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Theresa May, 4e Premier ministre conservateur britannique à chuter sur l’UE

Les divisions idéologiques qui déchirent le Parti conservateur britannique sur la relation de leur pays avec l'Union européenne ont coûté…

Les divisions idéologiques qui déchirent le Parti conservateur britannique sur la relation de leur pays avec l’Union européenne ont coûté leur place à quatre Premiers ministres issus de ses rangs en près de 30 ans.

Margaret Thacher en 1990, John Major en 1997, David Cameron en 2016 et Theresa May aujourd’hui : tous ont chuté sur ce dossier brûlant.

Il fut un temps où les Tories étaient des partisans de l’UE. C’est en effet sous la houlette d’un chef de gouvernement conservateur, Edward Heath, que le Royaume-Uni a fait son entrée en 1973 dans ce qui était alors la Communauté économique européenne (CEE), quand les travaillistes, dans l’opposition, y étaient hostiles.

Mais l’euroscepticisme change de camp dans les années 1980. Les conservateurs s’opposent à toute initiative en vue d’un renforcement de l’intégration politique européenne. Une politique théorisée par Margaret Thatcher dans un discours au Collège de Bruges en 1988 où elle rejette l’idée d' »un super-État européen exerçant sa domination de Bruxelles ».

C’est l’Union économique et monétaire (UEM) — entre autres facteurs, comme l’instauration de la « poll tax », un impôt local très impopulaire — qui va contribuer à provoquer la chute de la « Dame de fer ». Sa position intransigeante sur ce dossier et ses diatribes antieuropéennes conduisent les députés europhiles de son parti, en particulier Sir Geoffrey Howe et Michael Heseltine, à déclencher une procédure pour la déloger, la conduisant à démissionner.

La défiance vis-à-vis de Bruxelles des Tories s’accentue au milieu des années 1990 avec la création du parti Ukip, qui prône la sortie de l’UE, les conduisant à durcir leur discours. Le successeur de Mme Thatcher, John Major, est confronté à l’insurrection permanente des eurosceptiques qui vont l’affaiblir avant que le travailliste Tony Blair ne lui assène le coup de grâce en remportant les élections législatives de 1997.

Revenus au pouvoir en 2010, les conservateurs sont plus remontés que jamais contre Bruxelles.

La crise de la zone euro et l’immigration de grande ampleur en provenance de l’UE favorisent la radicalisation du débat et poussent le Premier ministre David Cameron à organiser le 23 juin 2016 le référendum qui va signer la rupture. Ayant personnellement appelé à voter pour rester dans l’UE, M. Cameron quitte le pouvoir laissant la lourde tâche à Theresa May, qui lui succède, de mener à bien le divorce.

Près de trois ans plus tard et une trentaine de démissions au sein de son gouvernement, elle vient à son tour de rendre les armes.

Écartelée entre europhobes et europhiles, elle a été incapable de les rassembler autour de l’accord de divorce qu’elle a conclu fin novembre avec les dirigeants européens, qui prévoit la sortie de l’Union monétaire et du marché unique. Après une vaine tentative de rallier les travaillistes à son plan, elle a annoncé vendredi sa démission, effective le 7 juin.

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