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« Une décrispation du climat politique est une urgence » (Analyse)

Journaliste indépendant et analyste politique, l'Algérien Akram Kharief analyse pour APA la victoire d'Abdelmadjid Tebboune à la présidentielle du 12…

Journaliste indépendant et analyste politique, l’Algérien Akram Kharief analyse pour APA la victoire d’Abdelmadjid Tebboune à la présidentielle du 12 décembre en Algérie.APA-Malgré une forte mobilisation du hirak, ce mouvement populaire hostile au pouvoir, l’élection présidentielle a quand même eu lieu jeudi 12 décembre. Est-ce une défaite pour les contestataires ?

AK-Ce n’est ni une défaite, ni une victoire. C’est une sorte de match nul. Le Hirak a remporté une première manche. Quand ce mouvement était apparu en février dernier, son but était d’empêcher le président Abdelaziz Bouteflika au pouvoir depuis 1999 à se présenter pour un cinquième mandat. En moins d’un mois de mobilisation, le hirak a obtenu la démission de Bouteflika sous la pression de l’armée. Il a ensuite obtenu la démission des principales figures du régime du président déchu dont beaucoup sont aujourd’hui emprisonnés et certains lourdement condamnés par les tribunaux. Le Hirak a aussi réussi à obtenir le report de la présidentielle que le pouvoir voulait organiser coûte que coûte au lendemain de la chute de Bouteflika. Il est également parvenu à occuper la rue durant de longs mois, ce qui est inédit dans le pays. Son échec à empêcher la tenue de l’élection présidentielle jeudi 12 décembre n’est pas une défaite à proprement parler, même si le régime voudrait faire passer la tenue de ce scrutin pour une victoire. En parvenant à l’organiser, le pouvoir rééquilibre en quelque sortie le rapport de force. Il faut attendre la suite du processus qui doit commencer après cette élection pour voir quel est le vainqueur final de la confrontation entre le hirak et le régime.

APA-Le nouveau président est présenté comme le favori de l’armée. Est-ce un avantage ou un handicap ?

AK-On ne peut pas dire qu’il était le seul favori de l’armée. Son rival et ancien collaborateur au gouvernement, Azeddine Mijoubi a été aussi présenté comme tel, surtout après les défections en pleine campagne électorale de plusieurs soutiens initiaux de Tebboune.

Ancien commis de l’Etat, son passage plusieurs fois comme ministre puis chef de gouvernement et son âge, 74 ans, lui donnent l’image d’une personnalité dotée d’une certaine crédibilité. Ce qui n’est pas peu pour un président qui sait qu’il est très attendu par ses adversaires pour décrisper le climat politique.

APA-Quel est le programme du nouveau président? Quelles pourraient être ses priorités ?

AK-Tebboune comme tous ses adversaires lors de cette élection présidentielle n’a pas jugé utile de s’attarder sur un programme précis. L’enjeu pour tous était de convaincre les Algériens de la crédibilité du scrutin.

Dans l’absolu, il ne faut pas s’attendre à une rupture avec le système dont il est une parfaite incarnation. S’il doit décider d’innover par rapport à ses prédécesseurs, ce sera sans doute en essayant de décrisper le climat politique en se montrant plus ouvert à l’opposition et à la société civile. Cela pourrait commencer par la convocation d’une conférence nationale et l’organisation d’élections législatives et locales anticipée avec des garanties de transparence acceptables par l’ensemble de la classe politique ou sa majorité.

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