C’est une opération qui redessine la carte médiatique du continent. Lundi 22 septembre, le groupe français Canal+ a officialisé le rachat du géant sud-africain Multichoice, mettant fin à près de deux ans de négociations. Avec cette acquisition historique, le groupe dirigé par Maxime Saada devient le leader incontesté de la télévision payante en Afrique, dominant aussi bien les marchés francophones qu’anglophones et lusophones.
« L’acquisition de Multichoice par Canal+ marque sa plus grande opération jamais réalisée », ont annoncé les deux entités dans un communiqué commun. Une fusion qui donne naissance à un colosse médiatique présent dans près de 70 pays, avec plus de 40 millions d’abonnés et près de 17 000 salariés.
L’Afrique, terre de conquête stratégique
Pour Canal+, détenu par le milliardaire Vincent Bolloré, l’Afrique représente un marché bien plus porteur que l’Europe, où la concurrence est féroce et les habitudes de consommation évoluent rapidement. Le groupe opère sur le continent depuis plus de trente ans et est déjà le premier opérateur de télévision par abonnement dans 19 pays francophones.
En s’offrant Multichoice, leader en Afrique anglophone et lusophone, Canal+ consolide sa position sur « l’un des marchés de télévision payante les plus dynamiques au monde », s’est félicité Maxime Saada. Le montant de la transaction ? Environ 2,5 milliards d’euros, soit 125 rands par action.
Une fusion aux multiples enjeux
Cette opération va bien au-delà d’une simple addition d’abonnés. Elle permet à Canal+ de :
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Renforcer son portefeuille de contenus, notamment sportifs (Multichoice détient les droits de la Premier League dans de nombreux pays africains) ;
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Mutualiser les coûts de production et de distribution ;
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Faire face à la concurrence grandissante des plateformes de streaming internationales comme Netflix et Disney+.
Un feu vert sous conditions
Le feu vert définitif a été donné fin juillet par le tribunal de la concurrence sud-africain, après que Canal+, déjà actionnaire à 46 % de Multichoice, a lancé une offre publique d’achat début 2024. La date-butoir était fixée au 8 octobre ; l’annonce intervient donc en avance, signe d’une finalisation sans accroc.
Reste à savoir comment le groupe intégrera les équipes et les marques de Multichoice, et s’il parviendra à créer une offre panafricaine cohérente, capable de rivaliser avec les géants du streaming tout en répondant aux spécificités locales.
Une chose est sûre : avec cette fusion, Canal+ envoie un message clair au monde entier. L’avenir du divertissement payant se joue aussi – et peut-être surtout – en Afrique. Et le groupe français entend bien en être le roi.