Le second tour de la présidentielle en Ukraine opposera le comédien Volodymyr Zelensky, un comédien novice en politique, à Petro Porochenko, homme d’affaires élu à la tête de l’Etat à la suite du mouvement du Maïdan de 2014.
– Zelensky, un « clown » pris au sérieux –
Volodymyr Zelensky a déjà été président: dans la série télévisée « Serviteur du peuple », où il incarne un professeur d’histoire arrivé subitement à la tête de l’Etat.
A 41 ans, ce comédien, humoriste et entrepreneur prospère du spectacle s’est imposé dans les sondages puis dans les urnes, arrivé en première place du premier tour dans un contexte de mécontentement des Ukrainiens à l’égard de leurs élites, jugées corrompues et inefficaces.
Ses partisans voient en lui une bouffée d’air frais dans la politique ukrainienne, tandis que ses détracteurs dénoncent un programme flou et un manque d’expérience dangereux pour un pays en guerre.
Face à ces critiques, il s’est entouré de réformateurs et a assuré maintenir le cap pro-occidental de son pays tout en menant des négociations avec la Russie, impliquant les Etats-Unis, pour le régler.
Il a également été accusé d’être une marionnette de l’oligarque Igor Kolomoïski, ennemi du président Petro Porochenko, ce que le comédien dément.
M. Zelensky a évité les meetings électoraux, limitant les contacts avec les électeurs aux spectacles de stand up de sa troupe. Il s’exprime dans des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux plutôt qu’à la télévision ou dans la presse.
Père de deux enfants et diplômé de droit, il est originaire de la ville industrielle de Kriviï Rig, dans le centre de l’Ukraine.
Mais c’est sur scène qu’il a fait carrière. Directeur artistique du studio « Kvartal 95 », il est, selon des médias, cofondateur d’un conglomérat d’entreprises spécialisées dans le divertissement, connu en Ukraine ainsi qu’en Russie pour des shows et séries télévisées.
Annonçant la couleur d’une campagne spectacle, son annonce de candidature a été diffusée la nuit du Nouvel an par une chaîne privée à la place des voeux du président Porochenko.
« Quand j’ai annoncé que je briguais la présidence, on m’a qualifié de clown. Je suis clown et j’en suis très fier », indiquait-il en début de campagne.
– Porochenko, roi du chocolat –
Riche homme d’affaires ayant fait fortune dans la confiserie, Petro Porochenko a été élu président en 2014 après la fuite en Russie de son prédécesseur. Il promettait alors de terrasser la corruption omniprésente et de mettre rapidement fin au conflit armé qui venait d’éclater dans l’Est.
Bien qu’il puisse se vanter d’avoir renforcé les liens de l’Ukraine avec les Occidentaux, ses détracteurs dénoncent l’échec de ces promesses, et lui-même a reconnu dimanche que sa deuxième place constituait « une rude leçon ».
Encouragé par les Occidentaux, M. Porochenko a lancé de vastes réformes notamment dans les secteurs énergétique et bancaire. Peu ont cependant été menées à leur terme, notamment en termes de modernisation de la justice et de lutte contre la corruption, un mal qui ronge le pays.
Si de nouvelles structures anticorruption ont été mises en place, aucun haut responsable n’a jusqu’à présent été condamné, ce qui irrite les Occidentaux et les Ukrainiens.
Surtout, son pays reste en proie à une guerre qui a fait près de 13.000 morts et les accords de paix de Minsk, signés en 2015, restent inappliqués.
L’un des hommes les plus riches d’Ukraine avant son élection, il a cependant perdu en 2015 son statut de milliardaire en dollars selon le magazine américain Forbes.
Ce père de quatre enfants, âgé de 53 ans, est entré en politique comme député en 1998. Originaire d’une région russophone, il est l’un des fondateurs du parti prorusse de M. Ianoukovitch en 2010.
Après avoir changé de camp dans les années suivantes en adoptant des vues pro-occidentales, il a été un temps l’allié de Mme Timochenko lors de la Révolution orange de 2004-2005.
Fidèle de long date d’une Eglise orthodoxe relevant du Patriarcat de Moscou, Porochenko a oeuvré à la création en Ukraine d’une Eglise orthodoxe indépendante de la tutelle religieuse de Moscou, ce qui lui a regonflé sa popularité à l’approche de la présidentielle.
L’actualité en vidéo 
