Washington espère avoir rétabli une capacité de dissuasion face à l’Iran

Les Etats-Unis espèrent avoir rétabli une capacité de dissuasion vis-à-vis de l'Iran avec l'élimination retentissante du général iranien Qassem Soleimani,…

Les Etats-Unis espèrent avoir rétabli une capacité de dissuasion vis-à-vis de l’Iran avec l’élimination retentissante du général iranien Qassem Soleimani, mais des doutes subsistent sur la volonté et la capacité de Téhéran à contrôler les agissements des milices pro-iraniennes dans la région.

« Avec les frappes que nous avons menées contre les Brigades du Hezbollah fin décembre et ensuite notre opération contre Soleimani, je pense que nous avons rétabli un certain niveau de dissuasion avec eux », a déclaré mercredi à la presse le ministre américain de la Défense, Mark Esper.

Les Etats-Unis s’attendent à ce que les milices chiites irakiennes continuent à mener des opérations contre les forces américaines en Irak, « qu’elles soient dirigées directement ou non par l’Iran », a-t-il poursuivi. Il faudra alors « réagir fermement pour nous assurer que nous maintenons ce niveau de dissuasion à un niveau élevé », a conclu M. Esper.

Le chef d’état-major américain, le général Mark Milley, est apparu plus réservé sur l’effet dissuasif de l’élimination du général Soleimani.

« Je pense qu’il est probablement trop tôt pour le dire », a-t-il déclaré, soulignant que les tirs de missiles iraniens sur des bases abritant des soldats américains en Irak dans la nuit de mardi à mercredi étaient « destinés à tuer ».

Après la destruction en juin d’un drone américain dans le détroit d’Ormuz, Donald Trump avait rejeté les avis de ses conseillers qui le poussaient à bombarder l’Iran et il s’était aussi abstenu de répliquer mi-septembre à des attaques contre des installations pétrolières saoudiennes attribuées à l’Iran.

Mais la mort d’un sous-traitant américain le 27 décembre dans une attaque à la roquette contre une base militaire irakienne à Kirkouk, dans le nord de l’Irak, a changé la donne. L’armée américaine a bombardé deux jours plus tard des installations en Irak et en Syrie des Brigades du Hezbollah, une milice pro-iranienne que Washington tenait responsable de la mort de son ressortissant.

– « Trop tôt pour crier victoire » –

La frappe américaine, qui avait fait 25 morts, avait été suivie d’une prise d’assaut inédite de l’ambassade des Etats-Unis par des manifestants pro-iraniens et le 3 janvier, le président américain prenait le monde par surprise en faisant tuer le puissant général iranien Qassem Soleimani, l’architecte de la stratégie expansionniste iranienne au Moyen-Orient.

Habituellement critique de Donald Trump, l’ex-directeur de la CIA, le général à la retraite David Petraeus, avait applaudi. « C’est un effort remarquable pour rétablir une capacité de dissuasion, ce qui évidemment n’a pas été le cas avec les réponses relativement insignifiantes jusqu’à maintenant », a-t-il déclaré à la revue Foreign Policy.

Mercredi, la réponse iranienne à cette élimination a été jugée relativement proportionnée: l’Iran a tiré plusieurs missiles sur des bases de la coalition internationale abritant des soldats américains en Irak, sans faire de victimes.

« Je pense vraiment que l’administration (Trump) a réussi à convaincre les Iraniens d’éviter une guerre plus large », indique à l’AFP l’ex-diplomate américain Nicholas Burns, aujourd’hui professeur à Harvard.

Mais « il est beaucoup trop tôt pour crier victoire », ajoute cet ancien conseiller de George W. Bush. « Les Iraniens ont montré dans le passé qu’ils pouvaient utiliser des forces supplétives pour attaquer les Etats-Unis et d’autres. Ils pourraient le faire dans les prochaines semaines ou les prochains mois. »

Pour Kaleigh Thomas, du centre de recherche Center for a New American Security, « l’Iran pourrait à court terme apparaître un peu plus prudent ».

Le pays a « testé les limites américaines » dans le passé, précise à l’AFP cette spécialiste du Moyen-Orient.

Avec la mort du général Soleimani, qui a pris l’Iran « par surprise », le pays « sera peut-être moins confiant », ajoute-t-elle. Mais cette opération « l’a aussi motivé à agir et à trouver des moyens de faire souffrir les Etats-Unis. (…) Ceci n’est que le début ».

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