Le feuilleton judiciaire qui opposait le journaliste Madiambal Diagne au magistrat Souleymane Téliko a trouvé son épilogue ce jeudi. La Cour suprême a rendu sa décision, cassant partiellement l’arrêt de la Cour d’appel mais confirmant l’essentiel : la condamnation du journaliste à une peine de prison ferme et à de lourdes réparations financières.
La plus haute juridiction sénégalaise a mis fin aux incertitudes en rejetant le pourvoi formé par la défense. Si elle a écarté la contrainte par corps prononcée en mars dernier par la Cour d’appel de Dakar, elle a en revanche maintenu toutes les autres sanctions. Le verdict initial, qui avait fait l’effet d’un coup de tonnerre dans le paysage médiatique, résiste donc à l’épreuve du dernier recours.
Une lourde facture pour le journaliste
Le bilan est sans appel pour Madiambal Diagne. Il devra purger trois mois de prison ferme, s’acquitter d’une amende de 500 000 FCfa et, surtout, verser 5 millions de FCfa au magistrat Souleymane Téliko au titre des dommages et intérêts. Une condamnation qui fait suite à ses déclarations accusant le directeur général du Centre de formation judiciaire (CFJ) d’avoir été « épinglé » par un rapport de l’Union européenne pour des indemnités perçues indûment.
L’affaire remonte à plusieurs mois, lorsque le journaliste avait pointé du doigt les agissements supposés du magistrat dans le cadre des Chambres africaines extraordinaires sur l’affaire Habré. Des accusations qui lui vaudront cette poursuite en diffamation, suivie d’une condamnation en première instance puis en appel.
La fin d’un long combat judiciaire
Le parcours procédural aura été marathonien. Après le jugement initial, Madiambal Diagne avait interjeté appel, espérant obtenir sa relaxe. La Cour d’appel de Dakar, le 3 mars 2025, non seulement l’avait débouté mais avait alourdi la sentence en prononçant la contrainte par corps. Une décision qui avait poussé la défense à se pourvoir en cassation.
La Cour suprême, dans sa sagesse, a choisi la mesure. En optant pour une cassation partielle sans renvoi, elle clôt définitivement le dossier tout en corrigeant ce qui lui apparaissait comme un excès dans la condamnation. La contrainte par corps est effacée, mais le reste de l’édifice répressif demeure.
Cette décision marque un tournant dans la jurisprudence relative à la diffamation au Sénégal. Elle rappelle la ligne de crête que doivent emprunter les journalistes entre le droit à l’information et le respect de l’honneur des personnes. Alors que la profession s’interroge sur les limites de la liberté d’expression, l’affaire Diagne-Téliko pourrait devenir un cas d’école pour les années à venir.

 
                               				 
																 
																