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Algérie: le gouvernement présente son « plan d’action » sur fond de crise financière

Le nouveau Premier ministre algérien Abdelaziz Djerad a soumis mardi à l'Assemblée populaire nationale (APN) son "plan d'action", axé sur…

Le nouveau Premier ministre algérien Abdelaziz Djerad a soumis mardi à l’Assemblée populaire nationale (APN) son « plan d’action », axé sur la relance de l’économie, sur fond de situation financière « fragile », tributaire des recettes d’hydrocarbures, principale ressource du pays.

Ambitieux sur le papier, mais sans annonce concrète, ce « plan d’action » – que tout nouveau gouvernement est tenu par la Constitution de faire adopter par les députés – prône la construction « d’un nouveau pacte pour une nouvelle République » basé sur la sécurité alimentaire, la transition énergétique et l’économie numérique.

Mais, « la situation financière du pays est fragile et reste largement tributaire des fluctuations du marché mondial des hydrocarbures », a reconnu M. Djerad devant la chambre basse.

L’Algérie, théâtre depuis près d’une année d’un mouvement (« Hirak ») de contestation populaire inédit du régime, est plongée dans une crise économique depuis 2014 après la chute de ses revenus pétroliers.

Selon M. Djerad, la baisse simultanée des prix du pétrole et du volume des exportations des hydrocarbures a « aggravé » le déficit du budget alors que la balance commerciale a accusé un déficit de 10 milliards de dollars à la fin 2019.

Les hydrocarbures représentent près de 93% des exportations de l’Algérie. Le pays produit actuellement environ 1 million de barils de pétrole par jour contre plus d’1,4 million en 2005, selon les chiffres officiels.

Tout aussi préoccupant, la dette publique intérieure a augmenté de 26% du PIB en 2017 à 45% du PIB en 2019, a précisé, devant un hémicycle plein à craquer le Premier ministre, nommé le 28 décembre.

– Baisse des réserves de change –

La Banque d’Algérie a annoncé début février que les réserves de change avaient encore chuté à 62 milliards de dollars fin 2019 contre 79,88 mds USD fin 2018 et 97,22 mds fin 2017.

Ces réserves devraient continuer à baisser pour atteindre 51,6 mds USD à la fin 2020, selon les prévisions de la dernière loi de finances adoptée en novembre, et pourraient même s’épuiser dans les prochaines années.

Sur le plan politique, M. Djerad, premier chef du gouvernement du président Abdelmadjid Tebboune, élu le 12 décembre lors d’une présidentielle massivement boycottée, a voulu répondre au « sursaut populaire historique » déclenché le 22 février dernier par le « Hirak ».

« Le peuple algérien a exprimé à travers ce mouvement pacifique et inégalé ses fortes aspirations pour un changement démocratique, la justice sociale et la construction d’un Etat de droit », a estimé le Premier ministre.

« Notre pays a connu ces dernières années une gestion catastrophique de l’Etat et des pratiques autoritaires qui ont conduit à la dilapidation des richesses du pays », a-t-il accusé, et « le peuple est sorti pour que cela ne se reproduise plus ».

Le Premier ministre a promis d’assainir « l’héritage catastrophique » et mettre un terme aux « dérives qui ont caractérisé la gestions des affaires de l’Etat » durant les 20 années de règne du président déchu Abdelaziz Bouteflika, poussé à la démission début avril 2019 sous la pression du « Hirak ».

Les députés débattront mercredi du plan du gouvernement et voteront jeudi.

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