InternationalAFP




Violences policières à Hong Kong: un groupe d’experts internationaux renonce

Un groupe d'experts internationaux choisis par le gouvernement local de Hong Kong pour assister l'enquête sur les violences policières contre…

Un groupe d’experts internationaux choisis par le gouvernement local de Hong Kong pour assister l’enquête sur les violences policières contre les militants pro-démocratie a annoncé mercredi qu’il renonçait à sa tâche, affirmant ne pas pouvoir remplir sa mission.

Cette annonce est un coup dur pour le gouvernement hongkongais, lequel avait assuré que son Autorité de surveillance de la police hongkongaise (IPCC) était capable de demander des comptes à la police accusée de violences.

« Nous avons finalement conclu que de graves lacunes étaient patentes dans les pouvoirs, les capacités et les possibilités d’enquêter de manière indépendante de l’IPCC », ont écrit les experts dans un communiqué.

Les détracteurs de cet organisme affirment de longue date qu’il ne dispose pas de pouvoirs d’enquête adéquats, qu’il est truffé de personnalités favorables au pouvoir et qu’il est impuissant lorsqu’il s’agit d’obliger la police à rendre des comptes.

L’organisme doit se contenter de traiter les plaintes transmises par la police elle-même, il ne peut pas citer à comparaître des témoins et demander à un juge d’obtenir des documents.

De telles restrictions, selon le groupe d’experts, ne correspondent pas aux normes que pourraient exiger les citoyens de Hong Kong pour un organisme de surveillance de la police « opérant dans une société qui valorise les libertés et les droits ».

Le mouvement pro-démocratie à Hong Kong, entré lundi dans son sixième mois, est né de l’opposition à un projet de loi qui visait à autoriser les extraditions vers la Chine.

Ce projet a depuis été enterré mais les manifestants ont élargi leurs revendications, réclamant notamment un véritable suffrage universel et une enquête indépendante sur les violences policières, des demandes rejetées par l’exécutif hongkongais dirigé par Carrie Lam.

La députée pro-démocratie Tanya Chan a qualifié la démission du groupe d’experts de « motion de censure » envers l’IPCC et le pré-rapport attendu l’année prochaine.

– « Suspicion de la population » –

Le politologue Ma Ngok a affirmé que cette démission conforte les doutes de la population hongkongaise quant à la capacité de l’IPCC à découvrir la vérité.

« La stratégie du gouvernement visant à obtenir un rapport indépendant en faisant appel à des experts étrangers a échoué », a déclaré M. Ngok à l’AFP.

Le groupe d’experts internationaux a été formé en septembre. Présidé par Sir Dennis O’Connor, qui avait été chargé par le gouvernement britannique d’un rapport sur la police après les émeutes de 2011, il compte des experts venus du Royaume-Uni, du Canada, d’Australie ou de Nouvelle-Zélande.

Il y a un mois, des fuites dans les médias avaient fait état d’un communiqué rédigé par ces experts mais non publié, estimant que l’IPCC n’avait pas les moyens d’enquêter véritablement et proposant une enquête indépendante.

Début décembre, le directeur de l’IPCC, Anthony Neoh, avait critiqué les experts internationaux, estimant qu’ils « ne comprennent pas la situation à Hong Kong ».

Dimanche, quelque 800.000 manifestants pro-démocratie selon les organisateurs (183.000 selon la police) ont défilé à Hong Kong, sans incident notable.

Les violences entre manifestants et policiers connaissent une accalmie, après la victoire écrasante des pro-démocratie aux élections locales du 24 novembre.

« Ne perdez pas de temps et saisissez cette occasion en or pour persuader Pékin (… )de soutenir une commission d’enquête indépendante », a plaidé la députée Tanya Chan.

L’exécutif local, aligné sur Pékin, a insisté sur le fait qu’un retour au calme était un préalable à tout dialogue constructif.

Mardi, durant sa conférence de presse hebdomadaire, Carrie Lam a de nouveau rejeté les demandes des manifestants et annoncé un projet de se rendre ce week-end à Pékin.

Suivez l'information en direct sur notre chaîne