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Zimbabwe: le ministre des Finances attend des élections un déclic pour l’économie

Pour Patrick Chinamasa, il y a urgence. Huit mois après la chute de Robert Mugabe, le ministre des Finances du…

Pour Patrick Chinamasa, il y a urgence. Huit mois après la chute de Robert Mugabe, le ministre des Finances du Zimbabwe veut croire qu’un succès sans bavure de son successeur aux élections du 30 juillet permettra, enfin, de sortir le pays de la faillite.

Dans la maison de son village de Rusape, à près de 200 km au sud-est de la capitale Harare, le grand argentier zimbabwéen affiche une confiance inébranlable. La victoire est promise au président Emmerson Mnangagwa.

« J’ai la certitude que notre président va l’emporter haut la main, aucun doute là-dessus. Et la certitude aussi que (notre parti) la Zanu-PF va faire de même », assure-t-il à l’AFP.

A ses yeux, ce scrutin doit apporter au régime la légitimité nécessaire à la remise en selle de l’économie du pays après les trente-sept longues années du règne sans partage exercé par l’ancien président Robert Mugabe.

« La tâche qui attend le président Mnangagwa est la relance de l’économie, c’est ce qu’il a commencé à faire en normalisant nos relations non seulement économiques mais aussi politiques » avec l’étranger, souligne M. Chinamasa.

Contraint à la démission en novembre sous la pression de l’armée et de la Zanu-PF, le « camarade Bob » a laissé derrière lui un pays au bord de la faillite.

Très controversée, sa réforme agraire lancée au début des années 2000, marquée par l’éviction violente des paysans blancs, a provoqué la fuite de nombreux investisseurs étrangers et plongé le Zimbabwe au bord de la faillite.

– Espoirs –

Pour échapper au chômage de masse et à la déliquescence des services publics, des millions de ses citoyens ont choisi l’exil.

Rendu obsolète par l’hyperinflation, le dollar zimbabwéen a été abandonné au profit du billet vert américain, devenu de plus en plus rare pour cause de fuite des capitaux.

Devant les banques, les longues files de clients en quête d’un peu de liquide sont devenues quotidiennes.

Mais la chute inattendue de Robert Mugabe a changé la donne. Depuis novembre, le nouveau chef de l’Etat a multiplié les visites de promotion à l’étranger pour redorer le blason terni du pays, riche en ressources minérales et agricoles.

« J’avais anticipé un taux de croissance de 4,5%, très prudent au vu des mesures que nous avons prises. Il est aujourd’hui clair que nous allons dépasser les 6% car le cadre dont se plaignaient les investisseurs a été corrigé », s’enthousiasme le ministre.

Ces réformes « ont suscité de leur part beaucoup de bienveillance et d’intérêt », assure-t-il.

Parmi elles figure l’abandon, dans la quasi-totalité du secteur minier notamment, des règles dites d’indigénisation qui obligeaient les entreprises étrangères à céder la majorité de leur capital à des intérêts locaux.

« Nous sommes débordés par les visites de délégations d’hommes d’affaires. Certaines se sont déjà concrétisées en investissements sonnants et trébuchants, d’autres vont suivre au fil du temps », prédit Patrick Chinamasa.

– ‘Accès aux capitaux’ –

Le Zimbabwe de l’ère Mugabe était devenu un Etat paria, sous le coup de sanctions des pays occidentaux motivées par une litanie de violations des droits de l’homme et de fraudes électorales.

Depuis qu’il a pris les rênes du pays, Emmerson Mnangagwa s’est beaucoup dépensé pour obtenir leur levée.

« Nous ne voulons pas d’aide, nous ne voulons pas de dons », répète M. Chinamasa, qui fut pendant quatre ans le ministre des Finances de l’ancien régime. « Ce que nous voulons, c’est retrouver l’accès aux capitaux internationaux », insiste-t-il, « si nous y parvenons, alors ce pays décollera ».

Mais de nombreux obstacles persistent, à commencer par la situation financière catastrophique du pays.

Le paiement de ses fonctionnaires absorbe la quasi-totalité de son budget, la corruption de son administration est endémique et sa dette s’est envolée. S’il a remboursé son ardoise au Fonds monétaire international (FMI), le Zimbabwe n’est toujours pas en mesure de rembourser ses créanciers privés.

Après des décennies de violences et de fraudes électorales systématiques, retrouver leur confiance passe donc par le bon déroulement du scrutin le 30 juillet.

« Je pense sincèrement que cette élection dépassera de loin tous nos standards en matière de liberté, de transparence et de calme », anticipe le ministre Chinamasa.

L’armée a promis mercredi sa neutralité mais l’opposition reste sceptique sur l’indépendance de la Commission électorale et a menacé de se retirer du scrutin en cas de « trucages ».

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