Ouattara réélu : un quatrième mandat sous silence

ABIDJAN – La nouvelle est tombée sans surprise, dans une indifférence quasi protocolaire. Ce mardi 4 novembre, le Conseil constitutionnel ivoirien, présidé…

Journal du Sénégal

ABIDJAN – La nouvelle est tombée sans surprise, dans une indifférence quasi protocolaire. Ce mardi 4 novembre, le Conseil constitutionnel ivoirien, présidé par Chantal Nanaba Camara, a officialisé l’inévitable : Alassane Ouattara, 83 ans, remporte un quatrième mandat avec 89,77% des suffrages. Une victoire écrasante, mais qui résonne dans le silence troublant d’une moitié d’électeurs absents.

Une validation sans vague

Dans l’enceinte feutrée du Conseil constitutionnel, la proclamation s’est déroulée comme une formalité administrative. La présidente Camara, première femme à occuper cette fonction, a annoncé que l’institution « n’a enregistré aucune réclamation » et que l’examen des procès-verbaux « ne révèle aucune irrégularité de nature à entacher la sincérité du scrutin ».

Les chiffres validés confirment la domination sans partage du président sortant : 3,76 millions de voix, loin devant Jean-Louis Billon (3,09%) et l’ex-Première dame Simone Ehivet (2,42%). Des candidatures qui n’ont jamais constitué une réelle menace pour le chef de l’État sortant.

L’ombre portée de l’abstention

Le véritable enseignement de ce scrutin ne se lit pas dans les pourcentages de victoire, mais dans ceux de la participation. Avec seulement 50,10% des électeurs s’étant déplacés, cette élection bat des records d’abstention. Un électeur sur deux a boudé les urnes, un silence éloquent qui en dit long sur la défiance d’une partie de la population.

Cette froide statistique prend tout son sens quand on la confronte au paysage politique tronqué. Le Front commun PPA-CI/PDCI, regroupant les deux principaux partis d’opposition, avait appelé au boycott, dénonçant l’« exclusion » de ses leaders, Laurent Gbagbo et Tidjane Thiam. Leur absence forcée de la course a vidé le scrutin d’une partie de sa substance compétitive.

Un quatrième mandat dans un paysage recomposé

En rejetant les candidatures de Gbagbo et Thiam, le Conseil constitutionnel avait dès le 8 septembre dernier dessiné les contours d’une élection sans suspense. Le président Ouattara se présentait face à quatre challengers qui, cumulés, n’ont recueilli que 8,63% des suffrages.

La reconnaissance immédiate de sa défaite par Jean-Louis Billon, dimanche 26 octobre, avait déjà acté l’issue du scrutin. Le candidat indépendant avait même félicité le vainqueur, scellant ainsi l’image d’une opposition divisée et résignée.

À 83 ans, Alassane Ouattara entame donc un nouveau quinquennat qui promet d’être historique à plus d’un titre. Mais la légitimité de ce quatrième mandat, jugé anticonstitutionnel par ses détracteurs, devra composer avec l’ombre persistante de millions d’Ivoiriens qui ont choisi de s’exprimer par leur silence. Dans les rues d’Abidjan, ce n’est pas la contestation qui gronde, mais l’indifférence qui s’installe.

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