l’Afrique mise sur la titrisation et la finance structurée pour combiner son déficit d’infrastructures

Et si la solution au déficit de financement africain se trouvait… en Afrique ? Face à un besoin estimé à 4…

Et si la solution au déficit de financement africain se trouvait… en Afrique ? Face à un besoin estimé à 4 000 milliards de dollars par an, le continent repense ses mécanismes financiers. Le Forum Structured Finance Africa (SFA) 2025, ouvert ce jeudi à Dakar, a réuni 300 décideurs autour d’une ambition commune : faire de la titrisation, des partenariats public-privé (PPP) et de la finance verte les leviers prioritaires de la transformation économique.

Isaac Mbaye, directeur général d’Invictus Capital & Finance et co-organisateur, a rappelé l’ampleur du défi : « L’Afrique fait face à un déficit annuel de financement des infrastructures entre 130 et 170 milliards de dollars. Près de 2 800 milliards de dollars seront nécessaires d’ici 2030 pour l’adaptation au changement climatique. »

Finance structurée et innovation : cinq axes pour transformer le continent

Pour Badanam Patoki, directeur de l’Autorité des marchés financiers de l’UEMOA, la finance structurée n’est plus une option. Elle doit devenir un véritable levier stratégique. Qu’il s’agisse de titrisation, de financement de projets, de PPP, de finance islamique ou de finance verte, ces outils permettent d’accélérer la transformation économique. Le ministre sénégalais des Finances, Cheikh Diba, a ajouté que ces instruments incarnent un outil de partenariat entre acteurs publics et privés au service d’objectifs communs.

Le forum s’est articulé autour de cinq thèmes :

  • Mobiliser l’épargne locale via la titrisation ;

  • Construire un cadre réglementaire attractif ;

  • Développer le trade finance pour sécuriser les importations stratégiques ;

  • Déployer des instruments hybrides pour la finance durable ;

  • Renforcer les synergies entre fintech et structuration financière.

Des réussites concrètes illustrent ces ambitions. Isaac Mbaye a cité le Kenya : en juillet 2024, une émission de 150 millions de dollars sous forme de titrisation de créances futures a montré que l’Afrique peut innover et attirer des investisseurs d’envergure. Dans l’UEMOA, la finance islamique a déjà mobilisé plus de 1 400 milliards de FCFA avant l’adoption du cadre réglementaire de 2022.

Au-delà des aspects techniques, le forum porte une ambition politique : la souveraineté financière. Cheikh Diba a insisté : « L’Afrique doit trouver en elle-même les voies pour répondre à ses défis. » Cette vision se reflète dans la stratégie « Sénégal 2050 » et dans l’organisation prochaine du forum « Investir au Sénégal », les 7 et 8 octobre.

Enfin, la collaboration reste essentielle. Moustapha Faye (KF Titrisation) a souligné l’importance de démocratiser ces outils, mutualiser les expertises et bâtir un écosystème de confiance. Nafissatou Diagne (Development Finance Advisory) a ajouté que financer la transformation structurelle nécessite un alignement des actions des parties prenantes.

Le Forum SFA 2025 marque un tournant : l’Afrique ne se contente plus d’attendre les investisseurs étrangers. Elle construit ses fondations financières, pierre après pierre, pour un avenir plus autonome et durable.

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