux et secret, l’homme semble ébranlé depuis la mutinerie survenue voici 10 jours à la prison centrale de Yaoundé-Kondengui, lui qui fait fuiter des correspondances adressées à certaines personnalités au sujet de ces événements.

Cette personnalité, restée célèbre avec sa formule-choc «les urgences, c’est à l’hôpital», vient de demander aux chefs des cours d’appel des 10 régions de lui faire parvenir leurs suggestions en vue de la réduction des lenteurs judiciaires, à l’origine du soulèvement des prisonniers.

«Crise dans les prisons : Laurent Esso plaide coupable», appuie L’œil du Sahel ; «Surpopulation carcérale : Laurent Esso passe aux aveux», moque Essingan, constatant que le membre du gouvernement, après des années de léthargie, tente de reprendre la main pour décongestionner les prisons.

Et voici que Paris nous rappelle aux tristes réalités de la crise post-présidentielle et de la guerre sécessionniste dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest : Le Jour, sous le titre «Crise sociopolitique : la France préoccupée par l’inculpation de Kamto», profite d’une déclaration du ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères qui dit suivre, avec une grande attention, la situation de l’ancien candidat à la présidentielle et leader du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc, opposition), arrêté le 28 janvier dernier avec près de 200 de ses partisans et inculpé depuis mi-février notamment pour rébellion, insurrection et hostilité contre la patrie.

La France relève également que la situation dans les régions anglophones du Cameroun continue à se dégrader. Bien plus, elle rappelle que les pertes humaines y sont lourdes, que la situation humanitaire est critique (35.000 réfugiés au Nigeria et 530.000 déplacés internes) et que l’activité économique dans ces régions s’effondre.

Pour l’Hexagone, renchérit The Guardian Post, la solution à la guerre sécessionniste n’est pas militaire mais politique. Comme la France, le Cameroun peut encore compter sur des partenaires bienveillants par ces temps difficiles, ajoute le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune qui salue, sur 4 colonnes en couverture, l’offre de près de 240 millions FCfa du Japon et du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), en vue du financement de projets de développement en faveur des populations victimes de l’instabilité sociopolitique dans les régions anglophones.

Vague d’angoisse et de sueurs froides en couverture des journaux camerounais

Les journaux camerounais parus jeudi dégoulinent d’angoisse, au triple plan sécuritaire, politique et économique.Il y a comme un vent de psychose chez Le Jour et Mutations, au sujet d’une violente explosion survenue dans la nuit de mardi à mercredi dans un site commerçant de la capitale, Yaoundé, derrière laquelle beaucoup ont cru voir un attentat terroriste.

Les deux publications, avec force détails, relatent les scènes de panique de la population, la mobilisation des forces de sécurité ainsi que la police scientifique. Vérification faite, il ne s’agissait point d’une bombe, mais de l’explosion d’une friteuse dans un commerce ayant fait quelques blessés et des dégâts matériels assez importants.

Au-delà d’un incident accidentel, prolonge L’Anecdote, une fouille des lieux a permis de mettre la main sur une grenade encore goupillée, sans qu’on sache comment un tel engin a pu se retrouver dans cette zone à forte densité humaine.

Dix jours plus loin, Le Jour revisite l’onde de choc de la mutinerie de la prison centrale de la même ville, dont le bilan est loin d’être consolidé. Mais les suites de l’émeute ont aussi pris les allures de polémique, quant au traitement jugé dégradant infligé aux détenus arrêtés et exfiltrés de la prison, soit 117 personnes dont les familles et les avocats restent sans nouvelles à ce jour.

Les mauvaises conditions de vie dans les prisons et l’absence d’espaces de divertissement, à l’intérieur de certains centres de détention, sont entre autres raisons qui poussent les prisonniers à se révolter ou à tenter de s’évader, explique Défis Actuels, dénonçant par ailleurs ce mauvais réflexe des magistrats du pays à envoyer à tout prix des gens derrière les barreaux ceux qui sont sous le coup de poursuites judiciaires.

Un autre phénomène, tout aussi préoccupant et auquel le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune consacre un dossier, c’est le trafic de carburant frelaté à ciel ouvert à Yaoundé, un produit à la qualité douteuse, mais qui pourtant s’est constitué une clientèle fidèle.

Du carburant, InfoMatin en fait sa principale manchette à propos du grave incendie intervenu en fin mai dernier dans les installations de la Société nationale de raffinage (Sonara) à Limbe (Sud-Ouest). Et la publication de révéler, selon les conclusions ayant fuité du rapport d’enquête commanditée par le gouvernement, que le feu est parti d’une turbine défectueuse et sans pièce de rechange, que des techniciens venaient de colmater.

C’est un module hors d’usage, d’un four de distillation, qui a déclenché le grave incendie, confirme Aurore Plus : la qualité défectueuse de la pièce bricolée a ainsi cédé et provoqué l’explosion, dont les dégâts sont aujourd’hui encore difficiles à évaluer.

Et de pointer le manque de planification de la hiérarchie de l’entreprise, qui jusqu’à présent a juste livré quelques responsables de second rôle aux enquêteurs : «La Sonara, non couverte par la moindre police d’assurance au moment de l’incendie, va devoir – comprendre le contribuable camerounais – cotiser pour la remise à neuf de l’usine de Limbe, évaluée à 700 milliards de francs par les spécialistes les plus optimistes.»

Et c’est, malheureusement, à ce scénario que l’on s’achemine, son directeur général, pour des raisons que l’on ignore, ayant décidé de confisquer les résultats de l’appel d’offres national ouvert pour le renouvellement du programme triennal (2019-2020-2021) d’assurances, lancé en procédure d’urgence 1er avril et dont le dépouillement des offres est intervenu le 19 suivant, dénonce Aurore Plus.

Dressant pour sa part le bilan de la phase l du concept «Vision 2035», lancé en 2009 par le gouvernement à travers le Document de stratégie pour la croissance et l’emploi (Dsce), un concept ambitionnant de faire du Cameroun «un pays émergent, démocratique et uni dans sa diversité», EcoMatin ne semble pas très emballé par le «bilan mitigé», alors que le programme arrive à terme dès le 31 décembre 2019.

Et de citer quelques agrégats économiques endogènes et exogènes ayant plombé ce crucial processus : la conjoncture macro-économique internationale, l’insécurité dans l’Extrême-Nord, la crise sécessionniste dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, l’inflation, l’accroissement de la population ainsi que le poids de l’informel.

Les journaux camerounais font le procès du gouvernement

A quelques rares exceptions, les journaux camerounais parus mercredi, qu’il s’agisse de la société, de la politique ou de l’économie, dressent un réquisitoire implacable contre le gouvernement dans la marche du pays.Voici le président Paul Biya, photo pleine page en couverture du quotidien à capitaux privés Le Messager, la mine effondrée, les yeux clos, la main gauche soutenant une tête visiblement sur le point d’exploser. Sous le titre «Vivre ensemble : le malheur du silence», la publication fait le tour des dernières crises multiformes, qui viennent se briser sur le silence assourdissant du régime et font, un peu plus chaque jour, «le lit de l’effritement de la confiance entre le pouvoir et le peuple».

Le cas d’espèce, pris comme travaux pratiques pour évaluer le niveau du sinistre actuel, est la violente crise politico-identitaire que traverse le Cameroun depuis presque trois ans, acquiesce Mutations : «Entre-temps le navire aux bois charançonnés par les divisions et fissurés par les récifs de la violence, prend de l’eau de tous les côtés. Et l’ordre gouvernant, orchestre insouciant de notre ‘‘Titanic national », continue de jouer, comme dans le meilleur des mondes, la symphonie apocalyptique de notre descente aux enfers.»

Autre exemple pris, tout à fait au hasard par le bihebdomadaire Repères, c’est le «bluff à… 235 milliards FCfa» de la junior américano-canadienne Geovic, «une nébuleuse» détentrice d’un permis d’exploitation de cobalt/nickel/manganèse depuis 2003 à l’Est du pays, mais qui n’a jamais développé le projet et veut, aujourd’hui, entretenir l’espoir avec l’annonce d’une mise en route imminente, question d’empêcher le retrait dudit permis.

Le Soir, qui effectue une plongée dans l’univers carcéral, est lui aussi impitoyable vis-à-vis du pouvoir, accusé d’entretenir la surpopulation dans les prisons ainsi que les lenteurs judiciaires, à l’origine des récentes mutineries de détenus dans deux maisons d’arrêt. Et dans ces pénitenciers aussi, la torture semble voguer à contre-courant de l’héritage républicain, enfonce The Guardian Post.

En 2017, précise Intégration, le Cameroun comptait 27.997 détenus pour 17.000 places officielles. Il y a en effet péril sur la gouvernance de la justice, rétorque Diapason, la mutinerie du 22 juillet à la prison centrale de Yaoundé, la capitale où des détenus ont pris possession des lieux pendant plusieurs heures, étant là pour rappeler la surpopulation carcérale, les lenteurs judiciaires ainsi que les conditions de détention.

Il souffle un vent mauvais, dans le sérail depuis les mutineries des 22 et 23 juillet dans les prisons de Yaoundé et Buea (Sud-Ouest), respectivement, confirme InfoMatin. Une atmosphère de cynisme, par médias interposés, semble s’être installée, marquée par des règlements de comptes et des mains criminelles laissant fuiter des correspondances sensibles au cœur du pouvoir.

Et dans tout ça, s’emporte Le Quotidien de l’Économie, relayant des données de l’Agence d’électrification rurale (AER), 100.000 localités du territoire se trouvent privées d’électricité depuis l’indépendance, en 1960, un déficit d’énergie dont la résorption relève de la gageure.

Il y a de l’espoir dans l’air, semble répondre en écho le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune, qui consacre un dossier à l’effervescence sur le fleuve Sanaga, le plus important et qui représente la moitié du potentiel hydroélectrique du pays : il est aujourd’hui au cœur de deux ambitieux projets non seulement d’adduction d’eau potable, mais également de production d’électricité pour un potentiel de 12.000 mégawatts.

Économie et politique en vedette dans les journaux camerounais

Un front économique toujours morose, ajouté à un environnement économique tout aussi sinistré, constituent la trame des journaux camerounais parus mardi.C’est le genre de nouvelle dont la filière se serait bien passée, en pleine politique de relance de la production. Selon Le Quotidien de l’Économie en effet, citant le Conseil interprofessionnel du cacao et du café (Cicc), annonce la perte de 400.000 tonnes de semences du premier produit cité, au moment même où le déficit de semences améliorées entraîne d’énormes pertes post-récoltes.

Et ça ne va guère mieux dans la filière banane, renchérit Mutations, avec l’arrêt des activités de la Cameroon Development Corporation (CDC), victime de la crise sécessionniste anglophone, la difficile relance de la Société des plantations de Mbanga (SPM), pourtant promise en janvier 2018 par le gouvernement et les balbutiements de la Plantation du Haut Penja (PHP), qui peine à trouver de nouvelles terres cultivables.

Fort heureusement, tempère The Guardian Post, l’association nationale des producteurs de banane a décidé de prendre le taureau par les cornes en réorganisant la filière afin de doubler les exportations du pays.

Le salut, semble répondre en écho le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune, pourrait venir de cette nouvelle dynamique entre le gouvernement et le secteur privé, qui viennent d’arrêter une stratégie visant, entre autres, le développement du potentiel de chaque région du pays, le soutien à l’agriculture et à l’économie verte, mais aussi le développement du numérique.

Et pourquoi pas essayer la tontine, que Le Jour présente comme «un système financier efficace» ? Il s’agit, explique la publication, d’un système de financement de proximité, protecteur des épargnants mais également la voie à suivre afin de réduire la pauvreté et de raffiner le développement.

Sur le front de la politique, le moins que l’on puisse écrire, signale Mutations, est que ça ne s’arrange pas avec le Mouvement national pour la renaissance du Cameroun (MRC, opposition) dont plusieurs dizaines de militants et dirigeants sont derrière les barreaux depuis plus de 6 mois pour manifestations publiques interdites.

Plus grave, insiste le journal, à l’issue de maltraitances subies lors de la mutinerie de la semaine dernière à la prison centrale de Yaoundé, la capitale, cette formation demande l’ouverture d’une enquête internationale sous l’égide de l’Organisation des Nations Unies.

Pour la présidente par intérim du MRC, Tiriane Noah, citée par Le Messager, le pouvoir de Yaoundé est entièrement responsable de la dégradation actuelle du climat sociopolitique au Cameroun.

Rendant compte des conclusions du forum d’un collectif de Camerounais de la diaspora, tenu du 26 au 28 juillet en Allemagne, Mutations indique que les participants exigent, entre autres, l’organisation urgente d’un dialogue national et d’une transition politique pour la paix et la réconciliation, le départ du régime en place pour la sortie de crises, mais aussi la libération de tous les prisonniers politiques, notamment ceux arrêtés dans le cadre de la crise anglophone ou de la crise post-présidentielle.

À propos du dialogue inclusif et de la crise sécessionniste anglophone, The Guardian Post se demande ce qu’est devenu le grand forum annoncé à grand renfort de publicité par le Premier ministre, objet il y a deux mois d’une forte mobilisation gouvernementale.

Il y a comme du folklore dans l’air, soupire le quotidien à capitaux de langue anglaise, tant le laxisme du pouvoir de Yaoundé est patent alors même que la situation n’arrête de s’envenimer sur le terrain.

Scènes de violences et de crises en couverture des journaux camerounais

De la politique à la société en passant par l’économie, la sécurité ou encore la Coupe d’Afrique des nations (Can) de football 2021, ce sont des scènes de crises qui s’affichent en couverture des journaux camerounais parus lundi.La photo, dans un véhicule de la police et presque nu comme un ver du vice-président du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc, opposition), Mamadou Mota, trône à l’affiche de The Guardian Post : il s’agit d’un instantané capté en début de semaine dernière, lors d’une mutinerie à la prison centrale de la capitale, Yaoundé où le concerné, incarcéré au même titre que d’autres leaders de ladite formation, a été sérieusement molesté au point de se retrouver avec un bras fracturé.

Selon le quotidien à capitaux privés de langue anglaise, ces cas de tortures et de maltraitances, perpétrées contre des prisonniers politiques, font aujourd’hui bondir les organismes de défense des droits de l’homme.

Le traitement inhumain de Mota sonne comme une mise en garde à l’endroit de ceux qui ont des têtes plus grandes que celles des autres, s’émeut L’Avenir sous le titre «Prisonnier politique, pas terroriste» : le régime veut ainsi envoyer un message fort à ceux qui persévèrent dans la critique, qui seront traqués et capturés comme des rats.

À travers la répression contre les opposants, soupire L’Indépendant, c’est en vérité l’après-Biya qui se joue désormais au couteau entre ses sous-chefs avec le chef de l’État lui-même en cible privilégiée, tous les coups étant désormais permis pour liquider le créateur et se positionner pour la succession.

Pour Sans Détour, la vraie menace actuelle vient plutôt de l’extérieur : à quelques jours de l’Assemblée générale des Nations Unies, les États-Unis, dont le Congrès vient par ailleurs de se fendre d’une résolution suggérant le retour à deux États fédérés au Cameroun, s’activent dans l’ombre pour obtenir l’envoi de Casques bleus en région anglophone.

«Votée le 23 juillet 2019, la résolution du Congrès américain offre des pistes de sortie de la crise sociopolitique qui secoue les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest. Cette résolution renvoie dos à dos le gouvernement et les sécessionnistes», résume L’Essentiel.

Avant d’aller lorgner l’ennemi de l’extérieur, le régime de Yaoundé gagnerait sans doute à bien veiller sur la situation de ses prisons où planent d’autres menaces de mutineries sur fond de surpopulation et de misère rampante, préviennent en chœur L’œil du Sahel, InfoMatin et Défis Actuels.

C’est le prix du laxisme de certains hauts responsables, surtout ceux du ministère de la Défense et du tribunal militaire qui desservent les intérêts des détenus, résume L’Anecdote, prenant l’exemple de certains prisonniers ayant bénéficié d’une mesure de relaxe ou qui sont libérés au terme d’une procédure, mais qui passent encore des mois dans un cachot sans que leur présence soit justifiée.

Le gouvernement se trouve face à ses responsabilités, note L’Essentiel, l’engorgement de la plupart des prisons étant une préoccupation constante avec des projets de construction de nouveaux lieux de détention existent, mais les chantiers tournent au ralenti.

C’est dans ce contexte particulièrement tendu que des chefs séparatistes anglophone viennent, indique The Sud, de fixer un ultimatum au régime de Yaoundé afin de clarifier la situation des prisonniers anglophones, portés disparus après les émeutes de la semaine dernière à Yaoundé, mais aussi à Buea (Sud-Ouest) où, selon les indépendantistes, près de 100 détenus de leurs camarades de combat ont été tués.

La crise anglophone, au-delà des victimes humaines, est aussi une catastrophe pour l’économie, constatent en chœur Le Jour et Le Quotidien de l’Économie, prenant l’exemple de la Cameroon Development Corporation (Cdc), spécialisée dans le caoutchouc et la banane mais également plus gros employeur du pays après l’État, mais sont l’agonie continue de ne dément pas à cause de l’insécurité qui règne en zone sécessionniste.

C’est décidément la saison des périls, renchérit Défis Actuels au sujet de l’organisation au Cameroun de la Can 2021 : au moment où les yeux de l’Afrique sont rivés sur le pays qui a hérité de ladite édition, le président de la Confédération africaine de football (Caf) a déjà saisi l’Algérie pour remplacer le pays des «Lions indomptables» en cas de défaillance.

Suffisant, explique InfoMatin, pour que le traumatisme du 30 novembre 2018, à Accra au Ghana, revienne en surface : «Ce jour-là en effet, la Caf avait décidé de retirer l’organisation de la Can 2019 au Cameroun, face aux retards accusés dans le calendrier de réalisation des infrastructures. Le pays de Paul Biya s’est finalement résolu à faire amende honorable. À commencer par l’organisation, l’année prochaine, du Championnat d’Afrique des nations (Chan), qui constituera alors un bon exercice de rodage avant le grand événement attendu en 2021.»

Sur les différents indicateurs mis à l’index par la Caf, pas grand-chose n’a évolué, constatent The Sun et Mutations, la deuxième publication citée évoquant une piqûre de rappel : deux fois recalé à l’initiative pays pauvres très endettés (Ippte) parce que pathologiquement lent à se reformer, le Cameroun joue gros pour la Can 2021 et le pouvoir devrait se prémunir contre une étincelle de plus susceptible de mettre le feu aux poudres.

«Dans un pays où la culture de l’autocritique est prohibée, l’impunité interdit de rendre compte ou d’en demander aux gestionnaires publics. Vu sous cet angle, le Cameroun est donc devenu un pays peu crédible, incapable de respecter la parole donnée, insensible aux ravages de cette image de capharnaüm institutionnel à l’international. On comprend donc que la Caf, pour ne pas revivre le triste souvenir de la Can 2019 que l’Égypte a, heureusement, sauvée in extremis, se prémunisse en anticipant sur un plan B», ajoute Aurore Plus.

Politique répressive en couverture des journaux camerounais

Les atteintes aux libertés publiques, reprochées au gouvernement, sont en vedette dans les journaux camerounais parus vendredi.Voici que le Sénat américain, à travers une résolution, vient de sommer le président Paul Biya de libérer le leader du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc, opposition), Maurice Kamto, affiche Le Messager sur quatre colonnes à la une, précisant qu’en réalité, Washington demande à Yaoundé de cesser d’embastiller ses adversaires politiques.

Et de rappeler que c’est depuis mai dernier que le pays de l’oncle Sam est vent debout contre le pouvoir Biya, qui pour toute réponse n’a consenti à élargir que quelques détenus, gardant derrière les barreaux plusieurs leaders de l’opposition.

La pression du Congrès américain peut permettre beaucoup d’avancées, aussi bien dans la crise sécessionniste anglophone que dans la détention de M. Kamto et de plusieurs autres prisonniers politiques, ose espérer Émergence.

À propos de la récente mutinerie de séparatistes anglophones dans la prison de la capitale, Yaoundé, Baromètre Communautaire constate que le procès du système judiciaire qui a débuté, lui qui est réputé pour ses lenteurs et tracasseries.

Il faudrait avoir le courage de mettre les noms sur les fléaux qui caractérisent ce domaine, renchérit Émergence qui pointe pêle-mêle la corruption des magistrats et la politisation du système judiciaire.

Pendant ce temps, on dirait bien que le gouvernement a mal à sa sécurité et à son renseignement, si l’on s’en tient à l’«alerte rouge», ainsi que la qualifie Mutations, du ministre de l’Administration territoriale (Minat), Paul Atanga Nji, qui la veille a tenu une réunion de sécurité après les remous à la prison de Yaoundé-Kondengui, s’interrogeant notamment sur la capacité des services dédiés à anticiper sur d’éventuels périls.

La vigilance accrue a ainsi été prescrite aux responsables de la préfectorale, prolonge le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune, concernant surtout les «velléités de revendication de certains partis politiques», un terme désignant généralement l’opposition.

Les hommes du commandement territorial, ajoute InfoMatin, citant M. Atanga Nji, doivent veiller au bon usage de la démocratie et des libertés dans leurs unités respectives, mais aussi encadrer l’activité des partis politiques.

C’est donc d’une tentative une reprise en main qu’il s’agit, conclut Mutations, le gouvernement semblant plus que jamais déterminé à actionner tous les leviers nécessaires pour un renseignement préventif plus efficace, à même d’enrayer toute initiative de trouble à l’ordre public particulièrement à Yaoundé, le siège des institutions du Cameroun.

Les mutineries de prisonniers en vedette dans les journaux camerounais

Les mutineries du début de la semaine, dans les prisons de Buea (Sud-Ouest) et Yaoundé (Centre), sur fond de revendications sécessionnistes, sont en vedette dans les journaux camerounais parus jeudi.Mais que veulent donc les 117 émeutiers sécessionnistes de Kondengui, du nom du pénitencier de la capitale ? A travers cette interrogation, Défis Actuels revisite les doléances de ceux qui ont mis le feu aux poudres : l’accélération des procédures judiciaires, dans le cadre de leur dossier ainsi que les conditions de détention.

Accusés de violences sécessionnistes, des prisonniers de Buea (Sud-Ouest) avaient pris le relais avec les mêmes récriminations, qui tournent autour des lenteurs judiciaires et des maltraitances, selon The Post, qui relaie également la réaction de l’Ong Amnesty International condamnant l’usage disproportionné de la force par l’armée pour mater la rébellion.

D’ores et déjà, la première évaluation qui s’impose à l’issue de ces violences fait état, rien qu’à Yaoundé, d’importants dégâts matériels, soupire le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune, se fondant sur les sources gouvernementales faisant état de l’incendie de la bibliothèque de la prison, de l’atelier de couture des femmes et du bureau du responsable de la discipline des détenus, ainsi que le pillage des petits commerces internes au pénitencier.

Dans les colonnes de son confrère Mutations, le Front social démocratique (Sdf) et l’Union démocratique du Cameroun (Udc), deux formations de l’opposition, semblent plutôt prendre fait et cause pour les mutinés, en particulier et pour tous les détenus du pays, en général.

Le premier parti cité constate ainsi, une fois de plus, l’incapacité du gouvernement à gérer voire anticiper une crise séparatiste pourtant perceptible, rend celui-ci responsable de cette situation au regard de la transformation de la justice en comptoir commercial et d’antichambre du régime, abusivement utilisé par ce dernier à ses fins de conservation du pouvoir.

Le Sdf note également que la mal gouvernance du gouvernement a fait son nid dans le pénitencier avec des prisons saturées : à titre d’exemple, celle de Yaoundé qui, construite pour 800 détenus, en contient un peu plus de 5000 aujourd’hui avec au moins 90% de prévenus.

Quant à l’Udc, elle demande lui aussi au gouvernement de dégager toutes les responsabilités de la mutinerie, d’administrer les sanctions conséquentes et de tirer toutes les leçons des événements graves du même type enregistrées ces derniers jours dans les prisons de Yaoundé et de Buea pour décongestionner les prisons, afin d’arrimer les effectifs de la population carcérale aux standards recommandés, d’humaniser davantage le traitement des prisonniers et d’entreprendre la délocalisation de certaines maisons d’arrêt.

Au fait, où sont passés les prisonniers interpellés à Yaoundé ? s’interroge Le Jour. Alors que le ministre de la Communication, René Emmanuel Sadi, annonce le chiffre de 117 personnes «en exploitation», le collectif d’avocats mobilisés pour leur cause affirme n’avoir aucune idée sur leur lieu de détention, n’a pas davantage accès au dossier et exprime ses inquiétudes.

La prison n’est pas un lieu de plaisance, ce n’est non plus un enfer, c’est un lieu de réinsertion. Ce n’est pas un logement forcé. Rien ne justifie qu’au mépris ostentatoire de la loi, la justice dépasse le délai légal de détention préventive (18 mois). La protection de l’humain doit aussi trouver sa place en prison. La responsabilité de cette protection incombe au premier chef au personnel pénitentiaire, appuie l’Alliance pour la fraternité et le progrès dans Défis Actuels.