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Yémen: l’ONU réclame aux belligérants « des progrès substantiels »

L'émissaire de l'ONU pour le Yémen, le Britannique Martin Griffiths, a réclamé mercredi aux parties belligérantes au conflit au Yémen…

L’émissaire de l’ONU pour le Yémen, le Britannique Martin Griffiths, a réclamé mercredi aux parties belligérantes au conflit au Yémen « des progrès substantiels » après les accords obtenus en décembre en Suède, alors que 80% de la population dépend toujours de l’aide humanitaire internationale.

Des « progrès substantiels » doivent être réalisés avant la tenue d’un nouveau round de discussions, a souligné lors d’une liaison vidéo Martin Griffiths, au cours d’une réunion du Conseil de sécurité.

« Plus de 24 millions de personnes ont toujours besoin d’aide humanitaire, soit 80% de la population, dont 10 millions sont au bord de la famine », a rappelé le secrétaire général adjoint pour les Affaires humanitaires, le Britannique Mark Lowcock.

Aucune date ni lieu n’ont toutefois été avancés pour le nouveau round de discussions. L’émissaire a espéré qu’il pourrait se tenir « dans un avenir proche » mais souligné qu’il fallait des progrès d’ici là pour que ce ne soit pas un forum inutile. Le Koweït et la Jordanie, où Martin Griffiths a son quartier-général, ont été cités comme possibles lieux pour les nouvelles discussions.

L’ONU a obtenu une percée le 13 décembre après huit jours de pourparlers en Suède entre le gouvernement Hadi, soutenu par l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, et les rebelles Houthis appuyés par l’Iran. Aux termes des accords, une trêve est en vigueur depuis le 18 décembre à Hodeida, port stratégique de l’ouest du Yémen avec un engagement d’un retrait des combattants de cette zone supervisé par une mission d’observateurs de l’ONU. Les belligérants se sont aussi entendus pour des échanges de prisonniers.

« Les deux parties respectent globalement le cessez-le-feu et il y a une baisse significative des hostilités », a relevé l’émissaire de l’ONU.

« Les civils ont un peu plus confiance, craignent moins les raids aériens », a abondé Mark Lowcock. Avant la réunion du Conseil de sécurité, Martin Griffiths s’était rendu au cours du week-end à Sanaa, la capitale yéménite aux mains des rebelles Houthis, puis avait rencontré en début de semaine en Arabie saoudite les dirigeants yéménites.

– Conférence de donateurs –

Depuis décembre, une quinzaine d’observateurs civils dirigés par l’ancien général néerlandais Patrick Cammaert ont été déployés au Yémen.

En vertu d’une recommandation du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, le Conseil de sécurité devrait adopter dans les semaines à venir une nouvelle résolution autorisant cette mission à comprendre au total 75 observateurs épaulés par du personnel administratif et de sécurité.

En décembre, l’ONU avait évoqué environ 30 observateurs pour la ville de Hodeida. C’est par ce port que transite l’essentiel de l’aide humanitaire au Yémen et la majeure partie des importations de ce pays pauvre de la péninsule arabique, où l’Arabie saoudite intervient militairement depuis 2015 à la tête d’une coalition pour aider le pouvoir face aux rebelles.

Le travail de supervision et d’observation « du cessez-le-feu et du redéploiement mutuel des forces » en présence devrait aussi être mené dans les ports de Saleef et Ras Isa.

« Il y a urgence à aider la population yéménite », a souligné l’ambassadeur français à l’ONU François Delattre, en espérant un nouveau round de discussions « dans les meilleurs délais ». Le Conseil de sécurité doit rester « uni », a insisté son homologue allemand Christoph Heusgen, tandis que l’ambassadeur belge, Marc Pecsteen de Buytswerve, appelait les parties « à se concentrer » sur l’application des accords de décembre.

En fin d’année dernière, l’ONU avait affirmé être en quête de quatre milliards de dollars pour l’aide humanitaire à apporter au Yémen en 2019. A l’initiative de la Suède, de la Suisse et de l’ONU, une conférence de donateurs est programmée le 26 février à Genève.

Toutes les tentatives pour mettre fin à la guerre qui dure depuis quatre ans ont jusqu’ici échoué, alors que la situation humanitaire au Yémen est devenue la pire du monde selon l’ONU. Le conflit a fait au moins 10.000 morts depuis mars 2015.

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