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Trump fait durer le suspense sur son choix pour la Cour suprême

Le président Donald Trump s'apprêtait lundi à désigner un juge très conservateur à la Cour suprême des Etats-Unis, une décision…

Le président Donald Trump s’apprêtait lundi à désigner un juge très conservateur à la Cour suprême des Etats-Unis, une décision lourde de conséquences pour l’évolution de la société américaine.

Après une matinée d’ultimes consultations, M. Trump a, selon le New York Times, fait son choix sur ce magistrat qu’il va nommer à vie, mais continuait d’entretenir un savant suspense.

Soucieux d’offrir le maximum de résonance à son annonce, très attendue par sa base électorale, M. Trump s’exprimera depuis la Maison Blanche à 21H00 (01H00 GMT mardi). Une heure de grande écoute, pour laquelle les télévisions ont chamboulé leurs programmes.

Cette nomination découle du départ à la retraite inattendu du juge Anthony Kennedy, l’un des neuf sages de la haute cour.

« Cela fait longtemps qu’on me dit que la décision la plus importante que puisse prendre un président américain est de désigner un juge à la Cour suprême. L’annonce sera faite ce soir à 21H00 », a-t-il tweeté lundi.

« Disons qu’il y a quatre personnes », avait-il déclaré dimanche, au terme d’un week-end passé dans l’un de ses clubs de golf. « Ils sont chacun excellents ».

Ce quarteron ne compte que des magistrats très conservateurs: Brett Kavanaugh, un ex-conseiller de George W. Bush; Amy Coney Barrett, une juge aux valeurs religieuses traditionalistes; Raymond Kethledge, un défenseur d’une interprétation littérale de la Constitution; et Thomas Hardiman, un farouche partisan du port d’arme.

– « Militantisme judiciaire » –

Pour le professeur conservateur Josh Blackman, du South Texas College of Law, les quatre juges de la liste resserrée offrent toutes les garanties pour rassurer les républicains, y compris les plus à droite.

« Trump ne peut pas se retrouver perdant » avec son choix de candidat, a-t-il assuré à l’AFP. « Il pourrait le tirer au sort et je serais satisfait ».

Début 2017 le président américain avait déjà eu l’occasion de promouvoir à la haute instance un juge conservateur, Neil Gorsuch.

La Cour suprême, dont la mission première est de contrôler la constitutionnalité des lois, tranche les importants débats de société aux Etats-Unis, un rôle davantage assuré par les parlements dans d’autres pays.

Chacun de ses membres doit être confirmé par un vote du Sénat. M. Trump veut agir vite et profiter de la courte majorité républicaine à la chambre haute du Congrès, avant les élections risquées de mi-mandat en novembre.

Les juges de la Cour suprême siégeant souvent des décennies, l’enjeu est énorme. M. Trump, dans nombre de ses meetings politiques, aime vanter parmi ses succès la nomination de M. Gorsuch.

Le juge Kennedy, 81 ans, a joué un rôle pivot: conservateur sur des sujets comme les armes à feu ou le financement électoral, il a été plus progressiste sur des thèmes comme l’avortement, la discrimination positive ou le mariage homosexuel.

Il a souvent départagé ses huit pairs, quatre conservateurs (dont le président John Roberts) et quatre progressistes.

Son départ était vivement redouté par les démocrates, qui craignent par ailleurs une défaillance de la doyenne de la Cour, la magistrate progressiste Ruth Bader Ginsburg, qui siège encore à 85 ans.

Sans Kennedy, beaucoup considèrent désormais qu’un réel danger plane sur divers acquis sociaux, comme le droit à l’IVG.

– Décalage à droite –

Le président a choisi exprès des magistrats relativement jeunes: 53 ans pour MM. Kavanaugh et Hardiman, 46 ans pour Mme Barrett et 51 ans pour M. Kethledge.

Une Cour conservatrice devrait sabrer les velléités locales de réglementer les armes à feu, donner des gages aux chrétiens conservateurs, conforter les partisans de la peine de mort, appuyer les lobbys patronaux et s’opposer à un plafonnement des financements électoraux.

Exaspérés que Donald Trump ait ainsi l’occasion de marquer durablement de son empreinte la Cour suprême, l’opposition démocrate entend se mobiliser lors du vote de confirmation du candidat choisi, un processus que Mitch McConnell, le chef des républicains au Sénat, veut boucler à l’automne.

« Chacun des juges de la liste resserrée de Donald Trump a été pré-approuvé par des extrémistes de droite. Ils ont prouvé leurs intentions de se ranger du côté des riches et des puissants, au détriment des droits des femmes, des travailleurs, des électeurs et des minorités », a tweeté la sénatrice démocrate Elizabeth Warren.

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