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Venezuela: Guaido à la tête du Parlement, mais en pleine incertitude sur son sort

L'opposant Juan Guaido a été réélu président du Parlement vénézuélien et continue de revendiquer la présidence par intérim du pays,…

L’opposant Juan Guaido a été réélu président du Parlement vénézuélien et continue de revendiquer la présidence par intérim du pays, mais sa reconduction n’est qu’un coup d’épée dans l’eau, le président Nicolas Maduro continuant d’exercer le pouvoir effectif avec le soutien de l’armée.

Fort de sa réélection à la présidence du Parlement par 100 députés d’opposition dimanche, Juan Guaido a convoqué ses pairs pour leur séance hebdomadaire de mardi dans l’hémicycle, comme il a l’habitude de le faire depuis sa première élection au perchoir il y a tout juste un an.

Mais pourra-t-il seulement monter à la tribune ? Dimanche, la police et l’armée l’ont physiquement empêché de rallier le Parlement où il comptait être réélu comme président.

Alors que Juan Guaido tentait d’escalader les grilles du bâtiment et était repoussé par un soldat, un député rival mais se disant d’opposition tout comme lui, a empoigné un mégaphone et s’est proclamé nouveau président de l’Assemblée nationale depuis le perchoir, à la faveur d’un vote à main levée.

Aussitôt, Luis Parra a reçu l’adoubement des élus chavistes, puis du président Nicolas Maduro.

Luis Parra a été récemment exclu du parti d’opposition Primero Justicia (Justice d’abord) après qu’un site internet l’a accusé d’avoir reçu des pots-de-vin. Malgré son exclusion, il affirme être toujours dans l’opposition.

Juan Guaido et ses alliés ont dénoncé un « coup d’Etat parlementaire » et ont alors organisé une séance parallèle au siège du journal d’opposition El Nacional. Cent députés d’opposition lui ont apporté leur suffrage et Juan Guaido a été réélu.

Les Etats-Unis, mais aussi l’Union européenne, le Brésil, la Colombie ou encore le Groupe de Lima — une douzaine de pays d’Amérique latine et le Canada — l’ont félicité pour sa réélection.

Près de soixante pays reconnaissent Juan Guaido comme président par intérim du Venezuela depuis qu’il a revendiqué la fonction le 23 janvier 2019 en invoquant la Constitution.

Pour lui, Nicolas Maduro est un « usurpateur » qui s’est maintenu au pouvoir pour un deuxième mandat à la faveur d’une présidentielle « frauduleuse » en 2018, et il a mené le Venezuela « à la ruine ».

-« Risque de fractures »-

Mais en un an, Juan Guaido n’est pas parvenu à bouter le président socialiste hors du palais de Miraflores. Et Nicolas Maduro a toujours le soutien de l’armée — clef de voûte du système politique vénézuélien — et de ses alliés traditionnels chinois, russes et cubains.

Surtout, relève le politologue Luis Vicente Leon, l’épisode de dimanche révèle combien le chavisme réussit à étendre son emprise aux dépens de Juan Guaido.

« Tant que Maduro aura le contrôle sur tout le territoire et sur l’armée, la capacité d’action exécutive et législative » de l’opposant restera très limitée, estime-t-il, tout en soulignant la valeur « symbolique » de Juan Guaido.

D’autant que le Parlement unicaméral, où l’opposition a la majorité, n’a plus aucun pouvoir. Depuis trois ans, la Cour suprême annule systématiquement toutes ses décisions et le travail législatif est effectué par une Assemblée constituante uniquement composée de chavistes.

Et des élections législatives doivent avoir lieu cette année pour renouveler l’Assemblée nationale dont la législature de cinq ans arrive à son terme. Un nouveau casse-tête pour l’opposition, très divisée sur le sujet.

Juan Guaido dit, lui, ne pas vouloir aller à des élections législatives organisées par le pouvoir et il exige une présidentielle « libre et transparente » sans la participation de Nicolas Maduro. D’autres élus sont prêts à y participer.

Il existe donc un nouveau « risque de fractures » dans les rangs de l’opposition dont le PSUV, le parti de Nicolas Maduro, pourrait tirer profit, souligne Luis Vicente Leon.

Le chef de l’Etat s’est d’ailleurs dit « certain » la semaine dernière que son parti, créé par son mentor, l’ex-président Hugo Chavez (1999-2013), allait « reconquérir » l’Assemblée nationale qui lui échappe depuis 2015.

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