Ouagadougou, le 16 septembre – À l’heure où l’Afrique de l’Ouest recompose ses alliances, le président sierra-léonais Julius Maada Bio pose ses valises à Ouagadougou. Ce mardi, le chef d’État entame une visite officielle « de travail et d’amitié » au Burkina Faso, un mois après son plaidoyer pour un dialogue renouvelé avec les pays de la Confédération des États du Sahel (AES).*
Une diplomatie de pont dans un paysage fragment
Dans la capitale burkinabè, les discussions s’annoncent substantielles. Au programme : une séance de travail élargie et un tête-à-tête avec le capitaine Ibrahim Traoré. Les deux dirigeants aborderont « plusieurs questions d’intérêt commun liées à la consolidation des relations de coopération entre les deux pays », selon la présidence burkinabè.
Cette deuxième visite en un an révèle une stratégie diplomatique subtile. Alors que le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont quitté la CEDEAO en janvier 2025, Julius Maada Bio, président en exercice de l’institution communautaire, joue les médiateurs. Son objectif : maintenir des canaux de communication ouverts malgré la rupture institutionnelle.
Les enjeux concrets derrière le dialogue politique
Au-delà des discours, des intérêts bien concrets animent cette rencontre. Le Dr Bio avait insisté sur l’importance de « promouvoir le commerce, la libre circulation et renforcer la paix et la sécurité dans la région ». Des préoccupations vitales pour la Sierra Leone, dont l’économie dépend des échanges avec l’ensemble de la sous-région.
La présidence burkinabè souligne « l’excellence de la coopération entre Ouagadougou et Freetown », preuve que les relations bilatérales peuvent survivre aux tempêtes multilatérales. Un message important à l’heure où l’AES affirme vouloir construire de nouvelles synergies avec les pays côtiers.
La CEDEAO à l’épreuve de la realpolitik
Cette visite intervient dans un contexte régional particulièrement tendu. L’AES, née de la transformation de l’Alliance des États du Sahel en Confédération en juillet 2024, représente un défi existentiel pour la CEDEAO. La mission de Bio témoigne de la prise de conscience que le dialogue doit remplacer la confrontation.
Alors que le soleil se lève sur Ouagadougou, Julius Maada Bio incarne l’espoir ténu d’une réconciliation régionale. Sa capacité à bâtir des ponts entre deux Afrique de l’Ouest – celle de la CEDEAO et celle de l’AES – pourrait déterminer l’avenir de toute la sous-région. Reste à savoir si la volonté de dialogue suffira à surmonter les méfiances accumulées.