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« Trop c’est trop »: la colère monte à Beni (RDC) après une nouvelle tuerie

Les habitants de Beni (est de la République démocratique du Congo) ont décidé de prolonger leur grève générale jusqu'à vendredi…

Les habitants de Beni (est de la République démocratique du Congo) ont décidé de prolonger leur grève générale jusqu’à vendredi pour protester contre une nouvelle tuerie attribuée par les autorités au « terrorisme » du groupe armé d’origine ougandaise ADF.

Cette tuerie samedi soir à quelques centaines de mètres du centre-ville a fait 21 morts (17 civils, quatre militaires), selon un responsable militaire qui a annoncé l’ouverture d’une enquête. Un précédent bilan dimanche avait fait état de 16 morts.

« Certaines activités » de riposte à l’épidémie d’Ebola, qui a tué 100 personnes dans la régio de Beni, ont été « temporairement » suspendues en signe de deuil, a indiqué le ministère de la Santé.

Les commerces et les écoles devront, elles, rester fermés toute la semaine à en croire l’appel de la « société civile » dans cette région-martyre où les tueries attribuées aux mystérieuses Allied Democratic Forces (ADF) ont fait plus de 700 morts depuis octobre 2014, dans l’indifférence générale.

– « Trop c’est trop » –

« Trop, c’est trop », a lancé l’évêque de Beni-Butembo, Mgr Sikuli Paluku, qui a demandé aux autorités de « protéger la population et ses biens » en présentant ses condoléances aux proches des victimes.

« Comment comprendre qu’avec la présence et le déploiement impressionnant des Forces armées de la République démocratique du Congo dans la région, avec la présence massive de la Mission des Nations unies au Congo (Monusco) (…) on n’arrive pas à endiguer ce fléau? », a-t-il ajouté, à l’unisson de bien des messages sur les réseaux sociaux.

« L’action menée par nos forces et par les forces congolaises a permis d’éviter sans doute des drames plus importants à l’occasion », s’est défendu le commandant adjoint de la force onusienne, le général Bernard Commins.

« Les assaillants avaient pour objectif d’entrer plus profondément dans la ville de Beni », a-t-il dit à la radio onusienne Okapi.

– « Poursuivis dans la forêt, dans la jungle » –

Il a ajouté que les militaires congolais avaient poursuivi les assaillants « dans la forêt, dans la jungle ».

La nouvelle tragédie de Beni a suscité des réactions politiques à trois mois des élections prévues le 23 décembre.

« Kabila et ses proches osent affirmer que la situation s’améliore alors que ces drames sont quotidiens. Comment peuvent-ils vivre avec cette responsabilité? », a tweetté l’opposant en exil Moïse Katumbi, visant le président congolais Joseph Kabila.

Des internautes ont dénoncé l’absence de réaction du gouvernement. « La réaction se fait sur le terrain », a répondu le directeur de cabinet adjoint du président Kabila, Jean-Pierre Kambila.

Le chef d’état-major Célestin Mbala est arrivé lundi soir à Beni et le ministre de la Défense devait recevoir les élus du Nord Kivu mardi matin.

Un député d’opposition a demandé une « évaluation rapide de l’efficacité des opérations de l’armée ». « La ligne de front a quitté le parc de Virunga pour se retrouver à l’intérieur de Beni, hypothéquant dangereusement la bonne tenue des élections le 23 décembre », a affirmé ce député, Anselme Mwaka, du parti UNC de l’opposant Vital Kamerhe.

Mystérieuse nébuleuse, les ADF sont tenues responsables du massacre de plus de 700 civils à Beni et sa région depuis octobre 2014, en plus de la mort de 15 Casques bleus tanzaniens en décembre.

Il s’agit historiquement d’un groupe ougandais musulman qui s’est replié en 1995 dans l’est du Congo pour combattre le président ougandais Yoweri Museveni.

Après chaque attaque, il n’affiche ni leader ni revendication. Son affiliation à l’islamisme radical n’a jamais été prouvée.

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