Crise à Bissau : l’exfiltration express de l’ex-président Embaló vers Dakar

DAKAR – En moins de vingt-quatre heures, l'ex-président bissau-guinéen Umaro Sissoco Embaló est passé du statut de chef d'État arrêté dans…

Journal du Sénégal

DAKAR – En moins de vingt-quatre heures, l’ex-président bissau-guinéen Umaro Sissoco Embaló est passé du statut de chef d’État arrêté dans son palais à celui de réfugié politique sous protection sénégalaise. Son arrivée « saine et sauve » à Dakar, jeudi soir, couronne une opération d’exfiltration menée dans l’urgence avec la bénédiction du président sénégalais Bassirou Diomaye Faye, selon plusieurs quotidiens sénégalais dans leurs éditions de vendredi.

Cette évacuation express fait suite au sommet extraordinaire de la CEDEAO, qui a condamné le « coup d’État » et exigé le rétablissement de l’ordre constitutionnel. Selon L’Observateur, l’ex-président est désormais sous la protection de la Brigade d’Intervention Polyvalente (BIP), l’unité d’élite de la police sénégalaise.

Une opération diplomatique sous pression

Les négociations, conduites notamment par le président Faye, ont porté sur « la libération du président Embaló, de ses compagnons et de l’ensemble des acteurs politiques arrêtés, ainsi que sur la réouverture des frontières », rapporte Source A. Cette médiation sénégalaise active illustre le rôle de premier plan que Dakar entend jouer dans la résolution des crises régionales.

La rapidité de l’exfiltration – intervenue moins d’une journée après la prise de pouvoir par le général Horta N’Tam – témoigne de l’efficacité de la diplomatie ouest-africaine lorsqu’elle est portée par une volonté politique commune. Les autorités sénégalaises, qui « suivent de très près la crise à Bissau, sont entrées hier en jeu », confirme le quotidien L’As.

Face-à-face tendu à l’Assemblée nationale sénégalaise

Les journaux sénégalais consacrent également leurs colonnes à un autre face-à-face politique : la séance de questions au gouvernement que le Premier ministre Ousmane Sonko affronte ce vendredi à l’Assemblée nationale, dans un contexte de « boycott » de l’opposition parlementaire.

Selon Le Quotidien, cette absence « marque une rupture dans le dialogue démocratique formel ». Les députés boycottant justifient leur position en arguant que c’est à l’Assemblée de convoquer le gouvernement, et non l’inverse, et craignent que la séance ne soit détournée en « scène de confrontation partisane ».

Yoor-Yoor avance une analyse plus cinglante : pour le journal, l’opposition « semble fuir la confrontation intellectuelle avec un Premier ministre jugé solide et précis sur les dossiers nationaux ». Le pouvoir, quant à lui, estime que ce boycott « illustre une fuite de responsabilités » face aux défis économiques et sociaux du pays.

Alors que Dakar gère simultanément une crise régionale et des tensions politiques internes, le Sénégal confirme sa position de pivot diplomatique en Afrique de l’Ouest, capable d’exfiltrer un président déchu tout en menant ses propres débats démocratiques.

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