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Afghanistan : les armes se taisent à Ghazni, attentat-suicide à Kaboul

Les forces afghanes semblaient mercredi avoir finalement repoussé les talibans assaillant depuis près d'une semaine la ville de Ghazni (Est),…

Les forces afghanes semblaient mercredi avoir finalement repoussé les talibans assaillant depuis près d’une semaine la ville de Ghazni (Est), où les rues s’animaient de nouveau mais où la crainte de nouveaux combats restait forte.

L’annonce d’un nouvel attentat-suicide mercredi dans un quartier chiite de Kaboul a toutefois jeté une ombre sur ces nouvelles. Au moins 25 personnes, dont beaucoup pourraient être des étudiants, ont été tuées. L’attaque n’a pas été revendiquée dans l’immédiat.

Les forces de sécurité patrouillaient dans les rues de Ghazni et plus aucun insurgé n’était visible mercredi. Des commerçants commençaient à réparer les dégâts et à nettoyer leurs échoppes dans les rues encore enfumées, selon un correspondant de l’AFP sur place.

Mais l’AFP a aperçu des talibans dans au moins un village à l’extérieur de la ville et leur présence a également été signalée aux habitants dans d’autres lieux à proximité, faisant craindre une nouvelle offensive.

L’assaut taliban sur Ghazni, ville stratégique située à deux heures de route de Kaboul, avait commencé jeudi soir. L’armée afghane, appuyée par des dizaines de raids aériens américains, peinait depuis plusieurs jours à les repousser.

Les autorités maintiennent que la ville n’est pas tombée et que seules des opérations limitées s’y poursuivent. On ignorait mercredi à quel stade en étaient ces opérations.

Le président afghan Ashraf Ghani a qualifié l’offensive de « crime impardonnable », précisant qu’il avait ordonné aux autorités de fournir la ville en eau et nourriture de toute urgence.

« Vous pouvez être certains que la douleur de Ghazni est la douleur de tous les Afghans, surtout la mienne », a ajouté M. Ghani qui a été critiqué ces derniers jours pour son relatif silence au sujet de la bataille.

– Confiance affaiblie –

L’attaque de Ghazni, chef-lieu de la province du même nom, constitue la plus grande offensive talibane depuis un cessez-le-feu inédit de trois jours observé en juin, qui avait relancé les espoirs de paix après quelque 17 ans de guerre.

Les insurgés sont sous pression depuis des mois pour accepter d’ouvrir des négociations de paix avec le gouvernement afghan et les analystes estiment que de telles batailles visent à les placer en position de force au moment de les entamer.

En ce sens, l’opération est un succès pour les insurgés, souligne le général à la retraite et analyste Atiqullah Amarkhail.

« Le gouvernement a peut-être été capable de reprendre la ville mais la confiance des gens à son égard a été affaiblie », estime-t-il.

« Aujourd’hui, même à Kaboul, les gens pourraient commencer à redouter une soudaine attaque des talibans contre la ville », a-t-il souligné.

Le soulagement apporté par l’annonce de l’arrêt des combats à Ghazni a toutefois été de courte durée.

Un kamikaze à pied a fait exploser sa charge mercredi après-midi à Kaboul dans un centre de préparation aux examens d’entrée à l’université, dans un quartier chiite de l’ouest de la capitale.

L’explosion a fait au moins 25 morts et 35 blessés. On ignore à ce stade combien d’élèves se trouvaient rassemblés dans le bâtiment.

L’attentat n’a pas été revendiqué dans l’immédiat. Le groupe Etat islamique a revendiqué de nombreux attentats sanglants dans la capitale et dans l’Est du pays ces derniers mois.

– Ravitailler les talibans –

L’ONU avait auparavant dénoncé la souffrance extrême » infligée aux civils pris au piège des combats de Ghazni.

« Certaines informations indiquent que le bilan à Ghazni est très lourd », a déclaré le représentant spécial de l’ONU en Afghanistan Tadamichi Yamamoto.

« Des estimations non confirmées font état d’un bilan de 110 à 150 victimes civiles. Selon des informations fiables, l’hôpital public de Ghazni est débordé par un afflux continu de blessés », a-t-il ajouté.

« Il y avait une odeur de sang dans la ville », a témoigné Basir Ahmad, un commerçant réfugié tôt mercredi dans la capitale Kaboul. « Les gens avaient peur que les combats ne reprennent à tout moment », a-t-il dit à l’AFP.

Les habitants ont été contraints plusieurs jours durant de se réfugier dans les sous-sols et de ravitailler des talibans.

« Nos stocks de nourriture se sont épuisés au deuxième jour de combats », a témoigné un habitant, Shukrullah Nahimi. « Les talibans étaient près de notre maison et nous avons dû nous cacher au sous-sol ».

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