Exxon et Petronas veulent se retirer de l’oléoduc Tchad-Cameroun

Les opérateurs pétroliers américain ExxonMobil et malaisien Petronas travaillent, actuellement, sur la cession de leurs actifs dans l’exploitation de l’oléoduc Tchad-Cameroun dont ils détiennent respectivement 40% et 35% du capital, a appris APA samedi de sources proches du dossier.En activité depuis 2003, ledit projet va des champs pétroliers de Doba, au sud du Tchad, pour parcourir un pipeline long de 1080 kilomètres jusqu’au terminal maritime de Komé-Kribi, sur la côte camerounaise, où l’or noir est ensuite exporté vers les marchés internationaux.

Si ExxonMobil a conservé son permis d’exploration au Tchad jusqu’en 2050, après une grosse brouille avec les autorités de ce pays, Petronas, de son côté, semble désormais vouloir concentrer ses activités sur les Amériques.

La vente des participations des deux investisseurs, dans ce projet, pourrait valoir plus d’un milliard de dollars, indique la même source, précisant néanmoins que ces ambitions financières pourraient être compromises par la volatilité actuelle des prix du pétrole sur le marché mondial.

Le mouvement sportif tchadien 2020 sous le signe de l’unité nationale

Le Comité olympique et sportif tchadien (COST) a lancé, vendredi soir à NDjaména, la deuxième édition des activités du mouvement sportif tchadien 2020, en présence de nombreux athlètes et de footballeurs, sous le thème: « L’unité nationale par le sport ».Au stade Idriss Mahamat Ouya de NDjaména, les sportifs de différentes disciplines ont défilé devant un parterre d’autorités et un public acquis à leur cause. Par cette activité, le comité olympique vise à rassembler tous les sportifs tchadiens pour mettre en place la politique nationale de mobilisation, d’orientation et de conseils afin de fixer les axes prioritaires de lannée 2020. Par ailleurs, il vise à booster et partager une vision innovante commune entre les acteurs pour une exécution optimale et un résultat positif. 

Le ministre des Sports, Mahamat Nassour Abdoulaye, a déclaré que cette activité permet de susciter l’esprit des vainqueurs chez les athlètes et techniciens pour être plus actifs aux plans national, continental et mondial.

« (…) la deuxième édition des activités du mouvement olympique et sportif tchadien est certainement une manière de consolider l’unité nationale et d’encourage la jeunesse tchadienne à devenir les acteurs principaux de cette unité », a déclaré, pour sa part, le président du COST, Abakar Djarma.

Il a souligné que le développement de la pratique sportive à la base permet de détecter et de promouvoir des talents.

Un contingent de soldats tchadiens bientôt déployés au Niger

Le chef de l’Etat tchadien, Idriss Deby a accordé, vendredi, une audience à l’Envoyé spécial de la France pour le Sahel, Christophe Bigot, pour discuter de l’envoi de soldats tchadiens au Niger, notamment dans la zone dite des trois frontières.Il ressort de cette rencontre que le Tchad accepte de déployer, à partir de fin mars 2020, un contingent de 600 soldats. Le ministre tchadien de la Défense nationale, Mahamat Abali Salah, qui accompagnait l’Envoyé spécial de la France pour le Sahel, a déclaré qu’avant le « 25 mars, le bataillon tchadien sera sur place à Niamey ».

« Sur les plans matériel et humain, le bataillon est déjà prêt et sera déployé dans quelques jours », a rassuré le ministre tchadien de la Défense nationale.

Tchad: lancement de l’«attachement des chiens et chats» contre le ver de Guinée

Une opération dénommée « attachement des chiens et chats » est lancée, lundi, dans de nombreux villages tchadiens du sud, pour lutter contre la propagation de la maladie de ver de Guinée.Cette nouvelle stratégie, concernant 117 villages qui ont notifié au moins cinq cas ou infections en 2019, consiste à attacher permanemment le chien et le chat sous un abri bien construit pour les protéger contre la pluie et le soleil.

Il s’agit également de nettoyer tous les jours l’abri pour éviter qu’ils attrapent des maladies liées à la mauvaise hygiène et leur donner de l’eau et de la nourriture. Les propriétaires de ces animaux devraient aussi les faire promener au moins une heure et deux fois la semaine, sous la supervision d’un agent public.

Également appelé dracunculose, le ver de Guinée est une maladie parasitaire invalidante provoquée par Dracunculus medinensis, un long ver filiforme. Il est exclusivement transmis par l’ingestion d’eau contaminée par des puces d’eau parasitées.

Selon l’OMS, la dracunculose est rarement mortelle, mais les sujets atteints par la maladie peuvent être handicapés pendant des mois. Elle touche les populations des communautés rurales déshéritées et isolées qui, pour l’eau de boisson, sont essentiellement tributaires de points d’eau en surface non aménagés tels que des mares, explique-t-elle.

Par ailleurs, les techniciens du ministère de la Santé publique, se sont relayés, pour expliquer aux villageois que « l’attachement prolongé de chiens et chats est l’une des recommandations de la réunion du comité technique national de pilotage des activités d’éradication du ver de Guinée et de la revue annuelle des activités 2019 du programme national d’éradication de ver de guinée ».

Selon les données, neuf provinces du Tchad ont notifié des cas de ver de Guinée. Sur les 1935 infections chez les chiens notifiés l’année dernière, 755 le furent dans le Chari Baguirmi, soit un taux de 41% de cas. Par ailleurs, 155 cas sont signalés dans le district de Mandelia dont 30 à Aligarga.

Le ministre de la Santé publique, Mahamoud Youssouf Khayal, a qualifié la situation de très préoccupante, avant d’inviter les populations concernées à renverser la tendance par cette stratégie d’attachement des animaux domestiques qui a fait, d’après lui, ses preuves en Éthiopie.

Les femmes tchadiennes expriment leurs talents à travers une Foire

A l’occasion de la Journée Internationale de la Femme cumulée à la semaine nationale de la femme tchadienne (Senafet), les tchadiennes ont exprimé leurs talents de créativité à travers une foire où chacune d’elle a prouvé qu’elle était est une battante avec des initiatives nouvelles.Dans la cour de la Maison de la femme de N’Djamena, une centaine de participantes venues de différents groupements féminins, expose dans les stands dressés pour l’occasion lors de la semaine nationale de la femme sous le thème « Genre, Enjeux et Perspectives ». 

Dans des stands tous en couleur, on vend des colliers, habits, pagnes, confitures à base des produits naturels locaux, pommades ou savons à base de beurre de karité, sirops, céramique, entre autres. Dans une ambiance festive, de petits restaurants sont montés pour satisfaire les visiteurs en repas et boisson. 

Pendant que les unes s’occupent des clients devant leurs stands, d’autres suivent attentivement, une émission de la radio « la voix de la femme » sur les droits des femmes diffusée sur des haut-parleurs. Profitant de l’occasion, une équipe dinfirmiers propose le dépistage volontaire du VIH Sida pour les visiteurs. 

Madame Priscille Amina Longo, directrice générale de la Maison de la Femme ne peut s’empêcher d’afficher son enthousiasme. D’un côté il y a le pavillon pour les entreprises, et de l’autre, celui des artisans. Ils sont occupés par des organisations féminines de transformation de produits locaux, dit-elle. 

« Les gens viennent les découvrir. Cela permet aussi aux partenaires de découvrir les bonnes choses que font les femmes. Le pavillon des entreprises permet de découvrir celles qui font la promotion de la femme. Ce sont plus de 78 participantes qui exposent à la foire. Un bon brassage de femmes venant de tous les horizons », salue la directrice générale. 

La foire attire beaucoup de monde. Une occasion pour y organiser des conférences sur des thèmes liés à l’implication des femmes dans le développement. En plus de cette activité exposant les talents des femmes tchadiennes, il est prévu d’autres manifestations sportives et culturelles selon la directrice. 

Tchad: le coût du hajj 2020 augmente de 190 000 F CFA

Le Comité permanent du Tchad pour l’organisation du hajj aux lieux saints de l’islam a dévoilé, jeudi, le coût du pèlerinage à partir, fixé à 1 840 000 F CFA, contre 1 650 000 F CFA en 2019, soit une augmentation de 190 000 F CFA.Le président Comité permanent du hajj, Adama Abdoulaye a justifié, au cours d’un point de presse, l’augmentation du coût du hajj par le taux élevé de la fiscalité des prestataires de services en Arabie saoudite et l’ajout d’une taxe de 5% sur tous les virements bancaires.

Les candidats au pèlerinage sont appelés déjà à déposer leurs dossiers avec un délai ferme de clôture prévu le 10 avril 2020.

Pour cette année, un quota de près 9 000 places (contre 4000 en 2019) est accordé au Tchad, selon le président Comité permanent du hajj, Adama Abdoulaye.

Il a annoncé des améliorations notamment sur «le changement de l’emplacement de la résidence Al-Hajjaj à seulement environ 1500-100 mètres de la Grande mosquée, la subsistance pendant 30 jours à la Mecque et six jours à Mina et l’augmentation de la disponibilité de certaines commodités dont les toilettes et autres ».

L’Afrique enregistre son deuxième cas de Covid-19 en Algérie

Un ressortissant italien arrivé le 17 février en Algérie a été diagnostiqué positif du coronavirus, ont annoncé mardi soir les autorités de ce pays qui enregistre ainsi le deuxième cas du continent officiellement touché par l’épidémie après l’Egypte, deux semaines plus tôt.Le cas algérien a été suspecté en même temps que son compatriote, tous deux « de nationalité italienne » et « âgés de 55 ans et 61 ans », a précisé le ministre algérien de la Santé à la télévision d’Etat.

Au bout de huit jours de veille sur eux, un seul « cas a été confirmé positif au coronavirus », a-t-il assuré, avant de louer le dispositif de « surveillance et d’alerte mis en place au niveau national (qui) a permis de détecter deux cas ».

Selon la télévision d’Etat, reprise par plusieurs médias, la personne infectée a été placée en isolement à l’institut Pasteur d’Alger, la capitale, même si les circonstances de son infection ne sont pas établies.

Parti en décembre de Chine qui a déjà enregistré 2615 décès sur 78.064 cas, le Covid-19 se propage également dans plusieurs pays comme l’Italie où le bilan s’établit à 10 morts sur 322 personnes infectées.

Par ailleurs, les autorités algériennes assurent de la mise en place d’un « dispositif de surveillance et de veille au niveau de tous les points d’entrée » dans le pays.

Selon RFI, des épidémiologistes ont indiqué, dans un rapport publié dans la revue The Lancet, que l’Algérie, l’Égypte et l’Afrique du Sud constituaient les « trois portes d’entrée les plus importantes de l’épidémie sur le continent ». Quand on sait également que ces deux derniers faisaient partie avec le Kenya, le Maroc et l’Ile Maurice des destinations préférées des Chinois sur le continent. (https://apanews.net/pays/guinee-bissau/news/coronavirus-un-manque-a-gagner-pour-le-tourisme-africain)

Le système de santé africain en alerte ?

Il y a près de deux semaines déjà, le ministère égyptien de la Santé annonçait dans une déclaration conjointe avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS) le premier cas de coronavirus en Afrique. Un étranger dont la nationalité n’a toutefois pas été précisée, encore moins son état de santé actuel.

En Afrique de l’ouest, les ministres de la Santé des pays membres de la Cedeao, réunis le 14 février à Bamako, au Mali, ont décidé de renforcer au niveau communautaire la coordination, la communication et la collaboration transfrontalière dans le cadre de la préparation à l’épidémie de Covid-19.

Les initiatives ne manquent pas aussi au niveau continental après que l’Union africaine (UA) a convoqué le 22 février à son siège, à Addis-Abeba, les ministres de la Santé pour partager les informations existantes et connaissances actuelles sur le Covid-19, les médicaments en cours de développement et essais cliniques.

Des réunions se tiennent régulièrement aussi à Dakar où l’Institut Pasteur, référence sur le continent, prépare des experts de pays africains face à la maladie.

Déjà hier mardi dans la capitale sénégalaise, il a ouvert un atelier régional de formation sur le diagnostic biologique du coronavirus à l’intention des 15 pays de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et du Tchad.

Les recettes de Wathi pour améliorer les systèmes de santé ouest africains

Au moment où l’épidémie du coronavirus prend des proportions inquiétantes et menaçantes dans le monde, le Think tank Wathi pose le débat pour améliorer des systèmes de santé en Afrique de l’ouest.En  Afrique, particulièrement dans sa région occidentale, l’accès à des  services sociaux de base constitue encore un des défis majeurs à relever  pour certains pays.

En janvier 2019, Wathi a lancé un débat en  ligne sur « les systèmes de santé de la région et les conditions de son  amélioration au service des populations ».

En conclusion, le  rapport Mataki (« mesures » en langue houassa) a consisté à une  sélection des principaux constats et recommandations formulés dans le  cadre du débat, complétée par des pistes d’action élaborées par l’équipe  de Wathi sur la base de consultations supplémentaires avec des  professionnels et experts du secteur.

Même si des indications  sur la situation sanitaire dans les pays d’Afrique de l’ouest montrent  des « progrès incontestables », il reste évident que ces acquis sont  souvent tributaires à des chocs externes inopportuns.

Dans le  document publié ce mardi à Dakar par le directeur exécutif de Wathi,  Gilles Olakounlé Yabi, il est noté des progrès sur le plan sanitaire  souvent freinés par des « contextes de conflits armées, des crises  sanitaires exceptionnelles ».

La plus marquante et récente en  Afrique de l’Ouest, rappelle-t-il, est l’épidémie à virus Ebola qui a  lourdement affecté le Libéria, la Sierra Leone et la Guinée.

Selon  le rapport Makati, les indicateurs de l’état de santé se sont améliorés  en grande partie grâce à l’ampleur des contributions financières  internationales pour « combattre les grandes pandémies, le paludisme, la  tuberculose, et le VIH Sida.

Le Fonds mondial de lutte contre  le Sida, la tuberculose et le paludisme a joué « un rôle central dans  tous les pays de la région et permis d’alléger considérablement la  facture sanitaire des Etats et des populations », souligne M. Yabi.

Cependant,  les objectifs maintes fois visés « n’ont jamais était atteints, le plus  connu de ces objectifs étant l’engagement des Etats à consacrer 15% de  leur budget national au secteur de la santé », conformément à la  Déclaration d’Abuja de 2001.

Pour améliorer les systèmes de  santé en Afrique de l’ouest, Makati recommande dans un premier temps la  mise en place d’une politique préventive de lutte contre les maladies au  cœur du système de santé.

Comme préalable, il faut inclure la  prévention, les soins de santé primaire et les principes de base de la  santé mentale dans le parcours de formation de tous les professionnels  de santé.

Makati suggère aux autorités ouest-africaines  d’assurer la formation de ressources humaines suffisantes dans le  domaine sanitaire, y compris la santé mentale, leur déploiement  équitable sur les territoires nationaux et leur encadrement effectif.

Au-delà  du financement durable des systèmes de santé pour promouvoir  l’accessibilité aux soins et aux médicaments, il faudra également  améliorer le fonctionnement au quotidien de tous les établissements  délivrant des services de santé. Et enfin, le renforcement des systèmes  de santé nationaux par le développement de la recherche, la  mutualisation des ressources au niveau régional et  l’institutionnalisation d’un débat public sur les politiques nationales  de santé.

Okf /Dng/te/APA

Le G5 Sahel et l’Alliance Sahel en conclave à Nouakchott pour examiner la coopération

Les présidents du G5 Sahel (Mauritanie, Niger, Mali, Burkina Faso, Tchad) et des représentants des pays membres de l’Alliance Sahel, se sont réunis mardi à Nouakchott pour examiner leur coopération et les étapes franchies, a constaté APA.Outre les 5 Chefs d’Etats du G5 Sahel, la réunion inclut également les ministres des Affaires étrangères français et espagnol, respectivement Jean-Yves Le Drian et Arancha Gonzalez.

Le sommet a été l’occasion pour le président burkinabé Roch Marc Christian Kaboré de passer le flambeau de la présidence tournante à son homologue mauritanien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani.

Pour ce qui est de l’Alliance, les représentants notamment la France, l’Espagne, la Banque mondiale et l’Union européenne, ont renouvelé leur engagement aux côtés des pays du G5 Sahel dans leur bataille sécuritaire et développementale.

Le directeur général des opérations stratégiques pour l’Afrique de la Banque Mondiale, Axel Van Trotsenburg, a rappelé que son institution est le plus grand contributeur à l’Alliance Sahel, avec 7 milliards de dollars pour les trois prochaines années.

Selon lui, la priorité est accordée aux activités créatrices d’emplois pour les jeunes qui devraient recouvrer l’espoir dans l’avenir.

Sous l’initiative de la France et de l’Allemagne, l’Alliance Sahel a vite été rejointe par l’Union Européenne, la Banque mondiale, la Banque africaine de développement et le Programme des Nations Unies pour le développement.

Tout récemment, la structure a enregistré l’adhésion de l’Italie, de l’Espagne, du Royaume-Uni, du Luxembourg, des Pays-Bas et du Danemark.

Elle finance et coordonne avec les pays du G5 Sahel plus de 700 projets pour répondre aux défis actuels, sécuritaires, démographiques, économiques et sociaux.

Ses domaines prioritaires sont l’éducation, l’emploi des jeunes, l’agriculture, le développement rural, la sécurité alimentaire, l’énergie, le climat, la gouvernance, la décentralisation, les services de base et la sécurité intérieure.

L’action de l’Alliance Sahel est guidée selon quatre principes clés : un ciblage sur des secteurs prioritaires, une redevabilité entre partenaires sur des objectifs partagés, de nouveaux modes innovants et plus flexibles et un engagement particulier dans les zones vulnérables et fragiles.

Ainsi, les objectifs à atteindre sont définis, mesurés et partagés par tous les partenaires (Alliance et pays du G5 Sahel). Ensuite, pour accélérer leur mise en œuvre comme leur efficacité, les projets adoptent de nouveaux modes d’action, à travers des modes de financements innovants, plus flexibles et une diversification des acteurs les mettant en œuvre (ONG, collectivités locales, secteur privé).

Nouakchott accueille mardi deux sommets sur le Sahel

La capitale mauritanienne, Nouakchott, accueille mardi un sommet du G5 Sahel et l’assemblée générale de l’Alliance Sahel, une plate-forme de coopération qui regroupe 12 membres.Le sommet permettra d’évaluer les performances de la force conjointe du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Niger, Burkina Faso, Tchad) appelée à combattre les terroristes dans les pays membres, mais aussi de faire le point sur l’état d’avancement des engagements matériels exprimés par les partenaires.

Quant à l’assemblée générale de l’Alliance, elle a pour but de stimuler une mobilisation internationale de haut niveau autour des engagements communs dans le domaine du développement dans la région du Sahel.

La rencontre permettra aussi de faire le bilan des actions de l’Alliance Sahel, créée en 2017, et qui se targue d’avoir déjà mobilisé quelque 12 milliards d’euros.

Avec à son origine la France et l’Allemagne, l’Alliance Sahel a vite été rejointe par l’Union Européenne, la Banque mondiale, la Banque africaine de développement et le Programme des Nations Unies pour le développement.

Tout récemment, la structure a enregistré l’adhésion de l’Italie, de l’Espagne, du Royaume-Uni, du Luxembourg, des Pays-Bas et du Danemark.

Elle finance et coordonne avec les pays du G5 Sahel plus de 700 projets pour répondre aux défis actuels, sécuritaires, démographiques, économiques et sociaux.

Ses domaines prioritaires sont l’éducation, l’emploi des jeunes, l’agriculture, le développement rural, la sécurité alimentaire, l’énergie, le climat, la gouvernance, la décentralisation, les services de base et la sécurité intérieure.

L’action de l’Alliance Sahel est guidée selon quatre principes clés : un ciblage sur des secteurs prioritaires, une redevabilité entre partenaires sur des objectifs partagés, de nouveaux modes innovants et plus flexibles et un engagement particulier dans les zones vulnérables et fragiles.

Ainsi, les objectifs à atteindre sont définis, mesurés et partagés par tous les partenaires (Alliance et pays du G5 Sahel). Ensuite, pour accélérer leur mise en œuvre comme leur efficacité, les projets adoptent de nouveaux modes d’action, à travers des modes de financements innovants, plus flexibles et une diversification des acteurs les mettant en œuvre (ONG, collectivités locales, secteur privé).

Villes et territoires durables au menu du Sommet Afrique-France

Abidjan se prépare pour le Sommet Afrique-France prévu en juin 2020 à Bordeaux, en France, qui sera axé sur le thème des villes et territoires durables.Ce sommet devrait rassembler plus de 15 000 acteurs des villes africaines et françaises, 500 exposants et plus de 1 000 entrepreneurs africains.

Ce rendez-vous politique majeur impulsé par le président français Emmanuel Macron et qui, pour la première fois, réunira les acteurs politiques et économiques africains et français, pour agir et s’engager sur la ville durable de demain, se veut une plateforme de réflexions sur les nouveaux enjeux du développement durable.

Il s’agit notamment de développer de nouveaux partenariats durables avec l’ambition partagée de co-construire des écosystèmes urbains qui soient pérennes, innovants, fertiles et frugaux tout en accélérant la structuration de la filière économique durable, renseigne une note sur l’évènement.

Sur les bords de la lagune Ebrié, il est prévu les 27 et 28 février 2020 les « Rencontres d’Abidjan », des assises qui réuniront des acteurs africains de la ville dans la capitale économique ivoirienne pour préparer le Sommet Afrique-France 2020.

Ces rencontres regrouperont les ministres en charge de la Ville et du Développement urbain des pays africains francophones, des élus locaux, des représentants de la société civile et des start-ups afin d’échanger et de partager les solutions pour construire des « villes durables et intelligentes ».

Une ville intégrée

La vision de l’Etat ivoirien est de promouvoir une ville intégrée qui prend en compte toutes les commodités d’une cité moderne et fonctionnelle, avec des innovations technologiques incluant, entre autres, des habitations à éclairage naturel et naturellement aérées.

La Côte d’Ivoire veut valoriser le mix énergétique dans les constructions. Cela devrait permettre d’installer les populations dans une économie verte et les conduire à coupler l’énergie conventionnelle avec l’énergie solaire (panneaux solaires).

Pour la mobilité urbaine, l’Etat ivoirien devrait, avec l’aide de la France, réaliser un train urbain dénommé Le Métro d’Abidjan. Le gouvernement a également ouvert le secteur du transport lagunaire qui a vu l’arrivée de nouveaux opérateurs.

Aujourd’hui, la Côte d’Ivoire est dans une optique de revalorisation des déchets, ce qui a conduit à la fermeture de la décharge d’Akouédo dans l’est d’Abidjan, et sa mise à disposition du public. Une autre décharge moderne, visant le recyclage, a été ouverte à Kossihouen, sur l’Autoroute du Nord, à 26 Km d’Abidjan.

« Avec un volet de recyclage des déchets, nous regardons comment mettre en place une économie circulaire, comprenant tout ce qui est plastique, ferreux et organique telles les huiles usagées pour voir comment organiser le marché de tous ces déchets », avance Dr Alain Kouadio.

L’objectif est que « les déchets ne soient plus des déchets, mais plutôt des matières premières pour fabriquer d’autres produits », fait-il remarquer, confiant que dans ce sens, des initiatives sont en cours avec Nestlé qui a un projet en partenariat avec le ministère pour le recyclage des déchets plastiques.

Beaucoup d’initiatives sont en cours dans la production de pavés. En outre, souligne-t-il, une entreprise japonaise a entamé une étude sur les batteries usagées des engins aux fins de les recycler. Toutefois, l’Etat veut mettre en place un cadre cohérent et intégré tout en impliquant tous les acteurs.

Vers une meilleure mobilité urbaine à Abidjan

Dans le cadre de sa modernisation, Abidjan, la capitale économioque, se veut une métropole attractive avec des voies de circulation facilitant la mobilité.Cette vision du chef de l’Etat ivoirien, Alassane Ouattara renvoie au constat que « 54% de la population ivoirienne vit en ville, notamment à Abidjan qui compte 5,5 millions d’habitants »; ce qui nécessite un plan d’aménagement spécifique.

L’Etat ivoirien a conçu de ce fait une voie de contournement de la ville d’Abidjan dénommée l’Y4. Elle est une autoroute longue de plus de 24 Km qui devrait être aménagée en une route de 2X3 voies avec plusieurs ouvrages annexes permettant d’accéder aux routes d’Alépé, d’Anyama, des villes situées au nord d’Abidjan.

Cette voie relie en outre le Boulevard de France redressé au Boulevard Mitterrand, avec l’aménagement de carrefours, la construction des échangeurs d’Alépé, d’Anyama et du Boulevard Mitterrand. Le projet a été d’ailleurs élaboré dans le cadre du « Projet d’Intégration Port-Ville du Grand Abidjan ».

Elle devrait permettre de renforcer la mobilité dans la capitale économique ivoirienne, en contournant le centre-ville pour ouvrir l’accès à la zone portuaire d’Abidjan. Avec cette voie, il sera possible de contourner le centre-ville d’Abidjan pour rallier plusieurs autres destinations à l’intérieur du District d’Abidjan.

La construction de cet ouvrage devrait avoir un impact significatif sur la réduction des embouteillages et participer à l’extension de la ville d’Abidjan. Ce périphérique Y4 permettra aussi de relier les communes de Songon, Abobo-Anyama, Cocody et Port-Bouët et faciliter l’accès à la zone portuaire d’Abidjan.

La section 2 de l’Y4, longue de 15 Km, devra relier la commune d’Anyama à l’Autoroute du Nord, en traversant les localités d’Ebimpé, d’Akoupé-Zeudji et d’Attinguié. La section 3, elle, devrait être connectée à l’Autoroute du Nord à la commune de Songon, une zone d’extension à l’Ouest de la ville d’Abidjan.

Le projet estimé (en 2018) à 331,8 millions d’euros, soit environ 217 milliards de FCFA, devrait permettre de financer quatre chantiers sur une période de sept ans : la réalisation de la section 2 de l’Y4, l’aménagement de la section 3 de cette autoroute, la construction de l’échangeur du carrefour Akwaba (à Port-Bouët, sud d’Abidjan) et la construction d’une plateforme logistique comprenant des parcs de stationnement court et long séjour pour les camions poids lourds.

G5 Sahel : Roch Marc Kaboré va passer le témoin à El Ghazouani (officiel)

Le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré va céder, demain mardi, la présidence du G5 Sahel à son homologue mauritanien, Mohamed Ould El Ghazouani, a appris APA auprès du service de communication de la présidence du Faso.Selon le communiqué parvenu à APA lundi, la passation de charge entre les présidents Kaboré et El Ghazouani  aura lieu au cours de la 6e session ordinaire de la Conférence des chefs d’Etat du G5 Sahel, qui se tient le 25 février 2020 à Nouakchott, en Mauritanie.

Le texte précise que «durant son mandat, le président du Faso, en véritable ambassadeur du G5 Sahel, n’a eu de cesse d’interpeller la communauté internationale sur la nécessité de combattre le fléau du terrorisme, ensemble, par la mobilisation de moyens conséquents».

«De Ouagadougou à Abu Dhabi, en passant par Yokohama, New York, Sotchi, Addis Abeba, Biarritz.., le chef de l’Etat burkinabè a porté la voix des peuples du Sahel, pour une plus grande solidarité de la communauté internationale », note-t-on.

En rappel, le président burkinabè, Roch Marc Christian Kaboré a été désigné le 5 février 2019 par ses pairs du G5 Sahel, pour assurer la présidence en exercice de l’organisation regroupant cinq pays (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad).

Le futur président du G5 Sahel Mouhamed Ould Cheikh El Ghazouani, avait déjà marqué les esprits lors du Forum de la Paix et la Sécurité à Dakar en novembre 2019.  « Toute tentative de lutte contre le terrorisme qui se veut efficace doit intégrer résolument la résolution de la crise libyenne » disait-il afin de « combattre plus efficacement le terrorisme au Sahel ».

Le mandat de la présidence en exercice du G5 Sahel dure une année. Avant le Burkina Faso, c’est le Niger de Mahamadou Issoufou qui a assuré la présidence, à l’issue du sommet des chefs d’Etat, tenu à Niamey, le 6 février 2018.

Les USA pour un « processus électoral crédible » au Tchad

L’ambassade des Etats-Unis d’Amérique au Tchad invite, dans un communiqué parvenu samedi à APA, le pays à « un processus électoral crédible » en vue des élections législatives du 13 décembre 2020.« Ces élections dont l’échéance remonte à 2015 peuvent renforcer la stabilité politique et sociale. Pour cela, il est essentiel que l’ensemble du processus électoral soit crédible », écrit la représentation diplomatique américaine.

Elle rappelle « la conviction du peuple et du gouvernement des Etats-Unis d’Amérique pour qui la liberté d’association est un pilier fondamental de la démocratie ».

La chancellerie américaine estime également que les autorités tchadiennes ont la responsabilité de faciliter la participation à toutes les étapes du processus, notamment à donner « l’autorisation sans délai aux partis politiques répondant aux critères établis légalement, de permettre aux citoyens de se rassembler paisiblement, même lorsque le but du rassemblement est de critiquer le régime et d’inciter les citoyens à voter contre le parti au pouvoir ».

Les élections législatives devraient être organisées au Tchad depuis 2015, mais elles ont fait l’objet de plusieurs reports, donnant ainsi lieu à la prorogation de la troisième législature qui compte 188 députés. Avec la prochaine législature, le Tchad devra compter 161 députés.

Afrique : les Etats-Unis à la quête du temps perdu

La récente tournée en Afrique du Secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo procède, en apparence, de la volonté de Washington de rebattre les cartes dans un continent où s’est déjà déployée avec tact la Chine.Au moment où la Chine se bat de toutes ses forces contre l’épidémie du covid-19 (nouvelle appellation du coronavirus) qui a déjà causé plus de 2000 morts, les Etats-Unis passent à l’offensive en Afrique. Opportunisme ou coïncidence ?

Du 15 au 19 février dernier, Mike Pompeo, le Secrétaire d’Etat américain s’est rendu tour à tour au Sénégal, en Angola et en Éthiopie. Son objectif : redonner une place de choix au pays de l’oncle Sam en Afrique.

« Les Etats-Unis sont en permanence en Afrique depuis des décennies. Mais il y a longtemps qu’il n’y a pas eu de visite importante (19 mois exactement). Il est donc assez normal qu’une personnalité de premier rang vienne sur ce continent pour marquer le territoire », analyse Jean-Joseph Boillot, agrégé de Sciences économiques et sociales.

Selon les données du Fonds Monétaire International (FMI), la Chine est en tête du peloton des partenaires commerciaux de l’Afrique. En 2018, la valeur des échanges sino-africains était de 200 milliards de dollars là où le commerce américano-africain dépassait à peine les 40 milliards de dollars.

« Les indicateurs économiques reflètent parfois des aléas ou des évènements conjoncturels », tempère El Hadj Alioune Diouf, professeur en Economie internationale. Son homologue français, Boillot fait remarquer que « l’Amérique agit essentiellement par ses grandes multinationales. Et si l’on prend en compte leur présence en Afrique, il n’y a pas de quoi rougir ».

Lentement mais sûrement, l’empire du Milieu a su tisser sa toile en Afrique, damant le pion aux anciennes puissances coloniales comme la France ou encore le Royaume-Uni. Une étude du cabinet McKinsey Africa, publiée en 2017, indique qu’il y aurait plus de 10.000 entreprises chinoises opérant en Afrique.

 Lire aussi : « L’Afrique est une opportunité pour les Etats-Unis » (chercheur)

« Les deux superpuissances (USA et Chine) s’intéressent de très près à l’Afrique. Elles sont à la fois concurrentes et complémentaires. C’est à l’Afrique de savoir travailler au mieux avec l’une et l’autre. Le Kenya par exemple entretient d’excellentes relations avec les Etats-Unis et la Chine », note M. Boillot, chercheur associé à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris).

De l’avis de M. Diouf, ancien directeur du Commerce intérieur du Sénégal, « la présence chinoise en Afrique est très importante et bouscule tout. Cette situation permet aux Africains d’avoir une diversité de partenaires (et ils peuvent) jouer sur cette bienveillante rivalité pour avoir des conditionnalités plus intéressantes ».

Que ce soit dans les secteurs du Bâtiment et des Travaux Publics (BTP), de l’exploitation des ressources naturelles, du commerce etc. la soif de conquête de la Chine semble inextinguible.

Dans le juteux commerce de la téléphonie mobile, Tecno et surtout Huawei disputent des parts de marché au géant américain Apple. Leur mode opératoire : vendre des smartphones à des prix accessibles. Une stratégie visiblement payante.

En Afrique, selon certaines analyses, la Chine court-circuiterait les institutions de financement comme la Banque Mondiale (BM) ou le Fonds Monétaire International (FMI). Cette diplomatie de la dette de Pékin agace énormément l’Occident.

« L’Amérique a pratiqué la diplomatie de la dette pendant des années. C’est une politique étasunienne très connue. En réalité, elle remonte au Plan Marshall (pour la reconstruction de l’Europe dévastée par la seconde guerre mondiale). Dans la crise de la dette des années 90 en Afrique, la Banque Mondiale était le pilote de ce surendettement », rembobine Jean-Joseph Boillot, par ailleurs auteur du livre Chindiafrique : la Chine, l’Inde et l’Afrique feront le monde de demain.

El Hadj Alioune Diouf soutient que la dette africaine envers la Chine « n’est pas un problème. Elle est tout à fait soutenable. Les Africains savent parfaitement ce qu’ils font ». Poursuivant, il estime que ce débat est posé parce que « l’Amérique a un adversaire qui lui donne des coups de poing » mais « les Africains doivent rester fidèles à leur tradition de continent non-aligné et coopérer avec l’Europe, l’Amérique, la Chine… ».

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Pour sa part, M. Boillot a une toute autre lecture des prêts accordés aux pays africains : « La Chine reproduit à peu près le même mécanisme. Il est tout à fait exact de penser que la façon dont elle a conçu son déploiement en Afrique conduit à un surendettement avec des projets pas toujours rentables ».

A travers l’African Growth and Opportunity Act (Agoa), les Etats-Unis donnent la possibilité à l’Afrique « d’exporter un certain nombre de produits sans payer des droits de douanes et sans faire l’objet de quotas », informe M. Diouf.

A présent, ajoute-t-il, « ce serait bien que l’Amérique investisse davantage en Afrique si elle sent que la Chine occupe le terrain. Pour l’Afrique, l’investissement doit être stratégique et non le commerce. C’est avec l’investissent qu’on transformera le potentiel de ce continent avec la création d’usines. C’est aussi ce qu’on attend des Chinois».

Après avoir constaté que « l’Afrique a joué la Chine contre les Etats-Unis », Jean-Joseph Boillot souhaite qu’elle ne fasse pas maintenant l’inverse. Pour ce spécialiste des Sciences économiques et sociales, elle doit plutôt dire aux Américains, aux Chinois et même aux Européens « de présenter, dans la transparence, leurs projets, leurs rentabilités et les moyens de paiement » pour choisir « les meilleures offres ».

« L’Afrique est une opportunité pour les Etats-Unis » (chercheur)

La tournée du Secrétaire d’Etat américain, Mike Pompeo, bouclée en Ethiopie, traduit que le continent reste une « priorité pour l’Amérique » compte tenu des « intérêts » de « grande puissance » qu’elle développe dans sa politique étrangère.C’est en tout cas l’avis de Docteur Ousmane Sène, directeur du Centre ouest-africain de recherches (WARC), dans un entretien avec APA.

A la question de savoir si l’Afrique fait partie des priorités de l’Administration de Donald Trump, l’actuel président américain qui semblait jusque-là snober les pays africains, Dr. Sène martèle que « l’Afrique est une priorité pour l’Amérique » comme le sont également « toutes les (autres) régions du monde ».

Mike Pompeo est le plus haut responsable américain à effectuer une tournée en Afrique subsaharienne ces trois dernières années. Mais au cours de celle-ci, l’ex-chef de la CIA (2017 à 2018) n’a jeté son dévolu que sur le Sénégal, l’Angola et l’Ethiopie.

Toutefois, Dr Sène ne fait pas de rapprochement avec son passé dans cette puissante agence de renseignement, qualifiant de « raisonnable » le choix porté sur ces trois « pays phares », en rapport surtout « aux grandes préoccupations, aux grands intérêts et aux grandes questions ».

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Si l’Angola, pays « producteur de pétrole », « a été félicité par Mike Pompeo pour les efforts fournis dans la lutte contre la corruption », l’Ethiopie est pour sa part « un pays qui est en train d’émerger » sans tenir compte de ses relations de « longue date » avec les Etats-Unis, poursuit le directeur du WARC.

Sur « cette sorte d’exemple » qu’est le Sénégal, il reconnait que « beaucoup de présidents américains ont visité le continent africain, mais rarement on a vu un président américain venir en Afrique et ne pas visiter le Sénégal ».

Pompeo en Afrique : « une très bonne chose »

Sous le regard de Mike Pompeo, des entreprises américaines ont signé dimanche dernier à Dakar avec des structures publiques sénégalaises cinq mémorandums d’entente portant sur le développement, le financement et l’exécution de projets dans les secteurs de l’énergie, de la santé et des infrastructures.

Dans le jargon diplomatique, un mémorandum d’entente veut dire qu’il y a des secteurs dans lesquels des pays « se sont entendus pour travailler ensemble ou pour offrir des financements », explique le directeur du WARC, donnant l’exemple du Millenium challenge account (MCC) qui a permis au Sénégal de récolter des « centaines de milliards de francs CFA » pour booster son secteur énergétique.

Ousmane Sène voit ainsi d’un bon œil la visite de Pompeo en Afrique. « Elle arrive au moment où les gens disaient que les Etats-Unis envisagent de réduire leur présence militaire en Afrique par rapport à la menace terroriste ». Mais si le secrétaire d’Etat américain tient un discours contraire en affirmant que son pays va « continuer à se battre contre le péril terroriste : c’est une très bonne chose », analyse-t-il.

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« Il faut être optimiste et se dire que les Etats-Unis ont senti le besoin de commencer à se secouer pour montrer à l’Afrique qu’elle compte », a noté Dr Sène, rappelant que leur population a une composante d’origine africaine au point de vue « émotionnel, culturel, historique, politique et économique ».

En plus de cela, a-t-il souligné, « le potentiel de l’Afrique sur le plan économique n’existe nulle part ailleurs : population jeune, matières premières en quantité, chantiers..»

« Il y a beaucoup de secteurs dans lesquels les Etats-Unis pourraient absolument investir avec des profits pour les deux parties. Je crois que jusqu’à présent, l’investissement américain n’a pas été substantiel en Afrique », a indiqué Dr. Ousmane Sène.

La mission anti-terroriste en Afrique est-elle prioritaire pour les Etats-Unis ?

Le Secrétaire d’Etat américain, Mike Pompeo, qui vient d’effectuer une tournée dans trois pays africains, a peu abordé la question de la lutte contre le terrorisme.Alors que l’opération Flintlock 2020 se poursuit en Mauritanie sous le commandement du Centre de planification et des Opérations de l’Etat-major général des Forces armées nationales, l’engagement américain dans la lutte anti-terroriste en Afrique pose cependant débat.

L’opération qui se déroule cette année du 17 au 28 février dans plusieurs localités en Mauritanie (Atar, Kaédi et Nouakchott) et au Sénégal (Thiès) vise notamment à « soutenir les armées africaines, en particulier celles du Sahel dans le domaine de la formation et du renseignement ».

C’est dans ce contexte que le Secrétaire d’Etat américain, Mike Pompeo a effectué une tournée africaine du 15 au 19 février. Seulement, la question sécuritaire n’a pas été au cœur de ses discussions au Sénégal, en Angola ou en Ethiopie.

À Dakar, le diplomate américain a même signifié aux autorités sénégalaises la volonté de Washington de réduire ses effectifs militaires.

« Nous ferons ce qu’il faut, nous ferons ce qu’il faut collectivement, j’en suis convaincu », a rassuré Pompeo lors d’une conférence de presse dimanche dernier dans la capitale sénégalaise.

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Pour le ministre sénégalais des Affaires étrangères, Amadou Ba, cette annonce « ne signifie pas le retrait de toutes les forces américaines ».

Le chef de la diplomatie sénégalaise estime que « l’Afrique a besoin des États-Unis d’Amérique, qui sont un allié stratégique pour un retour définitif à la paix et à la stabilité » puisqu’il est « plus que jamais confronté à des défis majeurs liés à l’insécurité et au terrorisme ».

« Les Etats-Unis jouent un rôle important dans le dispositif sécuritaire dans le Sahel » reconnait Gilles Yabi, directeur du think tank ouest africain, Wathi.

Si la réduction annoncée est importante, elle va « fragiliser la lutte anti-terroriste dans le Sahel et notamment les forces françaises qui dépendent de l’appui américain », avertit M. Yabi.

Il estime que « la capacité à identifier les menaces terroristes ne sera pas forte mais tout dépendra de la taille de réduction des effectifs militaires américains ».

C’est pour cette raison d’ailleurs que la France s’investit beaucoup à dissuader le Pentagone à réduire sa présence militaire dans le Sahel. La ministre française des Forces Armées, Florence Parly, a récemment indiqué lors d’une visite à Washington que « l’appui américain est crucial pour notre opération +Barkhane+ ». L’avenir de l’appui logistique dans le Sahel en particulier reste flou, malgré les assurances du Secrétaire américain à la Défense, Mark Esper : « quelle que soit la taille de la réduction, elle ne devrait pas limiter notre efficacité contre le terrorisme ».

Depuis 2013, le Pentagone assure un appui vital aux soldats français de l’opération Barkhane en ravitaillement, logistique et surveillance. Et dans le cadre de Flintlock 2020 qui réunit 34 pays africains, l’échange d’expertise militaire et le renforcement des capacités des armées des pays du Sahel devront faciliter le développement de l’interopérabilité militaire pour une « meilleure collaboration harmonisée dans la lutte contre le terrorisme ».

« Les Etats-Unis peuvent réduire leurs effectifs militaires tout en maintenant l’appui au renseignement et à la surveillance par des drones », suggère le directeur de Wathi.

La question de cette réduction n’est pas nouvelle. Déjà en novembre 2015, le Pentagone annonçait des projets d’orientation des effectifs avec une réduction de 10% des 7200 soldats déployés dans le cadre d’Africa Command qui coordonne toutes les activités militaires et sécuritaires des États-Unis sur le continent.

Compte tenu de leur puissance économique, mais surtout militaire, les Etats-Unis constituent une force indéniable et importante pour l’Afrique de l’ouest et en particulier dans la région sahélienne. Cependant les priorités semblent se trouver ailleurs.

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« Les Etats-Unis veulent s’inscrire dans une dynamique plus pragmatique, s’ils réduisent leurs effectifs en Afrique, c’est sans doute pour conforter leur présence au Moyen-Orient qui constitue un enjeu très important », explique Lassina Diarra, expert des questions de terrorisme en Afrique de l’ouest.

L’auteur de « La Cedeao face au terrorisme transnational » soutient par ailleurs que le président américain ne veut porter le dossier de la lutte contre le terrorisme dans le Sahel « comme un caillou dans son soulier ».

Cette méfiance de Trump s’expliquerait, selon M. Diarra, par l’élection présidentielle de novembre 2020 où ses opposants n’hésiteraient pas à utiliser « tout échec » contre lui.

Au début de son mandat, tout semblait indiquer que le président américain ne faisait pas de la mission terroriste une priorité.

Cependant avec la recrudescence des attaques et les difficultés des pays surtout sahéliens à juguler la menace, « la question terroriste est désormais inscrite dans la politique étrangère de l’Administration Trump », estime M. Diarra.

Si par contre Trump laisse cette brèche, l’expert estime qu’elle sera profitable pour des puissances étrangères rivales comme la Chine et la Russie.

« Donc du coup, l’Administration Trump va procéder à la réévaluation du contexte politique et sécuritaire de l’Afrique de l’ouest pour mieux se repositionner », souligne M. Diarra.

Les premiers bidons d’huile tchadiens mis sur le marché

L’huilerie de la Société cotonnière du Tchad basée dans la capitale économique, Moundou, au sud du pays, a mis ses premiers bidons sur le marché, a appris, APA, mardi des sources proches de l’entreprise.Après 10 ans de fermeture, les premiers litres de l’huile végétale sont sur le marché depuis le 13 février 2020. L’huilerie produit quotidiennement 300 bidons d’huile de 20 litres et 4500 cartons d’huile raffinée de 15 litres. En plus de l’huile, il est produit 20 000 sacs de tourteaux destinés à la consommation du bétail.

Le chef de service production, l’ingénieur Sougui Allanga se réjouit que « les ménages tchadiens consommeront à satiété de l’huile « made in Chad », ajoutant que les éleveurs bénéficieront aussi de tourteaux pour alimenter leur bétail.

M. Sougui rassure que la matière première est disponible, et l’huilerie de Moundou, dit-il, espère d’ici fin février trouver une production optimale et de qualité pour les marchés tchadiens.

« 63000 tonnes de graines de coton sont escomptées pour la trituration. Nos produits ravitailleront toute l’étendue de territoire », explique l’ingénieur Sougui rassurant par ailleurs sur la qualité de l’huile qui est certifiée par le Centre de contrôle de la qualité des denrées alimentaires (Cecoqda). Cette huile ajoute-t-il est « sans cholestérol donc pas nuisible pour la santé ».

A la sortie de l’usine, le carton de 15 bouteilles d’un litre est vendu à 13 000 FCFA. Sur le marché, le litre est vendu autour de 1 500 FCFA. Par contre l’huile artisanale se vend autour de 1 000 FCFA. Pour le tourteau, le sac de kilogrammes est fixé à 8 000 FCFA. Au delà de 100 sacs, le prix du sac est revu en baisse soit à 750 FCFA

Sahel : « négocier avec les jihadistes peut ramener la paix » (Tiébilé Dramé)

Dans un entretien avec APA, le ministre malien des Affaires étrangères, Tiébilé Dramé, dresse l’état des derniers développements de la crise au Sahel et explique pourquoi le gouvernement de Bamako n’est plus opposé à une discussion avec les jihadistes.Lors du Sommet de l’Union Africaine à Addis-Abeba, en Éthiopie, tenu les 9 et 10 février, le président malien Ibrahim Boubacar Keïta a affirmé que le Sahel constitue une digue contre la menace jihadiste qu’il faut absolument protéger. A-t-il a été entendu ?

Ce sommet a été un moment important de prise de conscience de la gravité de la situation sécuritaire au Sahel, de la gravité de la menace qu’elle représente pour le continent et pour le reste du monde. En première ligne, les pays du Sahel sont dans la posture de la digue qui ne doit pas céder.

Beaucoup d’intervenants ont déploré le manque de solidarité entre Africains face à la menace jihadiste. Avez-vous ressenti une détermination des Africains à aider les pays du Sahel pour combattre la menace ?

Je vous ai parlé d’une prise de conscience. De toutes les déclarations des leaders, il est apparu que l’Afrique ne veut plus être désormais une spectatrice. Elle veut jouer les premiers rôles. Il reste à passer aux actes. La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) a donné le ton. Le reste du continent suivra, je l’espère, très bientôt.

Lors du sommet de Pau (France) qui a réuni en janvier dernier, autour du président français Emmanuel Macron, les chefs d’Etat du G5 Sahel, plusieurs mesures ont été annoncées. Avez-vous l’impression qu’il y a une réelle volonté des pays du Sahel de les appliquer ?

Pau a été un lieu d’engagements communs du Sahel et de la France. Un mois après, tout le monde peut voir que nous sommes entrés dans le temps des actes concrets. Le dernier exemple le plus significatif de cette nouvelle étape est l’entrée, le 13 février, des premières unités de la nouvelle armée malienne dans la ville de Kidal. C’est un pas important du processus de réunification  et de stabilisation du Mali.

Qu’est-ce qui empêche, selon vous, les parties signataires à appliquer l’accord de paix d’Alger signé en 2015 ?

Cette question relève du passé maintenant. Le déploiement de nos forces armées reconstituées à Kidal est la preuve de la nouvelle impulsion donnée au processus d’Alger.

Certains pays africains réclament leur entrée dans le G5 Sahel, d’autres souhaitent un cadre plus large. Êtes-vous d’accord ?

La coalition pour le Sahel créée à Pau, le 13 janvier, est ouverte à tous ceux qui veulent apporter leur contribution à la lutte contre le fléau du terrorisme.

Le président Keïta, qui était opposé à toute idée de dialogue avec les jihadistes, a récemment changé d’avis. Pourquoi ?

Explorer les voies du dialogue avec les jihadistes maliens est une recommandation des forces vives du pays réunies en congrès du 14 au 22 décembre 2019.  C’est une recommandation qui s’impose à tous. Le président de la République retiendra les meilleures options pour apaiser le pays et pour y restaurer la concorde.

En résumé, il ne faut négliger aucune piste susceptible de nous conduire vers l’apaisement, la paix et la concorde.

Les législatives tchadiennes prévues le 13 décembre 2020 (Ceni)

La Commission électorale nationale indépendante (CENI) du Tchad a annoncé, vendredi à N’Djaména, la tenue des élections législatives le 13 décembre 2020.« C’est un calendrier consensuel », a fait remarquer le premier vice-président de la CENI, Jean-Luc Bénodjita, soulignant que la campagne électorale qui durera 21 jours débutera le 21 novembre plus tôt.

Jean-Luc Bénodjita a ajouté que les résultats provisoires seront proclamés le 27 décembre 2020 et ceux définitifs le 31 janvier 2021. Prévue pour vingt jours, la révision du fichier électoral biométrique commencera le 20 mai prochain. Ainsi, la période allant du 19 septembre au 8 octobre 2020 sera consacrée à l’impression de la liste électorale.

« C’est après de larges consultations avec les parties prenantes au processus que la commission a élaboré ce chronogramme pour la tenue du scrutin législatif. Ce chronogramme a requis l’adhésion du Chef de l’Etat, garant de l’accord politique pour le raffermissement de la démocratie dans notre pays et reflète les analyses, appréciations, recommandations et indications particulières enregistrées par la CENI, tout au long de son processus de maturation », a indiqué Jean-Luc Bénodjita.

Déclarant que ce chronogramme tient compte des conditions contextuelles et s’accorde avec les principes universels de l’organisation du suffrage universel, selon les règles démocratiques, il salué ce qu’il appelle « le triomphe du consensus dégagé par la classe politique, par rapport à la date du 13 décembre 2020 qui a servi de principal repère à la CENI pour la programmation de toutes les activités prévues dans le chronogramme, depuis la phase préparatoire, jusqu’à la proclamation des résultats définitifs du scrutin par la Cour suprême ».

Les élections législatives devraient être organisées au Tchad depuis 2015, mais elles ont fait l’objet de plusieurs reports, donnant ainsi lieu à la prorogation de la troisième législature qui compte 188 députés. Avec la prochaine législature, le Tchad devra compter 161 députés.

Réforme constitutionnelle: que faut-il craindre pour la Guinée ?

Malgré le grossissement de la mobilisation populaire contre son éventuel troisième mandat, le président guinéen Alpha Condé est plus que jamais motivé à aller au bout de ses idées… mais à quelles fins ?Il fut un temps où Alpha Condé, 81 ans, avait gagné le surnom de « Mandela de l’Afrique de l’ouest ». Libéré en 2001 après 28 mois passés en prison pour « atteinte à la sûreté de l’État », il est investi président de la République le 21 décembre 2010 à Conakry, en présence de 13 chefs d’État africains et de délégations gouvernementales d’autres continents.

Armé à l’époque d’une volonté d’unifier son pays, comme l’avait réussi sa référence sud-africaine avec le sien, il promettait « une ère nouvelle ». Mais le président du Rassemblement du Peuple de Guinée (RPG) semble prendre une autre trajectoire.

C’est le clair-obscur dans son discours depuis plusieurs mois, à l’approche de la fin de son second mandat, se référant dernièrement à son « parti (RPG) qui décidera » de sa candidature ou non à l’élection présidentielle de 2020.

Les Législatives, prévues le 1er mars prochain, seront couplées avec le référendum constitutionnel que rejette le Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC). Par ailleurs, le président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) se dit « prêt » même s’il n’a « pas été consulté sur la question ».

 Inspiration

 Dans le même temps, ce mouvement populaire tient ses manifestations sporadiques depuis octobre 2019 dans le pays, protestant contre le projet de Condé et l’arrestation suivie de la condamnation de ses leaders.

Hier mercredi, les manifestants ont transformé la capitale Conakry « en quasi ville-morte », constate l’AFP. Ils ont reçu ensuite le soutien par vidéo du chef de file de la gauche radicale française, Jean-Luc Mélenchon, qui a estimé que la mobilisation en Guinée pouvait servir d’inspiration, y compris en France.

Elle inspire déjà des Guinéens installés partout dans le monde, comme au Sénégal où une manifestation du FNDC a enregistré une forte mobilisation en novembre dernier. Etudiant en Communication à Dakar, Mamadou Souaré pense tous les jours à son pays qui « risque d’être ingouvernable s’il (Condé) parvient à se maintenir au pouvoir ».

Pour M. Souaré, qui ne compte pas aller voter à cette « mascarade » d’élections, Alpha Condé « sera forcé de militariser le pays pour imposer l’ordre car il y aura tout le temps des soulèvements populaires surtout qu’il n’y a plus de confiance entre le peuple et le pouvoir ».

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Cette crise en Guinée, qui a causé des morts aussi bien chez les civils que les militaires, était pourtant « prévisible et évitable », d’après Gilles Yabi, analyste béninois des conflits politiques.

En novembre dernier, Amnesty International indiquait, dans un rapport, qu’au moins 70 manifestants et passants ont été tués et qu’il y a eu 109 morts en détention et des journalistes ciblés depuis janvier 2015. L’ONG internationale soulignait ainsi que les droits humains étaient « au rouge » pour ce pays ouest-africain à l’approche de la présidentielle.

« On est dans une situation qui a été provoquée par l’intention de changer de Constitution sans qu’on ne comprenne les arguments qui pourraient justifier cela, en dehors d’une volonté prêtée au président Alpha Condé de rester au pouvoir », alors que son second mandat termine dans moins de dix mois, analysait pour APA l’ancien journaliste de Jeune Afrique, M. Yabi.

« Alpha perd le nord »

Mais « c’est à croire que le président guinéen a perdu le nord », estime le site guinéen A Nous La Guinée, ajoutant que « si Condé persiste dans sa volonté de briguer le mandat de trop, il portera l’entière responsabilité des conséquences devant l’Histoire ».

Dix ans après qu’il se voyait en « Mandela de l’Afrique de l’ouest », Alpha Condé semble prendre une voie différente de celle du père de la nation arc-en-ciel qui, à sa sortie de prison en février 1990, n’a fait qu’un seul mandat (1994-1999). Pour cela, il reste à jamais un héros dans le cœur des Sud-Africains.

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A l’opposé du Sénégal en 2011, du Burkina Faso en 2014 ou du Soudan en 2019, le président Condé espère avoir le dernier mot sur une frange de son peuple qui ne souhaite pas le voir modifier la Constitution à son profit.

Guinée: Alpha Condé, le mandat de la discorde

L’éventualité d’un troisième mandat pour le président guinéen, Alpha Condé, peut vraisemblablement enliser ce pays dans une crise politique aiguë.Le leader du Rassemblement du Peuple de Guinée (RPG), élu président de la République en 2010 avec 52,52 % des suffrages valablement exprimés, arrive au terme de son second mandat. Et selon la Constitution en vigueur, nul ne peut faire plus de deux mandats consécutifs.

De ce fait, le projet de changement de la Constitution porté par le chef de l’Etat guinéen passe mal auprès de certains de ses concitoyens pour qui, c’est un énième stratagème pour rester au pouvoir.

Au cours d’un entretien accordé à France 24 et Radio France Internationale (RFI), en marge du 33e Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union Africaine (UA) tenu les 9 et 10 février 2020 à Addis-Abeba (Ethiopie), Alpha Condé a indiqué que « la Constitution n’a rien à voir avec l’élection présidentielle ».

Il a fait savoir que son seul but est de doter la Guinée d’une loi fondamentale « répondant à ses besoins présents » puisque « l’actuelle Constitution, rédigée par un groupe de personnes pour leurs propres intérêts, a été bâclée ».

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Condé, en fin communicant, a esquivé la question sur sa participation au prochain scrutin présidentiel. « C’est le parti qui décidera. Le RPG est libre de présenter un autre candidat. Pour le moment, ce n’est pas mon souci », a-t-il déclaré.

En outre, le chef de l’Etat guinéen a lâché une phrase ambiguë : « On trouve normal que des présidents fassent quatre ou cinq mandats. Mais quand c’est la Guinée, ça devient un scandale ».

Selon Ibrahima Sanoh, enseignant-chercheur guinéen, « on ne reconnaît plus Alpha Condé qui pourtant avait lutté contre les pouvoirs autoritaires en Afrique. Il est dans une sorte de déchéance ».

De son côté, Cellou Dalein Diallo, le président de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG, opposition) n’a pas manqué de commenter, sur son compte Twitter, la déclaration de Condé.

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« (Il) n’a fait que confirmer ce que les Guinéens savent et refusent : son référendum truqué qui doit lui permettre de changer la Constitution pour se maintenir au pouvoir. Rien de nouveau ! Mais nous empêcherons cette prise d’otage illégale du pays », a-t-il promis.

Sur le même réseau social, Jean-Luc Mélenchon, le chef de file de la France insoumise (parti politique de la gauche radicale), a apporté son soutien au Front National de Défense de la Constitution (FNDC) de la Guinée qui, selon lui, « est une création d’un type qui pourrait inspirer d’autres peuples et nous, en particulier, les Français, dans notre volonté de récupération de la souveraineté populaire ».

Ce mouvement a appelé, hier mercredi, les Guinéens à une « journée de résistance citoyenne active et permanente » afin que le projet de nouvelle Constitution soit abandonné.

Quant à l’opposition, elle avance en rangs dispersés à l’approche des deux élections (législatif et référendum sur une nouvelle Constitution) prévues le 1er mars 2020. Certains partis ont déjà décidé de boycotter ces consultations électorales car le fichier électoral ne serait pas « fiable ».

A Conakry, les élections du 1er mars ravivent la tension

A Conakry, les législatives couplées avec le référendum du 1er mars 2020, sont le principal sujet de discussion dans les café-bars, les marchés ou autres lieux de rencontre.Dans la capitale, plane une atmosphère de suspicion. Certains citoyens sont persuadés que, derrière le changement annoncé de la loi fondamentale du pays, se cache un désir du président Alpha Condé de briguer un troisième mandat. Ce que ne lui permet pas la Constitution en vigueur.

Pour faire entendre leur voix, des Guinéens manifestent régulièrement à l’appel du Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC) qui réunit l’opposition et la société civile. Et l’économie en pâtit. « Quand il y a une mobilisation, on ne peut pas travailler. Nous sommes obligés de fermer », regrette Mabinty Camara, gérante d’un salon de coiffure situé à Sonfonia-gare, un quartier de la banlieue de Conakry.

Sans langue de bois, cette dame se désole de la situation politique qui prévaut dans son pays : « Nous sommes fatigués. Quand on parle d’élections en Guinée, on note toujours des manifestations causant des morts. Il faut que cela cesse ».

A quelques encablures, Ibrahima Bangoura, un chauffeur de taxi maraude. Mais il s’arrête un moment pour se prononcer sur la crise politique que traverse sa Guinée natale.

« Il faut que les opposants se ressaisissent. La plupart d’entre eux étaient dans le gouvernement lorsque le président Lansana Conté modifiait la Constitution pour s’offrir un troisième mandat. Ils l’ont soutenu. Aujourd’hui, ils sont mal placés pour dire non à Alpha Condé. Je le soutiens depuis 1990 et tant qu’il est là, je vais l’accompagner », promet-il.

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En marge du 33e Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union Africaine (UA) tenu les 09 et 10 février 2020 à Addis-Abeba (Ethiopie), le président Alpha Condé n’a pas mis fin au débat sur son éventuel troisième mandat. Au contraire, il a donné du grain à moudre à ses détracteurs.

« Condé n’aime et ne supporte personne. Tout ce qu’il fait, c’est pour lui. Son seul objectif est de mourir au pouvoir. Et il est prêt à sacrifier tout le monde », fustige le député Saïkou Yaya Barry, vice-président de l’Union des Forces Républicaines (UFR, opposition).

Poursuivant, M. Barry considère que Condé « est un dictateur qui veut laisser la Guinée en lambeaux avant de mourir » et que personne n’osera lui tenir tête au sein du Rassemblement du Peuple de Guinée (RPG, parti au pouvoir).

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A en croire Souleymane Keïta, chargé de mission à la présidence de la République, il y a de nombreuses « incohérences » dans l’actuelle Constitution qui favorisent « des interprétations tendancieuses ».

Pour ce membre du RPG, il est donc primordial de « doter la Guinée d’une Constitution claire » et le président Alpha Condé a le droit de convoquer le corps électoral pour qu’il se prononce sur cette question.

En tout cas, depuis octobre 2019, le Front National de Défense de la Constitution (FNDC) monte au front sur toute l’étendue du territoire national.

Ce mouvement, regroupant des partis politiques et des organisations de la société civile, menace d’empêcher la tenue des législatives et du référendum. D’ailleurs, des opposants ont déchiré et brulé des listes électorales dans les localités où ils sont maîtres.

L’UA alerte les banques centrales africaines sur les conséquences économiques du coronavirus

Le professeur Victor Harison, Commissaire aux Affaires économiques de la Commission de l’Union africaine (CUA) a demandé, jeudi à Dakar, aux gouverneurs des Banques Centrales Africaines de faire attention aux conséquences économiques du coronavirus qui affecte actuellement plusieurs parties du monde.« Cette épidémie n’affecte pas pour le moment le continent, mais il faudra que nous fassions attention », a laissé entendre le professeur Harison, à l’occasion de la réunion du bureau de l’Association des Banques Centrales Africaines (ABCA).

Selon lui, l’OPEP est en train de se réunir pour décider des niveaux de protection du pétrole, ajoutant qu’au regard de la place de la Chine par rapport aux échanges commerciaux des pays africains, les banques centrales africaines ont un rôle clé à jouer car il risque d’y avoir une récession économique au niveau mondial.

M. Harison a tout de même salué la performance du Pound égyptien et les obligations rwandaises. « Et nous espérons que l’avènement d’une monnaie unique qui correspond aux aspirations des pays de la CEDEAO marquera un grand pas dans le processus d’intégration régionale », a-t-il dit.

Sur un autre registre, le professeur Harison a laissé entendre ne pas pouvoir imaginer qu’une zone de libre-échange continental réussisse si les Etats africains continuent à faire des transactions en devises étrangères. Au passage, il a révélé qu’en collaboration avec la Banque Centrale du Nigeria, la Commission de l’Union africaine (CUA) a élaboré la structure des statuts de l’Institut monétaire africain (IMA).

« C’est mon plus grand souhait que cette structure commence ses activités cette année. Le nouveau gouvernement nigérian a déjà mis à disposition un bâtiment avec des bureaux », a affirmé le professeur Harison.

Un des points de l’ordre du jour de la réunion de l’ABCA est d’ailleurs est l’examen du projet de statuts de l’IMA dont l’objectif principal est d‘entreprendre tous les travaux préparatoires techniques, stratégiques, statistiques, institutionnels et juridiques nécessaires à la création de la Banque Centrale Africaine et de la monnaie unique au plan continental.

Même si les défis de développement sont énormes, le Commissaire aux Affaires économiques de la CUA reste convaincu que les pays africains doivent prendre en main leurs propres destins.

Demos, première athlète tchadienne qualifiée au JO de Tokyo

La jeune judoka tchadienne, Memneloum Demos est désormais qualifiée pour les jeux olympiques de Tokyo 2020. Elle vient de gagner 120 points exigés pour sa qualification lors de sa participation au Grand Slam de Paris 2020Memneloum Demos est aujourd’hui, la troisième meilleure judoka  africaine de la catégorie de moins de -70kg au classement mondial de qualification aux Jeux Olympiques de Tokyo 2020.

Au comité sportif et olympique tchadien (COST), se réjouit et qualifie « de performance exceptionnelle à saluer dans l’histoire du Judo tchadien et africain ». La jeune judoka a été élue meilleure sportive de l’année 2019 au Cost Awards

« En attendant d’avoir les autres athlètes tchadiens sur la liste des qualifiés, une place est déjà assurée avec Demos, une conquête de la première médaille Olympique est lancée », se félicite le COST.

Sommet UA : Guterres appelle à la résolution des crises en Libye et au Sahel

Le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres a exprimé samedi à Addis-Abeba son engagement à appuyer « les efforts africains » pour mettre fin aux crises en Libye et au Sahel.« Nous devons aider les pays du Sahel et du lac Tchad à relever une multitude de défis, qu’il s’agisse de la crise climatique, du désespoir économique et de l’exclusion ou de l’extrémisme et des effets croissants de l’instabilité en Libye », a déclaré Guterres.

Il s’exprimait en marge du 33è Sommet ordinaire des chefs d`Etat et de gouvernement de l’Union Africaine qui s’ouvre ce dimanche dans la capitale éthiopienne sous le thème « Faire taire les armes : créer les conditions pour le développement de l’Afrique ».

Selon le Secrétaire général de l’ONU, la situation en Libye « s’aggrave et n’aurait pas pu se produire sans la complicité directe des membres de la communauté internationale ».

Il s’est toutefois félicité des efforts de réconciliation intra-libyenne en Afrique pour le retour de la paix à Tripoli, notamment le huitième sommet du Comité de haut niveau de l’Union africaine tenu le 30 janvier dernier à Brazzaville.

Sur la lutte contre le terrorisme, particulièrement dans le Sahel, il soutient que « le terrorisme en Afrique n’est pas une menace pour l’Afrique [uniquement], le terrorisme en Afrique est une menace globale ».

Il plaide ainsi pour une mobilisation plus soutenue de la communauté internationale « pour promouvoir la paix et la sécurité ainsi que la prospérité dans le continent ».

« Il faut que la communauté internationale reconnaisse le besoin d’opérations africaines de paix et de lutte anti-terroriste, appuyées par des mandats sous le chapitre VII du Conseil de Sécurité et avec des financements prévisibles garantis par les contributions obligatoires », a-t-il déclaré.

Au-delà de l’instabilité politique et du terrorisme, le Secrétaire général a insisté sur les nombreuses initiatives à prendre face à la problématique du changement climatique, le développement durable, le libre-échange, une mondialisation équitable, les inégalités sociales, etc. conformément aux objectifs de développement durable.

Guterres a cependant salué les « signes d’espoir » dans le continent où en 2019 « des conflits ont été évités à la suite de plusieurs élections très importantes, notamment en République Démocratique du Congo, à Madagascar et au Mali ».

Selon lui, l’accord de paix est en cours de mise en œuvre en Centrafrique et la mise en place d’un gouvernement de transition au Soudan constituent des avancées majeures.

« Ces avancées montrent qu’il est possible d’agir et doivent être soutenues sans relâche par la communauté internationale », a-t-il souligné.

 Le Secrétaire général a en effet appelé au retrait du Soudan de la liste des États qui soutiennent le terrorisme et de mobiliser un appui international massif pour permettre au pays de surmonter ses défis.

Tchad: le HCR veut une aide d’urgence face à l’afflux des réfugiés soudanais

Le bureau du Tchad du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR) a fait état, vendredi, de son inquiétude face à l’afflux des réfugiés soudanais, disant attendre une aide d’urgence.« Une crise humanitaire sévit à l’est du Tchad. Plus de 11 242 personnes ont fui les affrontements violents et meurtriers survenus à El-Geneina au Soudan, pour se réfugier à Adré au Tchad. C’est pourquoi, nous avons un besoin urgent de plus de $15 millions USD pour venir en aide aux réfugiés », a déclaré la coordinatrice du système des Nations Unies au Tchad, Violette Kakyomya.

Elle s’exprimait au cours d’une cérémonie de lancement d’un appel à l’endroit des bailleurs de fonds, notamment, les donateurs et diplomates pour une aide permettant de prendre en charge les réfugiés soudanais.

Fin janvier dernier, le HCR avait déjà alerté sur l’afflux des réfugiés soudanais vers l’est du Tchad. « Plus de 11 000 personnes ont déjà fui le Darfour pour se réfugier au Tchad. La ville d’El Geneina est située à 20 kilomètres de la frontière tchadienne avec le Soudan. Le HCR craint que des milliers de réfugiés soudanais se retrouvent au Tchad comme c’était le cas en 2003 avec le conflit au Darfour», avait-il alerté.

Pacification de l’Afrique: les chefs d’Etat à pied d’œuvre à Addis-Abeba

L’Union Africaine (UA), dont le 33e Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement se tient dans la capitale éthiopienne, cherche des solutions pour « faire taire les armes » sur le continent.Le constat est amer : les conflits sont légion en Afrique. Du Sahel à la Corne de l’Afrique en passant par la Centrafrique, ce continent subit de plein fouet les affres de la guerre.

Il y a un mois, les islamistes de Shebab ont lancé un assaut contre une base militaire américaine dans la région de Lamu (est du Kenya), régulièrement visée. Cette attaque, inscrite dans le cadre de leur campagne baptisée « Jérusalem ne sera jamais judaïsée », a été fatale pour eux car quatre assaillants ont été tués et cinq complices présumés auraient été arrêtés.

Malgré ces rudes coups qu’ils reçoivent de la part des armées éthiopiennes et, depuis 2011, kényanes, avec l’appui de l’aviation américaine (effectif en mars dernier), les Shebab ont une réelle capacité de nuisance. Les attentats d’avril 2015 contre l’université de Garissa, avec 142 étudiants non-musulmans exécutés, sont encore frais dans les mémoires.

Il y a un an encore à Nairobi, la capitale kenyane, un commando de cinq hommes armés de kalachnikovs et de grenades a tué 21 personnes dans un complexe hôtelier et de bureaux avant que deux terroristes ne soient tués le lendemain dans une autre attaque. Toutefois, les Shebab confirment qu’ils demeurent la principale menace terroriste dans la Corne de l’Afrique. Comme l’est le groupe Boko Haram au Sahel.

L’initiative G5 Sahel

En proie au terrorisme, cette zone a vu la naissance en 2014 du G5 Sahel. Cette organisation politico-militaire est composée du Burkina Faso, du Mali, du Niger, du Tchad et de la Mauritanie. Son objectif est d’endiguer la menace des groupes terroristes dont la principale force est le représentant de l’Etat Islamique en Afrique de l’ouest : Boko Haram.

En 2019, les quatre premiers pays susmentionnés ont laissé des plumes dans cette guerre asymétrique. Depuis novembre 2017, le G5 Sahel a lancé des opérations militaires même si la réalité est tout autre sur le terrain.

Les nécrologies concernant des éléments des forces armées sont devenues fréquentes au Burkina Faso, sans compter les nombreux civils tués. Selon un décompte fait par des médias, le pays a enregistré près de 500 victimes de janvier à novembre, faisant de 2019 une année noire.

Le Mali n’est pas parvenu à contrôler l’intégralité de son territoire dont une partie est toujours sous le joug des djihadistes en dépit de la présence des forces étrangères (Minusma puis Barkhane). Début novembre, 24 soldats ont été tués dans une attaque terroriste.

Par ailleurs, la Mauritanie peut se réjouir de son accalmie même si des spécialistes préviennent qu’elle n’est pas à l’abri des « menaces djihadistes », auxquelles sont confrontés ses voisins du G5 Sahel. Dans cette zone, les attaques sont également attribuées à des groupes affiliés à Al-Qaida ou à l’État Islamique. Selon des médias locaux, celles-ci auraient fait près de 600 morts.

La crise libyenne en toile de fond

La Libye sera également au cœur des échanges durant ce sommet de l’UA. Ce sera l’occasion pour les chefs d’État africains de faire enfin entendre la voix du continent sur ce dossier.

Après l’effondrement du régime de Mouammar Kadhafi en octobre 2011, divers groupes armés ont plongé ce pays très riche en hydrocarbures dans une crise sans précédent. Pis, Fayez al-Sarraj (reconnu par la communauté internationale) et le maréchal Khalifa Haftar (chef du gouvernement parallèle) se livrent une bataille sans merci pour le contrôle politique de la Libye.

On est très loin de l’époque où ce pays de l’Afrique du nord était un Etat florissant, apportant son soutien financier à d’autres nations du continent. Aujourd’hui, elle « ne peut même plus s’occuper d’elle-même en tant qu’Etat », regrette Ali, citoyen libyen interrogé par APA en 2019 lors du 8e anniversaire de la révolution libyenne.

Comme nombre de ses compatriotes, c’est l’image du corps ensanglanté de Kadhafi qu’ils gardent encore comme souvenir au milieu d’un Etat et d’une population divisés.

A travers le thème de son 33e sommet : « faire taire les armes », l’UA veut « créer des conditions propices au développement de l’Afrique ». La mise en œuvre progressive de la Zone de libre-échange continentale (Zlecaf), lancée en juillet dernier à Niamey (Niger), sera ainsi l’un des principaux sujets de discussion.

Le Conseil de paix et de sécurité travaille aussi sur le financement des opérations de soutien à la paix pour appuyer le projet de l’UA visant à amorcer le décollage économique du continent et de mettre fin aux conflits.

Par ailleurs, au cours de ce sommet de deux jours, l’Egyptien Abdel Fattah al-Sissi, président en exercice de l’UA, va passer le témoin à son homologue sud-africain Cyril Ramaphosa. Ce dernier présidera aux destinées de l’UA en 2020.

Conflits en Afrique : 55.882 violations commises contre des enfants (étude)

Une étude de Save the children (Sauver les enfants en anglais), publiée ce vendredi, révèle que « plus de 55.882 violations graves » ont été commises entre 2014 et 2018 contre des enfants dans les zones de conflit en Afrique.Cette Organisation Non Gouvernementale, pour être en mesure de fournir ce chiffre effarant, a compulsé les données vérifiées des pays africains figurant dans les cinq plus récents rapports des Nations Unies sur les enfants affectés par les conflits armés. Dans ces rapports, six types de « violations graves » commises contre des enfants sont répertoriés.

L’analyse de Save the Children « a évalué le nombre de violations dans chaque pays africain figurant dans les rapports, par violation, sur cinq ans. Elle révèle qu’en 2014, il y a eu 6620 violations graves, 12.359 en 2015, 11.516 en 2016, 13.613 en 2017 et 11.774 en 2018 ».

La structure fondée en 1919 note que « les enfants (sont) tués, mutilés ou agressés sexuellement, malgré les engagements pris par les dirigeants africains de mettre fin à toutes les guerres sur le continent d’ici 2020 ».

A en croire Save the children, les cinq derniers rapports annuels des Nations Unies sur les enfants et les conflits armés montrent que « les progrès réalisés en matière de protection des enfants en Afrique sont limités depuis le lancement en 2013 de la campagne phare de l’Union Africaine (UA)  » Faire taire les armes en Afrique  » ».

Cela étant dit, l’ONG est « préoccupée » par la lenteur des progrès enregistrés suite aux mesures prises par les dirigeants africains afin de réduire les attaques violentes contre les enfants.

Selon cette étude, rendue publique à la veille du 33e Sommet de l’Union Africaine (UA), il y a eu une augmentation des incidents dont quatre parmi les six graves violations de l’Onu (Organisation des nations unies) contre les enfants en Afrique en temps de guerre depuis 2014.

En effet, d’après Save the children, le recrutement et l’utilisation d’enfants comme soldats a plus que doublé en Afrique en cinq ans. Depuis 2014 en Afrique, plus de 11.000 enfants ont étés tués ou mutilés dans les conflits, plus de 24.000 enfants ont été recrutés et exploités par des groupes armés, plus de 4600 enfants, pour la plupart des filles, ont été victimes d’agressions sexuelles lors de conflits et plus de 3500 attaques ont visé des écoles et des hôpitaux. Un tableau sombre qui appelle des mesures urgentes.

A 18 ans, Mariam est membre du Conseil consultatif pour les enfants et les jeunes du Mali, un pays durement éprouvé par le djihadisme. Dans un entretien avec Save the children, elle a lancé un cri de détresse : « Au Mali, la situation des enfants est vraiment critique. Nous voyons des enfants tués, violés. Certains d’entre eux ont vu des frères et des parents tués devant eux. Que de champs, d’écoles et d’hôpitaux détruits ».

De son côté, Doris Mpoumou, représentante de Save the Children auprès de l’Union Africaine, a déclaré que « ce sommet de l’UA doit être l’occasion de revoir cette ambition de 2013 et de réfléchir aux raisons pour lesquelles la situation est restée la même. Les États membres de l’UA et toutes les parties au conflit sur le continent doivent trouver des moyens consensuels, significatifs et durables de mettre fin aux guerres et de protéger les enfants contre toutes les formes de violence, d’abus et d’exploitation ».

Par ailleurs, cette ONG a invité les États membres de l’UA à prendre « des mesures plus fermes pour protéger l’éducation contre les attaques et pour les pays qui ne l’ont pas encore fait, de signer la Déclaration sur la sécurité dans les écoles », non sans mettre l’accent sur « les programmes de prévention, d’intervention et de reconstruction post-conflit ».

« Il faut passer au crible les conflits en Afrique » (expert)

« Pour faire taire les armes en Afrique », il faut au préalable identifier les origines des conflits, a conseillé Venant Mboua, militant camerounais des droits de l’Homme ayant effectué des missions de paix en Centrafrique.Pour ce journaliste et spécialiste des questions électorales sur le continent, les origines des conflits ont pour nom la mauvaise gouvernance, les convoitises extérieures et le terrorisme. Selon Venant Mboua, ce dernier fléau est « une nébuleuse difficile à cerner, mais qui puise beaucoup dans les milieux pauvres ».

Les jeunes désœuvrés et non éduqués des villages sont souvent les soldats du terrorisme et même des rébellions politico-militaires, a-t-il soutenu. Dénonçant ce qu’il appelle « la privatisation des guerres en Afrique », M. Mboua a indiqué que « lorsque les gouvernements en place ne s’entendent pas avec certains partenaires étrangers, ces derniers favorisent ou soutiennent la création de milices armées, le plus souvent en mettant en avant des revendications sociopolitiques. C’est le cas en Centrafrique et en République Démocratique du Congo ».

S’agissant de la mauvaise gouvernance, l’expert a constaté que ce sont les dictatures qui accaparent le jeu politique et démocratique. Elles génèrent toujours des conflits à travers le continent.

En conclusion, il a appelé l’Union africaine (UA) à encourager des réformes véritablement démocratiques afin d’exorciser la malédiction des conflits armés.