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Sénégal la clé de voûte financière pour l’énergie africaine

Dakar, Sénégal — Dans les couloirs lumineux du centre de conférences où se tenait le MSGBC Oil, Gas & Power 2025,…

Journal du Sénégal

Dakar, Sénégal — Dans les couloirs lumineux du centre de conférences où se tenait le MSGBC Oil, Gas & Power 2025, l’annonce n’a pas fait de bruit. Pourtant, sa portée pourrait résonner dans les décennies à venir. Mardi, le Dr Omar Farouk Ibrahim, secrétaire général de l’Organisation des producteurs africains de pétrole (APPO), a dévoilé une décision discrète mais capitale : le Sénégal a approuvé sa contribution à la Banque africaine de l’énergie (BAE).

Cette contribution, promise avant la fin de l’année 2025, est bien plus qu’un simple virement. C’est le signal politique et financier qui manquait pour concrétiser une ambition ancienne : doter le continent de sa propre banque dédiée à l’énergie. « Ce versement nous rapproche de la mise en place de la Banque africaine de l’énergie », a déclaré le Dr Ibrahim, laissant entendre que le premier jeton était tombé sur l’échiquier énergétique africain.

La BAE n’est pas un projet modeste. Conçue avec un capital initial de 5 milliards de dollars, elle vise à atteindre le montant colossal de 120 milliards de dollars dans un délai de trois à cinq ans. Une ambition à la hauteur des besoins gigantesques du continent. Sa mission : financer des projets énergétiques africains, sans exclusive, des hydrocarbures aux énergies renouvelables. Née de la volonté conjointe de l’APPO et de la Banque africaine d’import-export, elle siégera à Abuja, au Nigeria, plaçant son cœur institutionnel dans un géant économique du continent.

Pour le Sénégal, ce geste est stratégique. Il intervient au moment même où le pays, hôte de la conférence, est en pleine transformation de son propre paysage énergétique. Avec d’importantes réserves de pétrole et de gaz naturel en cours de développement, Dakar ne se contente pas d’être un futur producteur. En s’engageant financièrement dans la BAE, il se positionne en acteur structurant de la gouvernance énergétique africaine.

L’annonce, glissée dans l’ouverture d’un grand rendez-vous industriel, a donc une double signification. C’est d’abord la preuve que la BAE passe de l’idée à la réalité, poussée par la volonté politique de ses membres fondateurs. C’est aussi, pour le Sénégal, l’affirmation d’une nouvelle posture : celle d’un pays qui, à l’aube de l’exploitation de ses ressources, investit déjà dans l’avenir énergétique commun du continent.

Le versement sénégalais n’est peut-être que le premier d’une longue série. Mais il dessine les contours d’une nouvelle ère : celle où l’Afrique commence à bâtir, avec ses propres instruments financiers, son indépendance énergétique.

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