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Algérie : la présidentielle du 12 décembre aura lieu à date échue (éditorialiste)

Alors que la contestation populaire ne fléchit pas à quelques jours du début de la campagne électorale, le doute semble…

Alors que la contestation populaire ne fléchit pas à quelques jours du début de la campagne électorale, le doute semble s’installer sur la tenue du scrutin présidentiel en Algérie prévue le 12 décembre prochain. Dans une interview accordée à APA, le journaliste algérien Fayçal Métaoui estime cependant que l’élection aura lieu « à date échue », en dépit de l’aspiration du hirak au changement et à la rupture avec le système du président déchu Abdelaziz Bouteflika.« Malgré les contestations et malgré qu’une partie de la rue réfutent les conditions dans lesquelles ce scrutin est organisé, le pouvoir désire bien, comme la majorité des Algériens d’ailleurs, d’organiser cette élection pour sortir de la crise » soutient l’éditorialiste algérien.

Le journaliste de HuffPost Algérie soutient que ni l’opposition encore moins la société civile n’ont appelé à un boycott de cette présidentielle que le pouvoir et notamment le Commandement militaire présentent comme « une solution constitutionnelle politique à la crise » dont le pays est le théâtre depuis le 22 février.

Fayçal Métaoui estime que l’enjeu sera plutôt le taux de participation quand on sait que pour les dernières consultations électorales, ce taux n’a pas dépassé les 60%. 

Face à la pression du mouvement populaire contre la tenue du scrutin, il y a les menaces répétées du chef de l’état-major Ahmed Gaïd Salah vis-à-vis de toute personne qui entraverait le processus électoral.

Dans le même sens, le Directeur général de la Sûreté nationale (DGSN), Khelifa Ounissi, a, dans un communiqué publié le 1er novembre, appelé la police à « redoubler d’efforts pour faire face à toutes formes de criminalité, notamment les menaces d’atteinte à l’ordre public ou toute autre activité criminelle susceptible d’entraver le bon déroulement de cette échéance importante et cruciale ».

Pour Kader Abdelrahim, chercheur à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) et spécialiste du Maghreb et de l’Islamisme, les dispositions semblent en place pour assurer la tenue de la présidentielle.

« A priori, je pense que l’élection aura lieu quoi qu’il arrive parce que le régime et principalement son chef d’état-major, le vice-ministre de la Défense, Gaïd Salah, n’a pas face à lui une opposition structurée et organisée », estime-t-il.

Par ailleurs, ajoute le maître de conférences à l’Université SciensPo Paris, « il n’y a aucune personnalité qui émerge du lot et qui pourrait dire que +je porte les aspirations du Hirak+ » et qui serait éventuellement en mesure de s’opposer à la volonté du pouvoir d’organiser coûte que coûte cette élection. 

Après la publication le 2 novembre des noms des cinq candidats déclarés éligibles par l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE), le processus électoral se précise dans un contexte toutefois marqué par des manifestations populaires et estudiantines tous les vendredis et mardis depuis février.

Il s’agit des anciens Premiers ministres Abdelmadjid Tebboune et Ali Benflis, de l’ancien ministre de la Culture Azzedddine Mihoubi, de l’ancien ministre du Tourisme Abdelkader Bengrina et d’Abdelaziz Belaïd, président du parti du Front El Mostakbal.

Ce scrutin présidentiel a déjà été reporté à deux reprises à cause de la pression du mouvement de contestation inédit du régime lancé il y a neuf mois.

Le corps électoral a initialement été convoqué par le président Bouteflika, alors au pouvoir, pour la tenue de la présidentielle le 18 avril dernier. Sa démission forcée en avril annulait de fait l’organisation du scrutin. Ensuite Abdelkader Bensalah, président intérimaire, signe un décret portant convocation du corps électoral pour l’élection du 4 juillet ; une deuxième annulation faute de candidat.

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