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Washington veut une mission internationale après un nouvel incident dans le Golfe

Les Etats-Unis ont confirmé jeudi leur intention de former une coalition internationale pour escorter les navires de commerce dans le…

Les Etats-Unis ont confirmé jeudi leur intention de former une coalition internationale pour escorter les navires de commerce dans le Golfe au lendemain d’un incident avec la marine iranienne qui a, selon Londres, tenté de bloquer le passage d’un pétrolier britannique dans le détroit d’Ormuz.

« Nous allons tenter avec cette coalition (…) de fournir une escorte militaire navale aux navires commerciaux », a expliqué le général Mark Milley devant une commission du Sénat américain qui devait confirmer sa nomination au poste de chef d’état-major interarmes américain.

Cette opération internationale devrait se mettre en place « dans les prochaines semaines », a poursuivi le futur plus haut gradé de l’armée américaine, soulignant qu’avec la Ve Flotte basée à Bahreïn, les Etats-Unis jouaient un « rôle crucial » pour garantir la liberté de navigation dans cette zone stratégique.

Le général Joseph Dunford, qu’il doit remplacer, avait expliqué mardi que Washington déterminerait « au cours des deux ou trois prochaines semaines » les pays ayant « la volonté politique de soutenir cette initiative » pour ensuite « identifier les capacités spécifiques » militaires de cette opération d’envergure qui doit concerner les détroits à l’est (Ormuz) et à l’ouest (Bab al-Mendeb) de la péninsule arabique.

La tension autour du détroit d’Ormuz, par lequel transite près d’un tiers du pétrole brut mondial acheminé par voie maritime, a grimpé ces dernières semaines à cause d’une spirale d’événements, dont des attaques d’origine inconnue contre des pétroliers et la destruction d’un drone américain par l’Iran.

– Confrontation en mer –

Téhéran, accusé par Washington d’être à l’origine des sabotages de tankers, a démenti toute responsabilité, dénonçant à son tour la volonté des Etats-Unis de « provoquer un choc » sur le marché pétrolier en lui imposant des sanctions sévères et un embargo sur ses exportations de brut.

Un nouvel incident est venu s’ajouter mercredi quand la marine militaire iranienne a tenté, selon le Royaume-Uni, « d’empêcher le passage » par Ormuz d’un pétrolier britannique. Une frégate de la Royal Navy, venue à sa rescousse, a dû « lancer des avertissements verbaux » aux vedettes iraniennes pour qu’elles battent en retraite.

Les Gardiens de la Révolution, armée idéologique du régime iranien qui patrouille dans les eaux territoriales, ont nié toute « confrontation » avec des navires étrangers « au cours des dernières 24 heures ».

Le face-à-face est intervenu le jour d’une mise en garde du président iranien Hassan Rohani au Royaume-Uni, évoquant des « conséquences » après l’arraisonnement par Londres d’un pétrolier iranien au large de Gibraltar la semaine dernière.

L’Iran a dénoncé un acte de « piraterie » en haute mer après l’interception du Grace 1, soupçonné de transporter sa cargaison vers la raffinerie de Banias en Syrie, en violation des sanctions européennes contre le régime du président Bachar al-Assad.

Le président américain Donald Trump s’est entretenu mercredi avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu pour évoquer les activités « néfastes » de l’Iran, selon la Maison Blanche.

– Réticences européennes –

Les tensions dans la région du Golfe n’ont fait que s’intensifier depuis que les Etats-Unis se sont retirés en 2018 de l’accord nucléaire signé entre l’Iran et les grandes puissances en 2015 à Vienne.

M. Trump a récemment appelé les pays importateurs de pétrole à « protéger leurs propres navires » transitant par le détroit d’Ormuz, estimant que la marine américaine assurait la sécurité des pétroliers étrangers dans le Golfe « sans la moindre compensation ».

Le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo a dit en juin espérer que plus de vingt pays, dont les Emirats arabes unis et l’Arabie saoudite –premier exportateur mondial de brut–, accepteraient de travailler ensemble sur la sécurité maritime.

Lors d’une récente visite à l’Otan, le chef du Pentagone Mark Esper a assuré que « certains » membres de l’Alliance atlantique avaient exprimé en privé leur intérêt à participer à cette coalition.

Mais les dirigeants européens semblent réticents à engager des moyens militaires dans cette région où la moindre escarmouche peut dégénérer en conflit ouvert.

« La France n’est jamais obligée de suivre un allié dans un conflit », a déclaré jeudi le général François Lecointre, chef d’état-major français des armées.

Paris « est dans une logique de désescalade » en tentant de sauver l’accord nucléaire, dont Téhéran s’est libéré de plusieurs volets, a affirmé à l’AFP une source gouvernementale, précisant que « mettre des moyens supplémentaires dans la région ne nous paraît pas adéquat ».

La France et le Royaume-Uni disposent de bases militaires à Abou Dhabi et à Bahreïn, et il existe déjà une force maritime multinationale, la Combined Maritime Forces (CMF), pour lutter contre la piraterie dans le golfe d’Aden et au large de la Somalie.

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