UCAD : le Collectif des Amicales exige le retrait de la police du campus

Le campus de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) reste le théâtre d'une crise aiguë. Alors que les affrontements…

Journal du Sénégal

Le campus de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) reste le théâtre d’une crise aiguë. Alors que les affrontements violents entre étudiants et forces de l’ordre se multiplient, le Collectif des Amicales de l’UCAD a fixé une condition non négociable pour la reprise des discussions : le retrait immédiat et définitif de toutes les forces de l’ordre de l’espace universitaire. Les négociations avec les autorités doivent reprendre ce jeudi à 17 heures, sous haute tension.

Une nuit de négociations au plus haut niveau

Dans un communiqué rendu public après une nuit de violents affrontements, le Collectif des Amicales a dévoilé l’intensité des discussions en cours. Les représentants étudiants ont été reçus par le président de l’Assemblée nationale, El Malick Ndiaye, avant de rencontrer dans la nuit « de 00h à 02h du matin » le ministre de l’Enseignement supérieur, Daouda Ngom. Ils ont également pu s’entretenir par téléphone avec le Premier ministre Ousmane Sonko.

Selon le communiqué étudiant, « des propositions ont été formulées concernant les Masters 1 et 2 », avec quelques avancées partielles. Cependant, « la grande majorité des revendications demeure en discussion ». Le Collectif affirme s’être « repliée à la base » pour consultation avant la reprise des discussions prévue ce jeudi.

Le retrait des forces de l’ordre : condition sine qua non

La demande centrale reste intangible. « La première exigence, acceptée par les autorités avant toute poursuite des négociations, demeure le retrait définitif de toutes les forces de l’ordre de l’espace universitaire », insiste le Collectif. Les étudiants dénoncent « la violation flagrante des franchises universitaires » commise mercredi lors de l’intervention policière, qualifiant cet épisode de « profondément déplorable » et contraire aux engagements pris lors des pourparlers précédents.

Le Collectif se dit « serein, cohérent et déterminé dans ses stratégies de lutte », réaffirmant « son engagement total envers la vaillante communauté estudiantine ». Malgré l’annonce récente du paiement des bourses, les étudiants maintiennent leur grève, exigeant le versement immédiat de leurs allocations.

Un campus en état de siège

Cette prise de position intervient dans un contexte de violences répétées. Mercredi, de nouveaux affrontements ont éclaté sur le campus et ses alentours, notamment sur la Corniche Ouest. Les heurts ont impliqué jets de pierres, grenades lacrymogènes et lance-pierres électroniques, provoquant d’importants embouteillages et des dégâts matériels considérables.

Selon plusieurs médias locaux, le bilan fait état d’au moins quatre policiers et seize étudiants blessés, dont certains grièvement. Des véhicules et des locaux universitaires ont également été endommagés.

Face à cette escalade, le Conseil académique de l’UCAD, réuni en visioconférence sous la présidence du recteur Pr Badara Kandji, a autorisé ce dernier à solliciter les forces de l’ordre pour la protection des personnes et des biens. L’Intersyndicale des PATS (Personnels Administratifs, Techniques et de Service) appelle également à des mesures urgentes pour assurer la sécurité des travailleurs.

Des avancées partielles mais des tensions persistantes

Malgré l’urgence de la situation, quelques signaux positifs émergent des négociations nocturnes. Le Collectif reconnaît que « plusieurs avancées notables ont été obtenues », notamment sur « une partie des revendications pédagogiques portant sur les Masters 1 et 2 ». Les autorités auraient également accepté le principe du retrait des forces de sécurité du campus, une mesure jugée essentielle pour créer « un climat propice à la poursuite du dialogue ».

Les discussions doivent se poursuivre ce jeudi, toujours sous la médiation du président de l’Assemblée nationale et avec la participation du ministère de l’Enseignement supérieur. Les autorités maintiennent « un cadre d’échanges constructif », témoignant d’une « volonté commune d’aboutir rapidement à un retour à la normale à l’UCAD ».

La journée de jeudi sera déterminante pour l’avenir de la plus grande université du Sénégal. La capacité des autorités à retirer effectivement les forces de l’ordre du campus, et la volonté des étudiants de reprendre le dialogue une fois cette condition satisfaite, conditionneront la possibilité d’une sortie de crise durable. Dans un Sénégal déjà marqué par plusieurs crises politiques récentes, la pacification de l’UCAD constitue un enjeu symbolique et pratique majeur pour le gouvernement Faye-Sonko.

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