Michael Randrianirina, du cachot au palais : l’étonnant destin du « colonel de la refondation »

ANTANANARIVO – Il y a un an, il cuisinait et jouait au football en résidence surveillée, accusé de complot contre…

Reuters

ANTANANARIVO – Il y a un an, il cuisinait et jouait au football en résidence surveillée, accusé de complot contre l’État. Ce vendredi 17 octobre 2025, le colonel Michael Randrianirina, 51 ans, devient le « président de la refondation » de Madagascar. Originaire de l’aride région d’Androy, son parcours épouse les soubresauts de l’histoire récente de la Grande Île.

Né en 1974 à Sevohipoty, Randrianirina s’engage d’abord comme gouverneur de l’Androy entre 2016 et 2018. Cette expérience lui permet de connaître intimement les difficultés d’une des régions les plus pauvres du pays.

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En novembre 2023, son destin bascule. Le général Richard Ravalomanana, alors allié du président Rajoelina et président du Sénat, ordonne son arrestation pour complot avant les élections controversées. Randrianirina reste en résidence surveillée dans un hôpital militaire avec son complice présumé, Thierry Rampanarivo. Début 2024, la justice le condamne à un an de prison avec sursis pour atteinte à la sûreté de l’État.

Libéré en février 2024, le colonel décrit une vie d’officier « dans l’ombre » : il travaille à la maison, cuisine et joue au football. Cette période ne freine pas son ambition. Selon l’analyste Velomahanina Razakamaharavo, son « attitude courageuse » et son image d’homme de foi issu de l’Église luthérienne renforcent sa légitimité.

Le ralliement populaire et la refondation

Le tournant survient en octobre 2025. Quand le collectif Gen Z descend dans les rues d’Antananarivo, Randrianirina refuse de réprimer les manifestants. Le 12 octobre, il demande même à ses troupes : « Ne tirez pas sur nos amis, nos frères, nos sœurs ».

En trois jours, le président Rajoelina s’exile. L’Assemblée nationale le destitue et l’armée prend le contrôle du pays. Investi devant la Haute Cour Constitutionnelle et décoré de la Grand Croix de première classe de l’Ordre national, Randrianirina promet d’organiser des élections dans « 18 à 24 mois maximum ».

Cependant, la communauté internationale reste prudente. L’ONU condamne un changement inconstitutionnel de pouvoir, tandis que l’Union africaine suspend Madagascar de ses instances. La France appelle à entendre les « aspirations profondes du peuple malgache ».

Homme de foi et de terrain, Randrianirina incarne désormais les espoirs d’une jeunesse lasse des coupures d’eau et d’électricité et du pillage des ressources. De sa cellule d’hôpital militaire au palais de la refondation, il a connu une ascension fulgurante et improbable. Le pays observe maintenant s’il saura transformer l’essai et écrire un nouveau chapitre pour Madagascar.

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