DAKAR – La clémence a primé sur la sévérité. Ce lundi, le tribunal des flagrants délits de Dakar a rendu son verdict dans le procès de Pape Mahawa Diouf, condamnant le porte-parole adjoint de l’Alliance Pour la République (APR) à un mois de prison avec sursis pour diffusion de fausses nouvelles. Une peine bien en deçà des réquisitions du parquet, qui réclamait six mois d’emprisonnement dont trois ferme.
Le responsable politique, placé sous mandat de dépôt depuis le 2 octobre, a immédiatement recouvré la liberté. Son crime ? Des déclarations faites le 17 septembre dernier sur la chaîne privée TFM, lors de l’émission « Faram Facce », où ses propos sur l’Agence Sénégalaise d’Électrification Rurale (Aser) avaient déclenché une onde de choc.
Le tribunal résiste aux pressions
Le jugement marque un double échec pour les parties adverses. Non seulement le tribunal n’a pas suivi les réquisitions du ministère public, qui exigeait une peine « exemplaire », mais il a aussi rejeté la tentative d’Aser de se constituer partie civile. L’agence réclamait 200 millions de francs CFA en dommages et intérêts – une demande déclarée irrecevable par la justice.
L’audience de lundi dernier avait vu s’affronter deux visions de la responsabilité politique. D’un côté, le parquet insistait sur « la responsabilité particulière des personnalités publiques dans la diffusion d’informations sensibles ». De l’autre, la défense plaidait la bonne foi et invoquait « l’importance du droit à la libre expression dans le débat démocratique ».
Un signal d’apaisement
En optant pour le sursis, la justice a choisi la mesure. Elle sanctionne sans enfermer, rappelant les limites de la parole publique sans pour autant étouffer le débat. Cette décision met fin à près de deux semaines de détention préventive pour Pape Mahawa Diouf, dont l’incarcération avait suscité des vagues de protestation dans les rangs de la majorité présidentielle.
L’affaire, suivie avec attention par la classe politique, illustre les tensions qui traversent l’espace médiatique sénégalais. Entre respect des institutions et liberté de critique, la ligne reste fragile. Le verdict de ce ledi semble vouloir tracer une voie médiane : la responsabilité, oui, mais sans museler la parole politique.
Alors que Pape Mahawa Diouf retrouve les siens, une question persiste : dans un Sénégal où le débat public est vif, jusqu’où peut aller la critique sans basculer dans la diffamation ? La réponse des tribunaux continue de s’écrire, au cas par cas.