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Un an après un feu dévastateur, Paradise se reconstruit « à partir de rien »

"Nous reconstruisons une ville entière quasiment à partir de rien", résume Jody Jones, maire de Paradise, petite ville du nord…

« Nous reconstruisons une ville entière quasiment à partir de rien », résume Jody Jones, maire de Paradise, petite ville du nord de la Californie littéralement décimée le 8 novembre 2018 par l’un des incendies de forêt les plus meurtriers de l’histoire de cet Etat.

Quatre-vingt-six personnes au total ont péri dans le « Camp Fire » qui a balayé à toute allure cette communauté rurale perchée sur une crête au milieu des bois, détruisant neuf maisons sur dix.

Paradise abritait à l’époque quelque 26.000 personnes, mais elles ne sont désormais plus que 4.000 environ à rester sur ce territoire, entre bâtiments épargnés par les flammes et roulottes parquées sur des terrains enfin déblayés de leurs ruines calcinées.

« Les gens qui reviennent, qui sont en train de reconstruire, ne se voient pas comme des victimes, pas même comme des rescapés, mais comme des pionniers », assure Mme Jones à l’AFP, qui l’a rencontrée à Paradise début octobre.

Le chemin à parcourir est encore long, avec seulement six maisons officiellement déclarées reconstruites.

« Le processus de reconstruction est encourageant. Nous avons délivré 280 permis de construire, on nous a soumis les plans pour une centaine d’autres et il y a des gens qui se présentent au guichet tous les jours », assure l’élue.

« Bien sûr, la reconstruction ne va pas se faire du jour au lendemain. Si nous avons la chance de donner 500 permis de construire par an, cela va demander cinq ou dix ans. Je pense que nous serons une chouette petite ville d’environ 5.000 habitants d’ici un an et demi, et que nous allons continuer à grandir », estime-t-elle.

Paradise ne devrait toutefois jamais plus ressembler à la communauté agricole et forestière qui avait séduit un grand nombre de retraités aux revenus modestes.

« Cela ne sera plus pareil. Pour beaucoup d’anciens, la reconstruction est un processus pénible, beaucoup ont choisi de ne pas recommencer. Et puis tout sera flambant neuf, ça devrait plaire aux jeunes familles et à ceux qui cherchent un endroit abordable, nous allons avoir plein de nouveaux arrivants », analyse Mme Jones.

– 400.000 arbres en moins –

Pour éviter que le drame du 8 novembre ne se reproduise, la ville vient d’édicter une série de règles drastiques, insiste la maire, qui a elle-même perdu sa maison dans l’incendie.

« Nous avons adopté des ordonnances qui vont bien au-delà des préconisations en matière de lutte contre les incendies. Certaines interdisent d’avoir des barrières en bois directement au contact de votre maison, un espace dégagé d’au moins 1,50 m sans combustible, des gouttières ignifugées… », énumère Jody Jones.

De nombreux rescapés avaient critiqué les conditions dans lesquelles la zone avait été évacuée lors de la catastrophe, et Paradise veut également y remédier.

« Nous avions un plan d’évacuation, des exercices, et la plupart des habitants en avaient connaissance », assure la maire. « Mais nos routes ne sont pas prévues pour pouvoir accueillir toute notre population au même moment », sans parler des communautés rurales voisines qui devaient elles aussi passer par la ville pour s’échapper, plaide-t-elle.

Des projets sont en cours pour « améliorer nos schémas d’évacuation, mettre en place un signal d’alarme sonore », jusqu’alors inexistant, « et relier certaines de nos rues qui sont en impasses » à cause de l’opposition de propriétaires fonciers.

La zone de Paradise, couverte de conifères en tous genres, aura aussi beaucoup moins de combustible à l’avenir car des centaines de milliers d’arbres ont brûlé dans l’incendie, qui a parcouru plus de 62.000 hectares au total.

« 100.000 arbres ont déjà été abattus sur la crête », lance Jody Jones. « Nous devons encore en couper 300.000 autres qui sont morts mais encore debout ».

« Donc nous n’aurons pas le même genre de forêt qu’avant. Nous avons un plan de restauration à long terme qui prend ça en compte », explique-t-elle.

Les services de base sont rétablis ou sont en passe de l’être et les écoles ont pu rouvrir, même si les effectifs ont fondu presque de moitié. Un an après le drame, qu’est-ce qui fait cruellement défaut à Paradise, hormis des logements?

« Je pense que les habitants vous diraient tous la même chose: ils voudraient voir plus de restaurants rouvrir leurs portes », sourit la maire.

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