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Zlecaf : les premiers jalons d’un marché commun africain

Si des pays de l'Afrique de l'ouest se réjouissent de l'arrivée prochaine de la monnaie Eco en remplacement du franc…

Si des pays de l’Afrique de l’ouest se réjouissent de l’arrivée prochaine de la monnaie Eco en remplacement du franc CFA, le continent peut le faire plus généralement sur la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), entrée en vigueur le 30 mai 2019 et qui devrait permettre de faire « progresser de 33% » le commerce intra-africain.Ce projet de l’Union africaine (UA) a posé ses premiers jalons à Kigali, capitale du Rwanda, avec la signature de 44 pays lors d’un sommet en mars 2018. C’est aussi à Kigali que Paul Kagamé, alors président en exercice de cette institution, a salué la ratification par la Gambie, qui a permis l’atteinte du quorum de 22 Etats.

Ce « pas important en avant » voulait dire que les pays africains « sont prêts » pour la mise en œuvre immédiate de la Zlecaf, avait confié à APA le chef d’Etat rwandais, en marge de la commémoration du 25e anniversaire du génocide contre les Tutsis.

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Malgré cet optimisme, le retard dans la ratification par le géant nigérian laissait planer encore quelques doutes sur la solidité de l’accord. Mais depuis le 7 juillet 2019, la première économie du continent, qui nourrissait depuis longtemps des réserves, l’a finalement ratifié lors du sommet de l’UA à Niamey, au Niger, par le biais de son président Muhammadu Buhari.

Dans cette lancée, l’Algérie est devenue depuis le 15 décembre 2019 le 29e pays à avoir ratifié cet accord que les pays du continent ont déjà signé à l’exception de l’Erythrée.

« L’entrée en vigueur de la Zlecaf est l’événement le plus important dans la vie de notre continent depuis la création de l’OUA (Organisation de l’unité africaine) en 1963 et sa transformation en Union africaine », a affirmé en ouverture du sommet extraordinaire de l’UA l’hôte nigérien, le président Mahamadou Issoufou, un des plus ardents promoteurs de la zone.

La Zlecaf active en 2020

« Jalon historique » et « vieux rêve », ce marché devrait être actif à partir de juillet 2020, soit un an après son entrée en vigueur. « Il faut donner un calendrier pour que tout le monde puisse jouer son rôle dans la préparation du marché (unique) », a expliqué le commissaire au Commerce et à l’Industrie de l’UA, Albert Muchanga.

Dans son rapport 2019 sur l’Afrique publié en juin, la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (CNUCED) a fait des projections d’un avenir prometteur du continent. Avec la Zlecaf, le commerce intra-africain devrait progresser de 33% après la suppression complète des droits de douane, selon le document de 250 pages de la CNUCED. En Afrique, les échanges internes ne représentent aujourd’hui qu’entre 15 et 17%, contre 47% en Amérique, 61% en Asie et 67% en Europe.

Par ailleurs, indique le Fonds monétaire international (FMI) dans son rapport d’avril 2019 sur les perspectives économiques en Afrique subsaharienne, la Zlecaf aura d’importants effets sur la situation macroéconomique et la répartition des revenus.

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« Elle pourrait considérablement stimuler les échanges commerciaux intra-africains, en particulier si les pays s’emploient à lever les goulots d’étranglement non tarifaires, comme les infrastructures physiques, les coûts logistiques et d’autres obstacles à la facilitation des échanges », a noté le Chef de division des études régionales au Département Afrique du FMI, le Sénégalais Papa Ndiaye.

Mais à en croire son compatriote Ndongo Samba Sylla, la Zlecaf est « un pari risqué pour les pays africains ». Interrogé par APA, l’économiste note qu’ils « auraient dû passer en revue la théorie économique, regarder les faits historiques et situer tout cela par rapport aux caractéristiques du continent ».

Même si l’Eco est annoncée en 2020 en zone Uemoa, M. Sylla regrette que l’Afrique se soit lancée dans le libre-échange sans avoir une monnaie de commerce alors qu’une unité de compte (différente de la monnaie unique) aurait servi dans les transactions pour se libérer de la dépendance vis-à-vis du dollar.

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