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Trois journalistes d’un média égyptien relâchés après une perquisition

Trois journalistes du média égyptien indépendant Mada Masr ont été relâchés dimanche après leur interpellation lors d'une perquisition par des…

Trois journalistes du média égyptien indépendant Mada Masr ont été relâchés dimanche après leur interpellation lors d’une perquisition par des policiers en civil, a indiqué le site d’information en ligne.

Ces brèves arrestations interviennent au lendemain de celle d’un autre journaliste de Mada Masr, Shady Zalat, 37 ans, qui a lui aussi été relâché dimanche selon le compte Twitter du média, connu pour ses enquêtes sur la corruption et les questions sécuritaires.

Mada Masr a indiqué que neuf policiers en civil avaient perquisitionné son bureau du Caire dimanche et interrogé des journalistes sur place, en leur demandant de déverrouiller pour eux leurs ordinateurs et leurs téléphones.

Puis trois journalistes dont la rédactrice en chef, Lina Attallah, ont été arrêtés, mais relâchés plus tard.

Elles ont été relâchées après 10 minutes passées au poste de police, a indiqué un journaliste du média en ligne à l’AFP.

En fin d’après-midi, Mada Masr avait indiqué sur Twitter que les journalistes avaient récupéré leurs ordinateurs et leurs téléphones et que les membres des forces de sécurité étaient partis.

Une équipe de France 24 venue interviewer Mme Attalah à propos de l’arrestation de M. Zalat se trouvait dans les locaux du média lors de la perquisition et a également été retenue.

« Les policiers se trouvaient déjà dans les locaux lorsque nous sommes arrivés », a déclaré à l’AFP Eric de Lavarene, un des deux journalistes français travaillant pour France 24.

« Nous avons demandé pourquoi on nous retenait mais personne n’a répondu », a-t-il ajouté, précisant avoir eu le temps d’appeler l’ambassade de France pour expliquer la situation.

Dépêchés sur place, deux diplomates français n’ont pas pu entrer dans les locaux, mais sont repartis avec les deux journalistes en fin d’après-midi. Des avocats qui se sont rendus sur place n’ont pas non plus pu entrer dans les locaux au cours de la perquisition.

– Centaines de sites bloqués –

Après la perquisition, deux journalistes étrangers –un Américain et une Britannique qui travaillent avec Mada Masr– ont été escortés hors du bâtiment. Sur son compte Twitter, le média avait dit craindre qu’ils soient expulsés, mais ils ont été finalement laissés libres.

La semaine dernière, le média, qui publie des contenus en arabe et en anglais, a publié un article prétendant que le fils du président Abdel Fattah al-Sissi, Mahmoud, un officier des services de renseignements, devrait être transféré à Moscou pour occuper un poste diplomatique.

Sa réaffectation interviendrait après des critiques internes au sein de l’appareil sécuritaire, selon l’article.

Le texte, qui cite des sources émiraties et égyptiennes anonymes, a en outre donné des détails sur les agences de sécurité du pays, où la liberté de la presse diminue.

Sollicité par l’AFP, le ministère de l’Intérieur n’a pas commenté.

Amnesty International a dénoncé la perquisition et appelé le gouvernement égyptien à « s’abstenir de sanctionner les journalistes pour avoir exercé leur métier légitime ».

Depuis l’arrivée au pouvoir de M. Sissi en 2014, une vague de répression impitoyable s’est abattue contre les journalistes, les opposants et les militants égyptiens.

Mada Masr compte parmi la centaine de sites d’information bloqués par les autorités ces dernières années, et dont l’accès n’est possible pour les Egyptiens que via une application VPN (réseau privé virtuel).

L’Egypte est le pays qui emprisonne le plus de journalistes au monde après la Chine et la Turquie, selon le Comité pour la protection des journalistes, une association basée à New York.

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