Diplomatie post-CEDEAO : Julius Maada Bio en mission à Ouagadougou

Ouagadougou, le 16 septembre – À l’heure où l’Afrique de l’Ouest recompose ses alliances, le président sierra-léonais Julius Maada Bio pose ses valises à Ouagadougou. Ce mardi, le chef d’État entame une visite officielle « de travail et d’amitié » au Burkina Faso, un mois après son plaidoyer pour un dialogue renouvelé avec les pays de la Confédération des États du Sahel (AES).*

Une diplomatie de pont dans un paysage fragment

Dans la capitale burkinabè, les discussions s’annoncent substantielles. Au programme : une séance de travail élargie et un tête-à-tête avec le capitaine Ibrahim Traoré. Les deux dirigeants aborderont « plusieurs questions d’intérêt commun liées à la consolidation des relations de coopération entre les deux pays », selon la présidence burkinabè.

Cette deuxième visite en un an révèle une stratégie diplomatique subtile. Alors que le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont quitté la CEDEAO en janvier 2025, Julius Maada Bio, président en exercice de l’institution communautaire, joue les médiateurs. Son objectif : maintenir des canaux de communication ouverts malgré la rupture institutionnelle.

Les enjeux concrets derrière le dialogue politique

Au-delà des discours, des intérêts bien concrets animent cette rencontre. Le Dr Bio avait insisté sur l’importance de « promouvoir le commerce, la libre circulation et renforcer la paix et la sécurité dans la région ». Des préoccupations vitales pour la Sierra Leone, dont l’économie dépend des échanges avec l’ensemble de la sous-région.

La présidence burkinabè souligne « l’excellence de la coopération entre Ouagadougou et Freetown », preuve que les relations bilatérales peuvent survivre aux tempêtes multilatérales. Un message important à l’heure où l’AES affirme vouloir construire de nouvelles synergies avec les pays côtiers.

La CEDEAO à l’épreuve de la realpolitik

Cette visite intervient dans un contexte régional particulièrement tendu. L’AES, née de la transformation de l’Alliance des États du Sahel en Confédération en juillet 2024, représente un défi existentiel pour la CEDEAO. La mission de Bio témoigne de la prise de conscience que le dialogue doit remplacer la confrontation.

Alors que le soleil se lève sur Ouagadougou, Julius Maada Bio incarne l’espoir ténu d’une réconciliation régionale. Sa capacité à bâtir des ponts entre deux Afrique de l’Ouest – celle de la CEDEAO et celle de l’AES – pourrait déterminer l’avenir de toute la sous-région. Reste à savoir si la volonté de dialogue suffira à surmonter les méfiances accumulées.

Thiès-Ouest : Amadou Mbaye Dia, le nouveau visage de Pastef à l’Assemblée nationale

Dakar, le 15 septembre – L’hémicycle de l’Assemblée nationale sénégalais a accueilli un nouveau visage ce lundi. Amadou Mbaye Dia, coordonnateur du parti Pastef/Les Patriotes à Thiès-Ouest, a officiellement pris ses fonctions lors d’une session extraordinaire. Cette entrée discrète mais significative consolide l’emprise parlementaire du parti présidentiel.

Une succession logique dans la continuité gouvernementale

Le nouveau député succède à Amadou Bâ, nommé ministre de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme le 6 septembre dernier. Cette transition illustre la fluidité des parcours au sein de la majorité présidentielle. Amadou Bâ, qui fut le mandataire de Bassirou Diomaye Faye lors de l’élection présidentielle de mars 2024, cède ainsi son siège à un cadre territorial expérimenté.

L’arrivée d’Amadou Mbaye Dia n’est pas anodine. Elle témoigne de la stratégie de Pastef qui favorise la promotion de ses responsables locaux vers des fonctions nationales. Une manière d’assurer la représentativité des territoires tout maintenant la cohésion du parti.

Renforcement de la majorité présidentielle

Cette installation intervient dans un contexte particulier : une session extraordinaire consacrée à l’examen de trois projets de loi. Le timing n’est pas fortuit. Il permet au nouveau député de plonger immédiatement dans le travail législatif, renforçant ainsi la capacité d’action de la majorité.

Pour Pastef, chaque siège compte. L’arrivée d’Amadou Mbaye Dia consolide la présence parlementaire du parti au moment où le gouvernement de Ousmane Sonko engage des réformes ambitieuses. C’est aussi un signal envoyé aux bases : la loyauté et le travail de terrain sont récompensés.

La logique des réseaux politiques

Cette nomination s’inscrit dans une dynamique plus large de renouvellement des élites politiques sénégalaises. Elle montre comment le parti au pouvoir construit progressivement son réseau parlementaire, alternant entre figures expérimentées et nouveaux visages.

L’entrée d’Amadou Mbaye Dia à l’Assemblée nationale dépasse le simple remplacement protocolaire. Elle symbolise la maturation politique d’un parti qui structure son ancrage territorial tout affirmant sa mainmise sur les institutions. Reste à voir comment ce nouveau député saura traduire dans l’hémicycle les aspirations de sa circonscription de Thiès-Ouest.

Le Premier ministre Ousmane Sonko lance un « Diaspora Bond » pour une révolution financière

Dans une salle comble où résonnaient les accents du wolof et du pulaar, le Premier ministre Ousmane Sonko a dévoilé une initiative financière inédite. Le 18 septembre, le Sénégal émettra son premier Diaspora Bond, une obligation spécialement conçue pour ses ressortissants à l’étranger. Cette annonce, faite en marge du Plan de redressement économique et social (PRES), marque un tournant dans les relations entre l’État et sa diaspora.

Le gouvernement mise sur la force économique de ses ressortissants, dont les transferts ont atteint 2 211 milliards de FCFA en 2024. « Le Sénégal fait face à des besoins budgétaires importants. Aujourd’hui, l’État veut innover », a déclaré M. Sonko, s’adressant directement à la communauté sénégalaise d’Europe. Il a ajouté : « Nous comptons sur vous, dotés d’un pouvoir d’achat plus élevé, pour prendre toute votre part dans cette nouvelle dynamique. »

Un instrument patriotique et rentable

Le ministre des Finances, Cheikh Diba, a expliqué les modalités de ce nouvel instrument. « La véritable innovation de ce troisième appel public à l’épargne est l’introduction des obligations citoyennes et patriotiques », a-t-il précisé. Le produit est sécurisé et rémunérateur. Ainsi, les investisseurs peuvent récupérer leur argent tout en participant directement au développement national.

Le contexte économique justifie cette mobilisation. Le déficit budgétaire atteint 12% et le taux d’endettement 118%. Face à ces chiffres, la diaspora représente un levier stratégique. Ses transferts dépassent déjà le déficit national. Toutefois, le gouvernement souhaite canaliser cette manne vers des investissements structurants.

« Votre implication peut donner l’élan décisif au redressement économique et social », a souligné le ministre Diba. Le Diaspora Bond transforme la relation traditionnelle de la diaspora avec son pays : au-delà des transferts familiaux, il s’agit d’une participation directe au financement public et aux projets stratégiques.

Prévu pour le 18 septembre 2025, ce bond promet un triple avantage : sécurité des investissements, rentabilité financière et impact patriotique. « Nous voulons que vous soyez des acteurs privilégiés de la transformation nationale », a insisté le ministre des Finances.

Cette initiative pourrait profondément reconfigurer les financements du développement sénégalais. Elle reconnaît enfin le rôle économique crucial de la diaspora, longtemps limité à des transferts familiaux informels.

Le 18 septembre, lorsque le premier Diaspora Bond sera émis, le Sénégal écrira une nouvelle page de son histoire économique. Reste à voir si la diaspora répondra à cet appel mêlant intérêt financier et patriotisme.

Éliminatoires Afrique – Mondial 2026 : le Maroc et la Tunisie qualifiés, qui suivra ?

Le continent africain connaît déjà ses deux premiers qualifiés pour la Coupe du Monde 2026. Le Maroc, demi-finaliste historique du dernier Mondial, et la Tunisie ont validé leur billet pour l’Amérique du Nord lors des récentes journées des éliminatoires.

Les Lions de l’Atlas ont signé un parcours parfait avec sept victoires en sept matchs dans le groupe C, devenant la première équipe africaine à se qualifier dès la 7e journée. De son côté, la Tunisie a dominé le groupe H avec 22 points en huit rencontres, s’offrant une septième participation à la Coupe du Monde.

D’autres sélections africaines se tiennent à un point du Mondial. L’Égypte et l’Algérie, absentes en 2022, n’ont besoin que de deux points pour valider leur qualification. Le Cap-Vert, à trois points du but, pourrait créer la surprise en décrochant une première historique.

Le suspense reste entier pour sept places supplémentaires. Le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Ghana et l’Afrique du Sud, tous leaders de leurs groupes, ont leur destin entre leurs mains avant les deux dernières journées prévues en octobre.

Seuls les vainqueurs des neuf groupes africains se qualifieront directement. Les quatre meilleurs deuxièmes s’affronteront en barrage en novembre 2025 pour tenter de décrocher le dernier billet africain via un tournoi intercontinental.

Dakar en campagne pour le cœur postal du monde à Dubaï

C’est dans le décor futuriste de Dubaï que se joue une partie d’échecs géante pour l’avenir de la lettre et du colis dans le monde. Du 8 au 19 septembre, la cité-émiratie accueille le 28e Congrès de l’Union Postale Universelle (UPU), le grand parlement postal qui, tous les quatre ans, redessine les règles du jeu pour les 192 pays membres.

Au cœur des enceintes climatisées, parmi les délégués en costume, une délégation sénégalaise est en campagne. Menée par M. Dahirou Thiam, Directeur général de l’Autorité de Régulation des Télécommunications et des Postes (ARTP), et accompagnée de l’Ambassadeur du Sénégal aux Émirats, elle a un objectif clair : faire réélire le Sénégal au sein des organes de gouvernance de cette institution onusienne méconnue mais cruciale.

Le Sénégal en quête d’influence

Le pays de la Téranga ne vient pas en simple spectateur. Il est officiellement candidat à sa propre réélection au Conseil d’administration (CA) et au Conseil d’exploitation postale (CEP) de l’UPU. Une place stratégique qui lui permettrait de continuer à peser dans les décisions qui façonneront le secteur pour la période 2026-2029. Il s’agit ni plus ni moins de voter la future stratégie mondiale, de définir le coût de l’envoi d’une lettre à l’autre bout de la planète, et d’élire les nouveaux dirigeants du Bureau international.

Les enjeux : de la lettre manuscrite au colis connecté

Les discussions, durant ces deux semaines, vont bien au-delà du simple timbre-poste. Les plénipotentiaires devront plancher sur la transformation digitale du secteur, la construction d’une « Poste 2.0 » capable de rivaliser avec les géants de la livraison instantanée, et le renforcement des partenariats public-privé. Comment faire pour que le facteur reste un acteur pertinent à l’heure du tout-numérique ? Comment utiliser son maillage territorial unique pour favoriser le commerce électronique et la connectivité inclusive, surtout en Afrique ?

C’est sur ces questions que le Sénégal, par la voix de M. Thiam, entend apporter sa pierre. Le pays réaffirme ainsi sa volonté de contribuer activement à l’édification d’un secteur postal moderne, performant et équitable.

Une bataille discrète pour une influence majeure

Dans les couloirs du congrès, entre deux sessions de travail, la diplomatie s’active. Chaque poignée de main, chaque échange informel compte pour convaincre et rassembler les soutiens. La réélection du Sénégal n’est pas qu’une question de prestige ; c’est la garantie pour le continent d’avoir une voix à la table où se décide l’avenir d’un service universel essentiel.

Le résultat du vote, attendu dans les prochains jours, dira si la stratégie de Dakar a porté ses fruits. Une victoire serait le signe d’une influence africaine grandissante dans l’arène technique et régulatoire mondiale.

Sonko à Abu Dhabi : la diplomatie économique Sénégalaise à l’heure émiratie

 C’est une poignée de main qui en dit long sur les nouvelles ambitions du Sénégal. Ce mercredi, dans le faste des palais d’Abu Dhabi, le Premier ministre Ousmane Sonko a été reçu avec les honneurs par l’une des figures les plus influentes du Golfe : Cheikh Mansour Bin Zayed Al Nahyan. Vice-Président et vice-Premier ministre des Émirats Arabes Unis, président du Conseil d’Administration de la banque centrale et de la haute autorité d’investissement, son hôte n’est autre que l’architecte de la puissance financière émiratie.

La rencontre, bien au-delà des protocolaires échanges de politesses, s’annonce comme le coup d’envoi d’un partenariat économique d’un nouveau genre. Le Chef du gouvernement sénégalais, en visite officielle dans la capitale émiratie, a ensuite enchaîné les audiences avec les responsables des structures stratégiques du pays. Objectif affiché : booster la coopération bilatérale et attirer les investissements nécessaires au développement du Sénégal.

Une rencontre au sommet stratégique

Le choix du interlocuteur est loin d’être anodin. Rencontrer Cheikh Mansour, c’est s’adresser directement au cœur décisionnel des flux financiers et investissements souverains des Émirats. Le message est clair : Dakar cherche des partenaires de poids, capables de s’engager dans des projets structurants et de long terme.

Les discussions ont certainement porté sur les secteurs clés où les Émirats excellent et où le Sénégal a soif de croissance : les infrastructures, l’énergie – notamment renouvelable –, la logistique portuaire et aéroportuaire, et la transformation agroalimentaire. Autant de domaines où l’expertise et les capitaux émiratis peuvent rencontrer les potentialités sénégalaises.

Au-delà du symbole, la quête de concret

Si la photographie avec Cheikh Mansour constitue un symbole fort, Ousmane Sonko est venu chercher bien plus que cela. Sa tournée auprès des « hauts responsables de structures stratégiques » vise à débloquer des dossiers concrets, faciliter les investissements et signer peut-être dans l’ombre des accords qui façonneront l’économie sénégalaise de demain.

Cette visite s’inscrit dans la lignée de la nouvelle diplomatie économique prônée par Sonko, plus agressive, plus ciblée, tournée vers les partenaires capables d’apporter du concret et de la valeur ajoutée. Les Émirats, avec leurs réserves financières colossales et leur vision tournée vers l’Afrique, représentent un partenaire de choix.

Un partenariat gagnant-gagnant en perspective

Pour Abu Dhabi, le Sénégal représente une porte d’entrée stable et prometteuse en Afrique de l’Ouest. Sous l’ère Sonko, Dakar envoie un signal fort : le pays est ouvert aux affaires, mais dans le cadre de partenariats équilibrés et mutuellement bénéfiques.

Cette visite pourrait ainsi marquer un tournant dans les relations entre les deux pays, les faisant passer d’une coopération traditionnelle à un alliance économique stratégique. Le séjour de Sonko à Abu Dhabi n’est pas une simple visite de courtoisie ; c’est la première pierre d’un édifice bien plus grand, bâti sur les fondations de la croissance et de l’ambition partagée.

Avant le choc face à la RDC, Diomaye Faye galvanise les Lions du Sénégal

Le ciel de Kinshasa s’assombrit, chargé d’électricité, comme pour annoncer le choc tant attendu. Ce mardi à 16h, au mythique Stade des Martyrs, les Lions du Sénégal affrontent les Léopards de la RDC dans un duel qui sent la poudre. Mais avant que le ballon ne roule, une voix a retenti depuis Dakar : celle du président Bassirou Diomaye Faye.

Installé dans son bureau au Palais de la République, le chef de l’État a décroché son téléphone. À l’autre bout de la ligne, le capitaine Kalidou Koulibaly. Quelques mots simples, mais lourds de sens, ont suffi pour transformer l’appel en cri de ralliement.
« Kalidou, vous êtes prêts à rugir ? Chaque clameur du stade, entendez-la comme celle du peuple sénégalais qui vous pousse vers la victoire », a lancé le président, dans une adresse teintée de ferveur patriotique.

Le message a trouvé un écho immédiat. Touché, le capitaine a répondu avec la voix d’un chef prêt pour la bataille. « Merci Excellence. Je vous assure que nous donnerons tout, jusqu’à la dernière goutte de sueur. Aujourd’hui, nous irons à la guerre pour honorer le Sénégal. »

Au-delà d’un simple échange, c’est tout un peuple qui s’est invité dans les vestiaires. Car ce match Sénégal vs RDC ne se limite pas à 90 minutes de football : il incarne une épreuve de caractère, un test grandeur nature pour les Lions, qui portent sur leurs épaules l’attente d’une nation entière.

Côte d’Ivoire : Le Conseil constitutionnel valide cinq candidats, élimine les poids lourds et ouvre la voie à un quatrième mandat d’Ouattara

Ce lundi 8 septembre 2025, la présidente du Conseil constitutionnel, Mme Chantal Camara Nanaba, a rendu une décision qui bouleverse le paysage politique ivoirien. Sur soixante dossiers examinés, seuls cinq candidats ont été jugés éligibles à l’élection présidentielle du 25 octobre. Ce tri drastique élimine les principales figures de l’opposition et laisse le président sortant, Alassane Ouattara, en position de force pour briguer un quatrième mandat déjà très contesté.

Des exclusions qui secouent l’opposition

Le verdict du Conseil constitutionnel frappe au cœur de l’opposition et provoque un véritable séisme politique. Tidjane Thiam, président du PDCI et ex-CEO de Crédit Suisse, a été disqualifié pour un motif administratif : il ne figure pas sur les listes électorales. Cette condition d’éligibilité essentielle l’a empêché de concourir, malgré les recours de son parti.

Laurent Gbagbo, président de 2000 à 2011, a subi le même sort pour la même raison. Son camp, le PPA-CI, dénonçait pourtant l’irrégularité de sa condamnation dans l’affaire du « braquage de la BCEAO », estimant que seule la Haute Cour de justice pouvait juger un ancien chef d’État. Le Conseil constitutionnel a rejeté cet argument.

Pascal Affi N’Guessan, leader du FPI, a également vu sa candidature invalidée. Ses parrainages présentaient un déficit de plus de 20 000 signatures, un écart jugé rédhibitoire. Ainsi, trois poids lourds de la scène politique ivoirienne disparaissent de la course électorale à cause d’une application stricte du code électoral.

Une liste réduite et inattendue

Les cinq candidats retenus forment un panel contrasté :

  • Henriette Lagou (Groupement des Partenaires Politiques pour la Paix, GP-PAIX)

  • Jean-Louis Billon (Congrès Démocratique, CODE), cadre du PDCI

  • Ehivet Simone Gbagbo (Mouvement des Générations Capables, MGC), ex-Première dame

  • Ahoua Don-Mello Jacob (Indépendant)

  • Alassane Ouattara (RHDP, président sortant)

La candidature d’Alassane Ouattara, validée pour un quatrième mandat, reste la plus polémique. L’opposition la juge « anticonstitutionnelle ». Sa présence sur la liste officielle accentue les critiques et ouvre la voie à une réélection très clivante.

Un processus électoral sous haute tension

Le dépôt des candidatures, organisé du 1er juillet au 26 août 2025, avait déjà suscité de vives polémiques. Désormais, la publication de la liste définitive, limitée à cinq noms, risque d’attiser encore davantage les tensions. Dans un pays marqué par les traumatismes des crises électorales passées, le climat politique demeure fragile.

Le Conseil constitutionnel a également rejeté la demande du PDCI, qui réclamait une révision exceptionnelle des listes électorales pour régulariser la situation de Tidjane Thiam. L’institution a rappelé que ce dossier relevait de la Commission électorale indépendante (CEI).

Ainsi, la campagne officielle s’annonce déséquilibrée : un président sortant omnipotent affrontera une opposition affaiblie et fragmentée. La Côte d’Ivoire s’achemine donc vers une élection dont l’issue paraît écrite d’avance, mais dont l’impact sur la stabilité nationale reste incertain.

Sénégal-RDC : Pape Thiaw, la sérénité face à la folie des Martyrs

L’heure n’est pas au doute, mais à l’affirmation. À quelques heures du choc brûlant qui l’opposera aux Léopards de la RDC, le camp sénégalais a délivré son message, teinté d’un calme olympien et d’une détermination sans faille. Face à une presse congolaise attentive, le sélectionneur Pape Thiaw et son capitaine Kalidou Koulibaly ont esquissé les contours d’une ambition : partir de Kinshasa avec les trois points.

« Nous sommes venus avec beaucoup d’ambitions »
La déclaration de Pape Thiaw, lundi au Stade des Martyrs, a planté le décor. Loin de toute arrogance, mais fort d’une lucidité assumée, le technicien sénégalais reconnaît la valeur de l’adversaire sans complexe. « Nous connaissons les joueurs de la République démocratique du Congo, avec beaucoup de qualités et nous ferons de notre mieux pour bien les gérer. » Une forme de respect, mais surtout la promesse d’un plan de match rodé pour contrer les périls congolais.

L’ambiance du Stade des Martyrs : une motivation, pas une menace
L’un des points centraux de cette rencontre est l’atmosphère électrique et hostile qui attend les Lions. Là où d’autres pourraient voir une pression insoutenable, Pape Thiaw y puise une énergie positive. « Il y aura une folle ambiance au stade des Martyrs. Nous considérons cela comme une motivation supplémentaire. Nous serons sereins avec beaucoup de sérénité. » Une déclaration forte qui témoigne du mental de champions d’Afrique, habitués aux plus grandes scènes.

L’option victoire, et rien d’autre

Le message le plus clair est venu dissiper toute ambiguïté sur les intentions sénégalaises. Pas question de calcul ou de match nul. Pape Thiaw le martèle : « Jamais nous avons envisagé l’option d’un match de barrage. Nous avons encore trois matches à jouer et pour lesquels, nous avons 9 points à prendre. » L’objectif est simple : gagner tous les matches, à commencer par celui-ci. Une mentalité de vainqueur qui place la barre très haut.

Koulibaly, le roc sénégalais, connaît l’adversaire

Le capitaine Kalidou Koulibaly, pierre angulaire de la défense, n’est pas en reste. Son analyse est celle d’un guerrier aguerri qui respecte son rival mais n’en a pas peur. « Nous connaissons Wissa, Cédric Bakambu et tous les autres. Ils sont pétris de talents comme nous aussi. Bref, ce sera une équipe difficile à gérer. » Puis, concluant avec la force tranquille qui le caractérise : « Somme toute, nous sommes à Kinshasa, pour notre qualification. »

Un final qui sonne comme une évidence. Les Lions de la Teranga ne sont pas venus en touristes dans la capitale congolaise. Ils sont venus en conquérants, sereins, ambitieux et résolus. Le ton est donné. Le Stade des Martyrs, en ébullition, attendra de voir si les actes suivront les paroles.

Ousmane Sonko à Abou Dabi : la diplomatie du « Jubbanti Koom » à l’œuvre

Le désert d’Arabie, habitué aux mirages, assiste cette semaine à une scène bien réelle : l’arrivée du Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko pour une visite officielle de haut vol aux Émirats arabes unis. Du 8 au 12 septembre 2025, Abou Dabi, cité d’or et de pouvoir, devient le théâtre d’une diplomatie économique offensive. Loin des simples poignées de main protocolaires, cette mission incarne la nouvelle ambition du Sénégal sur l’échiquier mondial.

Pour la troisième fois hors du continent africain depuis sa prise de fonction, le chef du gouvernement pose ses valises dans un hub global, un pont entre l’Orient et l’Occident. Cette visite, soigneusement calibrée, s’inscrit dans le sillage de celle du président Bassirou Diomaye Faye en décembre 2024. Elle n’est pas un hasard. Elle est la pièce maîtresse d’un plan plus vaste, le « Jubbanti Koom » – le redressement national – dont chaque chapitre se écrit avec des partenaires de poids.

Sous le soleil émirati, M. Sonko s’entretiendra avec le président Sheikh Mohammed bin Zayed Al Nahyan. Les discussions auront le parfum de l’ambition et le poids du concret. Car entre le Sénégal et les EAU, l’histoire ne fait que commencer, mais elle est déjà dense. Elle se chiffre en millions de dollars, en mégawatts d’énergie solaire, en conteneurs échangés et en vies transformées par la formation.

Une coopération aux multiples visages

Les deux pays tissent leur entente sur une toile de projets structurants. Le géant portuaire DP World, pilier de l’économie émiratie, a jeté l’ancre à Dakar depuis 2008. Il ne se contente pas de gérer le terminal ; il construit l’avenir avec le futur port en eaux profondes de Ndayane, promesse de transformation du commerce ouest-africain.

L’énergie est un autre chapitre crucial. Les Émirats, en virtuoses de la transition énergétique, accompagnent le Sénégal dans le déploiement de son potentiel solaire et hydroélectrique. Le Centre Sheikh Mohammed bin Zayed pour l’innovation, à Dakar, souffle un vent de modernité sur l’entrepreneuriat local, formant la relève des PME qui porteront demain l’économie sénégalaise.

Les liens dépassent le tangible pour s’ancrer dans la connaissance. Bourses d’études, partenariats universitaires avec l’université Cheikh Anta Diop de Dakar ou l’Université Al Qasimia : les EAU investissent dans la matière grise, la ressource la plus précieuse. Même la sécurité et la justice ne sont pas en reste, avec quatre accords de coopération et un memorandum liant les forces de police des deux nations.

L’art de regarder vers demain

Cette visite n’est donc pas une simple formalité. C’est une opportunité de consolider les acquis et de tracer de nouvelles pistes. Les perspectives sont vastes : villes intelligentes, transformation agricole, renforcement du secteur privé, et programmes éducatifs pointus dans les domaines technologiques.

Ousmane Sonko, en ambassadeur d’un Sénégal sûr de son destin, négocie ainsi bien plus qu’un partenariat. Il scelle une alliance stratégique pour son pays, un pont entre Dakar et Abou Dabi qui pourrait bien devenir la route incontournable de l’émergence sénégalaise. Dans le grand jeu géoéconomique, le Sénégal joue désormais ses cartes avec une audace qui force le respect.