DAKAR – La tentative visait haut : juger un ancien président pour « haute trahison ». Mais ce lundi, le Bureau de l’Assemblée nationale a mis fin à l’initiative du député Guy Marius Sagna. Il a rejeté sa proposition de résolution contre Macky Sall, non sur le fond, mais pour un vice de forme.
Une procédure stoppée par le règlement
Le texte, déposé en avril, accusait l’ancien chef d’État d’avoir dissimulé la situation économique réelle du pays. Selon un rapport de la Cour des comptes, il aurait laissé une « dette cachée » de 7 milliards de dollars. Des accusations lourdes, mais jamais débattues.
Le Bureau a appliqué l’article 103 du règlement intérieur : un député isolé ne peut engager une telle procédure. Il doit réunir le soutien d’une commission, d’un groupe parlementaire ou d’au moins 17 députés non inscrits. Guy Marius Sagna n’a pas respecté cette condition.
« Je prends acte de la décision », a déclaré l’élu. Il a promis de retravailler le texte et de le redéposer. Le Bureau a d’ailleurs encouragé les parlementaires à suivre les règles pour relancer la procédure.
Un débat politique loin d’être clos
Le rejet ne règle rien sur le fond. Peut-on, au Sénégal, poursuivre un ancien président pour haute trahison ? La Constitution le permet, mais la notion reste floue, sans définition claire dans la loi. Ce vide juridique protège encore Macky Sall.
Cette décision intervient dans un climat politique tendu. Le président Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko ont promis de demander des comptes à l’ancien pouvoir. Déjà, le frère de Macky Sall et cinq ex-ministres sont poursuivis pour d’autres affaires.
Pour l’instant, Macky Sall échappe au procès. Pourtant, cette première tentative marque un tournant. Elle montre qu’une partie du Parlement veut briser le tabou de l’immunité présidentielle. La prochaine fois, ses adversaires respecteront les formes — pour mieux aller au fond.
