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Vente de terres arables en Ukraine: 19 blessés dans des échauffourées à Kiev

Au moins 19 personnes ont été blessées mardi dans des échauffourées à Kiev, entre la police et des manifestants qui…

Au moins 19 personnes ont été blessées mardi dans des échauffourées à Kiev, entre la police et des manifestants qui protestaient contre un projet de loi controversé autorisant la vente des fertiles terres agricoles.

Plusieurs milliers de personnes, des fermiers mais aussi des centaines de militants nationalistes, se sont rassemblées devant le Parlement en bloquant la circulation. Des personnes ont ensuite jeté des pierres et des briques sur les policiers, qui ont répliqué en utilisant du gaz lacrymogène.

Un groupe de manifestants a installé deux grandes tentes dans la rue située devant le Parlement, mais des centaines de policiers les ont arraché en repoussant brutalement des protestataires, selon des journalistes de l’AFP.

Environ 500 manifestants ont participé aux affrontements avec la police et 26 d’entre eux ont été interpellés, selon le chef de la police de Kiev, Andriï Krychtchenko.

Sur les 2.500 policiers et membres de la Garde nationale présents, 17 ont été blessés, selon la même source. Un journaliste de l’AFP a vu deux manifestants, inconscients, être transportés sur des brancards vers des ambulances.

Les protestataires dénonçaient le futur examen en deuxième lecture d’un projet de loi visant à autoriser dès 2020 la vente de terres agricoles, un texte qui suscite beaucoup d’appréhension.

Autrefois surnommée « grenier à blé de l’Europe », l’Ukraine dispose de 32,5 millions d’hectares de terres arables – soit presque le double de la France – parmi les plus fertiles au monde. Actuellement, celles-ci ne peuvent être que louées et non vendues.

Selon les estimations de la Banque mondiale, l’ouverture du marché prônée par le président Volodymyr Zelensky pourrait entraîner 1,5 point de croissance supplémentaire chaque année en Ukraine, aujourd’hui parmi les pays les plus pauvres d’Europe.

Cependant, entre la moitié et les deux-tiers des Ukrainiens selon les sondages sont opposés à cette initiative, de crainte qu’elle ne profite seulement à des oligarques ukrainiens et à d’importants groupes étrangers.

« L’essentiel, c’est que les grands groupes internationaux n’achètent pas toutes les terres. Les Ukrainiens n’ont pas d’argent pour le faire », a déclaré à l’AFP Roman Tchernychev, porte-parole du parti nationaliste Corps national, en première ligne lors des échauffourées.

« Ce sont les fermiers vivant sur ces terres qui doivent en prendre possession et non des grands propriétaires », a abondé l’un des manifestants, le fermier Valeriï Ichtchenko, 56 ans, venu de la région de Vinnytsia (centre-ouest).

Le projet de loi, voté dans la douleur en première lecture en novembre et dont l’adoption est attendue avant la fin de l’année, prévoit un accès à la propriété à partir d’octobre 2020 et uniquement pour les personnes et entités ukrainiennes.

Pour tenter de rassurer, M. Zelensky a aussi promis un référendum avant d’ouvrir à terme ce marché aux étrangers.

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