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Zimbabwe: le chef de l’Etat Mnangagwa en tête de la présidentielle, selon des résultats partiels

L'actuel dirigeant zimbabwéen Emmerson Mnangagwa était en bonne position pour remporter la présidentielle, selon des résultats partiels officiels annoncés jeudi…

L’actuel dirigeant zimbabwéen Emmerson Mnangagwa était en bonne position pour remporter la présidentielle, selon des résultats partiels officiels annoncés jeudi soir et immédiatement contestés, dans un pays sous haute tension, où l’armée patrouillait après une répression meurtrière de manifestants de l’opposition.

Emmerson Mnangagwa, ancien bras droit du président Robert Mugabe tombé en novembre, obtient 2.147.505 voix, contre 1.929.704 pour son principal adversaire Nelson Chamisa, dans neuf des dix provinces du pays, selon la commission électorale.

Un porte-parole de Nelson Chamisa, Morgan Kamichi, a immédiatement dénoncé ces résultats, car « ils n’ont pas été vérifiés par nous (…), donc ils sont faux », a-t-il déclaré.

Les résultats dans la dixième et dernière province, celle de Mashonaland West (nord), sont attendus plus tard dans la soirée de jeudi.

Cette province est un fief du parti de la Zanu-PF, la formation dirigée par Emmerson Mnangagwa et aux commandes du Zimbabwe depuis son indépendance en 1980.

L’annonce des résultats de la présidentielle, la première depuis la chute de Robert Mugabe après près de quatre décennies au pouvoir, est attendue avec une grande fébrilité dans le pays, sur fond d’accusations de fraude.

Mercredi, une manifestation de partisans de l’opposition qui dénonçaient des résultats truqués a dégénéré quand l’armée a tiré à balles réelles. Six personnes ont été tuées.

Dans la foulée, le gouvernement a prévenu qu’il ne « tolérerait » aucune contestation.

Jeudi, l’armée patrouillait la capitale Harare. A 15 heures (13H00 GMT), les magasins ont fermé et les rues du centre-ville étaient désertes.

Des policiers anti-émeutes étaient stationnés devant le siège du parti de l’opposition du Mouvement pour le changement démocratique (MDC) de Nelson Chamisa, tandis que des militaires gardaient les bureaux de la Zanu-PF.

Quelques heures avant l’annonce des premiers résultats de la présidentielle, Nelson Chamisa avait maintenu qu’il avait remporté l’élection et avait de nouveau accusé la commission électorale de « manipuler » les résultats.

La Zanu-PF avait également revendiqué la victoire. « Je sais que nous avons remporté l’élection présidentielle, nous attendons simplement l’annonce » officielle, avait déclaré à la presse un haut responsable du parti, Paul Mangwana.

– ‘Désamorcer » la crise –

Lundi, les Zimbabwéens se sont déplacés dans le calme et en masse pour ces élections générales historiques qui devaient marquer un tournant dans l’histoire du pays où les élections ont été régulièrement entachées de fraude et de violence.

Mais ces espoirs ont été douchés par la répression meurtrière de mercredi, après l’annonce de la victoire écrasante de la Zanu-PF aux législatives.

Le président Mnangagwa a appelé jeudi matin à l’apaisement, affirmant voulant résoudre « pacifiquement les différends » avec l’opposition.

Il a aussi assuré avoir été en discussion avec Nelson Chamisa pour tenter de « désamorcer » la crise.

L’intéressé a démenti, affirmant « n’avoir eu aucune communication avec lui ».

La communauté internationale s’est inquiétée de ces tensions post-électorales. Le Royaume-Uni, ancienne puissance coloniale du Zimbabwe, a demandé à Harare de retirer l’armée des rues de la capitale.

Le Commonwealth a « catégoriquement dénoncé l’usage excessif de la force contre des civils non armés ».

« Quelle perte de temps de s’être inscrit sur les listes électorales, d’avoir voté pour avoir au final des gens tués », a estimé, dépitée, Sharon Nhamo, une employée de parking de 40 ans.

Le président Mnangagwa, soucieux de se démarquer de son prédécesseur, avait promis des élections libres, pacifiques et transparentes, dans l’espoir d’attirer de nouveaux les investisseurs occidentaux dans son pays au bord de la faillite.

« C’est vraiment décevant », a réagi un autre habitant d’Harare, Timie Manuwere, 37 ans, expliquant cependant ne pas être surpris. « Je ne m’attendais pas à ce que les choses changent beaucoup avec les élections. Il était très improbable que ces gars abandonnent juste le pouvoir au bout de huit mois. ll faut aussi qu’ils profitent du coup. »

Emmerson Mnangagwa a succédé à Robert Mugabe à la suite d’un coup de force de l’armée, qui a contraint le nonagénaire à démissionner. Le nouveau président a confié à plusieurs militaires des postes clés dans son gouvernement.

« Nous avons tous été naïfs, y compris la communauté internationale », a estimé Ibbo Mandaza, un analyste du groupe de réflexion Southern African Political and Economic Series (SAPES) basé à Harare.

« Nous avons refusé d’appeler un coup un coup et la communauté internationale a été naïve de penser que les élections seraient libres et justes sous un gouvernement militaire », a-t-il déclaré à l’AFP.

Si aucun candidat n’obtient la majorité absolue au premier tour de la présidentielle, un second tour sera organisé le 8 septembre.

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