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Un adolescent apatride porte-parole de l’équipe dans la grotte thaïlandaise

Né en Birmanie, élevé par des enseignants chrétiens en Thaïlande, Adul Sam-on est l'un des 12 enfants coincés dans une…

Né en Birmanie, élevé par des enseignants chrétiens en Thaïlande, Adul Sam-on est l’un des 12 enfants coincés dans une grotte inondée en Thaïlande. Comme des dizaines de milliers d’enfants dans le royaume, il est apatride mais, parlant anglais, il s’est improvisé porte-parole.

Les images de l’adolescent aux grands yeux, ébloui par la lampe torche des plongeurs l’ayant retrouvé avec 11 autres footballeurs en herbe au fond de la grotte de Tham Luang, ont fait le tour du monde.

« Je m’appelle Adul, je suis en bonne santé », dit en thaïlandais le garçon émacié sur la vidéo publiée ensuite, faisant le geste du « wai », le salut emblématique de la culture thaïlandaise.

Il est toujours pris au piège dans les entrailles du vaste réseau souterrain alors que les secouristes ont engagé une course contre la montre pour tenter de les extirper du piège, avec de nouvelles pluies qui menacent.

Les enseignants de l’école Ban Pa Moea où il poursuit ses études saluent ses talents linguistiques, notamment en anglais, dans un pays où seul un tiers des habitants parlent la langue de Shakespeare.

C’était le seul capable de communiquer avec les plongeurs britanniques qui sont parvenus les premiers à rejoindre les disparus lundi soir.

« Quel jour on est? », entend-on Adul demander en anglais, expliquant aux secouristes que le groupe avait faim.

Né dans l’Etat Wa, région de l’est de la Birmanie marquée par une guérilla ethnique, Adul parle aussi thaïlandais, birman et chinois et fréquente cette école depuis ses sept ans.

Il a quitté sa famille pour recevoir une éducation meilleure dans le nord de la Thaïlande. Ses parents sont restés en Birmanie, mais ils lui rendent visite dans l’Eglise chrétienne qui l’a accueilli.

– Foot, piano et guitare –

Les combats entre l’ethnie rebelle de l’Armée unie de l’Etat Wa (UWSA) et l’armée birmane ont poussé sur le chemin de l’exil des milliers d’habitants de la zone, à la recherche de sécurité et d’une vie meilleure, notamment en Thaïlande.

Adul fait partie des plus de 400.000 personnes recensées comme des apatrides en Thaïlande, d’après le Haut commissariat aux réfugiés de l’ONU. Certaines sources estiment cependant qu’ils sont 3,5 millions.

« Des progrès ont été réalisés mais certains apatrides de Thaïlande continuent de faire face à des défis pour avoir accès à leurs droits fondamentaux », explique à l’AFP Hannah Macdonald, une porte-parole de l’ONU.

Sans certificat de naissance, sans papiers d’identité ni passeport, Adul et les autres apatrides de Thaïlande ne peuvent se marier légalement, obtenir un emploi ou un compte en banque, posséder de biens ou voter.

La Thaïlande s’est engagée à enregistrer tous les apatrides d’ici 2024 mais d’ici là, le flou règne.

Adul refuse de se laisser décourager, dit son entourage. Ce passionné de football aime aussi jouer du piano et de la guitare. « C’est une merveille », raconte à l’AFP le directeur de l’école Phunawhit Thepsurin.

« Il est bon à la fois dans les études et dans le sport. Il a rapporté à l’école plusieurs médailles et certificats grâce à ses prouesses ».

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