DAKAR – L’hémicycle retient son souffle. Ce jeudi, le ministre des Finances Cheikh Diba ouvre le marathon budgétaire devant des députés sceptiques. Son arme : un projet de loi de finances de 7 434 milliards FCFA, présenté comme le premier budget de la rupture. Un exercice d’équilibriste entre austérité nécessaire et promesses de campagne.
Le chantier des finances publiques
Le ministre des Finances, flanqué de son homologue de l’Économie Abdourahmane Sarr, plante le décor. Les chiffres tombent, implacables. Le déficit budgétaire, qui avait atteint des sommets sous l’ancien régime, doit être ramené de 7,8% cette année à 5,37% en 2026. « Notre budget est réaliste, rigoureux et ambitieux », assure Cheikh Diba, conscient du défi.
Face à lui, les députés écoutent, calculatrices mentales en action. Ils savent que ce budget constitue le premier vrai test de la politique économique de Bassirou Diomaye Faye. Le ministre le reconnaît : il s’agit de passer « d’une économie de résistance à une économie de performance ».
Les priorités affichées
Le gouvernement mise sur une stratégie à deux vitesses. D’un côté, le resserrement des dépenses courantes. De l’autre, des investissements massifs dans les secteurs clés. Le budget 2026 prévoit ainsi :
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400 établissements scolaires à construire ou réhabiliter
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2 500 agents de santé à recruter
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35 000 jeunes diplômés à insérer annuellement
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100 milliards FCFA pour le développement de la Casamance
Des engagements qui visent à concrétiser les promesses de campagne tout en maintenant le cap de la rigueur budgétaire.
L’ombre de la dette cachée
Dans l’hémicycle, un sujet plane sans être nommé : la « dette cachée » de l’ère Sall. Chaque chiffre avancé par le ministre est lu à l’aune de ce passif honteux. Cheikh Diba tente de rassurer : « Nous renforçons la soutenabilité des finances publiques », promettant transparence et redevabilité.
Parmis les mesures phares, la digitalisation de la gestion budgétaire et la révision des codes des impôts et des douanes. Le gouvernement veut « mieux collecter pour mieux redistribuer, mieux dépenser pour mieux servir ».
Les points qui fâchent
Certaines décisions font déjà grincer des dents. Le budget de la Présidence bondit de 160%, atteignant 204,5 milliards FCFA. Le ministre justifie cette hausse par le rattachement d’entités stratégiques comme la DER et le FONSIS. Un argument qui peine à convaincre dans les rangs de l’opposition.
Pendant ce temps, le rythme des auditions s’accélère. Après les Finances, le général Birame Diop présente le budget de la Défense. Jusqu’au 21 novembre, les ministres défileront à raison de deux par jour, dans un exercice de transparence inédit.
Alors que la nuit tombe sur Dakar, le ministre des Finances lance un dernier message : « En votant ce budget, vous validez un engagement national ». Reste à savoir si les députés, face à ce budget austère mais ambitieux, seront prêts à suivre le gouvernement dans cette voie étroite.
