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Victorieux mais affaibli, Trudeau va devoir chercher des appuis

Réélu pour un second mandat mais sans majorité et sans panache, le Premier ministre canadien sortant Justin Trudeau doit s'atteler…

Réélu pour un second mandat mais sans majorité et sans panache, le Premier ministre canadien sortant Justin Trudeau doit s’atteler dès mardi à chercher l’appui de plus petits partis dont dépendra désormais sa survie politique.

Selon les résultats officiels, les libéraux de M. Trudeau ont remporté 157 des 338 sièges en lice à la Chambre des communes. Dans l’assemblée sortante, ils disposaient d’une confortable majorité absolue de 177 sièges.

Justin Trudeau va donc devoir composer avec un gouvernement minoritaire.

Avant de lancer les consultations avec ses futurs alliés, M. Trudeau est allé mardi matin à la rencontre de Montréalais dans une station de métro, se prêtant de bonne grâce comme à son habitude au jeu des selfies, selon des images télévisées.

Après avoir reçu dès lundi soir les félicitations de son allié américain Donald Trump, M. Trudeau a été salué mardi par Donald Tusk, le président du Conseil européen.

« Il y a une place spéciale dans nos coeurs européens pour le Premier ministre Justin Trudeau », a-t-il écrit, assortissant même son tweet d’un émoji en forme de coeur.

« Ce soir les Canadiens ont rejeté la division », avait triomphé dans la nuit de lundi à mardi le Premier ministre devant ses partisans à Montréal. Ils « ont rejeté les coupes et l’austérité et voté en faveur d’un programme progressiste et d’une action forte contre le changement climatique ».

Même s’il sort affaibli de ces élections, le Premier ministre a fait légèrement mieux que prévu par les sondages, qui le donnaient jusqu’à peu avant le scrutin au coude-à-coude avec son rival conservateur Andrew Scheer.

Ce dernier a reconnu sa défaite et félicité son rival, bien que les conservateurs, qui finissent avec 121 sièges, aient en fait remporté le vote populaire (34,4% des voix contre 33,1% pour les libéraux).

D’où une mise en garde de M. Scheer au Premier ministre.

« Son leadership est endommagé et son temps au gouvernement va bientôt prendre fin », a assuré M. Scheer. « Quand ce moment viendra, les conservateurs seront prêts ».

Après une campagne tendue marquée par des scandales de part et d’autre, M. Trudeau avait reçu le soutien de l’ancien président américain Barack Obama, qui avait appelé les Canadiens à reconduire « un dirigeant travailleur, efficace, qui s’attaque aux grands problèmes tels que le changement climatique ».

– Négociations –

Le Premier ministre doit maintenant s’atteler à la difficile tâche de la formation d’un gouvernement, et devra tenir compte des exigences des partis sans lesquels il ne pourra pas gouverner.

Yves-François Blanchet, le chef du Bloc québécois (BQ), un parti en déshérence il y a à peine quelques mois et qui a fait une remontée spectaculaire dans les urnes dans la province francophone, s’est dit ouvert à une collaboration ponctuelle avec le nouveau gouvernement, si les intérêts du Québec sont préservés.

« Le Bloc peut collaborer, au mérite, avec n’importe quel gouvernement. Si ce qui est proposé est bon pour le Québec, vous pourrez compter sur nous », a-t-il lancé à ses militants. Le Bloc comptera 32 députés dans la prochaine assemblée.

Quant au chef du Nouveau parti démocratique (NPD, gauche) Jagmeet Singh, l’une des révélations de la campagne dont la formation a toutefois fait moins bien que prévu (24 sièges), il a promis d’être « constructif ».

« Dans les jours à venir, je rencontrerai mon nouveau caucus (groupe parlementaire) pour discuter de la façon dont nous allons procéder pour répondre aux attentes des gens (…). Nous allons aborder la formation du nouveau parlement avec un esprit et un cœur ouvert », a-t-il dit dans un communiqué.

« Le véritable gagnant de cette élection n’est pas un parti ou un chef. Les Canadiennes et Canadiens ont envoyé un message clair: ils veulent un gouvernement qui travaille pour eux et ils ne sont pas satisfaits des vieilles façons de faire de la politique », a-t-il dit toutefois prévenu.

Selon Hugo Cyr, politologue à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), « il y aura sans doute un rapprochement plus facile entre les libéraux et le NPD qu’avec le Bloc ».

Prochaine étape, d’après l’analyste: des discussions entre MM. Trudeau et Singh autour « des éléments qui devraient se retrouver dans le discours du Trône pour satisfaire le NPD », afin que ce dernier donne son appui au Premier ministre « dès le premier vote de confiance ».

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