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Une actrice syrienne anti-Assad inhumée en France

L'actrice May Skaf, l'une des premières artistes syriennes à avoir pris position contre le régime de Bachar al-Assad, décédée à…

L’actrice May Skaf, l’une des premières artistes syriennes à avoir pris position contre le régime de Bachar al-Assad, décédée à 49 ans le week-end dernier en banlieue parisienne, a été enterrée vendredi au sud-ouest de Paris.

Cinq à six cents personnes, dont des personnalités syriennes du monde du cinéma et de la culture, ont assisté aux obsèques vendredi après-midi au cimetière de la commune de Dourdan, où flottaient de nombreux drapeaux de l’opposition syrienne.

Le cercueil de cette artiste réputée, qui avait quitté son pays après une brève détention en 2013, gagnant la Jordanie, puis la France où elle vivait avec son fils Jude al-Zoabi, était recouvert du drapeau vert-blanc-noir à étoiles rouges, a constaté un correspondant de l’AFP.

« Ce sera un lieu de repos temporaire (…) jusqu’à ce que l’on rentre tous dans notre Syrie, démocratique, juste et libre », avait indiqué Jude al-Zoabi il y a quelques jours sur Facebook.

« Je suis sûr que May n’a jamais imaginé où son chemin la mènerait. Elle croyait en ses idées et a emprunté le chemin qui respecte ses principes. Je ne sais pas si elle savait qu’elle allait devoir renoncer à sa carrière artistique et à ses intérêts en Jordanie », a-t-il dit vendredi dans son éloge funèbre.

« May est devenue une star car elle a refusé la gloire. Elle a refusé de gagner de l’argent et de travailler avec des gens qui l’exploitent », a-t-il aussi affirmé.

L’actrice a été retrouvée morte dans la nuit de dimanche à lundi chez elle à Dourdan. Son domicile avait aussitôt été mis sous scellés et une enquête ouverte, mais l’autopsie a conclu à une mort naturelle, due à un anévrisme, a-t-on appris auprès de ses proches.

May Skaf vivait à Dourdan depuis 2015, hébergée dans la ville avec son fils, comme plusieurs autres réfugiés syriens, selon la maire de la ville Maryvonne Boquet.

A l’été 2012, elle avait passé trois jours en détention en Syrie après avoir participé à une manifestation d’intellectuels anti-Assad à Damas. Puis elle avait de nouveau été brièvement interpellée par les forces du régime en 2013.

Elle avait ensuite trouvé refuge en Jordanie, avant de s’envoler pour Paris.

Sur sa page Facebook, le dernier commentaire publié par May Skaf avant sa mort évoquait la Syrie : « je ne perdrai pas espoir … je ne perdrai pas espoir. C’est la Syrie majestueuse, pas la Syrie d’Assad ».

« Ce qui est triste, c’est que Bachar al-Assad a réussi à tuer environ des centaines de milliers de Syriens à l’intérieur de la Syrie. Et il réussit malheureusement à les tuer à l’étranger. Bachar al-Assad est le seul responsable des malheurs des Syriens. La mort de May fait partie de cet accablant malheur syrien », a lancé à Dourdan l’auteure syrienne Dima Wannous, une proche de May Skaf.

« May était militante et pas seulement une artiste. Elle a réussi à gagner une voix influente auprès des Syriens, vu sa sincérité et son dévouement à sa cause et aux valeurs nobles », a souligné l’acteur syrien Fares Helou, également proche de la défunte, connue principalement pour son rôle dans Khan al-Harir, une série télévisée dans laquelle elle incarnait une femme organisant des manifestations.

La Syrie est ravagée par la guerre depuis 2011. Plus de 350.000 personnes ont été tuées depuis 2011 dans ce conflit, qui est devenu plus complexe avec l’implication de pays étrangers et de groupes jihadistes sur un territoire morcelé.

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