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Un jeune travailliste d’origine iranienne défie Boris Johnson dans son fief

Jeune travailliste d'origine iranienne, Ali Milani mène campagne sans relâche pour tenter de battre un candidat pas comme les autres:…

Jeune travailliste d’origine iranienne, Ali Milani mène campagne sans relâche pour tenter de battre un candidat pas comme les autres: le Premier ministre britannique Boris Johnson, dans son fief d’Uxbridge, à l’ouest de Londres.

Difficile de trouver deux rivaux plus antagonistes.

Ali Milani a 25 ans. Né en Iran, il est arrivé enfant au Royaume-Uni et a été élevé par une mère célibataire dans un logement social.

Plus vieux de 30 ans, Boris Johnson, instruit dans les plus prestigieux établissements, d’Eton college à Oxford, veut depuis tout petit être le « roi du monde », selon les confidences de sa sœur Rachel à son biographe, Andrew Gimson. Il a été maire de Londres et chef de la diplomatie britannique.

Les deux hommes s’affronteront lors d’élections voulues par Boris Johnson pour obtenir une majorité au Parlement et sortir de l’impasse sur le Brexit. Mais le dirigeant conservateur, aussi charismatique que clivant, affronte une fronde pour le faire tomber dans la circonscription d’Uxbridge et South Ruislip.

« Le coin a toujours été conservateur mais les gens ne sont pas contents de l’état de l’hôpital local, de la situation des jeunes », explique à l’AFP Michael Freitas, responsable informatique de 42 ans, dans le centre d’Uxbridge animé par un marché de Noël.

Depuis le début de la campagne, le candidat conservateur a été peu vu dans cette ville située au terminus d’une ligne de métro et à trente kilomètres de Westminster.

« Boris Johnson a clairement négligé les habitants », estime M. Freitas, qui votera pour le Parti travailliste ou le parti libéral démocrate, pro-européen.

– Mobilisation des jeunes –

Lors des dernières élections, en juin 2017, Boris Johnson ne l’avait remporté qu’avec une majorité de 5.000 voix, deux fois moins que lors du précédent scrutin. Et ses opposants rêvent de l’évincer de son siège, l’excluant de fait de Downing Street: depuis plus d’un siècle, tous les chefs de gouvernement sont députés.

Et jamais un Premier ministre en exercice n’a été battu lors de législatives.

« Sur le papier, renverser le Premier ministre en exercice n’est pas le défi le plus facile à surmonter », a reconnu fin novembre Ali Milani dans le quotidien de gauche The Guardian.

« Mais l’opinion se retourne contre Johnson », estime le travailliste, voyant se dessiner « un vote utile anti-Johnson » et « une mobilisation sans précédent des étudiants et des jeunes », incités à s’inscrire sur les listes électorales: « Je crois vraiment que nous sommes sur le point de remporter une victoire historique ».

Des arguments confortés par une étude du think tank de droite Onward sur les jeunes, réalisée en avril, qui jugeait « vulnérable » la circonscription d’Uxbridge et South Ruislip en raison de l’évolution démographique défavorable aux Tories.

La ville compte une importante communauté étudiante, liée à l’université locale de Brunel, où Ali Milani, ancien président d’un syndicat étudiant, a suivi son cursus.

– « Improbable mais possible » –

« Ali semble se préoccuper de ce coin. Il vient d’ici, il a le côté local », dit Catherina Knox, 35 ans.

Très remontée contre Boris Johnson et ses « mensonges », la trentenaire fait depuis peu du porte-à-porte pour le candidat travailliste. Sans y croire tout à fait: « Une victoire est improbable, mais possible ».

Car même si Boris Johnson est vu par certains comme un candidat « parachuté », les électeurs risquent d’être séduits par ses promesses de tourner la page du Brexit, un sujet qui empoisonne la vie politique depuis plus de trois ans.

« Tout le monde l’aime bien ici. Les gens ne veulent vraiment pas du Labour », estime Sharon Joyce, une institutrice de 50 ans.

Ali Milani pourrait en outre pâtir de ses tweets antisémites écrits il y a plusieurs années, et qui ont refait surface. Il a présenté ses excuses, mettant en avant sa jeunesse.

Un sondage YouGov réalisé fin novembre plaçait Boris Johnson en tête avec 50% des voix contre 37% pour Ali Milani mais la fourchette d’estimation n’exclut pas une victoire de justesse du travailliste.

Dans cette élection décidément pas tout à fait comme les autres, Boris Johnson et Ali Milani affronteront aussi deux rivaux inattendus, le comte « Face de poubelle » et Lord « Tête de seau », deux personnages déguisés de manière farfelue dont les candidatures ont été officiellement enregistrées.

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