La nuit était déjà tombée sur la Cité Kalia 2, dans le secteur des Parcelles Assainies, quand les uniformes ont frappé à la porte. L’appartement, signalé par des voisins aux oreilles de la police, vivait ses dernières heures d’anonymat. À l’intérieur, dix-sept vies basculent. Parmi elles, une femme et seize hommes, surpris dans l’intimité d’un soir qui vire au cauchemar judiciaire.
Le commissariat d’arrondissement de Jaaxay a rendu publics les détails de cette opération menée sur la base de « dénonciations anonymes répétées ». Les rapports officiels évoquent une fréquentation « particulière » – un euphémisme pour désigner ce que la loi sénégalaise nomme sans ambages « actes contre nature ». L’équipe d’intervention, dépêchée sur place, a trouvé une scène qui alimentera les procès-verbaux : plusieurs personnes dénudées, des préservatifs usagés, et ce qui deviendra la preuve matérielle de l’affaire.
Les saisies qui parlent
Sur la table des pièces à conviction, les objets s’alignent comme les pièces d’un puzzle moral. Un cornet de chanvre indien, déjà entamé. Des lubrifiants et des savons intimes. Des parfums et deux bouteilles de produits mystérieux, qualifiés de « cellulosiques ». Chaque item soigneusement inventorié dessine les contours d’une soirée que la justice s’apprête à démonter.
Parmi les interpellés, une femme se présente comme travailleuse du sexe. Son carnet sanitaire n’est pas à jour, une infraction supplémentaire qui alourdit son cas. Pour elle comme pour les autres, les charges s’accumulent : détention et usage collectif de stupéfiants, exercice illégal de la prostitution, et surtout, cet insaisissable « acte contre nature » qui plane sur le dossier.
La loi face à l’intime
Tous sont maintenant en garde à vue, tandis que l’enquête tente de reconstituer la chronologie exacte des faits. Cette opération policière, banale en apparence, touche en réalité à l’un des sujets les plus sensibles de la société sénégalaise : la sexualité entre personnes de même sexe, strictement criminalisée par le code pénal.
Dans l’ombre des procédures, une question demeure : jusqu’où la loi peut-elle s’immiscer dans l’intimité des chambres closes ? Les dénonciations anonymes auront eu raison de la porte close de Kalia 2. Reste à savoir ce que la justice fera de ces dix-sept vies désormais entre ses mains.
