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Zimbabwe: les avocats dans la rue pour dénoncer « une militarisation de la justice »

Des dizaines d'avocats zimbabwéens en toge ont défilé mardi à Harare pour dénoncer la "militarisation de la justice" et réclamer…

Des dizaines d’avocats zimbabwéens en toge ont défilé mardi à Harare pour dénoncer la « militarisation de la justice » et réclamer « le retour de l’Etat de droit », dénonçant des « interférences » dans les procès contre les participants à la récente fronde sociale.

Mi-janvier, des manifestations contre le doublement des prix des carburants ont dégénéré dans tout le pays, et les forces de l’ordre les ont violemment réprimées.

Trois personnes ont été tuées selon les autorités, au moins 12 d’après les ONG, et plus de 1.100 personnes arrêtées selon la police, provoquant un engorgement des tribunaux pressés de les juger.

« Les tribunaux civils ne sont pas des cours martiales », « Cessez la politisation de la justice », « Nous demandons le retour de l’Etat de droit », pouvait-on lire sur les nombreuses pancartes brandies par les avocats qui ont défilé dans le calme à Harare.

Nombre de manifestants, opposants notoires ou simples quidams, arrêtés ces derniers semaines sont prestement déférés devant un juge qui les place en détention jusqu’à leur procès, parfois sans même qu’ils aient pu voir un avocat.

« Dans le cas de personnes accusées de violence, la majorité s’est vue refuser une libération conditionnelle, la majorité a commencé à être jugée sans qu’on ait pu se préparer. C’est une atteinte à leur droit constitutionnel », a expliqué à l’AFP un manifestant, Tonderai Bhatasara.

« La profession a décidé de marcher contre ce qui est perçu comme une interférence dans le système judiciaire », a ajouté son collègue Doug Coltart.

« Nous sommes pratiquement devenus un Etat militaire, nous sommes devenus un Etat policier, où les militaires ont plus de pouvoirs que la Constitution », a dénoncé un autre manifestant, Simba Mubvuma.

Les avocats ont déposé une pétition à la Cour constitutionnelle pour demander la « restauration de l’Etat de droit, le respect de la Constitution, le respect des droits de l’Homme et en particulier la bonne tenue des procès », selon l’avocate Beatrice Mtetwa.

La manifestation s’est déroulée dans le calme, mais sous l’oeil attentif de policiers anti-émeutes.

Le Zimbabwe est dirigé depuis fin 2017 par Emmerson Mnangagwa, qui avait promis une « nouvelle ère » après le règne de Robert Mugabe (1980-2017), marqué par de nombreuses violations des droits de l’homme.

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