Dakar digitalise son port : la fin du papier pour les marchandises

DAKAR – Le Port Autonome de Dakar (PAD) s’apprête à tourner une page historique de sa gestion logistique. En partenariat avec la Direction Générale des Douanes, l’institution lancera le 2 janvier 2026 la phase pilote de l’échange électronique des Bons à Délivrer (BADs). Une révolution numérique qui sonne le glas des fastidieuses procédures manuscrites, souvent source de lenteurs et de coûts supplémentaires.

Ce projet ambitieux, porté via le Guichet Unique Portuaire Électronique, représente une avancée majeure dans la transformation digitale de la chaîne logistique. Il vise à consolider la position du port de Dakar comme hub maritime de référence en Afrique de l’Ouest, en renforçant son efficacité, sa transparence et sa compétitivité sur la scène internationale.

L’aboutissement d’un processus collaboratif

Cette phase pilote n’est pas née d’un simple claquement de doigts. Elle couronne plusieurs mois de travail technique et de coordination, matérialisés par la signature d’un protocole d’échanges de données informatisées le 3 juin 2025. Ce partenariat stratégique, associant le PAD, les Douanes, DPW et GAINDE 2000, a permis de jeter les bases solides de cette modernisation.

Concrètement, le nouveau système automatisera intégralement le traitement et le transfert des Bons à Délivrer entre le Guichet Unique et les opérateurs de terminaux. Finis les dossiers papier qui circulaient de main en main, générant délais et risques d’erreur.

Des bénéfices tangibles pour toute la filière

Les retombées de cette digitalisation promettent de transformer l’expérience des acteurs portuaires. Le premier gain réside dans la fluidification des opérations d’enlèvement des marchandises. Les conteneurs quitteront les zones de stockage plus rapidement, réduisant les frais de stationnement pour les importateurs.

La traçabilité renforcée tout au long de la chaîne logistique offrira une visibilité totale sur le statut des marchandises. Chaque acteur pourra suivre en temps réel l’évolution de ses envois, depuis l’arrivée du navire jusqu’à la sortie du port.

La sécurisation optimale des données et transactions éliminera les risques de falsification ou de perte de documents. Enfin, les gains de temps et de productivité seront significatifs pour l’ensemble de la communauté portuaire, des compagnies maritimes aux transitaires.

Préparer l’avenir dès maintenant

Pour assurer le succès de cette transition, la Direction Générale du PAD a lancé un appel aux compagnies maritimes et partenaires. Ils sont invités à désigner leurs points focaux techniques avant le 15 novembre 2025, garantissant ainsi une mise en œuvre harmonieuse de la phase pilote.

Avec cette initiative, le Port Autonome de Dakar confirme sa volonté d’incarner un modèle régional d’innovation. En se positionnant à l’avant-garde de la transformation numérique portuaire, il contribue activement à renforcer la compétitivité du commerce extérieur sénégalais et ouest-africain, préparant l’économie régionale aux défis logistiques du XXIe siècle.

Souveraineté alimentaire : le Sénégal débloque 180 milliards FCFA

DAKAR – Le Sénégal lance une offensive sans précédent pour garantir son autonomie alimentaire. Le gouvernement mobilise 180 milliards de francs CFA afin de soutenir 2,6 millions de personnes. Cette annonce intervient alors que le pays renforce sa stratégie agricole face aux défis climatiques.

Un financement international pour une ambition nationale

Le ministre de l’Agriculture, Mabouba Diagne, a dévoilé les contours de ce projet majeur. « Nous disposons d’un financement consolidé de 275 millions d’euros », affirme-t-il. Cette enveloppe combine plusieurs sources :

  • 90 millions d’euros du FIDA

  • 62 millions d’euros du Fonds OPEP

  • 97 millions d’euros du Fonds italien pour le climat

Grâce à ces fonds, le Programme d’Appui à la Souveraineté Alimentaire (PASS) couvrira désormais dix régions. Matam intègre ainsi le dispositif, renforçant l’impact territorial du projet.

Des bénéficiaires au cœur du dispositif

Le PASS cible directement 220 000 ménages agricoles, soit 880 000 personnes. Au total, près de 2,6 millions de Sénégalais bénéficieront de ses retombées. Le projet vise particulièrement les groupes vulnérables, dont les femmes et les jeunes.

Le représentant du FIDA au Sénégal, Matteo Marchisio, précise : « Nous touchons plus de 1 000 jeunes entrepreneurs ». Le programme mise sur une approche globale, de la production à la commercialisation.

Une stratégie intégrée pour des résultats durables

Le PASS s’inscrit dans la feuille de route agricole nationale. « Il ne s’ajoute pas aux initiatives existantes, il en constitue un levier central », souligne le ministre Diagne. Le projet agit simultanément sur plusieurs leviers :

  • Renforcement de la production résiliente

  • Souveraineté semencière

  • Maîtrise de l’eau agricole

  • Modernisation des coopératives

D’ailleurs, le gouvernement anticipe déjà une extension. Avec le financement attendu de la Banque Européenne d’Investissement, l’enveloppe dépassera 300 millions de dollars. Saint-Louis et Ziguinchor rejoindront alors le dispositif.

Vers une transformation structurelle

Cette initiative incarne la nouvelle vision agricole du Sénégal. « Nous produisons davantage, transformons localement et commercialisons efficacement », résume Mabouba Diagne. Le PASS fédère ainsi tous les acteurs de la chaîne de valeur alimentaire.

Le programme mise sur l’innovation et la durabilité. Il construit notamment douze coopératives agricoles communautaires modernes. Ces infrastructures soutiendront la transition vers une agriculture productive et respectueuse de l’environnement.

Le Sénégal démontre ainsi sa capacité à mobiliser des ressources conséquentes pour sa sécurité alimentaire. Cette ambition place le pays en pionnier de la souveraineté alimentaire en Afrique de l’Ouest.

Dakar accueille la 19e Assemblée générale de l’AUF : science et savoir au cœur de l’Afrique francophone

La 19e Assemblée générale de l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF) s’est ouverte ce lundi à Dakar sous la présidence du chef de l’État, Son Excellence Bassirou Diomaye Faye, réunissant universitaires, chercheurs et décideurs politiques autour de la science et du savoir comme leviers d’intégration et de développement.

L’événement, qui se tiendra jusqu’au 6 novembre, rassemble des responsables d’universités, des partenaires économiques et des représentants de plusieurs pays francophones. Il ambitionne de faire de l’enseignement supérieur et de la recherche des instruments stratégiques pour l’Afrique.

Le Sénégal, hub universitaire francophone

Dans un entretien avec Le Soleil, le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, le Pr Daouda Ngom, a salué « une opportunité stratégique majeure » pour le pays. Il a expliqué que l’assemblée permettra de discuter des grands enjeux liés à la transformation de l’enseignement supérieur dans l’espace francophone et de renforcer « la position du Sénégal comme pôle universitaire francophone de premier plan en Afrique ».

Depuis 1974, Dakar abrite la direction régionale de l’AUF pour l’Afrique de l’Ouest, couvrant aujourd’hui 12 pays et 135 universités. Pour le Pr Ngom, la rencontre favorisera la diplomatie scientifique, encouragera la coopération académique et facilitera l’émergence de nouveaux partenariats dans la recherche appliquée, l’éducation numérique et l’innovation.

Science, culture et souveraineté des nations

Lors de la cérémonie d’ouverture, le Président Bassirou Diomaye Faye a rappelé le rôle central de la science et de la culture dans la construction des nations :

« La science et la culture sont indissociables et fondent la souveraineté des nations », a-t-il déclaré, appelant à un engagement renouvelé en faveur de la recherche, de l’innovation et des savoirs endogènes pour bâtir une Afrique intellectuellement et technologiquement autonome.

À travers cette 19e Assemblée générale, le Sénégal confirme son rôle moteur au sein de la francophonie universitaire, promouvant une coopération scientifique ouverte, inclusive et tournée vers l’avenir.

Les gains de la LONASE passent à la caisse

La bonne nouvelle d’un gain à la LONASE s’accompagnera désormais d’une moins joyeuse réalité fiscale. À compter de ce samedi 1er novembre, une taxe de 20% s’appliquera systématiquement sur tous les gains, qu’ils proviennent d’un billet physique acheté chez un buraliste ou d’un pari en ligne. Une décision gouvernementale qui fait déjà grincer des dents.

La Loterie Nationale Sénégalaise assume cette nouvelle donne dans un communiqué officiel. L’entreprise publique présente cette mesure comme une « contribution citoyenne au développement national », soigneusement encadrée par la loi n°17/2025. Derrière ce vocabulaire technocratique se cache une réalité simple : l’État cherche à augmenter ses recettes en ciblant un secteur en pleine expansion.

Une mise en œuvre échelonnée

Le calendrier de déploiement épouse la dualité du marché. Les points de vente physiques appliqueront la taxe dès le 1er novembre, tandis que le canal digital bénéficiera d’un délai supplémentaire jusqu’à mi-novembre. Ce décalage témoigne des complexités techniques liées à la modernisation du secteur, mais aussi de la volonté de ne brusquer personne.

La LONASE tente de rassurer sa clientèle en promettant « la continuité de ses services ». L’entreprise souligne son engagement à maintenir « des produits de divertissement responsables », comme si cette fiscalité nouvelle participait d’une forme de régulation vertueuse.

Une contribution à l’effort national

Le gouvernement justifie cette ponction par les impératifs du développement. Les gains du jeu, jusqu’ici relativement épargnés, rejoignent désormais le rang des revenus soumis à l’impôt. Une manière pour l’État de diversifier ses sources de financement dans un contexte budgétaire tendu.

Cette réforme s’inscrit dans une vaste modernisation du secteur des jeux et paris. La LONASE, acteur historique, entend conserver sa place face à la montée en puissance des opérateurs privés. Son argument : une partie de cette taxe reviendra in fine financer des politiques sociales et sportives.

Reste à voir comment réagiront les joueurs habitués à empocher l’intégralité de leurs gains. Certains verront dans cette mesure une forme de double peine : la probabilité infime de gagner, suivie d’un prélèvement systématique. D’autres y trouveront une raison supplémentaire de se tourner vers les bookmakers étrangers, hors de portée du fisc sénégalais.

La LONASE joue son avenir sur sa capacité à convaincre que cette fiscalité sert l’intérêt général. Dans les jours à venir, les réactions des premiers joueurs touchés par la mesure diront si l’argument de la « contribution citoyenne » suffit à faire passer la pilule.

UCAD : l’explosion qui a rompu le silence d’un campus

Ce jeudi matin, le campus de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar a été réveillé par un bruit qui n’avait rien de scolaire. Une déflagration sèche, violente, a déchiré le calme du pavillon A. Sous les yeux horrifiés des étudiants, la routine universitaire venait de basculer en tragédie.

Au cœur du drame : une moto électrique en charge. Selon les premières constatations, c’est son explosion qui a coûté la vie à El Hadj Mouhamed Niang, un étudiant en Licence 3 d’Arabe. Le jeune homme, originaire de Ndiedieng, dans la région de Kaolack, se trouvait dans sa chambre au moment du drame. Il n’a pas survécu.

La panique, immédiate, s’est propagée comme une traînée de poudre. Terrifiés par le souffle de l’explosion et craignant le pire, plusieurs étudiants du même étage ont tenté de fuir. Dans leur précipitation, certains n’ont pas hésité à se jeter du troisième étage. Deux d’entre eux ont été grièvement blessés dans cette chute désespérée et ont dû être évacués en urgence pour recevoir des soins.

Les couloirs du pavillon A, habituellement bruyants de vie estudiantine, portent désormais les stigmates de la confusion et du choc. Cette tragédie soulève de lourdes questions sur la sécurité dans les résidences universitaires et les risques méconnus des engins électriques. Alors que l’enquête débute, toute la communauté de l’UCAD pleure un élève emporté trop tôt, et se demande comment un outil de mobilité moderne a pu se transformer en instrument de mort.

L’héritage Mbow : le Sénégal ouvre le livre de son avenir

DAKAR – Le 28 octobre, le Sénégal a rendu hommage à Amadou Mahtar Mbow, figure majeure du panafricanisme et premier Africain à diriger l’UNESCO. Devant sa famille, des diplomates et des citoyens émus, le président de la République a salué « l’homme qui fit rayonner l’Afrique sur la scène mondiale ». L’université qui porte désormais son nom devient un symbole de cette reconnaissance.

« Porte-étendard des peuples privés de voix et de reconnaissance », a déclaré le chef de l’État dans un discours empreint d’émotion. Cet hommage dépasse la simple mémoire d’un homme. Il marque, selon le président, « un acte fondateur pour un Sénégal réinventé », guidé par les valeurs d’égalité culturelle et de dignité universelle.

L’éducation au cœur de l’héritage de Mbow

Le président a présenté l’éducation comme la clé de la souveraineté nationale, suivant la voie tracée par Mbow à la tête de l’UNESCO entre 1974 et 1987. « L’éducation n’est pas une dépense, mais le viatique de toute prospérité durable », a-t-il affirmé.

Plusieurs projets sont déjà lancés : la stratégie numérique pour l’Éducation 2025-2029, l’initiative NITHÉ pour une transformation humaniste de l’enseignement, et la réforme des daaras, ces écoles coraniques appelées à devenir un pont entre tradition et modernité numérique.

Un héritage tourné vers la jeunesse

Au-delà des réformes, le message du président s’adresse à la jeunesse sénégalaise. « Notre destin n’est inscrit dans aucune fatalité », a-t-il lancé, invitant les jeunes à poursuivre le combat moral et intellectuel de Mbow.

Alors que le soleil se couchait sur Dakar, la cérémonie s’est conclue par une promesse : celle d’un pacte collectif avec l’histoire. Amadou Mahtar Mbow n’est plus seulement un grand disparu ; il incarne désormais la bannière d’une révolution éducative et mémorielle.

Le Sénégal affirme ainsi sa foi en la puissance du savoir, la force du travail et la grandeur d’une civilisation en marche.

SIMA 2025 : Dakar, capitale d’une renaissance médiatique africaine

DAKAR – Ils sont venus de Bamako à Tunis, de Kinshasa à Casablanca. Ce lundi 27 octobre, la Maison de la Presse Babacar Touré a ouvert ses portes à une ambition continentale : la première édition du Salon international des médias d’Afrique (SIMA). Sous le patronage du ministre Aliou Sall, cette rencontre inédite promet de marquer une étape clé pour les médias africains.

Une ambition panafricaine

« Un signal fort, une marque de considération pour la presse », a déclaré Sambou Biagui, directeur général de la Maison de la Presse. Patrons de presse, journalistes et experts venus d’Asie, d’Europe et d’Afrique étaient présents. Le Mali, pays invité d’honneur, symbolisait cette volonté panafricaine de construire un espace médiatique souverain.

Le thème de cette première édition, « L’Afrique face aux enjeux des nouveaux médias », résonne comme un manifeste. « À l’ère des réseaux sociaux et de l’intelligence artificielle, l’Afrique doit définir ses propres modèles », a insisté Biagui. La révolution numérique transforme la production et la consommation de l’information, mais le véritable défi dépasse la technologie. Il s’agit de créer « une renaissance africaine de l’information, où modernité rime avec authenticité ».

Vers un média africain souverain

Le SIMA s’inscrit dans la vision de l’Agenda Sénégal 2050 et son ambition d’émergence numérique. Mais il vise également à devenir un rendez-vous majeur du paysage médiatique continental. « Ce salon offre un cadre d’épanouissement pour les journalistes et techniciens médias », a rappelé Biagui, soulignant l’engagement pour la liberté d’expression et le pluralisme.

Dans les allées, les délégations du Burkina Faso, de Côte d’Ivoire, du Maroc et d’une quinzaine d’autres pays échangent autour d’un constat commun : face à la désinformation et aux mutations rapides du secteur, l’urgence est de bâtir des médias forts, structurés et souverains.

Jusqu’au 30 octobre, Dakar vibre au rythme de cette ambition. Le SIMA n’est pas un simple salon ; il incarne l’Afrique qui choisit de maîtriser sa révolution numérique et de raconter elle-même son histoire médiatique. Une histoire où la modernité technologique s’allie enfin aux réalités et aux voix du continent.

L’hommage présidentiel à Amadou Mahtar Mbow

Le gouvernement sénégalais a levé le voile, ce vendredi 24 octobre, sur les préparatifs d’un événement mémoriel exceptionnel. Mardi prochain, le 28 octobre, le président Bassirou Diomaye Faye présidera en personne l’hommage national au professeur Amadou Mahtar Mbow. La cérémonie se tiendra au Centre international de Conférences Abdou Diouf, transformé pour l’occasion en sanctuaire de la mémoire africaine.

Devant la presse réunie au Building administratif Mamadou Dia, le ministre de l’Éducation nationale Moustapha Mamba Guirassy a campé le décor, entouré d’un aréopage de ministres et du représentant de l’UNESCO. Le message est clair : cet hommage dépasse la simple commémoration. Il s’agit d’un acte politique fondateur, l’un des premiers gestes forts du président Faye en matière de politique culturelle.

Faye rend hommage au père de l’histoire africaine

« Une Nation qui n’a pas de référence ne peut pas aller loin », a martelé le ministre Guirassy, résumant l’esprit de cette cérémonie. Le chef de l’État, en honorant Mbow, « fait un récit à partager avec les futures générations ». Un récit qui donne du sens au combat d’une vie, celle de cet intellectuel sénégalais qui dirigea l’UNESCO de 1974 à 1987 et impulsa la monumentale Histoire générale de l’Afrique.

L’œuvre de Mbow, « écrite par les Africains, pour les Africains », selon la formule du ministre, devient ainsi le socle sur lequel le nouveau pouvoir entend construire sa politique éducative. Les formateurs sont invités à s’approprier les documents pédagogiques développés par le défunt professeur, pour « renforcer l’enseignement de la connaissance du monde contemporain ».

Une cérémonie nationale pour transmettre la mémoire

La porte-parole du gouvernement Marie Rose Khady Fatou Faye a modéré les échanges, soulignant la dimension historique de l’événement. Les interventions ont toutes convergé vers un même objectif : transmettre aux jeunes générations l’héritage intellectuel et moral de celui qui incarna les valeurs de « savoir, de citoyenneté, de service et d’humanisme ».

En convoquant la mémoire de Mbow, le président Faye opère une double rupture. Symbolique d’abord, en honorant un panafricaniste convaincu qui fit écrire l’histoire du continent par ses propres enfants. Politique ensuite, en affirmant sa volonté de rebâtir l’identité sénégalaise sur des fondations historiques solides.

Mardi, lorsque le président s’inclinera devant la mémoire d’Amadou Mahtar Mbow, ce ne sera pas seulement un hommage rendu à un grand homme. Ce sera l’affirmation d’une nouvelle conception de la nation, où la mémoire devient le terreau de l’avenir.

Kaolack : les faux médecins du marché central

L’alerte était venue de l’ombre. Un « renseignement opérationnel » avait mis la puce à l’oreille des agents du Commissariat central de Kaolack : un groupe d’individus écoulait des produits de santé douteux et pratiquait illégalement la médecine en plein marché. Jeudi, l’intervention a mis fin à leurs activités.

L’assaut a été rapide, précis. Sur la place du marché central, les premiers suspects sont tombés. Leur matériel : des tensiomètres, divers médicaments, et tout l’attirail de ceux qui jouent avec la santé des plus vulnérables. Lors des interrogatoires, l’un d’eux a craché le morceau : ils étaient six, opérant en réseau serré, à proposer contre argent des consultations et des « vitamines » à une clientèle crédule.

La trouvaille inquiétante de la perquisition

Mais c’est dans le domicile du suspect principal que l’enquête a pris sa véritable dimension. Les perquisitions ont mis au jour une véritable petite officine clandestine. Des compléments alimentaires en quantité – Tre-en-en, Fibre tablette, Cal-Mag – et surtout, des supports publicitaires aux messages alarmistes.

« Tueur silencieux », « Maladies cardiaques », « Diabète », « Problèmes oculaires » : le marketing de la peur, soigneusement élaboré, proposait les produits de la marque « Neolife » comme remèdes miracles. Perte de poids, renforcement immunitaire – les promesses étaient grandes, les risques, encore plus.

L’expertise pharmaceutique en cours

Face à l’ampleur des saisies, l’Antenne régionale de régulation pharmaceutique a été mise à contribution. Son rôle : identifier précisément ce cocktail pharmaceutique, déterminer la nature exacte des produits saisis, et surtout, évaluer leur impact sur la santé des nombreux clients qui ont pu y avoir recours.

Les six mis en cause croupissent désormais en garde à vue. Leur cas rappelle, s’il le fallait, que la pratique illégale de la médecine n’est pas un délit anodin. Dans l’ombre des marchés, elle met en jeu des vies, joue avec l’angoisse des malades, et prospère sur la méconnaissance. À Kaolack, ce jeudi, six faux docteurs ont rendu leur dernier diagnostic.

Quand la police frappe à la porte d’un « appartement particulier »

La nuit était déjà tombée sur la Cité Kalia 2, dans le secteur des Parcelles Assainies, quand les uniformes ont frappé à la porte. L’appartement, signalé par des voisins aux oreilles de la police, vivait ses dernières heures d’anonymat. À l’intérieur, dix-sept vies basculent. Parmi elles, une femme et seize hommes, surpris dans l’intimité d’un soir qui vire au cauchemar judiciaire.

Le commissariat d’arrondissement de Jaaxay a rendu publics les détails de cette opération menée sur la base de « dénonciations anonymes répétées ». Les rapports officiels évoquent une fréquentation « particulière » – un euphémisme pour désigner ce que la loi sénégalaise nomme sans ambages « actes contre nature ». L’équipe d’intervention, dépêchée sur place, a trouvé une scène qui alimentera les procès-verbaux : plusieurs personnes dénudées, des préservatifs usagés, et ce qui deviendra la preuve matérielle de l’affaire.

Les saisies qui parlent

Sur la table des pièces à conviction, les objets s’alignent comme les pièces d’un puzzle moral. Un cornet de chanvre indien, déjà entamé. Des lubrifiants et des savons intimes. Des parfums et deux bouteilles de produits mystérieux, qualifiés de « cellulosiques ». Chaque item soigneusement inventorié dessine les contours d’une soirée que la justice s’apprête à démonter.

Parmi les interpellés, une femme se présente comme travailleuse du sexe. Son carnet sanitaire n’est pas à jour, une infraction supplémentaire qui alourdit son cas. Pour elle comme pour les autres, les charges s’accumulent : détention et usage collectif de stupéfiants, exercice illégal de la prostitution, et surtout, cet insaisissable « acte contre nature » qui plane sur le dossier.

La loi face à l’intime

Tous sont maintenant en garde à vue, tandis que l’enquête tente de reconstituer la chronologie exacte des faits. Cette opération policière, banale en apparence, touche en réalité à l’un des sujets les plus sensibles de la société sénégalaise : la sexualité entre personnes de même sexe, strictement criminalisée par le code pénal.

Dans l’ombre des procédures, une question demeure : jusqu’où la loi peut-elle s’immiscer dans l’intimité des chambres closes ? Les dénonciations anonymes auront eu raison de la porte close de Kalia 2. Reste à savoir ce que la justice fera de ces dix-sept vies désormais entre ses mains.

Thiaroye 1944 : après 80 ans de silence, la vérité dans un Livre blanc

Ce jeudi 16 octobre 2025, le président Bassirou Diomaye Faye recevra le Livre blanc du massacre de Thiaroye, mettant fin à huit décennies de silence sur l’une des tragédies les plus occultées de l’histoire coloniale.

DAKAR – Quatre-vingts ans de silence, de non-dits, de vérité étouffée. Ce jeudi, une page douloureuse de l’histoire africaine s’apprête enfin à être tournée. Le président Bassirou Diomaye Faye recevra officiellement le Livre blanc du massacre de Thiaroye, un document historique qui lève définitivement le voile sur cette tragédie longtemps restée dans l’ombre de l’histoire officielle.

Le jour où l’armée française tira sur ses soldats

Le 1er décembre 1944, dans la poussière du camp militaire de Thiaroye, à la périphérie de Dakar, l’impensable se produit. L’armée française ouvre le feu sur des tirailleurs sénégalais qui réclament simplement le paiement de leurs soldes. Ces hommes, venus de toute l’Afrique occidentale française, venaient de sacrifier leur jeunesse pour la libération de l’Europe. Leur retour au pays s’achève dans un bain de sang, suivi d’un long silence complice.

Pendant des décennies, l’affaire est reléguée au rang des épisodes honteux que la France métropolitaine préfère oublier. Entre historiens et autorités publiques, les controverses font rage, les « manipulations » de la vérité historique se multiplient, entretenant les zones d’ombre autour de ce qui constitue une véritable tache sur l’honneur de la IVe République.

La vérité rétablie par la science

Le Comité de commémoration du 80e anniversaire s’est donné une mission : briser ce silence. Des fouilles approfondies ont été menées sur le site, permettant une documentation exhaustive des événements. Le Livre blanc qui en résulte promet de clarifier une fois pour toutes les circonstances exactes du drame et de rendre justice à la mémoire de ces soldats oubliés.

Cette reconnaissance officielle, bien que tardive, revêt une importance capitale. Si l’État français a timidement reconnu le massacre, des lacunes persistantes demeuraient. Le Sénégal, porté par la détermination de son nouveau président, entend corriger cette omission historique et restaurer la dignité de ces tirailles dans le récit collectif mondial.

Le début d’une nouvelle mémoire

La remise de ce document ne marque pas une fin, mais un commencement. Pour les autorités sénégalaises, il s’agit d’accomplir un « devoir de mémoire et de vérité », essentiel pour les générations futures. Ce Livre blanc se veut aussi un pont entre les nations, une base solide pour une reconnaissance historique partagée.

En cette cérémonie solennelle, c’est tout un peuple qui retrouve ses héros. Des tirailleurs dont les noms avaient presque sombré dans l’oubli, dont le sacrifice méritait bien plus qu’une page noircie dans les manuels d’histoire. Quatre-vingts ans après Thiaroye, l’Afrique récupère enfin sa mémoire. Et cette mémoire, désormais consignée dans le Livre blanc, deviendra l’héritage précieux des générations à venir.

Souveraineté alimentaire : le Sénégal dévoile son ambitieux plan agricole

Au forum AgriConnect 2025, le ministre Mabouba Diagne a présenté une stratégie nationale qui place l’agriculture au cœur du développement du pays.

Le Sénégal a dévoilé sa feuille de route pour une révolution agricole. Lors du forum international AgriConnect 2025 consacré à la transformation de l’agriculture africaine, la délégation sénégalaise, conduite par le ministre de l’Agriculture, le Dr Mabouba Diagne, a présenté une stratégie ambitieuse fondée sur trois piliers : la souveraineté alimentaire, la modernisation des outils de production et la création d’emplois durables.

Un investissement historique

Sous l’impulsion du Président Bassirou Diomaye Faye et du Premier ministre Ousmane Sonko, l’État fait de l’agriculture un pilier central de son projet de société. Cette orientation se concrétise par un investissement public record de 130 milliards de FCFA pour l’année en cours, confirmant la priorité absolue accordée au secteur agro-sylvo-pastoral.

Inscrite dans l’Agenda « Sénégal 2050 », cette vision gouvernementale repose sur une approche intégrée et inclusive. Elle mise sur l’organisation des producteurs en coopératives communautaires, le développement de grands périmètres agricoles utilisant les technologies modernes d’irrigation, et la plateforme AgriConnect, qui sert d’interface entre les acteurs publics, privés et les partenaires techniques.

Partenariat stratégique avec la Banque mondiale

Le Sénégal a également consolidé son partenariat avec le Groupe de la Banque mondiale. Les deux parties ont convenu d’un plan d’engagement conjoint aligné sur les priorités nationales, visant à améliorer la productivité, la résilience et la durabilité du secteur. Ce partenariat cible notamment la mécanisation intelligente, l’agroécologie, le soutien aux PME agricoles et aux femmes rurales.

2 000 milliards sur dix ans

Selon le ministre Mabouba Diagne, la concrétisation de cette ambition nécessite un investissement estimé à 2 000 milliards de FCFA sur dix ans. Le Sénégal invite ainsi ses partenaires à mutualiser leurs efforts au sein de la plateforme AgriConnect pour maximiser l’impact des actions. En contrepartie, le gouvernement s’engage à assurer une gouvernance rigoureuse et une participation active du secteur privé.

Produire au Sénégal ce que le pays consomme est désormais un impératif de souveraineté et de dignité. Fort de sa volonté politique et de ses alliances stratégiques, le Sénégal entend transformer son potentiel agricole en moteur de croissance durable, contribuant ainsi à l’émergence d’une Afrique souveraine et prospère.

Dakar bannit pousse-pousse et chariots de son centre-ville

DAKAR – Le cœur de la capitale sénégalaise va connaître une métamorphose. Dans un arrêté rendu public ce lundi, le préfet de Dakar interdit à compter du jeudi 16 octobre la circulation des « véhicules à bras » – pousse-pousse et chariots de transport – sur les principales artères du centre-ville. Une décision qui vise à désengorger le trafic et à sécuriser ces axes stratégiques, au risque de bouleverser les habitudes de mobilité de nombreux Dakarois.

Le périmètre d’exclusion couvre un secteur crucial de la ville. Sont concernées la Place de l’Indépendance, épicentre politique et administratif, ainsi que la Corniche Ouest et les grandes avenues Léopold Sédar Senghor, de la République, Nelson Mandela, Pasteur et Cheikh Anta Diop. Autant de voies saturées aux heures de pointe, où se mêlent voitures, bus, motos et ces véhicules non motorisés désormais bannis.

Sécurité et fluidité

Pour les autorités, la mesure répond à un double impératif. D’une part, « faciliter la circulation » dans une ville régulièrement paralysée par les embouteillages. D’autre part, « assurer la sécurité des usagers » dans des zones où la cohabitation entre les différents modes de transport devient périlleuse.

La police et la gendarmerie sont chargées de l’application de l’arrêté. Les contrevenants s’exposeront aux sanctions prévues par la loi, même si le texte ne précise pas la nature exacte de ces pénalités.

Un bouleversement sociétal

Cette décision administrative, si elle peut sembler technique, touche en réalité à l’organisation intime de la ville. Les pousse-pousse et chariots représentent en effet pour de nombreux Dakarois un moyen de transport essentiel, tant pour les déplacements personnels que pour l’activité économique informelle.

Reste à voir comment se fera, dans la pratique, l’acceptation de cette mesure. Va-t-on assister à une reconversion forcée des conducteurs de pousse-pousse ? À un report du trafic vers d’autres zones ? À une adaptation des habitudes de transport ?

Jeudi approche à grands pas. Et avec lui, une nouvelle page de la mobilité dakaroise qui s’écrira, entre modernité urbaine et préservation d’un patrimoine culturel et social.

Le gouvernement lance « Kaddu », une tribune inédite pour parler vrai aux citoyens

DAKAR – Une révolution silencieuse s’annonce dans la communication gouvernementale. Ce vendredi, l’exécutif sénégalais inaugure « Kaddu » — qui signifie « la parole » en wolof —, une tribune régulière destinée à expliquer son action aux citoyens. Cette initiative marque la fin des communiqués laconiques et ouvre la voie à un dialogue plus transparent.

Trois ministres face aux grandes attentes

Pour cette première édition, trois ministres répondront directement aux questions sur les dossiers les plus sensibles du moment.
D’abord, le ministre de l’Intérieur Mouhamadou Bamba Cissé fera le point sur les opérations de réorganisation et de sécurisation de l’espace public à Dakar et en banlieue.
Ensuite, Cheikh Tidiane Dièye, ministre de l’Hydraulique, présentera le bilan des inondations récentes qui ont frappé le nord et l’est du pays.
Enfin, Moustapha Guirassy, ministre de l’Éducation, reviendra sur le déroulement de la rentrée scolaire 2025-2026.

Une modération stratégique et un enjeu de transparence

La séance sera animée par Marie Rose Khady Fatou Faye, secrétaire d’État auprès du Premier ministre et porte-parole du gouvernement. Sa présence rassure : cette tribune ne sera pas un simple exercice de communication, mais un véritable moment d’échange entre l’État et les citoyens.

Le concept « Kaddu » s’inscrit dans une volonté affirmée de renforcer la transparence et la pédagogie de l’action publique. Le gouvernement promet des points réguliers sur les sujets d’intérêt national, rompant avec la tradition des annonces isolées et souvent techniques.

À l’heure où la défiance envers les institutions grandit, cette démarche pourrait marquer un tournant majeur dans la relation entre l’exécutif et les citoyens.
Reste à savoir si les Sénégalais adopteront ce nouveau format… et si le gouvernement, cette fois, tiendra sa promesse de transparence.

Inondations à Bakel : 3 825 sinistrés face à la montée des eaux du fleuve Sénégal

BAKEL – Le fleuve Sénégal est sorti de son lit, semant la désolation dans le département de Bakel. Selon un communiqué officiel publié ce lundi, les crues ont touché 3 825 personnes, contraignant l’État à déployer un important dispositif d’urgence pour venir en aide aux populations affectées.

Une catastrophe annoncée

La montée des eaux, due aux fortes précipitations enregistrées dans le haut bassin du fleuve et aux lâchers d’eau du barrage de Manantali, a provoqué de graves débordements. Le bilan est lourd : habitations, exploitations agricoles, édifices publics et routes submergés.

L’arrondissement de Moudéry est le plus touché, notamment les localités de Ballou, Aroundou, Yaféra, Golmy, Kounghany et Diawara. Selon les premiers recensements, 220 familles sont affectées, dont 178 déplacées. Vingt-sept d’entre elles ont trouvé refuge dans des écoles transformées en abris temporaires.

Une mobilisation rapide de l’État

Dès les premières heures, les autorités se sont mobilisées sous la coordination du gouverneur de Tambacounda et des préfets concernés. L’armée, la gendarmerie et les sapeurs-pompiers ont été dépêchés sur place pour porter assistance.

Plusieurs mesures d’urgence ont été prises :

  • ouverture d’un entrepôt à ciel ouvert pour faciliter les dons ;

  • relogement des familles dans des écoles non inondées ;

  • distribution de 1 000 sacs de sable pour renforcer les digues ;

  • installation de huit tentes à Diawara et Aroundou ;

  • mise à disposition de pirogues et gilets de sauvetage pour sécuriser les déplacements.

Un convoi de secours en route et des projets à relancer

Un second convoi de secours est actuellement en direction de Bakel. Il transporte 1 000 matelas, 12 tentes, 200 moustiquaires, 20 motopompes, ainsi que des vivres : 10 tonnes de riz, 2 tonnes de sucre, 2 000 litres d’huile et 500 kg de lait.

Le gouvernement promet que d’autres mesures suivront, notamment pour les localités de la vallée du fleuve Sénégal également touchées : Matam, Kanel et Podor.

Enfin, cette catastrophe rappelle l’urgence de réaliser les projets structurants annoncés en août dernier par le ministre de l’Hydraulique. Parmi eux, la construction de la digue de Yaféra et la réhabilitation des mares et marigots de Bakel. Des ouvrages qui, s’ils avaient été achevés, auraient sans doute réduit l’ampleur des dégâts.

le Sénégal dope sa production d’engrais avec 105 000 tonnes pour la campagne agricole

Le Sénégal accélère sa marche vers l’autosuffisance alimentaire. Les Industries chimiques du Sénégal (ICS) ont annoncé mercredi une production de plus de 105 000 tonnes d’engrais pour la campagne agricole 2025-2026, contre 70 000 tonnes l’an passé. Cette hausse de 50 % illustre la mobilisation nationale en faveur du monde rural.

Sur ce volume, 93 000 tonnes ont déjà trouvé preneurs entre juin et juillet. Les distributeurs agréés assurent ainsi un approvisionnement régulier à l’orée de l’hivernage. « Nous avons renforcé les dispositifs logistiques et organisationnels avec l’État », précise l’entreprise dans un communiqué.

PICSA et baisse des prix : un double levier pour les producteurs

Pour accompagner cette dynamique, les ICS ont lancé le 22 juillet 2025 le Programme pour le Soutien à l’Agriculture (PICSA). Ce dispositif repose sur trois axes : formations aux bonnes pratiques, distribution d’intrants et renforcement des capacités face au changement climatique.

La phase pilote a déjà touché 60 producteurs répartis dans cinq zones agroécologiques stratégiques : les Niayes, la vallée du Fleuve Sénégal, le Bassin arachidier et la Casamance. Au total, huit régions bénéficient déjà de ce soutien.

Les agriculteurs profitent aussi d’une baisse historique des prix. Le sac de 50 kg de NPK 15-15-15, essentiel pour le maïs, coûte désormais 8 500 FCFA au lieu de 9 500. Plus de 27 000 tonnes de cet engrais sont déjà livrées. Pour la filière arachidière, le NPK 6-20-10 passe de 6 500 à 6 000 FCFA. Son volume distribué atteint 54 000 tonnes.

Vers une souveraineté alimentaire durable

Cette triple dynamique – production accrue, prix réduits et accompagnement technique – trace une stratégie cohérente. Elle traduit la volonté des ICS de hisser le Sénégal vers une souveraineté alimentaire durable. En dotant les producteurs d’outils performants et accessibles, le pays consolide ses bases agricoles.

Alors que les semences germent dans les champs, l’espoir d’une récolte abondante s’annonce déjà à l’horizon.

Les eaux se retirent enfin à Touba, Kaolack et Mbour

Le ciel s’est refermé, et la terre reprend ses droits. Selon le bulletin des interventions publié ce dimanche 28 septembre, la situation hydrologique s’améliore sensiblement dans plusieurs zones récemment sinistrées par les inondations. De Touba à Kaolack en passant par Mbour, les eaux de ruissellement se retirent, laissant place à un lent retour à la normale.

À Touba, la cité religieuse longtemps menacée, le bassin de Nguélémou a enregistré une baisse significative. Grâce à une accalmie pluviométrique bienvenue, la partie non immergée de l’ouvrage est passée de 70 cm samedi à 1,75 mètre dimanche après-midi. Une marge de sécurité qui pourrait encore s’élargir si les précipitations continuent de se faire discrètes.

Kaolack respire à nouveau

À Kaolack, c’est presque le soulagement. Il ne reste plus que de l’eau résiduelle dans les bas-fonds de Ngaye Saër. Les pompages intensifs des sapeurs-pompiers ont permis de dégager les routes, et le niveau d’eau est désormais si bas que les électropompes ne peuvent plus fonctionner. L’Office national de l’assainissement du Sénégal (ONAS), qui supervise aussi la région de Fatick, confirme cette tendance à l’assèchement.

Mbour panse ses plaies

À Mbour, les quartiers Thimassa, Ngouye Mouride et Darou Salam connaissent également une amélioration sensible. Les opérations conjointes de l’ONAS et des sapeurs-pompiers, engagées depuis trois semaines, ont payé : une évacuation massive des eaux a réduit de manière notable l’impact des inondations.

Si cette évolution positive se confirme, elle pourrait marquer un tournant dans la gestion des inondations de cette saison hivernale particulièrement capricieuse. Après des semaines de lutte contre les eaux, les Sénégalais des zones sinistrées entrevoient enfin la lumière au bout du tunnel – ou plutôt, la terre ferme sous leurs pieds.

Naufrage du Joola : 23 ans après, le président Faye honore la mémoire des victimes

Le temps n’efface pas tout. Vingt-trois ans après le naufrage du Joola, le Sénégal se souvient. Ce vendredi 26 septembre, le président Bassirou Diomaye Faye a marqué l’anniversaire de l’une des plus grandes tragédies de l’histoire du pays par un message sobre et solennel, publié sur sa page Facebook officielle.

« En ce 26 septembre, notre Nation se recueille à la mémoire des victimes du naufrage du Joola, survenu il y a 23 ans. Ce drame, l’un des plus douloureux de notre histoire, reste gravé dans la conscience nationale », a écrit le chef de l’État. Aux familles éprouvées, il a exprimé, « au nom du Sénégal, compassion et solidarité indéfectibles ».

Le Joola, une plaie toujours ouverte

Le 26 septembre 2002, le ferry qui assurait la liaison entre Ziguinchor et Dakar sombrait au large des côtes gambiennes, emportant avec lui près de 1 900 vies. Le bilan, catastrophique, faisait du naufrage du Joola l’une des pires catastrophes maritimes mondiales – et une blessure profonde dans la mémoire collective sénégalaise.

Chaque année, des cérémonies de recueillement sont organisées à Dakar, Ziguinchor et dans plusieurs localités du pays. Mais derrière les hommages officiels, la douleur des familles reste vive. Beaucoup réclament encore justice, reconnaissance et soutien concret, plus de deux décennies après le drame.

Une question de réparation toujours sensible

Si les différents régimes qui se sont succédé ont multiplié les initiatives mémorielles et symboliques – stèles, journées de commémoration –, la question de la réparation morale et matérielle reste épineuse. Les familles des victimes attendent toujours des comptes sur les responsabilités et des mesures d’accompagnement durable.

Le message du président Faye s’inscrit dans cette tradition d’hommage national. Mais il ne règle pas, à lui seul, une attente plus fondamentale : celle de la vérité et de la justice pour des vies brisées en pleine mer, un soir de septembre 2002.

Vingt-trois ans après, le Joola continue de hanter le Sénégal. Et si les discours apaisent, seules des actions concrètes pourront, peut-être, commencer à panser cette plaie qui ne se referme pas.

la Marine intercepte une 2ᵉ pirogue de migrants, 142 personnes secourues au large de Dakar

La mer rend parfois ceux qu’elle avait commencé à absorber. Jeudi 25 septembre, la Marine nationale sénégalaise, en coordination avec l’Armée de l’Air, a sauvé 142 migrants au large de Dakar. À 120 km de la côte, une pirogue, probablement en provenance de Gambie, tentait de rejoindre l’Europe avec ses passagers.

C’est la deuxième opération de sauvetage en une semaine. Les migrants ont été débarqués à la Base navale Amiral Faye Gassama et pris en charge par les services compétents pour des mesures administratives et humanitaires.

Un réseau de passeurs démantelé

Cette interception survient trois jours après une opération terrestre majeure. Le 22 septembre, la Division nationale de lutte contre le trafic de migrants (DNLT) a présenté devant le procureur de Dakar un individu soupçonné de diriger un réseau de passeurs.

L’enquête avait commencé après la découverte, sur le quai de Missirah, de 16 personnes, principalement gambiennes, sur le point d’embarquer de nuit vers Betenty, étape vers les îles Canaries. Le suspect servait de guide.

La route migratoire persiste

Malgré les risques de naufrages, déshydratation et interpellations, la route de l’Atlantique attire chaque année des milliers de candidats au départ. La pauvreté, le chômage et l’espoir d’une vie meilleure poussent de nombreux jeunes à tenter l’aventure, misant sur la solidité des pirogues et l’expérience des passeurs.

Les interceptions récentes montrent que les autorités durcissent le contrôle sur terre et en mer. Mais elles rappellent aussi l’ampleur du phénomène : pour chaque embarcation interceptée, combien réussissent à passer entre les mailles du filet ?

Secourir et dissuader

L’action des forces sénégalaises protège les migrants et évite des naufrages dramatiques. Mais elle fait aussi partie d’une stratégie de lutte contre l’émigration irrégulière, combinant sécurité, diplomatie et sensibilisation.

Tant que les causes profondes du départ — pauvreté et manque d’opportunités — ne seront pas résolues, les pirogues continueront de prendre la mer. La Marine sénégalaise devra encore et encore jouer les garde-côtes face à un désespoir sans frontières.

« Impact Business » : le nouveau magazine qui raconte les économies africaines

L’Afrique économique dispose enfin d’un espace qui lui est entièrement dédié. Mercredi soir à Dakar, le groupe béninois Mindo Consultants a lancé son magazine bimestriel Impact Business, un support multimédia combinant versions papier et numérique, entièrement consacré aux économies africaines.

Une initiative inspirée par le succès d’Aéroports Magazine

Fort du succès d’Aéroports Magazine d’Afrique, le groupe vise à offrir un véritable miroir du développement du continent. Il met en avant autant les réussites que les défis. « Nous avons décidé de lancer ce nouveau support sur la base des recommandations reçues », explique Léon Anjorin Koboudé, PDG de Mindo Consultants.

Selon lui, malgré la multitude de journaux et magazines africains, très peu couvrent spécifiquement l’information économique. « L’histoire du développement de l’Afrique se construit sous nos yeux. Elle mérite d’être racontée avec un narratif positif », ajoute-t-il.

Une diffusion papier et numérique étendue

Publié à 10 000 exemplaires papier et disponible en version numérique avec plus de 30 000 téléchargements par numéro, le magazine couvre 15 pays d’Afrique francophone. Une application mobile est également en préparation pour faciliter l’accès.

« Notre ambition était de créer un média professionnel, qui respecte l’image de l’Afrique sans tomber dans la complaisance. Nous devons adopter un regard critique, mais positif », insiste M. Koboudé.

Valoriser le secteur informel et les économies locales

Le magazine accorde une attention particulière au secteur informel, en lui offrant « un traitement humain » et en encourageant sa formalisation progressive. « Il n’existe pas une économie africaine unique. Il existe des économies africaines, chacune évoluant à son rythme », rappelle le fondateur.

Une équipe de contributeurs renommés

Soutenu par un réseau de contributeurs de renom – dont Josué Blaise Mbankakak (Cameroun), Yaou Noël (Côte d’Ivoire), Éric Tchendier, Jean-Victor Nkolo, Amadou Lamine Diatta ou encore Bakary Dabo (Sénégal) –, Impact Business prépare déjà un numéro spécial sur le Sénégal, attendu d’ici la fin de l’année.

Avec cette ligne éditoriale, Impact Business ambitionne de devenir une référence dans le traitement de l’information économique africaine. Le magazine dépasse les clichés pour valoriser les initiatives concrètes qui façonnent le progrès du continent.

Taxis contre Yango, Yassir et Heetch : la justice sénégalaise tranche

Le long duel entre taxis traditionnels et plateformes numériques vient de franchir une étape décisive. Ce mercredi 24 septembre 2025, le tribunal de Dakar a rendu son verdict : les applications Yango, Yassir et Heetch peuvent continuer à opérer librement sur le marché sénégalais.

Un coup dur pour le Regroupement des chauffeurs de taxis urbains du Sénégal (RTUS), à l’origine de la plainte. Le syndicat accusait ces multinationales d’imposer une concurrence déloyale, sans cadre réglementaire précis, au détriment des revenus des conducteurs locaux.

Pour le RTUS, la bataille est loin d’être terminée. Ses responsables ont annoncé la tenue imminente d’une conférence de presse afin de réagir officiellement au jugement et d’exposer leur stratégie face aux géants du transport numérique.

Ce verdict, attendu de longue date, ravive un débat sensible : comment concilier modernisation du transport urbain et protection des acteurs traditionnels ? Entre innovation et survie économique, Dakar se retrouve au cœur d’un choix de société.

Waly Seck inculpé pour blanchiment : l’artiste sénégalais face à la justice

L’onde de choc est grande dans le monde culturel sénégalais. Ce mercredi, Waly Ibrahima Seck, figure adulée de la musique et fils du défunt chanteur Thione Seck, a été officiellement inculpé pour association de malfaiteurs et blanchiment de capitaux.

L’affaire, qui implique également Amadou Sall, fils de l’ancien président Macky Sall, tourne autour de la vente d’un véhicule. Selon la défense, une consignation de 210 millions de FCFA a été déposée dans le cadre de la procédure. Ce versement a permis au juge d’instruction d’accorder la liberté provisoire à l’artiste.

Mais son avocat a tenu à clarifier : « Cette consignation ne saurait être interprétée comme un aveu de culpabilité. Il s’agit simplement d’une disposition légale prévue par le code de procédure pénale », a-t-il martelé devant la presse.

À l’étranger lors de l’éclatement de l’affaire, le chanteur de 39 ans avait exprimé son souhait de se présenter devant la justice afin de lever toute zone d’ombre. Son audition, suivie de près par ses fans et largement commentée sur les réseaux sociaux, marque une étape importante dans une enquête qui se poursuit encore.

Icône de la jeunesse sénégalaise, héritier d’une dynastie musicale prestigieuse, Waly Seck voit son nom désormais associé à un dossier judiciaire brûlant. Une situation qui interpelle l’opinion publique, dans un pays où les questions de justice et de gouvernance restent au cœur des débats.

Inondations à Diourbel et Touba : le pompage s’intensifie mais la route nationale reste sous les eaux

Les pompes tournent à plein régime, mais l’eau ne se rend pas sans combattre. Face aux inondations qui frappent plusieurs localités du Sénégal, les autorités ont intensifié leurs interventions ces derniers jours. Si des progrès notables sont enregistrés à Diourbel, où le marché Ndoumbé Diop a été en grande partie asséché, la route nationale reste toujours sous les eaux, témoignant de l’ampleur du défi.

Dans son bulletin d’intervention daté du 23 septembre, le ministère de l’Hydraulique fait état d’une situation contrastée. À Diourbel, les opérations de pompage ont permis de rendre la route Avignon à nouveau praticable, facilitant la reprise des activités commerciales. Mais des opérations de désinfection restent nécessaires au niveau de la chaussée et des cantines pour prévenir tout risque sanitaire.

La route nationale, point noir persistant

Malgré ces avancées, la route nationale demeure un point critique. Recouverte par les eaux du bassin Kad en crue, elle résiste aux efforts des équipes du ministère, qui poursuivent le pompage à Roukou Bou Sèw. En parallèle, des travaux d’agrandissement de l’exutoire sont en cours pour améliorer l’évacuation des eaux – y compris celles refoulées depuis la route TP par les sapeurs-pompiers.

Touba mobilise tous ses moyens

Dans la cité religieuse de Touba, la mobilisation est générale. À Gouye Ziar, la Brigade nationale des sapeurs-pompiers et l’Agence de Développement municipal ont déployé des pompes d’un débit cumulé de 900 m³/heure, orientant les eaux vers le canal C5-1, qui se déverse dans le bassin de Nguélémou.

L’Office national de l’Assainissement du Sénégal (ONAS) a également redéployé une trentaine d’agents sur place. Après avoir installé un nouveau système de pompage à Dekk Dakhar le 23 septembre, l’office prévoit de faire de même à Kawsara Fall et Touba Féto dès le lendemain.

Le ministère de l’Hydraulique appelle à la patience et à la collaboration des populations, tout en poursuivant le déploiement de ses ressources. Si des progrès sont visibles, la vigilance reste de mise dans ces zones vulnérables, où la moindre nouvelle averse pourrait annuler des jours d’efforts.

Les inondations ne sont pas seulement une crise ponctuelle ; elles rappellent la nécessité d’investissements durables dans l’assainissement et la gestion des eaux. En attendant, les pompes continuent de fonctionner, et les équipes sur le terrain luttent, mètre carré après mètre carré, contre la montée des eaux.

259 migrants sauvés au large de Dakar : la marine sénégalaise intercepte une pirogue en détresse

Ils étaient 259, entassés dans une pirogue aux flancs incertains, fuyant la misère pour un rêve européen qui aurait pu tourner au cauchemar. Ce lundi, à près de 100 kilomètres des côtes de Dakar, la Marine nationale sénégalaise, appuyée par l’Armée de l’Air, a intercepté l’embarcation en pleine dérive. Une opération de sauvetage d’envergure qui a évité le pire.

Selon un communiqué des forces armées, la pirogue, en provenance d’un pays voisin non précisé, transportait des candidats à l’émigration irrégulière. Alertées, les unités navales et aériennes se sont rapidement déployées pour localiser et sécuriser le bateau de fortune, avant de l’escorter en toute sécurité vers la terre ferme.

Une prise en charge humanitaire immédiate

Les 259 naufragés volontaires ont été débarqués à la Base navale Amiral Faye Gassama, où ils ont été remis aux « services compétents » pour une prise en charge humanitaire « conforme aux protocoles en vigueur ». Une formule qui, dans les faits, signifie un premier accueil médical, un enregistrement et, souvent, un retour vers leur pays d’origine.

Cette intervention, présentée comme routinière, illustre la vigilance constante des forces sénégalaises dans la lutte contre l’immigration clandestine. Elle s’inscrit dans le cadre plus large des opérations de surveillance et de sécurisation des espaces maritimes nationaux, devenus une zone de transit majeure pour les migrants ouest-africains.

Le dilemme : sauver ou dissuader ?

Derrière le succès opérationnel se cache une réalité plus complexe. Si l’armée se félicite d’avoir « protégé des vies humaines », elle doit aussi composer avec un phénomène migratoire structurel, nourri par la pauvreté et le manque de perspectives. Sauver des vies en mer est une chose ; endiguer les départs en est une autre.

Cette interception rappelle que la route de l’exil, bien que périlleuse, reste empruntée par des milliers de personnes chaque année. Et que les naufrages évités de justesse ne suffiront pas à tarir le flux du désespoir.

Pour l’heure, les 259 rescapés sont sains et saufs. Mais demain, d’autres pirogues partiront. Et la marine sénégalaise devra, une fois encore, jouer les garde-côtes d’une détresse qu’elle ne peut, seule, résoudre.

Interdiction du téléphone à l’école au Sénégal : une rentrée placée sous le signe de la discipline

C’est une décision qui marque un tournant dans la politique éducative du pays. À partir de la prochaine rentrée, l’interdiction du téléphone à l’école au Sénégal sera effective, aussi bien dans les établissements publics que privés. L’annonce a été faite ce dimanche par le ministère de l’Éducation nationale, qui veut réaffirmer l’école comme un espace consacré au savoir, à la discipline et à la citoyenneté.

Dans un communiqué officiel, les autorités pointent du doigt les effets néfastes de l’usage incontrôlé du portable par les élèves : perte de concentration, désengagement vis-à-vis des études, mais aussi exposition au cyberharcèlement, au racket et aux vols. À ces risques s’ajoutent des conséquences plus profondes sur la santé mentale et le développement cognitif des plus jeunes, déjà fragilisés par l’hyperconnexion.

Des exceptions pédagogiques sous contrôle

Si la règle est stricte, elle n’exclut pas des dérogations ciblées. Les tablettes, ordinateurs ou liseuses pourront être utilisés à des fins pédagogiques, sous la supervision des enseignants. De même, des exceptions sont prévues pour les élèves en situation de handicap ou pour les activités éducatives nécessitant des outils technologiques, y compris l’intelligence artificielle.

Chaque établissement aura la responsabilité d’appliquer la mesure selon ses réalités : casiers sécurisés, collecte des appareils en début de journée, ou obligation de garder les téléphones éteints dans les sacs. Le ministère recommande également d’intégrer des sanctions progressives et harmonisées dans les règlements intérieurs, élaborés en concertation avec les parents d’élèves et les conseils scolaires.

Un appel à la mobilisation collective

Le ministère de l’Éducation nationale appelle à l’unité de toute la communauté éducative – enseignants, parents, encadrants et élèves – pour garantir la réussite de cette réforme. L’objectif affiché est clair : instaurer un cadre d’apprentissage apaisé, recentré sur l’essentiel, l’éducation et la formation des citoyens de demain.

les députés veulent taxer crèmes éclaircissantes, bouillons et sodas

Et si la fiscalité devenait une arme de santé publique ? Lors d’une session extraordinaire tenue cette semaine à l’Assemblée nationale, plusieurs députés ont défendu une proposition aussi audacieuse que controversée : renforcer significativement la taxation sur certains produits de grande consommation jugés nocifs pour la santé. Dans le collimateur des élus : les crèmes de dépigmentation, les bouillons culinaires et les boissons sucrées.

Leur argumentation repose sur un double constat. D’abord, sanitaire : ces produits, massivement consommés, sont pointés du doigt comme des facteurs aggravants de pathologies chroniques (diabète, hypertension, maladies dermatologiques, obésité), qui pèsent lourdement sur le budget des ménages et le système de santé national. Ensuite, fiscal : une taxation accrue permettrait à l’État de mobiliser de nouvelles ressources tout en dissuadant la consommation.

Les crèmes dépigmentantes, première cible

En première ligne, les produits de dépigmentation cutanée, dont l’usage préoccupant ne cesse de croître. Leurs conséquences – infections dermatologiques, cancers de la peau, dépendance psychologique – alarmant les professionnels de santé. Les députés veulent donc, par une fiscalité dissuasive, freiner leur commercialisation souvent informelle et réduire leur accessibilité.

Bouillons et boissons sucrées dans le viseur

Les cubes aromatiques, incontournables dans les cuisines congolaises, sont également visés pour leur teneur excessive en sel et en additifs chimiques, liée à une augmentation des risques cardiovasculaires. Même combat pour les boissons sucrées (sodas, jus industriels), accusées de participer à l’explosion du diabète et de l’obésité, surtout chez les jeunes.

Un équilibre délicat à trouver

Si l’intention santé publique est louable, la mesure soulève d’emblée une question sociale de taille : son impact sur le pouvoir d’achat des ménages. Certains élus ont d’ores et déjà alerté sur le risque de pénaliser les familles les plus modestes, pour lesquelles ces produits restent souvent abordables et ancrés dans les habitudes.

La balle est maintenant dans le camp du gouvernement. Il devra décider s’il intègre cette proposition dans le prochain projet de loi de finances – et surtout, comment il articule cet objectif de santé publique avec la nécessité de ne pas alourdir la charge fiscale des Congolais ordinaires.

Entre prévention et justice sociale, le débat est ouvert. Et il promet d’être animé.

Hajj 2026 : les préinscriptions ouvertes au Sénégal avec des formules de paiement flexibles

Le chemin de La Mecque s’organise dès à présent. La Délégation générale au Pèlerinage aux Lieux saints de l’Islam (DGPLSI) a officiellement annoncé, ce mercredi, l’ouverture des préinscriptions pour le Hajj de l’année 2026. Les futurs pèlerins sont invités, dès le 1er octobre 2025, à se rendre dans les agences de la Banque Islamique du Sénégal (BIS) réparties sur l’ensemble du territoire pour réserver leur place.

Dans un souci d’accessibilité et d’accompagnement des candidats, la Délégation propose plusieurs formules de financement, en attendant la publication officielle du package complet 2026. Les aspirants au pèlerinage peuvent opter pour un règlement unique de 4 300 000 FCFA, ou choisir un paiement en deux temps : une première tranche de 2 300 000 FCFA, suivie d’un solde de 2 000 000 FCFA.

Une organisation anticipée pour un pèlerinage serein

Par cette annonce, la DGPLSI souhaite offrir aux familles sénégalaises une meilleure visibilité et une planification financière apaisée. Le recours au réseau de la Banque Islamique du Sénégal comme unique point d’entrée pour les préinscriptions vise à centraliser et sécuriser les démarches, garantissant ainsi un processus transparent et équitable.

« L’objectif est de faciliter l’organisation et le financement du pèlerinage pour tous ceux qui aspirent à accomplir ce cinquième pilier de l’Islam », souligne la Délégation dans son communiqué.

Les démarches à suivre pour les candidats

Les personnes intéressées sont donc invitées à se rapprocher, dès le mois d’octobre prochain, des agences BIS pour effectuer leur préinscription. Il leur est fortement recommandé de finaliser leur démarche rapidement afin de s’assurer une place, le nombre de pèlerins étant soumis à un quota international strict.

Cette annonce marque le coup d’envoi officiel des préparatifs pour l’un des événements religieux les plus importants de la communauté musulmane sénégalaise. Elle témoigne également de la volonté des autorités d’encadrer ce voyage sacré dans les meilleures conditions logistiques et financières.

Ngor, l’île de tous les dangers : 19 candidats à l’exil interpellés

Dakar, le 16 septembre – L’île de Ngor, joyau touristique au large de Dakar, révèle une autre facette, plus sombre. Ce lundi, la gendarmerie nationale a interpellé 19 personnes, dont trois mineurs, alors qu’elles s’apprêtaient à tenter la traversée vers l’Europe. Une opération qui rappelle la persistance du drame migratoire sur les côtes sénégalaises.*

Une alerte citoyenne décisive

L’intervention des forces de l’ordre fait suite à la vigilance d’un propriétaire de résidence. De retour chez lui, cet homme découvre des inconnus dans sa propriété et alerte immédiatement la Brigade de proximité de Ngor. La perquisition qui suit confirme ses craintes : 19 candidats à l’émigration irrégulière, cachés dans l’attente du départ.

Parmi eux, une mosaïque de nationalités : 12 Guinéens, 5 Sénégalais, 1 Ivoirien et 1 Malien. La présence de trois enfants dans le groupe soulève des questions cruciales sur l’exposition des plus vulnérables aux risques migratoires.

Ngor, sentinelle involontaire de l’exil

Située à quelques kilomètres seulement de la corniche dakaroise, l’île de Ngor constitue un point de départ stratégique pour les passeurs. Sa proximité avec la capitale et son relatif isolement en font un lieu prisé pour l’organisation de départs clandestins.

Cette géographie particulière transforme ce paradis touristique en avant-poste des drames migratoires. Chaque interception rappelle le paradoxe de ces lieux de villégiature devenus malgré eux le théâtre de désespérances.

La gendarmerie en première ligne

« La Gendarmerie nationale réaffirme son engagement dans la lutte contre l’émigration irrégulière », indique le communiqué officiel. Les autorités appellent à « une collaboration renforcée » des populations pour endiguer ce fléau.

Les 19 interpellés ont été placés en garde à vue, tandis que l’enquête se poursuit pour identifier les réseaux de passeurs à l’origine de cette tentative. La présence de mineurs devrait conduire à un traitement particulier de ce dossier.

 l’interception de ces 19 candidats à l’exil rappelle une triste réalité : malgré les risques et les campagnes de sensibilisation, l’appel de l’Europe continue de faire rêver. Et des enfants restent les premières victimes de ces illusions périlleuses

Le Premier ministre Ousmane Sonko lance un « Diaspora Bond » pour une révolution financière

Dans une salle comble où résonnaient les accents du wolof et du pulaar, le Premier ministre Ousmane Sonko a dévoilé une initiative financière inédite. Le 18 septembre, le Sénégal émettra son premier Diaspora Bond, une obligation spécialement conçue pour ses ressortissants à l’étranger. Cette annonce, faite en marge du Plan de redressement économique et social (PRES), marque un tournant dans les relations entre l’État et sa diaspora.

Le gouvernement mise sur la force économique de ses ressortissants, dont les transferts ont atteint 2 211 milliards de FCFA en 2024. « Le Sénégal fait face à des besoins budgétaires importants. Aujourd’hui, l’État veut innover », a déclaré M. Sonko, s’adressant directement à la communauté sénégalaise d’Europe. Il a ajouté : « Nous comptons sur vous, dotés d’un pouvoir d’achat plus élevé, pour prendre toute votre part dans cette nouvelle dynamique. »

Un instrument patriotique et rentable

Le ministre des Finances, Cheikh Diba, a expliqué les modalités de ce nouvel instrument. « La véritable innovation de ce troisième appel public à l’épargne est l’introduction des obligations citoyennes et patriotiques », a-t-il précisé. Le produit est sécurisé et rémunérateur. Ainsi, les investisseurs peuvent récupérer leur argent tout en participant directement au développement national.

Le contexte économique justifie cette mobilisation. Le déficit budgétaire atteint 12% et le taux d’endettement 118%. Face à ces chiffres, la diaspora représente un levier stratégique. Ses transferts dépassent déjà le déficit national. Toutefois, le gouvernement souhaite canaliser cette manne vers des investissements structurants.

« Votre implication peut donner l’élan décisif au redressement économique et social », a souligné le ministre Diba. Le Diaspora Bond transforme la relation traditionnelle de la diaspora avec son pays : au-delà des transferts familiaux, il s’agit d’une participation directe au financement public et aux projets stratégiques.

Prévu pour le 18 septembre 2025, ce bond promet un triple avantage : sécurité des investissements, rentabilité financière et impact patriotique. « Nous voulons que vous soyez des acteurs privilégiés de la transformation nationale », a insisté le ministre des Finances.

Cette initiative pourrait profondément reconfigurer les financements du développement sénégalais. Elle reconnaît enfin le rôle économique crucial de la diaspora, longtemps limité à des transferts familiaux informels.

Le 18 septembre, lorsque le premier Diaspora Bond sera émis, le Sénégal écrira une nouvelle page de son histoire économique. Reste à voir si la diaspora répondra à cet appel mêlant intérêt financier et patriotisme.

Dakar en campagne pour le cœur postal du monde à Dubaï

C’est dans le décor futuriste de Dubaï que se joue une partie d’échecs géante pour l’avenir de la lettre et du colis dans le monde. Du 8 au 19 septembre, la cité-émiratie accueille le 28e Congrès de l’Union Postale Universelle (UPU), le grand parlement postal qui, tous les quatre ans, redessine les règles du jeu pour les 192 pays membres.

Au cœur des enceintes climatisées, parmi les délégués en costume, une délégation sénégalaise est en campagne. Menée par M. Dahirou Thiam, Directeur général de l’Autorité de Régulation des Télécommunications et des Postes (ARTP), et accompagnée de l’Ambassadeur du Sénégal aux Émirats, elle a un objectif clair : faire réélire le Sénégal au sein des organes de gouvernance de cette institution onusienne méconnue mais cruciale.

Le Sénégal en quête d’influence

Le pays de la Téranga ne vient pas en simple spectateur. Il est officiellement candidat à sa propre réélection au Conseil d’administration (CA) et au Conseil d’exploitation postale (CEP) de l’UPU. Une place stratégique qui lui permettrait de continuer à peser dans les décisions qui façonneront le secteur pour la période 2026-2029. Il s’agit ni plus ni moins de voter la future stratégie mondiale, de définir le coût de l’envoi d’une lettre à l’autre bout de la planète, et d’élire les nouveaux dirigeants du Bureau international.

Les enjeux : de la lettre manuscrite au colis connecté

Les discussions, durant ces deux semaines, vont bien au-delà du simple timbre-poste. Les plénipotentiaires devront plancher sur la transformation digitale du secteur, la construction d’une « Poste 2.0 » capable de rivaliser avec les géants de la livraison instantanée, et le renforcement des partenariats public-privé. Comment faire pour que le facteur reste un acteur pertinent à l’heure du tout-numérique ? Comment utiliser son maillage territorial unique pour favoriser le commerce électronique et la connectivité inclusive, surtout en Afrique ?

C’est sur ces questions que le Sénégal, par la voix de M. Thiam, entend apporter sa pierre. Le pays réaffirme ainsi sa volonté de contribuer activement à l’édification d’un secteur postal moderne, performant et équitable.

Une bataille discrète pour une influence majeure

Dans les couloirs du congrès, entre deux sessions de travail, la diplomatie s’active. Chaque poignée de main, chaque échange informel compte pour convaincre et rassembler les soutiens. La réélection du Sénégal n’est pas qu’une question de prestige ; c’est la garantie pour le continent d’avoir une voix à la table où se décide l’avenir d’un service universel essentiel.

Le résultat du vote, attendu dans les prochains jours, dira si la stratégie de Dakar a porté ses fruits. Une victoire serait le signe d’une influence africaine grandissante dans l’arène technique et régulatoire mondiale.